Soixante-dix-huitième session,
13e et 14e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4378

Troisième Commission: inquiétudes au sujet des répercussions des conflits armés et de l’environnement numérique sur les droits de l’enfant

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé, aujourd’hui, sa discussion générale sur les droits de l’enfant, l’occasion pour les délégations de s’inquiéter des nombreux défis qui en entravent la pleine jouissance, à commencer par les conflits armés.

Depuis 2010, plus de 170 000 violations graves des droits de l’enfant ont été vérifiées, a déploré le Costa Rica, qui a exhorté les États à respecter le droit international humanitaire et les droits humains en toutes circonstances.   

La question du déplacement des enfants dans le contexte de conflit a fait l’objet d’une attention particulière du Burkina Faso qui a indiqué que ces derniers représentent 58,5% des personnes déplacées sur son territoire, une situation, a-t-il expliqué, qui favorise l’abandon scolaire et exacerbe les risques tels que l’enrôlement forcé par les groupes armés terroristes, les pires formes de travail, la prostitution, les abus et l’exploitation sexuels, les mutilations génitales féminines et les mariages précoces. 

Même son de cloche du côté du Nigéria qui a dénoncé l’utilisation des enfants comme « boucliers humains », la République centrafricaine reconnaissant pour sa part que les enfants étaient toujours soumis à de nombreuses formes de maltraitance, allant des travaux domestiques et agricoles aux chantiers miniers. De son côté, la République arabe syrienne a rappelé que 58 000 femmes et enfants de combattants étrangers sont détenus dans le nord-est de la Syrie, « occupée par des forces étrangères et illégitimes ». 

« L’enfance constitue la plus grande période de vulnérabilité au cours de l’existence », a déclaré le Timor-Leste, le Sénégal relevant, pour sa part, que seuls 11 pays, représentant uniquement 6% de la population infantile mondiale, étaient en bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). 

L’éducation ne fait pas exception à la règle, puisque depuis le coup de force illégal des militaires, 3,7 millions d’enfants ne fréquentent plus l’école, a signalé le Myanmar, l’Irlande s’inquiétant, quant à elle, des conséquences à long terme sur l’éducation de l’agression russe en Ukraine, ainsi que de la privation de scolarisation des filles en Afghanistan. 

Exhortant à mettre fin aux violences à l’encontre des enfants, plusieurs pays ont appelé à privilégier une synergie entre différents secteurs et parties prenantes. Le Japon a en outre mis à avant l’importance de la parentalité positive pour réduire le phénomène, tandis que les États-Unis ont pointé du doigt les normes sociales ayant des conséquences négatives aussi bien sur les garçons que les filles.  Dans le même ordre d’idées, l’Islande a mis en cause la subsistance de schémas de misogynie, de racisme, d’intimidation et de violence auxquels les enfants sont confrontés sur Internet, appelant à éduquer les hommes et les garçons afin qu’ils se transforment en moteurs de changement en ligne et hors ligne. 

La France a affirmé, pour sa part, avoir fait de la lutte contre le harcèlement en ligne une priorité nationale, précisant qu’un projet de loi sur le cyberharcèlement scolaire visant à faciliter les signalements, responsabiliser les plateformes et créer des peines spécifiques, sera prochainement présenté. « Fournir un environnement numérique sûr pour les enfants implique de responsabiliser davantage les géants du secteur », a estimé le Sénégal qui a également appelé à renforcer le contrôle parental pour lutter contre la pédo-criminalité et le harcèlement sexuel en ligne.

L’importance d’intégrer les enfants dans la recherche et la mise en œuvre de solutions a également mobilisé l’attention de plusieurs États Membres.  Israël a fait savoir qu’il encourage la participation des enfants dans les conseils des écoles et les conseils municipaux.  De son côté, le Malawi a expliqué que la création de parlements, conseils, clubs et groupes réunissant des enfants leur permet d’aborder des problématiques et de proposer des solutions qui sont ensuite examinées par les décideurs politiques. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 9 octobre à partir de 15 heures.

 

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT (A/78/284, A/78/366A/78/137, A/78/214, A/78/247)

Suite de la discussion générale

M. BOAZ RODKIN (Israël) a présenté la diversité comme l’une des forces de son pays, lequel protège et promeut les droits de l’enfant, notamment via un Conseil national de l’enfant créé en 1990.  Le représentant a indiqué que la loi israélienne offre aux enfants le droit à une éducation gratuite et prévoit des classes dédiées permettant à tous les élèves d’être pris en charge.  En outre, a-t-il ajouté, Israël encourage la participation des enfants à des postes clefs, en particulier dans les conseils des écoles et les conseils municipaux. Certains enfants collaborent même avec des membres du Parlement national, s’est-il enorgueilli.  En conclusion, il a affirmé que son pays est prêt à partager son expérience avec les autres États Membres. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a indiqué que son pays condamne toutes les formes de violence à l’encontre des enfants et applique une politique de tolérance zéro, reflétée notamment par la mise en place de bureaux pour les enfants et les femmes dans les commissariats de police.  De plus, l’Autorité nationale de protection de l’enfance et le Département des services de probation et d’aide à l’enfance œuvrent à la protection et au bien-être des enfants.  Au niveau des districts, des comités de développement de l’enfance ont été créés pour faciliter le suivi de tous les aspects liés à la promotion des droits de l’enfant, a poursuivi le représentant, avant de souligner que le système éducatif garantit l’égalité des chances.  Il a ensuite alerté sur la situation sanitaire mondiale, notant qu’entre 2019 et 2021, près de 67 millions d’enfants n’ont pas pu bénéficier de tout ou partie des vaccinations vitales et de routine, principalement en raison de la pression exercée par la pandémie sur les systèmes de santé.  La plupart de ces enfants viennent des pays les plus pauvres et les plus marginalisés, a précisé le représentant. 

Mme NEKWAYA HELALIA NALITYE IILEKA (Namibie) a décrit son pays comme une nation jeune, qui place le bien-être de ses enfants au premier plan du développement social.  La représentante a fait état de diverses législations et politiques axées sur la protection de l’enfance, l’éducation, la santé, le handicap et la participation des enfants.  Elle a ajouté que la Namibie s’est aussi dotée de lois garantissant un accès gratuit à l’école primaire et secondaire pour tous les enfants, quel que soit leur statut économique et social.  Ces lois prévoient un apprentissage équitable, inclusif et de qualité, contribuant ainsi à améliorer la scolarisation des filles et des garçons et à atteindre la parité des sexes à tous les niveaux, a-t-elle souligné. 

La représentante a cependant indiqué que son pays doit faire face à des défis tels que la faim et la malnutrition, en raison notamment de la sécheresse et des inondations.  Pour protéger les enfants, des programmes d’alimentation scolaire ont été mis en place par le Gouvernement namibien, en collaboration avec les agences onusiennes et le secteur privé, ce qui permet de fournir des repas à près de 330 000 apprenants dans tout le pays.  Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre les menaces émergentes liées aux technologies de l’information et des communications (TIC), le pays a renforcé ses systèmes de protection contre l’exploitation sexuelle en ligne des enfants, a-t-elle ajouté, précisant que son gouvernement prépare un projet de loi sur les transactions électroniques et la cybercriminalité. 

M. ARAM HAKOBYAN (Arménie) a mis en avant l’histoire de la coopération étroite de son pays avec l’UNICEF en matière de santé et d’éducation.  La crise humanitaire provoquée par l’agression lancée par l’Azerbaïdjan a un effet disproportionné sur les groupes vulnérables, a alerté le représentant avant d’affirmer qu’un tiers d’enfants figurent parmi les déplacés.  Les enfants ont été évacués vers l’Arménie qui prend des mesures pour garantir le respect de leurs droits, notamment en matière de scolarisation, a-t-il poursuivi. Dénonçant le « blocus prolongé inhumain » auxquels les enfants ont été soumis pendant des mois, il a appelé l’ONU à renforcer ses efforts et à leur assurer un soutien psychosocial, sanitaire et financier. 

M. ISAAC ALASSAANE OUATTARA (Burkina Faso) a indiqué que son pays, dont 51,78% de la population est constituée d’enfants, a adopté de nombreux textes pour renforcer le système de protection de l’enfant.  Il a notamment cité les lois sur le Code pénal, sur la protection de l’enfant en conflit avec la loi ou en danger, sur la répression de la vente d’enfants, de la prostitution des enfants et de la pornographie mettant en scène des enfants, sur l’orientation de l’éducation et sur le statut de pupille de la nation.  S’agissant de ce statut, il a expliqué qu’il répond plus particulièrement au souci de prise en charge sanitaire, scolaire, financier, matériel et moral des enfants mineurs, dans le contexte de crise sécuritaire que traverse le pays. 

À cet égard, le représentant a fait savoir que les enfants représentent aujourd’hui 58,5% des personnes déplacées internes et que le nombre des établissements scolaires s’établit à quelque 6 000, affectant plus d’un million d’élèves.  Avant d’énumérer les mesures prises pour réduire les répercussions du déplacement sur les enfants, notamment la mise sur pied d’un mécanisme de signalement et d’enregistrement des plaintes dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux enfants, le délégué a souligné que cette situation favorise l’abandon scolaire et exacerbe les risques tels que l’enrôlement forcé par les groupes armés terroristes, les pires formes de travail, la prostitution, les abus et l’exploitation sexuels, les mutilations génitales féminines et les mariages précoces.  Il a ajouté que les enfants vivant avec un handicap sont les plus exposés à ces risques.

Mme MARWA JABOU BESSADOK (Tunisie) soulignant que les enfants sont une priorité absolue de son pays, a décrit les efforts déployés en faveur de leurs droits au niveau national.  Le Ministère de l’éducation a réformé le système pour enseigner « les règles de la vie quotidienne » et lancé un programme pour prévenir le risque de la déscolarisation, entre autres.  « Je souhaiterais que les rêves de mes enfants et ceux du monde entier ne soient plus définis par leur situation géographique.  N’oublions pas tous les enfants qui n’ont jamais eu la chance d’aller à l’école et ont le ciel pour seul toit », a plaidé la déléguée.

Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) a présenté le plan d’action de son pays pour aligner ses dispositifs nationaux sur la Convention relative aux droits de l’enfant.  Un forum des enfants a notamment été mis en place en 2019 pour qu’ils s’expriment sur les politiques qui les concernent.  S’inquiétant des souffrances des enfants pendant et après les conflits, la déléguée a regretté que l’Arménie refuse de partager les cartes des centaines de milliers de mines disposées sur le territoire de l’Azerbaïdjan depuis l’automne 2020, celles-ci ayant déjà fait 327 victimes dont 10 enfants et des jeunes.  Ajoutant que 3 000 citoyens dont 700 enfants étaient toujours portés disparus, elle a rappelé que la résolution A/77/202 de l’Assemblée générale sur les personnes disparues insistait sur la situation des enfants portés disparus après les conflits, espérant que les institutions spécialisées des Nations Unies et les titulaires de mandats aideraient à faire la lumière sur leur sort.

Mme ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan) est revenue sur les réformes structurelles engagées par son pays dans le but de procéder à une refonte de l’architecture de gouvernance publique.  Ce processus, a-t-elle expliqué, a donné lieu à des changements significatifs et durables dans la protection des droits des enfants et de leur bien-être.  Elle a ajouté que, poursuivant cette dynamique, son gouvernement prévoit de lancer en janvier prochain un fonds national pour l’enfance, dont 50% des revenus annuels seront déposés sur des comptes d’épargne spéciaux pour enfants, ces derniers pouvant disposer des sommes à leur majorité.  Ainsi, s’est félicitée la déléguée, chaque famille recevra une part de la richesse nationale.  Elle a par ailleurs indiqué que 14 bureaux régionaux du médiateur des enfants ont été mis en place dans tout le pays et qu’une prochaine loi rendra le bureau du médiateur plus conforme aux Principes de Paris.

Mme SAIMA SALEEM (Pakistan) a rappelé que les objectifs de développement durable (ODD) liés aux enfants n’étaient pas en voie d’être atteints, ajoutant que cette question était prioritaire dans son pays où « 49% des habitants ont moins de 18 ans ».  Elle a rappelé l’engagement de longue date du Pakistan en termes de législations nationale et internationale en la matière.  Elle a également souligné que les inondations de l’année dernière dans son pays, liées aux changements climatiques, avaient touché 10 millions d’enfants.  La déléguée a appelé à mettre en œuvre le plan de relance des ODD du Secrétaire général pour fournir aux pays en développement les ressources techniques et financières dont ils ont besoin, compte tenu de leurs situations particulières, afin de réaliser leurs objectifs.  Elle a aussi appelé à mettre en place les cadres juridiques et normatifs nécessaires pour défendre les droits des enfants. 

Mme ROISIN LEONARD (Irlande) a mis l’accent sur l’importance de la Convention relative aux droits de l’enfants et exhorté les États à faire preuve de davantage de volonté politique.  Elle a souligné que la guerre non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine a eu des conséquences néfastes sur les enfants, l’impact sur les écoles étant particulièrement déplorable.  La déléguée s’est inquiétée des conséquences à long terme en matière d’éducation.  Elle a aussi condamné le fait que les filles soient privées d’éducation en Afghanistan. Elle a conseillé à tous les pays de protéger les droits des enfants et de veiller à ce que l’espace numérique soit un lieu d’apprentissage au lieu de leur être préjudiciable.  Il reste beaucoup à faire, a-t-elle conclu, en appelant à nouveau tous les États à s’acquitter de leurs obligations en vertu de la Convention. 

Mme VEOMANEE MEUNLUANG (République démocratique populaire lao) a affirmé que son pays a déployé des efforts considérables pour éliminer la violence contre les femmes et les enfants.  Dans ce cadre, une importance particulière a été accordée à la mobilisation de ressources et à l’amélioration de la collecte des données, a précisé la déléguée.  Elle a, d’autre part, rappelé que son pays a promu le droit à l’éducation pour tous, ce qui inclut l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC) jusque dans les écoles des zones rurales.  De plus, a-t-elle ajouté, en collaboration avec l’UNICEF et d’autres organisations, le pays a organisé en début d’année un événement destiné à promouvoir le rôle crucial des enfants dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité.  Elle a toutefois reconnu que des défis subsistent dans la promotion des droits de l’enfant dans son pays, à commencer par le fossé entre les zones rurales et urbaines. 

M. JONATHAN SHRIER (États-Unis) a considéré qu’investir dans l’éducation des enfants peut les aider à réaliser leur potentiel et leurs droits en tant que citoyens, et limiter ainsi les normes sociales qui ont des conséquences négatives aussi bien sur les garçons que les filles.  Insistant sur la nécessité d’appuyer les enfants et d’améliorer leur sort, le représentant a été d’avis que lutter contre la marginalisation est la meilleure voie pour créer un monde meilleur et un futur plus inclusif. C’est pourquoi son pays a investi 350 millions de dollars au niveau national pour améliorer les services de protection de l’enfance et les programmes communautaires de prévention de la maltraitance des enfants.  En 2023, son gouvernement a mis en place une équipe spéciale chargée de la santé et de la sécurité en ligne des enfants, a-t-il déclaré, informant que l’Administration Biden avait annoncé une stratégie pour répondre à la crise de la santé mentale chez les jeunes.  Dans cette optique, Washington prépare son tout premier plan d’action national pour la santé à destination des adolescents.

Mme ELIZABETH NORALMA MENDEZ GRUEZO (Équateur) a réaffirmé la position de son pays en faveur de la consolidation d’une architecture mondiale de protection des enfants, notamment ceux vivant en situation de conflit armé. Après avoir évoqué les politiques nationales en matière de protection de l’enfant, la déléguée a constaté que l’évolution de la technologie s’accompagne d’un accroissement des risques aussi bien en ligne que hors ligne. Pour y remédier, l’Équateur s’est doté d’une politique pionnière visant à créer un environnement numérique sûr pour les jeunes filles, a indiqué la représentante en insistant sur l’importance du respect de la dignité des enfants. Enfin, elle a appelé les États qui n’ont pas encore adhéré aux instruments internationaux de promotion des droits de l’enfant à le faire sans délai et à soutenir la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

M. SAMUEL ISA CHALA (Éthiopie) a déclaré que 40% des habitants de son pays ont moins de 18 ans et 30% moins de 30 ans, ce qui explique la priorité accordée aux droits et au bien-être de l’enfant, principalement à travers des efforts concertés de réduction de la pauvreté.  Tout en admettant que beaucoup reste à faire, il a signalé des jalons positifs comme la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de l’accès à l’éducation universelle de qualité et la garantie de conditions de vie adéquates, y compris à un meilleur accès à une eau salubre et potable, à la santé et à la nutrition. 

Des mesures législatives ont également été prises pour appuyer les secteurs ayant un impact direct sur les enfants et pour intégrer les droits des enfants dans le cadre public de financement et de budgétisation, a ajouté le représentant.  D’autre part, l’âge minimum pour l’emploi est passé de 14 à 15 ans, et le plan national d’action visant à l’élimination des formes les plus graves de travail est en train d’être mis en œuvre.  Enfin, après avoir fait état d’une stratégie nationale sur les pratiques traditionnelles préjudiciables, il a indiqué que l’Éthiopie s’est fixée pour objectif de parvenir à une pleine prévention des mariages d’enfants d’ici à 2025. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a rappelé que son pays a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant en 1993, démontrant ainsi son statut de pionnier en la matière.  Il a ajouté qu’en Syrie, toutes les formes de violence à l’encontre des enfants sont passibles de lourdes peines pouvant aller jusqu’à la peine capitale. Le pays, dont la population est composée à 70% d’enfants et de jeunes, s’attache à défendre les droits de l’enfant malgré le blocus dont il fait l’objet, a-t-il poursuivi, dénonçant ces mesures coercitives unilatérales.  Le délégué a également rappelé que 58 000 femmes et enfants de combattants étrangers sont détenus dans le nord-est de la Syrie, occupé par des forces étrangères et illégitimes.  Il a enfin précisé que la Syrie est favorable à une coopération et un dialogue avec les Nations Unies, à tous les niveaux, mais s’oppose à la politisation des droits. 

M. SHOWEB ABDULLAH (Bangladesh) a rappelé que son pays attachait la plus grande importance aux droits de l’enfant, sanctuarisés dans sa constitution, et qu’il avait adopté des politiques conséquentes en la matière, notamment la loi de 2021 sur les centres d’accueil de l’enfant pour permettre aux femmes de travailler.  Il a également mentionné des plans d’action pour les enfants des rues, pour prévenir les violences à l’égard des enfants, pour éliminer les mariages d’enfants d’ici à 2041 et le travail des enfants d’ici à 2025.  Le délégué a également rappelé que son pays avait atteint un taux de scolarisation de 100% en primaire et prévoyait de mettre 60 000 salles de classe multimédia en service dans les prochaines années.  Au sein de l’ONU, il a insisté sur le rôle de son pays pour l’adoption de résolutions concernant la prévention de la noyade et des maladies affectant la vue des enfants. 

M. KIM NAM HYOK (République populaire démocratique de Corée, RPDC) a dénoncé les pays qui se présentent comme des défenseurs des droits humains, alors que les enfants y sont considérés comme un fardeau, négligés et soumis aux travaux forcés, à la traite et aux mauvais traitements.  Cette réalité montre clairement, à ses yeux, que l’accès des jeunes générations à une vie heureuse dépend non pas de la richesse mais bien de la volonté politique du pays.  En RPDC, la protection des enfants est inscrite dans la Constitution, et l’État déploie tous les efforts pour assurer leurs droits, a assuré le délégué. Il a cité des mesures prises en faveur des enfants vulnérables ou souffrant de handicap, qui sont entièrement pris en charge.  Poursuivant, il a indiqué que son pays a soumis six rapports périodiques au Comité des droits de l’enfant et participé de manière constructive à leur examen. Enfin, a-t-il conclu, la RPDC coopère avec des mécanismes internationaux comme l’UNICEF.

Mme DANIELA TONON (Italie) a alerté sur le sort des enfants laissés pour compte dans le cadre de conflits.  Les États doivent protéger et faire respecter les droits de l’enfant en temps de paix comme en temps de guerre, a-t-elle fait valoir.  Indiquant que l’Italie soutient les initiatives de l’UNICEF, particulièrement le programme UNICEF-UNFPA pour lutter contre les mariages précoces, elle a également partagé ses préoccupations quant à l’environnement numérique et appelé les acteurs internationaux à prendre des mesures pour lutter contre les abus qui menacent les enfants.  Revenant sur les situations de conflit armé, elle s’est inquiétée des attaques contre les écoles et les hôpitaux, ainsi que des mutilations dont sont victimes des enfants, avant d’exhorter au respect des Principes de Paris et Vancouver.  Partageant les préoccupations exprimées relatives au transfert d’enfants vers la Fédération de Russie, la représentante a appelé toutes les parties à garantir les services de protection de ces enfants.  L’enlèvement d’enfants constitue l’une des violations les plus graves de leurs droits, a-t-elle rappelé, souhaitant que soit renforcée la surveillance de cette problématique.

Mme BOLA ASAJU (Nigéria) a indiqué que la Commission nationale des droits de l’homme de son pays a entrepris une série de procédures pour la protection des enfants, qu’ils soient citoyens ou étrangers.  Dans le cadre de sa stratégie des écoles sûres, elle a créé dans les établissements scolaires des « clubs des droits humains ouverts » pour les survivants de violences et leur famille, destinés à fournir des plateformes sécurisées afin que les victimes puissent se rétablir et obtenir des informations et des services d’appui.  Alarmée par le sort des enfants dans les conflits armés, la représentante a dénoncé leur recrutement forcé comme combattants, leur utilisation comme « boucliers humains », après avoir été enlevés et avoir subi un lavage de cerveau.  Elle a ensuite défendu le caractère central et indispensable de la famille et s’est prononcée contre toute tentative de redéfinir « les paramètres de la famille ». 

Mme FATMA ABDULRHMAN (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays a instauré, ces dernières années, des décrets-lois sur la protection des droits de l’enfant, sur la protection contre la violence domestique et sur les délinquants juvéniles, ce dernier texte fournissant des garanties juridiques dans les procès pour mineurs.  Elle a ajouté que le Ministère émirien de l’éducation a lancé en 2022 une unité de protection de l’enfance, dont la fonction est de protéger les enfants contre tous les types d’abus, de négligence et d’exploitation dans les écoles publiques et privées ainsi que dans les foyers. 

Décrivant l’action internationale de son pays, la déléguée a évoqué l’organisation, en septembre dernier, par le Conseil émirien pour la maternité et l’enfance, d’un dialogue des États du Golfe sur les politiques de protection de l’enfance, avec comme partenaires le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et l’UNICEF.  Elle a également rappelé que les Émirats arabes unis sont membres de l’alliance mondiale WeProtect, au sein de laquelle les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les organisations internationales œuvrent à l’élaboration de politiques et de solutions pour protéger les enfants contre l’exploitation et les abus sexuels en ligne.

Mme DIARRA DIME LABILLE (France) a estimé que, tout en étant de nature à contribuer à la réalisation des ODD, le numérique est un vecteur de menaces pour les enfants, tels que le cyberharcèlement ou l’exposition à des contenus illicites ou haineux en ligne.  Pour qu’il demeure une source de développement inclusif pour les enfants, il doit faire l’objet d’une régulation appropriée, a-t-elle plaidé, précisant que la France a fait de la lutte contre le harcèlement en ligne une priorité nationale, en étroite collaboration avec les professionnels de l’enseignement, les ONG et les grandes plateformes du numérique.  Elle a ajouté que son gouvernement soumettra prochainement un projet de loi sur le cyberharcèlement scolaire afin de faciliter les signalements, responsabiliser les plateformes et créer des peines spécifiques, telle que la confiscation définitive du portable ou le bannissement des réseaux sociaux. 

La déléguée a encore indiqué que, sur le plan international, la France a lancé en novembre 2022 un « laboratoire pour la protection de l’enfance en ligne » et a participé aux consultations préalables à la négociation du Pacte numérique mondial de l’ONU, qui doit être adopté lors du Sommet de l’avenir en 2024.  Ce pacte, a-t-elle relevé, vise précisément à promouvoir un Internet ouvert, libre et sûr pour nos enfants et à développer les communs numériques au service de la réalisation des ODD. 

M. ROB MITCHELL (Australie) a regretté que des millions d’enfants dans le monde entier se voient refuser la possibilité de réaliser leur potentiel simplement en raison de leur sexe.  Les filles subissent des formes de discrimination multiples et souvent croisées et, chaque année, 12 millions d’entre elles sont mariées avant l’âge de 18 ans, a déploré le délégué.  Toutes les familles jouent un rôle essentiel en aidant les enfants à réaliser leur plein potentiel, a-t-il ensuite reconnu.  La famille, dans toute sa diversité, est un agent du développement durable, de la protection sociale, de l’inclusion et du bien-être, par conséquent le soutien aux familles est un élément important de la promotion et de la protection des droits de l’homme, a-t-il estimé.  Pourtant, les familles et les ménages peuvent également être à l’origine de violations des droits humains, notamment à l’encontre des enfants, a regretté le délégué.  Il a jugé essentiel que les gouvernements écoutent les enfants et les jeunes, ainsi que les personnes qui s’occupent d’eux, et qu’ils tiennent compte de leurs avis et de leurs opinions.

M. BRINZ-YANNICK-MICHEL LENANGUY (République centrafricaine) a souligné que l’amélioration de l’accès à l’éducation était une priorité pour son pays, qui avait notamment créé des cantines scolaires pour garder les enfants à l’école.  Soulignant la relative accalmie sécuritaire que connaissait la République centrafricaine après l’une des pires crises qu’elle n’ait jamais traversées, le délégué a indiqué que les enfants étaient toujours soumis à de nombreuses formes de maltraitance, allant des travaux domestiques et agricoles aux chantiers miniers. Il a aussi déploré le nombre d’enfants soldats, estimé par un rapport de l’ONU à plus de 10 000 en 2014, précisant que le recrutement d’enfants dans les groupes armés constituait toujours la première violation grave de leurs droits dans son pays en 2021.  Détaillant les mesures prises par son gouvernement, le délégué a mentionné l’adoption de la loi créant le Code de l’enfant en 2022 et le décret créant le Conseil national pour la protection de l’enfant. 

Mme CELIA KAFUREKA NABETA (Ouganda) a d’entrée partagé les initiatives concluantes lancées dans son pays en faveur de la promotion des droits de l’enfant. À cet égard, elle a cité l’Autorité chargée de la protection de l’enfant créée en 2016 et qui s’attelle à renforcer les capacités à travers 136 districts et collectivités locales dans le pays.  En 2019, le Gouvernement a également mis en place des mesures pour lutter contre les mutilations génitales et les mariages précoces.  De même, a-t-elle poursuivi, des programmes nationaux pour les enfants de la rue ont vu le jour.  Un cadre alternatif pour les soins a été mis sur pied et une loi relative à la santé mentale vient d’être votée.  La représentante a ensuite fait part de la détermination de son pays à réaliser les ODD à travers un investissement optimal dans les enfants. 

Mme BERNICE YI LIN TEO (Singapour) a indiqué que l’éducation figure parmi les domaines prioritaires de la politique de protection de l’enfance de son pays.  Elle a précisé que l’investissement dans ce secteur représente 3% du PIB, se félicitant en outre des résultats des élèves singapouriens issus de milieux défavorisés, ceux-ci étant supérieurs à la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans tous les domaines fondamentaux. 

Face aux obstacles pour parvenir à l’égalité des chances, la représentante a appelé à renforcer le soutien à la petite enfance en particulier au sein des familles à faible revenu ou avec des besoins particuliers.  Elle a indiqué que 6 000 enfants avaient pu bénéficier du programme national KidSTART depuis 2016, et que le renforcement de capacité des programmes d’intervention précoce financés par le Gouvernement permettra, d’ici à 2027, de fournir un appui à 80% des enfants nécessitant un soutien plus élevé, comparé à 60% aujourd’hui.  Un programme de lutte contre l’absentéisme scolaire a également été mis sur pied et un « masterplan » sur la transformation de l’éducation vise en outre à renforcer la culture numérique et les capacités technologiques des enfants.

Mme SUMAN SONKAR (Inde) a vanté les progrès réalisés par son pays pour garantir une éducation de qualité gratuite à tous les enfants.  Des interventions de dépistage des maladies infantiles sont également menées et des mesures sont prises pour prévenir les grossesses précoces, l’exploitation des enfants, y compris le harcèlement numérique et la traite des personnes.  D’autre part, a déploré la déléguée, « le Pakistan a saisi une fois de plus cette plateforme pour lancer une propagande sans fondement, pour détourner l’attention de la communauté internationale de son bilan en matière des droits de l’homme ».  Elle a ajouté que le Jammu-et-Cachemire fait partie de l’Inde et que le Pakistan n’a pas à s’immiscer dans ses affaires intérieures. 

Mme PATIENCE AHOUE ITOUA LEKEGNY (Congo) a indiqué que son pays a adopté un plan d’action national 2022–2026 en matière de droits de l’enfant, sur la base des ODD.  Elle a insisté sur l’importance de la cellule familiale comme cadre privilégié de protection et d’épanouissement de l’enfant, rappelant l’article 39 de la Constitution de 2015 qui affirme le droit des enfants à être protégés par leur famille, par la société et par l’État.  La déléguée a aussi insisté sur les efforts de vulgarisation des textes réglementaires relatifs à la protection des populations autochtones en général et des enfants en particulier, qui permet notamment aux enseignants autochtones d’adapter l’éducation à leur mode de vie.  Reconnaissant que de nombreux défis subsistent, notamment en termes de scolarisation et de lutte contre la discrimination des enfants handicapés, elle a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à tout mettre en œuvre pour la protection, l’épanouissement et la santé des enfants.   

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a indiqué que son pays a lancé plusieurs programmes pour promouvoir la création d’un environnement propice au respect des droits de l’enfant.  Il a mentionné entre autres la loi nº 1042 qui vise à lutter contre les crimes informatiques portant atteinte aux enfants, ajoutant que le pays poursuit les cybercriminels.  En outre, les programmes d’épanouissement de l’enfance créés par le Gouvernement sont tous gratuits, « car les droits ne sont pas des marchandises mais des garanties conquises de haute lutte », a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite dénoncé les mesures coercitives unilatérales dont son pays fait l’objet et qui font obstacle au respect des droits de l’enfant.

Mme EKATERINE LORTKIPANIDZE (Géorgie) a affirmé que son pays accorde une importance particulière à la sécurité de l’enfant dans l’environnement numérique, et a détaillé les efforts déployés par son pays, en ce sens, au niveau national. Une série de mesures a également été mise en œuvre pour inclure tous les enfants dans le système éducatif, a-t-elle ajouté.

Elle a déploré que l’occupation par la Fédération de Russie des régions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud empêche la Géorgie d’y étendre des cadres de protection des enfants.  La déléguée a condamné plusieurs formes de discrimination dans ces zones, notamment l’interdiction de l’éducation dans la langue maternelle des populations non russophones.  Ces violations entraînent des vagues de déplacements vers le territoire géorgien, a-t-elle signalé.

Mme ABOSEDE HAZLEWOOD (Guyana) a regretté que des millions d’enfants vivent dans une pauvreté extrême et soient confrontés à des violences, notamment dans les zones de conflit et de catastrophes humanitaires.  Elle a indiqué que la Convention relatives aux droits de l’enfant était inscrite dans la Constitution et qu’une agence de la protection de l’enfance avait été créée.  Précisant que son pays mettait l’accent sur l’éducation pour rattraper le retard pris avec la pandémie de COVID-19, elle a indiqué que le budget alloué avait augmenté de plus de 60% ces trois dernières années, en prêtant une attention particulière aux zones rurales et habitées par des populations autochtones. La représentante a également appelé à agir pour résorber la fracture numérique, ajoutant que son pays était actif en la matière.  Elle a ajouté qu’il participait aux négociations du Comité spécial chargé de l’élaboration d’une convention pour lutter contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles.   

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a mis en avant les mesures d’inclusion des enfants et de lutte contre les inégalités à leur encontre prises par son gouvernement, mentionnant notamment le programme « un ordinateur par enfant », qui vise à accroître le niveau de connectivité chez les plus jeunes. Il a également évoqué la couverture scolaire des enfants de 3 à 5 ans, un impératif pour son pays qui voit dans l’éducation le meilleur moyen de ne laisser personne de côté, conformément aux cibles inscrites dans le Programme 2030.  Le représentant a d’autre part indiqué que son pays travaille activement à l’élaboration d’une résolution sur les droits de l’enfant dans le cadre numérique, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC).

Mme BERTHA MKAKA NYIRONGO (Malawi) a indiqué que les enfants représentant plus 40% de la population nationale, leur protection contribue au respect des droits humains.  À cet égard, le Malawi dispose de plusieurs législations et politiques nationales visant à renforcer les droits et la protection des enfants.  En matière de participation, conformément à la Convention relative aux droits de l’enfant et à la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, des directives nationales mises en œuvre par le Ministère de la protection ont permis d’instaurer des parlements, conseils, clubs et groupes réunissant des enfants.  Ces derniers y abordent des problématiques qui les concernent et proposent des solutions lesquelles sont ensuite examinées par les décideurs politiques. Le Malawi s’est également engagé en faveur de la lutte contre les mariages d’enfants par le biais d’une stratégie nationale impliquant les responsables communautaires, a indiqué la représentante. 

Mme FRANCESS PIAGIE ALGHALI (Sierra Leone) a indiqué que son gouvernement a fait de la lutte contre l’exploitation sexuelle et la violence à l’encontre des enfants une priorité.  Elle a relevé que le monde numérique est porteur de bénéfices mais aussi d’un grand nombre de risques, notamment en raison du harcèlement sexuel ou de l’exposition à des discours haineux.  Elle a ensuite détaillé les efforts déployés par son pays face à ces menaces, évoquant notamment le renforcement du système de protection de l’enfance, la révision de la législation ainsi que la mise en œuvre d’un système de gestion de l’information pour améliorer la gestion des cas et la collecte de données.  En outre, la stratégie de justice des enfants de la Sierra Leone sera soumise à un examen dans le but de protéger les enfants des contenus numériques nocifs.  La Sierra Leone montre par ailleurs que l’éducation n’est pas seulement un privilège mais un droit fondamental, en y consacrant 22% de son budget national ces cinq dernières années, s’est-elle félicitée.

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) s’est inquiété du retard pris en vue d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Constatant que les mariages d’enfants, bien qu’illégaux, restent tolérés dans différents pays, il a rappelé que son pays a été désigné comme champion de l’Union africaine pour mettre fin à cette pratique et a appelé tous les acteurs pertinents à le soutenir.  Au niveau national, il a indiqué qu’une nouvelle loi a récemment été votée pour lutter contre les violences à l’égard des enfants.  Le délégué a aussi insisté sur l’importance de la protection sociale pour lutter contre la pauvreté et réduire les inégalités, notamment chez les enfants et leur famille, ajoutant que son pays investit en la matière.  Il a enfin indiqué que son pays a mis en place une éducation primaire et secondaire gratuite pour tous les enfants. 

Mme HALA HAMEED (Maldives) a défendu l’engagement de son pays à préserver et autonomiser les enfants, déclarant y voir la clef de voûte de toute société prospère et juste.  La représentante a toutefois reconnu que beaucoup d’efforts restent à accomplir pour atteindre cet objectif, compte tenu des dangers toujours croissant qui menacent les enfants.  Pour y faire face, elle a préconisé des initiatives innovantes, comme celles entreprises par son pays en 2020 avec l’adoption de lois sur l’enfance, conformes aux principes énoncés dans la Convention relative aux droits de l’enfant.

La représentante a trouvé une autre illustration de la place centrale qu’occupe les enfants dans les politiques publiques de son gouvernement dans la nouvelle loi sur la justice juvénile, qui vise à éviter des poursuites pénales aux adolescents et à les orienter vers des processus de réadaptation.  Elle a par ailleurs rappelé que les Maldives ont été parmi les premiers signataires des trois Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Mme MASAKO KAMIYA (Japon) a indiqué qu’en avril de cette année, le Japon a créé l’agence de l’enfance et de la famille, dont la mission est de défendre les droits des enfants et leurs intérêts.  Le Japon s’est également engagé à fournir une assistance aux enfants dans de nombreuses régions du monde qui se trouvent dans des situations vulnérables, afin qu’ils puissent grandir en bonne santé, aller à l’école et jouir de leurs droits.

La représentante a ensuite insisté sur l’importance de soutenir les parents, les tuteurs et le personnel éducatif afin de mieux protéger les droits des enfants. C’est dans cette optique que le Japon soutient cette année un programme de promotion de la parentalité positive visant à réduire la violence à l’égard des enfants dans cinq pays d’Afrique subsaharienne.  La déléguée a expliqué que ce programme propose aux familles et aux écoles des régions touchées par la pandémie de COVID-19, les conflits et les crises climatiques, une formation visant à détecter, atténuer et réduire la violence à l’égard des enfants. 

M. SÉKOU KONATÉ (Guinée) a rappelé que son pays a souscrit à tous les instruments sous-régionaux, régionaux et internationaux sur les droits de l’enfant et qu’il a été le quatorzième État Membre à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant.  Si le taux de pauvreté national reste significatif et entraîne des vulnérabilités chez les enfants, la majorité de ces derniers sont davantage affectés par des problématiques de violence, a-t-il relevé.  En réponse à ce problème, la Guinée a notamment révisé la loi spéciale portant Code de l’enfant guinéen, qui interdit strictement les châtiments corporels.  Selon le représentant, cette avancée s’inscrit dans le cadre d’une feuille de route sur la violence à l’encontre des enfants, qui a donné lieu à des évolutions majeures en matière de lutte contre le mariage des enfants, de protection judiciaire des enfants et de renforcement des dispositifs communautaires.  Autres nouveautés institutionnelles évoquées par le représentant: la création d’un office de protection des enfants et la mise en place d’un parlement des enfants de Guinée, composé de 114 députés juniors provenant des diverses régions, toutes catégories confondues. 

M. JEEM LIPPWE (Micronésie) après avoir salué le soutien de l’UNICEF, de l’OMS et des États-Unis, a évoqué les défis auxquels son pays fait face pour recruter des spécialistes de l’éducation des enfants atteints de handicaps. Les familles ayant des enfants souffrant de problèmes neurologiques ou autres difficultés d’apprentissage ont notamment besoin de davantage de soutien, a-t-il indiqué, ajoutant que la pandémie a eu des effets particulièrement délétères sur ces enfants.  Il a ensuite appelé à résoudre la crise climatique, afin de permettre à son pays de répondre aux autres urgences comme la santé mentale, les maladies et la malnutrition.

M. MATETE PAUL NENA (Lesotho) a rappelé les nombreux défis auxquels son pays était confronté en matière d’éducation notamment.  Il a indiqué qu’une politique d’éducation primaire gratuite avait été mise en place, donnant accès à un repas gratuit qui mettait les enfants pauvres à l’abri de la malnutrition, et que le taux d’inscription scolaire avait connu une augmentation de 80%.  Cependant, le fardeau de la dette remet en cause l’objectif de renforcer l’accès à l’éducation secondaire, a déploré le représentant qui a appelé les institutions financières internationales à soutenir son pays.  Il a indiqué qu’une loi de 2011 permet de protéger les enfants contre les violences et que des unités de police dédiées à la question avaient été créées.  Reconnaissant que le mariage des enfants restait un sujet de préoccupation, il a expliqué que le Ministère du développement social et l’organisation non gouvernementale World Vision International travaillaient à changer les normes culturelles.  Le délégué a aussi précisé que quatre écoles secondaires dédiées aux enfants handicapés étaient en construction grâce au soutien du Japon. Il a appelé les autres partenaires internationaux à faire de même. 

M. MUHAMAD SYUKRI SULAIMAN (Brunéi Darussalam) a fait le point sur les politiques et plans d’action nationaux mis en place dans son pays pour garantir la sécurité et le bien-être des enfants.  Il a cité, entre autres, la poursuite de la mise en œuvre d’un Cadre national de protection de l’enfance, une structure lancée, en 2020, et complétée par des évaluations sectorielles des principaux acteurs dans les services sociaux, les écoles et les services de santé. 

Partageant ensuite les récents efforts menés par son gouvernement en matière de promotion et de protection des droits enfants, il a évoqué en particulier la Vision 2035 de Brunei, dont l’objectif est de guider le pays sur la voie d’un développement social durable, inclusif et résilient.  Le Brunéi Darussalam a également révisé le Plan d’action pour la famille 2023-2027, qui vise, a-t-il indiqué, à renforcer l’institution familiale, en conformité avec sa politique œuvrant pour une société où tous les enfants sont pris en charge dans un environnement sûr et sécurisé. 

Mme GALA PASTORA MATOS MENÉNDEZ (République dominicaine) s’est félicitée du renforcement du cadre juridique international.  Néanmoins, garantir les droits des enfants face à la violence, aux conflits et à l’exploitation auxquels ils sont exposés est une lutte sans fin a estimé la représentante.  Elle a indiqué que la Républicaine dominicaine s’est dotée de politiques visant une meilleure allocation des ressources pour maximiser les répercussions des résultats.  Elle a également cité le Plan de santé scolaire qui assure des services de santé dans les communautés éducatives et réduit les obstacles à une éducation de qualité.  Un programme d’éducation sexuelle intégrale a également été mis en place dans le but de prévenir les grossesses précoces. 

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) est revenu sur la nouvelle stratégie pour les droits de l’enfant déployée par son pays pour la période 2023-2027, celle-ci mettant l’accent notamment sur une participation accrue des enfants aux décisions qui les concernent.  Le délégué a relevé que selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), on estime qu’en 2022, 45 millions d’enfants de moins de 5 ans souffriront d’émaciation, 148 millions présenteront un retard de croissance et 37 millions seront en surpoids. 

Le délégué a ensuite déploré les conséquences dévastatrices pour les enfants de la guerre en Ukraine.  L’exposition à des explosions répétées, les crimes, les déplacements forcés et la séparation d’avec les membres de leur famille ont profondément affecté leur bien-être et leur santé mentale, s’est-il inquiété, ajoutant que les autorités roumaines et ukrainiennes coopèrent étroitement pour aider les enfants non accompagnés qui sont entrés en Roumanie.  Le Gouvernement roumain a également pris des mesures pour faciliter l’accès à l’éducation des enfants réfugiés, dans les mêmes conditions que les enfants roumains. 

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a relevé que l’enfance constitue la plus grande période de vulnérabilité au cours de l’existence, citant plusieurs facteurs de risques, tels que la santé, la violence ainsi que des facteurs politiques ou économiques.  Après avoir rappelé l’adoption d’un plan d’action nationale pour renforcer la protection des enfants contre toutes les formes de violence, il a indiqué que 40% des enfants du Timor-Leste vivent sous le seuil de pauvreté.  Pour faire face au phénomène, des outils adaptés sont mis à la disposition des parents et familles pour les aider à sortir de la pauvreté.  Le représentant a également mis en avant les mesures de protection sociale prises depuis l’indépendance, afin d’appuyer les individus en situation de vulnérabilité. Enfin se penchant sur les répercussions de la malnutrition tant sur la santé que sur l’éducation des enfants, il a fait part du programme national d’alimentation scolaire qui vise à réduire la malnutrition et les problèmes de croissance. 

Mme NAIMA LYAZIDI (Maroc) a indiqué que son pays a été parmi les premiers à signer et ratifier les trois Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Le Maroc est également signataire de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a poursuivi la représentante, ajoutant que son pays œuvre activement à la promotion et au respect des droits de l’enfant en matière de plaidoyer.  À cet égard, elle a mentionné l’organisation en mars 2022 d’un colloque international sur la protection des enfants. Elle a par ailleurs signalé l’existence d’un parlement de l’enfant, espace de dialogue qui, selon elle, joue un rôle crucial en matière de participation des enfants à la vie publique. La déléguée a par ailleurs relevé que le Maroc fait bénéficier les enfants du régime d’assistance médicale et de programmes de protection sociale. 

Mme RAHMA SAMAI (Algérie) a expliqué que son pays disposait d’un arsenal juridique complet en vertu de ses engagements régionaux et internationaux. Une loi sur la protection de l’enfant, donnant la responsabilité première à l’État dans ce contexte, a été adoptée et l’agence nationale pour la protection de l’enfance a créé une ligne téléphonique de signalement.  D’autre part, un réseau algérien pour la société civile a été créé pour la protection de l’enfant, de même qu’un réseau de formation des journalistes aux droits de l’enfant.  L’enfant a le droit à l’éducation gratuite, ce qui fait que 100% des enfants en âge de scolarisation sont inscrits à l’école, s’est-elle félicitée.  La représentante a ensuite relevé que le développement technologique permet d’améliorer l’éducation mais cela ne va pas sans risque, notamment d’exploitation sexuelle.  Elle a mis l’accent sur les dispositions prises à ce propos, précisant qu’un texte législatif a été adopté pour dissuader de tout délit dans ce contexte. 

Mme AMINA ALABBASI (Bahreïn) a rappelé les engagements internationaux du pays en termes de protection des droits de l’enfant, avant de détailler les efforts engagés au niveau national.  Parmi eux, la création d’un centre de protection des mineurs, notifié de toutes les formes d’abus contre les plus jeunes, qu’ils soient d’ordre sexuel, physique, ou psychique.  Une unité spéciale au sein du Ministère de l’intérieur vise en outre à les protéger des menaces cybernétiques, en sensibilisant enfants et adolescents aux risques que représentent certaines plateformes en ligne.  Enfin, la déléguée s’est félicitée de la mise sur pied d’un haut-commissariat aux droits de l’enfant.  Celui-ci œuvrera à la défense des intérêts des enfants, et sera habilité à traiter de toutes les questions ayant un lien avec leurs droits, y compris au niveau politique, a précisé la déléguée. 

M. DANIEL ZAVALA PORRAS (Costa Rica) a exprimé sa profonde inquiétude face aux violations graves des droits de l’enfant dans le contexte des conflits armés.  Depuis 2010, a-t-il précisé, il y a eu plus de 170 000 violations graves avérées. Il a rappelé à tous les acteurs, aux États en particulier, l’obligation de respecter le droit international humanitaire et les droits humains et ce, en toutes circonstances. 

S’agissant de l’environnement et des changements climatiques, le représentant a indiqué que, selon les données du Comité sur les droits de l’enfant, chaque année, environ 1,7 million d’enfant de moins de 5 ans meurent prématurément à cause de facteurs écologiques, notamment la pollution de l’air et le manque d’assainissement.  En outre, quelque 160 millions d’enfants habitent dans des zones menacées par la sécheresse, 530 millions dans des zones risquant de subir des inondations et 115 millions sont fortement exposés à des cyclones.  Il a salué les recommandations de l’Observation générale n 26 du Comité des droits de l’enfant, notamment l’urgence de pallier aux effets de la détérioration de l’environnement sur les garçons et les filles en situation de vulnérabilité comme les enfants autochtones et les minorités.  Il a par ailleurs appelé tous les États à accélérer les efforts visant à garantir le droit de tous les enfants à Internet et aux technologies numériques, tout en protégeant leur intégrité et leur bien-être dans l’accès à ces technologies. 

M. MIGUEL RICARDO CANDIA IBARRA (Paraguay) a fait remarquer que son pays compte 34% de jeunes et connaît une explosion démographique qui doit se poursuivre jusqu’en 2045, des données qui, selon lui, justifient la mise en œuvre de politiques publiques promouvant les droits des enfants.  Afin de répondre de manière globale aux multiples défis en la matière, le Paraguay a lancé un plan national 2022-2024, dont l’un des objectifs principaux est de renforcer la cellule familiale en tant que garante des droits des enfants et des adolescents, a-t-il précisé.

Le représentant a indiqué que, dans le cadre des stratégies publiques, une attention particulière est accordée aux enfants vivant séparés de leur famille, à travers des programmes de formation destinés aux fonctionnaires et professionnels des Ministères de l’enfance et de la justice.  Il s’agit, a-t-il dit, d’améliorer les compétences et les connaissances de ces acteurs et de garantir une réponse adéquate à chaque situation particulière.  Le délégué a également insisté sur la coordination de son gouvernement avec le monde éducatif, le système de santé et la société civile, qui vise à générer des synergies en faveur des besoins et des droits des enfants et adolescents à risque. 

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a déclaré que son pays a veillé à la transposition de la Convention relative aux droits de l’enfant dans sa législation, ce qui a permis des progrès considérables.  Il a fait état de l’adoption, il y a deux ans, d’un plan global baptisé « Une Islande respectueuse des enfants », qui est actuellement mis en œuvre au niveau municipal.  Parmi les problèmes qui subsistent, le délégué a évoqué l’accès des enfants aux soins de santé mentale et à la lutte contre la traite.  Il a, en revanche, noté que le Comité des droits de l’enfant a félicité l’Islande pour avoir permis aux enfants de contester des régimes de garde et de choisir avec quel parent ils veulent vivre. 

Le représentant a ensuite condamné les déportations d’enfants ukrainiens par la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, et rappelé la décision de la Cour pénale internationale (CPI) à cet égard.  Il a également dénoncé les vieux schémas de misogynie, de racisme, d’intimidation et de violence sexiste sur Internet, dont sont victimes les enfants et les adolescents.  Notant que les utilisateurs d’Internet et des réseaux sociaux sont toujours plus jeunes, il a exhorté à agir en amont pour éduquer les hommes et les garçons afin qu’ils se transforment en moteurs de changement en ligne et hors ligne. 

M. ALI MABKHOT SALEM BALOBAID (Yémen) a déploré la prise en otage de plusieurs villes et régions de son pays par les milices houthistes depuis 2014.  Malgré ce contexte, l’État yéménite accorde une grande attention à la protection de l’enfance et le pays honore ses engagements internationaux en la matière, a-t-il assuré.  Affirmant que les houthistes se livrent à des violations à grande échelle des droits des enfants, le délégué les a accusés d’avoir recruté des milliers d’enfants âgés de 12 à 15 ans comme soldats et d’avoir conduit nombre d’entre eux à la mort.  Il a ajouté que Daech et les Taliban essaient de propager des idéologies extrémistes parmi les jeunes de son pays.  Enfin, sur une tout autre question, il a regretté l’usage de libellés non convenus par l’ensemble des États Membres, notamment dans les rapports des rapporteurs spéciaux. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déploré que les enfants qui vivent dans des pays traversant une crise économique, politique et sociale, comme le sien, soient laissés de côté.  Rappelant l’histoire de conflit interne du Myanmar, il a reconnu que cette situation n’a guère favorisé la protection des enfants, laquelle a empiré depuis le coup d’État militaire.  Depuis février 2021, la junte militaire n’a cessé de commettre des crimes contre la population, notamment les enfants, a-t-il dénoncé, précisant que 672 mineurs ont été arrêté au cours des deux dernières années et que 287 sont encore en détention.  De plus, a-t-il poursuivi, sur les 4 142 civils tués par les militaires, 466 étaient des enfants.  Le délégué a aussi fait état d’attaques contre des écoles et des centres d’apprentissage, dont une à l’artillerie lourde, perpétrée en septembre dernier, qui a fait 18 blessés parmi les élèves.  Depuis le coup de force illégal des militaires, 3,7 millions d’enfants ne fréquentent plus l’école, a-t-il relevé. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que les programmes de vaccination sont au point mort depuis deux ans au Myanmar.  Face à cette situation sanitaire alarmante, il a appelé la communauté internationale, l’OMS et l’UNICEF à offrir l’appui nécessaire à la reprise de ces programmes afin de prévenir des flambées de maladies et des décès évitables, particulièrement chez les plus jeunes. 

Mme SAHAR K. H. SALEM, de l’État de Palestine a regretté que les efforts déployés au niveau national soient sapés et les ressources drainées par l’occupation israélienne.  Celle-ci a exposé les enfants palestiniens à l’une des crises de protection les plus prolongées au monde, sans qu’aucune fin ne soit en vue, a dénoncé la déléguée. Elle a déploré les conséquences des agissements d’Israël sur les enfants palestiniens, blessés ou mutilés, privés d’accès aux soins, où dont les écoles sont démolies par Israël.  Les enfants doivent échapper aux attaques terroristes des colons et aux tentatives d’enlèvement, a ajouté la représentante, qui a condamné la démolition par Israël d’une école financée par l’Union européenne (UE) près de Bethléem, en mai dernier.  Les enfants palestiniens sont tués sur leur propre terre, pas sur une terre étrangère, a-t-elle souligné, avant d’exhorter la communauté internationale d’intervenir d’urgence pour sauver leur vie. 

M. SAMBA THIAM NIASSE (Sénégal) a rappelé que selon l’UNICEF seuls 11 pays, représentant uniquement 6% de la population infantile mondiale, étaient en bonne voie pour atteindre les ODD.  Il a indiqué que le Sénégal s’était doté d’un Comité sectoriel national de protection de l’enfance, d’un poste de défenseur des enfants et d’un parlement national des enfants.  Fournir un environnement numérique sûr pour les enfants implique de responsabiliser davantage les géants du secteur, a-t-il estimé, ajoutant que le contrôle parental devait être renforcé pour lutter contre la pédo-criminalité et le harcèlement sexuel en ligne.  Évoquant la question des valeurs culturelles, il a appelé « à veiller à la sauvegarde de la commune volonté de vivre ensemble dans le respect de nos différences et le refus de céder au prêt-à-porter civilisationnel. » 

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) s’est inquiété de la dégradation des conditions de vie des enfants, notamment dans les pays en développement.  En effet, les adultes utilisent les enfants comme des combattants dans les conflits armés, les exploitent sexuellement et les soumettent à des travaux pénibles, a relevé le représentant.  Il s’est également soucié de la persistance des crises alimentaires, de la très forte baisse de la couverture vaccinale qui laisse des milliers d’enfants sans protection contre certaines des maladies infantiles les plus graves, ainsi que de la crise des systèmes éducatifs. 

Au niveau national, le délégué a mis en valeur la création d’un Programme élargi de vaccination et le renforcement de la vaccination universelle de tous les enfants contre les maladies courantes; l’adoption d’un plan national multisectoriel pour la nutrition qui prend en compte la malnutrition chez les enfants, et l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant; l’instauration de l’école gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans; et l’adoption du Plan d’action national de lutte contre le travail des enfants.  D’autre part, un Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants a été créé dans l’objectif de suivre et d’évaluer les actions du Gouvernement et des acteurs non étatiques en la matière.  La Côte d’Ivoire a également pris des mesures législatives visant la pénalisation du mariage précoce et forcé, des mutilations génitales féminines infantiles, ainsi que de la traite et du travail des enfants. 

Mme AMA ANIMA CORQUAYE (Ghana)a noté qu’après la pandémie de COVID-19, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour placer les enfants au cœur de ses préoccupations.  Au niveau national, le pays reste engagé à préserver les enfants dans toutes les facettes de leur vie, l’éducation en premier chef.  Elle a indiqué que son gouvernement a pris des mesures pour réduire le nombre de mariages précoces, avant d’exhorter les États Membres à travailler à l’unisson pour la protection des enfants. 

Mme SOFIA ARONA, déléguée de la jeunesse de Saint-Marin, a affirmé que son pays était particulièrement préoccupé par le sort des enfants dans les conflits armés, condamnant notamment des attaques qui se multiplient contre les hôpitaux et les écoles ainsi que leur utilisation à des fins militaires. S’inquiétant aussi de l’augmentation de l’enrôlement des enfants soldats, elle a appelé tous les États Membres à ratifier le Protocole additionnel dédié de la Convention relative aux droits de l’enfant et à soutenir les Principes de Paris et de Vancouver.  Elle a ajouté que son pays soutenait le travail de la Représentante spéciale pour la question des enfants et des conflits armés et les nouveaux plans d’actions de son bureau. 

Mme LÉA BEUZIT (Monaco) s’est dite alarmée par les violations des droits de l’enfant dans l’environnement numérique, appelant à renforcer les cadres juridiques afin de tenir compte des nouvelles formes que revêtent ces phénomènes.  Elle s’est également inquiétée de l’impact des TIC dans les contextes de conflits, dénonçant notamment le trafic d’enfants sous la forme de déportations illégales et de transferts forcés.  À cet égard, la question de la réunification des familles et du retour des enfants d’Ukraine transférés en Fédération de Russie et au Bélarus est d’une importance capitale, a‑t‑elle souligné. 

La représentante a également dénoncé l’exploitation et le trafic d’êtres humains dans le sport et a jugé impératif de protéger les enfants de ces phénomènes en investissant dans la recherche, l’éducation et la mise en œuvre de réglementations.  La santé et l’éducation sont deux autres aspects au cœur de l’action de Monaco, a‑t‑elle poursuivi, rappelant que l’École Prince Albert II de Monaco en Haïti, célèbre son dixième anniversaire cette année.  De plus, a‑t‑elle ajouté, Monaco Collectif Humanitaire est venue en aide à plus de 500 enfants malades issus de pays en développement, en leur offrant un accès à des soins médicaux.  Enfin la Fondation Princesse Grace contribue aussi à améliorer les conditions d’hospitalisation des enfants, et soutient divers projets de recherche médicale pédiatrique et de modernisation des infrastructures de santé. 

Mme ANNA MOKONO (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré qu’en tant qu’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant, son pays a adopté des législations, politiques et plans stratégiques et persévère dans la mise en œuvre des mesures de protection des droits de l’enfant.  Il s’agit entre autres du Lukautim Pikinini ou loi de 2009 sur la protection de l’enfance, de celle de 2013 sur la protection de la famille et du Code pénal, en particulier pour ce qui a trait aux délits sexuels et crimes contre les enfants, la violence et l’exploitation sexuelles, le travail des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.  D’autre part, l’éducation de la petite enfance fait partie intégrante des efforts tendant à ce que tous les enfants soient mieux préparés pour leur entrée dans le système d’enseignement formel, a-t-elle souligné, en appelant l’attention sur la politique de subvention aux frais scolaires de sorte que le coût ne se convertisse pas en un obstacle à l’éducation. 

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, Observateur permanent du Saint-Siège, a noté qu’à l’heure où la médecine a la capacité de prodiguer des traitements vitaux aux enfants à naître, elle est également utilisée pour mettre fin à la vie de quelque 73 millions d’entre eux chaque année par le biais de l’avortement.  L’Observateur a dénoncé la sélection prénatale selon le sexe et l’avortement eugénique qui, selon lui, victimisent les filles et les enfants handicapés.  Il a également jugé que la procréation assistée, notamment sous la forme de maternité de substitution, réduit l’enfant à un simple objet destiné à satisfaire les désirs des adultes plutôt qu’à un « cadeau à accueillir et à chérir ».  Ces pratiques sont incompatibles avec le respect de la dignité et des droits de l’enfant, a-t-il martelé.

L’Observateur s’est ensuite inquiété de voir les TIC faciliter l’exploitation et le trafic des enfants ainsi que les abus à distance, y compris les abus sexuels. Il a relevé qu’à mesure que la technologie progresse, les logiciels génératifs permettent de créer des images simulées d’abus sexuels sur des enfants, ce qui augmente encore la demande pour ce type de matériel et peut rendre plus difficile la poursuite des délinquants. Il s’est alarmé en outre d’une croissance spectaculaire de la pornographie dans le monde numérique. Dans ce contexte, l’éducation, tant des enfants que de leurs parents et familles, est essentielle pour garantir la sécurité et la protection de l’enfant dans notre monde numérique, a-t-il estimé, affirmant en conclusion qu’un enfant « n’est pas un dû, mais un don ». 

M. CLAUDY AHUKA LUTUNDUL, délégué de la jeunesse de la République démocratique du Congo, a plaidé pour une paix durable dans son pays, soulignant que celle-ci ne doit pas se limiter à l’absence de conflits, mais aussi intégrer la justice, la stabilité, la réconciliation nationale et le développement durable, condition nécessaire pour assurer la prospérité du pays.  À cet égard, il a appelé à soutenir les efforts visant à parvenir à une solution pacifique et durable à la situation dans l’Est du pays.  Cela implique, a-t-il dit, un engagement ferme des instances de prise de décisions de l’ONU en faveur du processus de paix en cours, délibérément bloqués par le Rwanda et le M23 pour se livrer au pillage de nos ressources naturelles.

La situation des jeunes en République démocratique du Congo est certes critique, mais elle n’est pas désespérée, a estimé le représentant, appelant à investir de manière coordonnée afin de lutter contre la pauvreté et de promouvoir les opportunités notamment dans les secteurs de l’éducation, de la sécurité et de la formation professionnelle. 

Mme MERITXELL FONT VILAGINES (Andorre) a dit agir pour le bien-être des enfants sur son territoire et à l’étranger, comme en atteste sa contribution régulière aux travaux de l’UNICEF.  Elle a également mis en avant l’aide d’un montant de 300 000 euros apportée, en 2022, par Andorre au Bhoutan, dans le cadre d’un programme pluriannuel destiné aux enfants et adolescents les plus vulnérables.  Elle a ajouté que, dans le cadre de sa coopération continue avec le Bureau de la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, son pays a alloué, cette année, une contribution volontaire destinée à la publication, cet automne, du rapport sur l’impact de l’insécurité climatique sur les enfants et les conflits armés.  La déléguée a par ailleurs mentionné la visite, en juin dernier, en Andorre de la Représentante spéciale chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants, qui a, selon elle, permis d’ouvrir de nouvelles pistes de coopération. 

Mme ZULEIKHA RUTHA TAMBWE (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que son gouvernement s’efforce de protéger les droits de l’enfant, comme en atteste la promulgation de plusieurs directives portant création de services exhaustifs dans différents domaines liés à l’enfance.  Le pays propose une éducation gratuite de qualité de la petite enfance jusqu’à l’enseignement secondaire, ainsi qu’une politique de poursuite de l’apprentissage pour les filles enceintes, a précisé la représentante. Les progrès accomplis sur le plan médico-social ont aussi permis de réduire le taux de mortalité maternelle à 7 pour 1 000 naissances et de faire évoluer le taux de survie à 5 ans à 90%, s’est-elle félicitée, ajoutant que le taux d’enregistrement des naissances atteint désormais 65%. 

M. İSMAIL AYDİL (Türkiye) a tout d’abord rappelé que son pays a récemment soumis ses quatrième et cinquième rapports périodiques au Comité des droits de l’enfant, avant de détailler les mesures prises, ces dernières années, par son gouvernement pour améliorer le cadre juridique et institutionnel de la protection de l’enfance. Il a ensuite constaté que le terrorisme fait payer le plus lourd tribut aux enfants.  Selon lui, les cas vérifiés de recrutement et d’utilisation d’enfants par les Forces démocratiques syriennes (FDS), extension syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont presque triplé, tandis que ceux des meurtres et des mutilations d’enfants perpétrés par ces groupes terroristes ont également fortement augmenté. 

Le délégué a par ailleurs déploré que les mouvements importants de migrants et de réfugiés à travers les frontières de son pays créent des obstacles supplémentaires à la promotion et à la protection des droits de l’enfant.  En tant que plus grand pays d’accueil de réfugiés au monde, la Türkiye a partagé à maintes reprises et continuera à partager son expérience avec la communauté internationale au sujet des enfants qui trouvent refuge sur son territoire, a-t-il fait valoir.

Mme HEBA KHALID AL JARADI, déléguée de la jeunesse d’Oman, a indiqué que les enfants représentaient 44% des Omanais et 31% de la population mondiale. Elle a détaillé les dispositions de la loi sur les enfants de 2014, ainsi que l’article 37 de la loi sur la protection sociale qui stipule l’allocation mensuelle à laquelle ils peuvent prétendre et les reconnaît comme un groupe social à part entière.  Elle s’est ensuite dite préoccupée par le sort des enfants dans les territoires palestiniens occupés et la violation systémique de leurs droits par les forces d’occupation israéliennes, appelant la communauté internationale à lui demander des comptes en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Mme CELINE PIERRE FABRE (Haïti) a alerté sur la grave crise multidimensionnelle dans son pays et de ses conséquences néfastes sur les droits de l’enfant.  Elle a indiqué que pendant la pandémie, la majorité des enfants n’avaient pas accès à l’éducation en ligne.  Le droit à la vie, à l’éducation, à l’eau potable et à l’assainissement, à la santé et à la nutrition demeurent menacés et avec la résurgence du choléra, la santé et la vie même de millions d’enfants sont menacées, a alerté la représentante. Citant l’UNICEF, elle a également informé que plusieurs milliers d’enfants de moins de 5 ans, souffrent de malnutrition aiguë sévère. 

Par ailleurs, en raison de l’insécurité grandissante, la majorité des enfants dans le département de l’Ouest, notamment dans la capitale, ne sont pas allés à l’école depuis le début de l’année scolaire.  Elle a énuméré les mesures à court terme prises par les autorités haïtiennes en vue de remédier à cette situation, notamment le lancement, en décembre 2021, du mot d’ordre de mobilisation de la population pour la réouverture des établissements scolaires.  Elle a également évoqué le programme de cantines scolaires mis sur pied dans toutes les écoles publiques, notamment celles dans les zones marginalisées.  Notant que la problématique des droits de l’enfant dans son pays passe par un meilleur climat sécuritaire, elle a vu dans la résolution du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) une étape importante et décisive pour rétablir la paix et la stabilité en Haïti. 

Mme DJENEBA DABO N'DIAYE (Mali) a indiqué qu’avec une population jeune, dont 55% d’enfants, son pays est doté d’un cadre juridique au plan institutionnel, et d’un ministère de l’éducation.  En dépit des difficultés sécuritaires qu’il traverse, le Mali tente de sécuriser les écoles dans les zones de conflit.  Dans l’optique de maintenir les enfants à l’école et d’améliorer leur état de santé, des cantines scolaires ont été mises sur pied dans les zones rurales.  D’autre part, des dispositions sont prises pour prévenir le travail des enfants, le mariage précoce et les mutilations génitales féminines.  Le Gouvernement œuvre en outre au renforcement des enfants dans le système judiciaire, et une relecture du Code pénal est en cours pour l’adapter aux évolutions actuelles. 

M. MICHAEL M. ESPIRITU, de l’Ordre souverain de Malte, s’est alarmé de la régression des droits des enfants, appelant la communauté internationale à réagir, notamment en augmentant la répression contre les auteurs de violations des droits de l’enfant.  Après avoir passé en revue les multiples menaces dont les enfants font l’objet, comme l’utilisation non réglementée de l’intelligence artificielle, il a invité les États Membres à lutter ensemble contre l’exploitation sexuelle des enfants. Pour ce faire, a-t-il dit, il convient de s’assurer que les coupables ne puissent pas se cacher derrière l’intelligence artificielle. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le Pakistan a regretté « l’hypocrisie » de l’Inde et ses affirmations mensongères selon lesquelles le Jammu-et-Cachemire ferait partie de l’Inde.  Il a exigé de l’Inde qu’elle laisse les Cachemiries décider de leur destin, exhortant à ne sacrifier personne sur l’hôtel du fondamentalisme hindou qui appelle au meurtre de musulmans et de chrétiens en Inde.

L’Azerbaïdjan a fustigé les propos de l’Arménie qui l’accusent d’être coupable de purge ethniques.  L’Arménie est celle qui a commencé la guerre contre l’Azerbaïdjan, et a, elle-même, mené des purges ethniques, a affirmé la déléguée, qui a fait part de la volonté de son gouvernement d’instaurer la paix au Haut-Karabakh. 

Répondant à l’Azerbaïdjan, l’Arménie l’a accusé de tenter de se dédouaner des atrocités commises dans le Haut-Karabakh et de justifier le nettoyage ethnique en cours dans une région qui comptait plus de 100 000 habitants et qui s’est vidée de sa population après 10 mois de blocus et l’assaut des Forces de Bakou.

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