Conseil de sécurité: le Haut Représentant de l’Union européenne souhaite que la coopération avec l’ONU mette fin au « déficit de multilatéralisme »
Le Conseil de sécurité a tenu ce matin sa séance annuelle consacrée à la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE). Face au « déficit de multilatéralisme », qui s’est selon lui installé jusqu’au Conseil de sécurité, le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, a dressé aujourd’hui un constat pessimiste pour 2023, raison pour laquelle la coopération entre les deux organisations lui est apparue plus que jamais indispensable, comme à la plupart des membres du Conseil, à l’exception notable de la Fédération de Russie.
Décrivant un double mouvement, qui voit les crises mondiales se multiplier et la capacité collective à trouver des solutions reculer, M. Borrell a rappelé que l’UE est déterminée à soutenir l’ONU, « politiquement et financièrement », et ses trois piliers – développement; paix et sécurité; et droits humains. S’agissant du premier d’entre eux, l’UE a d’ailleurs annoncé par la voix de M. Borrell son intention de présenter en juillet son examen volontaire sur les objectifs de développement durable lors du forum politique de haut niveau du Conseil économique et social.
Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont repris cette analyse à leur compte, à commencer par Malte, dont le Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce, M. Ian Borg, présidait la séance. Pour lui, la coopération trilatérale fructueuse entre l’ONU, l’UE et l’Union africaine est exemplaire, le Chef de la diplomatie maltaise voyant dans la contribution européenne à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) le signe d’un engagement jamais démenti de l’Union européenne bien au-delà de ses frontières.
Ce soutien européen à l’ATMIS a été salué aussi par le Vice-Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, M. Kwaku Ampratwum-Sarpong, qui y a vu une contribution majeure au renforcement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité. De son côté, le Mozambique a noté l’assistance apportée depuis 2004 par l’UE aux efforts de prévention des conflits de l’UA par le biais de la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique (FPA), qui a permis de financer les opérations de soutien à la paix menées par l’Afrique. Pour les États-Unis, la coopération entre l’UE et l’ONU jouera un rôle essentiel pour renforcer la capacité de l’UA à faire en sorte que ses opérations puissent être planifiées et déployées dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire.
Toutefois, c’est à l’aune de la guerre en Ukraine que la coopération entre l’UE et l’ONU a été aujourd’hui le plus souvent invoquée, la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, Mme Olta Xhaçka, se disant favorable à ce que les deux organisations trouvent des moyens pour que justice soit rendue pour les crimes commis. Le Vice-Ministre ghanéen a lui salué l’appui de l’UE pour aborder les aspects humanitaires de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, encourageant l’organisation régionale et l’ONU à œuvrer à la désescalade immédiate des tensions et à la cessation des hostilités.
C’est un tout autre tableau qu’a dressé le représentant de la Fédération de Russie, pour qui les qualificatifs les plus appropriés pour l’Union européenne en ces années 2022-2023 sont: « dégradation, impuissance, myopie et russophobie ». Cette dernière, pour la Russie, ne se limiterait pas à la volonté de lui infliger une défaite en Ukraine, mais profiterait aux « russophobes les plus primitifs, les plus hommes des cavernes parmi les Polonais et les Baltes ». Pour la Fédération de Russie, l’Europe n’a plus la moindre chance de trouver sa place dans un monde multipolaire, puisqu’elle n’a pas tenu parole sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de démocratie et des droits humains et a accepté les pays baltes, leur russophobie et leurs « relations d’apartheid » vis-à-vis de leurs populations russophones. Face à cette « dévalorisation » de l’Union européenne en un « outil obéissant des Américains », le représentant russe s’est dit contraint d’être « sceptique à l’égard de tous les projets impliquant l’UE et la plateforme de l’ONU » et a invité tous les pays en développement à « réfléchir sérieusement à cette réévaluation ».
COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES - UNION EUROPÉENNE
Déclarations
M. JOSEP BORRELL, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a rappelé qu’à chacune de ses interventions devant ce Conseil, il avait mis en garde contre un « déficit de multilatéralisme », y compris au sein même de cet organe. « Je crains que la situation ne soit encore pire cette année », a-t-il déclaré, à la suite du Secrétaire général de l’ONU, qui plus tôt ce mois-ci, avait estimé que « le temps était compté » pour éviter « l’effondrement ». L’urgence est mondiale, a insisté M. Borrell, en citant la multiplication des conflits, la crise climatique, les attaques systématiques contre la démocratie et les droits humains et les inégalités mondiales toujours plus criantes.
Parallèlement, a observé le Haut Représentant, notre capacité collective à trouver des solutions recule. Dans ce contexte, l’UE jouera son rôle pour soutenir l’ONU, politiquement et financièrement, dans ses efforts pour inverser cette tendance. Signe de sa coopération avec l’Organisation, l’UE présentera en juillet son examen volontaire sur les objectifs de développement durable lors du forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC).
Cette semaine, a rappelé M. Borrell, cela fera un an que la Fédération de Russie a lancé sa guerre illégale contre l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies. Personne n’est en sécurité dans un monde où le recours illégal à la force -par un membre permanent du Conseil de sécurité- serait en quelque sorte « normalisé », a-t-il fait valoir. C’est pourquoi le droit international doit être appliqué universellement pour prémunir le monde des abus de pouvoir, du chantage et des attaques militaires. Selon lui, la seule paix acceptable est une paix juste, globale et durable, conforme à la Charte des Nations Unies.
« La première étape, évidente, vers la paix est que la Russie cesse ses attaques et retire toutes ses forces et équipements militaires d’Ukraine », a affirmé le Haut Représentant. D’ici là, l’UE continuera à apporter à l’Ukraine tout le soutien dont elle a besoin pour défendre sa population, a-t-il poursuivi, en considérant que ces deux voies -soutenir l’Ukraine et rechercher la paix- vont de pair.
L’Union européenne continuera également d’aider le reste du monde à faire face aux retombées de l’agression russe, a assuré M. Borrell. « C’est ce que nous faisons depuis un an maintenant - et avec succès », s’est-il félicité, en faisant remarquer que les prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont désormais en baisse, en partie grâce aux « couloirs de solidarité » ayant permis l’exportation de 50 millions de tonnes de vivres et à l’Initiative céréalière de la mer Noire, négociée par les Nations Unies, et qui doit absolument être prolongée à son expiration mi-mars. Le Haut Représentant a précisé que l’Union européenne fournit environ 18 milliards d’euros pour lutter contre l’insécurité alimentaire jusqu’en 2024, dont la moitié au bénéfice de l’Afrique et du Moyen-Orient.
Si la guerre est de retour en Europe, elle n’est pas absente ailleurs et l’Union européenne continuera également d’agir dans le monde pour toutes les crises, politiquement et financièrement, a assuré M. Borrell qui a cité notamment les opérations de l’UE en matière de sécurité ou de lutte contre le terrorisme en Afrique et en Méditerranée, en lien avec la crise libyenne, mais aussi son rôle de premier contributeur aux fonds de lutte contre les conséquences des changements climatiques ou son assistance humanitaire, en Afghanistan ou à l’occasion du séisme en Türkiye et en Syrie.
M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a déclaré qu’en tant que fier membre de l’Union européenne, Malte soutient fermement le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UE. Les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies et les valeurs de l’Union européenne sont parfaitement alignés, a-t-il souligné, ce qui en fait des partenaires naturels.
La relation stratégique de l’UE avec les Nations Unies doit continuer à renforcer le respect de la Charte et du droit international, notamment des droits de l’homme, de l’état de droit et du règlement pacifique des différends, a insisté M. Borg, qui s’est dit convaincu du fait qu’une collaboration forte et dynamique entre ces deux organisations contribuera à la paix et à la sécurité et nécessitera une approche globale pour aborder plus efficacement les problèmes mondiaux. Aux côtés de l’UE, Malte s’engage pleinement à soutenir les processus parallèles qui ont été lancés dans le cadre du rapport « Notre programme commun » du Secrétaire général de l’ONU, parce qu’un engagement multilatéral constructif sur de telles initiatives a le potentiel d’apporter les changements nécessaires pour que l’ONU puisse continuer à s’attaquer aux problèmes les plus urgents du monde.
Dans le contexte mondial difficile, l’UE et ses États Membres n’ont cessé de souligner la nécessité de travailler ensemble vers un objectif commun, celui de faire respecter la Charte des Nations Unies et un ordre fondé sur des règles, a rappelé le Ministre. Pourtant, alors même que la communauté internationale a été confrontée à la réalité de son interdépendance à une multitude d’occasions, « nous sommes toujours incapables de nous rassembler pour relever les défis mondiaux, y compris le climat », s’est-il inquiété. IL a appelé à reconnaître enfin qu’un échec unilatéral aujourd’hui aura des ramifications collectives pour le plus grand nombre dans les années à venir.
Toutes les nations ont la responsabilité de veiller à ce que, dans la mesure du possible, les organisations régionales et internationales se réunissent pour assurer cette convergence et cette collaboration, a affirmé le Ministre, pour qui la coopération régionale est indispensable au bon fonctionnement de notre monde interconnecté et globalisé. Il a fait valoir que l’approche globale actuelle des Nations Unies et de l’UE en matière de gestion des crises, de médiation et d’opérations de paix, y compris le soutien apporté dans différentes régions, a aidé plusieurs pays à emprunter le chemin difficile qui mène du conflit à la paix. Le Ministre a également salué la coopération trilatérale fructueuse entre l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine pour relever les défis en matière de sécurité, en citant à titre d’exemple la contribution de l’UE à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie.
Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a estimé que l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie avait apporté en Europe une guerre d’une ampleur jamais vue depuis 1945. En aidant l’Ukraine à se défendre, l’UE défend une nation souveraine et l’aide à faire face à la brutalité d’une invasion dont le seul objectif est de rayer de la carte un pays et à subjuguer son peuple pour satisfaire à des desseins impérialistes, a-t-elle affirmé. La Ministre a salué la riposte politique de l’UE face à l’agression, riposte dont l’objectif est, d’une part, de réduire les capacités de la Russie à financer sa guerre et d’autre part, d’aider l’économie ukrainienne. Elle a dit être favorable à une coopération entre l’ONU et l’UE pour que les crimes commis durant la guerre soient punis. Une paix pérenne et juste ne saurait se fonder sur l’impunité, a-t-elle ajouté.
Les processus de paix dans les Balkans occidentaux doivent s’accélérer pour que cette région prospère et se rapproche de l’Europe, a poursuivi la Ministre. De manière générale, l’ONU et l’UE devraient renforcer la coopération pour le règlement des conflits régionaux et renforcer leur appui pour le dialogue et la médiation, a-t-elle ajouté. Elle a salué la coopération entre l’ONU et l’UE en Afrique, y compris l’appui financier apporté dans la lutte contre les menaces terroristes.
La Ministre a rappelé que l’Albanie souhaite rejoindre l’UE, qui a démontré de manière irréfutable qu’elle était l’investissement le plus efficace dans la prévention des conflits. L’UE peut offrir à l’ONU et au monde une voie fondée sur les droits d’individus qui se rassemblent dans le cadre de l’état de droit pour récolter les fruits de la démocratie, a-t-elle estimé. Elle a enfin dénoncé comme « ridicule, honteux et absurde » la désinformation selon laquelle l’UE aurait fomenté ou souhaiterait des guerres dans son voisinage, menaçant tout le continent. Rien ne changera au fait que c’est la Russie qui a lancé cette guerre et que c’est la Russie qui devra y mettra un terme, a-t-elle conclu.
M. KWAKU AMPRATWUM-SARPONG, Vice-Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a salué l’appui de l’Union européenne pour aborder les aspects humanitaires de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Il a encouragé l’ONU et l’Union européenne (UE) à travailler en faveur de la désescalade immédiate des tensions et de la cessation des hostilités, et à favoriser le dialogue, le règlement pacifique et global du conflit en Ukraine.
En attendant, a ajouté le Ministre, il est vital de ne pas perdre de vue d’autres situations graves sur le continent. Il faut en effet éviter une nouvelle guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. La mise en place de la mission civile de l’UE en Arménie est une contribution importante à la stabilité et au renforcement de la confiance entre les deux parties. En ce qui concerne le problème chypriote, le Ministre a demandé que l’UE continue d’appuyer un règlement global du différend sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. En Bosnie-Herzégovine, les efforts conjoints de l’ONU et de l’UE dans le cadre du renouvellement par le Conseil de sécurité du mandat de l’EUFOR-Althea ont largement contribué au maintien d’un environnement sûr et sécurisé, a-t-il estimé.
S’agissant de l’Afrique, le Ministre a déclaré que le soutien de l’UE au renforcement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité demeure une contribution essentielle au maintien de la paix et de la sécurité à long terme sur le continent. Il a cité le cas de la Somalie, où l’appui de l’UE à la Mission de transition de l’Union africaine (ATMIS) et la mise en œuvre effective du Plan de transition somalien reste crucial.
Le Ministre a aussi a souligné la contribution de l’UE aux besoins humanitaires dans les zones de conflit, en particulier en Afghanistan, au Myanmar, en Syrie et au Yémen. Il a salué les mobilisations de l’UE en faveur des communautés touchées par les récents tremblements de terre qui ont frappé la Syrie et la Türkiye. Il a enfin dénoncé la guerre en Ukraine, constatant que l’impasse qu’elle a créée au Conseil de sécurité complique les efforts en Afrique pour vaincre les terroristes et les extrémistes violents et parvenir à « l’Afrique que nous voulons ».
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a mis l’accent sur les défis mondiaux pour lesquels la coopération entre l’ONU et l’UE existe et pourrait s’approfondir, citant les changements climatiques, l’extrémisme, l’autonomisation des femmes et des filles, la prolifération nucléaire et la promotion de solutions pacifiques et inclusives aux crises dans le monde. Pour la représentante, la lutte contre les risques sécuritaires demeure essentielle pour la stabilité et la prospérité. Cet automne, la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, a reconnu que l’UE avait mis trop longtemps à comprendre l’impact de certains risques sécuritaires au-delà du Moyen-Orient, a rappelé la représentante. Comme elle l’a dit, « le monde a besoin d’une architecture de sécurité plus solide », a-t-elle précisé.
Les risques émergents pour notre stabilité collective exigent une coopération internationale, a plaidé Mme Nusseibeh, pour qui la promotion d’une paix durable et d’opportunités économiques dans les pays d’origine devrait être privilégiée dans le cadre de la collaboration ONU-EU. Par ailleurs, a poursuivi la représentante, le soutien aux nécessiteux ou aux civils en danger est une priorité partagée. Les Émirats arabes unis accueillent le plus important centre humanitaire du monde, la Cité humanitaire internationale, où l’aide bilatérale et internationale prépositionnée, y compris celle de l’UE, est acheminée là où elle est nécessaire, a-t-elle rappelé. Plus récemment, près de 90 avions sont partis des Émirats arabes unis en réponse aux tremblements de terre dévastateurs en Türkiye et en Syrie.
Sans l’autonomisation des femmes, la sécurité et la stabilité ne pourront être maintenues, a argué Mme Nusseibeh, pour qui il est indispensable de promouvoir leur participation pleine, égale et significative à tous les aspects de la vie publique. Enfin, il est urgent d’accroître les ambitions en matière de climat. Les efforts d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation doivent aller de pair et l’UE est un partenaire important pour atteindre cet objectif, a-t-elle affirmé.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué le rôle positif joué par l’Union européenne et d’autres organisations régionales pour défendre le multilatéralisme dans le contexte actuel, difficile, et soutenir le Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité internationales. À ce titre, elle a »cité les efforts déployés par l’UE pour relever les défis mondiaux. Le Royaume-Uni est fier de son travail aux côtés de l’UE pour établir des partenariats en faveur de la transition énergétique, a déclaré la représentante, précisant que ces partenariats ont aidé les économies émergentes tributaires du charbon à effectuer une transition énergétique équitable en s’inspirant du modèle mis en place lors de la COP26. Elle a également cité le soutien considérable apporté par l’UE au Fonds des Nations Unies « L’éducation ne peut attendre », dont le Royaume-Uni est cofondateur.
S’agissant de la contribution de l’UE aux travaux de l’ONU, la représentante a parlé de la coopération avec les opérations de paix et de consolidation de la paix des Nations Unies, citant les cas du Mali et de la Somalie, et des efforts visant à promouvoir la stabilité régionale. Elle a souhaité que la mission de partenariat de l’UE au Niger joue un rôle essentiel dans le soutien à la stabilité du Sahel.
La représentante a salué le soutien apporté par l’Union européenne à l’Ukraine, notamment en termes d’aide humanitaire vitale et de lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale en soutenant l’Initiative céréalière de la mer Noire. Alors que nous planifions la reconstruction de l’Ukraine, nous nous réjouissons de travailler avec l’UE à la préparation de la conférence de 2023 sur le redressement de ce pays, organisée par le Royaume-Uni et l’Ukraine à Londres en juin prochain, a conclu Mme Woodward.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé la devise de l’Union européenne –« Unie dans la diversité »- qui reflète de même l’identité de la Suisse, un pays qui compte quatre langues nationales. La Suisse partage également avec l’UE la vision d’un ordre international fondé sur le droit international et d’un multilatéralisme efficace, a ajouté la représentante. L’échange d’aujourd’hui intervient à un moment où le multilatéralisme est mis sous pression. L’appel du Haut Représentant devant l’Assemblée générale pour une paix juste et durable en Ukraine traduit l’attachement de l’UE et de ses membres à la Charte des Nations Unies et au respect de ses principes. La Suisse partage ce même attachement et rappelle que le respect de ces principes est dans l’intérêt de l’Europe et du monde tout entier. L’engagement pour la paix, le développement durable et les droits de l’homme oriente l’ONU, l’UE et la politique étrangère de la Suisse. Cette base commune se traduit par une collaboration étroite dans plusieurs contextes et agendas thématiques, notamment dans le projet tripartite de l’Union africaine, l’UE et l’ONU sur le « Cadre de conformité aux droits de l’homme » pour les opérations de maintien de la paix.
Dans les Balkans occidentaux, l’UE joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre des mandats du Conseil de sécurité dans le cadre de l’opération l’EUFOR Althea, à laquelle la Suisse contribue, a poursuivi Mme Baeriswyl. De façon transversale, l’UE est un partenaire important concernant la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les différents contextes à l’ordre du jour de ce Conseil.
Par ailleurs, la Suisse, tout comme l’UE, accorde une attention particulière à la protection des civils ainsi qu’au respect du droit international humanitaire, a constaté la représentante. La Suisse se mobilise notamment pour la protection des enfants dans les conflits armés, ainsi que des personnes hors de combat comme les blessés et les malades, que cela soit en Ukraine, en Syrie ou ailleurs. Si nous soutenons la justice pour toutes les victimes et nous nous engageons dans la lutte contre l’impunité, c’est parce que nous savons qu’il ne peut y avoir de paix durable sans reddition de comptes, a insisté la représentante. Les différends peuvent et doivent être résolus de manière pacifique, le dialogue et le respect sont les meilleurs moyens pour y parvenir; la diversité est un moteur de paix et de prospérité, a-t-elle conclu.
Mme SHINO MITSUKO (Japon) a reconnu le leadership de l’Union européenne, citant en exemple l’initiative européenne Global Gateway pour créer des connexions durables et fiables en vue de relever les défis mondiaux les plus urgents. Le Japon est désireux de travailler avec l’UE pour promouvoir la connectivité internationale ainsi que la coopération verte et numérique.
La représentante a fait valoir que le Japon avait mené avec l’UE plus de 25 exercices conjoints de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden. Le Japon et l’UE sont des partenaires stratégiques mondiaux qui partagent les valeurs fondamentales de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme, a-t-elle poursuivi, ajoutant que, dans un contexte international tumultueux, l’UE joue un rôle indispensable en apportant un soutien solide et fort à l’Ukraine et aux autres partenaires régionaux.
M. DAI BING (Chine) a estimé que la coopération avec les organisations régionales est importante et qu’elle doit se faire sur la base des buts et principes de la Charte des Nations Unies. Il a souhaité que l’UE pratique un véritable multilatéralisme, conformément au principe de non-ingérence notamment. La Chine s’attend à ce que l’UE respecte l’objectif de créer un environnement stable, soulignant que personne ne peut faire cavalier seul en matière de sécurité. Dans cet objectif, le représentant a invité l’UE à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes de chacun. En outre, il a souhaité que l’UE mobilise des ressources et fournisse un appui financier et technique aux pays en développement afin de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.
S’agissant de la crise en Ukraine, le représentant a constaté qu’elle représente un défi considérable de sécurité pour le continent et au-delà, et que son règlement passe par une architecture de sécurité collective plus juste. Il a appelé au dialogue avec la Russie en affirmant que la Chine est du côté de la paix et s’apprête à publier un plan de paix pour la crise en Ukraine. En attendant, le représentant a dit espérer que l’UE pourra continuer à prêter assistance aux réfugiés ukrainiens et ainsi atténuer les effets de la crise.
En ce qui concerne l’Afrique, la Chine encourage l’Union européenne à appuyer la création de mécanismes de sécurité collectifs de l’Union africaine et à adhérer au principe des « solutions africaines aux conflits africains » de l’UA. Pour sa part, la Chine souhaite approfondir sa coopération avec l’UE et les Nations Unies et à pratiquer un véritable multilatéralisme.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé qu’il avait dit l’année dernière que les efforts de Bruxelles avaient brisé le « fond » des relations Union européenne-Russie. Lorsque les historiens décriront les années 2022-2023, les mots les plus fréquents dans la section consacrée à l’UE seront probablement: « dégradation, impuissance, myopie et russophobie » a-t-il prédit, avant de dénoncer les diplomates européens pour qui la paix se réduit à fournir des armes en zone de conflit, financées grâce aux fonds européens pour la paix.
Le représentant a pointé du doigt la russophobie en Europe qui, a-t-il affirmé, ne se limite pas à la volonté d’infliger la défaite à la Russie sur le champ de bataille en Ukraine mais va bien plus loin et profite aux « russophobes les plus primitifs, les plus hommes des cavernes parmi les Polonais et les Baltes ». Les capitales européennes veulent annuler la Russie de la culture, de l’art et du sport y compris dans les institutions européennes, a-t-il accusé, avant d’avertir que cette image que donne les Européens « nous donne envie de fermer la porte plus fermement, ou peut-être même de la fermer hermétiquement, jusqu’à ce que cet obscurantisme et ce pacte russophobe prennent fin ».
Pour le représentant, c’est la Russie qui, à la veille de la crise ukrainienne, avait proposé à l’Occident de signer un accord sur des garanties mutuelles de sécurité proposant une sécurité globale et indivisible en euro-atlantique. Toutes ces propositions ont été rejetées avec arrogance. M. Nebenzia a ensuite dénoncé l’accord d’association UE-Ukraine, qui a été selon lui l’élément déclencheur du « coup d’État de Maïdan de 2014 », détonateur de la crise ukrainienne qui a atteint aujourd’hui « »sa phase finale ». Après la Géorgie, l’Ukraine a été choisie comme pion dans un affrontement géopolitique avec notre pays, a affirmé le représentant, pour qui l’UE est devenue un pion dénué de volonté aux mains d’un autre bloc militaire. Dans la déclaration conjointe de coopération entre l’UE et l’OTAN signée le 10 février, l’UE confirme sa subordination aux objectifs de l’OTAN notamment en matière de politiques de défense, a-t-il accusé, voyant dans cette déclaration conjointe « rien d’autre qu’un nouvel éloge de la philosophie de suprématie occidentale ».
Après avoir souligné que la puissance économique de l’Europe et son épanouissement se fondaient sur l’approvisionnement en énergie russe bon marché, le représentant a ajouté que, dès leur interruption, l’Europe est devenue un colosse au pied d’argile dont les industries énergivores se sont tournées vers l’océan pour le plus grand plaisir du grand frère américain qui ne souhaite que l’élimination de son concurrent européen.
Cette impuissance dans le domaine économique et cette servilité face aux États-Unis sont inédites dans l’histoire européenne, a estimé M. Nebenzia, qui s’est demandé « comment peut-on parler d’un rôle indépendant pour l’Union européenne et l’Europe dans ces conditions? » Pour lui en effet, l’Europe n’a plus la moindre chance d’être un des pôles du monde multipolaire. L’EU n’a même pas tenu parole sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de démocratie et des droits humains en acceptant les pays baltes, leur russophobie et leurs relations d’apartheid vis-à-vis de leurs populations russophones, a encore accusé le représentant.
M. Nebenzia a également rappelé que le « dernier et unique » document du Conseil de sécurité sur la coopération avec l’Union européenne ces dernières années était la déclaration présidentielle du Conseil du 14 février 2014, dans un contexte « complètement différent des relations avec l’UE ». Ce texte, qui se félicitait de l’aide de l’UE pour stabiliser plusieurs régions du monde, notamment les Balkans occidentaux, le Mali, la République centrafricaine, l’Afghanistan et la Syrie ressemble, neuf ans plus tard, à « une blague cruelle », a-t-il estimé. Il a estimé que, « par une coïncidence étrange et presque mystique », la date de ce texte avait « séparé la vieille Europe de la nouvelle » dans la mesure où, une semaine plus tard, les représentants de l’UE participaient « directement » au « coup d’État armé anticonstitutionnel » de Maidan, mettant ainsi en place, « à l’instigation des Américains », une confrontation difficile avec la Russie. Il y a vu « le point de départ de la dégradation de l’UE, de sa dévalorisation en un outil obéissant des Américains ». En l’absence d’indépendance de l’UE, le représentant s’est donc dit contraint d’être « sceptique à l’égard de tous les projets impliquant l’UE et la plateforme de l’ONU » et a invité tous les pays en développement à « réfléchir sérieusement à cette réévaluation ».
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a dit considérer le dialogue entre les Nations Unies et l’Union européenne comme une plateforme qui apporte une valeur ajoutée à nos efforts concertés en faveur de la paix et de la sécurité. À ce titre, le Mozambique se félicite du soutien de l’UE aux programmes de prévention et de résolution des conflits menés par les Africains.
Le représentant a noté en particulier la contribution apportée depuis 2004 par l’UE aux efforts de prévention des conflits de l’Union africaine par le biais de la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique (FPA), fonds géré en partenariat avec la Commission de l’Union africaine, qui a permis de financer les opérations de soutien à la paix menées par l’Afrique, le renforcement des capacités des institutions de l’UA et les initiatives de prévention des conflits menées par cette dernière. Il a rappelé que le partenariat UE-Afrique en matière de paix, sécurité et gouvernance est un pilier thématique des relations entre les deux continents depuis la Convention de Lomé IV de 1989. Il y a vu « l’un des éléments les plus efficaces de la relation UE-Afrique au sens large ».
M. Afonso a noté que la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique permet depuis 2021 à l’UE d’acheminer directement l’aide aux organisations régionales du continent africain comme la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le Mozambique est membre, ce qui a facilité la flexibilité et la réactivité du continent, et conduit à de meilleurs résultats, ce dont le représentant s’est réjoui. Il a estimé que le partenariat UE-Afrique devait être ancré dans le principe de l’Union africaine selon lequel « les problèmes africains exigent d’abord des solutions africaines ». Cet axiome, a-t-il précisé, ne signifie pas l’exclusion de la communauté internationale de l’engagement dans les problèmes africains mais que l’intérêt et la responsabilité premiers de la résolution des problèmes africains incombent principalement à l’Afrique elle-même. Il s’est félicité en ce sens des résultats du sixième sommet Union européenne-Union africaine des 17 et 18 février 2022, ainsi que du soutien de l’Union européenne à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à l’Architecture africaine de paix et de sécurité, à l’Architecture africaine de gouvernance et au programme « Faire taire les armes ».
Le représentant a estimé que l’Afrique australe et la SADC sont « en pleine convergence » avec l’UE dans plusieurs programmes relatifs à la paix et à la sécurité dans la région. Il a souhaité que ce soutien soit encore accru, citant plusieurs domaines, dont la lutte contre le terrorisme. Sur ce dernier aspect, il s’est dit encouragé par le soutien de l’UE aux initiatives de la SADC visant à rendre opérationnel son centre régional de lutte contre le terrorisme lancé en février 2022. Il a également félicité l’UE pour son soutien à une mission de formation à la lutte contre le terrorisme dédiée à la situation à Cabo Delgado et a, là aussi, souhaité un renforcement du programme.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a salué la dynamique positive d’action qui existe entre les Nations Unies et l’Union européenne, y voyant un « partenariat de référence », notamment dans les contextes du maintien de la paix, de la consolidation de la paix, de la défense des droits humains et de la prévention des conflits. Il est revenu sur l’action de l’UE dans la Corne de l’Afrique, mais aussi dans les Balkans et en Ukraine, en souhaitant une plus grande interopérabilité entre les deux organisations, afin de faciliter la convergence d’action et l’alignement des actions de l’UE sur les priorités de l’ONU. Dans un tel partenariat, la question du partage des prérogatives globales dans la gestion des crises est essentielle, a-t-il souligné.
S’agissant de l’Afrique, le représentant a mis en exergue les questions de lutte contre le terrorisme et la piraterie en tant que terrains privilégiés de coopération entre l’UE et les Nations Unies, mais également l’Union africaine. Il a plaidé pour une coopération trilatérale entre ces trois organisations en vue d’accroître leur coordination sur les préoccupations transversales en matière de paix et de sécurité. Le représentant a également appelé à renforcer la coopération entre l’UE et l’ONU, en insistant sur la nécessité de renforcer la présence des femmes et des jeunes dans les mécanismes de prévention des conflits et sur une communication plus transparente et soutenue.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé le droit à la légitime défense de l’Ukraine après l’invasion à grande échelle par la Russie, qui représente la plus grande menace à la sécurité depuis des décennies. Elle a ensuite cité le Président Joe Biden, qui a affirmé lors de sa visite à Kiev cette semaine, que la Russie avait fortement sous-estimé la capacité de résistance de l’Ukraine et pensé pouvoir diviser la communauté internationale. La Russie a eu tort, affirmé la représentante: la communauté internationale reste aux côtés de l’Ukraine et le restera aussi longtemps que nécessaire. Les aspirations à la liberté et à la justice ne doivent pas rester lettre morte. Nous voulons vivre dans un monde plus juste et, depuis le lancement de la guerre d’agression, les pays européens ont renforcé leur capacité à se défendre et on a accueilli des millions de réfugiés, a-t-elle assuré.
Les États-Unis, l’UE et les ONG travaillent de concert avec l’ONU pour atténuer les effets humanitaires de cette guerre non seulement en Ukraine mais également dans le monde entier, a déclaré la représentante. L’Espagne, l’Union africaine, l’UE et l’ONU ont organisé au Siège un sommet en vue d’agir urgemment et à grande échelle pour répondre à la crise alimentaire mondiale. Les États-Unis et l’Union européenne figurent parmi les principaux bailleurs de fonds des organisations humanitaires et alimentaires, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM). La coopération entre l’ONU et l’UE est ambitieuse, comme en Haïti, en Bosnie, entre la Serbie et le Kosovo et en Afghanistan, a énuméré Mme Thomas-Greenfield. Selon elle, en Afrique, la coopération entre l’UE et l’ONU jouera un rôle essentiel concernant l’appui aux opérations de paix qui aidera à renforcer la capacité de l’Union africaine à faire en sorte que les opérations de paix puissent être planifiées et restent conformes aux droits humains et au droit international humanitaire.
Par ailleurs, l’UE contribue à améliorer la sécurité maritime et au respect de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a encore constaté la représentante. Elle a, enfin, salué l’appui financier de l’UE en faveur de l’équipe d’enquête des Nations Unies s’agissant de l’application du principe de responsabilité dans les crimes commis par Daech puis de la capacité à collecter les preuves et engager des poursuites à la suite des atrocités commises par l’organisation terroriste. L’Union européenne est un partenaire majeur de l’ONU et du Conseil de sécurité et le monde est plus pacifique, plus prospère et plus sûr grâce à ce partenariat, a-t-elle conclu.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a indiqué que son pays, comme l’Union européenne, s’engage à défendre les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et du droit international. C’est la raison pour laquelle il a condamné l’agression militaire contre l’Ukraine, réitérant son rejet de toute tentative d’annexion de territoires par la force. Le représentant a reconnu le rôle de soutien et de facilitation joué par la délégation de l’UE à New York dans le cadre du processus de consultations et de négociations des résolutions adoptées lors de la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale. Il a salué les efforts de l’UE dans la gestion et le traitement d’autres conflits en Europe, notamment dans les Balkans occidentaux.
Le représentant a également souligné l’ampleur de la coopération entre l’UE et l’ONU au-delà de l’Europe, citant le soutien apporté à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali et à la Force conjointe du G5 Sahel. Les deux organisations ont des capacités complémentaires qui, lorsqu’elles sont bien coordonnées, contribuent au renforcement du multilatéralisme, a-t-il affirmé.
M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a estimé que la complexité des crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui exerce une pression énorme sur les structures de gouvernance mondiale. Il est grand temps de réformer l’ONU, a-t-il insisté, pour offrir des réponses efficaces et plus légitimes aux multiples défis posés à la paix et à la sécurité et aux demandes du monde en développement. À ce sujet, le Brésil est d’avis que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, conformément aux dispositions du Chapitre VIII du Charte des Nations Unies, est l’un des moyens de renforcer le multilatéralisme.
Le représentant a reconnu le rôle important que joue l’Union européenne dans les questions de sécurité, notamment par ses contributions à l’opération de paix en Bosnie-Herzégovine et son engagement dans les efforts de paix dans d’autres régions, ou encore par son soutien à la viabilité de l’Autorité palestinienne. Le Brésil encourage l’UE à redoubler d’efforts dans la recherche d’une solution négociée au conflit en Ukraine et son représentant a estimé que l’UE peut contribuer à traiter de manière adéquate les causes profondes de ce conflit, comme elle l’a fait par le passé, et à empêcher la normalisation de la violence.
Le représentant a également appelé à réfléchir aux conséquences imprévues des sanctions unilatérales, en rappelant que l’expérience avait démontré que, dans la plupart des cas, les sanctions ont un effet limité sur les acteurs qu’elles visent tout en portant invariablement préjudice aux populations civiles, y compris dans des pays tiers. Une coopération étroite et transparente entre les Nations Unies et l’UE continue d’être très bénéfique pour le système multilatéral, a conclu le représentant, qui a appelé à la renforcer encore par un dialogue avec les autres États Membres.
Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a affirmé que l’Union européenne est à l’avant-garde de la défense de la Charte des Nations Unies, comme l’illustre son engagement face à la guerre d’agression menée depuis un an par la Russie sur le sol européen. Ses États Membres déploient collectivement plus de 5 000 personnels au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU et leurs contributions financent près d’un quart du budget total du maintien de la paix de l’ONU. Ainsi, en Afrique, une nouvelle mission de partenariat militaire au Niger vient d’être lancée, s’est félicitée la représentante.
Parallèlement, en Syrie et en Turquie, l’UE et ses États membres apportent, en synergie avec l’ONU, une aide d’urgence aux populations victimes des récents séismes, des efforts qui viennent s’ajouter aux 27 milliards d’euros d’aide humanitaire apportés depuis 2011 aux Syriens les plus vulnérables en Syrie et dans la région, a fait valoir la représentante.
De plus, l’UE demeure un partenaire essentiel de l’ONU pour répondre aux défis du multilatéralisme de demain, a fait valoir la représentante. L’UE le fait en accompagnant la réforme des Nations Unies. La représentante a rappelé à cet égard l’initiative d’encadrement du recours au veto en cas d’atrocité de masse, soutenue par 106 pays. Elle le fait aussi en assurant le financement plein et entier de l’ONU, les États membres de l’UE étant ensemble les premiers contributeurs au budget régulier, dont ils financent presque un quart. Elle apporte également sa contribution aux priorités du Secrétaire général des Nations Unies pour affronter les grands défis d’aujourd’hui et de demain, en faveur de la paix, du développement durable et inclusif et de la lutte contre les effets des changements climatiques.
à suivre...