Le Conseil de sécurité reçoit le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, dont le rôle diplomatique dans plusieurs crises et conflits est mis en lumière
Sous la présidence du Ministre d’État des Émirats arabes unis, M. Khalifa Shaheen Al Marar, le Conseil de sécurité s’est, ce matin, réuni pour examiner la coopération entre Ligue des États arabes et l’ONU, et plus spécialement son organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, à la lumière d’un certain nombre de développements diplomatiques survenus au Moyen-Orient ou en Afrique, régions où cette organisation régionale formée de 22 États joue un rôle important.
Le Secrétaire général de la Ligue, M. Ahmed Aboul Gheit, a pris comme exemple le cas du Soudan, un des neuf pays africains membres de l’organisation, actuellement déchiré par les affrontements que se livrent les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide depuis le 15 avril. Il a expliqué que la Ligue coordonne les efforts de médiation avec d’autres acteurs comme l’Union africaine (UA). Il est essentiel de parvenir à une cessation des activités militaires pour créer un environnement propice à la reprise des pourparlers politiques, a-t-il plaidé, avant d’appeler au maintien d’un Soudan unifié.
De façon générale, M. Gheit a considéré que les tensions « au sommet de l’ordre international » et la crise ukrainienne ne doivent pas détourner l’attention du Conseil de conflits et situations humanitaires qui martyrisent des millions de personnes et provoquent d’immenses mouvements de déplacés dans le monde, et en particulier dans la région arabe. Nos actions communes pour faire cesser les conflits, combattre le terrorisme ou répondre aux changements climatiques exigent de mettre au point des bases stratégiques de coopération pour améliorer les conditions de vie des populations arabes, a-t-il estimé, se disant convaincu que cette coopération peut contribuer à faire du Moyen-Orient une région de paix et de stabilité. Au nom du Groupe des États arabes, l’Égypte a rappelé que la question de Palestine reste « incontournable pour les nations arabes » mais que sa solution suppose la pleine application des résolutions du Conseil de sécurité, que la Fédération de Russie a accusé les États-Unis de bloquer.
Plus largement, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix s’est attachée à évoquer les domaines d’« intérêt commun » entre l’ONU et la Ligue des États arabes, dans un contexte de mise à l’épreuve du multilatéralisme. Confrontée à de multiples défis, la région arabe possède également un immense potentiel, notamment sa jeunesse, 60% de ses habitants ayant moins de 30 ans, a observé Mme Rosemary DiCarlo, en expliquant qu’il s’agissait de la raison pour laquelle l’ONU a soutenu en début d’année la mise au point d’une stratégie régionale arabe pour la jeunesse, la paix et la sécurité. « Ce processus consultatif a permis à plus de 300 jeunes en provenance de 13 pays de faire entendre leur voix, atteignant ainsi un niveau de sensibilisation et d’engagement public inimaginable il n’y a pas si longtemps », s’est-elle félicitée, en précisant que l’ONU réfléchit désormais aux moyens de soutenir la mise en œuvre de cette stratégie. Elle a encouragé les États membres de la Ligue à y recourir pour orienter la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité et d’autres aspects pertinents du thème « Les jeunes, la paix et la sécurité ».
Envoyée de la jeunesse du Président de la vingt-septième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), Mme Omnia El Omrani a confirmé ce nouvel élan, impulsé par son pays, l’Égypte, qui l’a nommée pour favoriser la participation des jeunes aux prises de décisions sur les changements climatiques. Au niveau régional, la Ligue des États arabes joue un rôle fondamental pour promouvoir des processus de consolidation de la paix en investissant dans la jeunesse, a expliqué la déléguée, pour qui cela revient à investir dans la paix. Elle a toutefois demandé à la Ligue ainsi qu’à l’ONU de renforcer cette tendance, au moyen de « mécanismes intergénérationnels systématiques ».
M. Al Marar, Ministre d’État des Émirats arabes unis, lesquels président le Conseil de sécurité ce mois-ci, s’est félicité de l’unité et de l’intégration croissantes entre pays arabes, dont témoignent selon lui les efforts de médiation déployés par les pays arabes dans le cadre des conflits en Palestine, au Yémen, au Soudan et en Libye. En outre, la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue après douze ans de suspension a, selon lui, ouvert la voie au renforcement du rôle de l’organisation régionale dans la résolution de la crise syrienne, tout en complétant celui de l’ONU.
Cette décision, entérinée le 19 mai lors du Sommet de la Ligue, a suscité des réactions contrastées parmi les membres du Conseil. États-Unis et France n’ont pas caché leur scepticisme quant à la capacité du « régime » de Bashar Al-Assad à répondre rapidement et de bonne foi aux intentions de la Ligue et à satisfaire aux exigences qu’elle a formulées. « J’aimerais me tromper, mais l’expérience a montré que l’obstination du régime à s’enfermer dans le déni total reste inébranlable », a pour sa part déclaré le représentant albanais.
Rejointes par le Brésil, le Gabon et l’Équateur, la Chine et la Fédération de Russie ont au contraire vu en cette réadmission de la Syrie une avancée positive, comme du reste le rapprochement diplomatique entre la République islamique d’Iran et l’Arabie saoudite. Le Ghana a ajouté que la réhabilitation de la Syrie lui confère un intérêt stratégique dans la recherche d’une solution au conflit syrien et considéré que la création d’un comité ministériel composé du Secrétaire général de la Ligue, de l’Arabie saoudite, de la Jordanie, de l’Iraq, du Liban et de l’Égypte constituait un pas dans la bonne direction, avant d’appeler les autorités de Damas à s’engager de manière constructive avec le comité.
COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Ligue des États arabes (S/2023/407)
Déclarations
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, s’est félicitée de la proximité des relations entre l’ONU et la Ligue des États arabes dans un contexte de mise à l’épreuve du multilatéralisme, avant de mettre en lumière quelques domaines de coopération et d’« intérêt commun ».
La Secrétaire générale adjointe a cité le Soudan, où la Ligue des États arabes ainsi que l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), entre autres partenaires, se sont mobilisées pour trouver une solution au conflit en cours. Elle a toutefois déploré que les parties n’aient pas réussi à mettre en œuvre l’accord de Djeddah, négocié par l’Arabie saoudite et les États-Unis le 20 mai, et que les Forces armées soudanaises aient annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers en invoquant les violations du cessez-le-feu par les Forces de soutien rapide. C’est d’une cessation permanente des hostilités et, à terme, d’une reprise du processus politique dont nous avons besoin, a déclaré Mme DiCarlo, qui s’est félicitée de la coordination des différents efforts à l’œuvre, y compris ceux des puissances régionales.
La Secrétaire générale adjointe a ensuite exprimé son inquiétude devant la détérioration constante de la situation dans le Territoire palestinien occupé, avec une nouvelle escalade dévastatrice à Gaza, et des débordements réguliers en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. Avec la Ligue des États arabes, l’ONU attache une importance primordiale à la solution des deux États, qui réaliserait les aspirations nationales légitimes des Palestiniens et des Israéliens, conformément au droit international et aux résolutions des Nations Unies, a plaidé Mme DiCarlo. Elle a salué la tenue du Sommet de la Ligue le 19 mai, en notant que nombre de résolutions adoptées mettaient en lumière des questions d’intérêt mutuel, ainsi que la coopération en cours dans de nombreux domaines entre les deux organisations. Elle a tout particulièrement salué celle relative à l’évolution de la situation en Libye, au moment où la communauté internationale doit rester unie derrière l’organisation d’élections dans ce pays d’ici fin 2023.
Abordant la situation en Syrie, la Secrétaire générale adjointe a pris note des réunions des États arabes d’Amman et de Djeddah, ainsi que de la résolution adoptée lors du sommet de Djeddah, qui réitère que la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité est la seule feuille de route agréée au niveau international pour résoudre le conflit syrien. « Si le regain d’attention de la région pour la Syrie se traduit par des actions concrètes, nous pourrions assister à un élan vers un règlement politique négocié du conflit », a-t-elle espéré. Reste qu’il faut se pencher sur le sort des personnes détenues et disparues pour se rapprocher d’une paix durable, a-t-elle souligné, en demandant instamment aux États Membres de soutenir la création d’une « institution dédiée aux disparus ».
Si la région arabe est confrontée à une série de défis urgents liés à la paix et à la sécurité, au développement et aux changements climatiques, elle possède également un immense potentiel, notamment grâce à ses jeunes, dont 60% ont moins de 30 ans, a observé la Secrétaire générale adjointe. C’est la raison pour laquelle l’ONU a soutenu en début d’année la mise au point d’une stratégie régionale arabe pour la jeunesse, la paix et la sécurité, a-t-elle rappelé. « Ce processus consultatif a permis à plus de 300 jeunes de 13 pays de faire entendre leur voix, atteignant ainsi un niveau de sensibilisation et d’engagement public inimaginable il n’y a pas si longtemps », s’est-elle félicitée, en précisant que l’ONU réfléchit désormais aux moyens de soutenir la mise en œuvre de cette stratégie. La Secrétaire générale adjointe a encouragé les États membres de la Ligue à y recourir pour orienter la mise en œuvre régionale, sous-régionale et nationale de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité et d’autres aspects pertinents de l’ordre du jour « Les jeunes, la paix et la sécurité ».
Par ailleurs, par l’intermédiaire du Bureau de liaison de l’ONU et en étroite coopération avec ONU-Femmes, l’Organisation continue à soutenir les efforts de la Ligue des États arabes pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et les résolutions ultérieures pertinentes, ainsi que les réseaux des femmes médiatrices arabes et des femmes médiatrices de l’ONU, a encore fait valoir Mme DiCarlo.
En 2024, aura lieu la seizième réunion de coopération générale entre l’ONU et la Ligue des États arabes, afin d’examiner notre cadre biennal, de faire le point sur nos réalisations et d’ouvrir de nouvelles voies de coopération, a annoncé la Secrétaire générale adjointe, qui a ajouté que cette réunion reconnaîtrait plus que jamais la pertinence des liens entre la paix, l’action humanitaire et le développement. « Ensemble, nous pouvons réaliser ce qu’aucune des deux organisations ne pourrait faire seule », a conclu Mme DiCarlo.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a rappelé que la relation entre le Conseil de sécurité et la Ligue remonte à la création des Nations Unies, notamment en ce qui concerne la question de Palestine. Alors que l’on assiste depuis une dizaine d’années à l’émergence de situations difficiles dans la région, le Conseil de sécurité examine ces problèmes afin de trouver des solutions, a-t-il salué, considérant que le monde se trouve aujourd’hui à une croisée des chemins, compte tenu de la polarisation des points de vue et du risque croissant de confrontation nucléaire.
Il est donc plus difficile d’agir de façon collective pour relever les défis conventionnels et non conventionnels, a constaté M. Aboul Gheit, pour qui les tensions au sommet de l’ordre international empêchent la communauté internationale de se concentrer sur des questions urgentes, telles que l’assistance humanitaire. À ses yeux, il importe de ne pas laisser la situation ukrainienne détourner l’attention des autres conflits et crises, qui martyrisent des millions de personnes et provoquent d’immenses mouvements de déplacés dans le monde et en particulier dans la région arabe.
Le Secrétaire général de la Ligue des États arabes a ainsi fait mention de la situation dans le Territoire palestinien occupé, où la population souffre depuis des décennies de l’occupation israélienne. Selon lui, l’idéologie extrême du Gouvernement israélien actuel, qui préfère l’annexion à la paix, reflète un « virage à droite » préoccupant. M. Aboul Gheit a ainsi dénoncé des pratiques contraires au droit international, qui sapent toute perspective de solution et créent un sentiment de désespoir au sein du peuple palestinien. Nous sommes en effet témoins d’une augmentation de la violence et d’une multiplication d’incidents, dont certains sont soutenus par des ministres israéliens, s’est-il ému, appelant Israël à cesser de mettre le feu aux poudres et à revenir à la solution des deux États, la seule à même d’offrir une paix pérenne, conformément à l’Initiative de paix arabe.
Abordant ensuite le conflit au Soudan, qui a déjà fait de nombreuses victimes, provoqué le déplacement de milliers de familles et détruit les institutions étatiques, M. Aboul Gheit a indiqué que la Ligue coordonne les efforts de médiation avec d’autres acteurs comme l’Union africaine afin de faire émerger une solution commune. Il est essentiel de parvenir à une cessation des activités militaires pour créer un environnement propice à la reprise des pourparlers politiques, a-t-il plaidé, avant d’appeler au maintien d’un Soudan unifié.
M. Aboul Gheit a d’autre part affirmé qu’en tant qu’Arabe, il espère que le retour de la Syrie dans le giron de la Ligue permettra d’avancer vers le règlement de la crise prolongée dans ce pays. Appelant de ses vœux une coopération en vue de parvenir à l’objectif fixé par la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, il a jugé que la solution politique demeure l’unique possibilité de restaurer la stabilité du pays et de mettre fin à cette crise qui affecte toute la région, notamment les pays qui accueillent des réfugiés syriens.
Le Secrétaire général de la Ligue des États arabes a formulé l’espoir que la trêve actuelle au Yémen permettra une désescalade des tensions après une décennie de conflit civil. Il a toutefois rappelé que le pays traverse la pire crise humanitaire au monde et a jugé qu’une solution politique ne sera possible que si les houthistes jouent pleinement leur rôle. À cet égard, il a estimé que le récent rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran crée de nouvelles possibilités.
S’agissant enfin de la Libye, le responsable arabe a plaidé pour le respect du principe de non-ingérence dans les affaires de cet État, avant d’exhorter toutes les parties à surmonter les obstacles empêchant la tenue d’élections, seule façon selon lui de régler les divisions qui fracturent la société et les institutions libyennes.
M. Aboul Gheit a par ailleurs plaidé pour une plus grande participation des jeunes aux efforts de paix, assurant que la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) figure parmi les priorités de son organisation. Face à la montée des extrémismes dans la région, il a également souligné les efforts conjoints menés avec le Conseil de sécurité pour faire davantage participer les femmes aux processus de paix, une initiative qui trouve son illustration dans la création d’un réseau de médiatrices arabes.
Nos actions communes, qui visent en autres à faire cesser les conflits, combattre le terrorisme, répondre aux changements climatiques et réduire les risques de catastrophe, exigent que nous mettions au point des bases stratégiques de coopération pour améliorer les conditions des populations arabes, a conclu le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, qui s’est dit convaincu que cette coopération est nécessaire pour soutenir la paix et la sécurité au Moyen-Orient et transformer celui-ci en une région de paix et de stabilité.
Mme OMNIA EL OMRANI, Envoyée de la jeunesse du Président de la vingt-septième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), a rappelé que plus de 60% des habitants de la région arabe sont âgés de moins de 30 ans, ce qui en fait l’une des régions les plus jeunes du monde. Cette zone est également l’une des plus affectées par les crises environnementales et sanitaires, ainsi que par les problèmes liés à la qualité de l’éducation et à un taux de chômage qui s’élève à 28% chez les jeunes. La sécurité de certains pays est menacée par l’extrémisme et les discours de haine, en plus des changements climatiques qui exacerbent les problèmes existants, s’est inquiétée l’oratrice. Elle a précisé que près de 54 millions d’habitants de la région arabe souffrent d’insécurité alimentaire aiguë et qu’un enfant sur cinq n’a pas accès à l’eau potable, une situation qui favorise la propagation et la prévalence de certaines maladies telles que la COVID-19.
Néanmoins, les jeunes s’efforcent de relever ces enjeux mondiaux et de bâtir un monde de paix, de stabilité et de prospérité en agissant, en innovant et en persévérant. Selon elle, l’Égypte a pris des mesures concrètes pour écouter les jeunes et leur accorder un certain degré d’autonomisation en désignant un premier envoyé pour la jeunesse à la COP27, favorisant ainsi leur participation aux prises de décisions sur les changements climatiques. Au niveau régional, la Ligue des États arabes s’attache à autonomiser les jeunes afin de tirer parti de leur potentiel et de mettre en œuvre le programme pour les jeunes, la paix et la sécurité, a-t-elle ajouté. De plus, la Ligue joue un rôle fondamental pour promouvoir des processus de consolidation de la paix en investissant dans la jeunesse, ce qui revient, selon la déléguée, à investir dans la paix.
Venue tirer la sonnette d’alarme, l’intervenante a appelé à lutter contre les inégalités et l’injustice. Elle a exprimé son appui aux efforts de paix déployés par l’ONU et la Ligue en matière de paix et de sécurité dans la région, en demandant d’inclure les perspectives des jeunes dans ces processus au moyen de mécanismes intergénérationnels systématiques.
M. KHALIFA SHAHEEN AL MARAR, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a affirmé que les pays arabes s’orientent vers une plus grande unité et intégration dans l’ensemble de la région, tout en renforçant la coopération avec leurs partenaires de l’Est et de l’Ouest. Les relations entre États voisins de la région se sont améliorées et des efforts de médiation ont été déployés par les pays arabes dans le cadre des conflits en Palestine, au Yémen, au Soudan et en Libye, s’est félicité M. Al Marar, qui a souligné ceux déployés par l’Arabie saoudite, avec le soutien des États-Unis, pour faciliter les pourparlers entre les belligérants soudanais. En outre, la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes a ouvert la voie au renforcement du rôle arabe dans la résolution de la crise syrienne, tout en complétant celui de l’ONU.
À la lumière de ces avancées, le Ministre s’est dit confiant que l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité, continuera à soutenir et à encourager ces initiatives et ces efforts pour construire un ordre régional robuste et équilibré qui assure la stabilité et jette des bases solides d’un développement global dans la région. Pour les Émirats arabes unis, des changements rapides et positifs pourraient ouvrir la voie à des percées significatives dans un certain nombre de conflits en encourageant des solutions pratiques et réalistes.
C’est la raison pour laquelle le Ministre a appelé au renforcement des relations institutionnelles entre l’ONU et la Ligue des États arabes, afin de faire face à ces défis communs, notamment en renforçant le travail du Bureau de liaison entre les deux organisations. Il a également salué la collaboration existante entre le Secrétaire général de l’ONU et celui de la Ligue des États arabes sur les dossiers du Soudan et de la Libye, en encourageant l’élargissement de cette coopération à d’autres questions régionales, notamment les efforts de lutte contre le terrorisme. À cet égard, M. Al Marar s’est félicité du nouveau plan de mise en œuvre de la stratégie arabe de lutte contre le terrorisme, qui s’aligne sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
Les femmes contribuent activement au développement régional, et les Émirats arabes unis ont soutenu plusieurs initiatives visant à assurer leur autonomisation et leur protection, tant au niveau régional qu’international, a indiqué M. Al Marar. C’est ainsi qu’en décembre dernier, les Émirats ont accueilli le lancement officiel de la « déclaration arabe de lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles », s’est-il enorgueilli.
Étant donné que la moitié de la population de la région arabe a moins de 25 ans, les Émirats ont aussi soutenu la création du Centre arabe de la jeunesse, qui vise à renforcer les capacités de la jeunesse arabe, à promouvoir l’innovation et la créativité et à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes dirigeants.
Enfin, alors que son pays se prépare à accueillir la COP28, le Ministre s’est dit impatient d’approfondir la collaboration avec tous les partenaires de son pays afin de réaliser des progrès tangibles vers une action climatique ambitieuse, notamment grâce à une approche holistique qui se concentre sur des solutions pratiques et s’appuie sur le travail accompli lors de la COP27 en Égypte.
M. ZHANG JUN (Chine) a observé que le Moyen-Orient a récemment été le théâtre d’avancées positives qui ont insufflé un nouvel espoir dans la région. Il a ainsi cité l’annonce d’un rapprochement diplomatique entre l’Iran et l’Arabie saoudite et le retour de la Syrie dans le giron de la Ligue des États arabes après un « hiatus » de douze ans. Cela montre qu’apaiser les tensions et rechercher des solutions politiques va dans l’intérêt de la région, a affirmé le représentant, qui a appelé la communauté internationale à emboîter le pas à ces efforts et à aider les pays arabes à trouver des solutions de développement.
Dans ce contexte, le représentant a estimé que les Nations Unies devraient renforcer leur coopération avec la Ligue sur la base du Chapitre VIII de la Charte. De même, les envoyés et les représentants spéciaux des deux organisations devraient afficher un front uni et créer des synergies, a-t-il plaidé, avant d’inviter le Conseil de sécurité à davantage écouter le point de vue de la Ligue et des pays arabes , afin de trouver des solutions régionales au différends régionaux, à commencer par la question de Palestine. À ce sujet, il a remercié la Ligue pour son rôle actif et a souhaité que l’ONU renforce sa coopération avec elle sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. Des mesures solides doivent être prises pour parvenir à la solution des deux États et aider le peuple palestinien à réaliser son rêve, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite estimé que la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue constitue un « nouveau moteur » pour l’unité arabe et une nouvelle occasion pour trouver une solution à la crise syrienne. Il a dit espérer que les parties concernées saisiront cette occasion pour renforcer leur dialogue et coopérer avec l’Envoyé spécial en vue d’une solution complète. Il a par ailleurs jugé que le processus politique au Yémen va « dans le bon sens ». Les parties communiquent sur la question d’un cessez-le-feu global, ce qui fait croire en la possibilité d’un règlement, a-t-il commenté. Il a enfin noté que l’amitié entre son pays et le monde arabe a « résisté au temps », comme en atteste l’assistance mutuelle dans l’intérêt des deux régions. Rappelant que le Président chinois s’est rendu l’an dernier au sommet entre les États arabes et la Chine, il a assuré que son pays continuera d’œuvrer à un renforcement de ces liens « parce que nous avons un avenir commun ».
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a estimé que Ligue des États arabes a un rôle important à jouer pour résoudre le conflit au Soudan, avec la coopération de l’ONU, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine, ainsi qu’en Syrie, où des millions de personnes demeurent déplacées. Il a appelé à utiliser la réadmission de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes pour inciter « Assad » à changer de comportement, appelant notamment ce dernier à sévir contre le captagon et à mettre en place les conditions propices au retour des réfugiés. Le représentant s’est par ailleurs préoccupé de l’impact dévastateur de la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie dans les pays arabes. Il a également souligné l’importance du leadership et de l’appropriation régionale des solutions aux conflits causés ou exacerbés par les changements climatiques.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a noté que la Ligue des États arabes continue de faciliter le dialogue dans une région marquée par un processus de paix au point mort, des conflits prolongés en Syrie et au Yémen, des impasses politiques en Libye et au Liban, et une instabilité en Iraq et au Soudan. Soulignant la nécessité de solutions politiques pour y répondre, la représentante a appelé à une plus grande coordination entre l’ONU et la Ligue, notamment par le biais d’échanges entre les envoyés spéciaux.
Alors que des millions de personnes en Syrie, au Yémen et dans les territoires palestiniens occupés ont toujours des besoins humanitaires aigus en raison des conflits, la Ligue peut contribuer à la mobilisation de ressources pour les plans d’intervention humanitaire de l’ONU, tout en facilitant l’acheminement de l’aide, a relevé la représentante, qui a dit en attendre à nouveau la preuve avec le renouvellement attendu en juillet du mécanisme transfrontalier en Syrie. Par ailleurs, sur fond de réintégration de la Syrie au sein de la Ligue, elle a fait valoir qu’un processus politique facilité par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015) reste la seule voie à suivre pour ce pays.
Constatant que les deux organisations promeuvent la coexistence pacifique et font progresser la paix, la représentante a salué les initiatives conjointes qui visent à faire avancer ce double objectif, telles que le soutien qu’elles apportent au Réseau des femmes médiatrices arabes et aux formations sur le genre et les élections. Enfin, après avoir appelé au respect du droit international humanitaire dans le cadre des efforts régionaux de lutte contre le terrorisme, elle s’est félicitée de la coopération entre l’ONU et la Ligue pour faire face aux effets des changements climatiques sur la paix et la sécurité.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que la Ligue des États arabes peut contribuer à rapprocher le Conseil de sécurité des populations des 22 États membres qui forment cette organisation. Cela est d’autant plus nécessaire que les défis persistent dans la région arabe, que ce soit en Syrie, en Israël et Palestine ou au Yémen.
La coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes demeure cruciale pour faire face aux défis qui nous concernent tous, dont les changements climatiques, a poursuivi la représentante, avant d’insister sur la participation pleine, égale, significative et en toute sécurité des femmes. Cela peut être stimulé par différents mécanismes des organisations régionales et internationales, a-t-elle suggéré. Ces efforts doivent s’accompagner d’un environnement propice à la participation des femmes au niveau national, y compris des cadres juridiques qui garantissent l’égalité des droits pour elles. En conclusion, la représentante s’est réjouie de la tenue en 2024 de la prochaine réunion de coopération générale entre l’ONU et la Ligue des États arabes, qui sera organisée à Genève.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exprimé sa conviction que la Ligue des États arabes est nécessaire pour assurer la paix et la sécurité aux niveaux régional et international. De concert avec les Nations Unies, la Ligue peut accélérer de façon significative la marche vers la stabilité régionale, a estimé la représentante, en évoquant une « fenêtre de tir » en faveur de la paix au Yémen. Au Soudan, elle a estimé que la Ligue avait facilité l’accès de l’aide humanitaire et la reprise d’un processus politique inclusif, en plus de participer au mécanisme élargi pour le Soudan, avec la collaboration de l’Union africaine, de l’ONU et de l’IGAD.
Si les États-Unis sont en désaccord avec la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes et ne normaliseront pas leurs relations avec le régime syrien et ne lèveront pas les sanctions tant que des progrès n’auront pas été enregistrés, Mme Thomas-Greenfield a dit espérer que des solutions politiques se présenteront afin de régler les questions humanitaires sur le terrain. La Ligue devrait selon elle insister pour que des progrès soient réalisés sur la participation aux processus politiques telle que présentée dans la résolution 2254 (2015) ainsi que sur les obligations de la Syrie au titre de la Convention sur les armes chimiques. Elle doit de plus exhorter le « régime Assad » à accepter, en juillet, le renouvellement pour douze mois de l’autorisation du Conseil de sécurité du mécanisme d’aide transfrontière, de même que le retour des réfugiés.
La représentante s’est par ailleurs félicitée de l’invitation adressée par la Ligue au Président ukrainien, alors que la Fédération de Russie utilise la faim comme arme de guerre, malgré le succès de l’Initiative de la mer Noire.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a d’abord averti qu’il n’y aura pas de paix durable dans la région en l’absence de règlement politique en Syrie. Le régime syrien doit faire des gestes tangibles afin qu’un véritable processus politique soit mis en place, conformément à la résolution 2254 (2015), a-t-il plaidé, tout en prenant acte du « choix souverain » de la Ligue des États arabes de réintégrer ce régime en son sein. Estimant à cet égard que l’absence de conditions claires imposées au régime ne permettra ni de venir en aide au peuple syrien ni d’assurer la stabilité de la région, le représentant a appelé l’ONU, la Ligue, les membres du Conseil et les États à travailler ensemble pour y parvenir.
Évoquant ensuite la situation dans les territoires palestiniens occupés et le risque de régionalisation du conflit, M. de Rivière a réitéré l’appui de la France à la solution des deux États, ayant tous deux Jérusalem pour capitale. Il a jugé essentiel de relancer un processus politique crédible menant à une paix juste et durable entre les Israéliens et les Palestiniens, avant d’inviter la Ligue et ses membres à prendre toute leur part au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.
S’agissant du Yémen, où la situation reste fragile, le représentant a exhorté toutes les parties, et notamment les houthistes, à négocier de façon constructive pour parvenir à un cessez-le-feu national et à une solution politique durable et inclusive. Il a par ailleurs appelé de ses vœux l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement au Liban et a réaffirmé l’engagement de la France en faveur du dialogue et de la stabilité régionale, notamment au travers de son partenariat avec l’Iraq.
Dans ce contexte régional complexe, M. de Rivière a également salué le rôle positif que joue la Ligue en faveur de la Libye. Considérant que la légitimité des institutions politiques libyennes doit être restaurée par des élections présidentielle et parlementaires simultanées sur tout le territoire, il a jugé essentiel de soutenir la médiation du Représentant spécial et d’assurer un contexte sécuritaire propice à la tenue des scrutins.
Le représentant a d’autre part estimé qu’au Soudan, la Ligue pouvait avoir un rôle à jouer en coordination avec l’ONU, l’Union africaine et l’IGAD. Dans l’immédiat, il a salué les efforts de médiation de l’Arabie saoudite et des États-Unis et a appelé les parties à respecter les engagements pris à Djeddah pour la cessation des hostilités et l’acheminement de l’aide humanitaire. Enfin, après s’être félicité de la coopération entre la Ligue et les institutions onusiennes en charge de la lutte contre le terrorisme, il a jugé crucial de renforcer la collaboration des deux organisations dans la lutte contre les changements climatiques.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a salué le récent rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran, de nature à contribuer selon elle à la résolution pacifique de certains des conflits dans la région. Par ailleurs, la récente réadmission de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes confère à Damas un intérêt stratégique dans la recherche d’une solution au conflit syrien, a-t-elle relevé. La création d’un comité ministériel composé du Secrétaire général de la Ligue, de l’Arabie saoudite, de la Jordanie, de l’Iraq, du Liban et de l’Égypte est un pas dans la bonne direction, a encore estimé la représentante, qui a appelé les autorités syriennes à s’engager de manière constructive avec le comité.
La représentante a ensuite soutenu le renforcement de la coopération trilatérale entre la Ligue, l’Union africaine et l’ONU, la jugeant essentielle pour relever efficacement les défis auxquels sont confrontés la Libye, la Somalie et le Soudan, compte tenu de leur double appartenance à l’UA et à la Ligue. En Libye, par exemple, le renforcement du soutien des trois organisations au dialogue national et aux efforts de réconciliation ainsi que la tenue d’élections ouvertes plus tard cette année, pourraient contribuer à accélérer le rythme de la résolution de la crise, a-t-elle estimé.
Tout en réaffirmant son soutien au leadership africain dans la recherche de la paix au Soudan, le Ghana souligne la nécessité de coordonner les différents rôles joués par l’ONU, l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et la Ligue des États arabes afin d’assurer la cohérence et l’efficacité des efforts visant à garantir un processus de paix viable et la reprise de la transition vers la démocratie dans le pays.
Enfin, la représentante a jugé nécessaire d’approfondir la collaboration entre l’ONU et la Ligue des États arabes pour aider à relancer le processus de paix au Moyen-Orient. En tant que pays fournisseur de troupes à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le Ghana reste préoccupé par le fait que la crise socioéconomique et financière dans le pays continue d’affecter gravement les citoyens ordinaires. La Ligue et l’ONU doivent redoubler d’efforts pour aider le peuple libanais à mettre en place une direction politique efficace afin de sortir d’urgence le peuple libanais de la situation difficile dans laquelle il se trouve grâce à des réformes politiques, économiques et financières significatives, a conclu la représentante.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a déclaré que la coopération entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes permet de relever les défis communs qui se posent dans la région. Il a appuyé ses propos en citant l’exemple des efforts de médiation entrepris au Yémen ou encore l’aide apportée aux réfugiés et aux personnes déplacées en Syrie. Le délégué a estimé que la réadmission de la Syrie au sein de la Ligue ouvre une fenêtre d’opportunité pour mettre une fin définitive au conflit. Il a ensuite appelé à une plus grande participation des femmes et des jeunes aux processus de médiation et de consolidation de la paix.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que le renforcement des interactions entre la Ligue des États arabes et l’ONU reste une nécessité, compte tenu des tensions persistantes en Syrie, en Libye, au Yémen, au Soudan et au Sahara occidental, et alors que des efforts sont nécessaires pour stabiliser la situation au Liban et en Iraq. Des mesures urgentes sont également nécessaires pour sortir de l’impasse sur la question centrale de la région: le règlement palestino-israélien, a-t-il observé, constatant que la situation socioéconomique difficile dans un certain nombre de pays arabes intensifie le sentiment radical et favorise les manifestations d’extrémisme et de terrorisme. Dans ce contexte, le représentant s’est félicité qu’un bureau de liaison de l’ONU ait été ouvert en 2019 au siège de la Ligue au Caire et s’est dit favorable à la tenue de réunions informelles annuelles du Conseil de sécurité avec les membres du Conseil de la Ligue. Il a d’autre part jugé utile de maintenir un dialogue actif entre la Ligue et les représentants spéciaux et envoyés spéciaux du Secrétaire général de l’ONU dans la région arabe afin de surmonter les crises, tout en plaidant pour un élargissement de la coordination trilatérale entre l’ONU, la Ligue des États arabes et l’Union africaine.
Dans ce contexte, M. Nebenzia a rappelé que son pays prône traditionnellement une participation plus active de la Ligue aux formats internationaux de règlement des crises régionales, notamment aux travaux du Quatuor pour le Moyen-Orient (Russie, Union européenne, États-Unis, ONU) en vue de résoudre le conflit palestino-israélien, « bloqué par certains membres du Conseil ». Nous estimons que seule la participation active des pays arabes peut conduire à un règlement à long terme et durable des crises au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, sans que leur soient imposées des « recettes toutes faites » venues de l’extérieur, a précisé le représentant. À cet égard, il a salué la décision « tant attendue » des pays membres de la Ligue de « rendre la Syrie à la famille arabe ». Il s’est dit convaincu qu’une telle mesure contribuera non seulement aux efforts actuels visant à consolider la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient, mais enverra également un signal important. Tout en se disant heureux qu’en dépit des tentatives occidentales visant à l’isoler, la Syrie reste un membre à part entière de l’ONU et de la Ligue des États arabes, il a regretté que Damas n’ait pas été invitée à la septième Conférence de Bruxelles. Il a donc formé le vœu que les pays arabes augmentent leur soutien à la Syrie pour résoudre les problèmes de reconstruction postconflit, compliqués par les sanctions unilatérales illégitimes.
Pour le représentant, la décision du Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue a démontré la volonté des États du monde arabe de renforcer la coordination des actions en vue de résoudre les problèmes régionaux et internationaux urgents. Cette décision a aussi confirmé leur détermination à poursuivre une politique indépendante sur la scène mondiale, fondée sur leurs intérêts fondamentaux, a-t-il souligné, avant de réaffirmer la volonté de la Fédération de Russie de contribuer de toutes les manières possibles au processus de normalisation de la situation, y compris par l’interaction entre la Ligue et l’ONU. Il a rappelé à ce propos que le « concept russe » de sécurité collective dans le Golfe vise à abandonner les approches conflictuelles et à promouvoir un programme constructif et unificateur, et a invité la Ligue et l’ONU à dialoguer sur ce thème.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a considéré que les Accords d’Abraham avaient marqué un changement significatif dans la dynamique au Moyen-Orient, contribuant à la stabilité régionale en favorisant de nouvelles relations et alliances et en ouvrant de nouvelles voies à l’engagement diplomatique, au dialogue, à la coopération économique et au développement. Nous voulons croire qu’ils pourraient avoir un impact positif sur le processus de paix israélo-palestinien en créant un environnement plus propice aux négociations de paix, a indiqué le représentant. Il a salué la participation du Président Zelenskyy au sommet 2023 de la Ligue des États arabes, qui s’est tenu à Djeddah et représente selon lui une reconnaissance des conséquences dévastatrices à l’échelle mondiale de l’agression russe contre l’Ukraine, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire. Prenant note de la réadmission de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes, il s’est dit sceptique quant à la capacité du régime à répondre rapidement et de bonne foi aux intentions de la Ligue et à satisfaire aux exigences qu’elle a formulées . « J’aimerais me tromper, mais l’expérience a montré que l’obstination du régime à s’enfermer dans le déni total, tout en s’asseyant sur une montagne de crimes dans l’espoir d’échapper à la responsabilité, reste inébranlable », a-t-il dit. Selon lui, le seul moyen de parvenir à une paix durable en Syrie est la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et une transition sérieuse dirigée par les Syriens eux-mêmes, dans laquelle la Ligue des États arabes a un rôle important à jouer.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a indiqué que son pays appuie la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, conformément à l’Article 53 de la Charte des Nations Unies. Dans ce cadre, le Mozambique soutient le renforcement de la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes, particulièrement en ces temps d’enjeux de sécurité majeurs pour plusieurs pays arabes. Notre propre expérience témoigne du rôle crucial des organisations régionales pour relever ces défis du fait de leur proximité avec les zones de conflit, de leur capacité à déceler des signes d’alerte précoce et de leur connaissance approfondie des tendances régionales, a souligné le représentant. Selon lui, cette coopération peut imprimer un nouvel élan aux efforts locaux, nationaux et internationaux existants pour trouver des solutions aux situations d’instabilité en Libye, en Syrie, au Yémen, au Soudan et en Palestine.
Le représentant a, d’autre part, estimé qu’associer les femmes aux efforts de règlement des conflits et de consolidation de la paix permettra d’obtenir des résultats plus durables, avant de saluer les efforts de la Ligue à cet égard. La Ligue peut apporter une contribution de taille à la recherche de solutions idoines tenant compte du lien entre la paix, la sécurité et le développement, a-t-il estimé. L’expérience de nombreux pays arabes démontre le lien indissociable entre les risques climatiques et les conflits, a-t-il constaté, assurant que le Mozambique continuerait de soulever cette question au Conseil, aux côtés des Émirats arabes unis, de la Suisse et de Malte.
Notant par ailleurs que 9 des 22 membres de la Ligue sont des pays africains, le représentant a appelé à un resserrement de la coopération trilatérale entre l’ONU, la Ligue et l’Union africaine. Enfin, après avoir salué le rapprochement diplomatique entre pays du Moyen-Orient, il a jugé que le règlement des différends de la région est dans l’intérêt du monde entier.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que le bref rapport du Secrétaire général sur l’application de la déclaration présidentielle du Conseil de Sécurité du 23 mars 2022 met en exergue la coopération active et les actions conjointes entre la Ligue des États arabes et l’ONU sur des questions liées à la paix et la sécurité internationales, soulignant ainsi le caractère « décisif » des organisations régionales du fait de leur proximité avec les réalités sur le terrain. Le représentant a exprimé son attachement à la réponse régionale aux crises qui affecte la région, coopération d’autant plus nécessaire à ses yeux dans un contexte sécuritaire marqué par des crises multiformes.
À cet égard, le représentant a estimé que le récent sommet de la Ligue, avec la participation de la Syrie, a été « un modèle d’engagement des pays concernés à assumer pleinement leurs responsabilités dans la quête de paix et de stabilité ». Rappelant que près de la moitié de la population arabe vit en Afrique, il a relevé une « communauté de destins » entre la Ligue des États arabes et l’Union africaine, organisations régionales aux préoccupations transversales en matière de paix et de sécurité. De même, il a estimé que la coopération entre l’ONU, la Ligue et l’Union africaine devait être « active et permanente » afin de favoriser le règlement des crises qui menacent la paix à l’échelle régionale et internationale.
Afin de favoriser un partenariat plus productif entre l’ONU et la Ligue, le représentant a proposé de s’appuyer sur la complémentarité et les avantages comparatifs des deux organisations, de renforcer la coordination et de mettre en place des mécanismes de gestion et de règlement de crises.
Mme SHINO MITSUKO (Japon) s’est félicitée de la solide coopération établie entre l’ONU et la Ligue des États arabes et réitéré l’intention du Conseil d’approfondir cette relation. En cette période de bouleversements géopolitiques, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour consolider le partenariat entre l’Organisation et la Ligue en vertu du Chapitre VIII de la Charte ainsi que la coopération dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, l’éradication de la pauvreté et la prévention des conflits, a-t-elle noté.
Bien que les organisations régionales demeurent les mieux équipées pour relever les défis régionaux, de nombreux problèmes requièrent une collaboration internationale, a poursuivi la représentante en évoquant la détérioration de la situation humanitaire en Syrie qui, a-t-elle ajouté, rend indispensable le renouvellement du mécanisme d’aide transfrontalière. Pour sa part, le Japon entend continuer d’approfondir ses relations avec le monde arabe, non seulement par le biais du commerce, des investissements et de la coopération énergétique, mais aussi en veillant au respect des principes de la Charte.
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a appelé les membres du Conseil de sécurité à réfléchir à la manière de resserrer la collaboration entre l’ONU et la Ligue des États arabes, notamment en ce qui concerne les développements dans le monde arabe. Il s’est félicité de la décision unanime de la Ligue de réintégrer, le mois dernier, la Syrie en tant que membre à part entière de l’organisation, y voyant le signe d’une nouvelle dynamique politique s’agissant du conflit syrien. À ses yeux, la Ligue, de concert avec l’Union africaine, se trouve également dans une position privilégiée pour appuyer de manière efficace le processus politique en Libye. Le représentant s’est félicité de la volonté de l’ONU de renforcer les capacités de la Ligue en matière de prévention des conflits, de lutte contre le terrorisme et de consolidation de la paix, efforts qui doivent selon lui reposer sur les besoins et priorités identifiés par la Ligue et ses États membres.
Au nom du Groupe des États arabes, M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes est cruciale à la lumière de la situation régionale et internationale, qui exige des efforts supplémentaires pour parvenir à la paix et à la sécurité. Cette coopération, a-t-il souligné, est également essentielle compte tenu des retombées des différentes crises auxquelles fait face la région, mais aussi des capacités réduites des bailleurs de fonds pour atténuer les souffrances humanitaires et des effets croissants des changements climatiques.
Le monde arabe a du mal à relever ces défis qui s’accumulent, a reconnu le représentant, qui a toutefois fait état d’avancées impliquant les pays de la région. La COP27, organisée l’an dernier à Charm el-Cheikh, en Égypte, a ainsi adopté un document final prévoyant la création d’un fonds pour les pertes et dommages, tandis que l’Arabie saoudite a lancé une initiative verte, s’est-il félicité, avant d’appeler à un renforcement de la coopération entre l’ONU et la Ligue pour atteindre les objectifs fixés dans ce domaine. En effet, a-t-il fait valoir, la crise que traverse la région arabe épuise ses ressources, alors qu’elles devraient être investies pour atteindre les objectifs de développement durable et répondre aux aspirations des populations.
Constatant que les tensions internationales occupent l’esprit des Nations Unies ces dernières années, le représentant a dit espérer que la recherche de la paix au Moyen-Orient demeurera à l’ordre du jour des travaux du Conseil de sécurité. Il a assuré que les pays arabes sont prêts à jouer un rôle actif pour la paix et sécurité dans la région, conformément au principe des « solutions arabes aux crises arabes », aux résolutions du Conseil et aux principes de la Charte des Nations Unies. À cette aune, a-t-il poursuivi, le Groupe des États arabes appelle à une coopération accrue entre l’ONU et la Ligue afin d’atténuer la crise économique qui pèse sur les pays arabes et fournir une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin.
Le Groupe plaide en outre pour un renforcement de la coopération institutionnelle dans tous les secteurs afin de promouvoir la diplomatie préventive, les mécanismes de préservation de la paix et la participation des femmes aux processus de paix. Son représentant a appelé à resserrer les consultations entre les deux organisations à tous les niveaux et à examiner régulièrement le rôle du Bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue, afin d’atteindre les objectifs fixés. Enfin, il a averti que cette coopération ne permettrait pas de contribuer à la paix et la stabilité dans la région si l’on ne met pas pleinement en œuvre les résolutions du Conseil, notamment en ce qui concerne la question de Palestine, qui reste « incontournable pour les nations arabes ».