En cours au Siège de l'ONU

9253e séance – matin
CS/15189

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour l’Iraq exhorte la classe politique à saisir la fenêtre d’opportunité pour sortir le pays de l’instabilité

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq a espéré, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que la confirmation du nouveau Gouvernement iraquien permettra de résoudre de manière structurelle les nombreux problèmes auxquels le pays est confronté, tout en insistant sur l’urgence pour la classe politique iraquienne de saisir la fenêtre d’opportunité qui lui est offerte, et sortir enfin le pays des cycles récurrents d’instabilité et de fragilité. 

Mme Jeannine Hennis-Plasschaert, appuyée par de nombreux membres du Conseil, a mis l’accent sur la nécessité pour le nouvel exécutif iraquien de mener à bien la réforme institutionnelle et socioéconomique.  Elle a également exhorté les partis politiques et les autres acteurs à prioriser l’intérêt du pays, insistant en outre sur l’importance de gérer les attentes du public.  « Les promesses excessives et les manquements peuvent avoir des conséquences désastreuses », a-t-elle prévenu, appelant en outre le Gouvernement à faire preuve d’un véritable engagement en faveur des droits humains.  « Museler les critiques constructives ne contribue qu’à ternir l’image de l’État et éroder la confiance du public », a-t-elle dit. 

La Cheffe de la MANUI a également souligné que la corruption généralisée est un problème majeur en Iraq, exhortant à ne donner aucun répit à ceux qui volent les ressources de l’État pour des intérêts privés ou autres.  Elle a aussi appelé à l’adoption du budget fédéral le plus rapidement possible, tout comme les Émirats arabes unis y voyant la clef de l’accélération des progrès économiques. 

Pour ce qui est des relations entre le nouvel exécutif et la Région du Kurdistan, la Représentante spéciale, ainsi que de nombreux membres du Conseil, a pris note les mesures prises pour résoudre les problèmes en suspens, notamment en adoptant une loi sur le pétrole et le gaz dans les six mois.  Mme Hennis-Plasschaert a toutefois regretté que malgré cette « dynamique positive », un dialogue structuré, qui demeure d’une grande importance pour institutionnaliser les relations, reste absent, et que ces consultations n’ont toujours pas débouché sur des accords concrets, y compris sur la question urgente du budget fédéral pour 2023. 

De son côté, le représentant de l’Iraq, qui a réitéré le ferme engagement de son pays à lutter contre le terrorisme, a dénoncé l’agression répétée du territoire iraquien par la Türkiye et l’Iran sous prétexte d’autodéfense et de l’obligation constitutionnelle de l’Iraq d’éviter toute menace depuis son territoire à l’encontre des États voisins.  « Les problèmes internes de chaque État doivent être réglés à l’intérieur de leurs frontières et non pas à l’extérieur », a insisté le délégué, tandis que la Fédération de Russie a jugé intolérable que l’Iraq soit transformé en un théâtre d’affrontements pour des règlements de comptes géopolitiques. 

Malte a appelé tous les États, en particulier les pays voisins, à respecter et à soutenir la souveraineté, l’intégrité territoriale et le processus politique démocratique de l’Iraq.  La délégation a également salué les efforts diplomatiques de Bagdad pour faire progresser la stabilité, notamment grâce à la facilitation du dialogue avec les partenaires régionaux. 

Les membres du Conseil de sécurité ont également été informés par un représentant de l’Iraqi Health and Social Care Organization (IHSCO) que l’Iraq est l’un des pays les plus minés au monde.  M. Ahmed a aussi prévenu qu’en raison de la lenteur des efforts de déminage, l’Iraq ne serait pas en mesure de s’acquitter de ses obligations en vertu de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et d’atteindre l’objectif fixé pour 2028.  La Représentante spéciale a appelé la communauté internationale à soutenir les financements des efforts de déminage. 

Le Royaume-Uni, la Suisse, l’Albanie et le Japon, entre autres, ont par ailleurs averti des risques que représentent les changements climatiques pour l’Iraq appelant à des mesures urgentes et efficaces afin d’éviter les coûts humains considérables et un effet néfaste sur les droits humains, la sécurité, la viabilité économique et la stabilité politique du pays. 

Enfin, la victoire de l’équipe iraquienne de football lors de la dernière Coupe du Golfe a été saluée à plusieurs reprises au cours de cette séance.  « C’est un beau témoignage du retour à la normale du pays et de son potentiel à rallier non seulement la nation mais aussi les partenaires régionaux autour d’un objectif commun et positif », a estimé Mme Hennis-Plasschaert.

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ (S/2023/51, S/2023/58)

Déclarations

Mme JEANINE HENNIS-PLASSCHAERT, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq, après avoir rappelé la création, il y a près de 20 ans, de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) dont elle est la Cheffe, a déclaré que l’année 2023 sera une année du souvenir pour l’Iraq.  Elle a indiqué que des décennies de troubles continuent de se faire ressentir sur le présent et a exhorté les partis politiques et les autres acteurs à prioriser l’intérêt du pays, insistant en outre sur l’importance de gérer les attentes du public.  Les promesses excessives et les manquements peuvent avoir des conséquences désastreuses, a-t-elle affirmé.

Elle a salué la confirmation par le Conseil des représentants du nouveau Président et du nouveau Gouvernement de 23 membres dont trois femmes, tout en appelant à augmenter le nombre de femmes dans les postes importants.  Elle a souligné que la corruption généralisée est un problème majeur en Iraq et s’est félicitée des mesures prises par le Gouvernement, notamment en ce qui concerne le recouvrement des fonds volés et les enquêtes sur les allégations de corruption.  Il ne faut donner aucun répit à ceux qui volent les ressources de l’État pour des intérêts privés ou autres, a-t-elle insisté. 

La Représentante spéciale a également salué les mesures prises pour améliorer la livraison des services publics, tout en appelant à une réforme socioéconomique systémique et au renforcement des institutions et de la gouvernance à tous les niveaux. 

De même, elle s’est inquiétée de l’augmentation du taux de change sur le marché parallèle, avant d’appeler à l’adoption du budget fédéral le plus rapidement possible.  Elle a également mis en garde contre le gonflement de la fonction publique pour s’attaquer aux niveaux élevés de chômage et a appelé l’Iraq à diversifier son économie pour compenser la dépendance au pétrole. 

La Cheffe de la MANUI a aussi affirmé que museler les critiques constructives ne contribue qu’à ternir l’image de l’État et éroder la confiance du public, alors que le discours public permet aux institutions de s’épanouir et de s’adapter.  Un véritable engagement en faveur des droits humains est donc essentiel pour l’Iraq, a-t-elle dit. 

Passant aux relations entre Bagdad et Erbil, Mme Hennis-Plasschaert a indiqué que des mesures initiales ont été prises pour résoudre les problèmes en suspens, notamment en adoptant une loi sur le pétrole et le gaz dans les six mois.  La dynamique est positive, mais un dialogue structuré, qui demeure d’une grande importance pour institutionaliser les relations, reste absent.  Et ces consultations n’ont toujours pas débouchés sur des accords concrets, y compris sur la question urgente du budget fédéral pour 2023.  Elle a espéré que la récente décision de la Cour suprême fédérale n’entravera pas les négociations en cours sur le budget fédéral.  Pour ce qui est de la Région du Kurdistan, elle s’est inquiétée de la persistance des divisions parmi les partis au pouvoir et a insisté sur la nécessité de parvenir à des compromis rapides sur les désaccords budgétaires, administratifs, sécuritaires et électoraux de toute urgence. 

La Représentante spéciale a ensuite indiqué que l’Iraq continue d’être confronté à des violations répétées de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.  Le pays demeure également l’un des plus contaminés par les engins explosifs au monde, a-t-elle ajouté, alertant du manque de financement pour les efforts de déminage et appelant la communauté internationale à poursuivre son soutien.  Sur la question des ressortissants koweïtiens et de pays tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus y compris les archives nationales, elle a salué les mesures prises par le Gouvernement iraquien pour présenter davantage de témoins. 

Elle a terminé en exprimant son sentiment d’espoir et d’urgence.  L’espoir est que la confirmation du nouveau Gouvernement iraquien fournira l’occasion de résoudre de manière structurelle les nombreux problèmes urgents auxquels le pays et son peuple sont confrontés.  L’urgence est pour la classe politique iraquienne de saisir la fenêtre d’opportunité qui lui est offerte, et de sortir enfin le pays des cycles récurrents d’instabilité et de fragilité.  Elle a ensuite félicité l’équipe nationale iraquienne de football pour sa récente victoire en Coupe du Golfe.  C’est un beau témoignage du retour à la normale du pays et de son potentiel à rallier non seulement la nation mais aussi les partenaires régionaux autour d’un objectif commun et positif, a-t-elle déclaré.

Le docteur AHMED, Iraqi Health and Social Care Organization (IHSCO), a indiqué que l’Iraq est l’un des pays les plus minés au monde en raison des conflits successifs qui s’y sont déroulés.  Ces mines continuent de tuer, les dernières victimes étant quatre enfants qui jouaient le 16 décembre dernier à Ninive, a-t-il dit.  Trois sont morts et le quatrième a été blessé.  Il a rappelé que le pays compte 1,2 million de personnes déplacées et que 13% d’entre elles indiquent qu’elles ne peuvent regagner leurs foyers en raison des mines. 

S’il a salué les efforts accomplis pour remédier à ce défi, il a noté que la rééducation physique des victimes et l’assistance à leur famille sont souvent oubliées dans les programmes de lutte contre les mines en Iraq.  Il a en outre signalé que l’Iraq ne devrait pas être en mesure de s’acquitter de ses obligations en vertu de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et d’atteindre l’objectif fixé pour 2028.  « Le rythme de déminage est trop lent. »  Il a précisé que le processus d’accréditation des organisations de déminage est trop complexe, tandis que les autorisations gouvernementales d’accès sur site ne sont valides que pour 30 jours. 

Il a aussi déploré la baisse des dons internationaux, en raison notamment de l’émergence d’autres foyers de crise dans le monde.  Il est également vrai que l’Iraq est un pays à revenu intermédiaire et que l’augmentation du prix du pétrole lui assure des recettes sans précédent, a-t-il ajouté, avant d’évoquer la corruption et le taux élevé de corruption.  Il a déclaré que les acteurs de la lutte contre les mines ont souffert de cette baisse des dons, avant d’insister sur l’importance du rôle des acteurs locaux de déminage. 

Le représentant de la société civile a ensuite appelé le Gouvernement iraquien à financer les efforts de déminage d’une manière transparente, en donnant la priorité aux ONG.  Les dons s’orientent généralement vers les agences internationales, les organisations de la société civile iraquiens ne recevant que la portion congrue.  Il a donc encouragé les donateurs à « briser ce tabou » et à engager et financer directement les ONG locales. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a salué la formation du nouveau Gouvernement iraquien en octobre, avant de l’encourager à agir « parce que la population iraquienne mérite des chances économiques et des opportunités ».  Il l’a également appelé à lutter contre la corruption, à offrir plus de services publics et à encourager la création d’emplois et la participation des femmes au marché du travail.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, ont hâte de travailler avec le Gouvernement fédéral pour travailler sur des questions comme la lutte contre les changements climatiques, les énergies renouvelables et la gestion de l’eau ou encore la réduction des explosions liées au gaz.  En outre, le nouveau Gouvernement doit répondre à l’appel de sa population en matière de respect des droits humains, notamment en demandant des comptes aux responsables de la répression brutale des manifestations d’octobre 2019. 

Passant à la question des personnes déplacées, le délégué a insisté sur la coopération entre la MANUI et le Gouvernement et sur l’importance de fournir des documents juridiques officiels aux familles et orphelins afin de permettre leur réinsertion dans la société iraquienne, y compris la communauté yézidie.  En outre, le représentant a encouragé tous les États Membres à rapatrier, réinsérer et traduire en justice les combattants étrangers.  Il a imputé la baisse des attaques de Daech aux efforts des forces de sécurité nationales et a assuré que les États-Unis restent déterminés à lutter contre ce groupe aux côtés du Gouvernement iraquien.  Avant de conclure, le représentant a félicité l’Iraq d’avoir gagné la Coupe du Golfe en football.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné l’importance de s’appuyer sur la dynamique créée par la formation du Gouvernement qui, a-t-il espéré, devrait permettre à l’Iraq de relever ses défis et de renforcer la sécurité et la stabilité.  Il a encouragé le Gouvernement à promouvoir l’état de droit et accélérer le développement et les progrès économiques, à commencer par l’adoption du budget fédéral.  Notant que trois femmes seulement sont ministres, le délégué a demandé des efforts pour l’émancipation de toutes les femmes sur le plan économique.  Alors que l’Iraq a récemment marqué le cinquième anniversaire de la victoire sur Daech, le représentant a appelé le pays à ne pas perdre de vue les menaces continues causées par ce groupe terroriste contre sa sécurité et sa stabilité.  Il a également condamné les ingérences dans les affaires internes de l’Iraq et a appelé la communauté internationale à rejeter ces violations du droit international qui représentent en outre une menace pour la stabilité de la région.  Le représentant a ensuite salué la victoire de l’Iraq à la Coupe du Golfe et l’accueil chaleureux réservé aux visiteurs arabes au cours de cet événement, y voyant le témoignage du souhait de l’Iraq de bâtir des ponts avec ses voisins arabes. 

En ce qui concerne les nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et les biens koweïtiens disparus, notamment les archives nationales, le délégué a espéré que des progrès seront consentis sur cette question au cours de la période à venir. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), au nom des A3 (Ghana, Gabon et Mozambique), a qualifié d’encourageante la situation politique en Iraq, saluant notamment la formation d’un nouveau gouvernement et le vote de confiance du Parlement.  Il a invité le Gouvernement à lutter contre la corruption, à renforcer les services publics, à remédier au chômage et à dialoguer avec Erbil.  Il a dénoncé les attaques asymétriques que Daech et les autres groupes terroristes continuent de perpétrer et a apporté son soutien à l’action des forces de sécurité iraquiennes contre Daech.  Le délégué a ensuite salué l’accent mis par le Gouvernement iraquien sur le développement de relations avec les pays voisins, ainsi que son intention de renforcer le rôle de l’Iraq au sein des organisations arabes, régionales et internationales. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a apporté le soutien de son pays aux activités de la MANUI et aux mesures prises par la Représentante spéciale pour faciliter un dialogue inclusif en Iraq.  Il s’est inquiété de la poursuite des attaques perpétrées par Daech, pour ensuite se féliciter de la fin de l’impasse politique en Iraq, suite aux élections parlementaires, et à celle du Président Abdullatif Jamal Rashid et du Premier Ministre Mohammed Shia al-Sudani.  Des élections libres et le retour à la démocratie ont un impact positif sur la construction des institutions et la stabilisation, a-t-il noté.  Le représentant a aussi salué les mesures prises pour surmonter la crise politique; renforcer l’autorité de l’État; démanteler des menaces à la sécurité; et réorganiser les institutions et l’état de droit.  Il a cependant appelé à investir plus de ressources dans la lutte contre la radicalisation et le terrorisme; l’identification de mécanismes permettant d’inverser la désertification et la raréfaction des sources d’eau; et l’amélioration de l’accès aux services de santé, à l’éducation, à la justice et à la protection des droits humains.  Le représentant a salué la mise en place de conditions favorisant la participation des femmes à la vie politique démocratique en Iraq, et a souhaité voir des mesures de lutte contre la violence domestique. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a rappelé que l’Iraq reste confronté à des problèmes politiques et sécuritaires, y compris la menace terroriste de Daech.  Elle a appelé l’ensemble des forces politiques iraquiennes à régler leurs différends par le biais de négociations dans l’intérêt de tous, tout en affirmant qu’on ne peut régler les problèmes accumulés au fil des ans du jour au lendemain.  L’aide internationale reste nécessaire, a-t-elle insisté.  Prenant note du programme du nouveau Gouvernement, la déléguée a salué le fait que l’exécutif iraquien compte réformer le système financier afin de lutter contre le chômage et d’aider les groupes vulnérables, entre autres. 

Face aux difficultés pour les dirigeants iraquiens de prendre en compte les avis de tous les représentants du paysage politique, social et confessionnel du pays, la représentante a souligné que seul un dialogue inclusif permettra de surmonter les différends.  Elle a salué la poursuite du dialogue entre le Gouvernement fédéral et la Région du Kurdistan pour régler les désaccords notamment pétroliers et gaziers.  Malgré les progrès dans la lutte contre le terrorisme, la situation sécuritaire demeure précaire notamment en raison de la recrudescence des cellules terroristes, a-t-elle constaté, appelant à une coordination des efforts de lutte contre le terrorisme dans le respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Iraq.  Il est intolérable de transformer l’Iraq en un théâtre d’affrontements pour des règlements de comptes géopolitiques, a-t-elle affirmé. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a estimé que le retour et la réintégration de près de 1,2 million d’Iraquiens et Iraquiennes déplacés sont essentiels pour la stabilité et la cohésion sociale.  Elle a encouragé l’Iraq à poursuivre ses efforts pour trouver des solutions durables dans un climat de sécurité et de manière volontaire et digne.  Préoccupée par les conditions de sécurité en Iraq, elle a condamné toutes les violations de la souveraineté iraquienne et appelé au respect de celle-ci et de l’intégrité territoriale du pays.  Inquiète également des plus de 110 attaques recensées entre octobre et décembre dernier, attribuées à Daech, elle a rappelé que les mesures de lutte contre le terrorisme doivent être menées dans le plein respect du droit international.  Enfin, la déléguée a rappelé que les changements climatiques sont un facteur déstabilisant en Iraq, avec notamment une raréfaction de l’eau.  Elle s’est félicitée de la volonté de l’Iraq d’œuvrer avec ses voisins à une gestion commune des ressources en eau transfrontalières. 

M. DAI BING (Chine) a salué la formation du nouveau Gouvernement iraquien en octobre dernier, en l’assurant du soutien de la Chine pour trouver un cheminement indépendant qui corresponde à l’intérêt national.  Préoccupé par la persistance des attaques terroristes en Iraq, il a appelé la communauté internationale à soutenir le pays dans sa lutte contre le terrorisme en vue de renforcer les acquis dans ce domaine.  Il a soutenu les efforts continus de l’Iraq pour assurer le retour des ressortissants iraquiens du camp de Hol, ainsi que l’identification des combattants étrangers et leur rapatriement.  Il a également appelé « le pays qui a lancé la guerre il y a 20 ans » à fournir son assistance aux efforts de déminage en Iraq.  Notant que la paix en Iraq est liée à un contexte régional stable, il a appelé à régler les problèmes de sécurité en coopération avec le Gouvernement iraquien.  La communauté internationale doit soutenir le développement socioéconomique et la reconstruction de ses infrastructures l’Iraq, a ajouté le délégué.  S’agissant de la MANUI, qui fête son vingtième anniversaire, le représentant a estimé que c’est le moment de solliciter l’avis du pays hôte sur la Mission. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a salué la formation du nouveau Gouvernement iraquien et l’accent placé par le Premier Ministre sur la fourniture de services.  Il a indiqué que le Royaume-Uni continuera de soutenir l’Iraq pour affronter les défis de sécurité, renforcer la stabilité économique et appuyer la transition énergétique.  Il a encouragé le Gouvernement à stimuler les investissements avant d’insister sur l’importance de promouvoir les droits humains et la responsabilisation.  Le délégué a salué les efforts déployés pour la renforcer la stabilité régionale via des relations bilatérales y compris sur des questions cruciales comme la sécurité, l’eau et les effets néfastes des changements climatiques.  Il a félicité la MANUI pour ses efforts afin de soutenir le Gouvernement et ses partenaires régionaux: c’est essentiel pour renforcer la stabilité et la sécurité de l’Iraq et de la région.  Le représentant s’est également réjoui des contacts en cours entre Bagdad et Erbil pour régler les différends notamment sur la loi sur les hydrocarbures et le budget.  Il a dit être encouragé par le dialogue entre les partis politiques kurdes et a souligné l’importance d’adopter une loi facilitant des élections dans la Région du Kurdistan cette année. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a condamné toutes les violations de la souveraineté iraquienne, soulignant que l’Iraq n’est pas un espace de règlement de comptes entre puissances régionales.  Elle a appelé les acteurs concernés à cesser toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Iraq, avant d’inviter l’Iraq à continuer à jouer un rôle positif au plan régional, saluant sa diplomatie régionale équilibrée qui permet à des pays clefs de la région de renouer le dialogue.  La représentante a aussi souligné l’importance de la coopération entre l’Iraq et le Koweït sur le dossier des Koweïtiens et des ressortissants d’États tiers disparus.  Les appels à témoins et le recours à l’imagerie satellite sont des outils précieux au service de l’identification des disparus, a-t-elle noté.  Enfin, la déléguée a appelé à la reprise d’un dialogue constructif entre Bagdad et Erbil, s’agissant notamment de la sécurité et du partage des revenus des ressources pétrolières. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué la formation du nouveau Gouvernement iraquien et a encouragé tous les acteurs politiques à soutenir le plan gouvernemental dans tous ses domaines.  Il s’est félicité de la présence de femmes à des postes de haut niveau au sein du nouveau Gouvernement.  Il a également salué les efforts du Gouvernement pour régler les questions en suspens dans les relations entre le Gouvernement fédéral et le Gouvernement de la Région du Kurdistan, y compris s’agissant de la gestion des recettes pétrolières.  La compréhension et la coopération mutuelles, avec une unité de devoir et d’objectif, renforceront la capacité de toutes les entités gouvernementales à défendre le droit de l’Iraq au développement d’une manière qui soit compatible avec la souveraineté permanente du peuple iraquien sur ses richesses et ressources naturelles, a-t-il dit. 

La promotion du développement économique et du bien-être de la population doit être considérée comme un instrument clef de la lutte contre le terrorisme, a poursuivi le représentant en insistant sur le fait que la menace posée par Daech ne peut être éradiquée uniquement par des sanctions et des mécanismes de responsabilité individuelle.  Il est nécessaire de s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent, a-t-il estimé, y compris l’injustice économique résultant de la pauvreté, des inégalités, des disparités de revenus et du manque d’opportunités.  En outre, la lutte contre la menace mondiale du terrorisme en Iraq exige une coopération entre les États, en particulier avec les pays voisins.  Le représentant a par ailleurs encouragé la MANUI à accélérer le transfert au Gouvernement iraquien de tous les services publics qui sont toujours assurés par des organisations humanitaires.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que la formation du Gouvernement est une avancée considérable en vue de la stabilité politique souhaitée par la population.  Il a apporté son appui au programme présenté par le Premier Ministre visant à s’attaquer à la corruption et à respecter les droits humains.  Il a aussi soutenu les réformes pour renforcer la participation des femmes se disant encouragé par la nomination de trois femmes au Gouvernement et l’encourageant à aller encore plus loin.  De même, le délégué a appelé à accélérer l’examen de la loi sur la violence domestique.  En ce qui concerne les relations entre le Gouvernement fédéral et le Gouvernement de la Région du Kurdistan, des efforts continus sont nécessaires pour créer les conditions favorables à la coopération, a-t-il estimé. 

Poursuivant, le représentant s’est inquiété des attaques continues de Daech.  À cet égard, il a salué la détermination du Premier Ministre à reprendre le contrôle sur les groupes armés et a appelé à aider le Gouvernement à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale.  Il a condamné toute atteinte visant à saper l’indépendance politique de l’Iraq qui, a-t-il ajouté, doit pouvoir compter sur la communauté internationale mais également bénéficier de la coopération de la part de ses voisins, par le dialogue et la diplomatie.  Le délégué a terminé sur la question des changements climatiques estimant que si l’on n’y réagit pas de manière efficace, les risques de pénurie d’eau entraîneraient des coûts humains considérables et un effet néfaste sur les droits humains, la sécurité, la viabilité économique et la stabilité politique du pays. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a salué la formation d’un nouveau Gouvernement iraquien et l’accent mis sur la lutte contre la corruption et la création d’emplois.  Il a appelé au plein respect de la souveraineté iraquienne et au développement de relations de bon voisinage.  Toute attaque contre l’Iraq, y compris au Kurdistan, doit cesser.  Il a salué le dialogue noué par le Gouvernement avec les pays voisins, avant de souligner l’importance de la coopération entre l’Iraq et le Koweït sur le dossier des Koweïtiens et des ressortissants d’États tiers disparus.  Enfin, le délégué a appelé à remédier d’urgence aux défis posés par les changements climatiques.  L’assistance apportée par la MANUI dans ce domaine est, à ce titre, vitale, a-t-il conclu.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a salué la formation d’un nouveau Gouvernement en Iraq et encouragé tous les acteurs et institutions politiques à travailler ensemble de manière constructive pour permettre au Gouvernement de répondre aux besoins du pays, y compris dans la mise en œuvre des réformes pertinentes.  Elle s’est félicitée du respect des quotas de genre dans la composition du nouveau Gouvernement et, sur le front politique, de l’engagement prononcé et des mesures prises par le Gouvernement fédéral et le Gouvernement de la Région du Kurdistan pour régler les problèmes en suspens.  Appelant le nouveau Gouvernement à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité persistante dans le pays, à savoir les défis politiques, économiques, sociaux et environnementaux, elle a exprimé le soutien de Malte aux réformes indispensables dans ce contexte, soulignant, en outre, que l’adoption en temps voulu d’un nouveau budget est essentielle.  Par ailleurs, elle a appelé tous les États, en particulier les pays voisins, à respecter et à soutenir la souveraineté, l’intégrité territoriale et le processus politique démocratique de l’Iraq, saluant les efforts diplomatiques de l’Iraq pour faire progresser la stabilité, notamment grâce à la facilitation du dialogue avec les partenaires régionaux. 

Sur le front humanitaire, la représentante a noté les besoins importants qui subsistent et demandé que toutes les restrictions à l’accès humanitaire soient levées.  Les civils paient le prix le plus lourd de l’instabilité en Iraq, a regretté la représentante en rappelant qu’au 31 décembre, 1,17 million d’Iraquiens étaient toujours déplacés et 990 000 personnes avaient un besoin urgent d’aide humanitaire.  Elle a appelé le Gouvernement à œuvrer pour éliminer les principaux obstacles à la fin des déplacements internes, notamment la contamination massive du territoire par les armes, et la restauration incomplète des logements et des services de base dans les zones prises à Daech.  Elle a rappelé que l’Iraq est le cinquième pays au monde le plus touché par les changements climatiques, et salué les efforts de la MANUI pour aider le pays à atténuer les effets de la crise climatique, notamment par le développement durable et l’utilisation des énergies renouvelables.  Des efforts internationaux et régionaux accrus sont nécessaires pour relever le défi de la rareté de l’eau, a-t-elle fait valoir. 

M. SARHAD SARDAR ABDULRAHMAN FATAH (Iraq) a réitéré la volonté de son gouvernement de mettre en œuvre un partenariat national axé sur l’ouverture aux différentes forces politiques, la tenue d’élections anticipées, la lutte contre la corruption financière, ainsi que le contrôle des armes.  Il a également cité la fourniture d’électricité, le renforcement des droits de la personne et l’autonomisation des femmes, le dossier des personnes déplacées et des minorités, la lutte contre la pauvreté et le chômage, la lutte contre l’inflation, la gestion de l’eau et l’amélioration de la production agricole, entre autres.  Il a également affirmé que les relations extérieures du pays sont marquées par le dialogue et le rapprochement des points de vue et fait part de la fierté de son pays d’avoir organisé et gagné la vingtième-cinquième Coupe du Golfe.

Il a indiqué que les rencontres se poursuivent entre Bagdad et Erbil sur le partage du revenu du pétrole, du gaz et des recettes douanières.  S’agissant de la question sécuritaire, l’Iraq est fermement engagé dans la lutte contre le terrorisme, a assuré le représentant qui a souligné que son pays ne doit pas être un théâtre de règlements de comptes géopolitiques sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme.  Il a dénoncé l’agression répétée du territoire iraquien par la Türkiye et l’Iran sous prétexte d’autodéfense et de l’obligation constitutionnelle de l’Iraq d’éviter toute menace depuis son territoire à l’encontre des États voisins.  Les problèmes internes de chaque État doivent être réglés à l’intérieur de leurs frontières et non pas à l’extérieur, a-t-il insisté. 

Après avoir remercié le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour son appui qui a permis le retour digne, sûr et volontaire de près de 4 millions d’individus au pays, le représentant a rappelé la décision du 27 décembre dernier garantissant le droit à la propriété des yézidis.  Le Gouvernement tient aussi à renforcer la coopération et les partenariats avec les pays voisins à travers le renforcement des infrastructures communes, l’intégration économique et les investissements réciproques.  Il a également fait état du lancement d’une vaste campagne de lutte contre la corruption financière et a appelé la communauté internationale à aider à recouvrer les avoirs iraquiens volés et à permettre l’extradition des responsables.  La situation financière est aujourd’hui stable malgré la volatilité du taux de change et notamment le cours du dollar, a-t-il ajouté. 

S’agissant de l’autonomisation de la femme, le Gouvernement a lancé le plan d’action national 2021-2024 pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité.  Le nouveau plan stratégique pour la période 2023-2030 vise à renforcer la participation des femmes, la protection de leurs droits et leur autonomisation socioéconomique.  La Haute-Commission pour les droits humains mène des campagnes de sensibilisation relatives aux droits civils et politiques, aux droits économiques, culturels et sociaux.  Le pays a cependant besoin de partenariat en matière d’aide psychosociale pour les survivantes et les victimes de violences sexuelles notamment les victimes de Daech. 

Concernant la lutte contre la désertification et les changements climatiques, le Gouvernement a mis en œuvre plusieurs projets relatifs à l’irrigation et à la lutte contre le gaspillage de l’eau ainsi qu’un projet stratégique relatif à l’économie verte. 

En ce qui concerne les relations avec le Koweït, le délégué a indiqué que l’Iraq entend renforcer la coopération bilatérale sur les plans politique, économique, culturel et historique.  Le Premier Ministre a effectué sa première visite officielle au Koweït depuis sa prise de fonction et le Gouvernement travaille à la mise en œuvre du projet électrique commun dans le Golfe depuis la station de Wafra dans le sud du Koweït.  Grâce à la coopération au sein du Conseil de coopération du Golfe, l’Iraq continue de recevoir toute information utile concernant les citoyens koweïtiens ou de pays tiers et les avoirs koweïtiens y compris les archives nationales koweïtiennes, a-t-il fait savoir.

 

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