9389e séance – matin  
CS/15371

Conseil de sécurité: la réunion annuelle des commandants des forces des opérations de maintien de la paix se focalise sur la protection des civils

Ce matin, à l’occasion de la réunion annuelle des commandants des forces des opérations de maintien de la paix de l’ONU, les membres du Conseil de sécurité ont concentré leur attention sur le rôle de la composante militaire des opérations de maintien de la paix dans la protection des civils et la prévention afin d’améliorer la conduite des missions de paix sur le terrain.

Dans la foulée de la tenue, début juillet, du débat public du Conseil consacré à la protection des civils en période de conflit armé, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a expliqué que cette discussion interactive, à laquelle ont participé les commandants de trois opérations de paix déployées au Liban, en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud, visait notamment à explorer les moyens d’accroître l’impact des opérations de paix sur le terrain.

À cet égard, M. Jean-Pierre Lacroix a estimé que les efforts collectifs des différentes entités nationales et onusiennes, combinés à la stratégie Action pour le maintien de la paix Plus des Nations Unies, sont plus importants que jamais.  Le rôle de la composante militaire dans la protection des civils, au moyen notamment de la prévention et de la réponse, est d’ailleurs au cœur des opérations de maintien de la paix. 

Un avis partagé par le commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), M. Mohan Subramanian, qui a confirmé que la protection des civils demeurait la priorité absolue de la Mission.  Pour ce faire, ses opérations intègrent des déploiements planifiés à l’avance dans des bases situées dans des zones de conflit potentiel ainsi que le déploiement de forces ou d’équipes d’intervention rapide pour la défense des camps de protection des civils et des sites de personnes déplacées contre les menaces.  La Force mène également des patrouilles afin de renforcer sa présence et de favoriser un sentiment de sécurité et de confiance parmi la population locale. 

Même son de cloche du côté de la Force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui veille à créer un espace dans lequel les civils se sentent en sécurité, tout en ripostant aux menaces.  « Nous isolons les groupes armés de la population civile », a expliqué son commandant, M. Otavio Rodrigues de Miranda Filho, pour qui le déploiement de moyens aériens et la nécessité d’une action rapide sont des éléments cruciaux de la protection des civils. 

Après l’impact dévastateur de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah sur les civils des deux camps, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a été dotée d’un nouveau mandat et de ressources supplémentaires, devenant l’une des six missions de maintien de la paix pourvue d’un mandat de protection des civils.  Une menace aujourd’hui latente, entre autres du fait des efforts de prévention de la FINUL, par l’entremise d’un déploiement robuste, fondé sur une connaissance intime de la situation sur le terrain et d’un dialogue et d’un engagement constants avec les parties au conflit, a détaillé le Chef de mission, M. Aroldo Lázaro Sáenz. Celui-ci préside également un forum tripartite destiné à renforcer la confiance et la gestion des conflits, instance unique qui permet aux forces libanaises et israéliennes de se retrouver dans la même pièce pour aborder des questions de sécurité. 

Les commandants des forces doivent souvent prendre des décisions difficiles afin de trouver un équilibre entre la protection des civils et la sécurité des Casques bleus, ont constaté les États-Unis, pour qui la FINUL constitue un modèle en la matière.  Les pays contributeurs de troupes, a renchéri le commandant de la force de la MONUSCO, ont pour objectif prioritaire de protéger les civils, mais aussi leurs troupes.  « Une mission doit pouvoir se protéger pour protéger les autres », a-t-il indiqué, en s’inquiétant de l’équipement insuffisant des soldats de la paix face à des groupes armés tels que le M23, « véritable armée illicite ». 

Or, ont fait observer plusieurs délégations, dont la Chine et la France, la responsabilité de la protection des civils incombe au premier chef à l’État hôte, tâche à laquelle les opérations de maintien de la paix ne sauraient se substituer.  Reconnaissant que les missions de paix sont néanmoins tributaires d’un partenariat fiable, de confiance et de bonne foi avec les autorités locales, sa représentante a demandé que cessent les entraves aux activités des missions de paix onusiennes. Qui plus est, une posture robuste et des actions offensives doivent s’ajouter à l’emploi de mécanismes d’alerte et de réaction précoces, a-t-elle ajouté. 

Le Royaume-Uni a souligné pour sa part l’importance pour les missions de paix de bénéficier de l’appui « total » des États hôtes et du Conseil de sécurité afin de mettre en place un environnement protecteur susceptible de faciliter l’accès à l’aide humanitaire.  Ces dernières années, cependant, les missions ont été confrontées à des défis croissants qui contribuent à saper leur travail, notamment les restrictions à la libre circulation, les violations de l’accord sur le statut des forces, la désinformation et la présence de mercenaires du groupe Wagner. 

À l’instar d’autres missions, la FINUL a été confrontée à une hausse sans précédent des campagnes de désinformation, a reconnu son commandant, en s’inquiétant de la montée des tensions qui accompagne de telles activités, au risque de décrédibiliser la mission et d’engendrer un déclin du consentement local, indispensable à la sécurité des soldats de la paix.  Le défi le plus difficile à relever est celui de la désinformation, a confirmé le Chef de la MONUSCO, qui complique la tâche de la Mission et l’empêche de se rendre dans les zones qu’elle est tenue de protéger. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU, a estimé que la réunion annuelle des commandants des forces des opérations de maintien de la paix consacrée à leur composante militaire, qui fait suite du débat public du Conseil de sécurité sur la protection des civils en temps de conflit armé, est une occasion unique d’examiner le rôle joué par les différents acteurs afin d’améliorer la conduite des opérations sur le terrain. Cette année, les participants ont abordé la mise en œuvre des mandats, la sécurité des soldats de la paix, le programme femmes et la paix et la sécurité, ou encore les mesures à prendre pour juguler les menaces émergentes, la coopération et les communications stratégiques.  Les participants à la réunion ont notamment exploré les moyens de faire en sorte que les opérations de maintien de la paix aient plus d’incidence sur le terrain, a expliqué M. Lacroix, pour qui la stratégie formulée à cet égard est plus pertinente que jamais. 

Le rôle de la composante militaire dans la protection des civils par le biais de la prévention et de la riposte est au cœur des opérations de maintien de la paix, a-t-il noté.  Il a en outre souligné que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) s’affaire à réduire ses effectifs en vue de son retrait complet du pays à la fin de l’année. 

M. MOHAN SUBRAMANIAN, commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a informé le Conseil de sécurité de la façon dont la Mission d’assistance des Nations Unies au Soudan du Sud mène ses opérations de protection des civils qui est sa priorité absolue.  Pour ce faire, elle utilise tous les moyens nécessaires pour assurer un programme de protection efficace, opportun et dynamique. La Force mène ses opérations en tenant compte de l’engagement des autorités du Soudan du Sud, en particulier des Forces sud-soudanaises de défense du peuple.  Les opérations englobent notamment le déploiement planifié à l’avance dans des bases situées dans des zones de conflit potentiel, le déploiement de forces ou d’équipes d’intervention rapide pour la défense des camps de protection des civils et des sites de personnes déplacées contre les menaces extérieures. 

La Force, a continué le général, mène aussi des patrouilles actives dans sa zone de responsabilité pour renforcer sa présence, promouvoir un sentiment de sécurité et de confiance parmi la population locale et décourager les conflits et la violence.  Elle réagit par le biais de patrouilles intensives déployées pour répondre aux affrontements, avec pour priorité la protection du plus grand nombre de civils et la prévention de nouvelles violences.  La Force se déploie pour protéger les civils à l’intérieur ou à proximité du lieu du conflit ou pour s’interposer entre les communautés en conflit.  Elle permet également aux civils fuyant le conflit d’être regroupés dans des lieux attenant aux bases permanentes ou temporaires de la MINUSS.

S’agissant de l’évaluation de l’impact de la prévention des conflits, la Force effectue un déploiement permanent ou temporaire à partir d’un maximum de bases dans des lieux sélectionnés pour prévenir de manière proactive les conflits. Pour lui, mesurer l’impact de la MINUSS à l’aune du nombre de victimes dans un conflit peut être trompeur.  Il faut plutôt faire une évaluation du nombre probable de victimes et de conflits évités ou contenus et, par conséquent, de vies sauvées est un meilleur indicateur.  La MINUSS procède donc régulièrement à un examen de ses actions avant et pendant les conflits afin de mesurer cet impact intangible et d’affiner ses activités de protection des civils de la mission. 

Le général Subramanian a aussi évoqué la complexité de la prise de décisions sur le terrain dans des situations de conflit avant de donner des exemples d’interventions de la Force, non seulement en matière de protection de civils mais aussi dans le domaine humanitaire comme lorsque la MINUSS a construit des digues de 25 kilomètres pour protéger la ville de Bentiu menacée par des inondations.  Il a souligné l’importance de la liberté de circulation pour la Force, de la coordination des efforts de protection des civils avec d’autres composantes de l’ONU telles que la police des Nations Unies.  Il a mis l’accent sur les partenariats avec le Gouvernement, les forces de défense du Soudan du Sud, les communautés et les partenaires humanitaires dans tous les aspects de ses actions de protection des civils.  La MINUSS procède continuellement à un examen de ses actions dans toutes les situations de conflit afin d’en tirer des leçons pour l’avenir.  Cet apprentissage continu est une partie importante des efforts de la Mission en matière de protection des civils.

M. OTAVIO RODRIGUES DE MIRANDA FILHO, commandant de la Force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que le principal défi en République démocratique du Congo (RDC) est la fragilité de l’État, ajoutée à l’impunité ambiante et à la quasi-inexistence de l’autorité judiciaire.  La Mission, a-t-il expliqué, veille à créer un espace dans lequel les civils se sentent en sécurité, tout en ripostant aux menaces. « Nous isolons les groupes armés de la population civile », a précisé le général, pour qui le déploiement de moyens aériens est capital, de même que la nécessité d’agir rapidement. Il a par ailleurs déploré la désinformation qui complique la tâche de la Mission, laquelle a de plus en plus de mal à se rendre sur les zones à protéger. 

La position des pays contributeurs de troupes est de protéger les civils mais aussi de protéger leurs troupes, a-t-il dit.  « Une mission doit pouvoir se protéger pour protéger les autres. »  Il a indiqué que certaines des bases de la MONUSCO ne sont pas assez bien équipées, alors qu’il faut, face à des groupes armés comme le M23, « véritable armée illicite », un armement digne de ce nom.  On ne peut pas perdre des Casques bleus parce que l’ONU n’est pas capable de protéger ses bases, a-t-il encore argué, avant de faire remarquer que les pays contributeurs de troupes recrutent souvent des jeunes qui n’ont pas l’expérience nécessaire.  À cet égard, il a jugé crucial que les militaires déployés parlent la langue du pays. Les unités de protection des civils doivent également être dotées du personnel adéquat, y compris de femmes, a-t-il poursuivi.  Enfin, le général a insisté sur l’importance d’une bonne formation des troupes. 

M. AROLDO LÁZARO SÁENZ, Chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a rappelé que la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah a eu un impact dévastateur sur les civils des deux camps.  Au lendemain de ce conflit, la FINUL, dotée d’un nouveau mandat et de ressources supplémentaires, est devenue l’une des six missions de maintien de la paix des Nations Unies avec un mandat de protection des civils.  Actuellement, dans la zone d’opération de la FINUL, il n’y a pas de menace claire et imminente de violence physique à l’encontre des civils, a-t-il affirmé, mais il existe une menace latente, et les efforts de protection de civils de la FINUL se concentrent sur la prévention et la consolidation de normes en la matière.  L’aspect préventif est une priorité dans les activités de la FINUL, a-t-il assuré, et se fait à travers un déploiement robuste, une connaissance de la situation, et un dialogue et un engagement avec les parties au conflit.  À cet effet, la Force a mis en place un forum tripartite qui constitue un outil essentiel de renforcement de la confiance et de gestion des conflits, a indiqué le Chef de la mission.  Ce forum, qu’il préside personnellement, est la seule instance où les forces libanaises et israéliennes se retrouvent dans la même pièce pour aborder les questions de sécurité.  C’est la pierre angulaire des mécanismes de coordination et de liaison de la mission, qui ont démontré à maintes reprises leur utilité en tant que plateforme vitale pour la désescalade, le renforcement de la confiance et la prévention des conflits entre des parties qui restent techniquement en guerre.

À l’instar d’autres missions, la FINUL a récemment fait face à une hausse sans précédent des campagnes de désinformation, a poursuivi le général s’inquiétant des tensions que cela peut attiser et décrédibiliser la mission, notamment en contribuant au déclin du consentement local, indispensable à la sécurité des soldats de la paix de la FINUL et à l’accès à l’ensemble de sa zone d’opérations.  En ce qui concerne la protection physique, la FINUL est déployée avec une présence robuste et visible, a-t-il expliqué.  La mission mène plus de 450 activités opérationnelles quotidiennes, à la fois de manière indépendante et en étroite coordination avec les forces armées libanaises, dans l’ensemble de sa zone d’opérations.  La FINUL aide également l’armée libanaise à maintenir la zone d’opérations exempte de personnel armé, de biens et d’armes non autorisés par le biais d’opérations coordonnées. 

Toutefois, a-t-il reconnu, la FINUL rencontre des difficultés pour accéder à tous les sites, comme les champs de tir non autorisés.  L’ensemble du personnel, tant en uniforme que civil, participe à la mise en place d’un contexte protégé au Liban-Sud et contribue à l’édification de communautés résilientes.  Le général a souligné que les femmes et les jeunes sont des partenaires essentiels à tous les niveaux de la politique de paix et de sécurité, tout en regrettant que leur participation ne soit pas toujours aussi facile qu’il aurait souhaité. De son côté, la FINUL veille à la pleine participation des femmes soldat de la paix à ses activités opérationnelles, a-t-il assuré, en mettant en avant leur rôle dans la préparation du premier plan femmes et la paix et la sécurité au Liban.

Le général a souligné qu’un nouveau conflit entre le Liban et Israël entraînerait probablement un nombre important de victimes civiles, malgré la préparation et les efforts de la mission.  À la lumière de ce constat, il a jugé d’autant plus important d’investir autant que possible dans la prévention, la meilleure stratégie possible de maintien de l’ordre et de s’attaquer aux causes profondes du conflit.  À cet égard, le soutien des membres de ce Conseil, collectivement et individuellement, restera primordial, a conclu le général.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a rappelé que son pays est un des principaux fournisseurs de contingents dans le monde, avec plus de 80 000 soldats et policiers déployés depuis sa première mission, en 1960, et quelque 2 760 soldats présents dans 9 des 12 opérations de maintien de la paix existantes. Notant que la moitié des missions de paix actuelles comportent un mandat de protection des civils, il a indiqué que son pays a fait de cette question l’un des cinq thèmes prioritaires de la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix, qui se tiendra en décembre prochain à Accra. 

S’agissant des tendances évolutives en matière de menaces contre les civils, le représentant a noté le ciblage des populations pour semer la peur, l’utilisation croissante d’engins piégés, les campagnes de désinformation et le recours à la terreur en tant que tactique visant à dissuader les communautés de coopérer avec les autorités nationales.  L’importance croissante accordée à la protection des civils, passée au fil des ans d’une composante mineure à une composante majeure, demeure essentielle au succès de toute mission, a-t-il fait valoir, souhaitant à cet égard savoir dans quelle mesure la mise en œuvre de communications stratégiques et d’un engagement constant avec la communauté locale contribuent à la prévention de la violence.  Considérant qu’une démonstration de force justifiée contribue largement à dissuader les éléments armés de s’attaquer aux civils, le délégué a encouragé le déploiement de l’ensemble des ressources militaires pertinentes pour renforcer les capacités d’alerte précoce.  Les forces régionales peuvent également être des partenaires efficaces et des premiers intervenants essentiels pour assurer la protection des civils, a encore estimé le représentant. 

La protection des civils est la responsabilité première de l’État hôte et les opérations de maintien de la paix ne s’y substituent pas, a fait valoir Mme ISIS JARAUD DARNAULT (France).  Rappelant que ces opérations dépendent d’un partenariat fiable, de confiance et de bonne foi avec les autorités locales, elle a demandé que cessent les entraves aux activités des missions.  À cet égard, la liberté de mouvement des missions doit être garantie, a-t-elle insisté, avant de dénoncer les manipulations de l’information qui se multiplient, notamment contre la MINUSMA et la FINUL, et nuisent à la mise en œuvre des mandats de protection des civils.  En République démocratique du Congo, a-t-elle poursuivi, les forces de la région doivent se coordonner plus étroitement avec la MONUSCO pour protéger les vies humaines. La protection des civils doit aussi être au cœur des opérations africaines de paix, dont la France soutient un financement sur contributions obligatoires, a exhorté la représentante. 

La déléguée a souhaité que soient confié aux opérations de paix des mandats clairs, hiérarchisés et réalisables.  Les Casques bleus doivent être formés avant leur déploiement, notamment sur la langue de la population locale, et dotés d’équipements adaptés, a-t-elle souligné, plaidant également pour le déploiement de nouvelles technologies au sein des opérations.  De plus, une posture robuste et des actions offensives doivent s’ajouter à l’emploi de mécanismes d’alerte et de réaction précoce, a ajouté la représentante, pour qui la continuité de la protection des civils doit aussi être préparée dans le cadre des transitions.  Enfin, une attention particulière doit être portée aux besoins spécifiques des femmes et des enfants, a-t-elle soutenu, avant d’interroger les généraux sur les moyens de tirer davantage de bénéfice des nouvelles technologies pour renforcer la protection des civils.  À cette même fin, comment les opérations de paix peuvent-elles accroître les moyens de l’État hôte pour préserver les acquis après leur transition? a-t-elle demandé. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a dit que le Nouvel Agenda pour la paix offre le cadre conceptuel pour réfléchir à la manière dont les missions de maintien de la paix peuvent, à l’avenir, renforcer la protection des civils.  Elle doit faire l’objet d’une approche globale et intégrée impliquant l’ensemble des composantes, militaire, policière et civile d’une mission.  L’effort doit être placé sur la prévention, a conseillé la représentante, pour qui les causes des conflits et les dimensions politiques, socioéconomiques, de genre et d’autres aspects doivent être pris en compte dès la phase initiale de planification d’une mission.  Dans ce contexte, la présence de conseillères et conseillers en matière de protection des civils au sein des états-majors des missions est importante afin d’assurer une approche cohérente et coordonnée entre les diverses composantes et les partenaires externes, selon la représentante.  Pour elle, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire doit s’inscrire dans la formation des Casques bleus. 

La déléguée a exhorté à mettre en œuvre des normes communes de protection des civils, y compris contre les violences basées sur le genre.  Elle a demandé que la protection des civils soit garantie dans les phases de retrait de la MINUSMA, exigeant du Gouvernement malien qu’il assure dès à présent la reprise des fonctions exercées antérieurement dans ce domaine par la Mission.  Pour la déléguée, dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine, les nouvelles technologies contribuent à une meilleure compréhension de l’environnement humain, favorisent l’alerte précoce et donc la prévention des violences contre les civils.  Elle a demandé aux commandants si le recours aux nouvelles technologies, et notamment à l’intelligence artificielle au sein de leurs missions, peut contrer la désinformation et améliorer la protection des civils, tout en s’assurant que les risques liés à leur utilisation soient minimisés. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a jugé nécessaire et « même urgent » que les mandats des Casques bleus soient plus innovants, plus ambitieux et moins confus, à même de s’adapter à la réalité et au niveau d’hostilité des théâtres d’opérations.  Le départ précipité de la MINUSMA du Mali, alors que le pays fait encore face à d’importants défis sécuritaires, ainsi que la persistance de l’insécurité dans l’est de la RDC, nous obligent à tirer des leçons, a-t-elle dit.  Elle a estimé que des mandats mieux calibrés et associés à une meilleure préparation des composantes militaires lors du déploiement permettront de gagner en efficacité.  « Il est en outre indispensable d’être à l’écoute des pays hôtes et des populations qui n’aspirent qu’à la stabilité et la paix. »  Rappelant la volonté de l’Afrique de s’impliquer dans la résolution des crises sécuritaires qui minent le continent, elle a déclaré que le coopération ONU-UA, conforme au principe de subsidiarité, est une solution concrète à la prévention des conflits, à la gestion des nouveaux défis sécuritaires. « Nous réitérons que le financement durable des opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA est un enjeu majeur pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. »

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a commencé par offrir ses condoléances au Ghana suite au décès en mission, aujourd’hui, de l’un de ses soldats de la paix. Il a ensuite estimé que la protection des civils exige une approche holistique à même d’assurer une stabilité propice à la poursuite du processus politique.  À cette fin, les différentes composantes des opérations de maintien de la paix doivent selon lui travailler de concert, au moyen du dialogue, du positionnement des forces et d’une planification intégrée, afin d’assurer les trois volets de la protection des civils vulnérables.  Pour le représentant, la protection des civils doit toujours se voir accorder la priorité dans les mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Or, les commandants des forces doivent souvent prendre des décisions difficiles afin de trouver un équilibre entre la protection des civils et la sécurité des Casques bleus, a—t-il constaté.  La FINUL constitue à ses yeux un modèle d’environnement de protection favorisant le dialogue entre les parties concernées, notamment par le biais du mécanisme tripartite qui permet de réduire le risque d’escalade dans un contexte dangereux. 

Le délégué a également dit apprécier les efforts déployés par la MINUSS pour stabiliser la situation au Soudan du Sud après les violences de juin dernier. La MONUSCO poursuit quant à elle ses efforts pour protéger les civils et appuyer le Gouvernement congolais en matière de gouvernance et de justice, malgré la crise humanitaire qui continue de se détériorer dans l’est du pays, a-t-il applaudi. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a salué les efforts des missions de maintien de la paix pour protéger les civils, en particulier les femmes, et ceux qui vivent dans des camps de personnes déplacées.  Le représentant a exigé que tous les États respectent le droit humanitaire international.  En dépit des efforts croissants de prévention des conflits, la réponse aux conflits demeure inadéquate.  C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir une collaboration accrue entre les missions, les agences, les programmes et autres organes pour élaborer et mettre en œuvre une stratégie de prévention intégrée de maintien de la paix et de protection des civils.  Il faut aussi répondre aux causes profondes des conflits afin de garantir la stabilité et la sécurité, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné à cet égard l’importance de systèmes d’alerte précoce et des initiatives de prévention des conflits et demandé des mesures pour traiter la mésinformation et la désinformation.  Le délégué s’est ensuite tourné vers les commandants des forces pour leur demander comment ils adaptent leurs stratégies, leurs relations et leurs tactiques pour dialoguer de façon efficace avec les acteurs locaux, y compris les groupes armés pour prévenir la violence contre les civils?

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a rappelé que le contexte de déploiement des missions onusiennes se caractérise souvent par les violences répétées des groupes armés contre les civils, des forces de sécurité faibles ou alors abusives et une autorité étatique limitée.  Elle a souhaité en savoir plus sur la manière dont la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a ajusté sa stratégie de protection des civils face aux attaques perpétrées contre les civils dans les camps de déplacés.  « Étant donné le mandat fort dont est dotée la MONUSCO s’agissant de la protection des civils et de la prévention des violences sexuelles, nous aimerions savoir ce qu’il adviendra de ces éléments lors de la phase de retrait de la Mission. »  Enfin, elle a voulu en savoir davantage sur les défis émergents auxquels la FINUL doit faire face s’agissant de la protection des civils.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a noté le rôle de la composante militaire des missions de paix des Nations Unies dans la protection des civils, en arguant que les actions s’inscrivant dans ce cadre devraient faire l’objet d’un débat ouvert, partagé et concerté au sein d’une équipe multisectorielle, comprenant des représentants gouvernementaux, des agences du système des Nations Unies et les forces de défense et de sécurité.  Pour illustrer ce principe, il a décrit l’expérience du Mozambique où les forces de défense et de sécurité et les forces de soutien à la lutte contre le terrorisme, notamment celles du Rwanda et de la SADC, ont donné la priorité à la protection des populations civiles en participant conjointement aux activités de reconstruction, dans le respect des règles du droit humanitaire international. Remerciant les pays contributeurs de troupes de leur dévouement constant et leur soutien inébranlable en faveur d’une paix durable, il a réitéré l’appel du Mozambique à la communauté internationale pour qu’elle continue à soutenir financièrement les missions de maintien de la paix multiformes des Nations Unies dans le monde.  S’adressant ensuite aux pays hôtes des missions de maintien de la paix des Nations Unies, le représentant les a encouragés à maintenir une coopération adéquate avec ces missions et à respecter l’accord sur le statut des forces entre les Nations Unies et un État hôte.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a fait valoir que la protection des civils ne constitue pas une fin en soi pour les opérations de maintien de la paix.  La nécessité de protéger la population est une conséquence des conflits, et seule l’élimination de leurs causes peut garantir la sécurité des civils.  Selon elle, l’aide apportée à la défense d’un État est une mesure temporaire destinée à laisser le temps nécessaire à la recherche de solutions politiques.  L’histoire récente des conflits a prouvé que ce sont les efforts politiques et de médiation qui accompagnent les missions de paix qui contribuent à éliminer les causes profondes des conflits et à éviter leur résurgence.  Qui plus est, personne ne peut mieux protéger la population civile que les gouvernements nationaux, lesquels doivent coopérer étroitement avec les missions de l’ONU.  De plus, des efforts doivent être faits pour promouvoir la formation et la réforme du secteur de la sécurité, domaines qui ne font pas toujours l’objet d’une attention suffisante, a fait valoir la représentante.

Ces dernières années, la portée de la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix n’a cessé de s’élargir, a-t-elle relevé, ce qui demande selon elle un exercice de réflexion.  La déléguée s’est par ailleurs demandé dans quelle mesure les programmes surveillance des droits humains, y compris les questions de genre et de prévention des violences sexuelles, améliore l’efficacité de telles opérations.  Le Conseil de sécurité porte une large part de responsabilité à cet égard, tout comme lorsqu’il confie des missions que les Casques bleus ne sont pas en mesure de mener avec les moyens dont ils disposent, comme c’est le cas au Soudan du Sud.  Ces « attentes non satisfaites » du public donnent souvent lieu à des critiques des missions de maintien de la paix, que plusieurs qualifient ensuite de désinformation.  Il s’agit là selon elle d’un problème aigu pour la MONUSCO. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a souligné à son tour que la protection des civils est la responsabilité première du gouvernement hôte.  Elle a ajouté que toutes les composantes du maintien de la paix, qu’il s’agisse de militaires, de policiers ou de civils, peuvent et doivent utiliser conjointement leurs forces respectives pour mettre en œuvre les mandats de protection des civils.  Mettant l’accent sur la prévention, la représentante a noté que le maintien de la paix est aujourd’hui confronté aux menaces créées par les technologies émergentes.  La propagation de la désinformation n’est toutefois qu’un aspect de ces défis, a-t-elle relevé, avertissant que des tendances plus larges, notamment l’expansion de l’intelligence artificielle, auront bientôt un impact sur les missions.  Celles-ci doivent se doter de nouvelles capacités en matière de renseignement, a-t-elle plaidé, avant de réitérer le soutien de son pays à la création d’une académie du renseignement pour le maintien de la paix. 

La déléguée a ensuite interrogé le commandant de la FINUL sur l’atténuation des menaces en matière de mésinformation et de désinformation: comment les composantes militaires relèveront-elles et s’adapteront-elles à ces défis uniques lorsqu’elles s’engageront dans la prévention et la préemption?  Elle a d’autre part demandé aux commandants de la FINUL et la MINUSS dans quelle mesure les composantes militaires pourraient contribuer aux efforts globaux des missions pour créer des mécanismes de protection des civils post-transitions.  Enfin, elle a voulu savoir ce que pourrait faire le Conseil de sécurité pour rendre les contributions des composantes militaires plus efficaces. 

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé à donner la priorité à la prévention des violences et aux mécanismes d’alerte précoce.  Une approche militaire ne peut suffire s’agissant de la protection des civils, a fait valoir le délégué.  Il a demandé que la composante protection des civils des mandats de maintien de la paix soit appliquée de manière équilibrée, avant de rappeler que la responsabilité première de protection incombe au pays hôte.  Le représentant a par ailleurs plaidé pour la levée des régimes de sanctions qui entravent la capacité de protection des pays concernés.  La Chine a déployé ces vingt dernières années près de 20 000 Casques bleus dans plus de 50 pays, a-t-il rappelé, en assurant du soutien continu de son pays aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

Mme GHASAQ SHAHEEN (Émirats arabes unis) a souligné le rôle crucial des composantes militaires dans la prévention et la réponse sur le volet protection des civils.  Elles ne sont toutefois pas les seules à y contribuer, a-t-elle argué, faisant observer que la protection des civils par les opérations de paix serait impossible sans le travail du personnel des affaires civiles, qui est engagé auprès des communautés locales, ou encore des équipes politiques, impliquées dans les bons offices, et des conseillers en matière d’égalité des sexes et de protection de l’enfance. 

Face à la prolifération de la désinformation et des discours de haine, qui sont devenus une menace pour les opérations de paix, la déléguée a plaidé pour le déploiement d’agents d’information militaires dotés de compétences et d’une expérience en matière de communication stratégique pour aider les missions à identifier, évaluer et répondre à ce fléau, gérer les attentes des communautés locales et engager de manière proactive les parties prenantes locales afin d’améliorer les relations.  Elle a également insisté sur l’importance de la bonne formation des Casques bleus.  Constatant enfin que les engins explosifs improvisés (EEI) et les drones utilisés par les groupes armés constituent des menaces pour les civils comme pour les soldats de la paix, elle a estimé que pour mieux répondre à ces nouvelles menaces et protéger les civils, les composantes militaires des opérations de paix ont besoin de moyens et de technologies, notamment d’un logiciel de profilage géographique pour contrer le danger lié aux EEI. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a souligné l’importance des missions de maintien de la paix dans la « boîte à outil » de l’ONU.  Il est crucial d’assurer une cohérence entre ce qui est décidé par ce Conseil et ce qui se passe sur le terrain, a insisté le délégué, en pointant l’écart qui existe souvent sur la question des moyens.  À cet égard, il a demandé aux commandants de forces présents si les missions onusiennes ont réellement les moyens de protéger les civils.  Enfin, s’agissant de la FINUL, le délégué a rappelé que le retour des réfugiés doit se faire dans le respect du droit international.

M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a noté l’importance que prend le volet protection des civils dans les mandats des missions de maintien de la paix de l’ONU. Il s’agit d’une tâche complexe et difficile, a-t-il concédé, compte tenu des nouvelles menaces qui pèsent sur les théâtres opérationnels d’aujourd’hui, notamment la désinformation et la mésinformation, qui sèment la discorde, sapent la confiance dans les institutions et incitent à la violence.  À une époque où les acteurs étatiques et non étatiques intensifient l’utilisation abusive de la communication et où les Casques bleus sont confrontés à des environnements de plus en plus hostiles, une utilisation compétente de la communication stratégique est essentielle pour un maintien de la paix efficace et pour la sécurité des soldats de la paix, a fait valoir le représentant.  Il a félicité les composantes militaires qui se sont engagées auprès des communautés locales pour les sensibiliser aux dangers de la désinformation et qui surveillent et analysent les flux d’informations en ligne et hors ligne afin d’identifier et suivre ces menaces. 

En actualisant et en détaillant les mandats, le Conseil de sécurité devrait continuer à encourager les améliorations en matière de communication stratégique, a insisté le représentant, soulignant à cet égard le rôle essentiel des stations radio, qui sont un moyen de communication vital avec les communautés, en particulier dans les endroits où la connexion Internet est insuffisante.  À titre d’exemples, il a cité Radio Miraya au Soudan du Sud, Radio Okapi en République démocratique du Congo, Guira FM en République centrafricaine et Radio Mikado au Mali, expliquant que ces stations permettent aux populations locales d’accéder à des sources d’information crédibles et dignes de confiance.  Ces stations de radio, qui opèrent dans le cadre des missions de maintien de la paix de l’ONU, « démystifient les rumeurs et les fausses nouvelles », a-t-il souligné.  Avant de conclure, le délégué s’est interrogé sur les nouveaux défis auxquels sont confrontés les soldats de la paix de l’ONU en matière de protection des civils.  Il a également souhaité savoir comment les composantes militaires peuvent élargir leur travail avec les communautés locales pour les sensibiliser aux dangers de la désinformation. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a plaidé pour que les forces de maintien de la paix soient correctement formées, équipées et soutenues afin de pouvoir s’acquitter de leur mission de protection des populations.  Des forces de maintien de la paix proactives et mobiles peuvent non seulement assurer une protection physique mais aussi prévenir les menaces, établir des environnements protecteurs et faciliter l’accès à l’aide humanitaire, a-t-il argué.  Pour cela, elles ont besoin du soutien total du Conseil de sécurité et des États hôtes, a souligné le représentant.  Ces dernières années, cependant, les missions ont été confrontées à des défis croissants qui contribuent à saper leur travail, a-t-il reconnu, citant notamment les restrictions à la libre circulation, les violations de l’accord sur le statut des forces, la désinformation et la présence de mercenaires du groupe Wagner. 

Le représentant a profité de son intervention pour poser des questions aux chefs de mission présents à cette séance.  Sur la liberté de mouvement des soldats de la paix, il a souligné que le soutien du pays hôte est essentiel pour qu’une mission puisse mettre en œuvre son mandat de manière efficace, avant d’interroger les généraux sur les restrictions auxquelles ils sont confrontés et sur l’impact que cela a sur l’activité de leurs forces. « Que peut faire de plus le Conseil pour vous aider? »  Évoquant ensuite la multiplication des campagnes concertées de désinformation contre les missions et la menace que cela fait peser sur les soldats de la paix et les populations qu’ils sont censés protéger, le représentant a demandé aux commandants de forces ce qu’ils font pour combattre ce phénomène.  « Des communications stratégiques plus proactives pourraient-elles vous aider? »  Enfin, il a souhaité savoir si, à leur avis, le personnel des contingents est suffisamment préparé, formé et équipé pour s’acquitter des mandats de maintien de la paix et s’ils ont des recommandations à ce sujet. 

Réponses aux questions

En réponse aux questions des membres du Conseil, M. MOHAN SUBRAMANIAN, commandant de la Force de la MINUSS, s’est dit préoccupé par le nombre accru de réfugiés dans la région du Haut Nil et son implication sur les actions et les ressources de la Mission.  La MINUSS essaie de renforcer sa présence sur le terrain et de conduire des patrouilles en coopération avec toutes les agences sur place pour décongestionner les camps, a-t-il expliqué.  Si la situation humanitaire est endiguée, le volet sécuritaire évolue rapidement, ce qui contraint la Mission à se préparer à toute éventualité, notamment dans le suivi des personnes déplacées.  Comme la gestion des camps de personnes déplacées et du site de protection des civils de Malakal incombe à la Mission, elle est particulièrement attentive à la prolifération d’armes dans les communautés, dans les villages et parmi les bergers, a-t-il précisé.  Quand des heurts interviennent, la Mission s’efforce de réduire autant que possible le nombre des victimes en utilisant ses forces d’intervention rapide ou en essayant de séparer les acteurs armés des communautés. 

S’agissant de l’utilisation des technologies, le général a indiqué que la MINUSS dispose de plateformes de données qui contribuent à l’efficacité des alertes précoces.  Selon lui, le recours à l’intelligence artificielle peut permettre de compléter les données disponibles, la formation avant le déploiement et l’évaluation des besoins en matière de soins médicaux.  La MINUSS étant pionnière en matière de télémédecine, l’intelligence artificielle peut lui être utile avant d’envoyer les patients dans les installations médicales idoines, a-t-il relevé.  L’officier a également souligné l’importance du dialogue avec les chefs de communauté pour créer un environnement propice à la protection des civils.  Il a toutefois souligné que cet objectif n’est qu’une étape intermédiaire.  L’objectif principal est de garantir la stabilité, a-t-il soutenu.  Il a en outre souligné la nécessité d’identifier les causes de la violence.  À cet égard, la Mission dialogue de manière régulière avec tous les chefs de factions armées pour évoquer avec eux toutes les questions ayant trait à la protection des civils, y compris la liberté de déplacement.  Quand celle-ci est refusée, la Mission s’adresse au Gouvernement.  Le général a conclu sa réponse en insistant sur l’importance de la confiance entre la Mission, le gouvernement hôte, les Forces armées du Soudan du Sud et les communautés.

M. OTAVIO RODRIGUES DE MIRANDA FILHO, commandant de la Force de la MONUSCO, a repris la parole pour souligner l’importance de la confiance de la population et du gouvernement pour qu’une mission réussisse.  Des équipements performants et modernes permettent de sauver des vies.  Il est capital de comprendre le mandat qui nous a été confié, a-t-il dit, en ajoutant que cela vaut également pour les pays contributeurs de troupes.  « Nous allons nous retirer de la RDC de façon progressive, pas à pas, pour tenir compte des préoccupations des uns et des autres. »  Il a précisé que ce sont les forces locales et nationales qui devront remplacer immédiatement l’ONU pour protéger les civils.  Les forces régionales auront un rôle clef à jouer dans ce processus de transition, a-t-il dit.  Enfin, il a déclaré que le défi le plus difficile à relever est celui de la désinformation qui vise la MONUSCO.

Dans ses réponses aux questions, M. AROLDO LÁZARO SÁENZ, Chef de la Force de la FINUL, a évoqué le rôle traditionnel d’une opération de maintien de la paix, en soulignant que cela inclut, dans le cas de celle qu’il commande, une stratégie de communication pour lutter contre la désinformation.  Il a reconnu que l’intelligence artificielle peut aider à juguler certains risques, en affirmant que cela permet de suivre de près les attentes des communautés.  Il a espéré qu’Israël et le Liban décideront d’opter pour un cessez-le-feu, sous les auspices de Nations Unies.  Il a reconnu que la crise financière que traverse le Liban a eu des effets délétères sur le pays et sa population.  M. Sáenz a ensuite mis en garde contre un potentiel nouveau conflit entre Israël et le Liban en insistant auprès des parties pour parvenir à un accord de paix durable et à un cessez-le-feu.  La mission travaille actuellement sur la délimitation tout au long de la ligne bleu, a-t-il précisé, ce qui, à terme, sera un pas dans la bonne direction.

Passant à la lutte contre la mésinformation, le commandant de la Force a expliqué qu’une nouvelle stratégie a été mise sur pied à cet effet, en collaboration avec les autorités libanaises, et elle a porté des fruits.  Mais c’est au Gouvernement libanais de sensibiliser au rôle de la FINUL, a-t-il insisté.  Quant aux discours de haine qui visent les réfugiés, il a assuré que le Coordonnateur spécial et le personnel de la mission œuvrent de concert pour y répondre.

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