9366e séance – matin & après-midi 
CS/15343

Conseil de sécurité: Virginia Gamba alerte sur le nombre élevé d’auteurs gouvernementaux pour les violations graves contre les enfants dans les conflits

En 2022, l’ONU a recensé dans cinq régions du monde 27 180 violations graves contre les enfants se trouvant dans une situation de conflit armé, a déclaré ce matin la Représentante spéciale pour la question des enfants et des conflits armés.  Présentant au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général, Mme Virginia Gamba a constaté que les forces gouvernementales de plusieurs pays sont les principaux responsables de ces violations.  Elle a promis, en 2023, de développer une nouvelle campagne de sensibilisation visant à mettre la voix des enfants au centre du travail de l’ONU dans ce domaine. 

Avant l’intervention des Quinze et de 60 autres États Membres, le Conseil a entendu le témoignage d’une jeune représentante des enfants de Colombie, qui a plaidé pour la création d’une commission de soutien aux négociations de paix dans laquelle les enfants seraient impliqués.  « Être enfant et vivre dans la campagne colombienne n’est pas une sinécure », a-t-elle assuré en tentant de faire ressentir la peur dans laquelle vit cette tranche de la population qui, dès qu’elle sort de chez elle, est confrontée au risque de marcher sur une mine, de se retrouver entre les feux croisés de belligérants ou de se faire recruter par des groupes armés.

Cette peur est celle avec laquelle vivent tous les enfants se trouvant en situation de conflit, dont 8 630 ont été tués ou mutilés en 2022, comme l’a indiqué Mme Gamba et comme l’ont dénoncé l’ensemble des participants au débat.  La Représentante spéciale a communiqué d’autres chiffres impressionnants pour l’année 2022: 7 622 enfants recrutés par des forces, 3 985 enfants enlevés, 1 165 enfants victimes de crimes sexuels, 1 163 attaques contre des écoles et 647 assauts contre des hôpitaux.  Pour toutes ces exactions (meurtres et mutilations d’enfants; attaques contre des écoles et des hôpitaux; refus d’accès humanitaire), Mme Gamba s’est montrée choquée que les forces armées et de sécurité gouvernementales en soient les principaux auteurs en 2022, même si les groupes armés sont responsables de la moitié des actes.

C’est en particulier l’ajout de la Fédération de Russie à l’Annexe 2 du rapport, au rang des « parties qui commettent des violations graves sur la personne d’enfants dans des situations de conflit armé dont le Conseil de sécurité n’est pas saisi, ou dans d’autres situations », qui a été relevé par les délégations.  Pour la première fois, a souligné le Royaume-Uni, un membre permanent du Conseil est répertorié pour avoir commis de graves violations contre des enfants.  Ce bilan ne représente pourtant que « la pointe de l’iceberg », a estimé la représentante britannique, tandis que le représentant américain a accusé la Russie d’avoir commis des crimes contre l’humanité en Ukraine, notamment contre des enfants. 

La délégation russe s’est défendue en invoquant une exploitation « cynique » de la situation et une « vile campagne » lancée par les médias occidentaux à laquelle la Cour pénale internationale (CPI) participerait.  Elle s’est surtout étonnée que « même le Secrétaire général » alimente cette campagne.  Son discours s’est axé sur les crimes perpétrés par le « régime de Kiev » contre la population civile, dont les enfants, du Donbass, comme son pays le dénonce en vain depuis 2014.  Le représentant russe a dénombré 130 enfants morts et 400 mineurs blessés du fait des agissements de la partie ukrainienne, parlant même d’une « chambre de torture » construite en République populaire de Lougansk par des combattants du bataillon de volontaires « Tornado », où des enfants ont été violés et torturés. 

Les autres « nouveautés » du rapport du Secrétaire général ont suscité d’autres commentaires et dénonciations.  Les cinq nouvelles situations préoccupantes ajoutées au mandat de la Représentante spéciale, en particulier celles concernant Haïti, le Niger et l’Ukraine, mais aussi l’Éthiopie et le Mozambique, ont été signalées par Mme Gamba.  La Chine a d’ailleurs estimé que le rapport ne rend pas assez compte des violations perpétrées contre les enfants en Haïti.  Se disant particulièrement préoccupée par le Niger et Haïti, la Bulgarie a soutenu la signature de plans d’action pour la protection de l’enfance en citant celui, signé en 2022, avec les houthistes au Yémen. Les plans d’action ou engagements communs avec l’ONU ont été généralement salués par les délégations, comme la Belgique qui a encouragé le Gouvernement de la République démocratique du Congo à poursuivre la mise en œuvre de son plan d’action et à prioriser la lutte contre la violence sexuelle.

La France, comme de nombreuses autres délégations, a appelé à ratifier et mettre en œuvre la Convention relative aux droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs ainsi que le Statut de Rome.  Elle a plaidé pour l’endossement universel des Principes et engagements de Paris et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Le Conseil doit appuyer le travail du mécanisme de surveillance et de communication afin que celui-ci bénéficie des moyens nécessaires pour permettre au Secrétaire général d’établir une « liste d’infamie complète et objective », a déclaré le délégué français. Ce mécanisme a besoin de davantage de ressources budgétaires, de personnel et de plus de capacités, a reconnu Mme Gamba.

L’UNICEF s’attache pour sa part à sensibiliser les enfants, comme il l’a fait pour plus de 9 millions d’entre eux en 2022 par rapport aux risques liés aux munitions explosives, a expliqué son directeur exécutif adjoint.  Le Fonds a aussi fourni une aide à la réintégration pour 12 460 enfants recrutés par des forces ou des groupes armés. Ravi que plusieurs parties se soient engagées à prendre des mesures pour protéger les enfants au cours ces dix-huit derniers mois, M. Omar Abdi s’est toutefois dit déçu par le manque de progrès du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés en vue de l’adoption des conclusions des rapports-pays du Secrétaire général. 

Un consensus est aussi nécessaire au sein du Conseil de sécurité sur la question de la protection des enfants dans les conflits, a rappelé Malte, qui préside le Groupe de travail sur le sujet, en appelant à intensifier les efforts pour y parvenir.  Enfin, au nom du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés, le Canada a demandé instamment que les opérations de paix de l’ONU soutiennent la pleine mise en œuvre des mandats de protection de l’enfance. 

LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS: COMMENT PRÉVENIR ET COMBATTRE LES VIOLATIONS GRAVES COMMISES CONTRE LES ENFANTS LORS DES CONFLITS ARMÉS  S/2023/363S/2023/470

Déclarations 

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale auprès du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, présentant le rapport pertinent du Secrétaire général, a indiqué qu’en 2017, année de son entrée en fonction, il y avait 20 situations dans 4 régions portant sur 21 000 violations graves vérifiées.  Depuis, 5 régions sont touchées couvrant 26 situations notamment, en Haïti et au Niger.  En 2022, elle a chiffré à 27 180 les violations graves contre les enfants dont 18 890 ont été vérifiées par l’ONU.  Quelque 8 630 enfants ont été tués ou mutilés, 7 622 enfants ont été recrutés et utilisés, et 3 985 enfants ont été enlevés.  Des enfants ont été tués ou blessés lors de frappes aériennes, d’armes explosives, de balles réelles, d’échanges de tirs ou d’attaques directes et de restes explosifs de guerre, a-t-elle détaillé avant d’indiquer que 1 165 crimes ont été commis en matière sexuelle (viols, violences sexuelles, viols collectifs, mariages forcés, esclavage sexuel ou encore agressions sexuelles), beaucoup d’enfants en étant décédés. L’ONU a en outre comptabilisé 1 163 attaques contre des écoles et 647 contre des hôpitaux (augmentation de 112% par rapport à 2021), la moitié ayant été perpétrées par des forces gouvernementales.  Toujours en 2022, l’ONU a constaté une augmentation de 60% de l’utilisation des écoles et des hôpitaux à des fins militaires, à la fois par les forces armées et les groupes armés.  Elle a aussi compté 3 931 refus d’accès humanitaire aux enfants, qui ont été vérifiés. 

On ne connaît pas les histoires individuelles des 18 890 enfants touchés par ces violations l’année dernière, a relevé Mme Gamba en soulignant que derrière les chiffres se cachent les visages des enfants.  Il faut prévenir et protéger les enfants des ravages des conflits armés, a plaidé la haute responsable déplorant l’absence d’accès pour mieux les protéger, l’insuffisance de capacités de surveillance et le fait que trop de victimes et de témoins sont réduits au silence.  Trop souvent, les enfants et leurs communautés n’ont pas accès à un canal de signalement sûr et à une assistance, ou alors ils ont trop peur de les utiliser. 

L’année dernière, a-t-elle poursuivi, 2 496 enfants ont été privés de liberté pour leur association réelle ou présumée avec des parties au conflit. Or, les enfants détenus sont exposés à la torture et à des violences sexuelles; ils sont même condamnés à mort dans certains cas.  Mme Gamba a déploré que les violations graves commises contre les enfants restent impunies et que les auteurs ne soient pas remis aux systèmes juridiques nationaux et internationaux.  « Il faut garantir aux enfants l’accès à la justice. » 

Si 50% des violations graves étaient dues aux groupes armés terroristes en 2022, Mme Gamba a fait savoir que les principaux auteurs de meurtre et de mutilation d’enfants, d’attaques contre les écoles et les hôpitaux et du refus d’accès humanitaire étaient dus aux forces armées et de sécurité gouvernementales. S’agissant des recrutements et utilisations d’enfants, elle a signalé une baisse depuis 2017: de 8 052 incidents, on est passé en 2022 à 7 622.  Elle a salué le travail de l’ONU l’année dernière au Yémen, qui a abouti à la signature d’un plan d’action avec les houthistes pour mettre fin et prévenir les violations.  En République démocratique du Congo (RDC), les Maï-Maï ont signé des engagements unilatéraux pour protéger les enfants.  En Iraq, le Gouvernement a signé un plan d’action visant à mettre fin et à prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants par les Forces de mobilisation populaire.  En outre, 1 448 enfants iraquiens ont été rapatriés du nord-est de la Syrie. L’ONU travaille également avec les parties en Éthiopie, au Mozambique, en Ukraine et en Russie afin d’obtenir des engagements concrets et pratiques pour protéger les enfants et mettre en place des plans de prévention et/ou de protection.  Mme Gamba a indiqué que 12 460 enfants anciennement associés à des forces ou à des groupes armés ont été libérés et ont bénéficié d’une protection ou d’une aide à la réinsertion en 2022.  Elle a appelé les États à adhérer aux instruments qui ont déjà fait l’objet d’un large consensus, y compris la définition d’un enfant comme toute personne âgée de moins de 18 ans (Convention relative aux droits de l’enfant qui doit être protégée). 

Elle a aussi demandé d’accroître le financement des programmes de protection et de réinsertion de l’enfance déplorant l’absence de structures d’accueil pour ceux qui ont été libérés du recrutement ou qui ont subi des violations. Le financement des programmes d’action de déminage et de l’éducation sur les mines devrait également être une priorité, tandis que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises a besoin de ressources budgétaires, de personnel et de plus de capacités (entre 2022 et 2023, cinq nouvelles situations ont été ajoutées à son mandat, notamment au Niger et en Haïti). En outre, les ressources de l’UNICEF consacrées à la surveillance et à l’intervention en matière de gestion de l’enfance et à la réinsertion des enfants doivent être préservées et maintenues, a-t-elle plaidé.  Mme Gamba a, enfin, encouragé à entendre la voix des enfants.  En 2023, elle a promis, notamment, d’améliorer les directives pour les observateurs afin d’identifier au mieux les violations graves, d’augmenter les ressources disponibles pour l’expertise en protection de l’enfance sur le terrain et de développer une nouvelle campagne de sensibilisation visant à mettre la voix des enfants au centre de notre travail. Cette campagne qui sera axée sur les enfants, inclura leur participation, leurs points de vue et leurs voix pour mieux répondre à leurs préoccupations. 

M. OMAR ABDI, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déploré une période difficile pour les enfants dans les conflits armés, rappelant que le rapport annuel du Secrétaire général constate à la fois le plus grand nombre de violations graves jamais vérifiées par l’ONU -plus de 27 000 contre 24 000 l’année précédente- et le plus grand nombre de situations préoccupantes, soit 26.  Il a ajouté que l’UNICEF est gravement préoccupé par le sort des enfants dans les situations les plus récemment ajoutées au rapport, notamment Haïti et le Niger cette année, ainsi que l’Éthiopie, le Mozambique et l’Ukraine en 2022, tout en rappelant que le plus grand nombre de violations graves ont été vérifiés dans des conflits de longue durée comme ceux de la République démocratique du Congo (RDC), d’Israël et de l’État de Palestine, et de la Somalie. Il s’est dit préoccupé par l’impact qu’a déjà le nouveau conflit au Soudan sur les 21 millions d’enfants du pays, dont plus d’un million ont déjà été déplacés et des centaines tués ou blessés. 

Le Directeur a rappelé qu’au moins 180 000 enfants ont été libérés des rangs des forces et groupes armés depuis l’an 2000 et que 39 plans d’action ont été signés depuis 2005 dans 18 situations de conflit différentes.  Il a notamment cité le plan d’action de 2012 en RDC qui a permis de réduire considérablement le nombre d’enfants recrutés par les FARDC, les forces armées du pays.  Il a insisté sur la solidité des données méticuleusement collectées par les experts du mécanisme de surveillance et de communication de l’information des Nations Unies sur les violations graves.  Expliquant que l’UNICEF a sensibilisé plus de 9 millions d’enfants aux risques liés aux munitions explosives en 2022, il a ajouté que, la même année, l’UNICEF et ses partenaires ont fourni une aide à la réintégration à 12 460 enfants recrutés par des forces ou des groupes armés.

Soulignant que ces 18 derniers mois, plusieurs parties se sont engagées à prendre des mesures pour protéger les enfants, il a notamment salué les protocoles de transfert adoptés au Burkina Faso et au Nigéria pour protéger les enfants détenus ou identifiés au cours d’un conflit.  Il a également félicité les États Membres qui ont pris des engagements audacieux pour la protection des enfants dans les conflits armés lors de la conférence d’Oslo qui s’est tenue le mois dernier, notamment le Soudan du Sud, la Somalie et la Norvège.  A contrario, il s’est dit déçu par le manque de progrès du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés en vue de l’adoption des conclusions des rapports-pays du Secrétaire général, malgré les efforts louables de la Norvège et de Malte en tant que présidentes du Groupe. 

Évoquant la responsabilité des groupes armés non étatiques dans plus de 50% des violations graves commises l’année dernière -un chiffre qui monte à 85% au Burkina Faso- il a regretté que des acteurs étatiques empêchent « bien trop souvent » l’engagement des Nations Unies auprès de ces groupes ou des autorités de facto pour des raisons politiques.  Il a rappelé que l’engagement humanitaire des Nations Unies, y compris avec les groupes armés qui pouvaient être désignés comme terroristes, ne légitimait pas ces acteurs. 

Mme VIOLETA, membre de la société civile et représentante des enfants de Colombie, a indiqué qu’être enfant et vivre dans la campagne colombienne n’est pas une sinécure.  En effet, cela s’apparente à vivre avec la peur au ventre lorsque l’on doit sortir de chez soi, avec le risque de marcher sur une mine ou de se retrouver pris entre les feux croisés de belligérants.  De même aller à l’école représente un danger car les groupes armés peuvent s’y rendre pour recruter les enfants, ce qui fait que les chaises restent très souvent vides dans les salles de classe, a-t-elle relaté.  Même si la violence et les problématiques en ville sont différentes de celles des zones rurales, la peur y règne aussi chez les enfants, a-t-elle affirmé en signalant que les salles de classe des écoles des villes sont également vides du fait des recrutements menés par les gangs et aussi parce que les alentours des établissements scolaires sont parfois des zones d’affrontements entre groupes armés.  La représentante de la société civile a en outre évoqué les enfants colombiens qui sont victimes d’exécutions extra-judiciaires.

Mme Violeta a estimé que cette violence peut être prévenue si les enfants sont impliqués dans les processus de construction de la paix.  Or les adultes considèrent souvent que l’enfance n’a pas la maturité nécessaire pour être associée à la recherche de la paix, comme le révèle un sondage effectué par « Save the Children » dans des pays en proie aux conflits armés, a-t-elle noté.  Elle a fait valoir que, de son côté, la jeune activiste a, par exemple, appelé à libérer les jeunes incorporés dans les groupes armés.  Elle a aussi plaidé en faveur d’une éducation à la paix, notamment en faveur des jeunes ruraux en Colombie.  Créer une commission pour soutenir les négociations de paix et veiller à ce que les enfants soient impliqués dans les processus de paix au niveau national serait également une bonne décision, a-t-elle prôné. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est alarmée du nombre croissant de violations graves commises contre les enfants en 2022, une situation d’autant plus inquiétante que les principaux responsables de meurtres et de mutilations d’enfants, de refus de l’accès humanitaire et d’attaques menées contre des écoles et des hôpitaux ont été des entités gouvernementales.  Elle a qualifié d’encourageants les progrès accomplis par la Représentante spéciale pour inciter les parties aux conflits à protéger les enfants, tout en exprimant sa profonde préoccupation face à la détérioration de nombreuses situations auxquelles sont confrontés les enfants, notamment au Myanmar, au Soudan du Sud, au Burkina Faso et en Ukraine. 

En tant que membres du Conseil de sécurité, il nous incombe de faire en sorte que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales de l’ONU disposent de mandats et de capacités suffisantes pour prendre en compte les problèmes liés à la protection des enfants, a-t-elle plaidé. Elle a appelé les États Membres à coopérer à tous les niveaux pour atténuer l’impact des conflits armés sur les enfants et à intensifier leurs efforts pour trouver des solutions politiques à leurs différends.  En tant que Présidente du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, Malte compte intensifier ses efforts afin de parvenir à un consensus au sein du Conseil de sécurité sur la protection des enfants dans les conflits. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dénoncé les violations massives des droits de l’enfant engendrées par l’agression russe contre l’Ukraine.  La Russie est responsable de meurtres, de mutilations, de transferts forcés, de violences sexuelles contre des enfants, mais aussi d’attaques contre des écoles et des hôpitaux, s’est-il indigné, estimant que l’inscription de ce pays sur la « liste d’infamie » de l’ONU confirme la gravité des crimes qu’il a commis en Ukraine.  Le représentant a estimé que la mobilisation de la communauté internationale ne doit pas non plus fléchir face aux atrocités dont les enfants sont toujours victimes en « Birmanie, au Yémen ou encore en Syrie ».  Il a également condamné la politique de ségrégation inacceptable à laquelle font face les filles en Afghanistan, avant de déplorer la situation des enfants en Haïti, victimes de violences sexuelles et recrutés par les gangs. 

Après avoir appelé tous les États à ratifier et mettre en œuvre la Convention relative aux droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs ainsi que le Statut de Rome, il a plaidé pour l’endossement universel des Principes et engagements de Paris et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Pour que la mobilisation se poursuive, le représentant a demandé au Conseil de continuer d’appuyer le travail du mécanisme de surveillance et de communication afin que celui-ci bénéficie des moyens nécessaires pour permettre au Secrétaire général d’établir une « liste d’infamie complète et objective ».  Il a également souhaité que le Groupe de travail adopte rapidement des conclusions pour qu’elles soient mises en œuvre sur le terrain, réaffirmant par ailleurs le soutien de la France à la Cour pénale internationale (CPI) et à son combat contre l’impunité.  Il a enfin recommandé d’en faire davantage sur la prévention et la réintégration. 

M. ZHANG JUN (Chine) a dénoncé la situation dans les territoires palestiniens occupés où les opérations militaires israéliennes ont tué 4 enfants palestiniens les 3 et 4 juillet.  Il s’est aussi inquiété de la situation en Haïti où près de 500 000 enfants vivent à la merci des gangs; et au Sahel, où les terroristes ont formé de centaines de milliers d’enfants comme des machines de mort.  En Afghanistan, les opérations militaires étrangères ont fait des ravages et les sanctions bilatérales illégales mènent à des situations sordides où les enfants sont laissés à la porte des hôpitaux.  Il a également déploré la souffrance des enfants migrants qui font face à des traitements inhumains dans des centres de rétention. 

Le représentant a demandé aux parties de mettre un terme à toutes les attaques et les violences qui peuvent porter atteinte aux enfants, et a appelé à l’établissement des responsabilités pour les auteurs de violations des droits des enfants.  Il a aussi demandé une protection judiciaire pour les enfants, notamment les plus vulnérables.  Le délégué a ensuite déploré que le rapport ne rend pas assez compte des violations perpétrées contre les enfants en Haïti et dans les territoires palestiniens occupés. Ce manquement devra être corrigé dans le prochain rapport, a-t-il estimé. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit encouragé par les résultats que le Bureau du Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés, l’UNICEF et d’autres partenaires sont parvenus à obtenir, notamment l’élaboration et la mise en œuvre de protocoles et de plans d’action pertinents au Burkina Faso, au Nigéria et au Yémen, entre autres.  Il a appelé le Secrétaire général à faciliter un rapport plus systématique au Conseil de sécurité sur les indicateurs d’alerte précoce de violations potentielles contre les enfants, soulignant notamment l’importance des facteurs socioéconomiques tels que la pauvreté et le manque d’éducation.  Il a également appelé les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et des organisations régionales à intégrer les obligations en matière de protection de l’enfance et inclure des points focaux dédiés sur le terrain, saluant au passage les efforts de l’Union africaine (UA) en la matière. 

Constatant le caractère transfrontalier de certaines violations, le délégué a appelé à renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, ainsi qu’avec les États Membres, en vue de prévenir le recrutement transfrontalier et la traite des êtres humains.  Il a également exhorté les organisations régionales à approfondir leur collaboration avec les organisations de la société civile dans les domaines de l’alerte précoce et de la réaction rapide, souhaitant le renforcement de la plateforme paix et sécurité des OSC (organisations de la société civile) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Il a demandé instamment au Conseil de sécurité de soutenir pleinement l’allocation de ressources « ciblées, pratiques et rapides » pour faciliter les réponses aux menaces qui pèsent sur les enfants, mettant l’accent sur la sensibilisation des communautés aux risques liés aux munitions explosives et à l’importance de leur destruction finale.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a estimé que l’agression russe contre l’Ukraine a provoqué de nouveaux niveaux de violence et de misère chez les enfants. S’appuyant sur les chiffres de l’UNICEF, il a indiqué qu’au moins 501 enfants ont été tués, plus d’un millier de blessés et des millions déplacés de force par les forces russes.  Il s’est également dit consterné d’apprendre que les troupes russes ont utilisé 91 enfants comme boucliers humains, tout en attaquant continuellement et délibérément des écoles et des hôpitaux. Le représentant a appuyé l’inclusion des troupes russes et de groupes armés affiliés sur la liste de la honte. Si la Russie veut éviter le mépris du monde pour ses atrocités ignobles, elle doit faire une chose: retirer toutes ses troupes d’Ukraine, a-t-il souligné, notant que la paix est la garantie ultime de sécurité des enfants.  Le délégué a ensuite appelé à se concentrer davantage sur la prévention, l’établissement des responsabilités et la résolution des conflits. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déploré de constater que lorsque le Conseil de sécurité échoue à maintenir la paix internationale, et lorsque les États Membres ne parviennent pas à régler leurs différends par des moyens pacifiques, des enfants sont tués, mutilés et violés.  La paix est la meilleure garantie de sécurité pour les enfants, a-t-il rappelé, soulignant que l’action humanitaire ne mettra pas fin aux souffrances des enfants.  La meilleure approche pour protéger ceux-ci est de promouvoir le dialogue plutôt que l’isolement, de financer des cessez-le-feu plutôt que les guerres, et de s’engager dans le règlement pacifique des différends, au lieu de sanctions unilatérales coercitives, a énoncé le représentant.  Pour lui, le moyen le plus efficace de protéger les enfants est de favoriser la cessation immédiate des hostilités et d’ouvrir des négociations de paix.

Le représentant a martelé son opposition contre les sanctions qui ont des conséquences pour les enfants, plaidant pour la mise en place d’exceptions humanitaires dans les régimes de sanctions et l’inclusion d’experts des droits de l’enfant dans les mécanismes de surveillance des comités des sanctions. À son avis, des dispositions relatives à la protection des enfants devraient être incluses dans tous les mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. Les enfants doivent être traités comme des victimes, y compris ceux qui sont associés à des groupes désignés comme terroristes, a ajouté le représentant avant d’assurer des efforts du Brésil pour appuyer les initiatives en matière de réinsertion, d’éducation pour la paix et de justice pour les victimes.  Le Bureau de la Représentante spéciale et le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés doivent tirer parti des compétences de la Commission de consolidation de la paix, a-t-il aussi recommandé. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a constaté qu’en dépit du programme sur les enfants et les conflits armés développé par le Conseil de sécurité au travers de 13 résolutions, la situation des enfants pris dans les conflits armés reste désastreuse, avec plus que 27 000 violations graves vérifiées en 2022.  Bien que plus de la moitié de ces violations émanent de groupes armés, il est préoccupant de constater que des forces gouvernementales ont été responsables pour la majorité des meurtres d’enfants, des attaques contre les écoles et hôpitaux ainsi que des obstacles à un accès humanitaire, a-t-elle relevé, jugeant fondamental d’intensifier les efforts collectifs pour protéger les enfants dans les conflits armés.  Pour ce faire, il importe selon elle que les outils développés par le Conseil soient utilisés de manière « indépendante, crédible et impartiale ».  Les critères pour inscrire des parties aux annexes du rapport annuel, ou pour les enlever, doivent être transparents et objectifs, a insisté la représentante, pour qui l’inscription des forces armées du Myanmar pour des violations graves supplémentaires, ainsi que celle des forces armées russes et des groupes armés qui leur sont affiliés dans le contexte de l’agression militaire contre l’Ukraine est « cohérente et importante ». 

Appelant à un engagement de toutes les parties listées par l’ONU afin de prévenir et mettre fin à toutes les violations graves, elle souhaité que des ressources supplémentaires soient mobilisées.  La représentante a d’autre part exhorté tous les États à signer et à respecter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à mettre en œuvre la résolution 2601 (2021), avant de souligner l’importance d’une réintégration réussie des enfants précédemment associés à des groupes ou à des forces armées.  Les programmes de réintégration à long terme, qui ouvrent des perspectives économiques et répondent aux besoins basés sur le genre, sont aussi un moyen efficace de lutte contre le risque d’un recrutement ultérieur, a-t-elle fait valoir. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a appelé à renforcer les programmes de formation destinés aux acteurs étatiques et de la société civile sur les questions liées aux droits de l’enfant et au droit international humanitaire afin de renforcer leur capacité à traiter les cas d’enfants dans les situations de conflit armé.  La plus haute attention doit également être accordée aux principaux instruments juridiques, notamment la résolution 2427 (2018), tout en tenant compte des approches locales, nationales et régionales, a-t-il ajouté, appelant notamment à la mise en œuvre de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant.  De même, il faut intégrer la protection de l’enfance aux programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion, et aux programmes de réforme du secteur de la sécurité.  Le représentant a ensuite appelé l’ONU à éviter de donner l’impression d’accorder un semblant de légitimité aux groupes terroristes pour ce qui est de leur traitement des enfants.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a noté que le chiffre de 27 180 violations graves contre des enfants recensées en 2022 cache le fait que le nombre d’enfants touchés par les conflits est en progression.  Elle y a vu « un autre aspect déplorable de l’agression de la Russie contre l’Ukraine ».  Tout en se félicitant des cadres et directives établis depuis l’instauration du mandat de Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés, elle a souhaité que ces décisions se traduisent en actions.  À cette fin, la représentante a appelé la communauté internationale à prendre des mesures préventives pour assurer la sécurité des enfants, notamment face au danger que représentent les restes explosifs de guerre, les engins explosifs improvisés et les mines terrestres.  Une action antimines efficace contribuerait à prévenir de graves violations contre les enfants et à les protéger de la peur, a-t-elle affirmé, avant de rappeler que le Japon soutient les programmes de déminage et d’éducation aux risques des mines menés par le Service de la lutte antimines (UNMAS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

La représentante a également fait valoir que garantir l’accès à l’éducation des enfants en situation de conflit armé conduit à investir dans des personnes qui façonneront des institutions et des sociétés plus efficaces, responsables et résilientes.  Fort de cette conviction, le Japon a fait cette année une contribution à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) afin de fournir une éducation numérique d’urgence et des repas scolaires aux enfants qui ont fui le Myanmar, a-t-elle signalé, ajoutant que son pays soutient aussi le programme de repas scolaires mis en place par le Programme alimentaire mondial (PAM) dans de nombreux pays pour aider les enfants à fréquenter l’école dans des situations de conflit. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est dit affligé par les chiffres exorbitants des violations graves commises en 2022, soit 27 180 cas dont plus de 8 600 enfants tués ou mutilés.  Il s’est toutefois dit encouragé par les contacts croissants avec des parties à des conflits qui ont permis de libérer plus de 12 000 enfants des forces armées ou de groupes armés.  Il a souligné que les filles avaient de plus grandes chances de subir des violences sexuelles pendant les conflits et avaient des besoins particuliers après la fin des hostilités. 

Le délégué a rappelé que les groupes armés étaient les principaux auteurs de violations contre les enfants, notamment leur recrutement forcé et leur utilisation qui touchaient tout particulièrement les communautés autochtones et d’ascendance africaine dans les zones rurales.  Se réjouissant des progrès effectués par la juridiction spéciale pour la paix en Colombie, il a encouragé le Gouvernement à mettre la question au cœur des pourparlers avec les groupes armés et à agir rapidement pour mettre en place des mesures de protection.  Il s’est également inquiété des violations massives des droits des enfants en Afghanistan, notamment l’interdiction de l’éducation pour les filles au-delà de l’école primaire, les mariages forcés et le recrutement des enfants soldats, demandant aux Taliban de revenir sur ces pratiques.  Dénonçant des crimes contre l’humanité commis, notamment contre des enfants, par la Fédération de Russie en Ukraine, dont des exécutions et des déportations, il a condamné « les attaques systématiques contre la population civile ukrainienne », ajoutant que les forces russes bombardaient des écoles, des hôpitaux et des immeubles résidentiels. 

M. ANDRES MONTALVO SOSA (Équateur) a appelé à une action conjointe de la communauté internationale face à la détérioration de la situation des enfants dans différentes régions du monde.  Il a encouragé l’exécution de plans de déminage qui réduiront le risque de décès et de mutilation causés par les appareils explosifs improvisés.  Il a aussi appelé le Conseil de sécurité à insister sur le regroupement familial et le retour digne et sûr des mineurs déplacés par la violence, surtout lorsque leur déplacement a été forcé ou a été fait sans accompagnateur.  Le délégué a dit soutenir la demande du Secrétaire général concernant la réadaptation et la réinsertion d’enfants recrutés, lesquels doivent être considérés comme « des victimes et non comme des anciens combattants ».

Pour le représentant, il est également important de renforcer les institutions qui promeuvent la responsabilité, la justice transitionnelle, les enquêtes et la condamnation des auteurs de violations en temps de conflit armé. Selon lui, la prévention est la meilleure chance de garantir pour que plus d’enfants aient accès à des conditions de bien-être ainsi qu’à la santé physique et mentale.  Rendre cela possible est une responsabilité collective, a-t-il assuré.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a considéré alarmantes les statistiques sur les violations des droits des enfants enregistrées au cours de la dernière année.  Cette période a également été marquée par une augmentation des violences sexuelles et sexistes telles que les viols et les mariages forcés.  Il s’est dit profondément préoccupé par l’usage d’engins explosifs sur les champs de bataille, qui mutilent et tuent chaque année un grand nombre d’enfants.  En Afrique, de nombreux enfants sont enrôlés de force dans des groupes armés, dont certains pour servir de boucliers humains ou d’esclaves sexuelles.  Il est donc essentiel de mettre en place, de façon systématique, des programmes de réintégration des enfants séparés de groupes armés tenant compte de leur âge et de leur sexe, a-t-il estimé.  Dans ce contexte, la protection des enfants en temps de conflit armé doit selon lui demeurer une priorité du Conseil de sécurité, qui doit notamment veiller au respect du droit international humanitaire et de ses résolutions pertinentes.  Le représentant s’est félicité à cet égard du partenariat conclu entre l’ONU et l’UNESCO visant à prévenir les attaques ciblant les établissements d’enseignement afin d’assurer l’accès à l’éducation à l’échelle nationale et internationale.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a estimé que, pour assurer la protection des enfants en situation de conflit armé, l’extrémisme et la radicalisation doivent être combattus, jugeant que neutraliser cette menace commence par l’éducation.  Après avoir rappelé que le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 2686 (2023) qui précise la valeur de l’éducation dans la promotion de la tolérance et de la coexistence pacifique, elle a déploré que l’accès à ces valeurs reste un défi pour de nombreux enfants à travers le monde, notamment en Afghanistan, au Yémen et en Haïti.  Nous devons garantir l’égalité d’accès à une éducation de qualité qui favorise la paix et la compréhension mutuelle, a plaidé la représentante, non sans avertir qu’en cas d’échec, « nous risquons de créer des générations perdues d’enfants susceptibles de se radicaliser ». 

Évoquant ensuite les recrutements d’enfants par des groupes armés, la représentante a appelé à trouver des moyens de surveiller et de recueillir des informations sur les enfants touchés par les mouvements transfrontaliers.  Nous devons aussi veiller à ce que des services adéquats soient fournis pour la réadaptation et la réintégration, a-t-elle ajouté, souhaitant que, lorsque des groupes armés ou terroristes sont chassés de territoires, les enfants laissés pour compte reçoivent un soutien psychosocial. En outre, elle a jugé impératif de préserver la protection de l’enfance lorsque les soldats de la paix se retirent, ce qui suppose d’aider les autorités nationales à renforcer leurs capacités en cas de besoin.  Pour finir, la représentante a invité le Conseil à pleinement utiliser les pouvoirs dont il dispose, notamment en appuyant le mécanisme de surveillance et de communication afin d’encourager le dialogue avec les parties prenantes et garantir la mise en œuvre de mesures correctives. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est inquiété des menaces contre les enfants provenant de groupes terroristes, notamment dans la région saharo-sahélienne, où des groupes tels que Boko Haram et Daech intensifient leurs activités et étendent leur portée géographique.  Après avoir cité les cas inquiétant en Afghanistan et au Myanmar, il a parlé de la Syrie, où la situation des enfants dans les territoires non contrôlés par le Gouvernement, à Edleb et dans le nord-est du pays, demeure extrêmement préoccupante, en particulier dans les camps de déplacés de Hol et de Roj pourtant sous contrôle des États-Unis.  Il a appelé les États à honorer leurs obligations internationales et à rapatrier les enfants qui sont leurs citoyens de ces zones de conflit.

S’agissant de la situation en Ukraine, le représentant a déploré que la question de la protection des enfants soit exploitée « de manière cynique » afin de calomnier la Russie.  Il a dénoncé cette « vile campagne » lancée par les médias occidentaux, accusant la CPI d’y contribuer, notamment en blanchissant des informations fausses ou douteuses.  « Et, à notre grande surprise, même le Secrétaire général a décidé d’alimenter cette campagne. »  Le délégué a dès lors voulu faire la lumière sur les crimes perpétrés par le « régime de Kiev » contre la population civile du Donbass, dont les enfants.  Depuis 2014, a-t-il dit, « nous insistons pour que l’ONU se prononce » sur ces crimes: 130 enfants ont péri tandis que 400 mineurs ont été blessés du fait des agissements de la partie ukrainienne.  Il a indiqué que les organes compétents des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk avaient envoyé 2 000 communications à la Cour européenne des droits de l’homme et 1 500 à la CPI, sans compter les lettres au Conseil de sécurité, au Comité des droits de l’homme, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et au Comité international de la Croix-Rouge, toutes restées sans réponse.  Le représentant a aussi dénombré les 600 établissements scolaires et les plus de 150 installations médicales ayant été détruits ou endommagés dans le Donbass, ainsi que les meurtres et blessures d’enfants, dans la région de Zaporojie notamment, lors de frappes des forces armées ukrainiennes. Le représentant a rappelé avoir organisé une réunion en formule Arria avec un médecin d’un centre de traumatologie pour enfants dans le Donbass, regrettant que Mme Gamba n’ait pas écouté les témoignages de ce médecin et des enfants touchés.  Il a dénoncé la cruauté du « régime de Kiev » en parlant d’une véritable chambre de torture construite en République populaire de Lougansk par des combattants du bataillon de volontaires « Tornado », où des enfants ont été violés et torturés, le tout ayant été filmé, selon le délégué.

Le délégué a accusé l’ONU de refuser de considérer les informations « objectives » recueillies sur le terrain et de ne pas avoir inclus les forces armées ukrainiennes dans sa liste, malgré 80 cas de meurtres d’enfants et des centaines de cas de destruction d’écoles et d’hôpitaux.  « Il est clair que le Secrétaire général a pris une décision politique », en a déduit le délégué, en dénonçant un « manque de courage » face à la pression exercée par l’Occident.  Par conséquent, a-t-il indiqué, la Fédération de Russie a décidé de créer une commission parlementaire pour enquêter sur les crimes de Kiev commis contre les enfants.  Revenant au rapport, le représentant a dénoncé la « décision scandaleuse du Secrétaire général de faire figurer les forces armées russes en annexe de son rapport en tant que partie responsable de violations à l’égard des enfants », une décision infondée a-t-il assuré.  Il a jugé partiale cette annexe, remarquant que ni les États-Unis ni ses alliés n’y figurent, comme s’il n’y avait pas eu d’intervention sanglante en Yougoslavie, en Afghanistan, en Iraq, en Libye ou en Syrie. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a qualifié de choquante l’ampleur des violations graves décrites dans le rapport du Secrétaire général.  Alors que ces violations ont augmenté de 85% au Sahel et de 140% au Myanmar, plus de 1 500 enfants ont été recrutés et utilisés en République démocratique du Congo (RDC), a-t-elle dénoncé, avant de mettre l’accent sur la situation des enfants ukrainiens.  Pour la première fois, a souligné la représentante, un membre permanent de ce Conseil, la Fédération de Russie, est répertorié pour plus de 1 200 violations graves contre des enfants.  Bien que basée sur des données solides de l’ONU, cette liste ne représente que « la pointe de l’iceberg », a-t-elle observé, indiquant que son pays continue de soutenir les efforts du Gouvernement ukrainien pour protéger ses enfants et les ramener chez eux après les expulsions forcées opérées par la Russie. 

Pour la représentante, les cadres internationaux visant à garantir les droits des enfants, tels que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés et le mécanisme de surveillance et de signalement ont besoin de l’appui de la communauté internationale.  De son côté, le Royaume-Uni soutient des programmes qui proposent une assistance psychosociale, abordent les facteurs de recrutement et aident des millions d’enfants à réaliser leur droit à l’éducation.  De plus, nous continuerons à diriger la réponse mondiale à la violence sexuelle liée aux conflits, à supprimer les obstacles à la justice, et à accroître le soutien aux enfants survivants, a-t-elle ajouté. 

Dans le cadre d’une reprise de parole, M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a qualifié d’exagérée la déclaration du représentant des États-Unis, qui a accusé les forces russes de torture contre des enfants.  Il a par ailleurs reproché à la représentante du Royaume-Uni d’avoir affirmé que, selon le rapport annuel, les forces russes étaient accusées du meurtre de 1 200 enfants.  « Soyez précise, c’était en fait 120, et non 1 200 », a-t-il rectifié. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a rappelé que la protection des enfants nécessite un dialogue avec toutes les parties à un conflit armé, des autorités gouvernementales aux chefs des groupes armés, y compris ceux qui font l’objet de sanctions.  Il a estimé que les efforts de la Représentante spéciale ne devaient pas être entravés par des considérations sans rapport avec l’accomplissement de son mandat.  Constatant que le rapport du Secrétaire général « brosse à nouveau un tableau sombre », les violations graves se multipliant, il a dénoncé un échec de la communauté internationale appelant une réponse urgente.  Il a appelé les parties au conflit à respecter pleinement le droit international et les normes de protection de l’enfance, telles que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Concernant l’Amérique latine et les Caraïbes, il a pris note de l’inclusion d’Haïti dans les situations préoccupantes, s’inquiétant du nombre de cas de recrutements, de meurtres, de mutilations, de violences sexuelles, d’attaques contre des écoles, d’enlèvements et de refus d’accès à l’aide humanitaire à Port-au-Prince et dans ses environs, dus à la violence des gangs armés.  Il a appelé à agir pour mettre fin aux souffrances des enfants haïtiens.  En conclusion, il a réitéré son appel à intégrer la protection de l’enfance dans toutes les missions de paix et les missions politiques spéciales, en particulier dans les cas de retrait tels que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et d’autres situations de transition.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a tout d’abord rappelé l’engagement de son pays en faveur de la sauvegarde des droits de l’enfant.  Alors que nous nous apprêtons à rejoindre l’ECOSOC en janvier 2024, nous continuerons à défendre les droits des enfants en tant que partie intégrante de notre programme social, a-t-il assuré, mettant également en avant la participation active de la Pologne au Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés. 

Le représentant a ensuite mis l’accent sur la situation des enfants ukrainiens, notamment des enfants réfugiés auxquels la Pologne garantit un accès aux services essentiels tels que l’éducation, les soins de santé et les prestations familiales.  Il s’est aussi déclaré profondément préoccupé par le déplacement forcé d’enfants ukrainiens vers les territoires occupés et la Russie.  Après avoir relevé que le rapport de cette année mentionne explicitement l’Ukraine comme l’un des pays où l’incidence des violations graves contre les enfants est la plus élevée, il a jugé « épouvantable » que les parties qui commettent ces actes odieux soient les forces armées d’un membre permanent du Conseil de sécurité.  Dans ce contexte, le représentant s’est félicité que les tout premiers mandats d’arrêt délivrés par la Cour pénale internationale (CPI) en lien avec cette guerre concernent les crimes contre les enfants. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a estimé qu’environ 5,7 millions d’enfants de son pays ont été affectés par l’agression russe, dont deux tiers sont aujourd’hui déplacés.  Il a évoqué 13 cas de violence sexuelle contre les enfants recensés par le Bureau du Procureur, ainsi que 331 écoles complètement détruites et 185 établissements de santé endommagés.  Le délégué a déploré le fait que le rapport du Secrétaire général ne rende pas fidèlement compte du déplacement en masse d’enfants ukrainiens vers la Russie.  Il a parlé de 19 390 enfants ainsi déplacés. Des chiffres qui ne sont pas complets du fait du manque d’accès à des territoires occupés par la Russie, a-t-il précisé. 

Le délégué a salué la décision du Secrétaire général de surveiller la situation des enfants en Ukraine.  Dans le pays, a-t-il expliqué, le Gouvernement a mis sur pied un plan national de prévention des violations contre l’enfance.  Il s’est félicité de l’inclusion des forces armées russes et de groupes affiliés dans l’Annexe du rapport du Secrétaire général.  Il a indiqué qu’hier, la Russie a pris pour cible un quartier civil dans la région de Kharkiv, faisant 12 blessés dont des enfants.  Il a appelé les Nations Unies à agir pour mettre fin à ses violations et à permettre le retour des enfants ukrainiens enlevés.  À la communauté internationale, il a demandé de continuer de faire pression sur la Russie afin qu’elle retire ses troupes du pays.  L’Ukraine veillera à ce que tous les auteurs de violations et leurs commandants rendent compte de leurs actes, a-t-il pour sa part promis. 

Mme ARLENE B. TICKNER (Colombie) a souligné que le projet de paix de son Gouvernement comprend un engagement en faveur de la protection des droits des enfants dans les situations de conflit armé.  En conséquence, comme le souligne le rapport du Secrétariat général, les bombardements de camps de groupes armés où pourraient se trouver des mineurs ont été suspendus indéfiniment.  De plus, le Gouvernement colombien a lié l’établissement de tout dialogue avec un groupe armé à l’engagement de ne pas recruter de mineurs et de ne pas commettre d’actes de violence sexuelle fondée sur le genre.  Par ailleurs, un plan d’action visant à mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles sur l’ensemble du territoire a également été adopté.  Et la Commission intersectorielle chargée de prévenir l’enrôlement et l’utilisation d’enfants et d’adolescentes ou d’adolescents et les violences sexuelles commises contre eux par des groupes armés illégaux ou des groupes criminels organisés a été renforcée, en mettant l’accent sur la prévention et la réinsertion des mineurs démobilisés dans la vie civile. 

Mme BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a indiqué que la résolution sur le droit à l’éducation que le Portugal a déposée hier au Conseil des droits de l’homme reconnaît l’ensemble croissant des normes relatives à la protection de l’éducation contre les attaques et réitère une ferme condamnation de l’utilisation militaire des établissements d’enseignement.  Elle a estimé que le mécanisme de surveillance et de communication du Conseil ainsi que le mécanisme de liste contenu dans les rapports annuels doivent rester impartiaux et indépendants.  Malgré le tableau sombre dépeint par le rapport de 2022, avec notamment une augmentation de 12% des violations graves contre les enfants, de 112% des attaques contre les écoles et les hôpitaux, de 21% du recrutement et de l’utilisation d’enfants et de 15% des enlèvements d’enfants, la représentante s’est réjouie des réalisations de certains pays visant à faire progresser la protection de l’enfance.  Elle a ainsi cité l’exemple du Mozambique, qui a nommé un point focal pour la protection de l’enfance dans les forces armées et accru la formation des militaires à la prévention des violations graves.  Pour finir, elle a invité la communauté internationale à accorder une plus grande attention à la réalisation d’une véritable justice, ce qui passe selon elle par un soutien aux moyens de subsistance et à un accès complet aux services de santé mentale et psychosociaux. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie) a souligné trois points et d’abord l’importance de respecter le principe universel de la protection de l’enfance qui ne doit jamais être hypothéqué.  Les gouvernements ont la responsabilité de protéger tous les enfants et à cet égard, le représentant a réclamé le renforcement de la coopération internationale afin de soutenir les capacités nationales.  Deuxièmement, a-t-il ajouté, la participation et l’autonomisation des communautés sont essentielles.  La protection des enfants dans les conflits armés nécessite la collaboration entre toutes les parties touchées par les conflits.  Il faut rétablir la confiance autour du même objectif qui est celui de protéger les enfants.  L’ONU joue un rôle unique, a estimé le représentant.  Les opérations de paix doivent améliorer leur travail auprès des communautés, a-t-il précisé, en insistant aussi sur la coopération régionale qui peut soutenir efficacement les actions nationales et locales de protection des enfants.  En 2021, la Conférence régionale sur l’aide humanitaire qui a rassemblé plus de 100 acteurs de 21 pays a permis de mettre en place un réseau grâce auquel, les agents humanitaires des pays de la région peuvent renforcer leurs capacités et garantir l’accès des enfants à l’aide. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné que le dernier rapport du Secrétaire général met brutalement en évidence la situation critique des enfants dans les conflits armés, chiffres à l’appui.  Évoquant la situation au Myanmar, où les violations graves ont augmenté de 142%, ainsi qu’en Afghanistan, au Soudan, au Mali, en Palestine, il a noté qu’un suivi exhaustif est presque impossible, et que ces chiffres alarmants sont probablement inférieurs à la réalité.  De plus, il a rappelé que les six violations graves ne tiennent pas compte de tous les impacts des conflits sur les enfants, notamment la malnutrition qui les affecte tout particulièrement.  Dénonçant la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, le représentant a rappelé que le rapport du Secrétaire général indique que les forces armées russes ont fait peu de cas de la protection des civils et, en particulier, des droits de l’enfant. 

En conséquence, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Président Vladimir Putin et la Commissaire aux droits de l’enfant Maria Lvova-Belova pour la déportation et le transfert d’enfants des zones occupées de l’Ukraine vers la Russie.  Le représentant a réitéré son appel au retour de tous les enfants déportés illégalement. Se félicitant de la visite de la Représentante spéciale en Ukraine et en Russie en mai, il a toutefois regretté l’absence d’explication quant à la décision de rencontrer Mme Lvova-Belova. Le délégué s’est aussi dit profondément préoccupé par l’étendue des violences sexuelles à l’encontre des enfants et déploré le fait qu’elles ne soient pas suffisamment signalées par crainte de la stigmatisation et des tabous culturels, en particulier lorsqu’elles concernent les garçons.  Il a salué le projet « All Survivors » qui a joué un rôle clef dans le signalement de ces violences. 

M. SANGJIN KIM (République de Corée) s’est dit consterné par le fait que les forces gouvernementales ont été les principaux auteurs de violations des droits de l’enfant.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par le nombre croissant des attaques contre des écoles, ce qui constitue des atteintes flagrantes au droit à l’éducation. Il a réitéré le plein appui de la République de Corée à la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant et à son Protocole facultatif sur l’implication des enfants dans les conflits armés.  Il a pris note du fait que le rapport du Secrétaire général a ajouté Haïti et le Niger à la liste des situations préoccupantes.  Il a ensuite indiqué que son gouvernement a fourni une aide humanitaire estimée de 5 millions de dollars par le biais de l’UNICEF, notamment en faveur des enfants de Bor au Soudan du Sud.  En tant que membre élu du Conseil de sécurité pour 2024-2025, la République de Corée réaffirme son engagement à travailler avec l’ONU, ainsi qu’avec tous les États Membres, en vue de mieux protéger les enfants contre le fléau de la guerre, a-t-il promis.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a exprimé sa vive préoccupation face à la multiplication des violations graves aux droits de l’enfant, dans les conflits armés.  Pour la première fois, les forces nationales sont les principales responsables de ces violations, s’est alarmée la représentante.  Nous ne pouvons discuter d’une nouvelle approche préventive ou d’une paix durable quand les droits de l’enfant sont bafoués et que l’avenir leur est refusé.  La représentante a rappelé les États à leur l’obligation de respecter le droit international humanitaire et les droits humains, en tout temps et en toute circonstance.  Elle a en outre lancé un appel insistant au Conseil de sécurité pour qu’il assume sa responsabilité en matière de protection des enfants tant dans les conflits armés que dans les contextes fragiles, en coopérant avec le Secrétaire général pour mettre en œuvre des processus rigoureux et en promouvant l’inscription de tous les auteurs de violations dans les rapports pertinents.  Face à ces défis, la déléguée a prôné une approche intersectionnelle permettant d’assurer des réponses adaptées aux besoins des enfants. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a constaté qu’en 2022, 18 890 enfants ont été victimes de 24 300 violations graves dans 25 situations.  Si ces chiffres ont été confirmés, le total réel est « certainement beaucoup plus élevé », a-t-il fait observer, jugeant qu’un exemple frappant de cette réalité est l’Ukraine, où les enfants sont directement touchés par l’utilisation de systèmes de missiles par les forces russes, les bombardements de zones peuplées et les frappes aériennes de l’agresseur.  De plus, en Syrie, au Yémen et dans le Territoire palestinien occupé, le manque d’accès à l’aide humanitaire a des conséquences désastreuses pour les enfants qui sont pris au piège de conflits prolongés, a poursuivi le représentant, qui a également dénoncé les violences sexuelles dont sont victimes les jeunes filles. 

À ses yeux, l’une des tendances les plus préoccupantes est l’augmentation de 112% du nombre d’attaques contre les écoles et les hôpitaux.  Rien qu’en 2022, 1 163 attaques contre des écoles ont été enregistrées.  Réaffirmant son soutien à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, il a averti que priver les enfants de leur droit fondamental à l’éducation revient à les priver d’avenir.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à renforcer les mécanismes de redevabilité afin de mettre fin à l’impunité. 

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a déploré qu’en 2022 les enfants continuent d’être nombreux à être touchés par les conflits.  Qui plus est, le nombre d’enfants touchés par les violations graves a augmenté par rapport à 2021.  Citant le rapport du Secrétaire général, le représentant a insisté pour que les enfants, y compris ceux affiliés à des groupes armés, soient traités comme des victimes.  La protection de l’enfance devrait être intégrée dans toutes les questions relatives aux conflits, a-t-il plaidé, et ce depuis les alertes précoces jusqu’aux phases de désarmement et de réintégration.  Les bailleurs de fonds devraient fournir des financements rapidement en tenant compte des besoins des rescapés et surtout des enfants victimes de violations graves, a aussi demandé le délégué. 

Le délégué a souhaité que les filles et les enfants handicapés soient la priorité. La Grèce, a-t-il rappelé, a ratifié le protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant tandis que le Gouvernement a entériné les Principes et engagements de Paris, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, et les Principes de Vancouver.  Le délégué a aussi vanté les mérites du plan d’action national sur la protection des enfants établi par le Gouvernement grec, afin de garantir une protection contre toute violation, y compris pour les enfants non accompagnés. 

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) s’est alarmé de l’augmentation du nombre de violations graves vérifiées et du fait que les forces gouvernementales sont dorénavant les principales responsables de meurtres et de mutilations d’enfants.  Il s’est inquiété de la situation au Myanmar, au Soudan du Sud et au Burkina Faso, de même qu’en Ukraine.  Il a exhorté la Fédération de Russie, et toutes les autres parties qui figurent en annexe du rapport, à accorder le plein accès à l’ONU pour lui permettre de vérifier les violations commises à l’encontre des enfants dans les situations de conflit armé.  Le représentant a appelé à traduire en justice les responsables, engageant par ailleurs les États Membres à adhérer à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à intégrer la protection de l’enfance aux programmes de formation des Casques bleus préalables au déploiement.  Il a également insisté sur l’importance des systèmes de protection sensible au genre.

Mme SAŠA JUREČKO (Slovénie) s’est dite profondément préoccupée par le nombre croissant d’enfants victimes de violations graves, ainsi que par la multiplication des situations dans lesquelles ils les subissent.  Elle s’est notamment inquiétée de la situation en République démocratique du Congo (RDC), en Israël et dans l’État de Palestine, en Somalie, en Syrie, en Ukraine, en Afghanistan et au Yémen, où le plus grand nombre de violations graves a été signalé en 2022.  Elle s’est dite consternée par les violations systématiques du droit international humanitaire et des droits humains, appelant toutes les parties à respecter leurs obligations internationales.  Elle a encouragé la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) et d’autres mécanismes judiciaires internationaux, et demandé que ces derniers disposent d’une expertise en matière de droits de l’enfant. 

Saluant les initiatives internationales, telles que les Principes de Paris et de Vancouver, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et la Convention de La Haye – Ljubljana, la représentante a encouragé tous les États Membres à les soutenir.  Déplorant les informations selon lesquelles les engins explosifs causent 26% des morts et des mutilations parmi les enfants, elle a appelé les États à redoubler d’efforts pour lutter contre ce fléau.  Elle a rappelé l’aide apportée par son pays pour le déminage, la réintégration, la réadaptation et l’appui psychosocial aux enfants d’Ukraine, de la République de Moldova, du Liban, de Palestine, de Syrie, du Soudan du Sud et d’Afghanistan.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) s’est alarmé de l’augmentation du nombre d’enfants victimes de violations graves en 2022.  Pour y remédier, il a recommandé d’intensifier les efforts de prévention et d’intervention, dans le strict respect des dispositions du droit international se rapportant à la protection des enfants dans les conflits armés, y compris la Convention relative aux droits de l’enfant.  Selon le représentant, le mécanisme de surveillance et de signalement joue un rôle crucial dans la détection précoce de telles violations et les discussions avec les parties aux conflits.  Une collecte et un partage efficaces des données, ventilées par âge et par sexe, est tout aussi cruciale pour une réponse efficace. Le représentant a plaidé pour que dans les conflits armés, les enfants aient accès aux soins de santé mentale, à une éducation de qualité et à des programmes de formation afin d’assurer une réintégration durable et la prévention de nouveaux conflits.  À cette fin, les gouvernements nationaux doivent déployer des efforts concertés avec l’ensemble des parties prenantes, y compris les communautés locales, a-t-il conclu. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a rappelé les Principes et engagements de Paris relatifs aux enfants associés aux forces ou groupes armés, les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats, avant d’appeler tous les États à approuver et mettre pleinement en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Le délégué a pris note du fait que les forces armées russes et affiliées ont été reconnues comme impliquées dans des violations des droits de l’enfant.  Il a exhorté toutes les parties à accélérer la mise en œuvre des plans d’action conjoints et a dit partager les préoccupations du Secrétaire général face à la situation des enfants transférés de l’Ukraine vers la Fédération de Russie.  Il a encouragé tous les efforts possibles pour faciliter la recherche et la réunification de ces enfants avec leur famille.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) s’est dit consterné par le fait que les forces gouvernementales aient été les principaux auteurs de la plupart des violations enregistrées en 2022 contre des enfants.  Il a appuyé les efforts de dialogue de l’ONU et de la Représentante spéciale avec toutes les parties aux conflits.  Il a également salué les plans d’action conjoints au Yémen et en Iraq, ainsi que d’autres développements positifs concernant le rapatriement d’enfants et l’adoption de protocoles de transfert.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur de l’établissement des responsabilités pour les violations graves, y voyant une clef pour parvenir à une paix durable.  À cet égard, il a estimé que le mécanisme de surveillance et de communication de l’ONU est une source d’informations fiable et objective.  Avec le rapport annuel du Secrétaire général et son annexe, ce mécanisme représente un important outil de responsabilisation et contribue à prévenir de nouvelles violations contre les enfants, a-t-il souligné, se félicitant de ce « coup de semonce » lancé aux auteurs.  Enfin, il a encouragé tous les États à souscrire aux Principes de Paris et de Vancouver ainsi qu’à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, s’est dit profondément alarmé par les 27 180 violations graves vérifiées en 2022 à l’encontre de 18 890 enfants dans les conflits armés à travers le monde, dénonçant un chiffre « inacceptable ».  Il a déploré que nombre de ces violations soient commises par des armées régulières, « comme c’est le cas pour l’agression à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine ».  Le délégué s’est félicité de la signature de nouveaux plans d’action conjoints sur la prévention au début de l’année, notamment au Yémen avec les houthistes et en Iraq, et a appelé à leur pleine mise en œuvre. 

Le délégué a estimé important que le Secrétaire général utilise des critères clairs dans ses décisions d’inscrire sur sa liste les parties à un conflit jugées responsables de violations graves, prenant note de l’ajout des forces armées russes et de leurs affiliés en Ukraine, de l’État islamique au Grand Sahara au Burkina Faso et du Tatmadaw Kyi au Myanmar.  Dénonçant les ravages sur les enfants causés par la guerre d’agression de la Fédération de Russie, il a demandé instamment à ce pays de respecter ses obligations internationales et de retirer immédiatement toutes ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien.  Il a dit attendre impatiemment la mise en œuvre du plan d’action conjoint convenu avec la Russie, ainsi que du plan de prévention conjoint élaboré avec l’Ukraine, qui, selon le rapport du Secrétaire général, seront tous deux signés prochainement. Il s’est fait l’écho de sa recommandation demandant à la Russie d’accorder aux acteurs de la protection de l’enfance l’accès aux enfants transférés sous sa juridiction, dans le but explicite de faciliter le regroupement familial.

Le représentant a dit suivre de près l’évolution de la situation au Niger et en Haïti, deux pays récemment désignés comme « situations préoccupantes » par le Secrétaire général.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par le nombre croissant de forces armées étant les principales responsables de violations graves à l’encontre des enfants. Il a souligné l’engagement de l’UE à fournir une éducation dans les situations d’urgence, à faciliter les efforts de réintégration et à promouvoir la protection des enfants dans le cadre de divers partenariats, notamment au Soudan du Sud, au Mozambique, au Nigéria, au Myanmar et en Colombie. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a regretté qu’en dépit des efforts de la communauté internationale pour prévenir toute menace contre les enfants, les abus contre ceux-ci continuent d’être signalés.  Elle a condamné l’enlèvement d’enfants ukrainiens par les forces armées russes après l’agression illégale, injustifiée et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine.  La CPI a ouvert une enquête sur la question et des mandats d’arrêt pour l’enlèvement d’enfants ukrainiens ont été émis, a-t-elle rappelé.  Selon la déléguée, les scènes d’attaques aveugles contre des hôpitaux et des écoles, les attaques contre des civils au moyen d’armes explosives et l’utilisation d’armes chimiques causant la mort de milliers d’enfants devraient faire l’objet de sanctions sévères de la part du Conseil de sécurité.

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a qualifié d’alarmants les chiffres contenus dans le rapport du Secrétaire général cette année, notant un nombre choquant de 8 631 enfants tués ou mutilés.  Il s’est félicité de la mission au Nigéria du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés prévue en juillet prochain, sa première visite sur le terrain depuis 2019.  Il s’est toutefois dit profondément préoccupé par le fait que le Groupe de travail n’ait pas été en mesure d’adopter des conclusions sur la situation dans certains pays malgré deux années d’examen. 

Le représentant a appelé à venir en aide aux près de 3 millions d’enfants ayant un besoin urgent d’aide humanitaire en Haïti, un chiffre record, jugeant « très opportun » que le rapport annuel du Secrétaire général ajoute ce pays à la liste des situation préoccupantes avec effet immédiat. Il a estimé impératif d’appliquer de manière cohérente et transparente les critères énoncés dans le rapport annuel 2010 du Secrétaire général en ce qui concerne l’inscription et la radiation des parties sur la liste des rapports: réduire les violations ne suffit pas, a-t-il précisé, il faut que les violations graves cessent complètement pour qu’une partie au conflit soit radiée de la liste.

Mme MARIE-LOUISE KOCH WEGTER (Danemark) a souligné l’importance d’investir dans un environnement protecteur pour les enfants avant tout conflit et de réduire leur vulnérabilité pendant un conflit afin de permettre leur réintégration à la fin des hostilités, en tenant compte des questions de genre.  Pour ce faire, nous devons appuyer les mesures de gouvernance et les initiatives visant à protéger les enfants pendant les conflits, notamment celles prévues par la Déclaration sur la sécurité dans les écoles qui facilite les mesures de désarmement, démobilisation et réintégration, a conseillé la déléguée.  À ses yeux, les investissements dans l’éducation, la santé mentale et le bien-être psychosocial sont essentiels pour la protection de l’enfance. 

Nous devons par ailleurs insister sur l’accès sans entrave de tous les enfants à l’aide humanitaire, quelles que soient les circonstances, tout en faisant en sorte que cette aide vienne compléter les stratégies de protection des communautés locales, a poursuivi la représentante.  Elle a fait valoir que les organisations internationales ont un rôle essentiel à jouer à cet égard en citant l’exemple de l’évacuation de 280 enfants d’un orphelinat à Khartoum par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Cela montre selon elle qu’il est possible d’en appeler aux belligérants en leur rappelant leurs responsabilités au titre du droit international. 

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a jugé le contenu du rapport annuel alarmant car il atteste d’une augmentation des violations contre les enfants.  Il s’est également déclaré atterré de constater que les forces gouvernementales sont à l’origine de la majorité des violations graves enregistrées l’an dernier.  En dépit de cette situation déplorable, marquée également par une progression de 20% des recrutements et des enlèvements d’enfants, le représentant a signalé des progrès dans la protection des enfants en situation de conflit, notamment grâce au concours de parties belligérantes, ce qui a permis la libération de plus de 12 000 enfants en 2022.  Il a noté avec satisfaction qu’en Colombie, les attaques aériennes contre des campements de groupes armés ont cessé, épargnant ainsi la vie de nombreux enfants enrôlés. 

Le représentant s’est dit favorable à la nomination de plus d’experts du droit international humanitaire sur le terrain, jugeant à cet égard que le mécanisme de surveillance et de communication devrait disposer de davantage de ressources pour s’acquitter de son mandat.  Il a par ailleurs appelé les États à soutenir les actions de réintégration des enfants et à permettre aux victimes d’avoir accès à la justice.  Il a enfin indiqué que son pays, en tant que fournisseur de contingents pour des missions de paix, plaide pour que les personnels soient mieux formés pour être plus efficaces dans la protection des populations civiles, y compris des enfants. 

M. CORNEL FERUTA (Roumanie) a déclaré que l’inclusion des forces armées russes dans le dernier rapport du Secrétaire général est un pas en avant pour garantir l’établissement des responsabilités des auteurs de violations. Mettre fin au climat d’impunité est la voie à suivre pour prévenir et répondre aux graves violations commises contre les enfants dans le cadre du conflit en Ukraine, a-t-il souligné.  Il a estimé que les membres de l’ONU ont également besoin d’en savoir plus sur le sort des 700 000 enfants que les autorités russes admettent avoir emmenés d’Ukraine avant d’appeler les États Membres à appuyer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Au nom du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés, M. GEOFFREY BLACK (Canada) a exprimé sa vive inquiétude quant aux 27 180 violations graves qui ont affecté 18 890 enfants en 2022.  Cette tendance doit être inversée et pour ce faire, toutes les parties aux conflits armés doivent signer et mettre en œuvre des plans d’action assortis d’un calendrier.  Il faut aussi que les auteurs de violations graves répondent de leurs actes devant les mécanismes judiciaires nationaux et internationaux, tels que la Cour pénale internationale (CPI).  Le délégué a également encouragé les États Membres à adhérer au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et à approuver les instruments pratiques tels que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et les Principes de Paris et de Vancouver.  Il a réclamé des ressources suffisantes pour les spécialistes de la protection de l’enfance et la bonne exécution par les opérations de paix de la dimension « protection de l’enfance » de leur mandat. 

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par la conclusion du rapport selon laquelle les forces gouvernementales sont désormais les principaux auteurs des meurtres et des mutilations d’enfants, des attaques contre les écoles et les hôpitaux et des obstructions à l’aide humanitaire.  Il a pris note de la désignation d’Haïti et du Niger comme situations préoccupantes avec effet immédiat et prié le Secrétaire général d’utiliser des critères clairs pour l’inscription et la radiation des parties à un conflit armé sur la liste.

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), Mme CAROLINE SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a estimé qu’une augmentation de 112% du nombre des attaques contre des écoles et des hôpitaux en 2022 est tout simplement inacceptable.  Elle a souhaité que les forces armées russes, les groupes armés affiliés et leurs dirigeants répondent devant la justice de leurs graves violations des droits de l’enfant au cours de la guerre d’agression contre l’Ukraine.  Elle a également déploré le nombre élevé de cas vérifiés de viols et d’abus sexuels, ajoutant que cela démontre combien la violence sexuelle et fondée sur le sexe est devenue arme de guerre.  Les obstructions à l’accès humanitaire sont une autre tendance profondément préoccupante dans de nombreux conflits, notamment au Yémen, au Mali et au Myanmar, a-t-elle dit. 

La représentante a rappelé que le groupe CANZ a dûment souscrit à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Elle a salué l’inclusion d’Haïti et du Niger dans la liste des situations préoccupantes, compte tenu du nombre de crimes signalés.  Elle s’est par ailleurs félicitée des plans d’action supplémentaires comme ceux de l’Iraq et des houthistes au Yémen.  La déléguée a encouragé le Conseil de sécurité à veiller à ce que la protection des enfants soit incluse dans le mandat de toutes les opérations de paix et des missions politiques spéciales.  Elle a enfin rappelé le soutien du groupe CANZ aux Principes de Vancouver et à ceux de Paris. 

M. JORGE VIDAL (Chili) a déclaré que la protection des enfants et de leurs droits est un impératif moral car ils représentent l’élément le plus précieux pour l’avenir de l’humanité.  Pour cette raison, le Chili a ratifié la plupart des traités internationaux visant à protéger les enfants dans les situations de conflit, y compris les Conventions de Genève et la Convention relative aux droits de l’enfant.  Le représentant a privilégié une approche préventive des conflits associée à la promotion d’une culture de la paix reposant sur des sociétés démocratiques et inclusives.  Dans l’intervalle, les enfants en situation de conflit doivent être protégés afin d’assurer une réintégration complète et systémique.  S’agissant du rapport du Secrétaire général, le délégué a exprimé son inquiétude concernant le rôle joué par les entités gouvernementales en tant qu’auteurs de violations des droits des enfants, en particulier les attaques contre les écoles et les hôpitaux.  Le recrutement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés sont inacceptables, a-t-il ajouté. 

M. PABLO EMILIO GUTIÉRREZ SEGÚ BERDULLAS (Espagne) a constaté que les chiffres cités par le rapport annuel rappellent la vulnérabilité des enfants dans les situations de conflit.  C’est particulièrement le cas en Ukraine, où l’agression russe continue de frapper des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles, tuant ainsi des enfants, comme il y a quelques jours à Kramatorsk, a-t-il relevé, s’élevant en outre contre les expulsions forcées de milliers d’enfants ukrainiens qui sont autant de crimes de guerre.  Appelant à appliquer le droit international humanitaire avec la plus grande rigueur, le représentant a indiqué que son pays travaille depuis des années sur la protection des enfants dans les conflits armés, question qui est une des lignes d’action de la première stratégie espagnole de diplomatie humanitaire approuvée en janvier dernier.  

Dans ce cadre, nous continuerons d’appuyer le travail de la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés et de collaborer activement avec l’UNICEF, a assuré le représentant, qui a aussi précisé que son pays maintiendra son soutien financier à l’initiative Giga, dont l’objectif est de connecter toutes les écoles du monde à Internet d’ici à 2030, y compris celles de pays en conflit.  Il a également appelé tous les États Membres à adhérer à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles ainsi qu’à la Déclaration politique sur le renforcement de la protection de la population civile contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées.  

M. FAHAD M. E. H. A. MOHAMMAD (Koweït) a estimé que le rapport du Secrétaire général et ses chiffres alarmants devraient choquer le concert des nations.  Il a dénoncé le fossé entre les discours tenus au sein du Conseil de sécurité et la réalité.  Les belles aspirations affichées ne sont pas suivies d’effet, a-t-il dit.  Il a dûment condamné les actes de la Puissance occupante, Israël, qui commet des atrocités criminelles contre le peuple et les enfants palestiniens depuis des années et tout récemment à Jénine.  Dénonçant les assassinats, les enlèvements, les détentions et les destructions d’écoles, d’hôpitaux, d’infrastructures essentielles, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à obtenir d’Israël qu’il cesse ses attaques brutales et innommables.  Combien de temps encore le Conseil va-t-il appliquer une politique à géométrie variable en ce qui concerne la Palestine? s’est impatienté le représentant devant « le plus grand échec de l’histoire des Nations Unies ». 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a appelé au respect du droit international afin de mettre fin à l’impunité dans les violations des droits de l’enfant.  Militant pour le droit à l’éducation de tous les enfants, y compris ceux qui vivent dans les situations de conflit, le représentant a rappelé combien l’accès à un enseignement de qualité est important pour le Qatar.  Il a salué le travail du Bureau de la Représentante spéciale et de l’UNICEF et souligné que protéger les enfants, c’est d’abord et avant tout, prévenir les conflits.

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a appelé les forces et les groupes armés énumérés dans les annexes du rapport du Secrétaire général à s’impliquer de manière constructive avec les Nations Unies pour mettre un terme aux violations graves commises contre les enfants.  Comme en témoigne l’augmentation inquiétante du nombre des attaques menées contre les écoles et les hôpitaux, cette année, les conflits armés continuent de dévaster la vie des enfants et de compromettre leurs droits fondamentaux.  Le représentant a réitéré son appui à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, estimant que l’éducation est un puissant outil de la paix.  De même, face à la hausse du nombre des recrutements d’enfants soldats par les groupes armés, dans le monde entier, le délégué a incité les États Membres à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Poursuivant, il a exhorté les parties à respecter les infrastructures civiles et le droit international humanitaire, notamment dans les zones peuplées où les armes explosives sont la cause d’un nombre croissant de victimes. L’impunité des auteurs de violations graves des droits de l’enfant est tout simplement inacceptable, a-t-il martelé. Considérant que la communauté internationale a le devoir de prévenir ces violations et d’aider les victimes, le délégué a estimé que la protection et l’autonomisation des enfants touchés par la guerre devraient faire partie intégrante de tout processus de paix.

Au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), M. REIN TAMMSAAR (Estonie) a déploré l’augmentation de la violence à l’encontre des enfants en situation de conflit.  Il a également noté une progression du nombre d’acteurs répertoriés comme des parties commettant de graves violations contre les enfants, l’ajout le plus important à cette liste étant celui de la Fédération de Russie.  « Il est plus que honteux qu’un État Membre dont la responsabilité première est de maintenir la paix et la sécurité dans le monde, un membre qui nous fait la leçon ici au Conseil sur ce qui est bien et ce qui est mal, ait lui-même commis 878 cas épouvantables et vérifiés de violations graves contre des enfants en Ukraine », a-t-il tonné, ajoutant que ce nombre n’inclut pas les milliers d’enfants enlevés ou déportés illégalement des territoires ukrainiens occupés vers la Russie.  Comme le précise le rapport, a-t-il encore relevé, non seulement les forces armées d’un membre permanent du Conseil de sécurité utilisent des enfants comme boucliers humains et attaquent les écoles, mais les militaires, mercenaires et forces de sécurité russes ont également torturé, enlevé, violé et tué quotidiennement des enfants dans le cadre d’une agression militaire « menée par un criminel recherché par la CPI ». 

Saluant les efforts de la Représentante spéciale pour convenir et mettre en œuvre le plan de prévention conjoint avec l’Ukraine et le plan d’action conjoint avec l’État agresseur, le représentant a cependant jugé que l’engagement de la Russie n’est « absolument pas convaincant ».  Il a ainsi noté que, le jour de la publication du seul rapport relatif aux échanges de la Russie avec la Représentante spéciale sur l’utilisation d’armes explosives à large impact, trois enfants ont été tués par une frappe de missiles balistiques russes contre un restaurant à Kramatorsk.  La seule chose qui compte pour les dirigeants russes est d’effacer l’Ukraine souveraine de la carte et d’exterminer la nation ukrainienne à tout prix, y compris les enfants, a-t-il martelé, appelant en conclusion à tenir pour responsables les auteurs de ces actes odieux. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) s’est alarmée de l’augmentation du nombre total d’enfants touchés par les conflits armés depuis 2021, ajoutant que compte tenu des difficultés d’accès et des normes de vérification strictes, les 27 180 violations graves enregistrées en 2022 pourraient bien n’être que « la partie émergée de l’iceberg ».  Se disant particulièrement préoccupée par le Niger et Haïti, deux pays nouvellement désignés comme « situations préoccupantes », elle a soutenu la signature de plans d’action dont le plus récent, en 2022, avec les houthistes au Yémen.  Dénonçant la guerre d’agression de la Fédération de Russie et son impact sur les enfants, elle a rappelé que le Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durables (ODD), que son pays copréside, avait publié deux déclarations conjointes à ce sujet.  Elle a estimé que l’inscription de la Russie à l’Annexe II du rapport sur les parties qui commettent des violations graves affectant les enfants était « une nouvelle preuve de la faillite morale du Kremlin » ayant conduit un membre permanent de ce Conseil à se retrouver sur la même liste que des groupes armés non étatiques, y compris terroristes. 

La représentante a appelé toutes les parties aux conflits à souscrire à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, à soutenir les Principes de Vancouver et de Paris, et à ratifier le protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Elle les a également exhortés à s’abstenir d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées et à approuver la déclaration politique à ce sujet. 

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a expliqué que l’action humanitaire de son pays en faveur de l’Ukraine cible en priorité les enfants.  Ainsi, depuis mars 2022, la Türkiye a accueilli plus de 1 000 orphelins ukrainiens.  En Iraq, a-t-elle poursuivi, des décennies de guerre ont des conséquences sur les enfants. Les organisations terroristes, notamment Daech et le Parti des travailleurs du Kurdistan, y sont très actives, a-t-elle affirmé en évoquant des enlèvements d’enfants ou leur enrôlement à des fins militaires.  Elle a également accusé le « PKK/YPG » de violations des droits de l’enfance en Syrie. Elle s’est dite surprise que le rapport n’utilise pas la bonne terminologie pour cette organisation qui est liée au Parti des travailleurs du Kurdistan et qui a mené plus de 500 attaques en Syrie rien qu’en 2022.  Elle a précisé que les opérations de la Türkiye en Syrie et en Iraq sont menées dans le respect du droit international et notamment du droit international humanitaire, et qu’elles visent à lutter contre le terrorisme. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a indiqué qu’en septembre 2022, les bombardements de villes et de villages arméniens par l’Azerbaïdjan ont violé le droit à l’éducation de 25 000 enfants.  Depuis décembre 2022, la population du Haut-Karabakh est victime selon lui d’un blocus « inhumain » de la part de ce pays, affectant les moyens de subsistance des plus vulnérables.  De plus, l’Azerbaïdjan n’a pas respecté l’ordonnance juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice (CIJ) exigeant qu’elle prenne les mesures à sa disposition pour assurer la libre circulation le long du corridor de Latchine.  Selon le représentant, le refus par l’Azerbaïdjan d’accorder un accès humanitaire sans entrave aux agences de l’ONU au Haut-Karabakh compromet l’évaluation des besoins humanitaires, de protection, de relèvement rapide et des droits humains nécessaire pour assurer la pleine protection des droits des enfants.  Face à une « violation d’une ampleur et d’une gravité considérables », le délégué a appelé la Représentante spéciale du Secrétaire général, l’ONU et le Conseil de sécurité à prévenir une nouvelle détérioration des conditions de vie et à garantir la sécurité physique des enfants, dont les droits et la sécurité doivent être respectés et protégés dans toutes les régions du monde, y compris au Haut-Karabakh. 

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a pris note du rapport du Secrétaire général selon lequel les violations graves contre les enfants aux Philippines ont diminué de 38% en 2022.  Elle a indiqué que son gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre la loi sur les enfants en situation de conflit armé par le biais de ses agences nationales et locales.  Dans ce cadre, les organisations de la société civile, les ONG et les communautés autochtones ont un rôle significatif à jouer pour sensibiliser l’opinion publique à la question de la protection de l’enfance, en particulier la lutte contre le recrutement d’enfants soldats, a-t-elle précisé.  De plus, le Conseil pour le bien-être des enfants, organe interinstitutions qui coordonne l’application de toutes les lois sur les enfants, intervient dans les cas d’enfants retirés des groupes rebelles armés et les réintègre dans leurs familles et communautés, a ajouté la représentante, faisant également état d’une politique de protection de l’enfance au sein de la police nationale. 

La déléguée a encore indiqué que, pour protéger les élèves et les écoles des conflits ou de leurs effets, son pays a adopté un cadre politique national sur les apprenants et les écoles en tant que zones de paix, lequel sert de guide aux secteurs de la défense et de l’éducation pour la création d’un environnement d’apprentissage sûr et inclusif.  Aucune attaque contre les écoles n’est tolérée et la nouvelle loi rationalise la coordination des efforts de toutes les agences concernées par la sécurité des enfants, a-t-elle souligné, avant d’insister sur l’importance de l’approche pansociétale dans la protection des enfants dans les conflits armés ainsi que dans la prévention des conflits armés et la consolidation de la paix en général.

M. BRETT JONATHAN MILLER (Israël) a affirmé que son pays considérait la protection des enfants comme une question de la plus haute importance.  À la lecture du rapport du Secrétaire général, il a estimé que l’ONU promouvait « une fois de plus un programme politisé qui diabolise Israël ».  Il a affirmé qu’Israël faisait tous les efforts possibles pour protéger les enfants, annulant notamment des frappes contre des terroristes pour cette raison, et que ses forces armées étaient parmi celles affichant les standards moraux les plus élevés du monde.  Estimant que cette boussole morale était considérée comme une faiblesse par ses ennemis, le représentant a affirmé qu’Israël ne ciblerait jamais délibérément des enfants ou des innocents, alors que ces derniers « transforment des mosquées en caches d’armes, utilisent des hôpitaux pour tirer des roquettes et des écoles pour creuser des tunnels ».  Il a aussi dénoncé les dirigeants palestiniens qui, selon lui, incitent les jeunes à la haine et élèvent une génération inspirée par la violence.  Le délégué a pointé les camps d’été du Hamas et du Jihad islamique où les jeunes de Gaza sont endoctrinés en vue d’assassiner des Israéliens, s’indignant que le rapport n’en dise rien.  Le Hamas recrute en outre des enfants et les utilise comme boucliers humains ce qui n’est mentionné qu’une fois dans le rapport, a-t-il également regretté. 

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) s’est félicité de l’inscription sur la liste des forces armées russes et de groupes armés affiliés.  Il a rappelé que la liste est établie à partir de faits qui sont étayés par de nombreux rapports indépendants provenant d’un grand nombre de sources.  Il a aussi salué dans le rapport la mention explicite faite à la situation d’enfants ukrainiens envoyés en Russie, soulignant que l’étendue de la situation est plus importante.  Il a appelé à enquêter sur la question, exhortant les autorités russes à assurer leur retour immédiat en Ukraine.  Le délégué a souligné que la CPI est compétente pour traiter de cette question, invitant la communauté internationale à intensifier ses efforts pour faire la lumière sur la question.  Il a souhaité que les auteurs de violations contre les enfants soient traduits en justice, prônant en outre le renforcement du cadre juridique et normatif international en rapport à la protection de l’enfance. 

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a rappelé qu’en tant qu’important fournisseur de contingents pour les opérations de paix, son pays contribue à la protection des enfants contre les meurtres, les mutilations et les violences sexuelles.  Il a également signalé que, ces six dernières années, le Bangladesh a accueilli plus de 1,2 million de Rohingya, lesquels sont à plus de 52% des enfants qui ont subi des atrocités et la persécution au Myanmar.  Sur la base de cette expérience, il a jugé que la protection des enfants dans les conflits armés relève principalement de la responsabilité de l’État.  Selon lui, les États doivent veiller à la conformité de leurs lois avec les droits de l’homme, le droit international humanitaire, la Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs, ce qui implique l’adoption d’une législation criminalisant les violations graves aux droits de l’enfant et l’établissement des responsabilités pour lutter contre l’impunité. 

Le représentant a d’autre part souhaité que les opérations de paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies soient dotées des ressources nécessaires pour répondre efficacement aux besoins de protection des enfants dans les conflits.  Notant que l’innovation joue un rôle crucial pour relever ces défis en constante évolution, il a appelé à tirer parti de la technologie, des plateformes numériques et des solutions basées sur les données.  Enfin, il a plaidé pour l’adaptation des réponses aux besoins spécifiques des filles et a souligné l’importance d’une prise en compte de la question liée à la protection de l’enfance dans les processus d’alerte précoce, d’analyse des conflits, de médiation, de justice transitionnelle et de désarmement, démobilisation et réintégration. 

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a souligné qu’il incombe à toutes les parties à un conflit de respecter le droit international, outil irremplaçable pour assurer une protection effective des enfants en situation de conflit armé. Il a estimé que l’inscription des forces armées russes et des groupes armés affiliés en Ukraine dans la deuxième annexe du rapport ne nécessite aucun commentaire.  Il a ensuite fait part de ses préoccupations concernant la rencontre entre la Représentant spéciale et Maria Lvova Belova, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour d’éventuels crimes de guerre impliquant la déportation illégale d’enfants.  Il a rappelé que l’Accord régissant les relations entre l’Organisation des Nations Unies et la Cour pénale internationale exige que l’ONU s’abstienne de toute action qui entraverait les activités de la Cour ou saperait l’autorité de ses décisions.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) s’est alarmée de la prévalence actuelle des meurtres et mutilations d’enfants, du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats et de l’obstruction de l’aide humanitaire par les parties en conflit.  Déplorant la forte augmentation des enlèvements d’enfants, violation qui selon elle a tendance à en provoquer d’autres, elle s’est déclarée horrifiée par les attaques généralisées contre les écoles et les hôpitaux.  À cette aune, la représentante a jugé particulièrement préoccupante la situation en RDC, en Syrie, en Afghanistan, au Mali et dans toute la région du Sahel, au Myanmar, au Yémen et en Ukraine.  Elle a exhorté tous les États Membres à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les enfants touchés par les conflits armés, notamment en donnant la priorité à la réintégration et à l’éducation des enfants qui étaient auparavant associés à des forces armées.  

De même, à la lumière du nombre affligeant de cas de violence sexuelle à l’encontre d’enfants, elle a jugé essentiel de traiter les aspects sexospécifiques de ces violations avec une urgence accrue, ajoutant que le soutien aux victimes doit impérativement inclure un accès à des services complets de santé sexuelle et reproductive.  Enfin, après avoir exprimé sa profonde inquiétude face à la situation des enfants ukrainiens, la représentante a salué l’inscription par l’ONU des forces russes sur la liste des entités qui violent les droits des enfants.  Appelant à traduire en justice les auteurs de telles violations, elle a rappelé qu’à cette fin, l’Allemagne et les Pays-Bas ont créé le Centre international pour la poursuite des crimes d’agression contre l’Ukraine, qui sera placé sous l’autorité d’Eurojust, l’agence de coopération en matière de justice pénale de l’Union européenne. 

M. NACIM GAOUAOUI (Algérie) a déploré l’impuissance des États Membres face aux horreurs subies par les enfants dans les conflits armés.  Il a rappelé que son pays avait adhéré au protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Il a appelé à débloquer des financements nécessaires au bon fonctionnement des instances dédiées à l’agenda sur les enfants et les conflits armés en évitant toute politisation de leurs travaux.  Le délégué a condamné les violations « graves et systématiques » dont sont victimes les enfants palestiniens sous l’effet des politiques appliquées par la Puissance occupante et appelé le Conseil de sécurité à les protéger et à sanctionner ceux qui ont violé leurs droits.  Il a également appelé à organiser des réseaux de communication entre les forces de maintien de la paix et les communautés locales. 

M. SOFIAN AKMAL BIN ABD KARIM (Malaisie) a invité les États à adhérer à la réglementation internationale relative à la protection des enfants en temps de conflit armé.  Il a salué la proposition du Secrétaire général d’intégrer cette question dans le mandat des opérations de maintien de la paix.  Il a souhaité que le travail menant au rapport du Secrétaire général soit effectué de manière sérieuse.  Il s’est ainsi dit perplexe de voir qu’Israël ne soit pas inclus dans la liste des pays violant les droits des enfants pendant les conflits, malgré ses actions en tant que Puissante occupante. 

M. MARC GERARD C. BOUTHÉ (Belgique) a soutenu l’appel du Secrétaire général à adopter une approche de « mainstreaming » de la protection de l’enfance dans tous les mandats et toutes les activités onusiennes liées à la mitigation des conflits. Il a appuyé l’inscription, en annexe du rapport, des forces armées russes et de leurs affiliés en Ukraine, s’alarmant notamment du nombre élevé d’attaques perpétrées contre des écoles et des hôpitaux et du transfert d’enfants ukrainiens vers la Russie.  Il s’est également inquiété de la situation dans le Nord-Kivu, en RDC et a encouragé le Gouvernement à poursuivre ses efforts pour mettre en œuvre son plan d’action et à prioriser la lutte contre la violence sexuelle.  Le représentant s’est ensuite préoccupé du nombre d’enfants palestiniens tués ou blessés par les Forces de sécurité israéliennes, de la gravité de la situation au Niger et de l’absence de progrès tangibles pour améliorer la situation des enfants en Afghanistan.

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a jugé consternantes les conclusions du rapport du Secrétaire général faisant état d’une augmentation du nombre de violations graves.  Pour la représentante, il est alarmant que des groupes armés non étatiques, y compris des mercenaires et des organisations terroristes, ciblent les enfants pour leurs propres desseins criminels, au mépris des droits humains et des instruments humanitaires.  La pratique des enfants soldats doit cesser, a-t-elle plaidé, souhaitant en outre que ceux qui se libèrent de l’emprise des groupes armés bénéficient d’une réintégration en douceur. 

Rappelant que la responsabilité première en matière de protection des enfants incombe aux États, la représentante a indiqué que son pays soutient les efforts de la communauté internationale pour mettre fin au recrutement et à l’exploitation d’enfants comme enfants soldats, un crime de guerre reconnu par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.  Avant de conclure, elle a formé l’espoir que ce débat renforcera la mobilisation internationale pour protéger efficacement les enfants des six violations graves et empêcher qu’ils soient utilisés, recrutés et envoyés dans les hostilités. 

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a affiché sa tristesse face à la souffrance des enfants dans le monde et à l’indifférence à l’égard des enfants palestiniens.  S’appuyant sur le rapport du Secrétaire général, qui montre que l’État de Palestine est l’une des régions où le plus grand nombre de violations a été vérifié en 2022, il a rappelé que les enfants palestiniens ont été tués et mutilés par les frappes aériennes israéliennes et les tirs à balles réelles. Ils ont été enlevés par des colons israéliens, privés d’accès à l’assistance médicale et humanitaire, détenus illégalement et soumis à des tentatives de recrutement et d’utilisation comme boucliers humains par les forces d’occupation israéliennes.  Estimant que ces éléments justifient l’inscription d’Israël sur une des listes du rapport du Secrétaire général, l’Observateur permanent a jugé très choquant que rien n’ait été fait.  Il a rejeté l’argument selon lequel Israël n’est pas inscrit sur la liste parce qu’il a réduit le nombre de ses frappes aériennes.  Ce raisonnement, a-t-il tranché, ne tient pas compte du nombre accru d’enfants palestiniens tués par Israël en 2022 ni du nombre croissant d’enfants victimes de violations de leurs droits en 2023.  Dix frappes aériennes, a-t-il affirmé, ont été effectuées contre le camp de réfugiés de Jénine, une zone civile densément peuplée.

Qu’attendez-vous pour mettre en œuvre vos résolutions et offrir une protection internationale au peuple palestinien? s’est demandé l’Observateur permanent, devant cette volonté manifeste de protéger Israël et de le soustraire à toute obligation de rendre des comptes.  Ne pas inscrire Israël sur la liste est un manquement à la protection des enfants et une atteinte à l’universalité de cet agenda.  L’Observateur permanent a rappelé que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a dit qu’Israël a tué plus de 40 enfants palestiniens en 2022 et plus de 30 depuis le début de l’année 2023.  Tant que ce pays ne sera pas inscrit sur la liste, les violations se poursuivront et la crédibilité de cet agenda sera compromise, a prévenu l’Observateur permanent. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a appelé la communauté internationale à garantir la sécurité et le bien-être des enfants.  Il a souligné que les enfants souffrent davantage en situation d’occupation étrangère, et a regretté que l’occupation des territoires palestiniens par Israël et du Jammu-et-Cachemire par l’Inde ne soit pas mentionnée dans le rapport.  Il a passé en revue plusieurs violations des droits des enfants du Jammu-et-Cachemire, avant d’exiger la libération des 13 000 jeunes enlevés et dont le sort reste inconnu.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a prévenu le Conseil de sécurité que les milices houthies ont profité de la trêve humanitaire pour recruter plus de 30 000 enfants.  Le rapport du Secrétaire général, a-t-il rappelé, fait d’ailleurs état de nombreuses violations commises contre les enfants dans les zones contrôlées par les milices « terroristes » houthistes, sans toutefois mentionner la perturbation des programmes scolaires et la création de camps d’été destinés au « lavage de cerveau » de milliers d’enfants yéménites, nourris d’idées extrémistes et de slogans de mort et de haine.  Le représentant s’est dit surpris par le silence de la communauté internationale lequel compromet les efforts visant à mettre fin au conflit.  Cette violation délibérée de l’enfance est au cœur de la vision houthiste, qui ne se contente pas de violer brutalement les droits de l’enfant mais se sert également de ses crimes pour contrôler la société et les familles. 

Les enfants palestiniens, a poursuivi le représentant, sont également confrontés à des violations graves de leurs droits, la dernière étant le meurtre de 54 d’entre eux dans le camp de Jénine et ce dans le silence assourdissant de la communauté internationale.  Nous appelons la communauté internationale et le Conseil de sécurité à faire pression sur les milices houthistes pour qu’elles mettent fin à leurs crimes contre les enfants dans les zones qu’elles contrôlent.  Il faut prendre des mesures concrètes, appuyer les programmes de réadaptation et aider nos autorités à élaborer des programmes de réinsertion efficaces, a conclu le représentant. 

Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) a estimé qu’assurer le plein respect du droit international humanitaire est essentiel pour permettre une protection efficace des enfants dans les conflits armés.  De même, a-t-elle ajouté, il importe que des comptes soient rendus pour les violations car les actes illicites laissés impunis servent souvent de catalyseur à la commission de nouveaux crimes.  À ce propos, la représentante a accusé l’Arménie d’avoir commis de multiples crimes de guerre au cours de ses presque trente années d’agression contre l’Azerbaïdjan, entraînant la mort de 10 000 civils, dont des centaines d’enfants, un nettoyage ethnique massif et des déplacements forcés.  Selon elle, l’ampleur des brutalités est attestée par le fait que près de 4 000 citoyens azerbaïdjanais ont disparu pendant le conflit, dont 71 enfants. De plus, a-t-elle poursuivi, malgré la fin du conflit, l’Arménie refuse de partager des informations exactes sur les centaines de milliers de mines terrestres qu’elle a posées sur le territoire de l’Azerbaïdjan et qui continuent de tuer et de mutiler des civils, dont 10 enfants et jeunes depuis novembre 2020. 

Affirmant par ailleurs que l’Arménie a largement pratiqué le recrutement d’enfants dans ses forces armées, la représentante a demandé à l’ONU, à ses institutions spécialisées et aux titulaires de mandat de prendre les mesures nécessaires pour que ce pays soit tenu pour responsable de ses actes et mette fin à l’utilisation illégale d’enfants dans l’armée.  Enfin, en réponse à la déclaration de l’Arménie, elle a nié les allégations concernant le soi-disant « blocus » de la route de Latchine-Khankandi et la perturbation de l’électricité et du gaz naturel par l’Azerbaïdjan dans sa région économique du Garabagh.  L’Arménie doit comprendre que la désinformation est préjudiciable aux objectifs de paix, de stabilité et de réconciliation, a-t-elle souligné. 

M. SHANE HEREWARD RYAN (Irlande) a estimé que le rapport du Secrétaire général raconte l’histoire affligeante d’une année marquée par des souffrances accrues et de graves violations commises contre les enfants, dont l’ampleur et la gravité devraient peser lourdement sur le Conseil de sécurité.  Il a dénoncé les conséquences de la guerre d’agression de la Fédération de Russie sur la vie de millions d’enfants en Ukraine.  Il a également dénoncé le sort de centaines de milliers d’adolescentes afghanes, exclues de l’enseignement secondaire par le régime des Taliban, et rappelé que quelque 2,4 millions d’enfants syriens n’ont toujours pas été scolarisés.  Estimant que dans le Territoire palestinien occupé, le rapport de cette année montre clairement que les enfants des deux parties au conflit sont victimes de l’occupation israélienne, il a constaté avec inquiétude le nombre élevé d’enfants palestiniens tués ou mutilés par des balles réelles.

Condamnant avec la plus grande fermeté la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie et le Bélarus, le délégué a félicité le Secrétaire général d’avoir inclus les forces armées russes et les groupes armés affiliés dans les annexes de son rapport.  Il a salué une forme d’établissement des responsabilités qui peut contribuer à prévenir de futures violations.  Il faut veiller à ce que toutes les parties à un conflit armé soient soumises aux mêmes critères et aux mêmes procédures pour l’inscription et la radiation sur les listes. 

M. SATTAR AHMADI (République islamique d’Iran) a constaté que la région du Moyen-Orient reste un témoin tragique de l’effroyable violation des droits de l’enfant, qu’il s’agisse de l’Afghanistan, du Yémen ou de la Palestine.  En tant que pays voisin et hôte de millions de réfugiés d’Afghans, mon pays, a rappelé le représentant, a fourni des services de base comme l’éducation et la santé.  Or, dans le Territoire palestinien occupé, le régime israélien s’adonne constamment aux actes les plus systématiques de violations flagrantes des droits de l’enfant.  En 2022, l’ONU a enregistré un nombre stupéfiant de 3 133 violations graves affectant 1 139 enfants palestiniens, dont 54 ont perdu la vie tragiquement.  De même, l’ONU a vérifié 123 attaques des Forces armées israéliennes contre des écoles et des hôpitaux.  Ces atrocités constituent clairement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a estimé le représentant qui a plaidé pour que les auteurs de ces actes odieux rendent des comptes devant la justice. 

S’attaquer à des problèmes tels que la pauvreté, l’accès limité à une éducation de qualité et les opportunités d’emploi est crucial pour prévenir des violations aussi graves, a poursuivi le représentant.  Il a fait observer que les sanctions unilatérales et les blocus économiques illégaux peuvent aggraver le sort des enfants dans les zones touchées par un conflit.  Il a catégoriquement rejeté la référence « injustifiée » aux Forces armées iraniennes dans le rapport du Secrétaire général.  Nous avons, s’est-il défendu, toujours honorer nos obligations en vertu du droit international humanitaire, et nos efforts antiterroristes ont toujours été conduites en stricte conformité avec le droit international, en particulier le droit international humanitaire.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et appelé les parties belligérantes à cesser leurs attaques contre les établissements scolaires, devenus des cibles de guerre.  Des écoles, s’est-il indigné, sont réquisitionnées par les forces armées, entraînant une déscolarisation des enfants.  Le représentant a exhorté les États Membres à respecter les normes relatives à la protection des écoles en cas de conflit, estimant qu’elles devraient être désignées comme zones sûres.  En 2009, a-t-il indiqué, le Gouvernement sri-lankais a mis en place un plan d’éducation national pour les enfants soldats et il propose aujourd’hui une stratégie plus vaste afin de garantir le droit à l’éducation car, en en temps de conflit, il est notre passeport pour l’avenir, un avenir qui appartient aux enfants. 

Mme HEBA MOSTAFA MOSTAFA RIZK (Égypte) a exprimé son inquiétude face à l’augmentation, entre 2021 et 2022, du nombre d’enfants touchés par des violations graves.  Elle s’est particulièrement alarmée de l’augmentation du nombre de décès d’enfants dans le Territoire palestinien occupé et a assuré que son pays appuie tous les efforts visant à renforcer la protection des enfants et à mettre fin aux violations commises pendant les conflits armés, en particulier les crimes commis par des organisations terroristes. La représentante s’est cependant félicitée de la recommandation contenue dans le rapport d’inclure des dispositions et des capacités de protection de l’enfance dans tous les mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Enfin, elle a assuré que la législation égyptienne reflète les obligations contenues dans le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant les enfants dans les conflits armés, précisant en outre que la formation dispensée au personnel militaire comprend des éléments sur le respect du droit international humanitaire, y compris la protection des enfants dans les conflits armés. 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a constaté que le mandat sur les enfants et les conflits armés a permis, au cours de ses vingt-sept années d’existence, la libération de près de 190 000 enfants, y voyant un outil indispensable pour la construction de la paix et la sécurité.  Toutefois, le rapport du Secrétaire général est accablant: 27 180 violations graves vérifiées en 2022, s’est-elle alarmée, notant que les forces gouvernementales sont désormais les principales responsables. 

Relevant par ailleurs qu’en 2022, 12 460 enfants ont bénéficié de la protection et du soutien pour leur réintégration après avoir été victimes de groupes ou de forces armées, la représentante a appelé à renforcer les mécanismes de réintégration qui restent déficitaires et d’assurer les ressources humaines nécessaires sur le terrain pour poursuivre les activités de prévention, de vérification et de réintégration. 

Mme JEANNE MRAD (Liban) a constaté que les enfants continuent d’être touchés de manière disproportionnée par les conflits armés. Elle a condamné les attaques lancées par Israël contre le camp de réfugiés de Jénine, provoquant la mort d’au moins trois enfants le 3 juillet.  Elle a regretté que le Secrétaire général ait décidé d’omettre d’inclure Israël sur la liste de la honte qui figure en annexe du rapport.  Agir comme si de rien n’était ne peut pas continuer d’être notre ligne directrice, a déclaré la représentante avant de souligner que toutes les vies d’enfants comptent.

M. JONATHAN DAVID PASSMOOR (Afrique du Sud) a estimé que le meilleur plan d’action pour protéger les enfants est de rechercher la paix et prévenir les situations de conflit armé.  Jusqu’à ce que cet idéal soit atteint, nous devons être pragmatiques en veillant à ce que les plus vulnérables ne soient pas exposés aux conséquences des conflits, a-t-il argué.  Il a souligné l’importance d’inclure des dispositions sur la protection de l’enfance dans les processus de paix et les accords de paix, ainsi que dans les mandats des missions de maintien de la paix.  Il a appelé à renforcer les cadres juridiques, à améliorer les mécanismes de protection de l’enfance et à investir dans la réhabilitation et la réintégration des enfants qui ont été touchés par des conflits.

M. TESFAYE YILMA SABO (Éthiopie) a assuré qu’en dépit des défis sécuritaires liés au conflit dans le nord du pays, le Gouvernement éthiopien a déployé des efforts concertés pour assurer l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire aux enfants et aux groupes vulnérables.  L’accord de paix, signé en novembre 2022 sous l’égide de l’Union africaine, a permis l’adoption d’une série de mesures comprenant le désarmement, la démobilisation et l’aide humanitaire, a-t-il indiqué.  Des programmes de reconstruction et de redressement priorisant les besoins des enfants en matière d’éducation et de santé ont également été mis en place.  Afin d’établir la responsabilité des auteurs de ces violations, un groupe de travail ministériel s’efforce de mettre en œuvre les recommandations contenues dans le rapport conjoint de la Commission éthiopienne des droits de l’homme et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a-t-il expliqué, en plus des consultations menées en vue de définir les éléments d’une justice transitionnelle nationale.  Or, malgré les efforts déployés par le Gouvernement éthiopien, le rapport du Secrétaire général est selon lui truffé d’erreurs factuelles, et de données qui n’ont pas fait l’objet d’une vérification auprès des autorités nationales compétentes.  Selon le représentant, la protection des enfants est un objectif commun qui ne peut être atteint qu’au moyen « d’un engagement constructif fondé sur des faits ». 

M. ASHISH SHARMA (Inde) a souligné qu’il incombe aux États de mettre en place les cadres juridiques nécessaires afin d’assurer la protection des enfants tout en leur donnant accès à une éducation primaire gratuite et obligatoire.  Le représentant a appelé à mettre fin à l’impunité pour les responsables de graves violations, par le biais d’une plus grande responsabilisation des gouvernements sur le territoire desquels des violations sont commises.  Les États Membres devraient en outre adopter une approche inclusive permettant d’assurer la protection des enfants pendant le processus de réhabilitation et de réintégration dans les situations postconflit. À cet égard, a poursuivi le représentant, l’assistance de la communauté internationale au renforcement des capacités nationales et du cadre juridique concernant la protection des enfants est vitale.  Il s’est toutefois inquiété de l’augmentation du nombre d’enfants recrutés dans des activités liées au terrorisme, en insistant sur la nécessité d’adopter une approche coordonnée du programme de protection des enfants et de la lutte contre le terrorisme.  Selon lui, le Conseil de sécurité devrait incorporer des dispositions et des capacités adéquates concernant la protection des enfants dans tous les mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

M. DAVID ABESADZE (Géorgie) a dit être gravement préoccupé par l’impact sur les enfants de la guerre d’agression que mène la Russie contre l’Ukraine.  Il a également signalé que les droits des enfants dans les régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali continuent d’être violés par la Puissance occupante.  Il a notamment évoqué les restrictions à la liberté de mouvement et à l’accès aux soins ainsi que l’interdiction de l’enseignement en géorgien.  Le représentant a insisté sur l’urgence, pour les mécanismes internationaux et régionaux des droits humains, de pouvoir accéder aux deux régions occupées, avant d’exhorter la Russie à assurer la pleine mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu de 2008.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) s’est inquiétée de l’augmentation du nombre d’enfants ayant subi des violations graves et de la hausse des attaques contre les écoles et les hôpitaux.  Elle a appelé à y mettre fin et à agir plus efficacement pour les prévenir.  Elle a également incité à demander systématiquement des comptes aux auteurs.  Selon elle, la communauté internationale devrait presser les pays qui ne l’ont pas encore fait pour qu’ils ratifient et mettent en application la Convention relative aux droits de l’enfant et pour qu’ils augmentent leur appui financier et technique aux pays concernés pour une amélioration de leurs capacités de protection de l’enfance. Fustigeant les attaques visant les écoles et les conséquences qu’elles ont sur les élèves et les enseignants, elle a demandé aux États de mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, un accord politique qui rassemble une centaine de pays, dont l’Argentine.  La représentante a en outre misé sur les outils développés par l’ONU sur la question « enfants et conflits armés », notamment le dialogue avec les parties au conflit qui a permis de conclure des centaines d’accords comprenant des plans d’action pour la protection des enfants.

La déléguée a appuyé le travail de la Représentante spéciale et souligné l’importance du mécanisme de surveillance et de communication de l’information relative aux enfants en situation de conflit armé.  Avancer sur le chemin de la paix est la meilleure protection possible pour les enfants, a-t-elle fait remarquer avant de rappeler au Conseil qu’il doit en faire plus pour protéger ceux-ci.  Il doit notamment chercher des solutions politiques aux conflits en cours et promouvoir la protection des enfants dans des actions de prévention et de règlement des conflits.  Enfin, la représentante a demandé aux membres du Conseil de parler de façon unanime pour aboutir à une meilleure application du droit international humanitaire et pour faire mieux respecter les droits humains.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a appelé les parties en conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international et du droit international humanitaire.  Il a assuré que son pays a adhéré à la Convention relative aux droits de l’enfant en 1991 et à son protocole facultatif l’année suivante.  Il a appelé la communauté internationale à garantir la paix, afin que tous les enfants puissent vivre dans la sécurité et jouir de tous leurs droits. 

Répondant aux propos de l’Inde, Mme IJAZ (Pakistan) a exhorté cette dernière à cesser d’utiliser la force létale et non létale contre des enfants.  Il a demandé à la Représentante spéciale de rédiger un rapport sur la situation au Jammu-et-Cachemire occupé, afin de prévenir d’autres graves violations des droits de l’enfant par les militaires indiens. Ce rapport, a-t-il précisé, devrait couvrir les attaques terroristes de 2014 contre des écoles, lesquelles avaient tué 113 enfants.  Nous avons, a affirmé le Pakistan, des preuves de ces attaques que nous avons obtenues auprès des agents de renseignements capturés. 

L’Inde, a-t-il poursuivi, est connue pour perpétrer des actes terroristes contre tous ses voisins.  Ce pays a mené des actes de sabotage dans les quatre coins du Pakistan et continue de mentir sur l’appartenance du Jammu-et-Cachemire à son territoire.  Le Pakistan a rappelé que le Conseil de sécurité a décidé que le statut final du Jammu-et-Cachemire doit être déterminé par sa population, dans le cadre d’une consultation populaire appuyée par les Nations Unies. Si l’Inde n’a rien à cacher, elle devrait, a-t-il dit, ouvrir un accès sans entrave aux observateurs internationaux. Il est temps qu’elle mette un terme à son terrorisme et laisse la population du Jammu-et-Cachemire reprendre les rênes de son destin, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, a conclu le Pakistan. 

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