9452e séance (reprise) – après-midi 
CS/15467

Femmes, paix et sécurité: le Conseil de sécurité achève son débat annuel axé sur les moyens d’obtenir une participation concrète des femmes

Près de 100 orateurs ont participé, sur deux jours, au débat annuel du Conseil de sécurité sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, en échangeant sur le thème de « la participation des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales: de la théorie à la pratique ».  Le débat s’est achevé cet après-midi avec de nouveaux appels à faire usage des outils et cadres existants pour aboutir à des progrès concrets.

La communauté internationale dispose d’un cadre normatif et juridique solide pour garantir la participation pleine et entière des femmes dans les processus de paix, pour exiger que les parties prenantes à un conflit préviennent les violations des droits des femmes, et pour prévenir la violence sexuelle et à caractère sexiste liée aux conflits.  Mais la mise en œuvre intégrale et effective de ces engagements reste un défi, a-t-on entendu au fil des discours.

Afin de poursuivre les efforts dans la bonne direction, l’Andorre a misé sur la mise en pratique des initiatives du Secrétaire général comme le Cadre pour la prévention de la violence sexuelle liée aux conflits, lancé l’an dernier. De même pour le nouveau « Guide juridique sur les obligations des États en matière de violence sexuelle liée aux conflits ».  La Stratégie du Secrétaire général sur la parité entre les hommes et les femmes en uniforme a également été invoquée pour renforcer la contribution des femmes dans la réalisation des objectifs de paix.

Le Chili a pour sa part fait valoir l’intérêt pratique du Réseau des points focaux Femmes, paix et sécurité, créé en 2016, qui est composé de 100 États et organismes internationaux.  Les membres de ce réseau se réunissent régulièrement pour discuter des voies et moyens d’appliquer la résolution 1325 (2000), le texte fondateur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Cela permet une coordination plus étroite entre les États Membres, en créant un espace de partage des enseignements tirés de l’expérience et des bonnes pratiques.

Les États Membres n’ont pas manqué de faire part de leurs progrès dans la participation des femmes à la vie publique et civile, notamment grâce à la mise en application de leurs programmes d’action nationaux respectifs basés sur la résolution 1325. L’Angola s’est enorgueilli d’une meilleure inclusion des femmes dans les processus décisionnels de manière générale, ainsi que dans les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité.  Ainsi, les Angolaises représentant aujourd’hui 38% des parlementaires et 40% des membres du Gouvernement, avec des portefeuilles politiquement sensibles (finances, travail, santé, jeunesse, éducation et affaires sociales).

En outre, l’Angola a accueilli en mai 2023 le premier Forum international des femmes pour la paix et la démocratie, qui a servi de réflexion sur les défis rencontrés à ce sujet sur le continent africain.  En Sierra Leone, des femmes, fortes de différents parcours, ont pu participer au processus de paix, a témoigné pour sa part le représentant en citant le « mouvement des femmes de Sierra Leone pour la paix » qui a contribué au rétablissement de la paix et de la démocratie dans le pays. Et au Myanmar, les femmes sont en première ligne dans la résistance au coup d’État, depuis les manifestations pacifiques jusqu’au mouvement de désobéissance civile, en passant par la prise en charge de responsabilités clefs au sein du Gouvernement d’unité nationale.

Pourtant, au niveau mondial, sur 18 accords de paix signés en 2022, un seul l’a été par une représentante d’organisation de femmes.  Un résultat encore bien peu probant, qui a conduit l’Allemagne à demander « un changement radical », car « nous avons besoin que les femmes soient présentes » dans ces processus. C’est aussi « une réponse plus énergique » qu’a réclamé la Belgique pour combattre les attaques et les représailles visant des militantes, ou encore les discours haineux à leur encontre.

Et dans la bande de Gaza, évoquée avec colère par plusieurs délégations, les voix des femmes doivent être entendues, a plaidé le Kenya en misant sur leur participation pour faire avancer la solution politique au conflit.  Les femmes palestiniennes doivent être les protagonistes des efforts de paix, a confirmé le Venezuela, « mais avant cela, l’agression militaire de la Puissance occupante doit cesser ».  Israël a pour sa part dénoncé les « crimes odieux » perpétrés contre les femmes et les filles, comme ceux commis par l’organisation terroriste jihadiste Hamas, le 7 octobre, qui montrent la brutalité des violences sexistes et sexuelles, y compris le viol et le féminicide.

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Participation des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales: de la théorie à la pratique (S/2023/725 et S/2023/733)

Déclarations

M. FILIP DE MAESSCHALCK (Belgique) a appelé à des actions concrètes face à l’insuffisance des progrès pour éliminer tout obstacle structurel à la participation des femmes à la vie publique et aux processus de décision. Constatant que les mouvements misogynes sont un problème majeur, le représentant a appelé à renforcer la collaboration pour œuvrer à l’égalité en situation de conflit comme en situation de paix.  En outre, il a déploré les attaques et les représailles contre des militantes, ou encore les discours haineux, ce qui nécessite une réponse plus énergique. Quant au financement, il a demandé de combler les lacunes et de financer les programmes pour les droits des femmes au niveau local.  La Belgique est fière de soutenir le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, et le représentant a appelé les autres pays à faire de même.

Mme FIKRIYE ASLI GÜVEN (Türkiye) a indiqué que grâce à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), on a pu sensibiliser à la problématique spécifique des femmes dans les conflits armés et, pourtant, celles-ci et les filles continuent à souffrir lorsque la situation s’aggrave.  Elle a prévenu d’un éventuel recul au Moyen-Orient, au Soudan, en Afghanistan, en Ukraine et dans d’autres régions.  Ainsi, le coût humain s’aggrave à Gaza où des milliers de personnes ont été tuées et où des civils, dont beaucoup de femmes, ont été déplacés, certaines devenues veuves.  Les habitants de Gaza ne peuvent pas avoir accès aux hôpitaux, a-t-elle ajouté. Elle s’est inquiétée que les violences sexuelles soient devenues une tactique chaque fois plus utilisée dans les conflits. 

La représentante a assuré vouloir garantir le succès du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en travaillant sur la question de l’égalité et des droits des femmes et des filles.  Elle a appelé à renforcer d’urgence le droit international humanitaire, à garantir la participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits, et à inclure une perspective de genre dans la formation des personnels du maintien de la paix.  La Türkiye a contribué au développement des politiques de l’OTAN dans le contexte de la sexospécificité, pour la KFOR ou encore en Iraq.  En outre, a ajouté la déléguée, la Türkiye, grand pays d’accueil des réfugiés, continue à aider les Syriennes pour leur retour dans leur pays.

M. THOMAS PETER ZAHNEISEN (Allemagne) a déclaré que 23 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), il est clairement établi que les processus de paix sans une représentation adéquate des femmes, des hommes et des groupes marginalisés sont plus susceptibles d’échouer. Il est donc dans l’intérêt de chacun d’éliminer enfin les obstacles à une participation pleine, égale, significative et sûre des femmes et des filles dans le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix.  Par ailleurs, un fait parle de lui-même, a indiqué le délégué: sur 18 accords de paix signés en 2022, un seul a été signé par la représentante d’une organisation de femmes.  Nous avons besoin d’un changement radical, nous avons besoin que les femmes soient présentes, a ajouté l’orateur.

M. AMARA SHEIKH MOHAMMED SOWA (Sierra Leone) a rappelé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité était essentiel pour le Gouvernement de la Sierra Leone.  Il l’a été pour l’établissement de la paix dans le pays, sorti d’un conflit prolongé, a-t-il témoigné, les femmes ayant été un élément essentiel de la reconstruction du pays après la guerre civile.  Les conséquences disproportionnées des conflits pour les femmes et les filles font que leur participation à la paix est d’autant plus essentielle, a poursuivi le délégué.  Au Sierra Leone, des femmes, fortes de différents parcours, ont pu participer au processus de paix; le « mouvement des femmes de Sierra Leone pour la paix » a contribué au rétablissement de la paix et de la démocratie dans le pays.

L’orateur a aussi évoqué des « grandes contributions nationales ».  Les négociations ont permis à ce que chaque partie ne perde pas la face; un « forum » a permis de changer le pays sur des questions contentieuses, et permis d’insuffler le point de vue des femmes dans le processus.  Le Chef de l’État sierra-léonais s’est en outre excusé auprès des femmes dans le cadre du processus de paix et de réconciliation pour les violences qu’elles avaient subies.  Les violences sexuelles et fondées sur le genre ont également fait l’objet de toute l’attention du pays, et le mariage forcé a pu être reconnu comme crime contre l’humanité pour la première fois.  Les Sierra-léonaises participent aussi à la vie d’après conflit: des unités de femmes ont été mises sur pied dans l’armée, ainsi que dans la police.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chilia fait état des initiatives en faveur de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et a mentionné en particulier le Réseau des points focaux, créé en 2016, qui a permis une coordination plus étroite entre les États Membres, en créant un espace de partage et d’échanges réguliers des enseignements tirés de l’expérience et des pratiques exemplaires.  Composée de cent États et organismes internationaux, ce réseau se réunit régulièrement pour discuter des voies et moyens d’appliquer la résolution 1325 (2000) et les neuf résolutions suivantes.  D’autre part, le Chili postule au Fonds de l’Initiative Elsie afin de recueillir des informations qui permettront de mener une évaluation complète des obstacles qui existent dans les forces armées à la participation significative des femmes aux opérations de paix des Nations Unies.  Il s’agira ensuite d’éliminer ces obstacles et d’accroître le nombre de femmes en uniforme.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a fait observer que les femmes sont en première ligne dans la résistance au coup d’État au Myanmar, depuis les manifestations pacifiques jusqu’au mouvement de désobéissance civile, en passant par la prise en charge de responsabilités clefs au sein du gouvernement d’unité nationale.  Elles jouent un rôle essentiel pour signaler les atrocités commises par la junte militaire et dans la réponse aux besoins humanitaires sur le terrain, dans tout le pays. Cette défense de la démocratie et des droits humains au Myanmar met leur vie et leur sécurité en grand danger, s’est alarmé le représentant, indiquant que les forces militaires ont recours au viol et à d’autres formes de violence sexuelle lorsqu’elles mènent leurs attaques contre la population civile afin d’affaiblir l’opposition.  Jusqu’à présent, a indiqué le représentant, 613 femmes ont été tuées et près de 5 000 personnes ont été arrêtées par l’armée depuis février 2021.

Le représentant a appelé à protéger les civils au Myanmar, notamment les femmes et les filles, demandant au Conseil de sécurité d’agir concrètement pour mettre un terme à l’impunité des militaires pour de graves crimes.  Il a également plaidé pour un soutien, politique ou matériel, aux organisations féministes et à la société civile qui défendent les droits des femmes, la paix et la démocratie.  Il a prié les pays voisins et autres à fournir un accueil sûr aux femmes qui ont fui les persécutions de la junte, en particulier les journalistes et les fonctionnaires.  Enfin, a-t-il conclu, ces organisations doivent figurer parmi les parties prenantes clefs dans la résolution du conflit, mais aussi dans la gouvernance après le conflit.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a développé son propos autour du conflit israélo-palestinien, soulignant le manque d’accès aux soins des femmes palestiniennes de Gaza. Or, selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), 60 000 femmes de Gaza sont enceintes aujourd’hui. Les voix de ces femmes doivent aussi être entendues, a-t-il plaidé. Le délégué a estimé que la résolution 1325 (2000) peut accélérer les efforts d’inclusion des femmes dans les processus, y compris dans le conflit entre Israël et la Palestine.  Il a ensuite affirmé le droit d’Israël à protéger sa population contre le terrorisme.  Cela implique dès lors pour la communauté internationale d’avancer vers un processus qui condamne le terrorisme et refuse l’idée que c’est un moyen de résistance acceptable.  Il faut aussi rechercher par la voie pacifique à mettre en œuvre la solution des deux États, en impliquant les femmes dans cette dynamique, a recommandé le représentant.

Mme AVITAL MIMRAN ROSENBERG (Israël) a dénoncé les « crimes odieux » perpétrés contre les femmes et les filles, comme ceux commis par l’organisation terroriste djihadiste Hamas, le 7 octobre.  Tous montrent la brutalité des violences sexistes et sexuelles, y compris le viol et le féminicide: une réalité que la communauté internationale n’a pas réussi à empêcher, s’est-elle indignée.  L’impunité pour les atrocités commises contre les femmes et les filles reste, hélas, monnaie courante et « les préjugés systématiques contre l’État d’Israël » pointent de nouveau le bout de leur nez, cette fois, au détriment de vies innocentes, a regretté la représentante.  Il ne devrait pourtant pas y avoir de place pour les « deux poids, deux mesures » dans l’enceinte de l’ONU, a-t-elle tonné.

Après avoir appelé la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à condamner immédiatement et sans équivoque les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis contre des femmes et des filles en Israël par le Hamas, la déléguée a exigé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus à Gaza.  Elle a ensuite appelé la communauté internationale à rendre justice aux victimes et aux survivants des atrocités du 7 octobre en traduisant leurs auteurs en justice.  Le Conseil doit aussi inclure la violence sexuelle comme critère dans le cadre du Comité des sanctions, ainsi que désigner à l’unanimité le Hamas comme organisation terroriste, comme cela a été fait au sujet de Daech, a enfin exigé la déléguée.

Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) a exprimé ses préoccupations quant au sort des femmes et des filles prises en otage ou portées disparues dans le contexte d’un conflit armé.  De telles situations les exposent à un risque élevé d’exploitation, d’abus, de trafic et d’autres formes d’activités criminelles, a-t-elle dénoncé.  Et dans ses efforts de sensibilisation à ce problème international, l’Azerbaïdjan, a-t-elle indiqué, présente régulièrement des résolutions à l’Assemblée générale et à la Commission de la condition de la femme sur cette question.  La représentante a ensuite affirmé qu’au cours des 30 dernières années, femmes et filles d’Azerbaïdjan ont été directement confrontées aux effets dévastateurs de l’occupation de leurs territoires par l’Arménie.  Sur les 3 890 citoyens azerbaïdjanais portés disparus à cause dudit conflit, 267 sont des femmes et parmi elles, 98 ont été prises en otages.  Or, à ce jour, l’Arménie n’a pris aucune mesure, ni pour traduire les auteurs en justice, ni pour enquêter sur les nombreux crimes horribles dont son armée est responsable.  Avec la fin du conflit, il est grand temps pour ce pays d’honorer ses obligations internationales, notamment en prenant des mesures concrètes pour faire la lumière sur les pages sombres de son agression contre l’Azerbaïdjan et de coopérer de bonne foi pour éliminer ses conséquences douloureuses, a conclu la représentante.

Pour Mme YOJNA PATEL (Inde), les femmes sont des agentes du changement social et de la cohésion sociale et sont essentielles au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Alors qu’au fil des ans il y a eu un renforcement du cadre normatif du programme pour les femmes et la paix et la sécurité », elles sont toujours sous-représentées dans les processus de paix, les dialogues politiques et la consolidation de la paix, a constaté la déléguée, en rappelant que sur les 95 000 soldats de la paix déployés, les femmes ne représentent que 4,8% des contingents militaires et 10,9% des unités de police dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies.  En tant que cinquième fournisseur de troupes des Nations Unies, l’Inde est entrée dans l’histoire en 2007 en déployant la toute première unité de police entièrement féminine dans le cadre de la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Liberia, a-t-elle rappelé avec fierté, et en 2019, la major Suman Gawani a reçu le titre de défenseure de l’égalité des sexes dans l’armée des Nations Unies.  Une participation accrue des femmes est essentielle pour garantir la paix et la sécurité dans la société, a fait encore valoir la représentante, et, dans cette optique, les femmes en Inde sont encouragées à être à l’avant-garde de la mobilisation communautaire et de l’interface entre le public et le Gouvernement.

Mme DANGIRUTĖ VEST (Lituanie) s’est dite atterrée par les répressions délibérées et systématiques des Taliban à l’encontre des femmes et des jeunes filles afghanes.  Alors que le conflit se poursuit au Soudan, elle a déploré que les femmes et les jeunes filles doivent se battre tous les jours pour avoir accès aux services de protection et de santé génésique qui peuvent leur sauver la vie.  Passant ensuite au conflit en Ukraine, la déléguée a exigé que la Russie soit traduite en justice pour les actes horribles de torture et de violence sexuelle commis contre les femmes et les filles ukrainiennes, qui constituent des crimes de guerre, y compris les transferts forcés et les déportations d’enfants ukrainiens vers les zones occupées par la Russie ou vers la Russie et le Bélarus, ainsi que leur adoption illégale dans ces pays.  Elle a réitéré le ferme engagement de la Lituanie à la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité au niveau national, qu’au niveau international.  La Lituanie soutient continuellement le Fonds pour les femmes, la paix et l'action humanitaire depuis son lancement en 2016, a souligné la représentante, et elle coopère activement avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  En guise de conclusion, la déléguée a encouragé tous les États Membres à maintenir un environnement favorable et sûr pour permettre aux femmes de participer pleinement, sur un pied d’égalité et de manière significative aux processus politiques, de consolidation de la paix et de prévention des conflits, et d’y jouer un rôle de premier plan.

Mme ELISENDA VIVES BALMANA (Andorre) a déclaré que l’une de priorités de l’Andorre est de promouvoir la participation des femmes dans toutes les sphères de la vie politique, ce qui se reflète dans son gouvernement, composé de plus de femmes que d’hommes, et au sein du Parlement, où la parité des élus se répète pratiquement à toutes les élections depuis 2011, sans quotas ni obligations. Elle a souligné que le fait de donner de l’espace aux femmes a des effets multiplicateurs pour la durabilité de la paix, comme en Colombie.  Elle a observé que la communauté internationale dispose d’un cadre normatif et juridique solide pour garantir la participation pleine et entière des femmes, sur un pied d’égalité, pour exiger que les parties prenantes à un conflit préviennent les violations des droits des femmes et pour prévenir la violence sexuelle et à caractère sexiste liée aux conflits, et la poursuivre.  Elle a toutefois relevé que sa mise en œuvre intégrale et effective reste un défi.

La déléguée a salué les initiatives du Secrétaire général comme le lancement, l’année dernière, du cadre pour la prévention de la violence sexuelle liée aux conflits et celui du « Guide juridique sur les obligations des États en matière de violence sexuelle liée aux conflits ».  L’Andorre a adhéré à l’initiative Action pour le maintien de la paix, a informé la représentante qui s’est dite encouragée par les progrès accomplis jusqu’à présent avec la Stratégie du Secrétaire général sur la parité entre les hommes et les femmes en uniforme (2018-2028).  Enfin, elle a dit qu’en tant que membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Principauté d’Andorre soutient les initiatives de renforcement des capacités menées par cette organisation en matière de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes.

M. TRISHALA PERSAUD (Guyana) a regretté que malgré la grande visibilité et l’activisme en faveur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, les progrès ont été minimes.  Alors qu’elles représentent au moins la moitié des personnes touchées par les conflits armés, les femmes sont toujours exclues de la prévention et de la résolution des conflits, a-t-il constaté, et, par conséquent, trop souvent les défis particuliers auxquels sont confrontées les femmes et les filles ne sont pas pris en compte et la violence sexuelle dans les conflits reste une constante. Le délégué a donc demandé au Conseil de sécurité d’insister pour que les rapports sur la situation des pays contiennent des informations, des données et des analyses substantielles sur la situation des femmes et des filles.  Il a suggéré de demander aux parties aux conflits de prendre des mesures spéciales pour protéger les femmes et les filles contre toutes les formes de violence, et exigé qu’il n’y ait pas d’impunité pour ceux responsables d’atrocités commises à l’encontre des femmes et des filles.  Il est également nécessaire que les accords de paix intègrent une perspective de genre, a-t-il souhaité.  Appelant à passer de la rhétorique à la fixation d’objectifs spécifiques permettant de mesurer les progrès accomplis, il a salué l’engagement pris par le Secrétaire général des Nations Unies de soutenir un objectif minimum initial d’un tiers de femmes parmi les participants aux processus de médiation et de paix.

M. TITHIARUN MAO (Cambodge) a partagé les progrès de son pays en termes de participation des femmes à tous les secteurs.  Ils incluent l’attribution de postes importants dans le secteur public, comme en témoigne la Présidente de l’Assemblée nationale du Cambodge, ainsi qu’un nombre accru de femmes Ministres (10% du cabinet) dans le nouveau Gouvernement. Le Cambodge chérit la paix, a dit le délégué.  Passé du statut de pays hôte à celui de contributeur actif aux opérations de maintien de la paix de l’ONU depuis 2006, il a déployé 9 205 soldats, dont 728 femmes, dans des théâtres d’opérations.  En 2022, le Cambodge se classait au douzième rang parmi 121 pays contributeurs de troupes s’agissant du nombre de ses ressortissantes déployées.  Le représentant a aussi partagé une autre étape importante, à savoir l’adoption du Plan d’action régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur les femmes, la paix et la sécurité, lors des récents sommets de l’ASEAN, qui se sont tous deux tenus au Cambodge, en décembre 2022.  Ce plan vise à galvaniser l’Association pour la mise en œuvre du programme et le renforcement de ses quatre piliers.

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a assuré qu’une société définitivement égalitaire et en faveur des droits des femmes est un objectif politique prioritaire pour le Venezuela, non seulement en matière de participation et de prise de décisions mais également pour leur rôle dans le renforcement du tissu social et dans la prévention et le règlement des conflits.  La déléguée a vivement dénoncé les mesures coercitives unilatérales, dont l’un des nombreux effets négatifs est l’impact sur la stabilité politique des États qui les subissent et le recul des progrès gagnés, en particulier en ce qui concerne les droits des femmes et des filles.

La représentante a par ailleurs voulu souligner qu’une véritable politique en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité ne sera ni réelle, ni légitime, ni complète tant que les Palestiniennes seront opprimées sous le joug d’une puissance occupante, Israël, dont le siège de Gaza aura fait des milliers de victimes, notamment des femmes et des filles.  Les femmes doivent être les protagonistes des efforts de paix, mais avant cela, l’agression militaire de la Puissance occupante doit cesser, a-t-elle tranché. Enfin, la déléguée a condamné l’exploitation et les abus sexuels dans toutes les instances des Nations Unies, y compris dans des contextes liés aux opérations de maintien et de consolidation de la paix.

Mme RONA MARIE PANTELI (Chypre) a conseillé de veiller à ce que la participation des femmes au programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit non seulement entière, égale et significative, mais aussi sûre.  Il est de notre responsabilité commune d’assurer une tolérance zéro à l’égard de toute forme d’attaque, d’intimidation ou de représailles à l’encontre des femmes et des filles en raison de leur participation à la vie politique, de leur travail dans le domaine des droits humains et des affaires humanitaires, de leurs activités de consolidation de la paix ou encore de leur coopération avec les mécanismes des Nations Unies.  Après s’être alarmées de l’augmentation des violations des droits des défenseures des droits humains, la représentante a souligné que Chypre avait répondu à l’appel du Secrétaire général en matière de financement.  Chypre compte en effet contribuer volontairement au Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire, dans le cadre de la campagne « investir en faveur des femmes » pour la période 2023 - 2025 dans l’objectif de soutenir les organisations féminines et les défenseures des droits dans les situations de crise

M. FRANCISCO JOSÉ DA CRUZ (Angola) a indiqué que son pays joue un rôle important dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits, ainsi que dans la promotion de la paix et de la démocratie en Afrique, en particulier dans la région des Grands Lacs, par le biais d’initiatives diplomatiques visant à promouvoir un dialogue politique permanent ainsi qu’à renforcer la confiance mutuelle et la coopération qui favorisent une croissance économique inclusive, la prospérité et le bien commun.  Le représentant a mentionné le programme d’action national angolais qui vise à accroître la participation des femmes aux processus décisionnels et leur pleine participation à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité.

Avec l’exécution dudit plan, la présence actuelle des Angolaises a atteint 38% au Parlement et 40% au Gouvernement, avec des portefeuilles politiquement sensibles tels que les finances, le travail, la santé, la jeunesse, l’éducation et les affaires sociales.  D’autre part, les postes de président du Parlement, de vice-président de la République et de président de la Cour constitutionnelle sont également occupés par des femmes, a ajouté le représentant.  En mai dernier, l’Angola a accueilli le premier Forum international des femmes pour la paix et la démocratie, qui a servi de réflexion sur les défis de la paix et de la démocratie sur le continent africain, a rappelé le représentant angolais.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a exhorté au respect des engagements pris en matière de la participation des femmes aux processus de paix et de consolidation de la paix.  Dans le cadre de ses propres engagements, le Bahreïn a pu obtenir des résultats qualitatifs et durables en termes d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes. Il a encouragé toutes les parties à des conflits au respect des normes et principes internationaux.  Face à la dangereuse situation actuelle au Moyen-Orient, avec son cortège de victimes civiles, dont la majorité sont des femmes et des enfants gazaouis, le délégué a exhorté à un cessez-le-feu immédiat et à mettre fin aux opérations militaires, ainsi qu’à fournir une protection à tous les civils innocents à Gaza et en Israël, à remettre en liberté tous les prisonniers et les otages, et à faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire.

En réponse à la déclaration faite par le Maroc, hier, en fin de journée, M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a repris la parole aujourd’hui, se disant surpris au plus haut point.  Il a fait savoir qu’il ne répondrait pas aux « mensonges » exprimés.  Il a souligné qu’il n’est pas possible de traiter du sujet sur les femmes et la paix et la sécurité sans évoquer les femmes en situation d’occupation, qui résistent au colonialisme et à l’injustice, au Sahara occidental et en Palestine.  Malgré leurs souffrances, les femmes sahraouis se battent toujours pour leurs droits inaliénables et imprescriptibles, notamment celui à l’autodétermination, a-t-il poursuivi.  La détérioration de la situation en matière de droits humains au Sahara occidental ne saurait être niée, a insisté le représentant, ajoutant que personne ne peut enlever à l’Algérie le droit de défendre les populations vivant et souffrant sous occupation, comme le peuple sahraoui.  La question du Sahara occidental est une question relevant de la décolonisation, a argué le représentant, plaidant pour une solution politique juste, pérenne, acceptable pour tous, qui permette de garantir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a dit répondre à la déclaration « haineuse et truffée de mensonges » du représentant de l’Algérie, en assurant que la question du « Sahara marocain » n’a rien à voir avec le point à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Dans une longue intervention, elle a accusé l’Algérie d’instrumentaliser le débat à des fins politiciennes et de séquestrer une population entière, dont des femmes et des enfants, « dans une prison dénommée les camps de Tindouf », où elle est soumise aux « bourreaux du Polisario », avec l’accord et la participation des autorités algériennes.  Même l’aide humanitaire qui leur est destinée est détournée systématiquement et à grande échelle, comme l’a indiqué le Programme alimentaire mondial (PAM), a affirmé la représentante, ajoutant que cela a, pour conséquence, une pénurie majeure d’aliments et de produits essentiels, y compris pour les bébés.  Comment l’Algérie ose-t-elle venir parler du « Sahara marocain » alors qu’elle vole de l’aide destinée aux camps? a lancé la représentante.  Elle a accusé l’Algérie de violer le droit international humanitaire en s’opposant à l’enregistrement des populations des camps de Tindouf, malgré les demandes incessantes du Conseil depuis 2011, se disant persuadée qu’elle voulait ainsi masquer les réalités.  La représentante a également voulu évoquer « le peuple vaillant de la Kabylie », qui continue d’être privé de ses aspirations légitimes et de ses droits fondamentaux, notamment celui à l’autodétermination, et dont les responsables sont persécutés.

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