La Troisième Commission fait le constat d’une régression des droits des enfants face à des menaces en constante progression
La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a débuté, aujourd’hui, son examen des droits de l’enfant, l’occasion pour trois hauts fonctionnaires de l’ONU et deux titulaires de mandat de dresser un sombre tableau de la situation des enfants, marquée par l’augmentation du nombre des jeunes victimes des conflits armés, les effets toujours plus délétères des changements climatiques et l’apparition de nouvelles menaces, notamment numériques. Leur constat unanime: en dépit de certaines avancées, les enfants vivent dans un monde de moins en moins sûr.
Première intervenante à s’exprimer, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés a marqué les esprits en indiquant qu’en 2022, l’ONU a confirmé 27 180 violations graves à l’encontre des enfants, parmi lesquelles des meurtres, des mutilations et des enlèvements. Autre fait « choquant », les attaques contre les écoles, les hôpitaux et leur personnel ont augmenté de 112% par rapport à 2021, a rapporté Mme Virginia Gamba, qui s’est également déclarée préoccupée par les vulnérabilités des enfants déplacés, plus exposés que quiconque à la traite des êtres humains, fléau encore aggravé par les changements climatiques.
Face à cette cascade de périls, les enfants doivent absolument être consultés, a plaidé Mme Ann Skelton, Présidente du Comité des droits de l’enfant, en appelant à la création d’un « espace de conversation entre les jeunes et les gouvernements ». Un vœu déjà mis en acte par son comité, qui a collecté plus de 16 000 contributions d’enfants de 121 pays pour élaborer sa dernière observation générale sur les droits de l’enfant et l’environnement.
Entreprendre des actions qui reposent sur le point de vue des enfants est aussi le message de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, qui a présenté les conclusions de son rapport annuel relatif à la protection des enfants dans le contexte des voyages et du tourisme. Notant une corrélation entre l’essor de la mobilité et l’exposition des enfants à divers types de violences, Mme Maalla M’Jid a appelé les États à adopter des législations qui responsabilisent les entreprises du secteur du voyage, notamment en matière de technologie de l’information et des communications (TIC).
Si ces technologies représentent un indéniable potentiel pour les enfants, tant en termes d’inclusion sociale des plus vulnérables que de ressources pour l’action climatique, elles mettent aussi en évidence la persistance d’une « fracture numérique » qui touche particulièrement les filles, a observé le Conseiller spécial sur les droits de l’enfant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). À cela s’ajoutent les conséquences durables de la pandémie de COVID-19, qui provoqué « la plus grande perturbation de l’éducation de l’histoire », a souligné M. Manuel Fontaine.
Autre menace s’inscrivant dans la période postpandémie, la progression de l’exploitation sexuelle des mineurs dans le contexte des voyages et du tourisme a été signalée par la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, et les abus sexuels sur enfants. Mme Mama Fatima Singhateh a plaidé pour un examen approfondi du phénomène de « volontourisme », tourisme à des fins de bénévolat, qui, en l’absence de cadre juridique, constitue un danger croissant pour les enfants, singulièrement dans les pays du Sud.
Ces problématiques ont nourri des échanges parfois tendus au cours des débats interactifs avec les intervenants comme lors de la discussion générale. Alors que de nombreuses délégations appelaient à une plus grande écoute des enfants sur les sujets les concernant au premier chef, la Fédération de Russie a rejeté les appels à les inclure dans les processus décisionnels, au motif que l’indépendance de l’enfant et la valeur donnée à son avis, « prônées en Occident », est contraire à l’article 5 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Compte tenu de leur immaturité, les enfants sont « malléables », a insisté la délégation russe, estimant que la prise de décisions d’un enfant ne peut se faire que sous la tutelle de ses parents.
Autre défenseur des valeurs « positives », le Cameroun a plaidé pour une éducation qui, plutôt que de s’intéresser à la vie sexuelle des enfants, se concentre sur les matières fondamentales, à commencer par « l’apprentissage des affres de la colonisation ». Qualifiant la famille d’unité fondamentale de la société, l’Égypte a soutenu qu’elle était la seule responsable de l’éducation de l’enfant.
À l’instar de Mmes Gamba et Skelton, de nombreux pays ont déploré les conséquences dramatiques des conflits armés sur les enfants, que ce soit au Yémen, en Syrie ou en Ukraine. La délégation ukrainienne a ainsi accusé la Fédération de Russie d’avoir provoqué « la plus grande crise de protection de l’enfance depuis la Seconde Guerre mondiale », avec 7,5 millions d’enfants touchés, dont cinq forcés de fuir à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Ce qui a fait dire à la déléguée de la jeunesse de la Pologne que les conflits sont « une situation dans laquelle les enfants payent toujours le prix le plus élevé ».
En écho aux exposés des responsables onusiens et titulaires de mandat, des délégations ont également vu un lien évident entre les changements climatiques et le recul des droits des enfants. C’est le cas de pays particulièrement exposés par le dérèglement du climat, comme le Bangladesh, qui rappelé que ces phénomènes extrêmes toucheront prochainement un milliard d’enfants dans le monde. Devant cette urgence, les enfants veulent, doivent, et peuvent s’emparer de cette question, ont martelé d’autres États Membres, le Liechtenstein estimant que « le nombre de plaintes portées par les jeunes en faveur de la justice climatique en est la preuve ».
Enfin, en réponse aux inquiétudes mais aussi aux espoirs que suscitent les nouvelles technologies au regard des droits de l’enfant, l’Union européenne a proposé une résolution sur l’environnement numérique afin de faire émerger un consensus sur un double objectif: favoriser l’émancipation des enfants tout en réduisant les risques.
La Troisième Commission reprendra ses travaux vendredi 6 octobre, à partir de 10 heures.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT (A/78/284, A/78/366, A/78/137, A/78/214, A/78/247)
Déclarations liminaires des fonctionnaires du Secrétariat, suivies par un dialogue interactif
Exposé
Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a informé les États Membres des travaux menés dans le cadre de son mandat, ainsi que des défis auxquels est confronté le plaidoyer pour la protection des enfants touchés par les conflits armés. En 2022, a-t-elle tout d’abord rapporté, les Nations Unies ont confirmé 27 180 violations graves à l’encontre des enfants, parmi lesquelles sont recensés des meurtres, des mutilations et des enlèvements. Autre fait « choquant », les attaques contre les écoles, les hôpitaux et leur personnel ont augmenté de 112% par rapport à 2021, s’est alarmée la Représentante spéciale, qui s’est également déclarée préoccupée par les vulnérabilités des enfants déplacés. En effet, a-t-elle relevé, le déplacement favorise le recrutement et l’utilisation par des groupes armés, ainsi que l’enlèvement, la violence sexuelle et la traite d’enfants, un phénomène encore aggravé par les effets des changements climatiques. À ces périls s’ajoutent les risques de décès et de mutilation des enfants déplacés ou rapatriés dans les zones contaminées par des mines et des munitions explosives, a ajouté Mme Gamba.
Dans ce contexte, la collecte de données est essentielle, a poursuivi la Représentante spéciale. C’est pourquoi son bureau a étudié l’impact des conflits armés sur les enfants handicapés et celui de l’insécurité climatique sur les enfants touchés par les conflits armés. Mme Gamba a indiqué que son bureau étudie en outre les liens entre la traite des enfants et les autres violations graves. En ce sens, la collaboration avec des partenaires des Nations Unies ou organisations régionales et sous-régionales, le monde universitaire et la société civile, reste essentielle à l’accomplissement de son mandat, a-t-elle souligné, avant d’évoquer ses visites en Colombie, en Éthiopie, en Israël et dans l’État de Palestine, au Mozambique, en Ukraine et en Fédération de Russie. Ces déplacements lui ont permis d’aider les acteurs politiques à trouver des moyens concrets de prévenir les violations et d’y mettre fin, a affirmé la Représentante spéciale, qui a également rappelé que son bureau, conjointement avec la Ligue des États arabes, a organisé en mai à Doha une conférence régionale sur la prévention des violations graves contre les enfants et des conflits armés.
En 2022, l’engagement fructueux des Nations Unies auprès des parties au conflit s’est traduit par une quarantaine de nouveaux engagements, de décisions de mesures, de nouvelles lois, ainsi que par la libération de plus de 12 460 enfants, s’est félicitée Mme Gamba, non sans rappeler que son bureau a aussi organisé des dizaines d’ateliers de renforcement des capacités, notamment une école d’été virtuelle avec l’Université de Malte pour approfondir l’expertise en matière de protection de l’enfance des Nations Unies, des gouvernements, des organisations régionales, des groupes de travail nationaux et des ONG. Pour l’avenir, nous devons nous rappeler que toutes les personnes de moins de 18 ans ont droit aux protections consacrées par la Convention relative aux droits de l’enfant, y compris le droit à l’éducation et à la documentation, a-t-elle plaidé. À ses yeux, l’érosion des cadres de protection internationaux constitue une grave menace pour les droits des enfants, en particulier pour ceux âgés de 13 à 18 ans, souvent traités comme des adultes ou soumis à des mesures antiterroristes.
Avant de conclure, la Représentante spéciale s’est prononcée pour l’organisation d’une conférence de tous les États Membres de l’ONU en vue de déterminer une approche commune et une réponse globale aux besoins de protection, de prévention et de réintégration des enfants en situation de conflits armés.
Dialogue interactif
Dans la foulée de cette présentation, un grand nombre de délégations ont réaffirmé leur appui au mandat de la Représentante spéciale, tout en recommandant une réflexion sur les mesures à prendre pour l’améliorer. Les États-Unis et la Malaisie se sont ainsi alarmés de l’augmentation du nombre d’enfants victimes de violations de leurs droits. Mettant l’accent sur la vulnérabilité des femmes et des filles, l’Argentine a demandé à la Représentante spéciale quelle approche pourrait être adoptée aux fins de garantir une protection effective de tous les enfants en situation de conflit armé. La Slovénie, qui a relevé une intensification des six formes les plus graves des violations sur les enfants, a souhaité savoir quelles mesures pourraient être prises pour y remédier.
L’Estonie, qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a mentionné les violations commises par la Fédération de Russie à l’encontre des enfants ukrainiens, rappelant au passage les mandats d’arrêt lancés par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Président russe et contre la Commissaire russe aux droits de l’enfant. Elle a voulu savoir si la Fédération de Russie comptait adopter le plan d’action relatif à la violence contre les enfants dans les conflits armés.
L’Union européenne s’est déclarée « effarée » par le nombre de violations graves des droits de l’enfant dans le monde et a condamné l’agression injustifiée et non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, déplorant en particulier la déportation d’enfants vers le territoire russe et les zones ukrainiennes occupées. Les crimes russes contre les enfants ukrainiens ont été vivement décriés par l’Ukraine, qui a assuré coopérer avec le Bureau de l’ONU et l’Équipe de pays sur les enfants et les conflits armés. Les acteurs dans les conflits doivent garantir le retour des enfants détenus ou enlevés, a-t-elle plaidé. Il s’agit là de crimes constitutifs de crimes de guerre, a renchéri la Géorgie, qui a tenu à rappeler la situation en Abkhazie, notamment l’interdiction d’être éduqué dans la langue maternelle. Comment les efforts internationaux peuvent-t-ils contribuer à remédier à ce genre de situation, s’est demandé ce pays.
La Fédération de Russie a salué, quant à elle, la visite effectuée en mai par Mme Gamba, mais a déclaré ne pas partager les « décisions politisées » du Secrétaire général à son encontre. La question de la protection des enfants en Ukraine a été « utilisée de façon cynique pour diffamer la Russie », a commenté ce pays. Quelles mesures les États doivent-ils prendre pour que les enfants ne soient pas « otages de manœuvres politiques »? a ensuite demandé le Bélarus. En référence aux récents événements dans le Haut-Karabakh, l’Arménie s’est demandé comment faire face aux « crimes ignobles » contre des enfants dans certains zones de conflits, l’Azerbaïdjan préférant dénoncer la propagande de haine inculquée aux enfants dans les situations de conflit.
Les attaques par des parties aux conflits à l’encontre d’écoles et d’hôpitaux et l’utilisation croissante des établissements scolaires comme outils dans les hostilités ont été condamnées par la Roumanie et par la Belgique, cette dernière réitérant son appel aux États pour qu’ils protègent les établissements scolaires, conformément à la résolution 2601 (2021) du Conseil de sécurité, et à endosser la Déclaration pour des écoles sûres. De son côté, la France a salué les efforts de médiation ayant permis la libération de plus de 180 000 enfants, avant de s’enquérir du bilan des visites de pays de Mme Gamba, y compris en Ukraine. Le Nigéria a invité pour sa part à privilégier l’intérêt supérieur de l’enfant en toutes circonstances et exhorté à la levée de restrictions d’accès aux zones de conflit.
En réponse à ces questions et remarques, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés a appelé les États Membres et les organisations civiles à appuyer le travail de son bureau, notamment à travers des libellés robustes quant au sort des enfants dans les conflits armés. Elle a également demandé aux États Membres de soutenir son bureau pour travailler à une étude de faisabilité en vue de l’organisation d’une conférence sur les besoins de protection, de prévention et de réintégration des enfants en situation de conflits armés. Mme Gamba a par ailleurs appelé à changer les législations au niveau national et de pénaliser les violations des droits de l’enfant, invitant en outre tous les États à mettre en œuvre la Convention relative aux droits de l’enfant, à ratifier les protocoles additionnels et à adhérer aux Principes de Paris.
Après avoir exhorté les États Membres à adhérer également aux Groupes des Amis des enfants touchés par les conflits armés actifs à New York et Genève mais aussi dans différents pays du monde, du Nigéria au Yémen en passant par le Mali et la Syrie, elle leur a aussi demandé d’agir sur ces questions au sein des organisations régionales dont ils sont membres. Elle a notamment appelé à inclure des libellés spécifiques dans toutes les résolutions liées au maintien de la paix. Elle a appelé de ses vœux une revitalisation du protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, avant de demander à la Fédération de Russie de garantir l’accès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à son territoire. À cet égard, elle a souligné que la coopération des États doit tenir compte de la nécessité de garantir la réunification de tout enfant séparé de sa famille.
Exposé
Avant de présenter les conclusions et recommandation de son rapport annuel relatif à la protection des enfants dans le contexte des voyages et du tourisme, Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants a indiqué que la vulnérabilité des enfants ne cesse d’être exacerbée en raison de crises complexes et interconnectées. Malgré un éloignement manifeste de l’objectif visant à mettre fin à la violence contre les enfants d’ici à 2030, des avancées restent possibles, à condition d’agir rapidement et efficacement, a-t-elle affirmé, soulignant l’impact transformateur des investissements dans des services intersectoriels de protection de l’enfance et de prévention de la violence accessibles à tous les enfants.
Mme Malla M’Ji a ensuite souligné la nécessité d’un programme d’action renouvelé et promouvant la durabilité au sens le plus large, alors que le monde se remet de la pandémie de COVID-19 et repense son rapport aux voyages et au tourisme. La durabilité, a-t-elle précisé, c’est l’écologie, l’inclusivité et le respect des cultures locales mais aussi la possibilité d’un monde sûr pour les enfants. À cet égard, elle a noté une corrélation entre la progression de la mobilité et l’augmentation des risques, déplorant notamment que le détournement par des délinquants du secteur du voyage conduise souvent à une exploitation des enfants. En outre, la numérisation accrue des voyages et du tourisme peut exposer les enfants au risque d’être exploités, a-t-elle averti.
L’évolution des modes de voyage et de tourisme, tels que le tourisme communautaire et le « volontourisme », par exemple dans les orphelinats et les centres de soins alternatifs, favorise un contact plus étroit avec les enfants, a expliqué la Représentante spéciale. Elle a également constaté que les voyages d’affaires et les grands événements sportifs ou culturels sont susceptibles de créer un environnement dans lequel la violence est tolérée aux alentours ou à proximité des lieux d’hébergement des voyageurs, des familles d’accueil, des lieux de travail ou des nœuds de transport. À ses yeux, la hausse du nombre de voyageurs et de touristes mais aussi l’évolution de leurs modalités de voyage sont autant d’éléments qui contribuent à accroître la vulnérabilité des enfants face à la violence.
Pour faire face à cette situation, Mme Malla M’Jad a préconisé une réforme des actions menées. Après avoir rappelé l’existence de solides normes juridiques internationales et nationales, d’orientations et de codes de conduite, mais aussi de partenariats multipartites, elle a appelé les États à adopter une législation et des politiques qui responsabilisent les entreprises du secteur du voyage et du tourisme en matière de la technologie de l’information et des communications (TIC). Il s’agit, a-t-elle dit, de les obliger à faire preuve de diligence en matière de droits de l’enfant dans le cadre de leurs activités et de leurs chaînes de valeur. Selon elle, la protection des enfants va au-delà des autorités nationales chargées du tourisme et englobe les secteurs de l’application de la loi, du travail, de la justice, de la protection de l’enfance et de la protection sociale. Sur la base de ses dialogues avec plus de 500 enfants dans le monde, elle a insisté sur l’importance d’entreprendre des actions qui reposent sur les points de vue et les expériences des enfants. Le secteur des voyages et du tourisme peut servir d’accélérateur au développement durable, à condition de placer les individus et la planète au centre de ses préoccupations et de renforcer les services dont les enfants et les familles ont besoin pour prévenir et répondre à la violence, en ligne et hors ligne, a-t-elle conclu.
Dialogue interactif
À la suite de cette présentation, la République dominicaine a demandé à la Représentante spéciale ce qu’elle retenait de sa récente visite sur son sol. Malte a appelé à investir dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance et demandé comment garantir la protection des enfants dans les secteurs du voyage et du tourisme. Les Philippines ont listé les politiques nationales mises en place dans ce domaine, avant de s’enquérir de l’expérience des pays ayant nommé un défenseur des droits de l’enfant, mesure qu’elles comptent prendre en 2025. La Belgique a pour sa part demandé aux États concernés de présenter au plus vite leurs rapports auprès du Comité des droits de l’enfant, imitée par la Grèce au sujet des rapports d’examen nationaux volontaires.
Le Portugal a ensuite voulu connaître les résultats obtenus par l’équipe spéciale virtuelle dédiée aux dangers dans les domaines du voyage et du tourisme, demandant quels outils le code de conduite évoqué fournit à ces industries pour prévenir les violations. À cet égard, le Brésil a rappelé qu’il avait établi un code de conduite national pour ce secteur d’activité. Soulignant l’importance que représente pour lui le tourisme, le Mexique a voulu connaître les meilleures pratiques pour réduire la violence contre les enfants dans ce secteur, une demande reprise par l’Union européenne et la Malaisie. L’Arabie saoudite a demandé comment concilier le développement économique des secteurs du tourisme et du voyage et la protection des enfants d’autre part. La Colombie a, elle, indiqué qu’elle organisera la première conférence ministérielle mondiale sur l’élimination de la violence contre les enfants, les 7 et 8 novembre 2024 à Bogota.
De son côté, l’Ukraine a rappelé que l’agression russe contre elle a provoqué « la plus grande crise de protection de l’enfance depuis la Seconde Guerre mondiale », avec 7,5 millions d’enfants ukrainiens touchés, dont cinq forcés de fuir à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Elle a regretté que la Russie refuse de coopérer avec les organisations internationales et de fournir une liste des enfants qu’elle a enlevés, demandant à la Représentante spéciale de s’intéresser à ces questions. La Pologne a, elle aussi, souligné les conséquences de l’agression russe contre l’Ukraine et demandé quel rôle la technologie pouvait jouer pour atténuer l’incidence de la violence contre les enfants.
Après la Chine, qui a appelé la communauté internationale à éliminer la violence contre les enfants, assurant tout mettre en œuvre pour ce faire sur son propre sol, la Côte d’Ivoire a rappelé que la visite de la Représentante spéciale avait contribué à la validation d’une nouvelle politique nationale de protection de l’enfant, le 15 décembre 2022. L’Italie s’est plutôt inquiétée de l’exposition des enfants à la violence en ligne et des conséquences de l’usage d’Internet sur leur cerveau. Elle a demandé à avoir des exemples de pratiques optimales en la matière.
Le Pakistan a dénoncé la situation au Cachemire, accusant les autorités indiennes de soumettre les enfants de ce territoire a des violences, des détentions arbitraires et des abus sexuels. Le Luxembourg s’est également inquiété des conditions de détention des enfants et a demandé comment mettre en place un système de détention des mineurs qui ne se contente pas de punir mais qui contribue activement à la réintégration sociale.
Le Japon a voulu connaître la vision de la Représentante spéciale sur les plans d’actions nationaux en vue de lutter contre la violence contre les enfants, Israël s’interrogeant sur les meilleures pratiques rencontrées par la Représentante spéciale à cet égard. Dans le même ordre d’idées, le Maroc a voulu connaître les meilleures pratiques pour intégrer les enfants dans les instances publiques et décisionnelles, notamment concernant les décisions qui les concernent. La Fédération de Russie a, quant à elle, rejeté les accusations d’enlèvement d’enfants proférées à son encontre, évoquant plutôt des « mesures d’évacuation volontaires ». Enfin, la République arabe syrienne a félicité la Représente spéciale pour son travail et salué le soutien apporté par l’actrice espagnole Penelope Cruz.
En réponse à ces interventions, la Représentante spéciale chargée de la question de la violence contre les enfants est revenue sur la protection des enfants dans le domaine du secteur du voyage et du tourisme en déclarant que le plus important consiste à détecter les enfants en situation de vulnérabilité, en prenant en considération tous les facteurs sur le terrain. Elle a applaudi l’engagement en faveur d’une refonte du secteur du tourisme et espéré que la réunion de la semaine prochaine sous l’égide de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) apportera un éclairage à cet égard. Constatant qu’il existe de plus en plus de mouvements dans le domaine touristique mais quasiment aucun contrôle, notamment par les inspections du travail, la Représentante spéciale a estimé que beaucoup reste à faire, et ce, bien que le tourisme, le voyage et le secteur des TIC aient défini des codes de conduite volontaire. Mme malla M’Jad a d’autre part plaidé pour une mobilisation de tous les secteurs « puisqu’il s’agit souvent de problèmes et de situations transfrontières », recommandant des mécanismes de signalement et d’information ainsi qu’une implication des défenseurs publics.
Concernant les mesures privatives dans les camps au nord-ouest de la Syrie, la Représentante spéciale a jugé important d’accorder l’accès pour aussi vérifier la situation des enfants. Enfin, après avoir rappelé l’existence de conventions protégeant les droits des enfants, à l’instar de celles de l’Organisation internationale du travail (OIT), elle a regretté que seule une poignée de pays les aient ratifiées et a appelé à une mise en œuvre effective de ces instruments.
Exposé
M. MANUEL FONTAINE, Conseiller spécial sur les droits de l’enfant au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a présenté deux rapports du Secrétaire général, sur les droits de l’enfant dans le contexte de l’environnement numérique et sur les conséquences de la pandémie COVID-19 sur les filles (A/78/284). Il a tenu à rappeler que les droits de l’enfant sont des droits humains et que les enfants constituent un groupe de détenteurs de droits distincts en vertu du droit international.
Sur cette base, le Conseiller spécial a souligné le potentiel des technologies numériques pour les enfants, notamment pour l’inclusion sociale des enfants handicapés, les liens familiaux des enfants en déplacement et l’aide aux enfants victimes de crises humanitaires. Au chapitre des bénéfices, il a évoqué la participation des enfants, notamment en matière de justice sociale et d’action climatique, ainsi que l’ouverture de canaux d’accès à l’éducation, aux services de santé, à l’information et aux procédures d’enregistrement des naissances.
A contrario, M. Fontaine a attiré l’attention sur la persistance d’une « fracture numérique », qui touche notamment les filles, les enfants des zones rurales, les enfants pauvres et les enfants touchés par des crises humanitaires. Il s’est aussi inquiété d’un risque accru d’exposition à des contenus nuisibles, haineux ou fallacieux, ajoutant que l’environnement numérique fournit de nouveaux moyens de perpétrer des violences à l’encontre des enfants et de les inciter à s’engager dans des activités illégales ou préjudiciables. Les questions de protection de vie privée et des données figurent également au rang des inquiétudes, a-t-il noté, appelant les États Membres à une action concertée pour surmonter l’exclusion numérique et garantir la protection des droits de l’enfant.
Évoquant ensuite le rapport relatif aux conséquences de la pandémie sur les filles, le Conseiller spécial a relevé que la crise liée à la COVID-19 a eu un impact particulièrement dévastateur sur les adolescentes et a provoqué « la plus grande perturbation de l’éducation de l’histoire », ainsi qu’une augmentation disproportionnée de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. M. Fontaine s’est d’autre part inquiété des impacts négatifs en termes de santé mentale et d’obligation de travailler, notamment dans les zones rurales, disant également craindre une augmentation des mariages d’enfants et des mutilations génitales féminines sur le long terme. Il a indiqué que le rapport appelle à investir davantage dans des interventions législatives, politiques et programmatiques spécifiquement axées sur la promotion et la protection des droits des filles.
Dialogue interactif
À la suite de cette présentation, l’Ukraine et la Chine sont intervenues pour saluer la contribution de l’UNICEF dans la promotion des droits de l’enfant. L’Algérie et la République islamique d’Iran ont fait part de leur préoccupation quant à l’utilisation des technologies numériques, notant qu’elles représentent des opportunités d’apprentissage mais également des risques en matière d’exploitation et d’abus des enfants. Sur un plan connexe, la Grèce a souhaité savoir comment les États Membres peuvent parvenir à combler la fracture numérique dont sont victimes les filles.
En matière de coopération et de mise en œuvre des programmes, le Maroc a invité l’UNICEF à faire preuve d’innovation. De son côté, l’Union européenne a demandé des recommandations pour faciliter la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) avec les enfants en leur centre. Dans le même ordre d’idées, la Malaisie a voulu connaître les meilleures pratiques permettant de renforcer la coopération internationale et garantir la lutte contre le mariage précoce.
Le Bangladesh s’est dit préoccupé par deux sujets, à commencer par les difficultés d’apprentissage consécutives à la pandémie de COVID-19, rappelant qu’un enfant sur huit ne peut pas lire un texte simple à l’âge de 10 ans. Comment est-il possible de régler ce problème à travers l’éducation?, a-t-il demandé au Conseiller spécial. Rappelant par ailleurs également qu’un milliard d’enfants seront touchés par les effets des changements climatiques, il a voulu en savoir davantage sur l’aide que fournit l’UNICEF aux enfants vulnérables.
Inquiète, elle aussi, des répercussions de la pandémie sur les enfants, la Pologne a souhaité obtenir des informations complémentaires concernant les efforts de vaccination à travers la coopération internationale.
Répondant à ces questions et commentaires, le Conseiller spécial sur les droits de l’enfant au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a appelé les États Membres à considérer les enfants comme des vecteurs de changement, et ce, tout particulièrement dans l’action contre les effets des changements climatiques. Il a ensuite fait écho aux inquiétudes entourant le déclin de la vaccination infantile, la jugeant préoccupante. Le Conseiller spécial a par ailleurs convié les délégations à consulter les recommandations détaillées dans ses rapports, notamment s’agissant de la fracture numérique et de son impact spécifique sur les filles. Nous devons absolument contribuer aux efforts visant à la réduire, a-t-il insisté.
Pour le Conseiller spécial, il importe aujourd’hui de renforcer le financement alloué à la promotion des enfants, d’accroître le volume de données disponibles à leur sujet et de faire progresser leur participation; l’objectif étant de valoriser la contribution des enfants à la réalisation des ODD. Dans cet esprit, il a exhorté les États Membres à partager leurs pratiques optimales dans des domaines tels que la lutte contre le mariage des enfants et de tout faire pour que les filles reviennent à l’école ou demeurent scolarisées.
Discussion générale
Mme KATARINA CLIFFORD, de l’Union européenne, reconnaissant qu’en dépit de divergences, les États membres s’accordent sur la nécessité de protéger les droits de l’enfant, a enjoint les États n’ayant pas encore ratifié la Convention y relative à le faire. Elle a fait état de la volonté de l’Union européenne (UE) de proposer une résolution sur l’environnement numérique afin de faire émerger un consensus pour favoriser l’émancipation des enfants tout en réduisant les risques. À cet égard, après avoir assuré qu’il incombe aux États de garantir les droits de l’enfant en ligne et hors ligne, la représentante a souligné les responsabilités du secteur privé, notamment pour la protection de la vie privée, qu’il s’agisse de produits et de services conçus pour les enfants, ou de produits utilisés par les enfants sans avoir été conçus pour eux. Évoquant les risques de traite des personnes, de harcèlement en ligne, de discours prônant le suicide ou d’exposition à des contenus néfastes, la représentante a appelé à analyser ces dangers et à appliquer en ligne la Convention relative aux droits de l’enfant, afin de promouvoir ses principes aux niveau national, régional et international. Les enfants doivent pouvoir avoir accès aux opportunités offertes par l’environnement numérique tout en étant protégés de ses dangers, notamment grâce à des mécanismes de recours et de soutien.
Particulièrement préoccupée par les reculs des objectifs de développement durable (ODD) 4, 5 et 10, la représentante a mis en avant la nécessité de poursuivre la coopération afin de renverser la tendance actuelle. Insistant sur le rôle de l’éducation, elle a affirmé que l’UE s’efforce de garantir l’égalité, la qualité et l’inclusion. L’UE consacre ainsi 10% de son budget à l’éducation dans le contexte humanitaire. Entre 2020 et 2024, près de huit milliards d’euros seront investis pour la sécurité alimentaire mondiale s’est également félicitée la représentante avant de souligner les répercussions négatives des conflits dans la réalisation des ODD. Elle a conclu en insistant sur les efforts menés par l’UE pour placer les enfants au centre de son approche.
M. HARI PRABOWO (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui représente 200 millions d’enfants, a réitéré l’engagement de l’organisation à éliminer tous les facteurs de discrimination à leur égard d’ici à 2030. À ce titre, il a mentionné un Plan d’action pour l’élimination de la violence à l’égard des enfants pour la période 2016-2025. Car toute forme de violence à l’égard des enfants peut être évitée, a-t-il affirmé. Les États membres échangent d’ailleurs des pratiques optimales en la matière, s’est-il félicité. Concluant, le représentant a insisté sur la volonté de l’ASEAN d’intégrer les enfants aux processus décisionnels. Cette volonté s’est concrétisée par le premier sommet de représentants des jeunes de l’ASEAN à l’occasion de son quarante-deuxième sommet.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA), a affirmé que la politique sociale globale régionale 2020-2040 développe « une approche du cycle de vie ». Elle a précisé que dans le cadre du renforcement des systèmes de protection sociale, les membres du SICA se sont engagés à mettre en œuvre des programmes régionaux pour la prévention de toutes les formes de violence contre les enfants et de la grossesse chez les filles et les adolescentes, ainsi que des programmes pour l’éradication du travail des enfants, du travail dangereux des adolescents, de la traite des êtres humains et de l’exploitation sexuelle.
La déléguée a appelé à la mise en œuvre d’un enseignement primaire gratuit et obligatoire pour tous les enfants, ainsi qu’à un enseignement secondaire abordable pour tous, notamment par l’introduction progressive de la gratuité de l’enseignement. Constatant que l’insécurité alimentaire et la malnutrition affectaient les enfants de la région, elle a cité une série d’initiatives mises en place pour y remédier. Elle a aussi demandé instamment à tous les États de promouvoir la participation des enfants et leur droit à s’exprimer librement, en veillant à ce que leurs opinions soient dûment prises en compte pour toutes les questions qui les concernent.
La déléguée a rappelé que l’autonomisation des filles était fondamentale pour la croissance économique et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment l’éradication de la pauvreté. Reconnaissant la responsabilité première de la famille dans la protection des enfants, elle a souligné l’importance d’une atmosphère de bonheur, d’amour et de compréhension pour le développement complet et harmonieux des enfants. Concluant son propos, elle a ajouté qu’au cours de cette session de la Troisième Commission, les États membres du SICA présenteraient la résolution sur les droits de l’enfant, conjointement avec l’Union européenne, le thème de cette année étant « les droits de l’enfant et l’environnement numérique ».
M. FRANCISCO JOSE DA CRUZ (Angola), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé que tous ses États membres ont ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, ainsi que des instruments internationaux, continentaux et régionaux qui promeuvent et protègent ces droits, notamment le Code de conduite de la SADC sur le travail des enfants. Ces instruments qui interdisent toutes les formes d’abus à leur encontre accordent la priorité à l’éducation et à la formation des enfants ainsi qu’à l’éradication de la pauvreté, principal moteur du travail des enfants. Le représentant a salué les efforts entrepris par la plupart des États de la SADC, notamment pour prévenir la traite des enfants en prévoyant des peines privatives de liberté, pouvant aller dans certains cas jusqu’à l’emprisonnement à vie.
Indiquant que les États membres poursuivent leurs investissements stratégiques massifs à destination du secteur de l’éducation afin d’élargir les opportunités économiques pour les jeunes, le représentant a insisté sur les effets de la pandémie de COVID-19 qui exacerbent les inégalités existantes. Nous avons la responsabilité d’assurer la continuité, l’inclusion et l’équité pour tous les apprenants, a-t-il lancé avant d’évoquer le partenariat entrepris à cette fin entre le secrétariat de la SADC et l’UNESCO dans le cadre d’une coalition mondiale pour l’éducation.
Après avoir rappelé l’adoption par les États de la SADC d’une loi sur l’éradication du mariage des enfants et la protection des enfants déjà mariés, le représentant a salué les progrès réalisés, notamment grâce au rôle des chefs traditionnels dans les campagnes de sensibilisation. Reconnaissant également le rôle crucial de la famille dans l’éducation des enfants et la transmission des valeurs et des normes sociales, ces États ont adopté des politiques multisectorielles axées sur la famille pour protéger les enfants contre toutes les formes d’exploitation et d’abus, telles que la traite, le travail forcé et les abus sexuels et émotionnels.
Évoquant les répercussions dévastatrices de la pandémie de VIH/sida dans la région au cours des 20 dernières années, le représentant a souligné que les adolescents et les jeunes en sont les principales victimes et que les États membres de la SADC continuent de promouvoir l’accès aux soins de santé, y compris la couverture sanitaire universelle. Enfin, il a mis l’accent sur les obstacles liés à l’insuffisance des ressources humaines et financières. À cet égard, il a plaidé pour des partenariats solides entre toutes les parties prenantes concernées, notamment les gouvernements, les partenaires du développement, les organisations de la société civile, le secteur privé, le monde universitaire, les chefs de communautés, les églises, les autorités locales et les organisations non gouvernementales.
M. NOAH OEHRI (Lichtenstein) s’est inquiété du fait que 3 000 attaques contre des écoles ou universités ont été recensées en 2022, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière. En Ukraine ou encore au Sahel, les attaques contre les écoles ont augmenté de 600% de 2019 à 2023. Autres dangers mentionnés par le délégué, les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution qui représentent une triple crise mondiale qui affecte les enfants plus que les adultes, et met en péril l’avenir des générations futures. « Le nombre de plaintes portées par les jeunes en faveur de la justice climatique en est la preuve. » L’Observation générale n°26 du Comité sur les droits des enfants rappelle que les États doivent pourtant garantir un environnement propre sain et durable afin de protéger les droits des enfants, a-t-il souligné. Le délégué a vu dans le troisième Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant un « outil essentiel » permettant aux enfants de porter plainte en cas de violations de leurs droits, notamment quand les États n’ont pas su leur offrir des réparations. Ce protocole n’a été ratifié que par 51 États Membres en 10 ans, a-t-il toutefois regretté.
M. JAKARIN TREEDARA (Thaïlande) a insisté sur l’importance de l’éducation et de la formation pour promouvoir et protéger les droits et le bien-être des enfants. Son gouvernement, a-t-il indiqué, a étendu le programme d’aide à l’enfance, lequel accorde 600 baht thaïlandais par mois à tous les nouveau-nés à risque jusqu’à l’âge de six ans, soit plus de 2 millions de bénéficiaires. Concernant l’environnement numérique, le représentant a indiqué que la Thaïlande reconnaît la nécessité de protéger les enfants contre l’exploitation et les abus en ligne, conformément aux documents régionaux tels que le plan d’action régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour la protection des enfants contre toutes les formes d’exploitation et d’abus en ligne. En outre, le Gouvernement a lancé la « Thaïlande Safe Internet Coalition » pour promouvoir la culture numérique et lutter contre la violence en ligne. Cette question est au cœur de l’élaboration de la deuxième stratégie nationale thaïlandaise de protection de l’enfance, qui devrait être approuvée dans le courant de l’année, a expliqué le représentant.
Enfin, il a alerté sur les difficultés mentales et émotionnelles des enfants lesquelles s’illustrent dans les conclusions du rapport national 2022 de la Thaïlande sur le renforcement des systèmes de santé mentale et de soutien psychosocial, réalisé par le Ministère thaïlandais de la santé publique avec l’UNICEF. Après avoir souligné le rôle du système scolaire dans la résolution de cette problématique, notamment à travers l’identification de signes précoces de détresse mentale, le représentant a cité la campagne thaïlandaise « Scholl Heath HERO » qui vise à déstigmatiser les problèmes de santé mentale et à favoriser une communication constructive entre les enseignants, les parents et les élèves.
M. MOHAMED OMAR ELFAROUK HASSAN MOHAMED (Égypte)a reconnu la nécessité d’augmenter les investissements en faveur de l’enfance. Il a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l’homme souligne le rôle de la famille comme unité fondamentale de la société qui doit être protégée par l’État, ajoutant qu’elle est responsable de l’éducation de l’enfant. Évoquant les effets délétères de la pandémie de COVID-19 en matière d’éducation, le délégué a appelé à renforcer la coopération internationale pour surmonter ces obstacles, notamment en investissant dans les infrastructures d’éducation des pays en développement, dans la formation des enseignants et dans l’accès aux technologies de pointe. En Égypte, les enfants migrants ont accès à une éducation de base, a-t-il indiqué, appelant à garantir un appui international pour les pays qui accueillent des populations migrantes.
Mme IWONA ANNA LULA, déléguée de la jeunesse de la Pologne, a estimé que bien que l’ONU ait accompli des travaux remarquables, cela ne suffit pas. Car il existe une situation dans laquelle les enfants payent toujours le prix le plus élevé: les conflits. Les Polonais ont été les premiers à constater la souffrance des enfants parmi les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine, a-t-elle témoigné. Leur enfance leur a été irrémédiablement enlevée par les balles russes, s’est émue la déléguée, et de nombreux enfants sont victimes de stress post-traumatique. La jeune génération en Ukraine, mais aussi en Syrie, en Iraq, au Niger et ailleurs, mérite toute l’attention des Nations Unies, a-t-elle plaidé. Il est essentiel que l’ensemble de la communauté internationale réponde à cette cruauté par une action immédiate. La réponse doit être plus importante et centrée sur la protection effective de tous les enfants. « Nous devons tous agir, car les jeunes du sort desquels nous débattons actuellement sont ceux qui, un jour, prendront en charge la gouvernance mondiale », a-t-elle résumé.
Mme RAWA ZOGHBI (Liban) a déploré le prix payé par les enfants en raison de la crise multiple qui affecte son pays depuis quatre ans, avec de lourdes conséquences sur leur santé physique et mentale, leur nutrition et leur éducation. Ajoutant que la Banque mondiale la considère comme l’une des pires crises économiques mondiales depuis le milieu du XIXe siècle, elle a rappelé l’explosion du port de Beyrouth et la présence de plus de 1,5 million de Syriens déplacés au Liban. Décrivant les difficultés qui affectent l’école publique, la déléguée a indiqué que selon l’UNICEF, au moins 15% des ménages ont retiré leurs enfants des écoles et 52% ont réduit leurs dépenses en matière d’éducation. Elle a toutefois rappelé que les écoles publiques au Liban restaient ouvertes aux enfants déplacés syriens, tout en reconnaissant que le système était en réel danger. Elle a appelé la communauté internationale à soutenir le Liban, en tant que pays d’accueil qui ne peut plus supporter le poids de ces nombreux défis. En outre, plus de 11 000 enfants réfugiés palestiniens au Sud-Liban ne pourraient pas commencer leur année scolaire cette année, en raison des récents affrontements armés dans le camp d’Erin El Hile, a-t-elle indiqué. Citant la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina Mohammed, lors de sa visite à Beyrouth cette année, la déléguée a réitéré l’appel de son pays à ses partenaires et aux agences de l’ONU pour qu’ils permettent à « chaque enfant d’être un enfant ».
Mme FLAVIA VMULISA (Rwanda) s’est inquiétée des conclusions du dernier rapport annuel sur les violences commises contre les enfants qui souligne l’exacerbation des violences en raison notamment de crises complexes et interconnectées. Des centaines de millions d’enfants à travers le monde sont victimes de violations de leurs droits, a‑t‑elle déploré, appelant à un renforcement des efforts à travers des investissements, des mesures de prévention intégrées et un système de protection. Le Rwanda est fermement engagé à défendre les principes consacrés par la Convention, a affirmé la représentante. Une force nationale spéciale composée d’experts juridiques, de psychologues et de bénévoles est ainsi chargée d’identifier et de prévenir les cas de violence, d’abus et de négligence. Se félicitant de la politique de renforcement de la scolarisation, notamment dans les zones rurales, la représentante a vanté un taux national de scolarisation de 95%. Des stratégies de communication à destination des parents visent à lutter contre les normes sociales qui entravent l’accès à l’éducation. Par ailleurs, elle a indiqué que le taux de mortalité infantile a baissé de 70% en l’espace d’une décennie grâce à des investissements ciblés en matière de soins.
Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a rappelé qu’en raison de sa position géographique, le Guatemala est un pays d’origine, de transit et de destination des migrations, ce qui le rend très vulnérable à la traite des êtres humains. Cette forme d’esclavage moderne touche les femmes, les jeunes et surtout nos enfants, s’est alarmée la déléguée, déplorant que des abus continuent d’être perpétrés par des groupes armés. Face à ce fléau, le Guatemala soutient la proposition visant à élaborer un cadre stratégique pour prévenir les violations des droits des enfants en situation de conflit armé, a-t-elle affirmé. Enfin après s’être émue du ciblage aveugle d’hôpitaux et d’écoles, et des attaques menées contre les populations civiles, à l’aide d’armes explosives et chimiques, qui tuent des milliers d’enfants, la représentante a condamné les formes de discrimination imposées aux filles dans le monde, en particulier les filles d’Afghanistan depuis le retour au pouvoir des Taliban.
M. MARIA ROSENY BALTAZAR FANGCO (Philippines) a détaillé le corpus de lois nationales qui garantissent les droits des enfants en situation de conflit armé et d’exploitation, signalant notamment l’adoption cette année, par le Congrès philippin, d’une législation sur la sécurité des enfants dans les environnements numériques. Après avoir rappelé les dispositifs de signalement téléphonique de violence et de plainte en ligne, mis en place durant la pandémie, il a indiqué que la loi sur le redressement post-COVID-19 prévoit la mise en œuvre ininterrompue des programmes de vaccination contre les maladies évitables et l’accès à des repas gratuits et sains pour les enfants souffrant de malnutrition.
Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité de promouvoir l’enfant comme agent de changement des sociétés, avant de relever que le cadre national sur la participation des enfants établit les normes minimales en la matière et promeut la participation des enfants au sein de la famille, de la communauté, de l’école, des médias et d’autres institutions. Il a enfin souligné l’importance des partenariats établis avec d’autres États Membres pour la protection des enfants et la prévention de l’exploitation des enfants, rappelant à cet égard le travail entrepris au niveau national avec l’UNICEF pour assurer une protection juridique adéquate des intéressés.
Déclarations liminaires des titulaires de mandats au titre d’une procédure spéciale et d’autres experts, suivies par un dialogue interactif
Exposé
Mme ANN SKELTON, Présidente du Comité des droits de l’enfant, a présenté un rapport sur les travaux de son organe en saluant la finalisation, en juillet dernier, de la note d’orientation du Secrétaire général sur l’intégration des droits de l’enfant dans les travaux de l’ONU. Elle a assuré que le Comité continuera à travailler avec des entités au sein et au-delà du système des Nations Unies pour faire avancer cette opportunité importante, en mettant particulièrement l’accent sur la participation des enfants comme élément fondamental. Rapportant les propos d’une Libanaise de 12 ans ayant participé aux consultations pour l’élaboration de la dernière Observation générale du Comité, elle a appelé à la création d’un « espace de conversation entre les jeunes et les gouvernements ».
Mme Skelton a ensuite réitéré son appel à la ratification et à la mise en œuvre universelles de la Convention relative aux droits de l’enfant et de ses trois Protocoles facultatifs, relatifs à l’implication d’enfants dans les conflits armés; à la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants; et à la procédure de communication mise en place en 2014. Ces ratifications constituent une étape nécessaire pour garantir le respect de tous les droits de l’enfant, a-t-elle souligné, insistant notamment sur celle du troisième protocole facultatif afin de garantir que les enfants aient accès à la justice et à des recours en cas de violation de leurs droits.
Détaillant ensuite le travail réalisé par le Comité au cours de l’année écoulée, la Présidente a indiqué que son organe a examiné 22 rapports en 2022, ce qui a permis de réduire à 67 le nombre de rapport en attente d’examen. Lors de sa quatre-vingt-douzième session, il a aussi adopté la décision n°18 appliquant la procédure de rapport simplifiée comme procédure standard pour les rapports périodiques au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant et pour les rapports initiaux au titre des Protocoles facultatifs, à mettre en œuvre à partir du 1er janvier 2024.
Concernant le Protocole sur la procédure de communication, le Comité a adopté 22 décisions, constatant des violations de la Convention dans six cas, a précisé Mme Skelton. Le Comité travaille également sur quatre enquêtes, a-t-elle ajouté, se félicitant de l’amélioration de la coopération avec les États faisant l’objet d’investigations. À cet égard, elle a réitéré son appel aux États parties pour qu’ils soutiennent cet important travail mandaté en fournissant un financement spécifique, car la procédure d’enquête manque de ressources humaines et financières dédiées.
Elle s’est par ailleurs réjouie d’annoncer que, lors de sa dernière session, le Comité a lancé son Observation générale n°26 sur les droits de l’enfant et l’environnement, avec un accent particulier sur les changements climatiques. En effet, a-t-elle relevé, les données du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montrent les effets disproportionnés, cumulatifs et à long terme des changements climatiques sur les enfants. Selon elle, la motivation de cette observation générale est venue des enfants eux-mêmes, plus de 16 000 contributions reçues de 121 pays.
Par cette observation générale, qui souligne que les enfants ont droit à un environnement propre, sain et durable et que ce droit est inscrit dans la Convention relative aux droits de l’enfant, le Comité appelle les décideurs à reconnaître la contribution des enfants défenseurs des droits humains à la protection des droits de l’homme et de l’environnement, a précisé la Présidente. Il a invité également à impliquer de manière proactive et significative les enfants dans tous les processus décisionnels environnementaux.
Mme Skelton a d’autre part indiqué qu’au cours de sa quatre-vingt-quatorzième session, le Comité a également adopté une déclaration sur l’article 5 de la Convention, qui sera bientôt publiée. Son objectif est de clarifier les notions d’orientation parentale en ce qui concerne l’exercice des droits de l’enfant et l’évolution des capacités de l’enfant telles que consacrées à l’article 5 de la Convention relative aux droits de l’enfant, a-t-elle expliqué, avant d’évoquer les interactions du Comité avec d’autres entités à l’intérieur et à l’extérieur de l’ONU.
Enfin, revenant sur les points saillants de la trente-cinquième réunion des présidents des organes de traité, organisée en juin, elle s’est notamment félicitée du soutien à l’introduction d’un calendrier prévisible de huit ans pour les examens et les examens de suivi, tel que présenté dans le document de travail du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Les présidents ont également conclu qu’ils souhaitaient faciliter une plus grande participation des parties prenantes, y compris des enfants, a applaudi Mme Skelton. Toutefois, a-t-elle averti, le système ne fonctionnera pas de manière optimale sans les ressources financières, techniques et humaines nécessaires pour mener à bien le mandat actuel. Elle a donc appelé les États Membres à fournir les fonds nécessaires pour soutenir ces améliorations.
Dialogue interactif
L’Ukraine a souhaité savoir comment le Comité entend assurer un retour des enfants ukrainiens détenus illégalement par la Fédération de Russie. Le Népal a ensuite questionné le Comité sur la manière adéquate de coopérer avec les différentes parties prenantes pour assurer les droits des enfants dans un contexte de changements climatiques. Citant la finalisation d’une note d’orientation du Secrétaire général sur l’intégration des droits de l’enfant dans le travail des Nations Unies, le Bangladesh a souhaité savoir ce que cela implique pour le Comité.
De son côté, l’Afrique du Sud a interrogé la Présidente du Comité sur la manière de parvenir à un équilibre entre les avantages de l’environnement numérique et les torts qu’il peut causer aux enfants. Dans le même ordre d’idées, El Salvador a souhaité savoir comment garantir une protection des droits des enfants dans l’environnement numérique, en tenant compte du rôle joué par les parents, les gouvernements et les entreprises. L’Union européenne, la Suisse et le Maroc ont pour leur part demandé à la Présidente du Comité d’identifier de manière concrète des méthodes numériques permettant d’augmenter la participation des enfants dans des domaines susceptibles d’avoir une incidence sur leurs vies. Plus spécifiquement, le Maroc a souhaité savoir si des ressources humaines et technologiques permettent un débat propice aux enfants et incluent un langage adapté.
Évoquant l’Observation générale n°26, qui souligne le droit fondamental des enfants à un environnement propre, sain et durable, le Mexique a souhaité connaître les mesures spécifiques permettant de garantir la participation effective des garçons et des filles sur les questions relatives à l’environnement. La Fédération de Russie s’est plainte, quant à elle, de la longueur des travaux ayant conduit à la publication de cette observation générale, estimant que cela impacte l’examen des progrès réalisés par les États, lesquels se retrouvent « otages du rythme des activités du Comité ».
« Nous avons des doutes concernant le caractère rationnel de la répartition du temps du Comité », a ajouté la délégation russe, selon laquelle il ne faut pas « abuser » de la question de la participation des enfants, celle-ci étant en fonction de l’âge et de la maturité. Mécontente-t-elle aussi, l’Égypte a noté un manque de consensus dans les recommandations du Comité, déplorant qu’elles dépassent le cadre des engagements pris par les États parties.
Reprenant la parole, la Présidente du Comité des droits de l’enfant a répondu à l’Ukraine en l’assurant que le Comité s’emploie à faciliter le retour des enfants ukrainiens déportés illégalement par la Russie. S’agissant des interactions en ligne d’enfants avec le Comité, elle a indiqué que des efforts sont entrepris pour les encourager, malgré les contraintes liées à l’interprétation. En ce qui concerne la participation des enfants aux décisions sur les questions environnementales, Mme Skelton a insisté sur les consultations au niveau local, les jugeant particulièrement appropriées. La Présidente a par ailleurs confirmé que le Comité a reçu le sixième rapport de la Chine. Elle a ajouté que davantage de temps de réunion, et donc de soutien financier de la part des États, est nécessaire pour résorber le retard accumulé dans les travaux. Elle a enfin attiré l’attention des délégations sur le commentaire n°25 de son rapport concernant l’environnement numérique.
Exposé
Mme MAMA FATIMA SINGHATEH, Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, et les abus sexuels sur enfants, a présenté une synthèse de son étude thématique sur l’exploitation des enfants et les abus sexuels sur enfants dans le contexte des voyages et du tourisme, avec un accent particulier sur le phénomène de « volontourisme’ ». Elle a précisé que le rapport comporte également un examen des publications sur ce thème, ainsi que les conclusions des réunions tenues avec certaines parties prenantes. Elle a remercié les Gouvernements des Philippines et de l’Uruguay pour les visites qu’elle a effectuées dans ces deux pays, ainsi que l’Australie et le Botswana pour leur invitation.
Selon Mme Singeâtes, d’immenses progrès ont été accomplis dans le secteur du tourisme alors même que celui-ci connaît un essor sans précédent, avec des nouvelles formes de voyages comme le « volontourisme », ou tourisme à des fins de bénévolats, qui a évolué très rapidement au cours des dernières années, avec des bénévoles n’ayant pas de compétence. Observant que les enfants y sont de plus en plus vulnérables, faute d’encadrement juridique, elle a noté que les effets négatifs de ce type de tourisme se multiplient, notamment dans les pays du Sud. Face à ce danger, elle a recommandé la formulation de normes, la sensibilisation à travers de l’information, la vérification du background des bénévoles et la garantie de la protection des enfants dans le cadre du volontarisme.
La Rapporteuse spéciale a également appelé à la mise sur pied d’un cadre juridique global, incluant une interdiction de bénévoles non formés, ainsi que le respect, par les entreprises et opérateurs concernés, des droits de l’enfant. Les gouvernements pourraient également œuvrer de concert avec les entreprises pour que celles-ci protègent et respectent les enfants, et réparent toute atteinte ou abus au bien-être de l’enfant, a-t-elle encore préconisé. Les gouvernements doivent aussi vérifier les modes de financement de telles entreprises, compte tenu du fait que le voyage et le tourisme sont une source essentielle de recettes en devises étrangères et de création d’emplois pour de nombreux pays, a ajouté Mme singeâtes.
Dialogue interactif
Dans la foulée de cette présentation, les États-Unis ont voulu savoir quelles pratiques optimales mettre en œuvre dans le contexte du volontourisme pour lutter contre la vente et l’exploitation des enfants, alors que les Philippines se sont intéressées à la possibilité d’accroître la coopération. Israël, qui a souligné son processus strict de recrutement des bénévoles, s’est intéressé aux mesures à prendre pour lutter contre les atteintes sexuelles contre les enfants dans le cadre du volontourisme.
Comment assurer une coopération plus robuste entre les entreprises, le gouvernement et les missionnaires afin d’empêcher que les enfants marginalisés ne deviennent des victimes, a demandé le Bangladesh qui a plaidé en outre pour le Code de conduite contre l’exploitation dans le secteur du tourisme.
Soulignant que les programmes de volontourisme font souvent partie des politiques d’aide au développement des États annoncées à grand coup de marketing, le Cameroun a demandé quelles mesures pourraient être prises par les pays donateurs pour s’assurer que cette aide ne serve pas directement ou indirectement à l’exploitation des enfants, surtout quand elle ne passe pas par des canaux gouvernementaux. La déléguée s’est également intéressée aux solutions alternatives au volontourisme et, plus particulièrement, aux types de services familiaux qui aideraient à lutter contre la maltraitance des enfants.
Dans ce même ordre d’idées, l’Union européenne a souhaité connaître quelques exemples d’alternatives au volontourisme et de réglementation de la pratique afin de préserver les enfants des risques d’exploitation.
Après l’Égypte, qui a souhaité promouvoir une éducation de qualité et accélérer la coopération pour lutter contre la traite des enfants, la Fédération de Russie a jugé indispensable non seulement d’établir des contrôles pour les personnes qui travaillent avec des enfants, mais aussi de préserver l’intégrité des familles et de faire en sorte que les bénévoles soient en contact permanent avec les parents. L’Ukraine a dénoncé pour sa part les déportations forcées d’enfants ukrainiens vers la Russie.
L’Algérie s’est ensuite inquiétée de savoir comment réconcilier les objectifs de développement durable, auxquels le volontourisme participe, et la protection des enfants. Après la Chine, qui a insisté sur le besoin de s’attaquer au nombre important de trafics, le Maroc a souhaité connaître d’autres bonnes pratiques de traitement préventif et de solutions lorsque les enfants sont confrontés à des violences au sein de leur foyer. Enfin, la République arabe syrienne a demandé comment la titulaire du mandat avait choisi le thème du rapport, souhaitant que la Commission ne perde pas de temps en traitant des sujets similaires.
Dans sa réponse aux délégations, la Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, l’exploitation sexuelle d’enfants et les abus sexuels sur enfants a indiqué que le volontourisme empiète sur le secteur du tourisme dans la mesure où il implique des bénévoles qui n’ont pas les compétences pour s’occuper des enfants. Il s’agit d’une question extrêmement importante et pertinente, a-t-elle insisté, appelant à ce que les entreprises qui tirent profit du volontourisme rendent des comptes.
La sensibilisation à ce sujet est essentielle, a poursuivi la Rapporteuse spéciale, qui a également insisté sur la nécessité de former le personnel médical et policier au volontourisme afin de mieux maîtriser les mécanismes de plainte. De même, les gouvernements doivent fournir des soutiens financiers aux ONG qui travaillent avec les communautés afin d’appuyer la sensibilisation et la prévention en matière d’abus. Il convient aussi d’éviter que des criminels ne s’infiltrent parmi les bénévoles.
Elle a également insisté sur l’importance de la volonté politique en matière de législation mais aussi sur celle de disposer de ressources nécessaires à l’application des lois et à la formation, notamment au sein des communautés. Afin de lutter contre les causes structurelles du volontourisme, elle a préconisé des stratégies d’investissement capables de réduire la pauvreté en autonomisant les familles et en scolarisant les enfants.
Discussion générale
S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TAREK LADEB (Tunisie) a insisté sur le fait que le bien-être des enfants africains dépend de leur famille et de leur communauté. Regrettant un manque de financement pour le développement, il a souligné l’importance de disposer de moyens suffisants pour leur garantir une éducation. Les enfants africains ont aussi besoin d’une aide pour réduire la fracture numérique, a-t-il ajouté. Le délégué en a appelé à une coopération internationale renforcée pour aider les pays africains à relever les défis qu’ils affrontent, notamment en termes de formation des professeurs. Il a également appelé à des financements appropriés pour soutenir les programmes nationaux de lutte contre la violence contre les enfants.
M. SANTIAGO YARAHUÁN DODERO, délégué de la jeunesse du Mexique, a indiqué que les enfants représentaient un tiers de la population de son pays et que leur bien-être était synonyme de progrès et de croissance durable. Il a enjoint les États à garantir l’éducation des enfants et à lutter contre les risques qu’ils courent en ligne, notamment le harcèlement et la cybercriminalité, et à leur offrir des services de santé mentale adaptés. Il a également appelé les gouvernements à assurer des conditions dignes et sûres aux enfants en déplacement.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a déploré que les enfants subissent souvent des déplacements sans avoir accès à des logements adéquats et des biens de première nécessité, en raison des conflits et des changements climatiques. Il a ajouté que les gouvernements de la CARICOM ont renforcé leurs programmes pour la protection des droits de l’enfant, s’engageant notamment à fournir aux enfants une éducation de qualité et inclusive et l’accès à des services pour le bien-être physique et mental. Les pays de la CARICOM s’emploient également à éliminer le travail des enfants, à prévenir les négligences et violences envers les enfants, à créer des environnements sûrs, à lutter contre l’exclusion, à donner une voix aux enfants dans les décisions qui les concernent et à lutter contre le trafic et l’exploitation des enfants, via notamment un renforcement des frontières, a précisé le délégué.
Il a ajouté que plusieurs États de la CARICOM ont l’intention de présenter un projet de résolution sur la sécurité des enfants dans l’environnement numérique afin de lutter contre les contenus inappropriés et l’utilisation des nouvelles technologies à des fins criminelles. À cet égard, il a exhorté les gouvernements à mettre en œuvre des outils qui protègent les enfants à l’ère numérique, tout en rappelant que la famille a la responsabilité première de protéger les enfants en ligne comme dans l’espace public.
M. PAVOL BEBLAVY, délégué de la jeunesse de la Slovaquie, a rappelé que le récent Sommet sur les ODD a tiré la sonnette d’alarme concernant les enfants faisant partie des groupes vulnérables et marginalisés. Il s’est notamment inquiété du sort des enfants handicapés. Le délégué s’est, en revanche, félicité des nouvelles directives soulignant que les enfants doivent jouir d’un environnement sain, étant donné que les effets des changements climatiques seront leur lot quotidien à l’avenir. Après avoir déploré les impacts sur les enfants de la dégradation de la situation socioéconomique, du fait de la pandémie de COVID-19 mais également de l’inflation mondiale, le délégué s’est dit préoccupé par le sort des enfants ukrainiens déportés de force, rappelant que la Russie figure désormais sur la « liste de la honte » de l’ONU sur les droits des enfants en situation de conflit armé.
Mme BABALWA MAKWATI (Afrique du Sud) a fait remarquer que les enfants sont les membres les plus vulnérables de la société. Pour assurer la protection de leurs droits, elle a plaidé en faveur du respect des mécanismes internationaux, à travers un dialogue accru et des partenariats. Évoquant les progrès nationaux en matière de promotion et de protection des droits de l’enfant, elle a insisté sur les efforts entrepris pour fournir un environnement inclusif, conformément à la Constitution nationale et aux mécanismes et engagements internationaux.
Mme IRINA VELICHK (Bélarus) a fait état d’un plan d’action national pour améliorer la vie des enfants. Elle a précisé que, dans ce cadre, une aide d’État va aux familles et que le congé parental est autorisé jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 3 ans. La représentante s’est par ailleurs déclarée préoccupée par les menaces que représente Internet pour les enfants, notamment en ce qui concerne la diffusion de la pornographie. Elle a précisé que le Bélarus propose à ses citoyens des cours sur la sécurité de l’information. À cet égard, elle a dénoncé la politisation croissante des informations relatives aux camps de repos pour enfants dans son pays, faisant valoir qu’ils existent depuis les années 1990 et qu’ils sont fréquentés par des enfants de plus de 40 pays. Tous les enfants rentrent chez eux en toute latitude, a-t-elle assuré, avant d’inscrire en faux quant à la participation du Bélarus à la guerre en Ukraine.
M. LA HAOZHAO (Chine) a constaté que la pauvreté, la maladie, la faim et les catastrophes naturelles continuent de faire des victimes parmi les enfants, parallèlement aux mesures coercitives unilatérales prises par certains pays, qui entravent le développement de nombreux pays. En Chine, les enfants sont « l’espoir de la nation », a-t-il déclaré, rappelant que son pays compte 290 millions d’enfants dans sa population. Le pays a toujours agi dans le meilleur intérêt de l’enfant et s’emploie à réduire les écarts entre zones urbaines et rurales afin d’assurer le développement, a ajouté le représentant. À cette fin, un plan récemment adopté par le Congrès national chinois contient un chapitre garantissant les droits des femmes et des enfants.
Le représentant a par ailleurs salué le fait que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) classe la Chine parmi les 10 premiers pays mondiaux en matière de santé maternelle et infantile. Enfin, après avoir évoqué l’existence de lois protégeant les enfants de la violence domestique, il a rappelé que son pays remplit ses engagements au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant et a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à la ratifier.
Mme ELAINE CRISTINA PEREIRA GOMES (Brésil) a mis l’accent sur les menaces qui pèsent sur la sécurité et le bien-être des enfants, à commencer par l’exploitation sexuelle. À ce propos, elle a indiqué que toute tentative d’exploitation sexuelle d’un enfant, d’un adolescent ou d’une personne vulnérable constitue un délit dans son pays. La déléguée a ajouté que la commission nationale pour l’éradication du travail des enfants contrôle et évalue les politiques publiques visant à éradiquer le travail des enfants. En matière de tourisme, la représentante a signalé la mise en place au Brésil d’un code de conduite auquel les entreprises de voyage et de tourisme ainsi que les prestataires de services adhèrent volontairement, afin de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents.
M. RIZZAL DOLAH (Malaisie) a indiqué que son pays avait mis en place un cadre juridique national solide pour la protection des droits de l’enfant par le biais de la loi sur l’enfance de 2001 et de nombreuses autres législations. Il a ajouté qu’une nouvelle politique nationale de l’enfance avait été mise en place pour renforcer l’accès des mineurs à la justice et aux services de santé mentale, prévenir les mariages précoces, et protéger les enfants dans l’environnement numérique. Il a indiqué qu’un Département du développement de l’enfant avait été créé en septembre 2023, dans l’objectif d’améliorer le bien-être des enfants. Le délégué a ajouté qu’en matière de justice, le Gouvernement avait adopté un programme de déjudiciarisation qui favorise la protection sociale, plutôt qu’une réponse de justice pénale, pour les enfants à faible risque qui commettent des délits sans gravité.
Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a déclaré que l’État colombien perçoit les garçons et les filles comme des individus à part entière, dotés de capacités particulières, et qu’il a placé l’enfance au cœur de ses politiques nationales. Ce faisant, la priorité est accordée aux communautés rurales et aux territoires touchés par la violence, a-t-elle précisé. La Colombie s’est pleinement engagée dans la réconciliation en vue d’avancer vers une culture de la paix, conformément aux résolutions de l’ONU, a ajouté la représentante. Ainsi, les enfants recrutés de force ne sont pas privés de leur liberté mais, au contraire, traités comme des victimes. Une commission composée de 22 entités nationales veille à la coordination et au suivi de tous les organismes étatiques chargés du bien-être de l’enfant après le conflit armé, a encore indiqué la représentante, selon laquelle la Colombie va convoquer la première conférence mondiale sur l’élimination de la violence à l’égard des filles et des garçons.
Mme FATEMEH ARAB BAFRANI (République islamique d’Iran) a détaillé les différentes dispositions législatives adoptées ces dernières années par son pays pour protéger les enfants, ajoutant que l’Iran présentera ses cinquième et sixième rapports périodiques devant le Comité des droits de l’enfant dans les plus brefs délais. Parmi les avancées dans ce domaine, elle a souligné l’importance des actions menées en matière de santé, qui ont notamment permis une réduction de la mortalité infantile de 18 pour mille en 2017 à 15 pour mille en 2021. La déléguée a ajouté qu’une attention particulière est accordée à la famille, notamment aux familles pauvres dont les enfants sont particulièrement exposés au risque d’abandon scolaire. Elle a enfin affirmé que les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis et les pays européens mettent en danger ces politiques de protection de l’enfance, avant de demander aux autres États Membres de tout faire pour mettre un terme à ces sanctions.
M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a déploré que les États-Unis restent le seul pays à ne pas avoir ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, empêchant son universalisation. Il a relevé que les premières victimes de l’exploitation sur le lieu du travail sont les enfants migrants contraints de gagner leur vie au lieu de fréquenter l’école, déplorant une situation affligeante. Il a constaté que dans les pays occidentaux, la priorité est accordée à l’indépendance de l’enfant et de ses avis, ce qui est contraire à l’article 5 de la Convention. Compte tenu de leur immaturité, les enfants sont malléables, a-t-il insisté, rappelant que la prise de décisions d’un enfant ne peut se faire que sous la tutelle de ses parents. En Russie, la politique relative aux enfants est fondée sur les normes figurant dans les documents internationaux et sur la modernisation des infrastructures, entre autres. Cette politique accorde une place de choix aux enfants dans des situations de vulnérabilité, ou issus de familles pauvres, a-t-il expliqué.
Mme NATASHA LEPAGE, déléguée de la jeunesse du Luxembourg, a indiqué que la population immigrante représente aujourd’hui 47% de la population du Luxembourg. Les exigences linguistiques élevées du pays qui exige le trilinguisme de ses citoyens, représentent un défi de taille lorsque les parents ne maîtrisent pas ces langues ou lorsque la scolarité au Luxembourg est tardive, a-t-elle expliqué, saluant le récent projet d’alphabétisation de son gouvernement. Elle a également signalé que les centres psychosociaux dans les écoles font face à des demandes élevées et, par conséquent, à des délais importants, les coûts des thérapies psychologiques en dehors du milieu écolier restant inabordables pour les jeunes à la santé mentale fragile.
M. JULIEN WALD, délégué de la jeunesse du Luxembourg, a rappelé que les services de la jeunesse permettent aux enfants et aux jeunes de s’exprimer et de participer activement aux processus de prise de décisions. Il a appelé à protéger constitutionnellement les droits des enfants et des jeunes, comme l’a fait le Luxembourg, et à promouvoir le multilinguisme et la participation des enfants et des jeunes en politique. Enfin, il faut rendre la santé mentale accessible à tous en réduisant les délais d’attente et en garantissant une prise en charge financière.
Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a mis l’accent sur les actions entreprises par son pays pour soutenir les enfants handicapés et les enfants migrants. Elle a également insisté sur la désinstitutionalisation du soutien aux enfants abandonnés, avec la fermeture de 133 institutions et la répartition des enfants concernés dans des familles. Elle a rappelé qu’un programme national de lutte contre la violence à l’égard des enfants avait été adopté pour la période 2023-2026. Elle a également indiqué que son pays avait accueilli plus de 130 000 réfugiés ukrainiens parmi lesquels un grand nombre d’enfants en âge scolaire. Si elle est élue, la Bulgarie défendra la protection des droits de l’enfant au sein du Conseil des droits de l’homme, a-t-elle ajouté.
Mme SHAHAD ALMUNAIFI (Koweït) a appelé à relever les défis multiples comme l’insécurité alimentaire, l’inflation, les guerres, et les effets des changements climatiques, qui ont des répercussions négatives sur les enfants. Elle a exhorté tous les pays à cesser les agressions à l’encontre des enfants, en particulier dans le cadre des conflits armés, en apportant également une protection aux civils. Le Koweït, a-t-elle fait savoir, a promulgué plusieurs lois qui aident les familles et dispose d’une Cour familiale pour que les enfants ne souffrent pas des différends au sein de la famille. Les citoyens sont la pierre angulaire de notre développement, a-t-elle ajouté, en réaffirmant l’engagement de son pays à œuvrer avec d’autres pays à la protection des enfants en particulier.
M. TRAN NAM TRUNG DANG (Viet Nam) a relevé que les effets des changements climatiques, les migrations et les discriminations envers les femmes et les filles aggravent la difficulté d’accès aux soins de santé et à l’éducation pour les enfants. Le cyberharcèlement est également préoccupant, a-t-il affirmé, avant de détailler les mesures prises par son pays pour y faire face. Plus généralement, il a rappelé que le Viet Nam a ratifié plusieurs conventions sur les droits humains, tout en réalisant d’énormes progrès sur la voie des ODD, notamment en ce qui concerne la réduction de la mortalité infantile et l’éducation primaire universelle.
Le représentant a également signalé que son pays fait partie de l’alliance mondiale pour éliminer le travail des enfants et coopère avec d’autres États de l’ASEAN pour renforcer la protection des enfants et promouvoir l’égalité femmes-hommes. Au niveau national, en plus des subventions pour l’éducation et des mesures de protection juridique des enfants, plusieurs programmes nationaux sont mis en œuvre pour assurer leurs droits, a-t-il indiqué.
M. MISHAL AL MANDIL (Arabie saoudite) a indiqué que les lois et réglementations de son pays protègent tous les enfants. Conformément à l’article 5 de la Convention relative aux droits de l’enfant et aux valeurs religieuses et morales du royaume, un conseil des affaires de la famille a été mis en place pour prendre soin des enfants, a indiqué le représentant. Il a également fait état d’une politique nationale interdisant le travail des enfants, avant d’évoquer la mise en place d’un dispositif de signalement téléphonique des abus. De même, pour faire face aux menaces cybernétiques, une initiative destinée à fournir une aide aux enfants, aux parents, aux éducateurs mais également aux décideurs a été lancée, a‑t‑il dit.
Le représentant a ensuite fait part de son inquiétude concernant la situation des enfants affectés par les conflits armés et les catastrophes naturelles, appelant à des efforts collectifs pour y répondre. À cet égard il a salué l’aide fournie par l’UNICEF à la suite des tremblements de terre meurtriers en Syrie, précisant que près de 51 000 enfants ont été assistés dans le cadre de ce partenariat. En outre, a‑t‑il ajouté, l’Arabie saoudite participe depuis 2017 à un programme humanitaire destiné à réhabiliter les enfants recrutés et affectés par le conflit armé au Yémen.
Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun) a rappelé l’engagement de son pays en faveur d’un monde « digne des enfants », où la famille est le socle de la société. Elle a souligné que son pays s’emploie à promouvoir une politique d’éducation à même de préparer l’enfant à mener une vie responsable dans une société libre, en se basant sur la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant qui veut en particulier que l’éducation soit gratuite, de haute qualité, et renforce les valeurs et les traditions africaines « positives ». Elle a recommandé qu’au lieu de s’intéresser à la vie sexuelle des enfants, l’école se concentre plutôt sur les matières fondamentales, à commencer par « l’apprentissage des affres de la colonisation ». L’éducation est une cause nationale à laquelle concourent les entités publiques et privées ainsi que la famille et les communautés, a insisté la déléguée.
M. KRISHNA ARYAL (Népal) a signalé que son pays a présenté, en 2022, ses sixième et septième rapports dans le cadre de la Convention relative aux droits de l’enfant, dont il a intégré des libellés clefs dans sa Constitution et ses lois. Indiquant que le Népal s’est fixé pour objectif d’éradiquer le mariage des enfants d’ici à 2030, il a ajouté que le Code pénal de son pays interdit, d’ores et déjà, le mariage des personnes de moins de 20 ans. Le délégué s’est par ailleurs félicité d’une diminution très nette du travail des enfants népalais, fléau que le pays s’est engagé à éliminer d’ici à 2025 avec l’adoption d’une loi bannissant l’emploi des enfants dans les usines, les mines et toutes les activités risquées.
Mme ALMAHA MUBARAK F. J. AL-THANI (Qatar) a indiqué que son pays a adopté de nombreuses lois pour garantir les droits de l’enfant, ainsi que des mécanismes appropriés pour la protection et la réinsertion sociale des jeunes. Elle a ensuite attiré l’attention sur le rôle fondamental de l’éducation pour permettre aux enfants et aux jeunes d’exercer leurs droits et de devenir des décideurs. Le Qatar consacre d’ailleurs une partie importante de son budget à l’éducation et à de nombreuses initiatives éducatives pour tous les enfants, qu’ils soient citoyens ou résidents, a-t-elle poursuivi. D’autres efforts pour la protection des enfants incluent un système d’aide via leur téléphone portable quand ils sont en danger, des initiatives régionales pour garantir l’accès à l’éducation aux enfants qui en sont privés en raison des conflits et catastrophes et un partenariat avec UNICEF.
Mme NATALIIA MUDRENKO (Ukraine) a réaffirmé la détermination de l’Ukraine à renforcer la protection des enfants face à l’agression de la Fédération de Russie, indiquant qu’au moins 64 enfants ont été tués et 1 129 autres blessés durant le conflit. Un enfant a été tué aujourd’hui par une attaque de missile dans la région de Kharkiv, a ajouté la représentante précisant que la plus jeune victime ukrainienne avait 4 ans et que ces chiffres ne comprennent pas les territoires ukrainiens occupés.
La déléguée a également alerté sur le sort des enfants ukrainiens expulsés vers la Russie ou vers les territoires temporairement occupés, puis soumis à une adoption illégale et à un lavage de cerveau dans le but, a-t-elle dit, de préparer des soldats obéissants pour les forces armées russes. Seuls 386 orphelins sur plus de 4 000 enfants ont pu être rapatriés vers l’Ukraine avec succès, a-t-elle déploré, tout en faisant part de la détermination de l’Ukraine à assurer le retour de tous les enfants ukrainiens. À cet égard, un dialogue constructif a été établi avec la Représentante spéciale pour la question des enfants et des conflits armés; un point focal a été désigné et un plan a été mis en œuvre pour mettre un terme aux violations graves contre les enfants. Elle a ensuite exhorté la communauté internationale à intensifier la pression exercée à l’encontre de la Russie.
Mme MERCEDES DE ARMAS GARCÍA (Cuba) s’est alarmée de la situation terrible de millions d’enfants dans le monde. Elle a fustigé les conséquences graves du blocus économique et financier imposé à Cuba, qu’elle a qualifié de politique de pression et d’obstacle principal au développement, alertant de son impact réel sur les enfants et les adolescents cubains. Pourtant, ce blocus de longue date n’arrive pas à asphyxier la volonté du pays et les enfants grandissent en étant heureux à Cuba, s’est-elle félicitée, mettant l’accent sur les indicateurs de santé et d’éducation, comparables à ceux des pays développés. Elle a aussi fait état de politiques contre l’adoption illégale ou encore l’exploitation et le trafic des enfants.