9446e séance – matin
CS/15457

Somalie: la Cheffe de la MANUSOM présente au Conseil de sécurité les « résultats probants » obtenus par le Conseil consultatif national

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, un exposé de la Représentante spéciale et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) qui a mis en exergue les jalons importants posés dans le cadre de la réforme constitutionnelle, même si certaines questions restent en discussion comme le passage à un système présidentiel.  Le Conseil consultatif national, qui regroupe les dirigeants de la Fédération et des États, a accéléré l’offensive du Gouvernement fédéral somalien contre les Chabab, a également salué son collègue de l’ATMIS, la Mission de transition de l’Union africaine (UA) en Somalie.

La Cheffe de la MANUSOM, Mme Catriona Laing, a dégagé les quatre propositions concernant le futur système électoral, telles qu’énoncées dans le communiqué du Conseil consultatif national du 27 mai dernier, à savoir le passage à un système présidentiel, à un système bipartite, et au principe « une personne, une voix » dans tout le pays, avec des dates électorales pour les conseils locaux et l’alignement des mandats des États membres de la Fédération.

Confiant son inquiétude quant à la non-participation de l’État du Puntland au Conseil consultatif national depuis janvier 2023, elle a exhorté celui-ci, et le Gouvernement fédéral, à rechercher des compromis là où c’est possible et à poursuivre le dialogue pour permettre au processus de révision constitutionnelle d’aller de l’avant.  En vue de parvenir à un consensus, la France a invité « l’ensemble des acteurs somaliens » à s’y associer.  La Fédération de la Russie s’est alarmée, elle aussi, de l’absence dans ce processus du Puntland, mais également du « Somaliland ». 

« Pierre angulaire » du programme d’édification de l’État en Somalie, la révision constitutionnelle est essentielle pour parvenir à un accord sur le fédéralisme, a affirmé la Cheffe de la MANUSOM, avant d’expliquer qu’il existe des tensions particulières autour de la prolongation des mandats dans les États du Sud-Ouest et du Djoubaland.  Mme Laing a insisté pour que tous les amendements constitutionnels, y compris la décision de prolonger des mandats, soient fondés sur un dialogue inclusif, un consensus et des processus législatifs.

Le Conseil consultatif national continue de jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l’unité entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la Fédération, a abondé le Représentant spécial pour la Somalie de la présidence de la Commission de l’UA.  En effet, a poursuivi M. Mohamed El Amine Souef, qui est le Chef de l’ATMIS, ledit conseil a accéléré l’offensive contre les Chabab et donné la priorité à la stabilisation et à la réconciliation dans les zones nouvellement récupérées.  En vue de cette stabilisation, Mme Laing a recommandé une présence policière plus forte et davantage de ressources alors que les programmes actuels sont sous-financés.

La situation sécuritaire du pays est restée une source d’inquiétude pour les membres du Conseil, dont les A3 (Gabon, Ghana et Mozambique) qui se sont alarmés du conflit s’étant intensifié le 25 août dans la ville Laascaanood, située dans la zone contestée de Sool.  Ils ont demandé au « Somaliland » de trouver une issue pacifique et de favoriser un climat propice à la stabilité et à la réconciliation.  L’Albanie et les États-Unis ont plaidé en faveur d’un cessez-le-feu, d’une reddition des comptes par les responsables du conflit et d’un dialogue pour régler les différends.  Le représentant de la Somalie a assuré qu’actuellement, le calme règne à Laascaanood grâce à une action de médiation nationale et internationale et à la visite d’une délégation de chefs de clans avec le soutien du Gouvernement fédéral.

Les A3, qui ont dénoncé, parallèlement, l’utilisation d’engins explosifs improvisés par les Chabab, ont plaidé pour une levée de l’embargo sur les armes, de même que les Émirats arabes unis qui ont salué l’élaboration par le Gouvernement somalien de mécanismes de responsabilisation pour le traçage des armes. La Chine a suggéré simplement d’ajuster les mesures de sanction conformément à la situation sécuritaire sur le terrain. « Les temps ont changé et la Somalie de 2023 n’est pas la Somalie de 1992 », a fait remarquer le représentant de ce pays en sollicitant une nouvelle fois la levée de l’embargo et en demandant davantage de moyens logistiques et de ressources pour les forces de sécurité somaliennes.

Les membres du Conseil ont également commenté la demande de la Somalie de « pause technique » dans le retrait de 3 000 soldats de la phase 2 de retrait de l’ATMIS, prévu fin 2024.  Cette pause est requise pour avoir le temps nécessaire de relever les défis importants identifiés dans la récente évaluation technique conjointe.  Cette demande a été soutenue par les A3, les Émirats arabes unis, le Brésil et la Fédération de Russie, entre autres, et ce, afin d’éviter un vide sécuritaire et pour mener la réorganisation nécessaire. Le Chef de l’ATMIS a souhaité que cette pause soit l’occasion d’une réévaluation collective de la situation sécuritaire en Somalie ainsi que des besoins, immédiats et à long terme, pour permettre au Gouvernement somalien d’assumer pleinement ses responsabilités en la matière.

La situation humanitaire a également été examinée, alors qu’elle a été exacerbée par le passage de El Niño.  La situation reste « dramatique », a estimé la Suisse en prévenant des conséquences potentielles des inondations sur le mandat de la MANUSOM.  La déléguée suisse a d’ailleurs suggéré d’inclure, dans les rapports du Secrétaire général, une section consacrée à l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité en Somalie, arguant que cela faciliterait les analyses.  Le Brésil a rappelé que la moitié de la population a encore besoin d’une assistance humanitaire.

La Cheffe de la MANUSOM n’a donc pas oublié de lancer un appel pour que le plan de réponse humanitaire pour la Somalie soit mieux financé, car il ne l’est actuellement qu’à hauteur de 34%.  À cet égard, le délégué des États-Unis s’est dit fier que son pays soit le premier pourvoyeur de l’aide humanitaire à la Somalie.  Mme Laing a aussi demandé de remédier au sous-financement de la Mission de l’ONU.  Enfin, plusieurs délégations ont salué l’allégement de la dette obtenue par le Gouvernement fédéral dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2023/758)

Déclarations

Mme CATRIONA LAING, Représentante spéciale et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a détaillé les quatre propositions spécifiques pour le futur système électoral, contenues dans le communiqué du Conseil consultatif national du 27 mai 2023: le passage à un système présidentiel, à un système bipartite, et à « une personne, une voix » dans tout le pays, et des dates électorales pour les conseils locaux et l’alignement des mandats des États membres de la Fédération. Elle a précisé celles qui sont controversées: le passage à un système présidentiel et la synchronisation des calendriers électoraux.  Il y a des tensions particulières autour de la prolongation des mandats dans les États du Sud-Ouest et du Djoubaland, a-t-elle signalé.  Mme Laing a insisté sur le fait que tous les amendements constitutionnels, y compris la décision sur la prolongation des mandats, doivent être fondés sur un dialogue inclusif, un consensus et des processus législatifs.  Elle s’est dite préoccupée de la non-participation de l’État du Puntland au Conseil consultatif national depuis janvier 2023, exhortant celui-ci et le Gouvernement fédéral à rechercher des compromis possibles et à poursuivre le dialogue pour permettre au processus de révision constitutionnelle d’aller de l’avant. Cette révision est la pierre angulaire du programme d’édification de l’État en Somalie; elle est essentielle pour parvenir à un accord sur le fédéralisme dans le pays, a-t-elle rappelé.

Concernant la situation dans le Laascaanood, Mme Laing a rappelé que le conflit s’y est intensifié le 25 août lorsque la milice Dhulbahante a avancé vers la ville d’Oog, mais qu’à l’heure actuelle, la situation est calme et les gens retournent chez eux.  Sans écarter une possibilité de « rechute » dans la violence, la Représentante spéciale a indiqué que l’ONU continue de convoquer des partenaires pour coordonner les efforts visant à régler les conflits, et que son équipe et elle-même ont eu de nombreux contacts avec toutes les parties prenantes, y compris le Président Muse Bihi, le Président Said Abdullahi Deni, les Sages, les dirigeants de Dhulbahante et le nouveau Comité Sool, Sanaag et Cayn.  Il s’agissait de leur demander en particulier de faire pression pour un échange immédiat de détenus; de s’engager à ne plus commettre de violences; et d’entamer un dialogue.  L’ONU soutient également les efforts de déminage et une évaluation des besoins humanitaires pour permettre aux populations de rentrer chez elles, a ajouté Mme Laing.

La Chef de la MANUSOM s’est ensuite penchée sur la situation en matière de sécurité, en particulier l’offensive en cours contre les Chabab.  Malgré les succès initiaux de l’Armée nationale somalienne et des milices des clans alliés qui se sont emparé d’un territoire important, des revers et des défis opérationnels ont été rencontrés depuis, a-t-elle déploré, soulignant que les forces gouvernementales se concentrent sur le regroupement, le renforcement et la réorganisation, ainsi que sur la mobilisation d’un soutien supplémentaire des clans, avant de reprendre les opérations à grande échelle. Parallèlement, des opérations à plus petite échelle menées à Galmudug et à Hirshabelle par l’Armée nationale somalienne avec l’appui de l’ATMIS progressent.  De son côté, et en réaction à ses revers, les groupes des Chabab a accru l’utilisation de roquettes de 107 mm, en particulier à Mogadiscio, et mené des attaques ciblées contre des politiciens somaliens de premier plan.

En matière de stabilisation des zones récemment récupérées, Mme Laing a attiré l’attention du Conseil sur deux questions: la nécessité d’une présence policière plus forte et une mobilisation supplémentaire des ressources de la part des partenaires de la stabilisation, ces programmes étant sous-financés.

Elle a confié son inquiétude quant à l’incidence du retrait de l’ATMIS sur les populations civiles, la sécurité des Somaliens devant être au centre de l’attention du Conseil.  L’ONU travaille avec le Gouvernement fédéral sur un programme de participation des femmes dans le processus de paix.  Le renforcement des capacités des députées se poursuit et la MANUSOM s’emploie à parvenir au quota de 30% de femmes au parlement, a-t-elle expliqué.

Elle a aussi rappelé le défi particulier posé au retrait de l’ATMIS par une offensive militaire en août et septembre, alors que se préparait la deuxième phase de retrait de la Mission. Elle a souligné que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait de ce fait approuvé la demande du Gouvernement fédéral somalien d’obtenir un délai technique de 90 jours, tout en respectant le calendrier global de la transition en matière de sécurité.

La situation humanitaire va se détériorer avec les pluies attendues, qui seront exacerbées avec le passage de El Niño, a encore prévenu la Cheffe de la MANUSOM, ajoutant que le plan de réponse humanitaire est financé à hauteur de 34%.  Elle a félicité le Gouvernement fédéral pour les nouvelles lois sur les personnes handicapées, les droits de l’enfant et sur la justice juvénile, avant d’encourager à l’adoption d’un texte sur la violence sexuelle.

Elle s’est aussi dite encouragée par l’engagement du Gouvernement somalien dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) qui devrait se réaliser d’ici décembre, se félicitant en particulier de l’adoption du projet de loi sur l’audit.  Elle a jugé indispensable qu’un accord soit conclu avec l’État du Puntland afin qu’il puisse bénéficier d’un financement concessionnel à plus grande échelle après l’initiative PPTE, et pour permettre la finalisation du modèle budgétaire fédéral pour l’ensemble de la Somalie.

M. MOHAMED EL-AMINE SOUEF, Représentant spécial pour la Somalie de la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) et chef de la Mission de transition de l’UA en Somalie (ATMIS), a déclaré que la réunion de ce matin se tient au moment où la Somalie reste unie sous l’autorité du Président Hassan Sheikh Mohamud. Au cours des derniers six mois, et malgré les défis persistants, la Somalie a connu des progrès louables sur certaines des questions qui restent à régler, principalement sur le maintien du consensus et du dialogue entre les dirigeants somaliens, ainsi que sur l’offensive en cours contre les Chabab.  Le Conseil consultatif national continue de jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l’unité entre le Gouvernement fédéral et ses États membres de la Fédération, a-t-il relaté.  Ce conseil a accéléré l’offensive du Gouvernement fédéral contre les Chabab et donné la priorité à la stabilisation et à la réconciliation dans les zones nouvellement récupérées.  Par ailleurs, et malgré l’absence du Puntland au sein du Conseil, ses acteurs politiques se sont engagés à poursuivre des pourparlers directs avec le Gouvernement fédéral de Somalie.

Cependant, les Chabab restent la principale menace pour la Somalie et même pour la région, a reconnu le Représentant spécial.  Au cours des trois derniers mois, le groupe a même prouvé sa résilience, en dépit des offensives des forces de sécurité somaliennes, auxquelles l’ATMIS apporte également un soutien opérationnel, a-t-il dit.  Mais les succès opérationnels et militaires, bien que significatifs, ne suffisent pas à dégrader et finalement vaincre les Chabab. Ils doivent être complétés par d’autres éléments favorables, tels qu’un soutien dédié aux efforts de réconciliation et de stabilisation, comprenant la promotion de la cohésion sociale et l’extension de l’autorité de l’État, y compris aux zones nouvellement libérées. Grâce au cadre de réconciliation nationale, la Somalie a démontré sa volonté politique de poursuivre le dialogue, s’est encore réjoui M. Souef.

Il a également rappelé qu’en septembre, le Gouvernement fédéral somalien lui a officiellement transmis une note demandant une « pause technique » dans le retrait de 3 000 soldats de la phase 2 de l’ATMIS.  Cette note explique qu’une pause technique donnerait le temps nécessaire pour relever les défis importants identifiés dans l’évaluation technique conjointe.  La pause donnerait en outre l’occasion de régler le problème de déficit budgétaire croissant de l’ATMIS et de répondre à la dynamique sécuritaire actuelle à travers la Somalie.  En réponse à cette demande, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA s’est réuni le 30 septembre et a convenu de soutenir la demande de la Somalie, a rapporté M. Souef.  Il a expliqué que cette décision a été fondée sur la reconnaissance des réalités opérationnelles de la Somalie, notamment des succès et des revers de l’offensive en cours contre les Chabab.

Dans ce contexte, a-t-il conclu, alors que le Conseil de sécurité entamera dans quelques mois de nouvelles discussions sur le renouvellement du mandat de l’ATMIS, ladite pause technique devrait être l’occasion d’une réévaluation collective de la situation sécuritaire en Somalie ainsi que des besoins immédiats et à long terme pour permettre au Gouvernement somalien d’assumer pleinement ses responsabilités en matière de sécurité et de continuer à dégrader les capacités des Chebab, pour finalement les anéantir.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a réitéré le plein soutien de son pays avec la Somalie dans la lutte contre les Chabab. Alors que la Somalie continue de mener ses opérations offensives contre ce groupe, il a noté que se poursuit actuellement la transition de l’ATMIS vers un secteur de la sécurité dirigé par les autorités nationales.  Dans ce contexte, le Conseil et l’ONU doivent, selon lui, continuer de travailler en étroite collaboration avec la Somalie et l’UA pour assurer la réalisation de ces objectifs.  Pour y parvenir, le représentant a encouragé les États Membres à soutenir financièrement l’ATMIS.  Il s’est par ailleurs félicité de la collaboration entre cette mission et le Gouvernement somalien concernant la récente évaluation technique conjointe.

Les progrès réalisés dans le modèle électoral et la révision constitutionnelle soutiendront la stabilité à moyen et long terme du pays, a espéré le délégué.  De même, il a misé sur les progrès en matière de construction de l’État et de consolidation de la paix pour assurer des progrès durables dans la lutte contre les Chabab.  Enfin, le représentant a félicité la Somalie pour les progrès accomplis par le biais de l’Initiative PPTE. L’allégement dont pourrait bénéficier le pays, notamment de la part du Royaume-Uni, lui permettra selon lui d’augmenter la collecte des recettes, de gérer la dette, de renforcer la gestion budgétaire et de réduire la corruption.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) s’est félicité des efforts de l’Union africaine (UA) et du Gouvernement fédéral somalien pour la promotion de la paix et la sécurité en Afrique grâce à sa lutte contre les Chabab.  Il a également salué les progrès enregistrés par les forces somaliennes et ceux qui luttent contre le contrôle des Chabab, afin de stabiliser les zones, en se concentrant sur le renforcement de la gouvernance au niveau local.  Le délégué s’est félicité que le Gouvernement fédéral et les États de la fédération se soient accordés sur la réforme de l’architecture nationale sécuritaire et du secteur de la justice.  Toutefois, il a pointé les échecs sécuritaires dans certaines régions qui montrent bien qu’au sein des forces sécuritaires « il y encore des problèmes ».  Ces faits nouveaux montrent bien qu’il faut finaliser urgemment une transition sécuritaire avec des objectifs sûrs et atteignables, a-t-il fait valoir.

Pour sa part, son pays reste très attaché à soutenir les efforts de la Somalie et de l’UA afin de renforcer les capacités de ce secteur, a assuré le représentant. Il s’est dit conscient que ce processus exige une coopération internationale, raison pour laquelle les États-Unis collaborent avec les partenaires pour ajuster leur approche. S’agissant de la situation à Laascaanood, le représentant a appelé toutes les parties à s’entendre sur un cessez le feu sans condition et à régler leurs différends grâce au dialogue.  Sur le plan humanitaire, le délégué s’est dit fier que son pays soit le premier pourvoyeur de l’aide humanitaire, rappelant que cette année les États-Unis ont apporté un soutien humanitaire d’un montant de 750 millions de dollars.

Au nom du Gabon, du Ghana et du Mozambique (A3), M. HAROLD A. AGYEMAN (Ghana) a salué les efforts du Président du Gouvernement fédéral, M. Hassan Sheikh Mohamud, pour consolider l’État par le dialogue.  Il s’est aussi félicité de la convocation du Conseil consultatif national, des initiatives visant à résoudre le conflit et du dialogue entre la Somalie et le « Somaliland ».  Il a félicité l’engagement de l’Envoyé spécial du Gouvernement fédéral pour le dialogue Somalie-« Somaliland » avec les acteurs politiques et de la société civile.  En revanche, il a dit être préoccupé par le conflit à Laascaanood, demandant au « Somaliland » de parvenir à une issue pacifique qui puisse favoriser un climat propice à la stabilité et à la réconciliation.  La situation sécuritaire en Somalie reste tendue et préoccupante, a estimé le délégué dénonçant l’utilisation d’engins explosifs improvisés par les Chabab.  Il faut soutenir l’ATMIS face à ces incidents, a-t-il recommandé.

Le représentant a soutenu la demande du Gouvernement fédéral somalien d’une pause technique de trois mois dans le retrait des troupes de l'ATMIS.  Il a aussi demandé de continuer à soutenir le Gouvernement fédéral afin de pérenniser la stabilisation du pays, en particulier pendant la mise en œuvre de la pause technique.  Il a aussi plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes sur le pays.  Sur le plan économique, le délégué a salué les progrès accomplis dans le cadre de l’Initiative PPTE et encouragé tous les partenaires à accélérer la conclusion d’accords d’allégement de la dette afin de fournir à la Somalie les financements internationaux nécessaires pour son développement.  S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a exhorté la communauté des donateurs à combler le déficit de financement afin d’alléger la souffrance du peuple somalien.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a félicité le Gouvernement fédéral somalien d’avoir intensifié ses efforts visant à faire progresser le dialogue politique sur les principales priorités nationales, se disant également encouragé par les récents accords sur le processus de révision constitutionnelle et les préparatifs électoraux au niveau fédéral.  Elle s’est néanmoins inquiétée que le Puntland se désengage de cet « exercice crucial ».  Elle a appelé à de larges consultations avec tous les États membres de la Fédération afin d’assurer un processus systémique et inclusif de construction de l’État. La représentante a réitéré son appel en faveur d’une pleine participation des femmes dans les processus électoraux, politiques et constitutionnels, louant l’action des organisations féminines somaliennes qui veillent à cette inclusion.  Elle a en particulier appuyé l’appel visant à inclure la problématique féminine dans le Conseil consultatif national, notamment une législation sensible au genre et des mesures spéciales pour pouvoir atteindre le quota de 30%.

La représentante a condamné par ailleurs les hostilités à Laascaanood et exhorté toutes les parties à la cessation des affrontements et au « retrait immédiat des forces de sécurité de ‘Somaliland’ ».  Elle a également déploré les attaques aveugles dans les zones civiles, notamment contre les hôpitaux, exigeant une redevabilité des auteurs de ces actes. Elle a renouvelé l’appui de Malte aux bons offices de l’ONU pour compléter les efforts nationaux de dialogue, y compris ceux des chefs de clans.  Enfin, constatant que 263 enfants ont été enlevés pour être recrutés de force, la déléguée a demandé aux parties de respecter le droit international et notamment celui des droits humains.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a plaidé pour que la Somalie avance dans le dialogue sur les principales priorités de l’édification de l’État et salué le travail de la MANUSOM et du PNUD pour renforcer les capacités de développement de législations sur le genre et la participation de tous aux prises de décisions.  Il a jugé préoccupant de voir que le « groupe terroriste des Chabab » continue de constituer une grave menace pour la paix, la sécurité et la stabilité de la Somalie et de la région.  Le soutien d’ATMIS au Gouvernement somalien pour faire face à ces menaces reste donc indispensable, a-t-il estimé.

Le délégué a aussi dit accepter la demande du Gouvernement fédéral de la Somalie de reporter de 90 jours la deuxième phase de transition de l’ATMIS.  À cette fin, il a appelé à une collaboration étroite entre le Gouvernement et l’ONU, afin de permettre une transition graduelle, responsable et sans vide de sécurité.  La délégation de l’Équateur soutiendra de manière constructive les négociations sur le prochain renouvellement du mandat de la MANUSOM a, par ailleurs, assuré son représentant.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) s’est félicitée de la poursuite de la stabilisation de la Somalie et des efforts de lutte contre le terrorisme, lesquels permettent d’entrevoir la consolidation d’une paix durable dans le pays.  Pour profiter de cet élan, la représentante a fait valoir que la lutte contre le terrorisme doit être soutenue et suivre l’exemple du Gouvernement fédéral somalien. Menacés ces derniers mois par l’offensive menée par le Gouvernement somalien, les Chabab ont intensifié la violence, a-t-elle constaté, avant d’appeler à l’élaboration d’une stratégie coordonnée permettant de soutenir l’offensive militaire tout en assurant la protection de la population.  La Somalie, a-t-elle ajouté, a élaboré des mécanismes de responsabilisation pour tracer les systèmes d’armes.  Dans ce contexte, les Émirats arabes unis estiment que la situation actuelle nécessite la levée de l’embargo sur les armes imposé au Gouvernement fédéral somalien.

La déléguée a exprimé son appui à l’appel de Mogadiscio en faveur d’une pause de trois mois dans le retrait de l’ATMIS afin d’éviter un vide sécuritaire.  Par ailleurs, a poursuivi la déléguée, les efforts visant à renforcer la résilience aux changements climatiques doivent être renforcés.  De plus, les défis immédiats auxquels est confrontée la Somalie ne doivent pas nous détourner de la nécessité d’assurer un développement durable du pays, a-t-elle ajouté.  Considérant que le développement économique est un puissant outil de consolidation de la paix, la déléguée a préconisé un soutien renforcé de la communauté internationale à la mise en œuvre de réformes économiques susceptibles de stimuler la reprise du pays.

M. DAI BING (Chine), tout en notant l’appel du Gouvernement fédéral à une pause dans le plan de retrait de l’ATMIS, a jugé impératif de mener ce plan de manière responsable sur la base d’une évaluation d’ensemble de la situation sécuritaire pour éviter un vide sécuritaire.  Il a saisi cette occasion pour rappeler l’insuffisance de financement de l’ATMIS, et pris note de l’examen par le Conseil de sécurité des options de financement, souhaitant qu’il y soit apporté une réponse positive.  Le représentant a appelé à soutenir la transition politique en Somalie, misant sur le Conseil consultatif national pour réunir le Gouvernement fédéral et les États fédérés afin qu’ils promeuvent le dialogue politique, débattent des questions de lutte contre le terrorisme ainsi que des élections et de la réconciliation.  Le but est de faire avancer le processus de transition.

Par ailleurs, le délégué a pris note des difficultés à Laascaanood et appelé toutes les parties à éviter les représailles.  Concernant la MANUSOM et l’ATMIS, le représentant a indiqué que les deux missions devraient continuer leurs bons offices dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Somalie.  Enfin, s’agissant de la levée de l’embargo sur les armes, il a appelé le Conseil à ajuster les mesures de sanction conformément à la situation sécuritaire sur le terrain.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a rendu hommage au personnel de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et aux forces de sécurité somaliennes pour leur sacrifice au service de la paix et la stabilité en Somalie et dans la région.  Il a estimé que l’achèvement de la première phase du retrait de l’ATMIS illustre la ferme volonté politique du Gouvernement fédéral dans l’exécution du plan de transition de sécurité.  Reconnaissant la « tâche colossale » qui consiste à mener des opérations offensives efficaces contre les bastions des Chabab dans les zones reculées, tout en consolidant le contrôle de sécurité exercé par le Gouvernement dans les zones nouvellement libérées, le représentant a souligné qu’un examen complet de la sécurité des centres de population entourant les bases opérationnelles avancées demeure un exercice indispensable pour éviter toute vulnérabilité que les Chabab risquent d’exploiter.  Il a précisé que la pause technique de la deuxième phase de retrait de l’ATMIS doit être une période de réorganisation.  En effet, empêcher toute récurrence de l’intrusion des Chabab dans la société somalienne exige un effort à long terme qui repose sur la corrélation humanitaire-développement-paix.

L’élargissement de l’autorité de l’État devrait provenir d’une bonne gouvernance avec des garanties de sécurité et d’un meilleur bien-être social pour le peuple somalien, a poursuivi le délégué qui a plaidé notamment pour la fourniture fiable de services de base et pour l’accélération de la réforme du secteur de la sécurité.  Cela implique une présence accrue des forces de sécurité somaliennes, en particulier dans les camps de déplacés adjacents aux forces d’ATMIS.  Il a également recommandé de veiller à un renforcement des capacités en se centrant sur le développement socioéconomique pour offrir aux jeunes des chances d’emploi et les éloigner des groupes armés et des activités illégales.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a salué l’engagement du Gouvernement somalien dans la lutte contre le terrorisme et l’adoption de la loi sur les droits de l’enfant.  En revanche, le cadre juridique contre la violence sexuelle liée aux conflits doit être renforcé, a-t-il estimé.  Le représentant a également jugé que des progrès sont nécessaires dans la consolidation de l’État et le processus électoral.  Il a dit être préoccupé par les restrictions de la liberté d’expression et des médias dans le pays, raison pour laquelle il a demandé au Gouvernement somalien de créer un espace civique sûr et inclusif. 

Encouragé par les efforts en matière de sécurité pour rétablir la paix et la stabilité dans le pays, le délégué a indiqué que des efforts de stabilisation restent essentiels pour consolider les acquis et éviter un vide sécuritaire dans les zones libérées.  Alors que l’ATMIS envisage de se retirer d’ici à la fin de 2024, des efforts doivent être déployés pour renforcer les capacités des forces nationales somaliennes et préparer le pays à assurer la protection des civils, a-t-il reconnu. S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a souligné l’importance de la poursuite de l’aide humanitaire pour atténuer la crise.  Enfin, préoccupé par la poursuite du conflit à Laascaanood, le délégué a demandé un cessez-le-feu, la fin des hostilités et la reddition des comptes par les responsables du conflit.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France)a jugé que les efforts politiques entrepris par M. Hassan Sheikh Mohamud, Président du Conseil consultatif national, sont une étape importante vers le renforcement de l’unité nationale.  Elle a dit encourager l’ensemble des acteurs somaliens à s’y associer, afin de parvenir à un consensus.  Elle a également salué l’engagement de la Somalie ainsi que des pays contributeurs de troupes de l’ATMIS dans la lutte contre les Chabab, qui s’est traduite par la reprise de certains territoires dans le sud et le centre du pays l’année dernière.  Elle a ensuite exprimé des inquiétudes quant à la situation à Laascaanood, à la suite des affrontements du 25 août dernier.  Elle a, dans ce contexte, encouragé l’ensemble des acteurs à privilégier le dialogue pour identifier une issue à ce conflit, soulignant que cette situation sécuritaire continue d’avoir d’importantes répercussions humanitaires. 

S’agissant de l’avenir du soutien apporté à la Somalie compte tenu des défis auxquels le pays continue de faire face, il est important d’identifier dès maintenant les modalités du soutien qui pourra être apporté au pays après le retrait de l’ATMIS, a recommandé la représentante.  Elle a précisé que ce soutien devra impliquer l’ensemble des partenaires de la Somalie, afin d’appuyer le pays dans la gestion de sa propre sécurité.  Elle a salué à ce titre l’initiative du Président Hassan Sheikh Mohamud pour organiser une conférence sur la sécurité en Somalie, à New York le 12 décembre prochain.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suissea constaté qu’en cette période charnière pour la transition sécuritaire en Somalie, ce pays demeure confronté à des défis multidimensionnels et complexes.  La Somalie se trouve en effet à l’épicentre des changements climatiques, tandis que la situation humanitaire reste « dramatique ».  Le groupe informel d’experts sur le climat et la sécurité, coprésidé notamment par la Suisse, a récemment discuté des conséquences potentielles des inondations sur le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a informé le délégué.  Selon lui, l’inclusion d’une section des rapports du Secrétaire général concernant l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité en Somalie faciliterait les analyses.

De l’avis du délégué, les efforts de stabilisation et de consolidation de la paix devraient reposer sur une approche coordonnée, holistique et inclusive.  « Nous devons en outre nous abstenir de précipiter la transition sécuritaire à moyen terme », a-t-il recommandé pour éviter des répercussions négatives sur la situation sécuritaire et humanitaire.  Le délégué a salué la volonté de Mogadiscio d’introduire un système de vote unique, tout en précisant que de telles mesures ne doivent pas servir de prétexte pour repousser la tenue des élections. À ses yeux, le respect du droit international doit être « l’épine dorsale » de la réponse à l’insécurité dans l’ensemble du pays.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), tout en saluant les efforts du Gouvernement fédéral somalien visant à stabiliser la situation politique intérieure, a fait part de sa préoccupation face à l’absence de la participation du Puntland et du « Somaliland » à ce processus.  Sur le plan sécuritaire, la situation est particulièrement préoccupante, a prévenu la déléguée en relevant que les Chabab maintiennent une position solide dans le pays et continuent de mener des exactions de grande ampleur, malgré les opérations offensives de l’Armée nationale somalienne. À cet égard, elle a fermement condamné tous les attentats terroristes.  Passant à la situation à Laascaanood, qui demeure « hors de contrôle », la représentante a soutenu les efforts de médiation du Gouvernement fédéral, des Sages et des États régionaux pour résoudre ce conflit.  Elle a appelé la MANUSOM à continuer, dans le cadre de son mandat, de fournir l’assistance nécessaire à Mogadiscio.

La déléguée a été d’avis que l’ATMIS reste un facteur crucial de dissuasion des activités extrémistes et illégales en Somalie, c’est pourquoi elle a recommandé de tenir compte de la situation « réelle » sur le terrain en prélude à toute réduction du contingent de la Mission.

En attendant, l’appel du Gouvernement fédéral somalien, soutenu par l’UA, à faire une pause de trois mois dans l’achèvement de la deuxième phase du processus de retrait d’ATMIS, est « justifié » à ses yeux.  Elle a ainsi souhaité que le Conseil de sécurité satisfasse cette demande.

La déléguée a également partagé les préoccupations de Mogadiscio concernant l’embargo sur les armes, expliquant que cette sanction constitue un obstacle objectif à une lutte efficace contre les Chabab.  Elle a dit que son pays était disposé à participer à des négociations circonstanciées sur cette question en novembre.  S’agissant des discussions en cours au Conseil sur la prolongation du mandat de la MANUSOM, la représentante a exprimé l’espoir que la mission politique spéciale puisse continuer à fournir l’assistance nécessaire aux autorités somaliennes, dans le cadre des mandats qui lui ont été confiés.

M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a mis l’accent sur la libération, sans précédent, de dizaines de communautés qui étaient sous l’emprise des Chabab depuis juillet dernier, et souligné que la stratégie nationale de stabilisation et le plan de stabilisation révisé constituent des cadres conceptuels solides pour s’attaquer aux besoins considérables des zones nouvellement récupérées.  Selon le représentant, avec la reprise des processus étatiques à long termes dans les communautés libérées, le Gouvernement fédéral et les États membres fédérés ont une occasion sans précédent de promouvoir l’appropriation locale et une paix durable.

Le délégué a rappelé que le Président Mahmoud avait mis en exergue, lors de la réunion du Conseil de sécurité le 22 juin 2023, le fait que les réunions du Conseil consultatif national avaient mené à des accords sur les élections, l’allocation du pouvoir, les institutions judiciaires et la fiscalité fédérale.  Le représentant a ensuite pointé du doigt le fait que les Chabab restent la plus grande menace pour le pays.  Il a loué les efforts « tenaces » de la Représentante spéciale et de son équipe en vue d’une solution pacifique aux violents affrontements à Laascaanood.  Il a aussi appuyé les efforts de l’UA et du Conseil de sécurité en vue d’opérationnaliser la pause technique de trois mois demandée par le Gouvernement fédéral.  En dépit des dons généreux de la communauté internationale, les difficultés restent entières, a-t-il ajouté, la moitié de la population ayant encore besoin d’une assistance humanitaire cette année.

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a dit que le Gouvernement fédéral était parvenu à un consensus avec les États fédéraux et avait accompli d’importants progrès en convoquant six réunions du Conseil consultatif national.  Des accords ont été conclus sur les politiques budgétaires, les processus électoraux et les dispositifs sécuritaires.  De nombreuses villes et villages ont été libérés du terrorisme et des mains des Chabab.  Mais le Gouvernement reste vigilant, a signalé le représentant annonçant que les forces armées somaliennes entament une réorganisation en profondeur pour contrer la menace des Chabab et pour préparer la transition sécuritaire.  Le délégué a fait valoir que les temps ont changé -la Somalie de 2023 n'est pas la Somalie de 1992- pour justifier sa demande, « à nouveau », de levée de l’embargo sur les armes en vigueur depuis 1992.  Il a aussi demandé davantage de moyens logistiques et autres ressources pour les forces de sécurité somaliennes.

Sur le plan économique, d’ici à la fin de l’année, la dette somalienne sera apurée, s’est réjoui le représentant en y voyant l’engagement du Gouvernement envers la réforme, la gouvernance et la stabilité.  Concernant la MANUSOM, il a souhaité que la mission politique spéciale qui devrait lui succéder aligne ses priorités sur la réalité de la Somalie d’aujourd’hui.  Elle devra concentrer ses efforts sur l’aide à apporter au Gouvernement fédéral et sur le développement à long terme du pays, a-t-il précisé.  Pour ce qui est de la situation dans le nord, il a informé que Laascaanood se trouve dans le calme grâce une action de médiation nationale et internationale et de la visite d’une délégation de chefs de clans avec le soutien du Gouvernement fédéral.  Le représentant a admis que son pays a connu un parcours difficile, mais qu’il a progressé dans tous les secteurs démontrant ainsi la résilience, la détermination et la ténacité du peuple somalien.

 

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