Conf230403-CS

Conseil de sécurité: exportations d’armements, multilatéralisme « efficace » et Moyen-Orient, thèmes centraux de la présidence russe au mois d’avril

Pour la première fois depuis février 2022, point de départ de son « opération militaire spéciale » en Ukraine, la Fédération de Russie assure la présidence du Conseil de sécurité au mois d’avril.  Elle ne prévoit toutefois pas de réunions officielles spécifiquement consacrées à la situation ukrainienne.  C’est en tout cas ce qu’a indiqué, cet après-midi, le Représentant permanent russe lors d’une conférence de presse organisée au Siège de l’ONU.

Venu présenter le programme de travail mensuel de l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales, M. Vassily Nebenzia a indiqué que celui-ci est axé autour de deux événements clefs, notamment un débat ouvert sur « les risques découlant des violations des accords réglementant l’exportation d’armes et de matériel militaire ». 

Programmé le 10 avril, ce débat « ne se concentrera pas sur un pays ou un contexte spécifique mais plutôt sur une perspective de contrôle des armements », a précisé le Représentant permanent de la Fédération de Russie.  Indiquant que la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, fera un exposé, M. Nebenzia a souhaité que ce débat soit l’occasion de « mesurer les conséquences » d’un non-respect des accords réglementant les exportations d’armements et d’identifier les moyens d’en améliorer le contrôle. 

L’autre événement emblématique de la présidence russe du Conseil se tiendra le 24 avril et prendra la forme d’un débat ouvert au niveau ministériel sur le thème « Un multilatéralisme efficace par la défense des principes de la Charte des Nations Unies ».  Présidé par le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, il sera précédé d’un exposé du Secrétaire général et portera, selon l’Ambassadeur, sur « la formation d’un nouvel ordre mondial multipolaire fondé sur l’égalité souveraine, les droits égaux, le droit à l’autodétermination, la justice, la sécurité et les relations amicales ». 

La « crise ukrainienne » sera en revanche au centre de la réunion en formule Arria que la Fédération de Russie organisera, le 5 avril, en sa capacité nationale, sur la question de l’« évacuation des enfants des zones de conflit ».  Il s’agira de « dissiper certaines appréhensions » et de répondre à la « propagande menée par certains pays », a fait savoir M. Nebenzia, avant de dénoncer le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du Président Vladimir Putin, une « décision illégitime qui ne signifie rien pour nous » et qui « ne nous rapproche pas d’un règlement de la crise ». 

S’agissant par ailleurs de l’Initiative sur l’exportation de céréales par la mer Noire, récemment prolongée de 60 jours jusqu’au 18 mai, le diplomate a répété que sa prorogation future dépendra des progrès qui seront réalisés sur la question de l’exportation des engrais russes.  Pour l’heure, a-t-il dit, cette partie de l’accord « ne fonctionne pas » puisque des cargaisons d’engrais russe destinées à des pays en développement restent bloquées dans des ports européens. 

Interrogé plus largement sur la contestation que suscite la présidence du Conseil par la Fédération de Russie, alors que celle-ci agresse militairement son voisin ukrainien, le Représentant permanent a répondu que « certains pays » ne peuvent décider « qui ils souhaitent voir dans le siège du président ».  Il a également exclu toute cession temporaire de la présidence à la Suisse -qui succédera à la Fédération de Russie en mai- sur des questions impliquant directement son pays, comme le prévoit l’article 20 du Règlement intérieur provisoire de l’organe.  À cet égard, M. Nebenzia a rappelé qu’en 2003, lors de la guerre en Iraq, « personne n’avait demandé aux États-Unis et au Royaume-Uni de se retirer des discussions ».  Il a d’autre part réaffirmé que, contrairement à ce qu’avance l’Ukraine, le siège permanent de la Fédération de Russie est « entièrement légitime » et constitue une « continuation de celui de l’Union soviétique, avec toutes les obligations afférentes ».      

Par ailleurs, après avoir indiqué qu’une rencontre entre M. Lavrov et son homologue américain, M. Antony Blinken, en marge des discussions du Conseil, dépendrait essentiellement de la « volonté » de ce dernier, l’Ambassadeur s’est étonné, en réponse aux questions de journalistes, du traitement « sélectif » que font les Occidentaux de l’arrestation en Russie d’un journaliste américain pour des soupçons d’espionnage, d’une part, et de l’assassinat d’un blogueur russe à Saint-Pétersbourg, d’autre part. 

Pour ce qui concerne le reste du programme de travail du Conseil, le Représentant permanent a indiqué que M. Lavrov présidera aussi, le 25 avril, le débat public trimestriel sur « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », pour lequel le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, fera un exposé.  Parmi les autres réunions concernant cette région figurent les séances mensuelles d’information sur le Yémen, le 17, et sur les questions politiques et humanitaires en Syrie, le 27. 

Plusieurs dossiers africains sont également au menu du Conseil et porteront sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le 12, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et les travaux du Comité des sanctions contre ce pays, le 18, et la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, le 19.  Ce même jour, le Conseil aura des consultations sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). 

Enfin, outre deux réunions publiques sur la région Amériques, l’une consacrée à la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, le 13, l’autre dédiée au Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), le 26, le Conseil tiendra une séance d’information sur le travail de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), le 27. 

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