Somalie: les membres du Conseil de sécurité saluent les progrès politiques, mais s’inquiètent de la menace persistante des Chabab face au retrait de l’ATMIS
Le Conseil de sécurité a examiné ce matin la situation en Somalie en présence de la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), Mme Catriona Laing, et du Président de la Somalie, Hassan Sheikh Mohamud, lequel a décrit les progrès politiques de son pays vers un système de gouvernance plus inclusif, vanté les progrès des forces de sécurité somaliennes dans leur lutte contre les Chabab avec l’aide de la Mission de transition de l’Union africaine (ATMIS), mais a aussi demandé la levée de l’embargo sur les armes imposé à son pays depuis plus de trente et un ans. L’évolution politique et la réduction de la menace terroriste dans la perspective du retrait programmé de l’ATMIS ont dominé les discussions.
Venue présenter le rapport du Secrétaire général de l’ONU et les priorités qu’elle assigne à la MANUSOM pour les six prochains mois, Mme Laing a constaté des progrès significatifs dans la mise en œuvre des principales priorités nationales, notamment l’approfondissement du fédéralisme. Elle a notamment relevé que les réunions de mars et de mai du Conseil consultatif national (CCN) avaient débouché sur trois propositions de gouvernance, dont un modèle électoral qui prévoit l’application du principe « une personne, une voix » lors des élections aux différents niveaux de gouvernement. Cette mesure a été également saluée par le Représentant spécial pour la Somalie de la présidence de la Commission de l’Union africaine et Chef de l’ATMIS, M. Mohamed El-Amine Souef. Celui-ci a noté à son tour que, durant les derniers mois, le pays avait continué de se concentrer sur l’obtention d’un consensus autour des questions critiques engageant son avenir, citant comme autres exemples positifs l’accord sur un modèle judiciaire fédéral et un accord, qu’il a jugé historique, sur l’architecture de sécurité nationale.
Les progrès politiques ont été largement salués par les membres du Conseil de sécurité, qui se sont également félicités, à l’image du Japon, du rétablissement de l’autorité de l’État. Plusieurs membres occidentaux du Conseil ont néanmoins insisté sur la nécessité de faciliter l’expression de la société civile, afin de permettre la participation pleine et entière des femmes au processus électoral et constitutionnel et à la gouvernance du pays. Un débat ouvert sur les propositions du Conseil consultatif national concernant la Constitution et les élections est essentiel pour garantir que ces changements bénéficient d’un large soutien populaire, ont ainsi déclaré les États-Unis.
Pour plusieurs délégations, seule une politique inclusive à tous les niveaux permettra aussi de défaire une fois pour toutes les Chabab. Même si les opérations militaires des forces de sécurité somaliennes des derniers mois ont permis de les déloger d’un certain nombre de zones et si d’autres offensives doivent encore être lancées, avec l’appui des troupes de l’ATMIS, la Représentante spéciale a rappelé que le groupe terroriste constituait toujours « une menace importante ».
Les différents intervenants se sont donc interrogés sur la question de la transition sécuritaire, qui doit permettre aux forces somaliennes d’assumer le poids de la lutte contre les Chabab après le retrait complet de l’ATMIS. Ce dernier doit s’achever à la fin de 2024 mais doit commencer dès maintenant, avec le départ avant le 30 juin de 2 000 des quelque 18 500 soldats que le Conseil de sécurité a autorisés dans sa résolution 2628 (2022).
Le Chef de l’ATMIS a demandé aux membres du Conseil de sécurité de se mettre d’accord collectivement, au cours des prochains mois, sur le rôle que la mission qu’il dirige devra continuer à jouer jusqu’à son retrait. Nous devons parvenir ensemble à un consensus sur ce que la Somalie doit accomplir exactement au cours des 18 prochains mois pour garantir le succès de la transition, a-t-il insisté, alors que le Conseil de sécurité s’apprête, d’ici à la fin du mois, à renouveler l’autorisation de l’ATMIS. La Fédération de Russie a vu dans le mandat de l’ATMIS un « facteur crucial de dissuasion » de toute activité extrémiste ou illicite en Somalie. La France a, quant à elle, demandé que la préparation des prochaines phases de retrait soit accélérée, estimant que les objectifs fixés par la résolution 2628 (2022) devaient continuer à guider l’action du Conseil pour que les Somaliens prennent en charge leur propre sécurité à moyen terme et pour permettre le retrait définitif de l’ATMIS à la date prévue.
Le Président somalien, qui a indiqué que l’Armée nationale somalienne avait réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre les Chabab, conjointement avec les communautés locales, a soulevé une autre question en regrettant que « notre voyage vers une Somalie pacifique et prospère se heurte à un formidable obstacle: l’embargo prolongé sur les armes imposé à notre nation depuis 1992 ». Face à cette requête appuyée également par la Chine et les membres africains du Conseil, les États-Unis ont souhaité des progrès supplémentaires, dans la perspective de l’examen du renouvellement du régime de sanctions établi par la résolution 751 (1992), en novembre prochain.
La situation humanitaire du pays a également été évoquée, en particulier par la Représentante spéciale et par la nouvelle Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Cindy McCain. Mme Laing a rappelé que 8,25 millions de personnes, soit près de la moitié de la population somalienne, avaient besoin d’une aide humanitaire, alors que le Plan de réponse humanitaire 2023 pour le pays, d’un montant de 2,6 milliards de dollars, n’est actuellement financé qu’à hauteur de 29,8%. Mme McCain n’a pas écarté le risque de voir le pays perdre les précieux gains apportés par l’aide de la communauté internationale qui, en 2022, a fait sortir le pays de l’abîme de la famine. La Suisse a appelé la communauté internationale à investir dans des programmes de réponse humanitaire et de consolidation de la paix prenant en compte l’adaptation au climat, dans un pays frappé par une sécheresse d’une durée exceptionnelle. Sinon, a-t-il averti, le prochain choc climatique ramènera le pays de nouveau au bord de la famine, aggravera les déplacements et exacerbera le conflit.
LA SITUATION EN SOMALIE (S/2023/443)
Déclarations
Mme CATRIONA LAING, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a d’abord rappelé la récente visite en Somalie du Secrétaire général de l’ONU, y voyant le témoignage du fort engagement des Nations Unies aux côtés du Gouvernement et du peuple de Somalie. Pour son premier exposé devant le Conseil, la nouvelle Représentante spéciale en Somalie a fait le point sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans ce pays et dévoilé les priorités de la MANUSOM pour les six prochains mois.
Mme Laing a rendu compte de ses visites en Somalie, ainsi qu’en Éthiopie. Elle a notamment mis en exergue la vision ambitieuse définie par le Président somalien Hassan Sheikh Mohamud, tout en reconnaissant les nombreux défis et risques qui se profilent à l’horizon, sachant que les opportunités sont également nombreuses.
Sur le plan politique, la Représentante spéciale a relevé des progrès significatifs dans la mise en œuvre des principales priorités nationales, citant notamment la nomination de la Commission indépendante de révision et d’application de la Constitution, l’adoption de 11 textes législatifs et la réussite du principe « une personne, une voix » dans l’État du Puntland. Elle a relevé que les réunions de mars et de mai du Conseil consultatif national (CCN) avaient débouché sur trois propositions de gouvernance, dont un modèle électoral qui prévoit l’application du principe « une personne, une voix » lors des élections aux différents niveaux de gouvernement. En outre, après avoir déploré que l’engagement pris par les dirigeants politiques somaliens d’atteindre un quota de 30% de femmes lors des dernières élections fédérales n’ait toujours pas été respecté et que la représentation des femmes ait même baissé après les élections de districts au Puntland, la Représentante spéciale, rappelant qu’elle était la première femme à occuper ce poste en Somalie, a assuré qu’elle ferait une priorité de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans le pays,
Concernant la lutte contre les Chabab, Mme Laing a indiqué que les opérations menées par le Gouvernement fédéral avaient permis de les déloger d’un certain nombre de zones. Malgré cette « réussite notable », elle a rappelé que le groupe terroriste restait toujours « une menace importante ». Évoquant les opérations militaires à venir, elle a notamment mentionné que devrait débuter dans les prochaines semaines l’opération Black Lion, une initiative menée par la Somalie avec les « États de la ligne de front ». Elle a toutefois attiré l’attention sur trois défis liés aux opérations militaires à venir: une récente recrudescence de l’ampleur, du rythme et de la répartition géographique des attaques des Chabab; des défis politiques liés à des dynamiques claniques dans les régions concernées; et la coïncidence entre ces opérations et le début du retrait de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS).
La Représentante spéciale a décrit un environnement opérationnel extrêmement difficile pour les agences humanitaires, avec quelque 430 000 personnes déplacées ces derniers mois et 580 000 personnes vivant dans des territoires contrôlés par des acteurs armés non étatiques. Elle a rappelé que 8,25 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, avaient besoin d’une aide humanitaire, et que le Plan de réponse humanitaire 2023 pour le pays, d’un montant de 2,6 milliards de dollars, n’était à ce jour financé qu’à hauteur de 29,8%.
Évoquant, par ailleurs, les plans de transition de la MANUSOM, sur la base des recommandations issues de l’examen stratégique de 2022, la Représentante spéciale a fait observer que les différents aspect de la triple transition recommandée étaient interdépendants, mais que le moteur principal en était la transition sécuritaire. À cet égard, elle a indiqué que le retrait de l’ATMIS et le transfert aux forces de sécurité somaliennes se poursuit, mais que les contraintes et le rythme du processus de transition présentent des risques. Cette transition figurera à la première place des cinq priorités de la MANUSOM que sa Cheffe a fixées pour les six prochains mois. Pour le reste, la MANUSOM cherchera à rassembler les efforts de la communauté internationale en matière de stabilisation, soutiendra le processus de construction de l’État somalien et veillera à appuyer le Gouvernement fédéral pour qu’il achève l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Dans toutes les priorités, elle encouragera la participation et la représentation légitimes des femmes.
M. MOHAMED EL-AMINE SOUEF, Représentant spécial pour la Somalie de la présidence de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, a indiqué que, depuis son dernier exposé au Conseil de sécurité en février dernier, la Somalie a continué de se concentrer sur l’obtention d’un consensus autour des questions critiques engageant son avenir. Il a indiqué à ce propos qu’en décembre 2022, le Conseil consultatif national (CCN) avait convenu d’un modèle judiciaire fédéral, une étape stratégique selon lui vers la mise en place d’un système judiciaire fédéral indépendant en Somalie. En mars 2023, a ajouté M. Souef, un accord historique sur l’architecture de sécurité nationale a vu le jour, tandis qu’en mai, le CCN a décidé de restaurer le principe « une personne, une voix » pour les élections. Il a, de plus, assuré que l’Union africaine continuera d’offrir son soutien et son expertise aux autorités pour que la société somalienne devienne plus inclusive.
M. Souef a indiqué que, depuis la formation du gouvernement en août dernier, les pouvoirs exécutif et législatif se sont activement engagés à faire en sorte que la Somalie soit gouvernée « sous la protection de la loi ». Dans ce contexte, il a salué la promulgation de plusieurs projets de loi, des mesures encourageantes ayant en outre également été prises pour garantir l’achèvement du processus inclusif de révision de la Constitution au cours du mandat actuel du Gouvernement fédéral.
Concernant la situation en matière de sécurité, M. Souef a noté que, sous la direction des forces de sécurité somaliennes (FSS), les Chabab ont été délogés de plus de 70 zones à travers la Somalie, les FSS ayant pu compter sur le soutien consultatif continu d’ATMIS en termes de respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et de protection des civils. « Il est clair que l’offensive menée par les FSS, avec le soutien de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et de partenaires internationaux a mis les Chabab sous pression opérationnelle », a-t-il poursuivi, ajoutant que cette campagne doit s’inscrire sur le long terme, nécessitant à cette fin une approche holistique. « Il y aura des jours de grands succès, et des revers », a-t-il averti.
M. Souef a demandé aux membres du Conseil de sécurité de se mettre d’accord collectivement, au cours des prochains mois, sur le rôle que l’ATMIS devra continuer à jouer jusqu’à son retrait du pays. Nous devons parvenir ensemble à un consensus sur ce que la Somalie doit accomplir exactement au cours des 18 prochains mois pour garantir le succès de la transition, a-t-il insisté.
Mme CINDY MCCAIN, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), a relaté son déplacement en Somalie le mois dernier. « J’ai été horrifiée et le cœur brisé par ce dont j’ai été témoin. La violence, la peur et la famine sont la réalité quotidienne là-bas. » Mme McCain a dit avoir parlé avec des mères dans un camp de déplacés à Dolow et avoir entendu que des troupeaux entiers de bétail ont été anéantis par les sécheresses. Des terroristes recrutent des enfants dès l’âge de 11 ans, a-t-elle ajouté en donnant d’autres exemples d’épreuves subies par ces populations. Des groupes armés, par exemple, ont enlevé de force des garçons à leurs familles pour rejoindre leurs rangs, tuant tous ceux qui refusaient.
Mme McCain a alerté sur le besoin urgent d’aide et d’espoir. Elle a averti des risques de voir le pays perdre les précieux gains apportés par l’aide de la communauté internationale qui, en 2022, a fait sortir le pays de l’abîme de la famine. Elle a dénoncé la violence et l’instabilité qui ont détruit une grande partie de l’infrastructure nécessaire pour soutenir la production et la distribution alimentaires. Elle a aussi rappelé que la plus longue sécheresse jamais enregistrée a tué des millions de têtes de bétail et décimé les cultures, attirant l’attention sur les déplacements de personnes que cela entraîne. Depuis le début de 2022, le conflit a provoqué plus d’un million de déplacements qui s’ajoutent aux 2,1 millions de déplacements causés par les catastrophes climatiques au cours des trois dernières années. L’insécurité alimentaire est en plein essor en Somalie et plus de 6,6 millions de personnes, soit un tiers de la population, devraient être confrontées à une crise ou à des niveaux de faim pires, a-t-elle déclaré en se basant sur les données disponibles. « Pire encore, 1,8 million d’enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë en 2023. »
La Cheffe du PAM a demandé de mettre en œuvre un plan d’action à cinq volets pour faire face à la situation d’urgence grave et croissante en Somalie. Mme McCain a d’abord appelé les États Membres à contribuer immédiatement au Plan d’intervention humanitaire pour la Somalie, qui est gravement sous-financé. Elle a témoigné de coupes dans les programmes d’aide vitale du PAM, « juste au moment où ils sont le plus nécessaires ». Signalant qu’en décembre 2022 un nombre record de 4,7 millions de personnes recevaient chaque mois de l’aide alimentaire, elle a dit qu’à la fin d’avril, le PAM avait dû réduire son aide à 3 millions de personnes et que, sans injection immédiate de liquidités, il devrait réduire encore ses listes de distribution en juillet à seulement 1,8 million par mois. Mme McCain a également demandé de travailler de concert pour veiller à ce que l’aide humanitaire vitale parvienne à la population somalienne, ce qui veut dire mener les opérations avec efficacité. Elle a rappelé que le PAM est l’agence de l’ONU qui a la plus forte présence dans le pays, avec 13 bureaux sur place. Enfin, elle a dit que l’aide alimentaire doit s’accompagner d’investissements visant à reconstruire les moyens de subsistance, à renforcer la résilience et à soutenir les programmes d’adaptation au climat. Et pendant ce temps, le Conseil doit être le fer de lance des efforts visant à garantir un accès humanitaire sans entrave à toutes les communautés vulnérables en Somalie. Elle a conclu en appelant à travailler ensemble pour trouver des solutions politiques afin de créer la stabilité et la paix en Somalie.
M. HASSAN SHEIKH MOHAMUD, Président de la Somalie, a déclaré que, depuis son élection en mai 2022, six réunions du Conseil consultatif national ont été tenues, lesquelles ont abouti à des accords de consensus avec les États membres fédéraux sur la répartition des pouvoirs, le modèle judiciaire, le fédéralisme fiscal, l’architecture de sécurité nationale et le modèle électoral. Ces accords ouvrent la voie à un système de gouvernance plus inclusif et représentatif en Somalie, a-t-il assuré.
S’agissant de la situation en matière de sécurité et de stabilité, le Président a indiqué que l’Armée nationale somalienne avait réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre les Chabab, une lutte menée conjointement avec les communautés locales. Au cours de l’année écoulée, nous avons repris plus de 70 villes au groupe terroriste, entraînant l’ouverture des principales voies de transport nord-sud et de vastes zones de terres agricoles dans le pays, a-t-il expliqué. Il a ajouté que son gouvernement avait pris des mesures importantes pour renforcer la réglementation contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le financement du terrorisme, en fermant plus de 300 comptes qui fournissaient des revenus illicites au groupe terroriste. Ces efforts, ainsi que le soutien obtenu des chefs religieux opposés à la stratégie idéologique des Chabab, ont porté un coup sévère à leurs opérations et remis en cause leur légitimité, s’est-il félicité.
Le Président a affirmé que la capitale du pays, épargnée par les attaques terroristes, connaît une transformation remarquable. Le secteur du logement de Mogadiscio connaît un boom et des entreprises des secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la santé ouvrent quotidiennement, a-t-il noté. Selon lui de tels progrès insufflent non seulement de l’espoir à nos citoyens, mais attirent également des investissements et favorisent un environnement propice à la croissance.
Le Président Mohamud a souligné que, parallèlement à la planification des opérations actuelles et futures contre les Chabab, les autorités du pays travaillent sur les modalités du retrait complet du pays des forces de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), conformément aux résolutions 2628 et 2670 du Conseil de sécurité. La mise en œuvre du retrait des forces de l’ATMIS est exécutée en étroite collaboration avec un comité technique paritaire, a-t-il expliqué, assurant que les forces armées nationales somaliennes assument d’ores et déjà leurs responsabilités dans quatre bases d’opérations avancées. Le Président somalien a aussi exprimé sa profonde gratitude à l’Union africaine pour le soutien remarquable que l’organisation régionale et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) avaient apporté à son pays. L’engagement inestimable de cette mission dans notre pays nous a permis de faire des progrès significatifs dans nos efforts de consolidation de la paix et de renforcement de l’État au cours des 15 dernières années, a-t-il salué.
Après avoir exposé les politiques conduites pour éviter toute nouvelle famine et fournir une éducation à tous les enfants somaliens pour briser les cycles de la pauvreté, M. Mohamud a regretté que « notre voyage vers une Somalie pacifique et prospère se heurte à un formidable obstacle: l’embargo prolongé sur les armes imposé à notre nation depuis 1992 ». C’est pourquoi, il a jugé crucial de réévaluer la situation à la lumière des progrès réalisés par la Somalie vers la mise en place de systèmes efficaces de gestion des armes et des munitions, systèmes guidés par les critères de référence proposés par l’équipe technique du Bureau du Secrétaire général et reflétés et approuvés dans les résolutions 2607 et 2662 du Conseil de sécurité. Compte tenu des développements récents en matière de gestion des armes, le Président somalien a demandé instamment aux membres du Conseil d’entendre son appel à la levée complète de l’embargo sur les armes. Ce faisant, vous nous donnerez les moyens d’affirmer notre souveraineté, de lutter efficacement contre le terrorisme et de construire un avenir paisible et prospère pour notre nation, a-t-il conclu.
M. SHEIKH SHAKHBOOT NAHYAN AL NAHYAN, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a dit apporter son soutien total à la Somalie, dans un esprit de partenariat et dans le cadre des liens de longue date avec ce pays et son peuple. Il a salué l’engagement du Gouvernement fédéral de Somalie à mettre en place des institutions étatiques articulées autour d’une stratégie tournée vers l’avenir, en commençant par mettre l’accent sur la réconciliation et sur la refonte de son système électoral. Il s’est dit encouragé par les mesures prises par le Gouvernement grâce à la négociation et au dialogue, pour parvenir aux accords et compromis nécessaires sur tous ces processus.
Le Ministre a mis en exergue la recherche de l’amélioration de la coopération et des échanges entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédéraux par l’intermédiaire du Conseil consultatif national. Il a toutefois jugé très préoccupantes les violences qui se poursuivent à Laascaanood et les victimes civiles qui en résultent. Les Émirats arabes unis soutiennent fermement tous les efforts visant à désamorcer les tensions par le dialogue.
Le Ministre a appelé à apporter davantage de soutien aux efforts de lutte contre les Chabab. Aujourd’hui, le principal obstacle à la réalisation des ambitions politiques et socioéconomiques de la Somalie est le terrorisme international qui sévit sur son sol, a-t-il déploré. Enfin, évoquant le volet humanitaire, il a indiqué que les Émirats arabes unis s’efforcent de répondre aux besoins sur le terrain, avec une aide à la Somalie qui, au cours de la période 2018-2023, s’est élevée à 194,6 millions de dollars.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué les efforts du Président pour accélérer la mise en œuvre des réformes politiques, estimant que, pour que celles-ci soient couronnées de succès, il est crucial que le processus soit inclusif, consultatif et conforme à la révision constitutionnelle. Nous encourageons toutes les parties, y compris le Puntland, à s’engager de manière constructive à cette fin, a ajouté la représentante.
Pour le Royaume-Uni, seule une politique inclusive à tous les niveaux permettra en outre de défaire une fois pour toutes les Chabab. À cet égard, la représentante a estimé que la durabilité des progrès militaires ne pourra se mesurer qu’à la capacité des autorités à maintenir et stabiliser les zones libérées ou reprises. Elle a encouragé la Somalie à continuer de travailler avec l’ONU et ses partenaires pour coordonner les efforts de stabilisation et donner la priorité à l’investissement dans la réconciliation comme fondement d’un progrès à long terme.
Concernant la transition en matière de sécurité, le Royaume-Uni estime que la communauté internationale doit continuer à soutenir la Somalie afin que le pays, une fois l’ATMIS retirée, parvienne, dès l’année prochaine, à assurer sa propre sécurité. Dans cette optique, le Conseil doit jouer son rôle, en aidant à la fois l’ATMIS à remplir ses fonctions essentielles jusqu’au bout et à planifier sa stratégie de sortie en tenant compte des besoins de la Somalie, a conclu la représentante.
Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a dit soutenir les efforts menés en Somalie dans la lutte contre l’extrémisme, l’édification de l’État et la réconciliation nationale. Elle a salué les accords importants conclus récemment sur la politique fiscale fédérale, le modèle électoral du pays et le processus de révision de la Constitution, tandis que le renforcement des forces nationales de sécurité va bon train. Elle a dit espérer que les parties prenantes au processus politique somalien, notamment les chefs du Somaliland et du Puntland, poursuivront leurs efforts conjoints pour établir un modèle pérenne de consolidation de l’État.
Notant que la situation humanitaire demeure fragile dans tout le pays, malgré des victoires sur le nombre de personnes en situation de besoin, la représentante s’est aussi inquiétée de la situation sécuritaire. Elle a relevé que les Chabab conservent leur influence dans le pays et continuent leurs assauts, notamment contre l’aéroport international de Mogadiscio. Elle a noté toutefois que l’offensive de l’armée nationale somalienne avait permis de repousser des positions des extrémistes. S’agissant de Laascaanood, elle a apporté son appui à la médiation des autorités fédérales, des anciens clans et de l’Éthiopie pour régler le conflit armé. Rappelant que la résolution 2592 (2021) a doté la MANUSOM d’un mandat « indispensable » pour soutenir les efforts de réconciliation entre les clans, elle a souhaité une résolution rapide de la situation.
La représentante a ensuite reconnu que le mandat de l’ATMIS demeure un facteur crucial de dissuasion de toute activité extrémiste ou illicite en Somalie. En ce qui concerne son désengagement, il faut prendre en considération la situation réelle des choses en matière sécuritaire ainsi que les priorités des autorités fédérales et des États de la région, a-t-elle recommandé. Elle a aussi salué les activités du Bureau d’appui des Nations Unies (BANUS), qui accorde une assistance matérielle, technique et logistique à la MANUSOM, à l’ATMIS et à l’armée nationale somalienne. La priorité maintenant est de mutualiser les efforts de la communauté internationale pour améliorer l’efficacité des autorités fédérales en vue de la sortie de l’ATMIS et pour que les autorités du pays puissent endosser pleinement la responsabilité de la sécurité sur tout le territoire du pays, a conclu la représentante.
M. ZHANG JUN (Chine) s’est félicité de la présence du Président de la Somalie, estimant qu’elle permettrait au Conseil de mieux cerner la réalité et les préoccupations de ce pays afin d’apporter une aide plus ciblée sur la voie de la sécurité, de la stabilité et du développement.
Le représentant a appelé à continuer à faire avancer le processus politique, insistant sur l’importance du dialogue avec les États membres fédérés pour trouver une solution en faveur de la paix et la stabilité durable dans le pays. À ce propos, il a insisté sur le respect de l’intégrité et souveraineté de la Somalie, se disant opposé à toute action qui compromettrait ces principes. Il a en outre fait part de sa préoccupation face aux affrontements à Laascaanood entre les forces de sécurité des autorités du Somaliland et les milices locales, enjoignant aux parties au conflit de cesser immédiatement les hostilités, retirer leurs forces, nouer un dialogue et à protéger la population.
Le représentant s’est inquiété de la menace terroriste posée par les Chabab qui est loin d’être éliminée, citant la récente attaque contre un hôtel de Mogadiscio. La transition sécuritaire est donc à une phase cruciale, a-t-il estimé, avant de conseiller au Gouvernement de renforcer les capacités de ses forces et de se doter de capacités antiterroristes indépendantes. Il s’est félicité, à cet égard, de l’initiative des États de la ligne de front et du renforcement de la coopération régionale pour assurer la sécurité.
À la lumière de l’évolution de la situation, le représentant a appelé le Conseil à revoir et adapter l’embargo sur les armes afin d’aider le pays à renforcer ses capacités de défense. Il s’est, enfin, félicité de l’excellente contribution de l’ATMIS à la paix et à la sécurité de la Somalie. Alors que le Conseil discute de la transition de l’ATMIS, il a souhaité que le Gouvernement augmente sa coopération avec la Mission, afin de mettre en œuvre peu à peu le plan de réduction progressive de sa présence et assurer le transfert des responsabilités.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a salué les efforts du Gouvernement somalien pour combattre les Chabab et restaurer la paix et la stabilité dans tout le pays. Les succès obtenus jusqu’à présent dans la lutte contre le groupe terroriste témoignent de l’engagement du Gouvernement somalien à assurer la sûreté et la sécurité de ses citoyens, a-t-il estimé. Compte tenu des incidents récents, il a exhorté le Conseil et la communauté internationale à continuer de soutenir la Somalie pour s’assurer que le Gouvernement somalien sera en mesure de lutter efficacement contre la menace terroriste à l’intérieur de ses frontières et de promouvoir la paix, la sécurité, la stabilité et le développement dans le pays. Pour les A3, le mandat de l’ATMIS, qui est actuellement renégocié, doit être clair, réaliste et adapté aux besoins de sécurité de la Somalie. Se félicitant ensuite des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’accord de réconciliation de l’État du Sud-Ouest, le représentant a exhorté toutes les parties à continuer d’œuvrer à sa mise en œuvre intégrale pour stabiliser durablement la région.
En ce qui concerne l’ATMIS, les A3 jugent que, la situation sécuritaire actuelle dans le pays restant une source de préoccupation importante, le retrait des troupes de la Mission doit être mené de manière coordonnée, proportionnellement au déploiement des forces de sécurité somaliennes, afin « d’éviter l’apparition de nouveaux défis sécuritaires ». Dans ce contexte, les A3 soutiennent pleinement les appels du Gouvernement somalien à la levée totale de l’embargo sur les armes, considérant qu’il est essentiel que la Somalie soit en mesure de lever une armée robuste pour assumer les responsabilités en matière de sécurité, ce qui « ne peut être réalisé que si l’embargo sur les armes est levé ». Le droit souverain de légitime défense contre une attaque terroriste ne doit pas être refusé au peuple et au Gouvernement somaliens, a encore affirmé le représentant, qui a exhorté le Conseil à ne pas ignorer les appels répétés du Président somalien et à soutenir ses efforts « pour libérer des territoires et assurer la sûreté et la sécurité du peuple somalien ».
M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a salué les efforts déployés par la Somalie et ses voisins pour mettre en place l’initiative des États de la ligne de front. À cet égard, il a salué l’engagement de Djibouti, de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie à étendre les opérations contre les Chabab et à coordonner les efforts pour consolider les acquis en matière de sécurité. Le représentant a, en outre, condamné avec la plus grande fermeté l’attaque « épouvantable » perpétrée contre la base avancée d’opérations de l’ATMIS que les troupes ougandaises occupaient dans le Bas-Chébéli. Il a réitéré sa reconnaissance pour le travail courageux accompli par le personnel de l’ATMIS à l’appui de la paix et de la sécurité en Somalie et pris acte des efforts déployés par la Somalie pour faire progresser la mise en œuvre de son architecture de sécurité nationale, parallèlement aux phases actuelles de retrait de l’ATMIS.
Le Brésil, qui partage avec d’autres membres du Conseil les graves préoccupations que suscite la violence à Laascaanood, appelle toutes les parties à conclure d’urgence un accord de cessez-le-feu, a lancé le représentant. Pour finir, il a encouragé la MANUSOM à redoubler d’efforts dans le cadre de son mandat pour favoriser un dialogue inclusif, promouvoir un règlement pacifique des différends et s’engager auprès de toutes les parties au conflit.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué les efforts déployés par la Somalie pour faire progresser la mise en œuvre de ses principales priorités nationales depuis l’entrée en fonctions du Président Mohamud l’année dernière. Pour l’Albanie, ces progrès devraient être suivis d’un processus de révision constitutionnelle plus inclusif pour les femmes, les jeunes et les groupes marginalisés, et d’un élargissement de l’espace civique.
Après avoir reconnu les progrès accomplis par la Somalie dans la prise en charge des responsabilités en matière de sécurité, ainsi que les efforts consentis pour renforcer ses capacités de gestion des armes et des munitions, la représentante a réitéré l’appel urgent de la Somalie et du Secrétaire général pour combler sans délai le déficit de financement du Plan de réponse humanitaire 2023 et celui des initiatives de développement et de consolidation de la résilience des communautés locales.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a reconnu que le Plan de transition des Nations Unies pour la Somalie est une entreprise à long terme qui nécessite des efforts constants pour parvenir à une bonne gouvernance par le biais notamment du renforcement des capacités institutionnelles. Le représentant a dès lors misé sur l’affermissement de l’autorité de l’État, qui doit permettre l’amélioration de la fourniture des services sociaux de base auprès des populations. Ainsi, l’État pourrait regagner la confiance de celles-ci et lutter d’autant mieux contre les Chabab, a-t-il considéré. Par ailleurs, le représentant a souligné que l’ONU et les organisations humanitaires doivent promouvoir ensemble une assistance holistique et coordonnée basée sur le lien entre l’humanitaire, le développement et la paix.
Le Japon, pour sa part, a-t-il indiqué, a contribué au développement des capacités des fonctionnaires des administrations locales par le biais de programmes de formation. Il fournit en outre une aide alimentaire d’urgence par l’intermédiaire du Programme alimentaire mondial (PAM) pour atténuer l’insécurité alimentaire. Selon lui, la Commission de consolidation de la paix (CCP), aux côtés de l’ATMIS, peut également jouer un rôle important pour accompagner l’État dans la phase de transition politique. S’agissant de la situation en matière de sécurité, il a condamné les violences en cours à Laascaanood, avant de saluer le dialogue national entre les parties instauré et dirigé par la Somalie. Une transition réussie en Somalie est essentielle pour la paix et la stabilité dans toute la région, ce qui nécessite un soutien continu de la communauté internationale, a conclu le délégué japonais.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a félicité la Somalie pour sa volonté manifeste de lutter contre les Chabab et de rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. Pour surmonter les défis qui subsistent en Somalie, il a recommandé le maintien d’une dynamique positive en matière de sécurité, de réconciliation politique et de développement économique. De plus, a-t-il insisté, il est essentiel de libérer les territoires encore tenus par les Chabab dans le centre de la Somalie et de veiller à ce que les communautés locales reçoivent le soutien dont elles ont besoin pour se rétablir, afin de créer les conditions nécessaires à la réussite des opérations menées plus au sud. Pour lui, un débat ouvert sur les propositions du Conseil consultatif national concernant la Constitution et les élections est essentiel pour garantir que ces changements bénéficient d’un large soutien populaire.
Bien qu’il mesure les difficultés pour parvenir à un cessez-le-feu afin de mettre un terme à la violence dans le Laascaanood, le délégué a salué les efforts déployés récemment par le Gouvernement fédéral de Somalie à cet égard. Il s’est dit particulièrement encouragé par l’engagement de la Somalie à mener des efforts pour restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, faisant part de la détermination des États-Unis à travailler en partenariat avec la Somalie pour atteindre ces objectifs communs. Enfin, tout en saluant les progrès continus de la Somalie en ce qui concerne les critères énoncés dans le rapport du Secrétaire général de septembre 2022 pour évaluer sa demande de levée totale de l’embargo sur les armes, le représentant a souhaité des progrès supplémentaires, promettant de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires du Conseil de sécurité sur cette question lors de l’examen du renouvellement du régime de sanctions 751 en novembre prochain.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a déclaré que, face à la menace persistante des Chabab pour la paix, la sécurité et à stabilité en Somalie et dans la région, tout doit être entrepris pour assurer un cessez-le-feu sur tout le territoire et maintenir un dialogue national qui favorise la stabilité, la mise en œuvre des processus politiques et la reprise économique. À cette fin, les efforts et les initiatives du Gouvernement fédéral de la Somalie, du Gouvernement de l’Éthiopie et des chefs communautaires sont essentiels, a affirmé le représentant, qui a en outre appelé la communauté internationale à aider le pays à renforcer son système national de sécurité.
Le représentant a également appelé la communauté internationale à continuer de soutenir les efforts de protection des civils en Somalie, y compris dans le cadre du processus de transition porté par l’ATMIS. Il a en outre salué les efforts essentiels de l’Union africaine en ce sens, ainsi que ceux des organisations sous-régionales et des mécanismes régionaux inclus dans les opérations de paix.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) s’est dite encouragée par l’engagement positif de la Somalie, citant les récents accords conclus, sous la houlette du Conseil consultatif national, pour arriver à un modèle de fédéralisme fiscal et à la modification de l’architecture de sécurité nationale. Elle a demandé la participation pleine et entière des femmes dans le processus électoral et constitutionnel. Se disant préoccupée toutefois par la situation en matière de sécurité dans le pays, notamment à Laascaanood, elle a salué les efforts du Gouvernement de la Somalie, de l’Éthiopie et des clans pour parvenir à un cessez-le-feu, et a condamné les offensives menées par les Chabab. La déléguée a salué la détermination des pays voisins, notamment l’initiative des États de la ligne de front qui engage Djibouti, l’Éthiopie et le Kenya. Elle a misé sur ces efforts pour faciliter la transition de l’ATMIS, mission pour laquelle elle a demandé un soutien financier diversifié. L’Union européenne la soutient depuis sa création à hauteur de plus de 2,2 milliards d’euros, a-t-elle rappelé.
Inquiète aussi de la vulnérabilité du pays aux chocs climatiques, la représentante a salué le rôle du Conseiller climatique à la MANUSOM, avant de se féliciter que la famine ait été évitée. Cependant, elle a alerté sur les 6,6 millions de personnes qui vont probablement rester en situation d’insécurité alimentaire, sachant qu’environ 1,8 million d’enfants de moins de 5 ans seront probablement confrontés à une malnutrition aiguë et à des maladies d’origine hydrique, telles que le choléra. Elle a apprécié l’appui de la MANUSOM également pour lutter contre la violence basée sur le sexe et a appelé à la coordination avec les partenaires humanitaires pour mieux protéger la population. Elle a conclu en plaidant pour la protection des enfants par l’application des plans et feuilles de routes pertinents.
M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a déclaré que le respect du droit international doit être au cœur de la réponse à l’insécurité dans l’ensemble du pays. Il a déploré la poursuite des attaques des Chabab et d’autres groupes armés et a reconnu les efforts déployés par le Gouvernement et l’ATMIS pour y faire face, appelant tous les acteurs à respecter les droits humains et le droit international humanitaire, et à assurer la protection des civils, y compris des enfants. Pour le représentant, une approche coordonnée, holistique et inclusive doit guider les efforts de rétablissement précoce, de restauration de la présence de l’État et de consolidation de la paix dans les zones récupérées des Chabab. « Cela est essentiel pour restaurer et consolider le contrat social », a-t-il dit.
Le représentant a ensuite indiqué que son pays promeut un engagement actif de l’ensemble de la société somalienne afin de renforcer la gouvernance locale inclusive et de donner une voix aux femmes, aux jeunes et aux clans minoritaires. Celle-ci doit en effet être entendue et intégrée dans les processus décisionnels, a-t-il souligné. En outre, il a appelé la communauté internationale à investir dans des programmes de réponse humanitaire et de consolidation de la paix prenant en compte l’adaptation au climat. Sinon, le prochain choc climatique ramènera le pays de nouveau au bord de la famine, aggravera les déplacements et exacerbera le conflit, a-t-il averti.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déclaré que les réformes institutionnelles et la lutte contre les Chabab doivent se poursuivre. Elle a salué la nouvelle dynamique impulsée depuis un an pour mettre en œuvre plusieurs priorités nationales, citant notamment l’approfondissement du fédéralisme par un dialogue renouvelé entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés. Le renforcement des institutions et la finalisation de la Constitution doivent aboutir, a-t-elle ajouté. Et il est essentiel que la participation des femmes et des jeunes soit assurée dans l’ensemble de ces processus.
La représentante a ensuite appelé le Gouvernement somalien à poursuivre ses efforts de lutte contre les Chabab. Préoccupée par les violences qui se poursuivent à Laascaanood, elle a salué les efforts du Gouvernement somalien en vue de restaurer le dialogue et de permettre une désescalade, avant de l’appeler à poursuivre ses efforts de mise en œuvre du plan d’action pour prévenir le recrutement et l’emploi d’enfants. Elle a par ailleurs encouragé l’établissement d’un espace civique qui donne voix aux acteurs de la société civile et qui permette la participation pleine et entière des femmes à la gouvernance du pays.
Notant enfin que le Conseil de sécurité s’apprête à renouveler le mandat de l’ATMIS, elle a estimé que les objectifs de la résolution 2628 (2022) doivent continuer à guider l’action du Conseil pour que les Somaliens prennent en charge leur propre sécurité à moyen terme et pour permettre le retrait définitif de l’ATMIS au 31 décembre 2024. Pour cela, la préparation des prochaines phases de retrait doit s’accélérer, a-t-elle indiqué.