Soixante-dix-huitième session,
9e et 10e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4376

Entre diplomatie féministe et défense des valeurs culturelles, la Troisième Commission poursuit son examen de la promotion des femmes

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a poursuivi, aujourd’hui, sa discussion générale sur le point relatif à la promotion des femmes. Si la grande majorité des délégations a regretté des freins, voire des reculs, à mi-parcours du Programme de développement durable à l’horizon 2030, un clivage est apparu entre défenseurs des valeurs culturelles et tenants d’une diplomatie féministe. 

En début de séance, le Népal a posé le cadre des débats en rappelant qu’au rythme actuel, il faudrait 300 ans pour mettre fin au mariage des enfants, 286 ans pour aboutir à l’égalité juridique femmes-hommes, 140 ans pour atteindre l’égalité des sexes aux postes à responsabilité et 47 ans pour parvenir à la parité au sein des parlements nationaux.  De son côté, le Costa Rica a indiqué que 736 millions de femmes, soit une sur trois dans le monde, avaient été victimes de violences physiques ou sexuelles, dénonçant le caractère systémique de la violence fondée sur le genre. 

À l’instar d’une majorité de délégations, l’Italie a fait part de son « inquiétude croissante » face à une tendance alarmante à la régression des droits des femmes au niveau mondial, constatant que les cibles de l’objectif de développement durable (ODD) numéro 5 enregistrent plus de reculs que d’avancées.  Les États-Unis ont rappelé que les droits des femmes sont à la base du Programme 2030 et s’appliquent à tous, avant de regretter qu’« une poignée d’États affaiblissent le consensus à cet égard ». Allant plus loin encore dans cette dénonciation, l’Espagne s’est élevée contre une « vague extrémiste et réactionnaire » qui rejette tout à la fois l’égalité femmes-hommes et le féminisme.  Une position partagée par la France, qui a mis en avant sa diplomatie féministe face à « l’affirmation décomplexée des mouvements anti-droits qui prônent, financent et organisent la régression des droits des femmes et des filles partout dans le monde ». 

« Les valeurs culturelles et sociales ne sont ni universelles ni homogènes », a rétorqué le Nigéria, appelant à ne pas diluer l’intérêt des femmes et des filles dans « l’agenda de quelques-uns, qui saisissent chaque occasion pour projeter des points de vue et des idéologies non consensuels ».  Dans la même veine, la Tanzanie a dénoncé la promotion du droit à l’avortement au nom des droits humains, qui porterait atteinte au sanctuaire de la famille. 

Plus mesuré, l’Iraq a souhaité que les Nations Unies se montrent respectueuses des valeurs de tous et n’adoptent pas des terminologies qui ne seraient pas adaptées à certaines sociétés.  L’Égypte a renchéri sur le même thème en estimant qu’il convenait de respecter les disparités entre pays, qu’elles soient culturelles ou liées aux niveaux de développement, ajoutant que « d’aucuns abordent la question des femmes en intégrant d’autres sujets, non consensuels, aux discussions ». 

Se prévalant de son « histoire complexe » en la matière, l’Irlande s’est, elle aussi, inquiétée d’un « retour de bâton » contre l’égalité femmes-hommes au niveau international, avant de dénoncer « l’idée fausse » selon laquelle ce principe serait incompatible avec les valeurs traditionnelles et familiales.  Elle s’est inquiétée du sort des femmes appartenant à d’autres groupes marginalisés, comme la communauté LGBTIQ+, mais aussi des femmes confrontées au racisme et des femmes handicapées. 

En écho, le Costa Rica a défendu une approche intersectionnelle face aux menaces planétaires, comme les changements climatiques et la pandémie de COVID-19, non sans rappeler que ces phénomènes touchent plus durement les migrantes, les autochtones, les pauvres ou les femmes des zones rurales. 

De nombreuses délégations, notamment africaines, ont fait part de leur préoccupation concernant ces dernières, à l’image de la Namibie qui a souligné « l’impact profond et disproportionné » des changements climatiques sur les femmes vivant en milieu rural et a appelé à les doter des connaissances nécessaires pour s’y adapter.  Avertissant que le dérèglement du climat pourrait précipiter 158 millions de femmes et de filles dans la pauvreté d’ici à 2050, les Émirats arabes unis ont annoncé le lancement, à l’occasion de la prochaine COP28 organisée à Dubaï, d’un partenariat pour l’égalité femmes-hommes dans une transition énergétique juste.  Une initiative visant, selon eux, à augmenter les flux financiers destinés aux femmes leaders dans ce domaine et à améliorer la collecte de données ventilées par genre. 

La question de la production de données pertinentes pour lutter contre les violences et les discriminations à l’égard des femmes a été soulevée par plusieurs délégations, dont la Sierra Leone, Cabo Verde et le Kazakhstan, qui ont dit avoir mis en place des outils statistiques adaptés.  Dans le même ordre d’idées, les Pays-Bas ont souhaité que le secteur financier fournisse des données sur les produits détenus par les hommes et par les femmes. 

Le sort des femmes dans les contextes de conflit a aussi mobilisé les délégations, la Roumanie attirant l’attention sur leur impact disproportionné.  L’Albanie a déploré les effets délétères de l’invasion russe en Ukraine, cette dernière reconnaissant une augmentation des cas de violence contre les femmes depuis le début du conflit.  Le représentant du Myanmar a, quant à lui, appelé la communauté internationale à venir en aide aux survivantes des crimes, notamment sexuels, commis par la junte militaire au pouvoir dans son pays et de tout faire pour que justice leur soit rendue. 

Enfin, concernant la situation des femmes au sein de l’ONU, le Costa Rica a félicité le Secrétariat pour le nombre d’entités ayant atteint la parité, qui est passé de 5 en 2017 à 27 en 2023.  Il s’est toutefois inquiété de la faible représentation des femmes aux postes de direction et des disparités entre le Siège d’un côté, et les bureaux extérieurs et les missions de l’autre. 

La Troisième Commission reprendra ses travaux jeudi 5 octobre, à partir de 10 heures. 

PROMOTION DES FEMMES (A/78/220A/78/256A/78/292) ET SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (A/78/206A/78/216)

Suite de la discussion générale

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a indiqué que son pays accorde une grande importance à l’élimination de l’apatridie et reste déterminé à mettre en œuvre une législation complète pour répondre aux besoins des sans-papiers. Elle s’est par ailleurs félicitée du rapport 2023 du forum économique mondial consacré à l’écart entre les hommes et les femmes, qui a classé la Namibie au huitième rang en relevant que le pays a comblé 80% de l’écart entre les sexes.  La déléguée a cependant reconnu qu’il subsiste des défis, en particulier dans les zones rurales.  Parmi ces défis figure la violence sexuelle et sexiste, contre laquelle la Namibie lutte par le biais de réformes judiciaires, de campagnes de sensibilisation, de services de soutien aux survivantes et d’une collaboration avec des organisations de la société civile et des partenaires internationaux. La représentante a également souligné l’impact « profond et disproportionné » des changements climatiques sur les femmes et les filles, notamment en zone rurale, plaidant pour une approche de genre consistant notamment à doter les femmes des connaissances nécessaires pour s’adapter et à garantir leur participation aux processus décisionnels afférents. 

M. OUMAROU GANOU (Burkina Faso) a fait part de l’engagement du Burkina Faso en faveur de réformes profondes visant à réduire la vulnérabilité des femmes et à favoriser leur autonomisation, particulièrement dans le contexte de la crise sécuritaire et humanitaire traversée actuellement.  Le pays poursuit le renforcement de son cadre juridique et institutionnel de protection et de promotion des femmes et applique une politique de quotas visant à allouer au moins 30% de terres aménagées à des femmes, a détaillé le représentant, tandis que la gratuité des soins obstétricaux et néonatals d’urgence contribue à réduire la mortalité maternelle et infantile.  En outre, la mise en place du fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes a permis à plus de 700 000 d’entre elles de bénéficier de crédits pour des activités génératrices de revenus. 

Le délégué a indiqué que la volonté gouvernementale de promotion de la femme s’illustre aussi par la lutte contre les mariages forcés, les mariages d’enfants, les mutilations génitales féminines, les violences physiques, l’exploitation sexuelle et les violences morales.  À ce titre, il a salué la mise en place d’initiatives de référencement, d’assistance aux victimes et de centres de prise en charge intégrée.  Par ailleurs, un plan d’action nationale de lutte contre les violences basées sur le genre est en cours de mise en œuvre. Néanmoins, de nombreux défis demeurent, a déploré le représentant, évoquant la persistance des pesanteurs socioculturelles, le faible accès des femmes aux facteurs de production ou le faible niveau d’alphabétisation des femmes. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) s’est réjouie des efforts constants déployés par son pays pour faire progresser l’égalité des sexes, à travers la mise en place de politiques d’État fermement engagées dans la réalisation de tous les droits humains des femmes, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs. La représentante a mis en avant la présence des femmes bulgares dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, comme les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, ce qui place son pays parmi les cinq premiers de l’Union européenne (UE) à cet égard.  S’agissant des technologies de l’information et des communications (TIC), la Bulgarie est même au premier rang de l’UE en termes de proportion de femmes employées, s’est-elle enorgueillie en citant l’Office statistique des communautés européennes (Eurostat).

Poursuivant, la déléguée a relevé que la Bulgarie se classe au deuxième rang de l’UE et parmi les premiers États du monde pour ce qui est de la responsabilisation des femmes, avec 49% des postes de direction occupés par ces dernières. Cependant, a-t-elle nuancé, malgré ces succès, la Bulgarie, « comme toutes les autres sociétés », n’a pas entièrement résolu le défi de la violence domestique, qui touche de manière disproportionnée les femmes.  Afin d’élargir les protections juridiques contre ce fléau, le Parlement bulgare a introduit en juillet dernier la notion de partenaire intime dans la législation nationale, a précisé la représentante. 

Mme CHANTAL KORTEWEG (Pays-Bas) a mis l’accent sur l’inclusion financière des femmes, qui restent victimes d’importantes inégalités en la matière. Selon la représentante, l’émancipation financière des femmes contribue à améliorer non seulement leur résilience financière mais aussi les conditions de vie des familles.  Pour faire progresser l’inclusion des femmes, elle a fait plusieurs recommandations, appelant en premier lieu l’industrie bancaire à accroître le nombre de ses clientes.  Elle a d’autre part souhaité que le secteur financier fournisse des données sur les produits détenus par des hommes et par des femmes.  Enfin, elle a demandé aux acteurs privés et publics de mettre en œuvre un code d’investissement pour les femmes. 

Pour combler les lacunes du secteur financier en termes d’inclusion des femmes, la déléguée a également souligné les mérites de la collecte de données ventilées, invitant les Nations Unies à contribuer à cet effort.  « Soyons tous les artisans de ce changement du système financier », a-t-elle exhorté en conclusion. 

Mme PRATHMA UPRETY (Népal) a rappelé qu’au rythme actuel, il faudrait 300 ans pour mettre fin au mariage des enfants, 286 ans pour aboutir à l’égalité juridique femmes-hommes, 140 ans pour atteindre l’égalité des sexes dans les postes à responsabilité et 47 ans pour parvenir à la parité au sein des parlements nationaux.  Elle a précisé à cet égard que la Constitution du Népal garantit aux femmes 33% des sièges dans les parlements provinciaux et 40% dans les collectivités locales.  La déléguée a également relevé que les femmes représentent 27% des fonctionnaires dans son pays.  Elle a ajouté qu’une loi a été adoptée pour mettre fin aux mariages entre enfants d’ici à 2030 et que le budget alloué à la dimension de genre a été multiplié par quatre en 15 ans.  La représentante a enfin souligné que le Népal accorde une attention particulière aux femmes migrantes et appuie la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.   

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Programme 2030 pour garantir l’égalité entre les femmes et les hommes.  Évoquant l’adhésion du Kirghizistan au Groupe d'Amis unis contre la traite des êtres humains, elle a exhorté les États Membre à mettre en œuvre le Plan d'action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes en prêtant une attention particulière aux femmes et aux filles. 

Après avoir souligné l’importance de la justice sociale pour créer les conditions nécessaires pour l’égalité des chances et des sociétés pacifiques, la représentante a mis l’accent sur la situation des femmes et des filles dans les régions montagneuses. Elle a rappelé que les femmes et les filles sont plus affectées par les changements climatiques et ont un accès inégal aux technologies. Étant des agents du changement, il importe de favoriser leur accès à la technologie et à l’éducation particulièrement dans les domaines scientifiques, a-t-elle estimé.  

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a constaté que l’absence structurelle des femmes dans les systèmes de prise de décision constitue non seulement une grave violation des droits de la personne, mais prive également le monde du potentiel de la moitié de sa population.  Le délégué a ensuite fait le point sur les efforts déployés en faveur des femmes et des filles au niveau national, notant entre autres que la représentation des femmes dans les organes du gouvernement local est passée à 22% en 2018 grâce à l’introduction d’un quota pour les femmes.  Il a appelé tous les acteurs internationaux à s’attaquer à l’ensemble des violations des droits des femmes et des filles, appelant notamment à accorder une attention accrue à la violence à l’égard des femmes et des filles, en particulier à la violence sexuelle dans les conflits.  À ce titre, il a regretté que trop peu de fonds soient alloués à la programmation et aux services pour les survivants. 

Mme ANASTASIIA TOKARSKA (Ukraine) a indiqué que malgré l’augmentation des cas de violence contre les femmes et les filles en raison de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, son pays a démontré que les droits des femmes et l’égalité des sexes restent une priorité, grâce à l’adoption de politiques et de lois sensibles au genre.  Elle a évoqué la création d’une plateforme qui vise à garantir l’inclusion du principe de l’égalité des sexes dans le processus de relèvement de l’Ukraine, précisant que celle-ci repose sur la coordination entre les autorités exécutives et les ministères, les parlementaires, la société civile, le secteur privé, les partenaires de développement et les organisations internationales.  Cette structure, a-t-elle ajouté, est également chargée de préparer des propositions, et la détermination des moyens, mécanismes et méthodes permettant d’assurer l’égalité des sexes et l’inclusion dans la reconstruction de l’Ukraine. 

Parallèlement à ces initiatives, une coalition de représentants de la société civile ukrainienne et des organes exécutifs concernés du gouvernement continue, avec l’assistance d’ONU-Femmes, d’élaborer la stratégie nationale de l’Ukraine pour l’égalité des sexes et d’appliquer les principes d’intégration de la dimension de genre dans tous les plans de reconstruction d’après-guerre.

M. KEITH MCBEAN (Irlande) s’est inquiété d’un retour de bâton contre l’égalité femmes-hommes au niveau international, notamment l’idée fausse selon laquelle cette égalité serait incompatible avec les valeurs traditionnelles et familiales.  Il a souligné que les hommes avaient un rôle essentiel à jouer afin de promouvoir le statut des femmes comme alliées et bénéficiaires.  Relevant qu’aucun pays n’avait à ce jour atteint cette égalité et que tous devaient faire des progrès, il a rappelé que l’histoire des droits des femmes dans son pays était complexe et que les avancées réalisées auraient été impossibles sans le travail de la société civile. 

Affirmant que l’inégalité femmes-homme était souvent non reconnue et enracinée dans les sociétés, il a souligné que les femmes étaient touchées de manière disproportionnée par les crises, notamment les changements climatiques, la pandémie de COVID-19, les conflits et les déplacements forcés.  Il s’est inquiété du sort des femmes appartenant à d’autres groupes marginalisés, comme celles appartenant à la communauté LGBTIQ+, les femmes confrontées au racisme et les femmes handicapées. 

Mme MARTHA GARCÍA HERNÁNDEZ (Cuba) a déclaré que l’objectif d’égalité entre les femmes demeurera un mirage tant que la faim et la pauvreté ne seront pas éliminées.  Elle a également dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui ont une incidence sur des millions de femmes et de filles.  La représentante a ensuite affirmé que l’engament de Cuba en faveur de l’égalité des sexes a permis d’obtenir des résultats qui n’ont pas été atteints par des pays développés, évoquant notamment un accès égal aux services d’éducation et une politique de non-discrimination salariale.  Les droits sexuels et reproductifs, y compris le droit à l’avortement, sont garantis, et les femmes sont en mesure de s’impliquer dans le développement socioéconomique.  Près de 52,3% de femmes occupent des postes de direction, faisant de Cuba le deuxième pays à disposer du plus haut taux de femmes députées, s’est félicitée la représentante.  La Constitution de 2019 garantit les droits des femmes tandis que le Code de la famille adopté par référendum populaire en 2022 élargit la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes. En outre, la collecte de données et l’élaboration d’indicateurs permet de garantir le succès des politiques mises en œuvre.  La représentante a conclu en dénonçant à nouveau le blocus imposé à Cuba et son impact sur le développement du pays ainsi que sur les femmes et les filles. 

Mme ROSELYNN FINDA SENESI (Sierra Leone) a indiqué que son pays a adopté en 2022 une loi « historique » sur l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes.  Cette loi réserve aux femmes 30% des fonctions soumises à élection ou nomination, allonge le congé de maternité et oblige les institutions à améliorer leur accès aux ressources financières, a-t-elle précisé, avant de se féliciter de l’intégration de la dimension de genre dans les législations, politiques et budgets nationaux.  La déléguée a également fait état d’une nouvelle loi sur les droits fonciers coutumiers, qui élimine toutes les restrictions liées au genre dans ce domaine. Elle a ajouté que les entreprises privées, dont les sociétés minières, sont désormais tenues d’évaluer l’impact de leur activité sur les femmes et les enfants. 

La représentante a d’autre part rappelé que la Sierra Leone a déclaré l’état d’urgence pour le crime de viol et la violence sexuelle et sexiste et a lancé un appel à la solidarité lors du vote par l’Assemblée générale, le 2 septembre 2022, de la résolution intitulée « Coopération internationale pour l’accès des personnes rescapées de violences sexuelles à la justice, aux voies de recours et à l’assistance ».  Elle a indiqué que, conformément à cette résolution, un système de gestion de l’information sur la violence fondée sur le genre a été mis en place dans son pays afin de garantir la justice aux victimes. 

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao) a informé que son pays a soumis « avec succès » trois rapports spécifiques sur l’éducation des femmes, la santé des femmes, ainsi que sur les femmes rurales.  Et en mars de cette année, il a présenté son dixième rapport périodique (2019-2022) sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, lequel fait le point sur les progrès réalisés en matière de politiques, législations et mises à jour de statistiques des plans d’action nationaux pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. 

La représentante a ensuite indiqué que les femmes et les filles de la République démocratique populaire lao ont été touchées de manière disproportionnée par de multiples défis provoqués par des calamités naturelles et les impacts persistants de la pandémie de COVID-19, qui ont entravé les progrès dans la réalisation des ODD.  Néanmoins, le Gouvernement lao, avec le soutien continu des partenaires de développement, a déployé tous les efforts possibles pour relever ces défis en soutenant l’engagement des femmes dans la préparation aux catastrophes et l’alerte précoce à tous les niveaux.  De même, la mise en œuvre de la stratégie nationale de promotion de l’emploi en zones rurales (2021-2025) a permis de promouvoir l’autonomisation économique des femmes en leur octroyant des financements et des prêts concessionnels. La déléguée s’est également félicitée de l’augmentation du nombre de femmes siégeant à l’Assemblée nationale.

M. NASIR ISA KWARRA (Nigéria) a appelé à ne pas diluer l’intérêt des femmes et des filles dans l’agenda de quelques-uns, qui saisissent chaque occasion pour projeter des points de vue et des idéologies non consensuels.  Car « les valeurs culturelles et sociales ne sont ni universelles ni homogènes », a fait valoir le délégué.  Il a toutefois admis que les traditions, les coutumes et les lois qui nuisent aux femmes doivent être abolies et que chaque femme et chaque fille doit jouir des mêmes droits et de la même liberté que ses homologues masculins. 

Le représentant a ensuite détaillé les investissements et les efforts consentis au niveau national en vue d’améliorer l’inclusion et les conditions de vie des femmes et des filles, évoquant en particulier des fonds pour l’émancipation économique des femmes, la création de centres de formation des femmes et l’octroi de microcrédits aux cheffes d’entreprise.

Mme ABLA IRAQUI (Maroc) a rappelé que le Roi du Maroc a envoyé, le 26 septembre dernier, une lettre au Parlement national concernant la révision du Code de la famille, ce qui signifie qu’un projet de loi provisoire devrait être présenté au monarque dans un délai de six mois.  En matière de représentation des femmes, la déléguée a indiqué que le Gouvernement marocain a six femmes dans ses rangs, dont la Ministre de l’économie et des finances, et que le Parlement compte 85 députées. Elle a ajouté que la proportion des femmes dans les collectivités locales est passé de 4,7% en 2015 à 35,6% en 2021, avec des femmes à la tête des trois plus grandes villes du pays, Casablanca, Rabat et Marrakech.  La représentante a aussi souligné le haut niveau d’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité par le Maroc, avec l’augmentation de la participation des femmes au sein des forces de sécurité.  Pour finir, elle a salué le « beau parcours » de l’équipe nationale marocaine lors de la dernière Coupe du monde de football féminine. 

Mme VIVIANE RIOS BALBINO (Brésil) a fait part de la détermination de son pays à éliminer les différentes formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles.  À ce titre, elle a évoqué la mise en place d’unités chargées de protéger les survivantes de violences sexistes et sexuelles ainsi que la mise en place par le Ministère de la femme d’un numéro vert pour assister les femmes victimes de violences.  Elle a également signalé le renforcement de l’accès à l’information relative à la santé reproductive, conformément à la Constitution fédérale, et l’adoption d’une loi garantissant l’égalité salariale.  Ce texte prévoit une condamnation financière pour les entreprises qui contreviendrait au principe de non-discrimination, a précisé la représentante.

Elle a ensuite fait valoir que la promotion des femmes comprend leur participation aux prises de décision au niveau national et international. Attaché à l’inclusion des femmes à tous les niveaux, le Brésil a élaboré son deuxième plan national sur les femmes, la paix et la sécurité, qui vise à garantir la participation pleine et effective des femmes à la prévention des conflits et la consolidation de la paix, a indiqué la déléguée.

Mme LISA A. CARTY (États-Unis) a déploré l’absence de progrès dans la réduction du fossé femmes-hommes, s’inquiétant de l’augmentation de la violence fondée sur le genre, notamment celle facilitée par les technologies.  De l’avis de la représentante, ceux qui s’opposent à la promotion des femmes réduisent la prospérité et la sécurité, en particulier celle des groupes les plus vulnérables, minent la vie démocratique et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), et permettent la montée de l’autoritarisme. 

Poursuivant, la déléguée a salué la mémoire de feue Masha Amini, qui a inspiré le mouvement des femmes en Iran, avant de louer le courage des femmes et des hommes qui s’opposent à la violence et à la tyrannie pour défendre les droits humains dans leur pays.  De même, elle a demandé à la communauté internationale d’exiger des Taliban de revenir sur leur décision de limiter les droits humains des femmes et des filles en Afghanistan.  Ces droits s’appliquent à tous et sont à la base du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle rappelé, regrettant qu’une poignée d’États affaiblissent le consensus à cet égard et s’ingèrent même dans les institutions des Nations Unies.

Mme ELIZABETH NORALMA MENDEZ GRUEZO (Équateur) est revenue sur les différents engagements de son pays en faveur de la promotion des femmes et de la lutte contre les violences sexistes, se félicitant que l’Équateur soit devenu, en 2020, le premier pays à avoir ratifié l’ensemble des conventions de protection des droits humains.  Le pays a également travaillé pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, en vue de favoriser la diffusion de la problématique de genre dans la résolution des conflits.

Au plan national, l’élimination de la violence faite aux femmes et l’autonomisation de ces dernières sur le marché du travail demeurent des priorités.  Un Ministère de la femme a également été créé l’an dernier.  La représentante s’est toutefois alarmée de la persistance des stéréotypes au sujet des femmes, des violences domestiques, du harcèlement notamment en ligne, des féminicides, et de l’institutionnalisation de politiques discriminatoires fondées sur le genre.  Elle a conclu en appelant à la déconstruction du patriarcat. 

Mme TANIA ROMUALDO (Cabo Verde) a détaillé le contenu du cinquième plan national pour l’égalité femmes-hommes (2022-2026), le qualifiant « d’instrument crucial » pour l’intégration des questions de genre dans toutes les politiques publiques de développement.  Précisant qu’il s’alignait sur le cadre international en vigueur, elle a ajouté qu’il se déclinait pour promouvoir l’autonomie économique, corporelle et décisionnelle.  Elle a également indiqué que son pays avait réalisé des progrès significatifs, notamment en créant un environnement juridique et politique favorable ainsi qu’en produisant et en diffusant des statistiques ventilées par sexe. 

Saluant l’« avancée majeure » constituée par l’adoption d’une loi contre la violence fondée sur le genre, la déléguée a précisé qu’elle incluait un programme visant à prévenir la récidive des délinquants masculins. Une campagne de sensibilisation à l’égalité des sexes à l’intention des hommes baptisée « Ruban blanc » a aussi été lancée.  Reconnaissant que de nombreux problèmes sanitaires, éducatifs et juridiques subsistent, notamment pour les femmes et les filles en milieu rural, la représentante a signalé qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID) sahélien, Cabo Verde était fortement touché par les changements climatiques, notamment de graves sécheresses, qui affectaient les femmes et les filles de manière disproportionnée. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a mis en avant la Constitution et la législation syriennes ayant toutes deux protégé les droits des femmes et contribué à leur émancipation, à travers la jouissance de droits égaux à ceux des hommes dans les domaines politique et économique. Citant le chiffre de 44% de femmes travaillant dans les secteurs publics, le représentant a également évoqué le plan national stratégique pour l’année 2022 qui intègre l’autonomisation des femmes à travers l’accroissement de leur participation à la vie économique et la réduction de la pauvreté.  En outre, la Syrie a procédé à des modifications de sa loi sur la nationalité. Le représentant a ensuite fait savoir qu’il aurait souhaité donner la parole à une déléguée de la jeunesse syrienne, mais que sa délégation n’avait pas pu assurer son déplacement, les ressources de la Syrie demeurant extrêmement limitées en raison des mesures coercitives unilatérales imposées au pays.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a affirmé que toutes les femmes de son pays bénéficient de nombreux droits, reçoivent des soins de santé entièrement gratuits, et bénéficient de congés de maternité. 

Il a ensuite dénoncé les crimes d’esclavage sexuels commis par le Japon contre 200 000 femmes coréennes pendant l’occupation nippone de la péninsule coréenne.  Les autorités japonaises ont essayé de déformer l’histoire pour éviter des excuses sincères et des dédommagements, a accusé le délégué.  Pourtant, nier les crimes du passé mène à leur répétition, s’est-il inquiété.  Il a ensuite appelé le Japon à assumer sa responsabilité juridique au sujet de l’esclavage sexuel et d’autres crimes, mentionnant notamment le recrutement forcé par le Japon de 8,4 millions de Coréens. 

Mme DANIELA TONON (Italie) s’est inquiétée de la tendance alarmante à la régression des droits des femmes au niveau mondial, regrettant que les cibles de l’ODD n 5 enregistrent plus de reculs que d’avancées.  Elle a souligné que l’avenir et le bien-être de chaque société dépendent étroitement du statut général des femmes.  Constatant que l’intensité sans précédent des crises humanitaires et des conflits a un impact disproportionné sur les femmes et les filles, elle a fait savoir qu’en 2023, le Gouvernement italien avait renouvelé son engagement financier envers le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, tout en soutenant les programmes conjoints du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), visant à lutter contre les mutilations génitales féminines et les mariages précoces et forcés d’enfants. 

Mme AUFIYAU KHADEEJA (Maldives) a déploré que l’humanité, malgré des avancées, demeure loin de l’égalité effective entre femmes et hommes.  Au niveau national, elle s’est félicitée de progrès récents dans la promotion des droits des femmes et des filles, citant à ce propos une loi sur l’égalité femmes-hommes entrée en vigueur en 2016. Celle-ci prévoit notamment des mécanismes pour prévenir la discrimination fondée sur le genre sur le lieu de travail, a-t-elle détaillé.

Au plan multilatéral, la déléguée a rappelé sous la présidence de son compatriote Abdulla Shahid, la soixante-seizième session de l’Assemblée générale a été marquée par d’importants jalons pour l’intégration de l’égalité femmes-hommes, notamment la création d’une plateforme de femmes dirigeantes, chargées de discuter d’initiatives dans ce domaine.  Elle a également rappelé l’instauration de l’initiative des Maldives de la Journée internationale des femmes dans la diplomatie, célébrée désormais chaque 24 juin.  « Ne faiblissons pas notre élan vers un monde d’égalité entre femmes et hommes, car telle est la promesse du développement durable », a-t-elle exhorté en conclusion. 

Mme RAHMA SAMAI (Algérie) a insisté sur l’autonomisation des femmes et la lutte contre les discriminations à leur encontre, précisant que son pays en fait des causes nationales.  Dans ce cadre, le renforcement du statut de la femme au niveau économique et social, et particulièrement dans les zones rurales, est central, a souligné la représentante avant d’évoquer les mesures visant à assurer la parité dans le secteur du travail et en matière salariale.  À cet égard, elle a fait état de la présence de nombreuses femmes algériennes à des postes de direction.

Revenant sur l’importance accordée aux femmes rurales, elle a assuré que son pays voit en elles des agentes du changement, ce qui explique les efforts consentis pour améliorer leur condition.  Elle a d’autre part fait état d’une hausse du niveau d’éducation des filles et d’une diminution des mariages forcés.  Des programmes nationaux destinés à promouvoir les femmes au foyer et leur participation à la production nationale ont également été mis en place, a-t-elle poursuivi, signalant en conclusion les initiatives du plan arabe commun pour le renforcement de l’autonomisation des femmes dans le monde arabe. 

Mme JAWAHER ABDULLA AL HEBSI (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays a adopté une législation sur l’égalité salariale, domaine dans lequel il occupe la huitième place au niveau international, selon le dernier rapport du Forum économique mondial.  Encourageant les États Membres et les entreprises à s’inspirer de l’exemple émirien, elle a indiqué que 65 sociétés de son pays, dont des multinationales, ont adhéré au pacte pour l’égalité femmes-hommes dans le secteur privé.  La déléguée a également annoncé le lancement, lors de la COP28 sur le climat organisée en fin d’année à Dubaï, d’un partenariat pour l’égalité entre les sexes dans la transition énergétique juste.  Ce partenariat aura pour objectif d’augmenter les flux financiers destinés aux femmes leaders dans ce domaine et d’améliorer la ventilation des données par genre.  La représentante a enfin rappelé que son pays a accueilli l’événement de lancement de la déclaration arabe sur la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, adoptée par la Ligue des États arabes en mars 2022.   

Mme AMINA ALABBASI (Bahreïn) a indiqué que le Bahreïn veille à intégrer les besoins des femmes à travers un réseau participatif qui tient compte de la Constitution, des législations nationales, des conventions et du Programme 2030.  Elle a précisé que 22% de femmes travaillent au sein du gouvernement et 56% dans le secteur privé.  Des mesures ont également été adoptées pour renforcer la participation des femmes dans le domaine de la technologie financière.  Elle s’est aussi félicitée du succès remporté par la deuxième édition du prix de la princesse Sabeeka Bint Ibrahim Al Khalifa, lequel vise à renforcer la participation des femmes au développement, en partenariat avec l’ONU. 

La représentante a par ailleurs appelé à tenir compte des spécificités des États Membres lors de l’évaluation de leurs progrès dans la réalisation des ODD. Se concentrer sur des questions qui vont à l’encontre des spécificités des sociétés pourrait entraver l’autonomisation des femmes, a-t-elle affirmé.

M. EMMANUEL JACQUES LECLERC (France), a déclaré que face à l’affirmation décomplexée des mouvements anti-droits qui prônent, financent et organisent la régression des droits des femmes et des filles partout dans le monde, la France continue de défendre une diplomatie résolument féministe.  Il a rappelé que son pays avait coprésidé, avec le Mexique le Forum Génération Égalité en juin 2021.  De même, la France a pris l’engagement de soutenir à hauteur de 400 millions d’euros les droits et santé sexuels et reproductifs sur la période 2021-2025.  Elle a lancé sa deuxième stratégie internationale sur le sujet pour la période 2023-2027 et continuera à défendre la reconnaissance du droit à l’avortement en tant que droit fondamental. 

De même, la France a augmenté significativement ses contributions à ONU-Femmes et au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et la part de l’aide publique au développement en faveur de l’égalité a plus que doublé en cinq ans.  Le pays a engagé en outre 250 millions d’euros pour la période 2023-2027 dans le cadre du Fonds de soutien aux organisations féministes, qui, a précisé le délégué, a déjà mobilisé depuis 2020, 134 millions d’euros au profit de 1 000 associations dans plus de 70 pays.  Pour aller plus loin dans le soutien de la participation des femmes et des filles aux processus décisionnels, le représentant a ensuite appelé à la nomination d’un point focal de haut niveau aux Nations Unies pour accélérer les progrès sur ce sujet. 

Mme STEPHANIA MERCEDES GONZALEZ CABELLO MALDONADO (Paraguay) s’est dite préoccupée par les statistiques relatives aux discrimination fondés sur le genre.  Elle a indiqué que le Paraguay a établi des protocoles d’actions pour fournir des conseils aux victimes grâce à une coordination entre le pouvoir judiciaire et le Ministère de la femme.  En outre, l’indignation de la société suite à des faits de violence a permis l’élaboration de la loi sur la protection intégrale des femmes contre toutes formes de violence. 

La représentante a appelé à redoubler d’efforts pour promouvoir l’accès des femmes aux processus de décisions ainsi qu’à la « justice sans stéréotype ». 

Il est primordial de mettre en œuvre des politiques publiques concernant les femmes, a-t-elle insisté.  La déléguée a par ailleurs indiqué que son gouvernement promeut la création d’entreprises pour les femmes de 18 à 75 ans. 

Mme FIRAS HASSAN JABBAR AL-KHAQANI (Iraq) a assuré que son gouvernement accorde une grande importance à la question de l’émancipation des femmes, conformément à la Constitution nationale.  Des centres de protection des femmes face à la violence ont en outre été créés dans tout le pays et les auteurs de tels actes, notamment sexuels, font l’objet de poursuites, a-t-elle indiqué, précisant que la politique nationale en la matière est celle de la « tolérance zéro ».  Les victimes de violences sexistes et sexuelles sont quant à elles dirigées vers des instances spécialisées pour être réintégrées dans la société, a-t-elle ajouté.

Abordant la question de la représentation politique des femmes iraquiennes, la représentante a signalé l’adoption d’un nouveau code électoral, qui permet aux femmes de participer aux élections.  Elle a relevé à cet égard que 97 femmes ont déjà été élues au Parlement national, soit plus que le quota établi en la matière.  Enfin, après avoir rappelé les effets négatifs des changements climatiques sur la condition des femmes, notamment sur le plan des revenus, elle a souhaité que les Nations Unies se montrent respectueuses des valeurs de tous et n’adoptent pas des terminologies qui ne seraient pas adaptées à certaines sociétés. 

Mme ANA MARÍA ALONSO GIGANTO (Espagne) s’est alarmée de la crise de confiance que connaissent les institutions démocratiques, avant de faire part de sa préoccupation quant à la « vague extrémiste et réactionnaire mondiale », qui rejette l’égalité des sexes et le féminisme, remettant en question les droits des femmes et des filles.  Après avoir réitéré sa condamnation des décrets pris par les Taliban à l’encontre des droits et libertés des femmes afghanes, elle a rappelé que la politique étrangère féministe de l’Espagne vise à contribuer à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles dans le monde, en cohérence avec les valeurs de la société espagnole.  Cette approche transformatrice s’appuie sur l’intersectionnalité, a-t-elle précisé. 

La représentante a ensuite signalé l’adoption en Espagne d’une loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle, laquelle affirme la nécessité du consentement sexuel exprès de la femme.  Elle a ajouté que cette loi a également des vertus préventives puisqu’elle prône une éducation sexuelle complète pour les garçons et les filles afin d’obtenir des changements tant culturels que comportementaux, notamment s’agissant de la masculinité toxique.  Enfin, elle a appelé à promouvoir l’alliance mondiale pour les soins, engagement collectif issu du Forum Génération Égalité, estimant que « le meilleur antidote à l’extrémisme réactionnaire est le féminisme ». 

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a qualifié de prioritaire le renforcement des engagements pris à travers la Déclaration et le Programme d’action de Beijing afin de réaliser l’objectif de développement durable n°5 et de parvenir à un monde plus équitable pour les femmes et les filles. Dans ce cadre, elle a souligné les progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du plan national pour l’égalité et l’équité entre les sexes.  Elle a également signalé le lancement de programmes d’éducation à la vie, qui visent à offrir à chaque enfant et adolescent une compréhension des fondamentaux de l’égalité et de la santé sexuelle.  Elle a par ailleurs indiqué qu’une loi encadre la lutte contre les unions précoces. 

La représentante a ensuite dénoncé la « pandémie mondiale de violence sexiste », appelant la communauté internationale à se doter de politiques préventives et tenant compte des besoins des victimes.  Après avoir invité les États Membres à se pencher sur le sort des femmes et des filles en Afghanistan au nom de la « responsabilité collective », elle a insisté sur la nécessite d’élaborer des programmes et des politiques intégrant une perspective de genre à tous les niveaux pour émanciper les femmes du fléau de la pauvreté, améliorer leur santé et accroître leur participation aux processus de prise de décision.  À ce titre elle a mentionné la responsabilité des médias en matière de stéréotypes et de représentation positive. 

M. BRINZ-YANNICK-MICHEL LENANGUY (République centrafricaine) a réaffirmé le ferme engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre des ODD et du suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Dans ce cadre, il a assuré que, malgré la complexité de la situation à laquelle est confrontée la République centrafricaine, notamment la recrudescence des violences dont sont victimes les femmes et les enfants, son gouvernement a placé la dimension genre au cœur de ses politiques. 

Après avoir rappelé que les femmes représentent 55% de la population nationale et dirigent un ménage sur deux, il a fait état de lois centrées sur la promotion des femmes, citant, entre autres, des textes relatifs à la protection des femmes contre les violences, à la santé et la reproduction, et à la lutte contre la traite des personnes.  Il a aussi évoqué un projet de texte portant sur le harcèlement sexuel en milieu familial, scolaire, universitaire et dans le milieu du travail.  Il a enfin indiqué que son gouvernement a mis en place un comité de coordination sur les violences fondées sur le genre, qui se veut un espace d’échanges et de concertation entre tous les acteurs concernés. 

Mme ZHANNA GAZIZULINA (Kazakhstan) a indiqué que les femmes représentent 50% de la main d’œuvre et 40% du PIB de son pays et qu’elles étaient plus nombreuses à avoir reçu une éducation supérieure, reconnaissant toutefois que bien des difficultés subsistent notamment en matière d’égalité salariale. Affirmant que son gouvernement avait mis en place des programmes pour développer le potentiel de création d’entreprise et la culture politique des femmes et des filles, elle a ajouté que son pays entendait réduire l’écart salarial à 21% en 2030 et atteindre 30% de femmes à des postes de prise de décision. 

La déléguée a indiqué que son pays avait mis en place une collecte de données ventilées par sexes pour lutter contre la violence domestique.  Elle a également mentionné la création d’une carte numérique familiale qui a permis à des millions de femmes d’avoir accès aux prestations sociales même dans les zones isolées.  La dimension genre fait partie des réformes historiques mises en œuvre par le Gouvernement et constitue une des priorités du mandat du pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024. 

Mme CELIA KAFUREKA NABETA (Ouganda) a mis en avant les cadres juridiques et politiques ainsi que les programmes mis en œuvre dans son pays en faveur des femmes, qui représentent 51% de la population nationale. Elle a ainsi rappelé que la Constitution de son pays interdit les lois, coutumes et traditions qui vont à l’encontre de la dignité, du bien-être et de la dignité des femmes. Le texte fondamental protège en outre la discrimination positive, permettant ainsi la représentation des femmes dans la sphère publique et politique. La représentante s’est enorgueillie à cet égard qu’un tiers des portefeuilles de son gouvernement soit gérés par des femmes. Elle a ajouté qu’un quota de femmes est défini au Parlement et dans les conseils locaux.

La représentante a d’autre part indiqué qu’en matière d’autonomisation économique, l’Ouganda a lancé des programmes dirigés vers les femmes et les jeunes. De plus, a-t-elle ajouté, la création de la Zone de libre-échange continentale africaine permet à davantage de femmes de participer au commerce régional. Pour finir, elle a appelé la communauté internationale à renouveler sa coopération et sa solidarité pour la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, qui crée des normes mondiales pour l’égalité femmes-hommes. 

Mme SUMAN SONKAR (Inde) a estimé que « lorsque les femmes prospèrent, le monde entier en bénéficie ».  À cet égard, elle a souligné les progrès accomplis par son pays en matière de promotion des femmes, mentionnant notamment l’adoption récente d’une loi qui leur réserve un tiers des sièges du Parlement national.  La représentante a également mis en avant la place occupée par les femmes indiennes dans les sciences et la technologie, avant de préciser qu’un quart des scientifiques dans le domaine spatial sont des femmes et que 20% des start-up du pays sont des créations de femmes. Elle a ajouté que, lors du dernier sommet du G20, l’Inde a lancé une plateforme pour l’égalité de genre dans les technologies.  Par ailleurs, après avoir rappelé que le droit pénal indien prévoit de durs châtiments pour les crimes commis à l’encontre des femmes, la déléguée a fait état de l’ouverture de guichets uniques dans tout le pays afin de faciliter l’accès aux services pour les femmes victimes de violences en tout genre. 

Mme MAYEL CAMILLE ASNAYDE PULCHERIE (République du Congo) a indiqué que la problématique du genre et les questions connexes constituent un des axes majeurs de l’action de son gouvernement. Elle est revenue sur les nombreuses réformes du système législatif dans le domaine de la protection et la promotion des droits de la femme, mettant en avant la loi Mouebara portant création de centres, en cours de réalisation, pour l’accueil et la réhabilitation des femmes et des filles victimes de violence. Cette loi est, à ses yeux, un instrument révolutionnaire et fédérateur qui vient renforcer et moderniser le cadre juridique de protection des droits de la femme et constitue une première dans l’histoire de notre pays, marquant ainsi le début d’une prise de conscience effective de la problématique du genre et des questions connexes, a-t-elle fait valoir.  La représentante a ensuite appelé la communauté internationale et les agences du système de l’ONU à apporter un appui substantiel à son pays en vue d’accompagner lesdits centres.

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) a affirmé que le pays s’est engagé à adopter une approche proactive, en droit et en pratique, pour promouvoir l’égalité des chances, lutter contre la violence fondée sur le sexe et garantir l’autonomisation des femmes.  Il s’est félicité des progrès réalisés en ce qui concerne la proportion de femmes ayant des postes à responsabilité, notant qu’elles occupent près de la moitié des postes de direction au siège du Ministère roumain des affaires étrangères. Le délégué a ensuite relevé que la guerre illégitime et non provoquée qui se déroule actuellement en Ukraine, attire l’attention sur l’impact disproportionné des conflits sur les femmes, ainsi que les enfants.  Il a souligné que la promotion de l’égalité des sexes est une condition préalable à la prévention des conflits.  Le représentant a par ailleurs fait savoir que la Roumanie a été élue membre de la Commission de la condition de la femme, à partir de l’année prochaine.

Mme ELEANE YAOSKA PICHARDO URBINA (Nicaragua) a appelé à renforcer les politiques, mesures, mécanismes et actions visant à éradiquer toutes les formes de discrimination et de violence à l’encontre des femmes. Elle a indiqué que le programme national de développement humain donne la priorité à la lutte contre la pauvreté en encourageant l’autonomisation économique des femmes rurales et urbaines.  En outre, à mesure que le pays progresse en matière d’égalité des sexes, l’écart entre les hommes et les femmes aura été complètement comblé en 2030, a prédit la représentante, qui a précisé que le Nicaragua occupe la troisième place mondiale en matière de représentation des femmes au Parlement.  Toutes ces réalisations internationalement reconnues sont dues aux politiques gouvernementales conduites en dépit de mesures coercitives unilatérales illégales, injustes et inhumaines, a-t-elle ajouté.  La représentante a également mentionné la mise en place de mécanismes de prévention du féminicide, et d’une ligne d’appel gratuite qui permet aux femmes d’obtenir une représentation judiciaire. Une loi sur la cybercriminalité a également été promulguée.

M. ENIAN LAMCE (Albanie) a déploré les effets délétères de la guerre d’agression en Ukraine sur la condition des femmes de ce pays.  Il a également qualifié d’inimaginables les souffrances vécues par les femmes et les filles afghanes depuis l’accession au pouvoir des Taliban.  Rappelant que ces derniers ont promulgué une série de décrets effaçant les femmes et les filles de la vie publique, le délégué a dénoncé la création d’un apartheid fondé sur le genre.  À cette aune, il a appelé à renforcer la place des femmes dans les processus de décision, et ce, surtout dans les pays en conflit ou sortant d’un conflit. 

Par ailleurs, après avoir exhorté la communauté internationale à financer suffisamment les organisations de femmes pour qu’elles gagnent en puissance et en influence, le représentant s’est félicité des progrès réalisés par son pays en termes de promotion des femmes.  À cet égard, il a noté avec satisfaction que le classement de l’Albanie, dans l’indice mondial du fossé entre les genres, ne cesse de s’améliorer, le pays occupant désormais le dix-septième rang sur 146 pays, selon le rapport 2023 du Forum économique mondial.

Mme EKATERINE LORTKIPANIDZE (Géorgie) a indiqué que la stratégie nationale pour la protection des droits humains 2022-2030 englobe l'égalité femmes-hommes. Elle a ajouté que le Parlement géorgien a aussi adopté, il y a un an, un plan d'action national pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et de la violence domestique. La déléguée a également relevé que le quatrième plan d'action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité de l’ONU, approuvé en octobre 2022, décrit les femmes touchées par le conflit en Géorgie comme des forces motrices de la diplomatie publique. Elle s’est par ailleurs réjouie que, faisant suite à l'introduction de quotas obligatoires de genre dans la législation électorale, la représentation féminine au Parlement ait bondi à 30 députés, tandis que le pourcentage de femmes élues dans les organes de gouvernance locale est passé de 19% en 2017 à 31% aujourd’hui. 

La déléguée a d’autre part indiqué qu’une aide juridique gratuite est désormais fournie aux victimes de violence sexiste et de violence domestique lorsque le tribunal émet une ordonnance de protection. Elle a enfin regretté qu’en raison de l'occupation par la Russie des régions géorgiennes d'Abkhazie et de Tskhinvali, son pays ne puisse mettre en œuvre toutes les mesures susmentionnées, ajoutant que l'absence totale de mécanismes de contrôle internationaux et régionaux ne fait qu'aggraver une situation humanitaire et des droits humains déjà désastreuse. 

M. HUSSEIN ATHMAN KATTANGA (République-Unie de Tanzanie) s’est félicité de la participation des femmes à la vie politique de son pays, saluant le fait que la Présidente de la République et son homologue de l’Assemblée nationale soient des femmes.  Soulignant l’importance de l’autonomisation dans la promotion des femmes, il a indiqué qu’en République-Unie de Tanzanie, ces dernières accèdent désormais plus facilement à des financements, notamment via des crédits sans intérêt qui leur permettent de fonder des entreprises.  Le délégué a toutefois reconnu que des entraves à l’émancipation des femmes demeurent, à commencer par le manque d’éducation.  Il a également cité le poids des traditions, la part disproportionnée des tâches ménagères effectuées par les femmes et la persistance de stéréotypes de genre.  Pour ces raisons, les femmes se voient empêchées d’accéder à des ressources, foncières notamment, a‑t‑il déploré, estimant que des statistiques ventilées par sexe aideraient à améliorer cette situation.  Le représentant a aussi appelé à protéger la famille, dont il a souligné le rôle fondamental.  « D’aucuns voudraient la vider de son sens et garantir le droit à l’avortement au nom des droits humains, mais cela porterait atteinte au sanctuaire qu’elle représente », a‑t‑il dit. 

Mme MOSAMMAT SHAHANARA MONICA (Bangladesh) a rappelé le contexte dans lequel son pays est né, au lendemain d’une guerre dévastatrice en 1971.  N’ayant plus de ressources, le Bangladesh a dû faire le meilleur usage de son capital humain, avec les femmes comme partenaires égales, a-t-elle relaté, assurant que, guidé par les engagements constitutionnels, son gouvernement continue d’adopter des lois et des politiques pour garantir la participation égale des femmes dans tous les domaines de la vie.  Elle s’est ainsi enorgueillie d’être citoyenne du seul pays au monde où des femmes sont à la tête du Gouvernement, du Parlement et de l’opposition.  De surcroît, tous les partis politiques enregistrés doivent compter 33% de femmes parmi leurs membres, a-t-elle relevé, ajoutant qu’au moins un tiers des sièges des institutions locales doivent être occupés par des femmes. 

Au Bangladesh, les femmes sont présentes en nombre dans les forces armées et les forces de l’ordre, a poursuivi la déléguée, non sans mentionner également les femmes soldats de la paix qui servent sous la bannière des Nations Unies.  Par ailleurs, les femmes constituent l’épine dorsale des micro, petites et moyennes entreprises du pays et contribuent à hauteur de 34% au produit intérieur brut, a encore précisé la représentante.

M. DANIEL ZAVALA PORRAS (Costa Rica) a indiqué que 736 millions de femmes, soit une sur trois dans le monde, sont victimes de violences physiques ou sexuelles, dénonçant une violence systémique fondée sur le genre. Appelant à intégrer une perspective de genre dans tous les programmes nationaux, régionaux et internationaux, il s’est félicité de ce que 46% des résolutions adoptées lors de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale s’y soient pliées.  Il a encouragé le Secrétariat, sous la direction d’ONU-Femmes, à persévérer dans ce sens.  Selon lui, l’approche intersectionnelle est la plus adaptée car elle permet de comprendre que toutes les femmes ne sont pas affectées de la même manière et que les migrantes, les autochtones, les pauvres ou les femmes des zones rurales sont les plus touchées.

Le délégué a ensuite rappelé que le Costa Rica a inscrit le principe de parité dans son code électoral en 2009.  Saluant la stratégie sur ce point menée au sein de l’ONU par le Secrétaire général, il a félicité ce dernier pour le nombre d’entités ayant atteint la parité, qui est passé de cinq en 2017 à 27 en 2023.  Il s’est toutefois inquiété de la faible représentation des femmes aux postes de direction et des disparités entre le Siège d’un côté, et les bureaux extérieurs et les missions de l’autre. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie) a souhaité que les discussions entre États Membres sur la promotion des femmes permettent d’accélérer la réalisation des ODD et ne restent pas lettre morte, notamment au regard de la situation des femmes afghanes dont les droits sont bafoués au quotidien par le régime des Taliban. À cet égard, il a déploré que les efforts collectifs n’aient pas permis jusqu’alors de soulager les femmes et les filles de ce pays, alors que des restrictions imposées par les autorités de facto les privent de leurs moyens de subsistance.  Face à cette situation alarmante, il a appelé instamment la communauté internationale à laisser de côté ses préoccupations politiques et à assumer ses responsabilités, afin de garantir aux femmes et aux filles d’Afghanistan l’accès à l’éducation et à la santé.  Il a ajouté que son pays est l’origine d’initiatives destinées à répondre à leurs besoins sur le terrain. 

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a rappelé une série de chiffres illustrant la sous-représentation politique des femmes à l’échelle planétaire.  Il a ainsi relevé que seulement 21 femmes ont pris part au débat annuel de l’Assemblée générale et qu’à peine un parlementaire sur quatre dans le monde est une femme, la proportion de femmes ministres étant encore moindre.  Il a ensuite constaté que l’évolution technologique a ouvert de nouveaux canaux de violence sexiste, certaines plateformes étant utilisées pour intimider les femmes.  Pas moins de deux femmes sur cinq ont déjà été confrontées à une violence sexiste favorisée par les technologies numériques, a‑t‑il déploré.  Affirmant craindre que, face à ces violences multiples, les femmes se mettent en retrait de la vie publique, le délégué a appelé à faire des hommes et des garçons des acteurs de l’inclusion des femmes.  Se battre pour l’égalité n’est pas seulement un idéal, c’est une question pratique, car les inégalités de genre ont un coût concret pour nos sociétés, a‑t‑il conclu. 

Mme ELLENI HENOK AREGA (Éthiopie) s’est émue du fait que près de 80% des femmes et des filles vivent en zones rurales dans le monde et s’acquittent de la moitié du travail lié à la production agricole sans bénéficier d’une reconnaissance pour leur contribution.  Elle a indiqué qu’en Éthiopie, un budget spécial leur est alloué par le Gouvernement, permettant ainsi de progresser dans la réduction de la pauvreté.  De plus, de nombreuses Éthiopiennes disposent de titres fonciers qui garantissent leur droit à la propriété, a-t-elle indiqué, ajoutant qu’en 2021, 35% des bénéficiaires de prêts fonciers étaient des femmes.

La représentante a néanmoins convenu que de nombreux défis subsistent pour les femmes, en particulier pour les migrantes, qui, selon le Secrétariat de l’ONU, sont confrontées à des violations multiples de leurs droits fondamentaux.  Face à cette situation, a-t-elle précisé, l’Éthiopie est déterminée à s’attaquer aux causes de la migration et s’emploie à lutter contre le trafic d’êtres humains, notamment par le biais d’un partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) a fait le point sur les progrès entrepris pour lutter contre la discrimination et créer un environnement qui permet aux femmes et filles de réaliser leurs droits, citant notamment la nomination de femmes à des postes clefs et l’adoption d’un plan d’action nationale pour lutter contre les violences conjugales.  Préoccupée par la vulnérabilité des femmes et des enfants en situation de conflits armés, elle a dénoncé les effets dévastateurs de l’occupation du territoire azerbaïdjanais au cours des trois dernières années, ayant conduit au déplacement de 700 000 personnes et à la mort de milliers de femmes et de filles, « tuées par l’Arménie ».  Citant le chiffre de 267 femmes portées disparues, elle a affirmé que parmi elles, 98 otages étaient détenues par l’Arménie, sommant le pays de s’expliquer. 

Dénonçant les allégations infondées proférées par la délégation arménienne à l’encontre de son pays, la représentante a souligné que l’Azerbaïdjan a lancé des mesures antiterroristes locales sur son territoire souverain en réponse aux provocations armées systématiques et au « terrorisme par les mines » des forces armées arméniennes.  Elle a également affirmé que le départ des résidents arméniens de la région relève de leur décision personnelle, et que les accusations d’épuration ethnique proférées par l’Arménie ne sont appuyées par aucune preuve. Il n’y a pas eu de comportement inapproprié de la part des structures azerbaïdjanaises, et cela a été confirmé par le Comité international de la Croix-Rouge, le contingent du maintien de la paix russe, et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a-t-elle indiqué.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a assuré que la politique d’autonomisation des femmes et des filles est essentielle pour le pays, et que celle-ci est tout à fait conforme à ses engagements internationaux. 

Le délégué a fait part d’une amélioration de tous les services dédiés aux femmes, et notamment aux victimes de violences sexuelles.  L’éducation gratuite a permis de maintenir les filles à l’école, tandis que le renforcement des programmes de santé familiale ont permis d’améliorer l’accès des femmes aux services sanitaires.  Abordant le volet économique, il a fait part d’une stratégie ambitionnant de créer 500 000 petites et moyennes entreprises, avec une plus grande participation des femmes à la clé.  Le délégué s’est finalement félicité d’un programme national de micro-crédit dédiés aux femmes, dans les secteurs formel comme informel.

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a déploré une lenteur et, dans certains, cas une régression des progrès vers la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Elle a appelé à miser sur l’éducation et le renforcement des capacités des femmes et des filles tout en garantissant leurs droits fondamentaux.  Mettant en avant l’approche multidimensionnelle poursuivie par le Guyana, elle a fait état de progrès en matière de fréquentation scolaire et de fourniture des services de santé notamment dans les zones rurales. Par ailleurs, elle a insisté sur la nécessité de promouvoir l’inclusion des femmes et des groupes vulnérables dans les secteurs économiques clefs en tenant compte des répercussions des changements climatiques. 

La représentante a appelé à intensifier les efforts mondiaux en matière de violence contre les femmes et les filles, alertant sur les conséquences de ce fléau.  Indiquant que le Guyana est aussi concerné, elle a mis en avant les réalisations en matière de sensibilisation du public, d’engagement communautaire, et de soutien aux survivantes.  Là où les femmes et les filles sont exclues des espaces politiques et économiques, des sociétés entières s’appauvrissent, a constaté la représentante qui a exhorté à prendre des mesures ciblées et concrètes pour réduire les inégalités et faire progresser les droits des femmes et des filles. 

Mme GABRIELA GONZÁLEZ (Uruguay) a mentionné une série de progrès réalisés au niveau national pour faire avancer les droits des femmes et des filles. Elle a notamment fait état d’un observatoire permettant de mieux appréhender la violence à l’égard des femmes et des adolescentes, et d’un accès facilité aux disciplines scientifiques et aux technologies numériques.  L’inclusion des filles, dès leur plus jeune âge, dans ces domaines est un outil essentiel pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomie des femmes, a insisté la déléguée.

Dans le même temps, a-t-elle poursuivi, il importe de protéger les femmes et les filles de la violence en ligne, en particulier du harcèlement, des abus financiers et du contrôle coercitif, qui se reproduisent et s’intensifient dans l’espace numérique.  Après avoir souligné les efforts consentis par son pays dans ce domaine, elle s’est félicitée de l’adoption d’un cadre de coopération avec plusieurs agences des Nations Unies pour la réalisation des ODD. 

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a indiqué que le Gouvernement ivoirien a engagé un ensemble de réformes législatives, institutionnelles et structurelles en vue d’améliorer la condition des femmes et parvenir, à terme, à l’égalité des genres, citant, entre autres, la loi relative au mariage qui supprime la notion de chef de famille, réservée auparavant aux hommes. Il a également évoqué la loi sur la représentativité́ des femmes dans les assemblées qui impose un quota de 30% de femmes candidates aux postes électifs; l’accès des femmes à certains métiers autrefois réservés aux hommes; et la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre. 

Il a souligné que le combat pour la promotion des droits de la femme ne saurait être gagné sans l’éradication de l’ignorance et de la pauvreté qui en sont les causes sous-jacentes.  C’est pourquoi, a‑t‑il fait savoir, la Côte d’Ivoire met un point d’honneur à l’éducation à travers l’école obligatoire pour tous les enfants.  De même, dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, plusieurs fonds ont été mis en place pour le financement d’activités génératrices de revenus dans le cadre du programme d’autonomisation financière des femmes et des jeunes filles. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a estimé que la promotion des droits des femmes et des filles devrait est au cœur de toutes les politiques nationales. S’agissant de son pays, il a déploré que les progrès enregistrés dans ce domaine entre 2016 et 2020 aient été anéantis par le coup d’État militaire de février 2021 et les actions de la junte au pouvoir.  En l’espace de 31 mois, 613 femmes ont été assassinées arbitrairement et des atrocités continuent d’être perpétrées par les militaires, a dénoncé le représentant, selon lequel de nombreuses femmes et filles de différents groupes ethniques et religieux prennent part à des manifestations pacifiques contre le régime, notamment à des actions de désobéissance civile. 

Selon le représentant, la violence sexuelle commise par les militaires relève d’une tactique.  Il a ainsi relevé que les dépouilles de femmes n’ayant pas pu fuir leurs villages portaient des traces de ce type d’agression.  Assimilant ces violences ciblées systématiques à des crimes contre l’humanité, il a indiqué que le Gouvernement d’unité nationale, principale force d’opposition à la junte militaire, travaille avec des ONG locales pour fournir un soutien aux victimes.  Après avoir exhorté la communauté internationale à venir en aide aux survivantes des crimes de la junte et à tout faire pour que justice leur soit rendue, il a invité les pays voisins du Myanmar à protéger les femmes et les filles qui se réfugient sur leur territoire. 

Mme LINDA DEL CARMEN LUQUE NUÑEZ (Panama) a indiqué que son pays accorde une grande importance à l’égalité femmes-hommes et à la réalisation de l’ODD 5.  Cet objectif impose de renforcer l’autonomie des femmes, condition de leur capacité à créer des ressources, mais aussi d’assurer leur protection, a-t-elle souligné. Dans cet esprit, le Panama s’est doté d’un Ministère de la femme et a promulgué cette année une loi visant à lutter contre toutes les formes de harcèlement, a ajouté la représentante. Elle a encore précisé que, dans un souci d’inclusion, le pays œuvre également en faveur de l’autonomisation économique des femmes autochtones.  Le Président de la République a lancé une politique publique pour le développement intégral de ces femmes, a-t-elle indiqué, se disant convaincue que cette mesure bénéficiera à toute la nation. 

Mme MASAKO KAMIYA (Japon) a tout d’abord réfuté les allégations proférées plus tôt par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), estimant que chaque pays devrait faire face à sa propre histoire en toute humilité. C’est ce qu’a fait le Japon et le chemin qu’il a parcouru en tant que nation éprise de paix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en est la preuve, a-t-elle fait valoir.  Selon elle, le Japon a toujours respecté la démocratie et les droits humains et a contribué à la paix et à la prospérité dans la région Asie-Pacifique et au sein de la communauté internationale au cours des 75 dernières années. 

Abordant ensuite le thème du jour, la représentante a dit s’exprimer en tant que Conseillère spéciale de la délégation japonaise sur la base des recommandations présentées par des ONG de femmes japonaises, une tradition qui dure depuis 1957.  Elle a également rappelé qu’un représentant de la société civile figure parmi la délégation japonaise à la Commission de la condition de la femme.  Sur le plan national, la déléguée a noté que la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes se reflètent dans les budgets ministériels.  Elle a aussi indiqué que son gouvernement a renforcé les mesures contre la violence conjugale et promulgué une loi sur la violence sexuelle.

Au niveau international, a-t-elle poursuivi, le Japon a versé 20,6 millions de dollars à ONU-Femmes pour soutenir les femmes et les filles dans divers pays et régions, notamment en Afghanistan, en Ukraine, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud.  Elle a ajouté que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité reste une priorité pour son pays, qui a orienté cette année son aide dans ce cadre vers des projets en faveur des victimes de violences sexuelles liées au conflit au Mali. 

M. LAURI VOIONMAA (Finlande) a insisté sur la nécessité de faire respecter les droits des femmes et des filles pour parvenir à la réalisation du Programme 2030, appelant à la mise en place d’objectifs systématiques en matière d’égalité des sexes, d’un leadership fort et de politiques transformatrices en matière de genre.  Il a également exhorté les États Membres à veiller à ce que la législation et les politiques garantissent la santé ainsi que les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans toute leur diversité, y compris les femmes et les filles handicapées.

En tant que chef de file de la Coalition d’action sur les technologies et l’innovation au service de l’égalité entre les femmes et les hommes, la Finlande s’efforce de combler les écarts numériques entre les sexes en matière d’accès, de compétences, de leadership, d’éducation et de possibilités d’emploi, a poursuivi le représentant.  Il a également insisté sur la nécessité de prévenir toutes les formes de violence sexuelle et sexiste, à la fois hors ligne et en ligne.  Il a conclu en soulignant que chacun, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre, a le droit de bénéficier de l’égalité des chances afin de pouvoir apprendre, participer et faire entendre sa voix.

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a appelé à changer la démarche concernant la promotion des femmes.  Évoquant des crises multiples impactant de façon disproportionnée les femmes et les filles, il a souligné l’importance des systèmes de protection mis en œuvre afin de lutter contre la pauvreté, particulièrement pour les femmes et les filles dans les zones rurales.  Le représentant a indiqué que la Zambie s’est engagée à retirer les obstacles qui entravent l’accès des femmes aux titres fonciers.  Notant qu’une femme sur trois est touchée par la violence, il a évoqué la mise en place de campagnes de sensibilisation et d’abris pour les femmes victimes de violence.  L’enseignement est gratuit et le Gouvernement entend travailler de concert avec les dirigeants communautaire en intégrant les femmes en situation de handicap.  Enfin il s’est félicité de la mise en œuvre de politiques de quota, de prêts et d’accès à l’enseignement supérieur. 

M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a rappelé que son pays vit une situation des droits humains contraire aux engagements internationaux pris par l’Afghanistan avant la reprise du pouvoir par les Taliban.  Il a qualifié la situation des femmes et filles du pays d’apartheid, déplorant des mesures d’oppression prises par les Taliban dans le but de les faire disparaître de la vie publique.  Une cinquantaine de décrets leur portent gravement préjudice. Femmes et filles se sont vues interdites l’accès à l’enseignement secondaire et universitaire, et les militantes des droits des femmes sont violentées, a exemplifié le délégué.  Les femmes afghanes vivent désormais dans un vide juridique, lequel augmente la violence conjugale ainsi que le nombre de mariages forcés, a-t-il constaté.  En outre, ce sont parfois les victimes de violence qui sont punies alors qu’elles devraient être protégées, s’est ému le délégué.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à s’unir dans des sanctions ciblées, et à exercer une pression conjointe sur les Taliban afin qu’ils fassent machine arrière.  

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a fait part de sa préoccupation face à la régression des droits des femmes dans le monde et à la persistance de la violence de genre, notamment les agressions sexuelles et les féminicides, à laquelle s’ajoutent la précarité professionnelle, la paupérisation, l’accès inégal à l’éducation, l’inégalité salariale et les discriminations multiples. Andorre reste engagée en faveur de l’égalité effective entre les hommes et les femmes, a‑t‑elle affirmé, se disant toutefois consciente du long chemin à parcourir dans la construction d’une société plus égalitaire. 

À cet égard, la déléguée a signalé l’adoption en 2022, à la demande de la société civile, d’une loi sur l’application effective du droit à l’égalité de traitement et d’opportunités et à la non-discrimination entre femmes et hommes. Cette loi a donné naissance cette année à l’Institut andorran des femmes, dont l’objectif principal est la mise en œuvre de l’ODD 5, a‑t‑elle précisé.  Enfin, elle a indiqué qu’en matière de coopération internationale, la Principauté a fait de la promotion des femmes et des filles l’une des priorités transversales de ses programmes d’aide au développement. 

M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a indiqué qu’en raison de la situation géographique de son pays, dont le territoire est dispersé sur de larges étendues du Pacifique, son gouvernement a réalisé des investissements notables pour augmenter l’accès des citoyens aux technologies nouvelles.  Le « FSM Digital Project » permet ainsi à tous les foyers à faible revenu dirigé par une femme d’avoir accès à Internet.  Des systèmes de consultation en télésanté ont également été rendus accessibles aux femmes et aux filles, facilitant leur accès aux services de diagnostic et de soins. 

Par ailleurs, les femmes et enfants qui ne sont pas couverts par l’assurance médicale nationale bénéficient d’un programme d’exonération médicale, a indiqué le représentant, avant de se pencher sur la question des femmes et filles victimes de viol et de violence domestique.  À cet égard, il s’est félicité de la mise en place dans les dispensaires locaux d’un programme de gestion clinique du viol.  En outre, deux États ont mis en place des politiques de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.

Le représentant a par ailleurs indiqué que la Micronésie est une société matrilinéaire dont le plafond de verre a enfin été brisé depuis que les femmes siègent au Congrès.  Il a également souligné la vulnérabilité des femmes, des enfants et des personnes handicapées face aux changements climatiques.

Mme MAGDOLNA PONGOR (Hongrie) a présenté un aperçu des politiques mises en place par son pays en faveur des femmes, citant notamment les politiques socioéconomiques et familiales, la protection contre la violence et le soutien à la participation des femmes dans tous les aspects de la vie.  Elle a indiqué que les politiques familiales hongroises sont conçues pour soutenir les femmes tout au long de leur vie, y compris dans leur carrière ainsi que dans leur vie de famille.  Ces politiques, qui sont financées à hauteur d’environ 5% du PIB du pays, comprennent trois piliers primordiaux, a‑t‑elle indiqué.  Il s’agit en premier lieu d’assurer la stabilité financière des femmes et veiller à ce qu’élever des enfants ne représente pas un fardeau financier pour les femmes et leurs familles.  L’aide au logement pour les familles et l’appui à un équilibre harmonieux entre la carrière et la vie familiale, complètent cette approche.  Le succès de ces mesures ne s’est pas fait attendre, s’est réjouie la représentante, puisque l’emploi féminin est passé de 54% à 70% au cours de la dernière décennie, le taux de chômage des femmes a diminué de 10% à 3,5% et le taux de fécondité s’est accru passant de 1,23 à 1,52 enfant par femme. 

M. MATETE PAUL NENA (Lesotho) a fait valoir les efforts de son pays pour fournir un environnement favorable à tous, y compris aux femmes et aux filles, malgré des défis tels que la violence basée sur le genre qui entravent les progrès sur plusieurs fronts.  Il est donc urgent que les gouvernements formulent et mettent en œuvre des politiques visant à éradiquer la violence à l’égard des femmes et des filles, a-t-il estimé.  Il a souligné que la promotion et la protection des droits humains jouent un rôle crucial dans l’amélioration de la santé des femmes et des enfants et du bien-être des communautés, assurant ainsi la stabilité au sein de la société.  Le représentant a par ailleurs signalé que son pays souffre du fardeau des nombreuses crises et pandémies qui pèsent, à la fois, sur les services de santé, juridiques et policiers, détournant des ressources et des efforts de développement vitaux. 

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est dit préoccupé par la situation des femmes et des filles qui représentent environ 60% des victimes de la traite et sont plus susceptibles de subir des violences de la part de leurs trafiquants.  Établissant un lien entre cet état de fait et la pauvreté, le manque d’éducation et l’instabilité familiale qui mettent en danger la vie des femmes et des jeunes filles, il a appelé à s’attaquer aux causes structurelles de ce fléau.  Il a également insisté sur la nécessité d’identifier les victimes et de poursuivre les trafiquants et les passeurs en justice. 

M. AMINATA DIOUF (Sénégal) a rappelé qu’en Afrique, les femmes représentent environ 70% de la main-d’œuvre agricole et jouent un rôle essentiel dans les stratégies de résilience liées à la nutrition et à la sécurité alimentaire.  Cependant, leurs efforts ont été grandement anéantis par les effets de la pandémie de COVID-19 et des crises politiques qui ont entraîné une hausse considérable des prix des denrées de première nécessité, a-t-il déploré.

Le représentant a ensuite indiqué que la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (SNEEG 2016-2026) a permis plusieurs avancées significatives, citant notamment l’adoption d’une loi sur la parité dans les instances électives et semi-électives ainsi que criminalisant les actes de viol et de pédophilie.  Le Sénégal s’est également doté d’une Stratégie nationale pour l’autonomisation économique des femmes (SNAEF) dont l’ambition, a-t-il détaillé, est l’émergence d’un entreprenariat inclusif, durable et porteur de croissance, ainsi que la promotion d’un salariat équitable.  Il a ensuite appelé à s’engager en faveur d’une implication forte et effective des femmes dans les processus de paix, du respect de leurs droits fondamentaux et de leur accès aux services socio-économiques en appliquant une tolérance zéro aux dérives sexistes et à toute tentative discriminatoire à leurs égards.

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a commencé par établir un lien entre l’histoire du patriarcat et le racisme, l’impérialisme et le colonialisme.  Ces systèmes d’oppression ont, non seulement, maintenu les inégalités mais se sont mutuellement renforcés en créant des discriminations liées entre elles, a-t-elle analysé.  Elle a ensuite détaillé les actions menées par son payspour lutter pour l’émancipation et les droits des femmes.  Elle a pointé les défis réels pour éliminer les inégalités de façon collective.  La représentante a notamment cité le problème du financement et les impacts des sanctions unilatérales qui entravent les efforts de développement des États et ont un impact négatif sur les femmes et les groupes vulnérables qui subissent leurs effets de plein fouet.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a affirmé que la violence à l’égard des femmes est l’un des principaux obstacles à la réalisation des ODD.  À cet égard, le Gouvernement a approuvé pour la deuxième fois le plan d’action national relatif à la violence fondée sur le genre en février 2017, afin d’éradiquer le fléau par le biais d’une approche multisectorielle coordonnée, la prévention, la fourniture de services aux survivantes, l’amélioration de l’accès à la justice et le renforcement de la coordination, du suivi et de l’évaluation.  De plus, le Gouvernement s’est engagé à réviser les lois pour modifier les pratiques discriminatoires, et créera de nouvelles lois et politiques pour protéger les droits des femmes. 

Le représentant s’est ensuite félicité du taux de femmes siégeant au Parlement du Timor-Leste, précisant que pour la première fois de l’histoire du pays, une femme présidait le Parlement.  Enfin, le Gouvernent a donné la priorité à l’autonomisation des femmes rurales notamment à travers la mise en œuvre de la Déclaration de Maubisse de 2015. 

M. İSMAIL AYDİL (Türkiye) a relevé que les violences contre les femmes et les filles sont un défi mondial avec un coût social économique gigantesque pour les sociétés, s’est alarmé le délégué.  Faisant le point sur les efforts déployés par son pays en faveur des femmes, il a mis en avant l’adoption d’une politique de tolérance-zéro face aux violences sexistes.  La Türkiye a notamment renforcé la protection législative des femmes migrantes, a-t-il précisé.  Des centres de suivi offrent un soutien psycho-social aux femmes victimes de violence, notamment dans le contexte des procédures judiciaires.  Se réjouissant de l’augmentation du nombre de femmes parlementaires en Türkiye, il a assuré que son pays aidera l’ONU à promouvoir les femmes au niveau international. 

Mme MIOUSEMINE CELESTIN (Haïti) a déclaré qu’en dépit des violences, viols, meurtres, séparations familiales dues à la migration et la terreur quotidienne des gangs que subit un bon nombre de la population féminine haïtienne, son pays « tient debout ».  Les mères haïtiennes continuent de se battre pour l’éducation de leurs enfants et pour réduire le phénomène croissant des filles-mères.  Elles se livrent encore au commerce informel bien que leur gain soit estimé à moins d’un dollar par jour, pour pallier le chômage et joindre les deux bouts, sans couverture sociale ni accès à la santé, s’est émue la représentante. Le Gouvernement haïtien est conscient qu’il faut accompagner cette force impressionnante d’actions ponctuelles, de programmes structurels et de politiques publiques durables pour qu’elles atteignent l’autonomie véritable à leur épanouissement sociale.  La déléguée a ensuite passé en revue les mesures mises en place par son gouvernement, tout en reconnaissant que ces efforts sont loin de garantir la réalisation des ODD.  Elle a appelé à la solidarité ainsi qu’à la coopération régionale et internationale en appui aux projets nationaux, pour renverser cette tendance. 

Mme HEBA MOSTAFA MOSTAFA RIZK (Égypte) a estimé que la promotion de la femme ne peut être portée seulement par des efforts nationaux, mais nécessite une coopération internationale.  Il convient aussi de respecter les différences entre pays, qu’elles soient culturelles, ou liées aux niveaux de développement, a poursuivi la déléguée. Elle a regretté que certains abordent la question des femmes en intégrant d’autres sujets non consensuels aux discussions.  Ceci porte notamment préjudice aux femmes pauvres, ou celles qui vivent dans des zones de conflit, a‑t‑elle indiqué, appelant les délégations à mettre l’accent sur les femmes uniquement.  Elle a également décrit la famille comme la structure de base de la société égyptienne. 

M. KHALID SALEH SAID AL RUBKHI (Oman) a indiqué que son pays s’est doté d’une stratégie à l’horizon 2040 ayant pour objectif de bénéficier à tous les pans de la société.  À Oman, les femmes occupent des postes de responsabilité dans la sphère publique et politique, siègent au Parlement, sont élues dans les conseils communaux et sont représentées dans le Conseil de la Choura.  De même, son gouvernement, partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, veille à garantir sa mise en œuvre avec le soutien de la société civile.  Pour finir, le représentant a annoncé la candidature d’une femme pour siéger au sein du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. 

Mme DJENEBA DABO N'DIAYE (Mali) a insisté sur les dispositions prises par son gouvernement pour doter les femmes d’un statut juridique, social et économique.  Elle a ajouté que son pays a aussi agi contre les discriminations faites aux femmes, notamment à travers la loi de 2015 et le cadre de relance économique pour le développement durable.  En outre, des pratiques de planification et de budgétisation sensibles au genre ont été instituées, a indiqué la représentante, prenant l’exemple du fonds d’appui pour l’autonomisation de la femme.

Selon la déléguée, cette politique nationale donne des résultats, comme en témoigne la réduction de l’écart entre les filles et les garçons en matière d’éducation.  La représentante a également mis en avant les mesures à destination des femmes du secteur informel, qui visent à faciliter les prêts et renforcer les capacités de cette catégorie vulnérable.  Elle s’est enfin félicitée que 30% des membres du Conseil national de transition, actuel organe législatif malien, soient des femmes, avant de relever que, dans un pays en crise comme le sien, la participation des femmes aux processus de décision constitue « un moyen d’expression de leur indépendance ». 

Mme. COSTANZA LUCII, de l’Ordre souverain de Malte, a relevé que les femmes sont les principales victimes de la violence. Pour pouvoir réellement protéger les femmes, il faut répondre à leurs besoins essentiels, notamment dans le communautés rurales et marginalisées. Elle a ensuite fait le point sur l’action de l’Ordre sur le terrain qui fournit notamment des soins de qualité à 68 000 femmes et enfants au Cameroun.

Mme DORIS NGIRWA-MPESHA, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait le point sur la situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires.  Il a indiqué que ces femmes travaillent dans de moins bonnes conditions que les hommes, ont un accès limité au crédit et à la formation, et n’ont pas voix au chapitre dans la prise de décision.  Ces facteurs se traduisent par un écart de productivité de 24% entre les exploitations gérées par des femmes et celles qui le sont par des hommes. 

Pourtant, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes réduisent la faim, stimulent l’économie et la résilience face à des chocs tels que les changements climatiques. 

Selon la déléguée, combler l’écart entre les hommes et les femmes en matière de productivité et de salaires dans le domaine agricole permettrait d’augmenter le PIB mondial de près de 1 000 milliards de dollars et de réduire le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire de 45 millions.  Pour combler ce fossé dans les systèmes agroalimentaires, elle a cité les mérites de la collecte et l’analyse de données de qualité sur le genre, l’autonomisation financière et bancaire des femmes, ou encore le renforcement de l’éducation chez les femmes et les filles.  Il est temps de faire en sorte que les systèmes agroalimentaires fonctionnent pour les femmes, a-t-elle souligné. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la République islamique d’Iran, a qualifié de sans fondement les allégations faites à son encontre par les États-Unis, appelant ce pays à cesser de s’immiscer dans les affaires intérieures de pays tiers, en utilisant les droits des femmes comme prétexte.  Elle a relevé que les États-Unis comptent plus de femmes en prison que n’importe quel pays, signalant en outre que des femmes iraniennes innocentes sont mortes de maladies du fait de l’embargo imposé par les États-Unis.

L’Arménie a condamné une tentative de l’Azerbaïdjan de légitimer son recours à la force, en prétextant lutter contre le terrorisme.  L’agression commise le 19 septembre par l’Azerbaïdjan a frappé femmes et enfants, s’est ému le délégué, précisant que 100 000 habitants du Haut-Karabakh ont été déplacés vers l’Arménie.  Et l’Azerbaïdjan, qui pendant des années a terrorisé la population du Haut-Karabakh, confisqué leurs terres et s’est prêté à une épuration ethnique contre les Arméniens, ose dire que cette population est partie de son plein gré, s’est indigné le délégué qui a assuré que l’Arménie continue de négocier de bonne foi pour trouver une solution au différend.

À son tour, l’Azerbaïdjan a indiqué que l’Arménie a conservé des forces militaires sur le territoire souverain de l’Azerbaïdjan.  Affirmant avoir dû se livrer à des mesures de lutte contre le terrorisme, en réponse au déploiement de forces illégales sur son territoire, il a assuré avoir respecté toutes les normes internationales pour qu’il n’y ait ni victimes civiles ni dégâts.  La politique arménienne vise à empêcher un processus de normalisation, a poursuivi le représentant qui a rejeté toute accusation d’épuration ethnique. Il a assuré que l’Azerbaïdjan veut créer les conditions propices au retour des Arméniens du Garabagh affirmant que c’est l’Arménie qui a poussé les Arméniens à quitter la région.

Exerçant son deuxième droit de réponse, l’Arménie a affirmé que ses forces armées ne se trouvent pas au Haut-Karabakh.  Concernant le couloir de Latchine, elle a rappelé que des mesures ont été approuvées par la Cour pénale internationale (CPI) à la demande de l’Arménie. Elle a également déploré le non-respect des ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ) par l’Azerbaïdjan. Enfin concernant les droits des Arméniens au Haut- Karabakh, la délégation a affirmé que le traitement réservé par l’Azerbaïdjan aux défenseurs des droits humains et les discours de haine contre les Arméniens démontrent que ses garanties ne sont pas réelles. 

Reprenant la parole, l’Azerbaïdjan a insisté sur la présence des forces arméniennes sur son territoire, indiquant que 19 postes de défense avaient été pris, ainsi que 30 mortiers et 2 systèmes de missiles anti-aérien, prouvant que la région avait été hautement militarisée en violation du régime de contrôle des armes. Il a affirmé que l’Arménie avait mal interprété les ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui n’avait pas approuvé les demandes qu’elle avait formulées. 

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