En cours au Siège de l'ONU

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Conseil de sécurité: au mois de mai, la Suisse mettra les efforts en faveur d’une paix durable et de la protection des civils au centre de ses travaux

Membre élu du Conseil de sécurité pour la première fois de son histoire, la Suisse préside en mai l’organe des Nations Unies chargé de la paix et de la sécurité internationales.  À cette occasion, tout en accordant une grande attention aux crises en cours, notamment en Ukraine, au Soudan et en Afghanistan, le pays alpin prévoit de mettre en avant deux des priorités de son mandat, la construction d’une paix durable et la protection des civils, a indiqué aujourd’hui la Représentante permanente, Mme Pascale Christine Baeriswyl, lors d’une conférence de presse au Siège de l’Organisation. 

À l’appui de ces priorités, la présidence suisse a inscrit deux débats publics au programme de travail du Conseil, dont le premier, consacré aux efforts de consolidation et de pérennisation de la paix, se tiendra le 3 mai.  Présidé par M. Ignazio Cassis, Chef du Département fédéral helvétique des affaires étrangères, ce débat sera précédé de la première intervention devant le Conseil de M. Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et d’un exposé d’un représentant de la société civile, a précisé l’Ambassadrice. 

« Les défis sécuritaires qui évoluent nécessitent de nouvelles réflexions », a-t-elle souligné, formant le vœu que cet échange soit utile au rapport à venir du Secrétaire général sur le nouveau programme pour la paix et donne lieu à des discussions plus larges entre États Membres. 

Le second débat ouvert du mois, organisé le 23 mai en présence du Président de la Confédération helvétique, M. Alain Berset, aura pour thème la protection des civils dans les conflits armés, question qui, selon Mme Baeriswyl, « renvoie à une longue tradition de la Suisse ».  Les discussions de ce débat annuel porteront sur « la faim causée par les conflits, l’insécurité alimentaire et des défis connexes, telles que la protection des infrastructures civiles essentielles », a expliqué la diplomate, selon laquelle le Secrétaire général, le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et un représentant de la société civile feront un exposé. 

Autre moment fort de cette présidence, le Conseil marquera, le 25 mai, soit quelques jours avant la Journée internationale des Casques bleus, le soixante-quinzième anniversaire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Pour l’occasion, une séance d’information sera organisée sur le rapport du Secrétaire général relatif à des ressources prévisibles, durables et souples pour les opérations de l’Union africaine autorisées par l’ONU.  Parmi les participants figurera le général suisse Patrick Gauchat, qui dirige l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), « plus ancienne mission de l’ONU fondée en 1948 », a relevé l’Ambassadrice. 

Sur fond de crise au Soudan, les questions africaines occuperont une nouvelle fois une large place dans le programme de travail du Conseil, avec des réunions d’information sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), le 9 mai; le G5 Sahel, le 16; la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan, le 22; et le renouvellement du régime de sanctions imposé au Soudan du Sud, le 30.

S’agissant du Moyen-Orient, le Conseil tiendra une réunion d’information sur la situation régionale, le 24, et sur le Yémen, le 17, ainsi que des séances mensuelles sur les dossiers syriens (armes chimiques et situation politique/humanitaire), respectivement le 8 et le 30 mai.  Il entendra par ailleurs l’exposé semestriel du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) sur les enquêtes menées en Libye et discutera de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), le 18, avant de se prononcer sur la prorogation de son mandat, le 30. 

L’Europe ne sera pas oubliée puisque le Conseil recevra M. Bujar Osmani, Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord et Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le 4 mai, et organisera un débat sur la Bosnie-Herzégovine le 10.  En ce qui concerne la guerre en Ukraine, aucune réunion n’est prévue pour le moment, mais les porte-plume du dossier humanitaire, l’Équateur et la France, ont fait part de leur intention d’organiser une séance dans le courant du mois, a indiqué Mme Baeriswyl. 

Interrogée sur la position de la Suisse dans ce conflit, la diplomate a assuré que son pays « n’a rien changé s’agissant de sa neutralité ».  Cette « démarche de principe » n’empêche pas la Suisse d’appliquer souvent les sanctions de l’Union européenne depuis près de 30 ans, a-t-elle signalé, ajoutant que « la neutralité n’a jamais signifié que nous sommes indifférents aux violations du droit international et de la Charte des Nations Unies ».  D’ailleurs, « notre position sur cette agression a été claire dès le premier jour », a fait valoir Mme Baeriswyl, non sans rappeler que la Suisse fournit une aide humanitaire importante à l’Ukraine et a accueilli un grand nombre de réfugiés en provenance de ce pays. 

Quant à la décision de la Suisse de ne pas réexporter des armes et du matériel militaire vers l’Ukraine, l’Ambassadrice a renvoyé à la loi en vigueur dans son pays.  « Tant que le Parlement ne modifiera pas la loi, la situation ne changera pas », a-t-elle expliqué.  Elle a cependant affirmé que son gouvernement réfléchit à d’autres contributions, se réjouissant que des discussions se soient tenues à Genève sur l’Initiative sur l’exportation des céréales par la mer Noire.  À ce sujet, elle s’est prononcée pour le prolongement de ce dispositif qui « sauve des vies », tout en précisant que le Conseil n’est pas directement impliqué dans les négociations qui ont lieu entre l’ONU, la Türkiye, la Fédération de Russie et l’Ukraine. 

L’Ambassadrice a d’autre part indiqué que le Conseil tiendra, le 24 mai, des consultations sur la mise en œuvre des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Elle a toutefois avoué ne pas être « prophète » sur l’éventuelle adoption d’une résolution, à la suite des tirs de missiles balistiques intercontinentaux par ce pays, les 15 membres du Conseil ne partageant pas les mêmes positions sur cette question.  Plaidant pour que le Conseil se prononce « à l’unisson » sur la RPDC, elle a souhaité que le dialogue soit privilégié en vue de parvenir à des solutions politiques.

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