9349e séance – matin   
CS/15323

Conseil de sécurité: la Somalie réitère son appel à la levée de l’embargo sur les armes à la lumière de la situation sécuritaire sur le terrain

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Président du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 751 (1992) concernant les Chabab lui présenter les activités de son organe depuis le 28 février dernier.  En réaction à cet exposé, le représentant de la Somalie a réitéré la position de son gouvernement en faveur d’une levée complète de l’embargo sur les armes, avant de dénoncer la « disparité croissante entre le régime de sanctions théorique et la façon dont il est appliqué sur le terrain », à la lumière des activités des groupes terroristes. 

Le Président du Comité 751 a, pour sa part, rappelé que l’organe a tenu ses deuxièmes consultations informelles de l’année le 2 juin afin d’entendre un exposé du Groupe d’experts sur la Somalie consacré à son rapport d’étape et de discuter des recommandations qui y sont contenues.  Cet exposé, a précisé M. Kimihiro Ishikane, du Japon, couvrait des sujets tels que les actions des Chabab et d’autres acteurs qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de la Somalie, les efforts du Gouvernement fédéral somalien destinés à affaiblir les Chabab, la mise en œuvre de l’embargo sur les armes et l’application de l’interdiction du charbon de bois. 

M. Ishikane a fait état de l’inscription, le 26 mai, d’une personne supplémentaire sur la liste du Comité: M. Abdullahi Osman Mohamed Caddow, également connu sous le nom d’ « ingénieur Ismail ».  Cet expert en explosifs des Chabab, également responsable de la gestion globale des opérations du groupe terroriste, est désormais soumis à l’embargo ciblé sur les armes, à l’interdiction de voyager et au gel des avoirs, a précisé le Président du Comité, avant de rappeler que les Chabab, en tant qu’entité, sont inscrits sur la liste des sanctions depuis 2014. 

Après avoir résumé les statistiques concernant les notifications d’exemption d’embargo sur les armes reçues par le Comité durant la période considérée, M. Ishikane a mentionné une lettre de la Somalie concernant l’élimination des stocks de charbon de bois existants.  Sur ce même sujet, il a indiqué que, le 18 mai, le Comité a mis à jour sa Notice d’aide à l’application n°1, qui contient des recommandations sur les procédures relatives à l’inspection des navires soupçonnés de transporter du charbon de bois en provenance de Somalie et à la saisie de charbon de bois soupçonné de provenir de Somalie par les États Membres. 

Il a par ailleurs annoncé que, le 23 mars, le Comité a décidé de prendre des mesures de suivi concernant quatre recommandations contenues dans un rapport du Groupe d’experts sur les questions humanitaires.  Deux de ces recommandations, soumises à l’examen du Conseil, consistent à charger le Groupe d’experts de faire rapport sur les conséquences humanitaires imprévues du régime de sanctions et à demander au Coordonnateur des secours d’urgence de faire rapport sur les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire, à la sécurité des travailleurs humanitaires et à l’accès aux zones contrôlées par les Chabab. 

Le Président du Comité a d’autre part indiqué que son organe a reçu, le 5 avril, un rapport thématique du Groupe d’experts portant sur le conflit à Laascaanood, dans le nord de la Somalie, où des affrontements opposent la milice du SCC (du nom des régions de Sool, Sanaag et Cayn) aux forces du Somaliland. Regrettant à cet égard que certains médias aient publié des extraits ou des « extraits allégués » de ce rapport, il a réaffirmé l’importance de maintenir la confidentialité des travaux du Comité, lesquels « peuvent avoir, dans certains cas, une incidence sur la sûreté et la sécurité des experts ». 

Intervenant à sa suite, le représentant de la Somalie s’est félicité de la dernière déclaration à la presse du Conseil concernant ce conflit. Il a déclaré que le Président somalien a reçu des anciens du « SCC-Khatumo » à Mogadiscio et envoyé une délégation dans la région pour permettre un cessez-le-feu et un désengagement des forces.  Le délégué a assuré qu’une aide humanitaire est fournie aux populations déplacées et appelé à la levée de tous les obstacles à son acheminement.  Il a ajouté qu’un grand nombre de blessés ont été évacués et que le Gouvernement fédéral entreprend des efforts de réconciliation pour favoriser un rapprochement entre les clans. 

Pour ce qui est du régime de sanctions imposé à son gouvernement, le représentant de la Somalie a renouvelé son appel à la levée complète de l’embargo sur les armes.  « Il faut cibler ceux qui menacent la paix et la sécurité de la Somalie, tout en aidant le Gouvernement fédéral avec des mesures sécuritaires fortes », a-t-il plaidé, jugeant que les Forces armées somaliennes devraient bénéficier d’un « soutien logistique et militaire adéquat » pour lutter contre les groupes terroristes, à commencer par les Chabab. 

Les sanctions du Conseil qui ciblent le Gouvernement fédéral ne permettent pas à celui-ci d’assurer son mandat de protection des populations et de l’intégrité territoriale du pays, a-t-il renchéri, avant toutefois de souligner que Mogadiscio entend « endosser toute la responsabilité sécuritaire » de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) d’ici à 2024. Il a également réaffirmé la volonté du Gouvernement fédéral de collaborer avec le Conseil pour inscrire sur la liste des sanctions des individus, entités et soutiens, au titre de la résolution 751 (1992). 

S’agissant enfin des mesures d’interdiction du charbon de bois, le représentant s’est dit préoccupé par la confiscation des stocks qui se trouvaient à bord du navire MV Fox.  En effet, a-t-il expliqué, la vente de ces stocks permet au Gouvernement fédéral de générer des recettes et d’en faire bénéficier le peuple somalien, conformément aux objectifs visés par les résolutions pertinentes du Conseil. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.