Soixante-dix-huitième session,
7e et 8e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4375

Troisième Commission: appel à la vigilance face au recul des droits des femmes dans le monde

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué, aujourd’hui, avec ONU-Femmes et trois titulaires de mandat sur le point relatif à la promotion des femmes.  Ces derniers ont alerté tour à tour sur la hausse des violences faites aux femmes et le recul de leurs droits souvent motivés par des considérations d’ordre politique ou idéologique. 

Cette tendance compromet les avancées durement acquises en matière de droits des femmes et menace les normes établies au niveau international, ont relevé, pour leur part, les nombreuses délégations qui se sont, en outre, alarmées d’une augmentation de la violence sexuelle et sexiste notamment dans des contextes de conflit, ainsi qu’en lien avec l’évolution de la technologie de l’information et des communications (TIC), des changements climatiques et de la migration. 

Sur ce dernier point, le Directeur de la Division des partenariats stratégiques d’ONU-Femmes a indiqué que l’absence de voies de migration régulières peut multiplier les risques d’abus envers les femmes et les exposer à des violences.  Il a également rapporté qu’une étude menée dans 20 pays du Nord et du Sud a fait apparaître que les jeunes hommes adoptent trop souvent des attitudes régressives en matière d’égalité femmes-hommes. 

Dans le même ordre d’idées, la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a tiré la sonnette d’alarme sur l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre, alertant que celle-ci serait endémique dans les camps de personnes déplacées « d’un État partie ». 

Constatant pour sa part que le niveau d’inégalité institutionnalisée et de discrimination fondée sur le sexe en Afghanistan « n’a pas d’équivalent dans le monde », la Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles a alerté que cette situation fait craindre que les Afghanes soient victimes d’un crime contre l’humanité.  « Nous avons la responsabilité collective d’agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard », a-t-elle plaidé. 

Les délégations ont également dialogué avec la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences, qui a alerté sur les conséquences des lois sur la nationalité sexistes, un des principaux moteurs de l’apatridie, y voyant une grave source de discrimination à l’égard des femmes.  En plus d’exacerber directement et indirectement la violence psychologique, sexuelle et physique, ces lois entravent l’enregistrement des naissances, la transmission de la nationalité, et l’accès aux services essentiels, compliquant en outre la garde des enfants, a détaillé la Rapporteuse. 

Au cours du débat général qui a suivi, de nombreux intervenants se sont penchés sur les discriminations croisées subies par les groupes vulnérables, s’inquiétant en outre de la hausse de la violence à l’encontre des femmes, en ligne et hors ligne.

« Il faut redoubler d’efforts pour mettre fin à la violence sexiste subie par une femme sur trois, au moins une fois dans sa vie » a exhorté le Royaume-Uni.  Lui emboîtant le pas, Chypre a encouragé les États Membres à reconnaître l’existence du féminicide et à définir les meurtres liés au genre dans leurs cadres juridiques nationaux, saluant l’adoption par son parlement de la première loi en Europe reconnaissant la spécificité du féminicide et lui conférant une circonstance aggravante. 

De son côté, le Liechtenstein s’est inquiété des retards pris dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Cette tendance se traduit notamment par la sous-représentation frappante des femmes aux postes de direction, a observé la délégation, qui a rappelé que seulement 21 femmes dirigeantes sont montées à la tribune de l’Assemblée générale lors du récent débat annuel, soit à peine 11% de l’ensemble des intervenants. 

Au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA), El Salvador s’est soucié pour sa part de l’augmentation des grossesses précoces dans la région, notant leurs répercussions sur la déscolarisation, l’aggravation de la pauvreté ou le transfert intergénérationnel des schémas d’inégalité. 

La Belgique a mis en évidence l’importance de la santé sexuelle et reproductive et de l’accès à des méthodes modernes de contraception ainsi qu’à l’avortement sans risque.  À ce sujet, la déléguée de la jeunesse du Mexique a salué la décision prise en septembre par la Cour suprême du Mexique rendant « inconstitutionnelle » la pénalisation de l’interruption volontaire de grossesse au niveau fédéral. Pour autant, ces progrès ne peuvent occulter les vastes défis auxquels toutes les femmes et toutes les filles continuent d’être confrontées dans des environnements à prédominance patriarcale, a déploré la déléguée qui a relevé qu’au rythme actuel, l’écart entre les sexes à l’échelle mondiale ne se résorbera pas avant 131 ans.

Abordant le sujet de la transsexualité, le Cameroun a fait valoir qu’on naît femme et que tout autre acception est erronée, voire dangereuse, pour la société et pour les droits des femmes.  « Il est impossible de changer de sexe comme il est impossible de changer de race » a affirmé la délégation, ajoutant que de la même manière que le sentiment d’appartenance à une race ne pouvait valoir une reconnaissance juridique d’appartenance, il en allait de même avec le sexe.  L’Argentine a déploré pour sa part l’émergence de mouvements anti-genre et anti-trans au sein de l’ONU, affirmant que la rhétorique sur laquelle ils reposent constitue une attaque universelle contre les droits humains. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain à partir de 10 heures. 

PROMOTION DES FEMMES (A/78/220A/78/256A/78/292) ET SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (A/78/206A/78/216)

Déclarations liminaires par les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales et autres experts, suivies par un dialogue interactif

Exposé

M. DANIEL SEYMOUR, Directeur de la Division des partenariats stratégiques d’ONU-Femmes, a présenté quatre rapports du Secrétaire général concernant la violence à l’égard des travailleuses migrantes (A/78/292), l’amélioration du sort des femmes et des filles en milieu rural (A/78/220), l’amélioration du statut des femmes dans les organismes des Nations Unies (A/78/206) et les mesures prises et progrès réalisés dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/78/216). 

Sur la base de ces différents rapports, le Directeur a tout d’abord fait observer que l’absence de voies de migrations régulières peut multiplier les risques d’abus envers les femmes et les exposer à des violences.  Il a ensuite souligné le besoin d’améliorer les données statistiques en présentant une ventilation par sexe des données concernant la traite des personnes, ainsi que la situation des femmes et des filles dans les zones rurales.  Notant par ailleurs que les femmes représentent désormais 47% des employés du Secrétariat des Nations Unies, il a constaté que les femmes sont encore sous-représentées au niveau des administrateurs en position intermédiaire ou élevée. 

Dialogue interactif

À la suite de cette présentation, les États-Unis se sont alarmés de l’incidence disproportionnée des technologies de l’information et des communications (TIC) sur les groupes vulnérables ainsi que des discriminations croisées que subissent les personnes en situation de handicap.  Sur cette base, ils ont souhaité avoir un aperçu des actions entreprises par ONU-Femmes pour éviter d’autres reculs en matière du droit des femmes au niveau international.  Comment peut-on renforcer la collecte de données ventilées pour élaborer des politiques qui « font la différence? » s’est pour sa part enquise la Colombie, avant de demander des exemples concrets de discrimination à l’encontre des femmes et filles rurales et migrantes.  À sa suite, une déléguée de la jeunesse de l’Italie a voulu savoir quelles étaient les exemples de pratiques optimales de stratégies visant à assurer une alimentation de qualité aux femmes et filles en milieu rural au regard de leurs vulnérabilités liées au genre et aux changements climatiques.  La Roumanie a elle souhaité connaître les mesures à prendre au niveau local pour lutter contre les stéréotypes profondément ancrés et la violence domestique en vue de l’autonomisation des femmes rurales dans leurs communautés. 

L’Ordre souverain de Malte s’est quant à lui intéressé à la santé menstruelle, une question selon lui « oubliée jusque-là car taboue », alors que 500 millions de femmes et de filles font l’objet de discrimination dans l’accès aux ressources dont elles ont besoin, ce qui limite leur participation au système éducatif et au marché du travail. 

Observant que le nombre de femmes adultes âgées est en augmentation, le Chili a ensuite voulu savoir comment placer cette catégorie au centre des programmes.  Il a également demandé si le traitement de la question du travail non rémunéré des femmes peut contribuer à diffuser de manière transversale l’égalité entre les sexes dans les politiques économiques.  De son côté, le Mexique a demandé l’aide d’ONU-Femmes dans ses efforts de restructuration et de révision de sa politique extérieure féminine, se prononçant pour une plus grande reconnaissance de l’égalité entre les sexes en tant que composante de la promotion des droits humains et du développement durable.  Par ailleurs, après avoir évoqué le sort des femmes ukrainiennes fuyant la guerre d’agression contre leur pays, la Pologne a souhaité connaître les priorités et objectifs d’ONU-Femmes pour les femmes et les filles dans des contextes de conflit. 

L’Union européenne, qui appuie l’organisation d’une manifestation de haut niveau « Beijing +30 » en 2025, a voulu savoir comment s’assurer que cette réunion complète les engagements pris.  Dans quelle mesure ONU-Femmes peut-elle systématiser les différents mandats sur l’égalité entre les sexes et comment les États Membres peuvent-ils contribuer et appuyer cette synergie? a demandé le Costa Rica. Enfin, la Lettonie a voulu connaître les partenariats les plus difficiles à mettre en place et les principaux obstacles rencontrés par ONU-Femmes dans la mise en œuvre de son mandat. 

Reprenant la parole, le Directeur de la Division des partenariats stratégiques d’ONU-Femmes a appelé à avancer en s’appuyant sur les avantages comparatifs des États Membres et en renforçant la coopération au niveau intergouvernemental.  Évoquant le trentième anniversaire du Programme d’action de Beijing, il a plaidé pour une intensification de la collaboration entre les États Membres afin de parvenir autant que possible à des conclusions adoptées par consensus. M. Seymour a par ailleurs indiqué qu’ONU-Femmes a mené une étude dans 20 pays du Nord et du Sud qui fait apparaître que les jeunes hommes adoptent trop souvent des attitudes régressives en matière d’égalité femmes-hommes.  Enfin, il a souligné l’importance de l’autonomisation et du soutien des femmes en temps de crise, indiquant que financer leurs besoins permet de réduire la mortalité infantile, d’accroître la scolarisation des enfants et d’améliorer la prise en charge des personnes âgées ou handicapées. 

Exposé

Mme ANA PELÁEZ NARVÁEZ, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué que l’année écoulée a été marquée par la tenue de dialogues avec 24 États parties, et l’adoption d’observations finales sur leurs rapports, évitant ainsi une nouvelle augmentation du retard accumulé, au vu des 45 rapports encore en attente d’examen. Le Comité a aussi adopté 11 listes de questions concernant les rapports des États parties et 12 listes de questions préalables à la présentation de rapports, au titre de la procédure simplifiée de présentation de rapports.  Sur les 189 États parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, seuls 13 se sont retirés de la procédure simplifiée depuis la décision du Comité, en 2022, d’en faire la procédure par défaut pour la soumission des rapports périodiques, a informé la Présidente. 

Le Comité a donné suite à 11 plaintes individuelles et constaté des violations des droits des auteurs dans six cas.  En vertu de l’article 8 du Protocole facultatif, il a également effectué une visite d’enquête confidentielle dans un État partie et demandé à effectuer des visites dans les pays dans le cadre de plusieurs procédures d’enquête en cours. 

La Présidente a ensuite fait part de l’adoption, en octobre 2022, de sa trente-neuvième recommandation générale sur les droits des femmes et des filles autochtones.  Celle-ci reconnaît que ces dernières sont confrontées à des formes croisées de discrimination et fournit aux États parties des orientations pour promouvoir la participation des femmes et des filles autochtones à la vie politique et publique. 

Actuellement, le Comité élabore sa quarantième recommandation générale sur la représentation égale et inclusive des femmes dans les systèmes décisionnels, dont l’adoption est prévue à l’automne 2024.  Le Comité fournit aussi aux États parties des orientations sur la mise en œuvre de sa trente-cinquième recommandation générale (2017) sur la violence sexiste à l’égard des femmes.  

La Présidente du Comité a ensuite dit être profondément préoccupée par l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre.  Récemment, a-t-elle confié, un mécanisme de l’ONU a contacté le Comité pour réclamer un rapport exceptionnel à un État partie, où la violence sexuelle liée au conflit serait endémique dans les camps de personnes déplacées.

En octobre 2022, a-t-elle poursuivi, le Comité a examiné le neuvième rapport périodique de l’Ukraine qui l’a invité à effectuer une visite technique de suivi dans le pays.  Une invitation qu’il compte honorer dès que le soutien logistique nécessaire pourrait être assuré, a promis Mme Peláez Narváez.  Et en janvier, le Comité a publié sur son site Internet une réponse des autorités de facto de Kaboul à sa demande d’informations sur la situation des femmes et des filles en Afghanistan. 

S’agissant de l’harmonisation des méthodes de travail, la Présidente a mis en avant un projet pilote mené avec le Comité des droits de l’enfant lors de l’examen des rapports de Sao Tomé-et-Principe, et qui a permis aux deux comités de formuler des recommandations conjointes sur des questions touchant les droits des filles.  Une méthodologie a également été adoptée pour examiner les rapports des États parties en l’absence de leur délégation.

Mme Peláez Narváez a également rapporté que les présidents des 10 organes conventionnels des droits de l’homme ont réaffirmé leur décision d’établir un calendrier d’examens sur huit ans couvrant tous les États parties.  Il a également été décidé de créer un mécanisme de coordination des organes conventionnels sur la simplification et l’harmonisation des méthodes de travail.  La Présidente a ensuite appelé l’Assemblée générale à approuver des ressources supplémentaires pour les organes conventionnels, afin de répondre « aux attentes placées en nous » par les femmes du monde entier. 

Dialogue interactif

À l’entame de cet échange, le Japon a demandé des exemples d’incidences positives de la procédure de présentation simplifiée des rapports, tandis que la Grèce a voulu savoir comment intégrer au mieux les questions de genre dans toutes les structures de l’ONU. 

Alors que de nombreuses femmes se heurtent à des formes de discriminations multiples et croisées, que peuvent faire les États pour atténuer les risques visant les jeunes femmes en situation de vulnérabilité? a demandé l’Union européenne.  Et quelle action lancer pour permettre aux TIC de contribuer au renforcement de la participation des femmes dans les processus de décision, a ajouté la Suisse.  À son tour, la Norvège a émis ses inquiétudes vis-à-vis des pays qui ne présentent pas leur rapport périodique au Comité, appelant ce dernier à privilégier un dialogue plus constructif. 

Après la Chine, qui a appelé le Comité à respecter les informations fournies par les pays et à éviter toute politisation des droits humains, la Fédération de Russie a souligné que les observations du Comité doivent se fonder sur le droit international, et non sur les opinions personnelles des experts, appelant ces derniers à éviter les terminologies ne faisant pas consensus.

Le Mexique s’est intéressé pour sa part aux stratégies les plus efficaces pour éviter tout recul et garantir aux femmes et filles une vie autonome et exempte de violences.  La Malaisie a voulu savoir par quels moyens accroître la participation des femmes et filles à l’économie, avant que la Colombie demande des exemples de stratégies de mise en œuvre de la recommandation 38 du Comité.  L’Ordre souverain de Malte a appelé à assurer la réédition de comptes des auteurs de traite d’êtres humains, tandis que Cuba s’est enorgueillie d’avoir été le deuxième pays à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 

Répondant aux interrogations soulevées par les délégations, la Présidente du Comité a rappelé que le projet pilote mené de concert avec le Comité des droits de l’enfant avait permis de renforcer la coopération entre les deux organes conventionnels de traité.  Si les sessions ne se tiennent pas nécessairement de manière simultanée, des points de contact ont été mis en place et ce projet a débouché sur la publication de plusieurs déclarations conjointes. 

Après avoir rappelé que le Comité fournit des orientations aux États Membres quant à l’application de la Convention, elle a précisé que la prochaine recommandation générale du Comité portera sur les stéréotypes fondés sur le genre.  Il s’agit d’une question délicate qui a donné lieu à des interprétations disparates a-t-elle précisé, ajoutant que le Comité a mis en place un groupe de travail sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle.  Elle a assuré que la question de l’accès égale aux technologies pour les femmes est prise en compte.  Le Comité compte également formuler des recommandations en matière de violences sexuelles en temps de conflits armés et examine en interne les possibilités de renforcer le mandat de la Convention concernant les violences à l’encontre des femmes.  C’est une question prioritaire, a-t-elle assuré.  Par ailleurs le Comité publiera le 11 octobre, à l’occasion de la Journée internationale de la fille, une déclaration sur la protection de la vie, de la santé et de l’avenir des filles en réduisant les grossesses non désirées et en garantissant l’accès à un avortement sûr. 

Enfin, revenant sur les remarques de la Russie, la Présidente a souligné que le Comité travaille sur la base d’un consensus, évoquant le processus conséquent de consultation entrepris avec les États et les acteurs de la société civile. 

Exposé

Mme DOROTHY ESTRADA-TANCK, Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, a détaillé les points saillants de son dernier rapport intitulé « Inégalités de pauvreté entre les sexes: approches féministes et fondées sur les droits de l’homme », ainsi que les principaux éléments du rapport sur la « Situation des femmes et des filles en Afghanistan », qu’elle a présenté au Conseil des droits de l’homme avec le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme en Afghanistan. 

Le premier rapport souligne le lien entre pauvreté et inégalités sexospécifiques, la pauvreté étant « mère d’autres inégalités », a relevé Mme Estrada-Tanck.  Selon elle, cette relation entraîne les femmes et les filles dans un « cercle vicieux de discriminations », alimenté par les formes dominantes de pouvoir masculin, qui perpétuent les hiérarchies existantes.  Le rapport encourage donc les approches féministes intersectionnelle.

Ce même rapport, a-t-elle noté, montre que la crise de la COVID-19 a provoqué une réévaluation des idéologies économiques dominantes, notamment de la position de l’État en tant qu’acteur dans la définition et l’affectation des ressources des politiques publiques, remettant en cause le concept de croissance économique illimitée.

À cette aune, Mme Estrada-Tanck a appelé à analyser les systèmes de pouvoir qui génèrent et reproduisent des relations inégales entre les sexes au sein des familles, des communautés, des institutions et des marchés.  Il faut, selon elle, trouver des alternatives aux politiques et institutions économiques et sociales injustes.  Le rapport préconise à cet égard une « économie féministe » et invite les États à s’orienter vers une juste distribution des richesses et à abandonner la consommation, la production et l’extraction excessives au profit d’un ordre commercial mondial équitable, de la justice fiscale, de la responsabilité des entreprises et de la réalisation du droit au développement. 

Abordant ensuite le rapport sur la situation des femmes et des filles en Afghanistan, la Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles a fait observer que le niveau d’inégalité institutionnalisée et de discrimination fondée sur le sexe dans ce pays « n’a pas d’équivalent dans le monde ».  En Afghanistan, toutes les femmes et les filles sont « assignées à résidence », a-t-elle indiqué, ajoutant que l’oppression du régime de facto et l’incertitude liée à l’extrême pauvreté exacerbent leurs problèmes de santé mentale. 

De surcroît, a poursuivi Mme Estrada-Tanck, les femmes et les filles de ce pays sont confrontées à la violence domestique, aux meurtres liés au genre, aux mariages forcés et aux mariages d’enfants, à la vente d’enfants, au travail des enfants, à la traite des êtres humains et à des migrations dangereuses.  Face à cette situation qui fait craindre que femmes et filles soient victimes d’un crime contre l’humanité en Afghanistan, « nous avons la responsabilité collective d’agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard », a-t-elle conclu. 

Dialogue interactif 

Dans la foulée de cette présentation, la Belgique s’est inquiétée des répercussions sur les femmes et les filles des campagnes de mouvements anti-genre partout dans le monde.  Elle s’est interrogée sur la manière dont l’État et la société civile peuvent parvenir à contrer les reculs des droits des femmes motivés par des considérations politiques et idéologiques.  Même son de cloche du côté des États-Unis et de la Macédoine du Nord, qui ont demandé au Groupe de travail comment il compte répondre à ce phénomène préoccupant.

La République dominicaine s’est ensuite alarmée de la progression de la désinformation liée au numérique, avant de s’enquérir des possibilités de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et des filles en ligne, insistant sur l’influence des mesures prises en matière de politique publique.

Préoccupés par les questions de pauvreté, un certain nombre d’États ont interpellé la Présidente du Groupe de travail à ce sujet.  C’est le cas notamment de l’Espagne, qui a voulu savoir comment un écoféminisme basé sur les droits humains peut contribuer à mettre un terme à la pauvreté chez les femmes et les filles.  Le Brésil a demandé des exemples de bonnes pratiques dans ce domaine, tandis que la Slovénie s’intéressait aux manières de contrer les disparités de genre qui ont une incidence sur la pauvreté.  Comment garantir que les approches proposées en matière de réduction de la pauvreté seront transversales, s’est interrogé le Mexique

Dans le même ordre d’idées, l’Union européenne a souhaité savoir comment combiner une approche fondée sur les droits humains et les efforts de développement durable, avant de s’enquérir de la situation en Afghanistan et de la manière d’appuyer les défenseurs des droits humains sur place.  Enfin la Grèce a voulu en savoir plus sur les obstacles qui empêchent l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et des filles, tant dans le droit que la pratique.

En réponse à ces questions et remarques, la Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles a insisté sur l’importance des visites qu’effectue le Groupe de travail, notamment pour lutter contre la pauvreté.  Ce faisant, le Groupe de travail recueille des témoignages de femmes sur le terrain et les implique dans ses processus décisionnels, a-t-elle expliqué.  Mme Estrada-Tanck a invité les États Membres à s’inspirer de cette stratégie en impliquant en amont les femmes, notamment les demandeuses d’asile, les migrantes et les femmes issues des minorités, dans les processus politiques qui les concernent.  Elle a également appelé les États Membres à appliquer de manière plus efficace le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui prévoit des obligations de non-régression des droits, en particulier s’agissant du travail domestique non rémunéré. 

Après avoir exhorté les États à adopter des mesures fiscales et d’allégement de la dette en vue d’atténuer les inégalités femmes-hommes, la Présidente du Groupe de travail a souligné l’importance de garantir les droits à la santé sexuelle et reproductive, y compris en période de crise.  Elle a d’autre part rappelé qu’en 2018, le Groupe de travail a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme sur les discriminations liées au genre.  Citant l’Afghanistan comme « exemple extrême », elle a souhaité que l’apartheid de genre qui s’y déroule fasse l’objet d’une réponse multilatérale.  Elle a enfin appelé de ses vœux une réforme de l’architecture économique et financière internationale, en demandant à ce que les femmes puissent y participer. 

Exposé

Mme REEM ALSALEM, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences a indiqué que 50 pays appliquent des lois sur la nationalité qui contiennent des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes, et que 24 d’entre eux refusent aux femmes le droit de transmettre leur nationalité au même titre que les hommes.  Elle a signalé que le sexe et les lois sur la nationalité sexistes sont les principaux moteurs de l’apatridie, y voyant une forme de violence à l’égard des femmes et une grave source de discrimination. 

En plus d’exacerber directement et indirectement la violence psychologique, sexuelle et physique, ces lois peuvent exposer les femmes et les filles à diverses formes d’exploitation et d’abus.  Elles entravent l’enregistrement des naissances, la transmission de la nationalité, et l’accès aux services essentiels, compliquant en outre la garde des enfants.  Qui plus est, l’apatridie et des lois sur la nationalité discriminatoires en matière de genre peuvent exposer les femmes et les filles à davantage d’exploitation et d’abus, notamment la violence domestique, le mariage d’enfants, la traite et la détention arbitraire, s’est-elle inquiétée.

La Rapporteuse a ensuite expliqué que ces lois trouvent leurs racines dans les valeurs patriarcales, l’exercice d’un contrôle démographique, les formes croisées de discrimination à l’encontre des minorités et des femmes ou encore la lourdeur des exigences administratives pour l’enregistrement des naissances ou l’acquisition de la nationalité. 

Soulignant que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes établit le droit des femmes d’acquérir, de changer, de conserver ou de conférer leur nationalité à égalité avec les hommes, elle a exhorté les États concernés à lever leurs réserves aux articles de la Convention qui garantissent ces droits.  Elle a également appelé les États Membres à signer les conventions de 1954 et 1961 sur l’apatridie.  Les réformes entreprises par plusieurs États démontrent qu’il est possible de mettre fin aux lois sexistes sur la nationalité et à l’apatridie, a-t-elle affirmé.

Dialogue interactif

Dans un premier temps, l’Union européenne a demandé à la Rapporteuse de fournir des exemples de pratiques optimales de lutte contre l’apatridie.

Existe-t-il des exemples de mesures prises par des États pour traduire les textes sur le terrain, et comment peuvent-ils mettre en œuvre les recommandations du rapport, a voulu savoir la délégation des Pays-Bas

La République dominicaine a fustigé les observations de la Rapporteuse selon laquelle le pays aurait imposé un cadre discriminatoire à l’encontre des femmes haïtiennes.  La Constitution dominicaine ne fait aucune discrimination contre quelque nationalité que ce soit.  D’ailleurs, 36% des naissances dans les hôpitaux publics sont le fait de mères haïtiennes en situation irrégulière ou en transit, ce qui prouve qu’elles bénéficient de soins sans discrimination, a invoqué le délégué. 

Après les Émirats arabes unis qui se sont intéressés au rôle des organisations régionales et sous-régionales dans la lutte contre la violence contre les femmes et les filles, le Bangladesh a demandé à la Rapporteuse son avis sur les lois discriminatoires en matière d’asile, notamment celles qui empêchent les femmes d’échapper à la guerre et produisent une apatridie institutionnelle.  Comment convaincre les pays de la nécessité de modifier leurs législations en matière de transmission de la nationalité de la mère à l’enfant, a voulu savoir la Belgique, l’Ordre souverain de Malte réclamant pour sa part des données ventilées sur l’apatridie. 

La Rapporteuse a ensuite été appelée par le Canada à examiner davantage l’impact de l’apatridie sur les mariages forcés et les grossesses précoces, puis par le Pakistan à faire le point sur l’apatridie en situation d’occupation étrangère, la délégation pakistanaise notant que de nombreuses femmes au Jammu-et-Cachemire sont apatrides du fait de leur appartenance à l’islam. 

L’Australie, le Népal et le Costa Rica ont réclamé des exemples de bonnes pratiques en matière de protection, tandis que le Mexique s’est intéressé à l’abus du terme aliénation parentale.  Existe-t-il des mécanismes pour régler le problème de l’apatridie? a questionné l’Algérie.  Et comment analyser les causes des violences contre les femmes et les filles? a questionné l’Estonie qui, s’exprimant au nom des pays nordiques et baltes, a également appelé à veiller à ce que les innovations technologiques ne discriminent pas davantage les femmes et les filles.  Notant pour sa part que le rapport établit que les autorités estoniennes ont pris des mesures pour éliminer l’apatridie, la Fédération de Russie a appelé la Rapporteuse à se préoccuper des droits des non citoyens, victimes de diverses violations. 

À son tour, le Koweït a critiqué le fait que le rapport affirme que des personnes apatrides font l’objet de discriminations au Koweït.  Le paragraphe en question a été rédigé sur la base d’un rapport de 2019 qui indiquait que le Koweït n’avait pas rassemblé assez de données, a relevé la délégation qui a jugé inacceptable qu’un État soit décrit négativement par manque de données.  Relevant en outre que le rapport indique que la Syrie n’octroie pas la nationalité aux Palestiniennes, la République arabe syrienne a expliqué que cette mesure visait à préserver leur droit au retour.  Il en va de même pour le Liban, a-t-elle ajouté, affirmant par ailleurs peiner à comprendre le lien entre apatridie et violence sexuelle.  L’Inde a jugé pour sa part non pertinente la référence faite au registre de ses citoyens.  Et Cuba a souhaité connaître l’avis de la Rapporteuse sur les violences contre les femmes migrantes dans des pays très développés, tels que les États-Unis.

Dans ses réponses et observations, la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences, a regretté que les causes structurelles des nouvelles manifestations de violence contre les femmes ne fassent pas l’objet d’un examen suffisamment approfondi.  Le patriarcat et la misogynie, des phénomènes qui continuent d’évoluer et de se transformer, sont parmi ces causes, d’où l’importance de demeurer vigilant, a-t-elle souligné.  À cet égard, la Rapporteuse s’est dite prête à s’attaquer, entre autres, aux répercussions des technologies émergentes qui ont une incidence majeure sur la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles. 

S’agissant des discriminations croisées subies par les femmes migrantes, souvent passées sous silence, la Rapporteuse a encouragé la mise en place de mécanismes d’accueils adéquats pour assurer la sécurité de personnes qui, comme les Afghanes, fuient la persécution.  Elle a relevé que de nombreuses migrantes ne peuvent bénéficier de permis de séjour et sont donc forcées de vivre dans des relations abusives, citant, sans le mentionner nommément, un exemple de « mauvaises pratiques » d’un pays, qui a choisi d’exclure ces personnes des mécanismes de protection juridique.  Pour ce qui est de l’aliénation parentale, elle a souligné le lien entre l’intérêt supérieur de l’enfant et la protection des femmes qui peuvent être l’objet de violence lorsqu’elles rentrent dans leur pays. 

La Rapporteuse a ensuite évoqué le cas concluant du Maroc qui a retiré ses réserves à l’article 9 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui mentionnaient des prétextes d’ordre religieux ou culturel.  Appelant les États à éliminer les dispositions discriminatoires dans leurs législations, elle a salué la résolution adoptée en juillet 2023 par le Conseil des droits de l’homme (CDH) et a proposé aux États Membres de se réunir dans le cadre d’un « groupe d’amis de la résolution » afin de procéder à un partage de bonnes pratiques. 

Enfin, pour ce qui est des données liées à l’apatridie, elle a renvoyé à son rapport qui mentionne les exemples pratiques du Kenya, de la Norvège et des Philippines qui ont mis en place des structures sur les statistiques et l’apatridie. 

Discussion générale 

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme ELLENI HENOK AREGA (Éthiopie) a mis l’accent sur les défis qu’affrontent les femmes et les filles apatrides ainsi que celles vivant en milieu rural, insistant sur le fait qu’elles n’ont pas voix au chapitre au sein des mécanismes de prise de décisions.  Pour faire face à ces situations, elle a appelé à un financement nettement plus important des pays en développement, notamment par l’aide publique au développement, l’accès aux marchés, le transfert de technologies et la levée des mesures coercitives unilatérales.  Constatant que la pauvreté touche les femmes de manière disproportionnée, elle a aussi dénoncé leur manque d’accès à l’électricité, à l’eau potable et à l’assainissement, mais aussi à la propriété de la terre, au crédit ou à la représentation politique. 

Au chapitre des solutions, la déléguée a évoqué le Centre international pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique, avant d’inviter la communauté internationale à soutenir cette initiative de l’Union africaine destinée à maintenir les filles à l’école.  Elle a également appelé à ne pas oublier les femmes et les filles qui vivent dans des économies déchirées par la guerre, qui perdent leurs enfants avant cinq ans, qui meurent pendant la grossesse ou l’accouchement parce qu’elles n’ont pas accès aux services de santé, qui souffrent de discrimination en raison de leur séropositivité, qui sont victimes des changements climatiques, de la traite des êtres humains, de la prostitution infantile et qui sont victimes d’abus et d’exploitation sexuels. 

En conclusion, elle a demandé aux États Membres d’élaborer des politiques qui soutiennent spécifiquement les femmes et les filles rurales et apatrides, afin de leur permettre d’acquérir des connaissances, d’accéder aux marchés internationaux pour leurs produits, de développer leur estime de soi et d’assumer la responsabilité de leur propre vie.

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne (UE), s’est réjouie que, cette année, le nombre de femmes occupant des postes de décision politique dans le monde ait atteint son plus haut niveau historique.  Elle s’est également félicitée des révisions législatives opérées par de nombreux États pour éliminer la violence sexiste, y compris la violence domestique, saluant à cet égard l’alliance des pays d’Asie centrale destinée à mettre fin à la violence fondée sur le genre, qui a été lancée cet été en coopération avec l’UE.  La représentante a toutefois regretté que, dans de grandes régions du monde, les femmes de diverses origines ethniques ou religieuses et les femmes handicapées restent largement exclues des opportunités sociales et économiques. 

De son côté, l’UE insiste pour que l’égalité femmes-hommes soit fermement placée au cœur des discussions politiques et soit abordée dans le contexte des évolutions géopolitiques et des nouveaux défis de sécurité, a souligné la déléguée.  Elle a ainsi rappelé qu’au cours de l’année écoulée, l’Union européenne a contribué à l’autonomisation et à la participation pleine, égale et significative des femmes et des filles avec sa directive sur les femmes siégeant dans les conseils d’administration.  L’UE a aussi fait progresser la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en augmentant le financement de projets visant à autonomiser les femmes dans la prévention des conflits, les négociations de paix et le relèvement postconflit, a-t-elle ajouté. 

Assurant que l’UE continuera d’agir en tant que « leader mondial de la promotion de l’égalité des sexes », la représentante a appelé en conclusion les États Membres à « mettre plus de femmes aux commandes du navire » afin de « remettre la trajectoire collective dans la bonne direction ».

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis), s’exprimant au nom d’un groupe transrégional d’États Membres, s’est alarmée de la politique de discrimination et de violences systématique contre les femmes et les filles en Afghanistan. 

Les filles sont privées de leur avenir, s’est émue la déléguée, demandant à plusieurs reprises aux Taliban de mettre un terme à ces violations des droits humains. Elle a également relevé que la situation en Afghanistan entraîne des conséquences graves sur le plan physique et mental pour les femmes et les filles.  Nous affirmons la liberté de religion, mais ces violations sont contraires aux valeurs de l’islam qui sauvegardent les droits et la dignité des femmes, a affirmé la déléguée. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) s’est alarmé du retard pris dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, appelant à un sursaut en ce qui concerne l’égalité femmes-hommes.  Souhaitant qu’une action énergique soit mise en œuvre pour inverser la tendance, il estimé que cela passera par une coopération internationale renforcée et un appui financier accru aux pays en développement.  Parmi les objectifs à atteindre, le représentant a cité la fin du harcèlement sexuel, l’égalité salariale, une couverture sanitaire universelle tenant compte des spécificités de santé des femmes, en plus de l’élimination de la pauvreté -qui frappe disproportionnellement les femmes- et des pratiques et politiques discriminatoires à l’égard des femmes et des filles.

Le délégué a également souligné l’importance de l’éducation et de la formation pour l’avancement des droits des femmes et des filles, assurant que cette question est prioritaire dans les pays de la CARICOM. Il a ainsi relevé que les efforts menés dans ce domaine ont permis une forte progression des filles dans les niveaux secondaire et universitaire.  Enfin, tout en reconnaissant que la parité n’est pas encore d’actualité dans les Caraïbes, il a fait valoir la présence importante de femmes dans la classe politique des pays de la région. 

M. VATHAYUDH VICHANKAIYAKIJ (Thaïlande) au nom de l’Association des nations l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a rappelé que la constitution de son pays stipule que les partis politiques sont tenus de prendre en compte l’égalité femmes-hommes dans la préparation de leur liste de candidats.  Il s’est félicité de progrès dans ce domaine, indiquant qu’aujourd’hui 20% des parlementaires sont des femmes et que le code de conduite du Parlement interdit toute forme de harcèlement sexuel envers elles.  Précisant que 40% des petites et moyennes entreprises (PME) de Thaïlande appartiennent à des femmes, il s’est félicité de la bonne coopération entre le secteur des affaires thaïlandais, les agences gouvernementales concernées et les agences de l’ONU, comme en témoignent les protocoles d’accord récemment signés entre ONU-Femmes, la Fédération des PME thaïlandaises et l’Office de promotion des PME. 

Le délégué a rappelé que la promotion des carrières dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques pour les femmes et les filles était l’un des six piliers prioritaires du plan d’action national pour le développement des femmes (2023-2027), adopté en juillet de cette année.  Il a ajouté que son pays coopérait avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) en organisant chaque année des événements pour célébrer la Journée internationale des jeunes filles dans les TIC. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA) a noté que les violences sexistes sous toutes leurs formes limitent le développement intégral des filles, adolescentes, jeunes femmes et femmes adultes.  Elle s’est inquiétée des risques liés à la numérisation, notamment la violence et la criminalité facilitées par le cyberespace, et a appelé à intégrer le droit à une vie sans violences au sein des politiques et programmes de prévention, de détection, et d’éradication des violences contre les femmes et les filles. La représentante s’est également souciée de l’augmentation des grossesses précoces dans la région, notant leurs répercussions sur la déscolarisation, l’aggravation de la pauvreté ou le transfert intergénérationnel des schémas d’inégalité. 

Insistant sur l’importance de la participation pleine, égale et significative des femmes à la vie publique, la déléguée a mis en avant l’importance de réduire la violence à l’égard des femmes dans la vie politique et de leur donner voix au chapitre afin de créer des environnements et des systèmes institutionnels plus favorables.  Face à l’écart salarial entre les hommes et les femmes, la représentante a insisté sur la nécessité de garantir des instruments de formation et de qualification professionnelle pour faciliter l’insertion équitable et compétitive des femmes rurales, autochtones, afro-descendantes et handicapées dans l’emploi et le développement productif.  Elle a également plaidé en faveur d’un financement accru, y compris à travers une augmentation de l’aide publique au développement. 

M. NOAH OEHRI (Liechtenstein) s’est inquiété des retards pris sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Cette tendance se traduit notamment par la sous-représentation frappante des femmes aux postes de direction, a‑t‑il observé, rappelant à ce sujet que seulement 21 femmes dirigeantes sont montées à la tribune de l’Assemblée générale lors du récent débat annuel, soit à peine 11% de l’ensemble des intervenants.  Abordant ensuite la question des violences faites aux femmes, le représentant a cité l’exemple des députées européennes, dont plus de 80% subissent des violences psychologiques au cours de leur mandat, tandis que plus de la moitié fait l’objet d’attaques sexistes en ligne. 

Le délégué a ensuite détaillé les efforts entrepris par le Liechtenstein dans la promotion et la protection des droits des femmes et des filles, invitant les autres États à faire davantage pour défendre cette cause.  Il s’est particulièrement alarmé de la situation des femmes au Myanmar, en Afghanistan et en Iran, avant de regretter que l’on sous-évalue encore l’importance de la promotion de l’égalité femmes-hommes dans les processus de paix. 

Mme MEGAN WHITE (Royaume-Uni) a indiqué que son pays a lancé cette année une nouvelle stratégie internationale en faveur des femmes et des filles dans toute leur diversité, avec pour objectif de les placer au premier plan, alors que le contexte géopolitique est de plus en plus polarisé et que des efforts « concertés » visent à faire reculer leurs droits.  Ces tentatives menacent d’anéantir les progrès réalisés depuis la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, et sapent les avancées vers l’égalité des sexes, a-t-elle prévenu.  Face à ces défis, la déléguée a plaidé pour une intensification des efforts de promotion et de protection des droits de toutes les femmes et les filles, indiquant que son pays se fixent trois priorités à cet égard: éduquer, mettre fin à la violence sexiste et autonomiser.  Si les femmes jouaient le même rôle que les hommes sur le marché du travail, quelque 28 000 milliards de dollars pourraient être ajoutés au produit intérieur brut (PIB) mondial en 2025, a-t-elle projeté. 

La représentante a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts pour mettre fin à la violence sexiste subies par une femme sur trois, au moins une fois dans sa vie, selon les statistiques -inchangées depuis 10 ans– de l’alliance internationale pour la prévention des violences sexuelles liées aux conflits. Se disant consciente que toutes ces mesures doivent être accompagnées d’actions et de responsabilités, la déléguée a précisé que le Royaume-Uni s’est engagé à garantir que 80% de ses programmes d’aide bilatérale se concentreront sur l’égalité des sexes d’ici à 2030.  En conclusion, elle a mis les autres États Membres au défi de faire de même, pour maintenir cette dynamique et empêcher un retour en arrière. 

Mme FLAVIA VMULISA (Rwanda) a rappelé que la pandémie de COVID-19 et l’inflation avait amplifié les inégalités femmes-hommes en matière de sécurité alimentaire, de protection sociale et d’accès aux technologies numériques, en particulier dans les zones rurales.  Regrettant que les femmes ne représentent que 26% des parlementaires dans le monde, elle a précisé que son pays faisait figure d’exemple en la matière avec le pourcentage le plus élevé de la planète.  Elle s’est félicité des politiques mises en place par le Rwanda pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes, citant en exemple le programme « Isange One Stop Centers », qui promeut une approche holistique pour répondre aux besoins médicaux, juridiques, psychosociaux et de sécurité des victimes.  Elle a également mis en avant l’action de son pays pour combler la fracture numérique entre les sexes, notamment son rôle dans la coalition d’action sur la technologie et l’innovation dans le cadre du Forum Génération Égalité. 

Mme CATHERINE MOGAKA (Kenya) a déclaré que l’égalité de genre est une condition préalable pour faire face aux défis de la pauvreté et du développement, déplorant les défis persistant à atteindre ces objectifs, en raison d’un accès inégale aux soins de santé, à l’éducation ou à la participation politique.  Après avoir réaffirmé la volonté du Kenya de lutter contre les violences sexistes et sexuelles notamment concernant les mariages forcés et les mutilations génitales féminines, elle a évoqué la mise en œuvre d’un fond visant à accroitre l’autonomisation des femmes par le bais du renforcement des capacités.  La représentante a également affirmé que le changement de cap politique entrepris au Kenya depuis 2022 a inspiré une nouvelle génération de femmes à prendre part à la vie politique. 

M. CONNOR TIEMAN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que son pays considérait l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes comme des priorités essentielles en matière de droits humains.  Regrettant que ces droits soient de plus en plus remis en cause à travers le monde, il s’est dit « profondément préoccupé » par l’intensification de la répression en matière de santé sexuelle et reproductive, pointant les législations régressives et les restrictions d’accès aux services concernés.  Ce recul, qui s’accompagne d’une augmentation de la violence sexuelle et sexiste, compromet les avancées durement acquises en matière de droits des femmes et menace les normes établies au niveau international, a-t-il alerté.

Le délégué a appelé les États à renforcer la protection des femmes et des filles et de celles et ceux qui les défendent, en particulier dans les situations d’urgence humanitaire, de conflit et de postconflit.  Il les a également appelés à redoubler d’efforts pour fournir des services de santé reproductive et maternelle de qualité, ainsi qu’à reconnaître les effets cumulés des multiples formes de discrimination dans la vie des femmes et des filles, notamment autochtones, appartenant à la communauté LGBTQIA+, souffrant d’un handicap, déplacées, réfugiées, migrantes, ou vivant dans des communautés rurales ou isolées.  Il a aussi plaidé en faveur des droits de la communauté LGBTQIA+, appelant à ne pas la criminaliser et à l’inclure pleinement dans la société. 

Mme ANNETTE LUDWIG (Allemagne) a noté que les crises actuelles ont aggravé la discrimination à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a indiqué que son Gouvernement garantit la prise en compte systématique de la question du genre dans sa législation.  Elle a relevé que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables dans les situations de conflit d’où la nécessité de poursuivre les auteurs des violences en justice.  La déléguée a appuyé plusieurs initiatives visant au soutien à la parité et aux droits des femmes, notamment au Pakistan, en Iraq, et en Éthiopie. Les efforts de l’Allemagne concernent tous les groupes marginalisés et pas uniquement les femmes, a précisé la déléguée, notant que les LGBTQI+ subissent des discriminations pluridimensionnelles.  Elle a également dit accorder beaucoup d’importance à la santé sexuelle et reproductive. 

M. RAWA ZOGHBI (Liban) a constaté que le tableau relatif à la promotion des droits des femmes s’assombrit un peu plus chaque année.  S’appuyant sur le dernier débat annuel de l’Assemblée générale pour illustrer son propos, il a rappelé que seulement 21 femmes s’y sont exprimées, contre 174 hommes.  Il a en outre déploré qu’aucune femme n’ait encore exercé la fonction de Secrétaire général de l’ONU depuis la création de l’Organisation.

À l’échelle de son pays, le représentant a mis en avant le partenariat entre la Commission nationale pour les femmes, ONU-Femmes et les organisations de la société civile en matière de lutte et de prévention contre la violence à l’égard des femmes et des filles.  Il a également signalé la mise en œuvre du premier plan d’action national en la matière, avant de relever la participation croissante, efficace et active des femmes dans les forces armées et de sécurité du Liban.  Enfin, après avoir mentionné les progrès observés au niveau national dans le secteur du sport, il a appelé à faire de la réalisation de l’objectif de développement durable no5 une priorité du prochain Sommet de l’avenir. 

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a salué le récent discours du Président sud-africain à la tribune de l’Assemblée générale en faveur de l’autonomisation et de la participation politique des femmes.  Qualifiant les droits humains des femmes et des filles de « non négociables », le représentant a exhorté les délégations à rejoindre l’appel lancé aux Taliban, au pouvoir en Afghanistan, pour qu’ils mettent fin à leur politique d’exclusion des femmes de la vie publique.  Dans ce contexte marqué par de nombreux reculs, il s’est dit conscient des efforts qu’il reste à accomplir, y compris dans son pays, en vue de promouvoir les droits des femmes.  Enfin, après s’être alarmé de la répression exercée par les régimes autoritaires contre les organisations de défense des droits des femmes, il a indiqué que son pays était fier de figurer parmi les principaux donateurs internationaux qui investissent dans ces structures. 

Mme PAMELA ESCOBAR VARGAS, déléguée de la jeunesse du Mexique, s’est félicitée des avancées en faveur des droits sexuels et reproductifs des femmes dans son pays.  Elle a notamment salué la décision prise en septembre par la Cour suprême du Mexique rendant « inconstitutionnelle » la pénalisation de l’interruption volontaire de grossesse au niveau fédéral.  La jeune déléguée a d’autre part signalé qu’un nouvel engagement en faveur de l’élimination de la violence de genre dans le contexte des nouvelles technologies a été pris dans le cadre du Forum Génération Égalité, présidé par la France et son pays.

Pour la déléguée, ces progrès ne peuvent occulter les vastes défis auxquels toutes les femmes et toutes les filles continuent d’être confrontées, du fait des inégalités historiques et structurelles dont elles souffrent dans des environnements à prédominance patriarcale.  Selon le dernier rapport du forum économique mondial, il est estimé qu’au rythme actuel, l’écart entre les sexes à l’échelle mondiale se résorbera d’ici à 131 ans, soit en 2154, a-t-elle fait remarquer, observant que, dans certains contextes, les violations des droits des femmes et des filles se sont multipliées, notamment par des pratiques cruelles telles que les mutilations génitales féminines.  En conclusion, elle a assuré que le Mexique est déterminé à ne pas reculer sur la question des droits des femmes et des filles, comme en atteste sa politique étrangère féministe. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a fait part de son inquiétude concernant les multiples formes de discrimination que subissent les jeunes femmes, les femmes autochtones, les migrantes, les femmes des zones rurales, les femmes handicapées, les femmes âgées, les femmes d’ascendance africaine et celles vivant avec des maladies rares.  Sur la base des données de l’ONU, elle a estimé qu’il faudra trois siècles pour parvenir à l’égalité des sexes.  À cet égard, la déléguée a indiqué que son pays considère l’égalité femmes-hommes comme un droit fondamental.  Parmi les actions engagées par son pays pour contribuer à l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles dans les sphères publique et privée, elle a cité le plan national de prévention et d’éradication de la violence à l’égard des femmes 2020-2029, conçu à l’issue d’un processus participatif. 

S’agissant de la migration, la représentante a rappelé le lien de corrélation avec le genre.  Les femmes sont plus susceptibles d’être victimes d’atteintes à leurs droits humains et libertés fondamentales, a-t-elle souligné, avant d’appeler à une réponse globale, coordonnée et coresponsable garantissant des flux migratoires sûrs, ordonnés et réguliers, dans le plein respect des droits humains des migrants. 

S’exprimant au nom de l’Association des États d’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VATHAYUDH VICHANKAIYAKIJ (Thaïlande) a affirmé que 28 ans après la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, d’énormes progrès pour l’égalité femmes-hommes avaient été accomplis mais qu’ils restaient insuffisants.  Il a rappelé que le programme Vision 2025 de l’ASEAN intégrait la dimension de genre, qui se déclinait sur tous les fronts, de l’éducation à la justice en passant par l’environnement, la culture et la santé et la paix et la sécurité.  Il a indiqué que l’ASEAN reconnaissait que les catastrophes affectaient plus les femmes que les hommes et que ses politiques en la matière en tenaient compte. Il a mentionné le plan d’action régional de l’ASEAN sur les femmes et la paix et la sécurité, avant de se féliciter de l’organisation, en juillet dernier, de la conférence de l’ASEAN sur l’intégration de la dimension de genre. 

Le délégué a également rappelé la récente déclaration des dirigeants de l’ASEAN sur l’égalité femmes-hommes et le développement familial, qui promeut notamment l’autonomisation économique des femmes, les opportunités éducatives pour les femmes et les filles et l’augmentation des investissements afin de réduire le fardeau, pour les femmes et les filles, des soins non rémunérés au sein de la famille. Il s’est félicité de la collaboration entre l’ASEAN et ONU-Femmes, pour renforcer les capacités de collecte et d’analyse des données sur le genre afin d’éliminer les violences contre les femmes, citant l’exemple de l’« ASEAN Gender Outlook » comme un outil commun de prise de décisions dans la région.  Il a dit attendre avec intérêt la tenue en novembre du septième symposium réunissant l’ASEAN, la Chine et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur les ODD, précisant que celui-ci sera axé sur le rôle des femmes pour favoriser la réalisation des ODD, notamment les objectifs liés à l’environnement et aux changements climatiques. 

Mme CHARIS CHONG (Singapour) a affirmé qu’en tant que petite ville-État dépourvue de ressources naturelles, Singapour mise avant tout sur son peuple, ce qui justifie l’engagement du pays en faveur de l’égalité des droits et des chances pour les femmes.  Détaillant les efforts nationaux en ce sens, elle a relevé, entre autres, que les femmes représentent 41% des professionnels de la technologie, ce qui est bien supérieur à la moyenne mondiale de 28%.  Beaucoup reste néanmoins à faire, a concédé la déléguée qui a reconnu que les femmes continuent à assumer une part disproportionnée des responsabilités de soins au sein de leur famille. 

Dans ce contexte, la représentante s’est enorgueillie d’annoncer que Singapour a adopté en juillet dernier un projet de loi visant à modifier la charte nationale des femmes.  Les amendements apportés visent à mieux protéger les victimes de la violence familiale, a-t-elle précisé.  Par-delà ces efforts, l’évolution des mentalités et des stéréotypes liés au genre est cruciale pour la « prochaine étape de progrès », a conclu la déléguée, pour qui « il ne s’agit pas d’un sprint, mais d’un marathon ». 

M. JONATHAN DAVID PASSMOOR (Afrique du Sud) est revenu sur les engagements sud-africains pris en matière de promotion des femmes, et a partagé ses préoccupations face au retard pris sur l’ODD n 5.  Il a indiqué que la violence sexiste est un des plus gros problèmes de nos sociétés, un fléau que l’Afrique du Sud continue d’affronter.  Il a ensuite relevé que la participation complète et sur un pied d’égalité des femmes dans les efforts de maintien de la paix a démontré son efficacité sur le long terme.  Il s’est déclaré convaincu que de nouvelles normes sociales en faveur des femmes peuvent être établies dans l’intérêt de toute la société. 

M. GILLES BAUWENS (Belgique) a mis en garde contre la violence sexiste en ligne qui réduit systématiquement les femmes au silence, appelant à prendre des mesures audacieuses et efficaces pour mettre fin à cette forme généralisée de misogynie, d’intimidation et de violence.  De même, il a dénoncé l’existence de lois discriminatoires et de normes qui perpétuent les stéréotypes de genre.  Aucune loi, aucune tradition, aucune religion, aucune valeur, aucune coutume ou culture ne peut justifier la discrimination fondée sur le genre, a lancé le représentant.  Il a ensuite mis en évidence l’importance de la santé sexuelle et reproductive, et de l’accès effectif aux informations sur les services de santé sexuelle et reproductive, les méthodes modernes de contraception ainsi que l’accès à l’avortement sans risque.  Il a vanté les mérites de la budgétisation sensible au genre, pour ensuite insister sur la nécessité de mettre en œuvre une vision fondée sur la collecte et l’analyse de données ventilées par sexe et genre, entres autres. 

Mme SHIR AVIEL (Israël) a indiqué que son pays avait créé un Ministère pour la promotion de la condition des femmes l’année dernière, qui avait notamment établi un programme baptisé « follow me » pour appuyer leur participation en politique, notamment lors des prochaines élections municipales.  Elle a également évoqué un programme pour l’autonomisation des victimes de violence domestique.  Indiquant que son pays cherchait aussi à utiliser la technologie et l’esprit d’entreprise pour défendre les droits des femmes, elle a expliqué que chaque année, une ONG, appuyée par le Ministère et le secteur privé, organisait un hackathon pour trouver des solutions technologiques aux féminicides et attirer l’attention sur les signes précurseurs.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a détaillé une série de mesures juridiques et politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le pays, malgré les multiples crises, climatique et financière, que subit le Pakistan.  Il a relevé que dans de nombreux pays, la situation des filles et des femmes, en particulier dans les zones rurales, relève à de nombreux égards de l’exploitation. Il a également regretté l’absence de stratégie claire sur la manière de surmonter les obstacles endémiques à la réalisation du droit au développement des femmes, même si les droits et normes juridiques ont été établis.  Pour lui, un défi majeur est le manque de financement adéquat des pays en développement. Le délégué a appelé à collecter des données sur les obstacles à la réalisation de l’ODD n 17 pour les femmes et les filles, ainsi que sur les défis qu’affrontent les femmes dans la réalisation de leurs « droits au développement ».

M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a insisté sur la politique de son pays en matière de promotion des droits des LGBTQI+.  En cette année marquant le onzième anniversaire de la loi relative à l’identité de genre, qui reconnaît l’identité non binaire et instaure une politique de quota pour les personnes trans et les travestis, il a déploré l’émergence de mouvements anti-genre et anti-trans au sein des Nations Unies.  Condamnant ces « discours de haine », il a affirmé que la rhétorique sur laquelle ils reposent constitue une attaque universelle contre les droits humains.  Le représentant est également revenu sur l’initiative « pas une seule femme en moins » initiée par l’Argentine avant d’être étendue dans toute l’Amérique latine.

Le délégué a par ailleurs estimé que son pays a fait preuve de leadership en partageant son expérience liée à la lutte pour un avortement gratuit, sûr et légal et pour l’inclusion des LGBTQI+ dans le cadre du Forum Génération Égalité. Il a également dit que l’Argentine s’est dotée d’une politique de soins complète pour les femmes enceintes et les enfants en bas âges, et qu’un projet de loi actuellement à l’examen prévoit un système de congé parental égal pour les femmes et les hommes. 

Mme LE SHUANG (Chine) a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Beijing.  Elle a appelé à soutenir l’autonomisation des femmes et des filles par le biais de l’éducation numérique et de leur participation à l’innovation et à l’économe numérique.  La représentante a également appelé les États Membres à lutter avec détermination contre les violences sexuelles et sexistes, les discriminations, la pauvreté et la fracture numérique, notamment grâce aux efforts de l’ONU en ce sens.  Elle a indiqué que la Chine continuera à soutenir les pays en développement dans leur promotion des droits des femmes, avant de dresser une liste des actions menées au niveau national pour faire progresser les droits des femmes et des filles. 

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a décrit la loi « Magna Carta of Women » de son pays comme la traduction nationale de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, à savoir un cadre juridique complet pour la protection et la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Il a ajouté qu’en complément de ce dispositif législatif, le Congrès philippin a adopté en 2021 une loi interdisant la pratique du mariage des enfants et imposant des sanctions en cas de violation.

Après avoir détaillé les efforts déployés au niveau national en faveur des droits des femmes et des filles, le délégué a attiré l’attention de la Troisième Commission sur la création de la région autonome Bangsamoro, dans le sud des Philippines, la décrivant comme le fruit d’un processus de paix mené par les femmes et d’un dialogue inclusif impliquant toutes les parties prenantes. Il a enfin indiqué que son pays est particulièrement engagé dans la lutte contre la traite des êtres humains, la violence et l’exploitation dans les contextes migratoires, avant d’appeler de ses vœux l’adoption par consensus du projet de résolution sur la violence à l’encontre des travailleuses migrantes. 

M. ARAM HAKOBYAN (Arménie) a souligné la nécessité de promouvoir les droits des femmes et des filles pour faire face aux défis planétaires actuels. À cette aune, il a indiqué que les politiques nationales accordent une place particulière à l’égalité femmes-hommes et facilitent la participation des femmes à la vie publique.  Le délégué a ajouté que, pour accélérer l’intégration économique des femmes, l’Arménie soutient des projets d’autonomisation, notamment dans les zones rurales. 

Le représentant a d’autre part insisté sur l’importance que revêt pour l’Arménie la promotion du rôle de la femme dans la prévention des conflits et dans le maintien et la consolidation de la paix.  Revenant à ce propos sur l’agression de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Haut-Karabakh, il a dénoncé une politique de nettoyage ethnique, avant d’indiquer que la crise actuelle a entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes.  Cette crise humanitaire a une grave incidence sur les femmes et les filles, notamment sur leurs moyens de subsistance, a ajouté le délégué, selon lequel son gouvernement a fait de cette question l’une de ses priorités. 

Mme IRINA VELICHK (Bélarus) a estimé que les femmes devraient déterminer elles-mêmes leur degré d’autorité et de charges dans la société, sans se laisser imposer des tendances contraires.  Au Bélarus, s’est-elle enorgueillie, les hommes et les femmes ont les mêmes droits et les mêmes chances.  La déléguée a en outre relevé que le marché du travail bélarussien se caractérise par un niveau d’éducation plus élevé pour les femmes que pour les hommes. 

Dans les pays occidentaux, a-t-elle poursuivi, nous assistons à une érosion complète de l’institution familiale et à une propagande en faveur de l’absence d’enfants.  Qualifiant cette tendance de « dangereuse », elle a indiqué que son pays continuera à tout faire pour que « la mode occidentale du sans enfant » ne s’installe pas dans sa société.  Enfin, après avoir défendu l’institution du mariage, la place centrale de la famille, « fondement de la nation », elle s’est félicitée du fait que les femmes bélarussiennes n’aient pas à choisir entre leur vie professionnelle et familiale. 

M. MUHAMMAD AMMAR RAFFIQ RUSLAN (Malaisie) a indiqué que le pays s’efforce d’améliorer la promotion et le développement des femmes au moyen de politiques et de plans assortis d’objectifs, d’indicateurs et de calendriers clairs.  Le Gouvernement a notamment introduit une politique imposant un quota de 30% de femmes à des postes de direction, a-t-il indiqué, se félicitant des résultats dans le secteur public.  En outre, la commission des valeurs mobilières de Malaisie a rendu obligatoire la nomination d’au moins une femme administratrice dans les sociétés cotées en bourse.  Le Gouvernement poursuit par ailleurs la révision et la promulgation de lois visant à renforcer la sûreté et la sécurité des femmes et des filles, et a officiellement lancé, le 29 mai 2023, les lignes directrices de mise en œuvre de la loi contre le harcèlement sexuel.  Le pays vise aussi à créer un environnement de travail sûr pour les femmes sur le marché du travail, sans discrimination ni violence, a expliqué le représentant.  Enfin, évoquant les 44 points focaux pour l’égalité des sexes, nommés par le Gouvernement, le représentant a indiqué qu’ils dirigeront des équipes chargées d’intégrer la dimension de genre dans leurs agences et ministères respectifs à travers le renforcement des capacités institutionnelles et l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. 

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a appelé à s’opposer aux reculs des droits des femmes, faisant savoir que son pays s’est fixé comme priorité d’intégrer la dimension de genre dans toutes ses politiques et actions afin de créer un cadre politique et économique qui ne laisse personne de côté.  Une nouvelle stratégie sur l’égalité des sexes pour la période 2024-2026 est en cours de préparation et des points focaux ont été nommés dans tous les ministères et autorités concernés, a précisé le représentant, avant de mentionner le rôle de premier plan joué par la société civile dans ce contexte. 

Condamnant fermement la violence sexuelle et sexiste sous toutes ses formes, il a salué l’adoption par le Parlement de la première loi en Europe reconnaissant la spécificité du féminicide et lui conférant une circonstance aggravante.  Il a encouragé tous les États Membres à reconnaître l’existence du féminicide et à définir les meurtres liés au genre dans leurs cadres juridiques nationaux. 

Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a indiqué que son pays élabore sa première politique étrangère féministe en y incluant notamment les inégalités structurelles dont souffrent les personnes LGBTIQ+.  La Colombie prépare en outre son premier plan d’action national sur la promotion des droits des femmes, après avoir entendu 1 500 femmes de toutes origines ethniques, sociales et culturelles, a expliqué la déléguée.  Elle a d’autre part estimé que limiter le programme pour les femmes et la paix et la sécurité aux seuls contextes de guerre et de violence armée exclut de nombreuses formes de leadership des femmes face à des menaces plus larges pour la sécurité, notamment les inégalités, la détérioration de la démocratie, les changements climatiques et la violence basée sur le genre. 

La représentante a par ailleurs jugé que, dans la quête d’égalité des sexes et de paix totale, les organisations et les mouvements de femmes et de féministes sont des protagonistes essentiels.  Mais les États doivent être les leaders de cette transition, a-t-elle fait valoir, assurant en conclusion que la Colombie entend montrer la voie vers un avenir où l’égalité serait un principe fondamental. 

Mme MERETE FJELD BRATTESTED (Norvège) a signalé qu’au rythme actuel, il faudra 300 ans pour mettre fin au mariage des enfants, 286 ans pour combler les lacunes en matière de protection juridique et supprimer les lois discriminatoires, et 47 ans pour parvenir à une représentation égale entre femmes et hommes dans les parlements nationaux.  Pourtant, il est essentiel de ne pas considérer les femmes et les filles uniquement comme des victimes des défis de notre époque, car elles sont actrices, a estimé la déléguée qui a exhorté à mieux utiliser le potentiel de la moitié de la population. 

Tout en se félicitant des efforts de la Norvège en faveur de l’égalité des sexes, la déléguée s’est inquiétée du recul démocratique à l’échelle mondiale, recul concrétisé notamment par la discrimination et la violence fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.  Elle a ensuite fait savoir que cet automne, la Norvège lancera un nouveau plan d’action sur les droits des femmes et l’égalité des sexes dans la politique étrangère et de développement. 

Mme FATEMEH ARAB BAFRANI (République islamique d’Iran) a rappelé les progrès des droits économiques, sociaux, politiques et culturels des femmes en Iran depuis plus de 40 ans, qui selon elle classent le pays parmi les plus avancés en matière de promotion du droit à l’éducation.  Elle a également rappelé que le taux d’alphabétisation des femmes est passé de 35% avant la révolution islamique de 1979 à 95% aujourd’hui, que l’accès des femmes à l’enseignement supérieur a été multiplié par 20, atteignant 41,2%, et que les femmes représentent un tiers des professeurs. 

La déléguée a ensuite indiqué que le Bureau de la Vice-Présidente iranienne pour les femmes et les affaires familiales a lancé une campagne intitulée « Les femmes de la génération des sanctions », permettant à 500 entrepreneuses affectées par les mesures coercitives unilatérales de présenter leurs produits à un vaste public.  Elle a ajouté qu’un plan global d’autonomisation des femmes cheffes de famille est en cours d’élaboration.  Selon elle, ces réalisations positives prouvent la détermination du pays à promouvoir les droits humains en général et ceux des femmes en particulier, conformément à la Constitution, aux valeurs religieuses et aux caractéristiques culturelles du pays.  Ces progrès sont toutefois menacés par les mesures illégales imposées par les États-Unis, a-t-elle conclu, appelant la communauté internationale à agir pour y mettre fin. 

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a réaffirmé la détermination de son pays à parvenir à une véritable égalité des sexes et à améliorer la condition des femmes.  Il a souligné l’importance et l’actualité de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, avant de regretter la persistance de stéréotypes de genre et de violence sexiste.  Sur le plan institutionnel, le représentant a insisté sur le rôle de la Commission de la condition de la femme, qui constitue à ses yeux un forum unique pour un dialogue égalitaire entre les États sur les questions d’égalité des sexes et de promotion de la femme.  Il a cependant invité cet organe à respecter strictement les pouvoirs qui lui sont conférés, ces derniers consistant à soutenir les décisions des organes intergouvernementaux du système des Nations Unies sur les questions de genre.  Il a ajouté que toute action de cet organe devait être réalisée à la demande et avec le consentement des États concernés.

Le délégué a ensuite indiqué que son pays a adopté sa stratégie nationale d’action en faveur des femmes 2023-2030, qui poursuivra celle mis en œuvre depuis 2017. Il a également rappelé que la Fédération de Russie s’emploie à faire en sorte que les femmes puissent concilier de manière optimale vie familiale et vie professionnelle. 

Mme NATASHA LEPAGE (Luxembourg) a fait observer que son pays est le seul État Membre de l’Union européenne à avoir atteint l’égalité salariale.  Elle a ajouté que dans son pays le niveau d’éducation des femmes est supérieur à celui des hommes, mais que les femmes restent sous-représentées aux postes de direction, ce qui constitue un défi persistant. La déléguée a aussi souhaité mettre en avant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, indiquant qu’au Luxembourg, les deux parents bénéficient d’un congé parental à égalité. 

Mme MARWA JABOU BESSADOK (Tunisie) a indiqué que son gouvernement avait récemment adopté une série de mesures, à travers la Constitution de 2022 qui réaffirme l’égalité femmes-hommes, la levée de toutes les réserves à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle a également cité l’adoption à l’unanimité de la loi sur la violence contre les femmes qui traite pour la première fois des violences psychologiques, économiques et sexuelles.  Elle a indiqué que la Tunisie promeut un programme nommé « pionnières » qui favorise la création d’entreprises et l’inclusion économique.  Ajoutant qu’un observatoire national de lutte contre la violence faite aux femmes avait été créé en novembre 2022, ainsi qu’une unité de police spécialisée sur les violences sexistes, la déléguée a mis en avant la collaboration des autorités avec la société civile pour l’aide aux survivantes de ces violences. 

Mme WAFIQAH KHALED NAJEEB A. ALMULLA (Koweït) a indiqué que dans son pays, la protection des femmes est garantie par la Constitution et la législation, notant que l’égalité des salaires est garantie par la loi, et que les femmes ont droit à des congés maternité.  Elle a indiqué que dans son pays, les femmes représentent 80% des étudiants dans les universités, et occupent des postes supérieurs au même titre que les hommes, y compris dans le milieu diplomatique.  Les femmes ont également occupé des postes ministériels, et dans la justice, a‑t‑elle ajouté, avant d’exhorter les États Membres à travailler ensemble à des résultats tangibles. 

Mme THOA THI MINH LE (Viet Nam) a rappelé que son pays est membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025. À ce titre, elle a appelé à une meilleure coopération internationale pour appuyer la promotion des droits des femmes, l’inclusion de ces dernières dans les prises de décisions et l’amélioration de leurs compétences numériques. Elle a indiqué que son pays a inscrit la question de l’égalité femmes-hommes dans ses stratégies de développement et fait partie des pays ayant fait les progrès les plus rapides en Asie de l’Est dans ce domaine. La déléguée a encore précisé qu’un tiers des députés et la moitié des employés au Viet Nam sont désormais des femmes. 

En conclusion, elle a fait remarquer que le Viet Nam se classe désormais soixante-douzième sur 146 pays étudiés par le rapport économique mondial 2023 sur le fossé entre les genres, soit une progression de 11 places par rapport à 2022. De plus, le Fonds des Nations Unis pour l’enfance (UNICEF) le positionne au quatrième rang parmi 54 pays étudiés sur le rythme de réduction des inégalités femmes-hommes.  

Mme SULAFA HAMID I. MOUSA (Arabie saoudite) a indiqué que son pays renforce l’autonomisation politique, sociale et économique des femmes dans de nombreux domaines contribuant au développement.  Elle s’est notamment félicitée de la mise en œuvre de réformes adoptées sur la base d’une politique de discrimination positive pour promouvoir les droits des femmes et l’autonomisation de ces dernières.  Elle a également souligné l’importance de cadres juridiques amendés qui visent à assurer l’égalité entre les sexes en matière de documents de voyages ou d’assurances sociales. 

Évoquant le rapport du Secrétaire général sur la situation des femmes et des filles en milieu rural, la déléguée a insisté sur les efforts nationaux destinés à renforcer la participation des femmes dans le secteur agroalimentaire.  Rappelant par ailleurs que la première astronaute arabe et musulmane est une Saoudienne, elle a souhaité que les filles de la région s’inspirent de cet exemple.  Enfin, elle a tenu à préciser que les engagements de l’Arabie saoudite s’inscrivent dans le cadre d’un islam modéré et des normes internationales. 

Mme NELLY BANAKEN (Cameroun) a jugé qu’il est impossible de changer de sexe comme il est impossible de changer de race, ajoutant que, de la même manière que le sentiment d’appartenance à une race ne peut valoir reconnaissance sociale ou juridique associée à cette race, il en va de même avec le sexe.  Elle a d’autre part fait valoir qu’on nait femme et que tout autre acception est erronée, voire dangereuse, pour la société et pour les droits des femmes. 

La déléguée a ensuite rappelé qu’au rythme actuel, il faudra entre 132 et 300 ans pour atteindre l’égalité femmes-hommes.  Relevant à cet égard que, depuis 2011, un quota de 30% de femmes sur les listes électorales est appliqué par certains partis politiques de son pays, elle a ajouté que le budget du Ministère de la promotion de la femme et de la famille est en constante augmentation.  Avant de conclure, la représentante a estimé que les femmes ne devraient pas avoir à subir, en matière de quota et de ressources, « une concurrence déloyale due à l’effritement de la frontière entre les sexes ». 

Mme ALMAHA MUBARAK F. J. AL-THANI (Qatar) a affirmé que la promotion des droits des femmes est une priorité de son gouvernement, conformément à la vision nationale pour 2030. Elle a ainsi fait état de politiques ayant permis d’assurer l’égalité de genre et de salaires au plan national. La déléguée a d’autre part estimé que les mesures visant à établir un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale ont contribué à renforcer la participation des femmes dans les secteurs privé et public. Elle s’est aussi réjouie du nombre croissant de femmes occupant des postes à responsabilité dans des domaines tels que la médecine, l’ingénierie ou encore les relations internationales, rappelant que le Qatar a été le premier pays du Conseil de coopération du Golfe à permettre aux femmes de devenir juges. Aujourd’hui, elles sont représentées à hauteur de 48% dans le domaine de la magistrature, s’est-elle félicitée. 

Par ailleurs, réaffirmant la volonté du Qatar de participer activement à la médiation et au règlement des conflits, la représentante a insisté sur le rôle joué par les femmes dans les processus de paix. Elle s’est enfin enorgueillie de l’accueil par son pays de la conférence mondiale sur les processus de paix inclusifs pour les jeunes, indiquant que les débats ont été l’occasion de réaffirmer la nécessité de mettre en œuvre le programme pour les femmes, la paix et la sécurité. 

M. CLAUDIO ERNESTO GARRIDO MELO (Chili) a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles avant de s’enorgueillir de la mise en place d’une politique étrangère féministe qui se répercute dans tous les aspects de la diplomatie.  Le représentant a également évoqué la mise en place au Chili d’un système de soins reconnaissant les tâches domestiques qui échoient aux femmes de manière disproportionnée.  Cette charge supplémentaire accroît les inégalités de genre et limite la capacité des femmes à décider librement de leurs activités et à participer à la vie publique, a-t-il justifié.  Le représentant a insisté sur la nécessité de promouvoir cette question au sein de la Troisième Commission pour contribuer de manière constructive au débat. 

Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a rappelé que son pays a été parmi les premiers à adopter la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle a ajouté que son gouvernement redouble d’efforts, aux côtés des ONG et du secteur privé, pour permettre aux femmes yéménites de se remettre des séquelles de la guerre.  À cet égard, la représentante a souligné l’importance de la mise en place d’une justice transitionnelle afin de créer un « nouveau Yémen », voyant un signe d’espoir dans la récente nomination d’une femme juge à la Cour suprême du pays.  Elle a conclu son propos en dénonçant les actes de violence contre les femmes perpétrées par les « milices terroristes », qui les privent du droit de se déplacer sans parent masculin et du droit à l’éducation. 

Mme VALÉRIE CHIARA WAGNER (Suisse) s’est inquiétée des remises en cause croissantes des droits et des libertés fondamentales des femmes et des filles dans le monde.  Face à cette situation alarmante, elle a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre un cadre international solide dans le domaine des droits des femmes et à protéger les défenseuses des droits humains. 

Rappelant que son pays s’engageait depuis des années afin d’accroître la visibilité et l’impact de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, elle a rappelé qu’il présentait la candidate Erika Schläppi lors des prochaines élections au Comité éponyme en juin 2024. Elle a également rappelé qu’en juin dernier, la Suisse avait présenté, avec un groupe d’États transrégional, une résolution contre le fléau des mariages forcés au Conseil des droits de l’homme.  La déléguée a aussi expliqué que son pays soutenait le Cornell Center on the Death Penalty Worldwide dans un projet visant à mettre en lumière la discrimination et la violence sexiste dont font l’objet les femmes condamnées à la peine capitale. Elle a fait savoir que le Parlement suisse avait adopté cette année une réforme fondamentale du droit pénal en matière sexuelle qui étend la définition du viol, se basant sur le refus, et non l’existence d’un moyen de contrainte, et prenant explicitement en compte l’état de sidération de la victime. 

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