En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
22e & 23& séances plénières - matin& après-midi
AG/DSI/3726

Première Commission: les délégations cherchent une solution à 20 ans d’impasse à la Conférence du désarmement

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) s’est penchée aujourd’hui sur le mécanisme du désarmement, dont la paralysie, notamment celle de la Conférence du désarmement, a été déplorée par nombre de délégations.  Si certains l’ont imputée à des méthodes de fonctionnement dépassées ou dévoyées, d’autres ont surtout mis l’accent sur un manque de volonté politique, ou encore à la vision que certains États ont de leur sécurité et des moyens de l’assurer. 

Au sens strict, le mécanisme de désarmement des Nations comprend trois principaux organes: la Conférence du désarmement, la Commission du désarmement et la Première Commission de l’Assemblée générale.  Mais il est parfois aussi entendu comme comprenant le Bureau des affaires de désarmement, l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), de même que les trois Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement.  Les activités de ces cinq derniers organismes ont d’ailleurs été largement saluées par les délégations, certaines regrettant toutefois la faiblesse de leurs ressources. 

Il n’en a pas été de même pour les trois organes centraux, et en particulier pour la Conférence du désarmement.  Plusieurs États Membres ont rappelé les importants résultats obtenus dans ce cadre, parmi lesquels figurent le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et les Conventions sur l’interdiction des armes chimiques et biologiques. 

Mais, comme l’ont déploré notamment Singapour, le Mexique ou la République de Corée, la Conférence n’a rien produit depuis plus de deux décennies, étant même incapable la plupart du temps, comme l’a rappelé l’Union européenne, d’adopter un programme de travail ou de déterminer son mandat de négociation. Un constat que certains pays ont souhaité nuancer, comme les États-Unis et plus encore la France, qui a estimé que, malgré les blocages, la Conférence du désarmement continue d’héberger des débats essentiels à une compréhension commune des enjeux de désarmement, sans oublier qu’elle reste « la seule instance multilatérale de la communauté internationale pour les négociations dans le domaine du désarmement ». 

À qui la faute?  Pour l’Union européenne et plusieurs délégations occidentales, une partie de ces blocages est imputable à une stratégie d’entrave de la Russie.  La France a rappelé que celle-ci avait empêché la validation de la participation des États observateurs lors de la session de 2023 et a, comme plusieurs autres, dénoncé le dévoiement de la règle du consensus, transformé en veto procédural.  La Russie a rejeté ces critiques, estimant que la situation trouve son origine dans la réticence des pays occidentaux à s’engager en faveur de la mise en œuvre des tâches assignées à la Conférence lors de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement. Pour la Russie, le blocage de la Conférence illustre clairement la politique de sape des forums multilatéraux de ces pays et leur tentative d’utiliser les Nations Unies pour servir leurs propres ambitions. 

À l’instar du Mouvement des pays non alignés ou encore de la Chine, c’est surtout un manque de volonté politique que plusieurs délégations ont dénoncé.  Pour le Pakistan, le manque de confiance entre États est encore pire actuellement que pendant la guerre froide.  Il n’est donc pas étonnant que les États ne veuillent pas négocier des règles de désarmement perçues comme portant atteinte à leur sécurité et cherchent à maintenir leurs avantages, y compris grâce aux armes nucléaires.  Pour ce pays, ce n’est pas en changeant les méthodes de travail qu’on modifiera la vision qu’ont les États de leur sécurité.  Ce qui est essentiel, c’est de reconnaître le principe de sécurité non diminuée et égale pour tous les États. 

Certaines délégations ont présenté des propositions pour revitaliser la Conférence.  Singapour a appelé à intensifier les consultations; l’Iran a proposé que démarrent des négociations sur une convention globale interdisant les armes nucléaires.  D’autres privilégient les mesures concrètes prises pas à pas, comme le Canada, ou la France qui a suggéré de lancer des négociations sur les sujets les plus mûrs, comme le projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, ou encore de discuter les questions de transparence des doctrines et arsenaux nucléaires. 

Mais, de manière plus générale, les délégations ont partagé une vision inquiète du mécanisme mondial de désarmement, marqué par les blocages. Largement évoqué lors de précédentes séances, l’échec des deux dernières Conférences d’examen du TNP a de nouveau été mentionné, avec les risques de perte de crédibilité du Traité.  Le Mouvement des pays non alignés et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est ont appelé à préserver celle-ci et exhorté à assurer le succès des prochaines sessions du Comité préparatoire à la onzième Conférence d’examen du TNP. 

La rapidité des évolutions technologiques et scientifiques a également été évoquée par plusieurs délégations qui ont insisté sur la nécessité pour le mécanisme de désarmement de l’ONU de suivre le rythme du progrès, plus particulièrement dans le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique, et aussi –l’Autrice a insisté sur ce point- pour tenir compte de nouveaux acteurs.  Certains pays ont toutefois trouvé matière à satisfaction avec les succès de la Commission du désarmement, qui a récemment adopté des recommandations sur la transparence et les mesures de confiance dans l’espace extra-atmosphérique.  Le rôle de réflexion de l’UNIDIR sur les questions émergentes comme l’espace et la cybersécurité a lui aussi été salué. 

En début de session matinale, la Première Commission avait achevé son débat sur le thème « désarmement et sécurité sur le plan régional ». Plusieurs délégations ont souligné la complémentarité des approches régionale et internationale en vue de promouvoir le désarmement et la non-prolifération, dont le Mexique et l’Union européenne.  Le Brésil a insisté sur l’importance de promouvoir la confiance entre pays voisins, mentionnant un accord de surveillance mutuelle qui lie son pays à l’Argentine dans ce but. 

La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 26 octobre, à 15 heures.  Elle devrait achever son débat thématique.

  
DÉBAT THÉMATIQUE SUR DES QUESTIONS PRÉCISES ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Désarmement et sécurité sur le plan régional

Déclaration

Mme IZZAT HAYATI ZAKARIA (BRUNÉI DARUSSALAM), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est dite préoccupée par le déclin des mécanismes mondiaux de désarmement, de non-prolifération et de contrôle des armements, et a appelé les pays, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à mettre en œuvre leurs obligations dans le cadre de ces mécanismes, y compris le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Le renforcement de l’unité de l’ASEAN par le biais de mécanismes tels que le Sommet de l’Asie orientale, le Forum régional de l’ASEAN et la Réunion des ministres de la défense de l’ASEAN Plus, reste une priorité pour la région, a‑t‑elle déclaré. 

La représentante a réaffirmé que la préservation de la zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) du Sud-Est créée par le Traité de Bangkok, renforce la paix et la sécurité mondiales et régionales, favorise la réalisation de l’objectif d’un monde sans armes nucléaires et contribuent aux objectifs du TNP.  La représentante a ajouté que la Commission du Traité de Bangkok étudie la possibilité d’autoriser les États dotés d’armes nucléaires qui sont disposés à signer et à ratifier le Protocole au Traité de Bangkok sans réserve et à fournir au préalable une assurance formelle de cet engagement à procéder à la signature.  En outre, l’ASEAN continue de soutenir les efforts en cours pour la création de telles zones ailleurs dans le monde, en particulier au Moyen-Orient. Par ailleurs, le Forum régional de l’ASEAN et ses 27 membres ont poursuivi le dialogue sur les questions de non-prolifération et de désarmement. 

Enfin, la représentante a souligné que l’Indonésie, au nom de l’ASEAN, avait présenté la résolution actualisée de l’ASEAN intitulée « Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l'Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok) » au titre du point de l’ordre du jour relatif au désarmement général et complet. 

M. MATTIAS VAREM (Estonie) a estimé que la plus grande guerre depuis la Seconde Guerre mondiale se déroule en ce moment: celle de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Le recours à la coercition n’a pas sa place en ce XXIe siècle, a ajouté le représentant, qui a condamné la campagne d’attaques de drones russes contre les installations de l’Ukraine qui contraint des milliers de civils à se battre pour survivre.  Ce comportement est contraire au droit international, tout comme celui de la République islamique d’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a poursuivi le représentant, qui a ensuite a appelé l’Iran à cesser d’approvisionner la Russie en armes. 

Le représentant a demandé à la Russie d’être transparente en termes de contrôle des armes.  Soulignant que la Russie s’était retirée du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FACE) et du Traité New START, avait annoncé le déploiement d’armes nucléaires au Bélarus ainsi que le retrait de sa signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il l’a accusée de perturber l’architecture internationale de désarmement et de saper les règles internationales. 

M. BRUCE TURNER (États-Unis) a déploré la multiplication des menaces à la coopération régionale en matière de sécurité, le conflit de Gaza venant notamment rappeler le rôle déstabilisateur de l’Iran au Moyen-Orient. Le représentant a appelé ce pays à coopérer en toute transparence avec l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour qu’il puisse être attesté que son programme nucléaire est de nature pacifique.  Il a également exprimé la préoccupation de son pays face aux accords militaires passés entre la Russie et l’Iran et la RPDC dans le cadre de son agression brutale et illégale contre l’Ukraine.  Ces pratiques sapent le régime de prolifération et constituent des violations d’accords multilatéraux de contrôle des armes classiques, a‑t‑il averti, jugeant également essentiel d’assurer la paix et la sécurité de Taiwan.  Enfin, le représentant a appelé à la conclusion de traités supplémentaires portant création de ZEAN, qui soient agréés par toutes les parties. 

M. SHIVANAND SIVAMOHAN (Malaisie) a défendu les mérites des ZEAN pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires.  Les traités sur lesquels elles reposent permettent également aux États dotés d’armes nucléaires de fournir des garanties négatives de sécurité par le biais de protocoles juridiquement contraignants, a rappelé le représentant.  Ces garanties sont vitales, en particulier dans un contexte de tensions croissantes dans l’environnement de sécurité international, a poursuivi le représentant, qui a reconnu que, malgré leurs contributions, les ZEAN ne remplacent pas les obligations juridiques et les engagements sans équivoque des États dotés d’armes nucléaires en vue de l’élimination totale des armes nucléaires. 

Dans sa région, la Malaisie reste déterminée à intensifier les efforts de toutes les parties pour résoudre toutes les questions en suspens conformément aux objectifs et aux principes du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est, a assuré le représentant.  Pour lui, la réalisation de toutes les promesses du Traité passe par la signature et la ratification du Protocole au Traité par les États dotés d’armes nucléaires. Avant de conclure il s’est dit favorable à la création d’une ZEAN au Moyen-Orient. 

M. FLORES TROCHE (Mexique) a estimé que les efforts régionaux de désarmement et de non-prolifération sont complémentaires des efforts mondiaux et, à ce titre, représentent une contribution importante à la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a rappelé que dès 1967, l’Amérique latine et les Caraïbes avaient éradiqué les armes nucléaires de leur région avec le Traité de Tlatelolco, se réjouissant que cet exemple ait donné lieu à la création de quatre autres ZEAN dans le monde.  De même, il a rappelé que 116 pays, soit les deux tiers des États Membres, ont décidé d’interdire les armes nucléaires sur le plan régional.  Il a appelé les États dotés à retirer leurs réserves ou déclarations interprétatives formulées sur les ZEAN, ce qui, a‑t‑il estimé, permettrait à ces zones d’être entièrement protégées contre l’utilisation de ces armes.  Il a également réitéré le soutien de son pays à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. 

Le représentant a salué le travail des centres régionaux des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement, estimant qu’ils soutiennent efficacement la mise en œuvre régionale et nationale d’initiatives visant à renforcer la paix et le désarmement.  Du même coup, ces centres concourent au développement économique et social et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a‑t‑il estimé.  Il a tout particulièrement insisté sur l’importance de l’assistance technique apportée par le Centre régional pour l’Amérique latine dans le développement des capacités nationales ainsi que pour le respect des obligations en matière de désarmement, de non-prolifération et de contrôle des armements. 

M. SARMAD MUWAFAQ MOHAMMED AL-TAIE (Iraq) a jugé qu’il existe un lien intrinsèque entre désarmement régional et mondial.  Aussi a‑t‑il souligné combien les événements tragiques de Gaza devraient inciter tous les acteurs de la région à œuvrer sans tarder à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Ce processus ne pourra réussir qu’au prix d’une dénucléarisation préalable de l’entité israélienne, a‑t‑il soutenu. 

M. JAN MICHAEL GOMEZ (Philippines) a souligné l’utilité des activités de sensibilisation et de formation aux enjeux du désarmement et de la non-prolifération entreprises dans le cadre du Traité de Bangkok ayant porté création d’une ZEAN en Asie du Sud-Est.  Le représentant a ajouté que son pays, aux côtés d’autres membres de l’ASEAN, est pleinement impliqué dans les discussions en cours sur de possibles accords de garanties négatives de sécurité, renouvelant à cet égard l’invitation de son pays aux États dotés d’armes nucléaires d’y participer. 

Mme CAMILLE PETIT (France) a rappelé que la France a été profondément heurtée par l’ampleur des crimes commis par le Hamas contre Israël et a condamné ces attaques terroristes qui ont frappé majoritairement des civils, dont de nombreuses victimes sont aussi françaises.  La France soutient une réponse légitime, dans le plein respect du droit international, en particulier du droit international humanitaire, a‑t‑elle déclaré.  La France est mobilisée pour venir en aide aux populations de Gaza et a demandé un accès sûr, immédiat et durable de l’aide humanitaire à Gaza. 

Par ailleurs, l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine demeure un acte illicite, contraire aux principes de la Charte des Nations Unies, qui fait peser un danger majeur sur la stabilité de la région, a affirmé la représentante.  Elle a condamné cette agression et a appelé la Russie à agir de manière conforme aux responsabilités internationales qu’elle prétend exercer.  Pour la représentante, le conflit armé en Ukraine fragilise trois grands piliers du processus de maîtrise des armements conventionnels applicables dans cette région, à savoir le Traité FACE, le Document de Vienne et le Traité « Ciel ouvert » dont l’objet vise à renforcer la confiance et la transparence afin de prévenir les risques d’escalade. Elle a notamment déploré la décision de la Russie de se retirer du FACE, estimant que ce pays faisait une nouvelle fois le choix du désengagement des cadres existants de la maîtrise des armements conventionnels et de la remise en cause de l’architecture de sécurité en Europe. 

La lutte contre les trafics illicites et le détournement des armes classiques, dont les armes légères et de petit calibre (ALPC) et leurs munitions, ainsi que la lutte contre les engins explosifs improvisés méritent une attention renouvelée, a par ailleurs souligné la représentante, pour qui le renforcement de l’assistance sur les plans régional et sous-régional est également essentiel.  La France est, avec l’Allemagne, à l’origine d’une initiative soutenue par l’Union européenne visant à réduire les trafics d’armes à feu dans les Balkans occidentaux à l’horizon 2024, a‑t‑elle rappelé.  L’initiative est déjà un succès, a‑t‑elle estimé, avant de présenter la méthode utilisée comme un modèle intéressant pour d’autres régions. 

M. MICHAL KARCZMARZ, de l’Union européenne (UE), a préconisé un travail complémentaire entre l’ONU et les organisations régionales, ainsi que des mesures de renforcement de la confiance à l’échelle régionale.  L’architecture européenne de sécurité repose sur les principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, a‑t‑il rappelé, relevant que ces principes sont ceux de la Charte des Nations Unies.  À ce titre, le représentant a condamné la guerre de la Russie en Ukraine, affirmant que l’UE continuerait de soutenir l’Ukraine de manière financière, diplomatique et militaire aussi longtemps que nécessaire.  De même, il a assuré que l’UE ne reconnaîtra pas la tentative russe de légitimiser son contrôle de certaines parties du territoire ukrainien par le biais de « prétendues élections ».  Il a lancé un appel au Bélarus pour qu’il ne laisse pas la Russie employer son territoire en vue de lancer des opérations d’agression, et à l’Iran pour qu’il cesse de fournir des drones à la Russie. 

Condamnant l’attaque du Hamas contre Israël et déplorant toutes les vies emportées, le représentant a demandé que soit facilité le travail de l’ONU et des organisations humanitaires.  Il a évoqué le droit d’Israël à la légitime défense dans le cadre du droit international humanitaire, et appelé à fournir une aide et à protéger les infrastructures civiles –hôpitaux, écoles et bâtiments de l’ONU.  Il a réaffirmé son attachement à une paix pérenne à partir d’une solution à deux États. 

Mentionnant la situation au Sahel, le représentant a estimé que la région est confrontée à des crises sécuritaires et humanitaires graves, notamment en raison des interactions entre groupes armés et groupes terroristes.  Enfin, il a préconisé le renforcement de la coopération régionale pour contrôler le trafic des ALPC, évoquant dans ce cadre les collaborations de l’Union européenne, de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). 

M. ADIB AL ASHKAR (République arabe syrienne) a jugé inacceptables les larmes de crocodiles qui ont été versées vis-à-vis de la souffrance des victimes en Palestine, tout comme la mise sur le même pied d’égalité de l’agresseur et de l’agressé.  Le représentant a ensuite rappelé que son pays a accepté la prorogation du TNP dans le cadre d’un accord prévoyant l’adoption de la résolution établissant une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a souligné que la Syrie avait adhéré à la Convention sur les armes chimiques en 2014 et signé en 1972 la Convention sur les armes biologiques, il a regretté que cette zone n’ait toujours pas été établie en raison du refus d’Israël d’abandonner son arsenal d’armes de destruction massive et de son refus d’adhérer aux instruments internationaux pertinents.  Considérant la résolution sur le Moyen-Orient de 1995 comme un pilier fondamental du régime de non-prolifération sur le plan régional, le représentant a regretté que les États-Unis aient fait obstacle à toute mesure pour la mettre en œuvre afin d’assurer la supériorité militaire d’Israël dans la région. 

Il est temps que la communauté internationale prenne des mesures sérieuses pour obliger Israël à adhérer au TNP et à soumettre toutes ses installations et activités nucléaires aux garanties de l’AIEA, a déclaré le représentant, qui a demandé la convocation d’une conférence internationale en sens. 

M. KONSTANTINOS CHRISTOGLOU (Grèce) a réitéré le soutien de son pays pour la coopération régionale dans le domaine du désarmement et de la sécurité, estimant que ces mesures favorisent le désarmement à l’échelle mondiale.  À cette fin, le représentant a encouragé la création de partenariats pour la non-prolifération et le désarmement, ainsi que de mesures de confiance sur les plans régional et sous-régional.  Il a considéré que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général de l’ONU contient quelques notions à même de guider cet effort, notamment ses recommandations concernant la mise en œuvre d’instruments régionaux et la diplomatie préventive.  Relevant par ailleurs le lien établi entre climat, paix et sécurité, il a estimé que les organisations et cadres régionaux pouvaient jouer un rôle important à cet égard. 

Le représentant s’est dit profondément préoccupé par le détournement, le commerce illicite et l’utilisation non autorisée d’armes classiques.  À ce titre, il a souligné l’importance des initiatives régionales, citant comme exemple la stratégie de l’UE contre les armes à feu, le trafic illicite des ALPC et de leurs munitions, ainsi que le Centre d’échange pour le contrôle des armes légères en Europe du Sud-Est et de l’Est.  Il a réitéré le soutien de son pays à la feuille de route pour une solution durable au contrôle des armements dans les Balkans occidentaux d’ici à 2024. 

Le représentant a appelé au développement d’un cadre de sécurité régional au Moyen-Orient, mentionnant la contribution de son pays au rapport du Secrétaire général de cette année sur le « renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée ».  La Grèce soutient le projet de résolution L.16 sur le même sujet.  Estimant que son pays joue le rôle d’un pilier de la stabilité dans la région, il a rappelé sa politique visant à établir des mécanismes de coopération trilatéraux et multilatéraux avec ses voisins de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient. 

M. AKAKI DVALI (Géorgie) a axé son intervention sur la situation dans la région de la mer Noire qui, depuis de nombreuses années, est particulièrement exposée à une militarisation en violation flagrante de toutes les règles et normes internationales.  La guerre menée par la Russie en Ukraine a anéanti tous les efforts régionaux et internationaux, considérables, déployés ces dernières années pour renforcer la sécurité dans cette région et l’a exposée à des risques sans précédent, mettant en péril la sécurité européenne et mondiale et la sécurité alimentaire dans le monde, a affirmé le représentant. 

Face aux nouvelles réalités régionales, le représentant a attiré l’attention sur la poursuite des actions illégales de la Russie à l’égard de la Géorgie, expliquant qu’à ce jour, la Russie continue d’exercer un contrôle effectif sur 20% du territoire géorgien par le biais de sa présence militaire illégale dans les régions occupées du pays.  En outre, les récentes déclarations concernant le déploiement d’une base navale militaire russe dans la région occupée d’Abkhazie et l’inclusion des deux régions indivisibles de la Géorgie dans les processus d’intégration de la Russie représentent clairement une nouvelle tentative de provocation visant à remettre en cause la sécurité dans la région de la mer Noire et à déstabiliser la sécurité, les droits de l’homme et la situation humanitaire déjà désastreuse dans les régions occupées, a‑t‑il affirmé. 

Invoquant les jugements de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour pénale internationale qui établissent clairement la responsabilité juridique de la Russie dans cette occupation illégale, le représentant a mis en garde contre les implications plus larges de cette situation sur la sécurité mondiale et a exigé un engagement international renforcé. 

M. ANDREY BELOUSOV (Fédération de Russie) a déploré que le principe de sécurité indivisible soit sans cesse violé, aboutissant à une dégradation de la portée des buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Ce qu’il faut, selon le représentant, ce sont des traités de renoncement à l’utilisation de certaines armes.  Or l’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) suit le chemin inverse, en continuant de baser la sécurité européenne sur l’augmentation de ses capacités opérationnelles et en déployant toujours plus de forces sur le flanc Est de l’Europe, a‑t‑il affirmé. 

Le représentant a expliqué que les activités militaires intenses de l’OTAN le long de la frontière de contact avec son pays, ainsi que le soutien des Occidentaux au régime néonazi de Kiev, avaient contraint la Russie à intervenir. Tout avait été fait par les Occidentaux pour que la Russie intervienne, et tout est fait à présent pour que notre opération perdure, a‑t‑il accusé, déclarant que son pays ne pourra rien proposer de constructif tant que l’OTAN poursuivra sa politique d’expansion au nez et à la barbe des intérêts sécuritaires de la Russie. 

Le représentant a également noté que « les caprices » des États Unis expliquent le retrait de la Russie de certains traits bilatéraux d’importance. Nos propositions pour renouer des accords sont ignorées, on y répond même en plaidant pour l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN, a‑t‑il lancé.  Il a répété que tant que l’OTAN, Washington et Bruxelles seront arcboutés sur des politiques d’hostilité flagrante contre son pays, la Russie ne pourra envisager de dialogue sérieux avec ces interlocuteurs. 

M. KIMGHORBANPOUR NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a mis en cause les États-Unis et Israël pour leurs dépenses militaires, relevant que le premier est celui qui dépense le plus au monde en matière d’armements, tandis qu’Israël se trouve dans les 10 premiers.  Le représentant a estimé que ces deux pays contribuent à la course mondiale aux armements et aux conflits au Moyen-Orient.  Il a blâmé les États-Unis pour avoir déclenché de nombreux conflits en Iraq, en Afghanistan et en Syrie. 

De même, le représentant a jugé que les programmes d’armes nucléaires des États-Unis et d’Israël représentent une menace importante pour la sécurité régionale. Il s’est notamment alarmé de l’appel récent du Premier Ministre d’Israël à une « menace nucléaire crédible contre l’Iran » devant l’Assemblée générale des Nations Unies, relevant également qu’Israël est le seul de la région à n’avoir pas adhéré à de multiples traités majeurs de désarmement comme le TNP, la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CIABT). Il a appelé les États-Unis et Israël à contrôler leurs dépenses militaires, à ne pas s’engager dans des guerres d’agression et à abandonner leur programme nucléaire militaire. 

Le représentant a, de même, déploré l’utilisation fréquente d’armes chimiques au Moyen-Orient, estimant urgente l’instauration d’une zone régionale exempte de tout type d’armes de ce genre.  Enfin, il a nié toute implication de son pays dans la guerre en Ukraine et a rappelé le droit de l’Iran de répondre à ses besoins de sécurité, conformément au droit international. 

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a reconnu l’importance du désarmement régional pour la paix et la stabilité, tout en dénonçant l’accumulation d’armes dans plusieurs régions du monde.  Mettant en cause les États-Unis et leurs activités dans la péninsule coréenne, le représentant les a présentés comme une « partie belliqueuse » dans le cadre d’une alliance militaire qui met en danger l’environnement sécuritaire de la RPDC.  Il a ensuite détaillé les exercices militaires menés cette année dans la région par les États-Unis en collaboration avec la République de Corée, y compris le déploiement d’un sous-marin nucléaire et d’autres actifs nucléaires stratégiques. Il a mis en garde contre les potentielles conséquences catastrophiques de cette posture, en soulignant que l’Asie du Nord-Est, y compris la péninsule coréenne, n’est pas la propriété des États-Unis et en réaffirmant le droit à la légitime défense des pays de la région. 

M. FLAVIO SOARES DAMICO (Brésil) a fait part de sa tristesse et de sa préoccupation face aux conflits qui ont lieu partout sur la planète, appelant les parties à faire preuve de retenue et à épargner les civils.  Il a assuré comprendre les causes sous-jacentes de ces conflits et, plus particulièrement, la nécessité de restaurer la confiance entre pays voisins.  Évoquant les difficultés au Conseil de sécurité pour parvenir à un consensus, il a déploré que cette situation porte atteinte au régime de non-prolifération. Dans ce contexte, il a estimé que l’éclatement simultané de plusieurs conflits de par le monde est un symptôme, plus qu’une cause. 

Dans les années 1960, a rappelé le représentant, deux blocs nucléaires se faisaient face et le monde était divisé entre États dotés et non dotés.  Son pays et d’autres nations de la région ont alors emprunté des voies novatrices, par exemple en créant une ZEAN dans une région à forte densité de population, a‑t‑il poursuivi.  Il s’est félicité que cette initiative ait été suivie de plusieurs autres ZEAN dans le monde.  Ces zones permettent de progresser vers le désarmement nucléaire, a‑t‑il estimé, insistant sur ses trois piliers que sont l’absence d’armes nucléaires, les mécanismes d’inspection et, surtout, la garantie de non-utilisation de l’arme nucléaire par les États dotés. 

Éviter la course à l’armement nucléaire peut favoriser la confiance entre pays de la même région, a conclu le représentant, qui a en particulier préconisé le principe de la surveillance mutuelle entre pays voisins, rappelant qu’une telle initiative est mise en œuvre par le Brésil et l’Argentine. 

M. ALEMAD (Émirats arabes unis) a commencé par un appel à un cessez-le-feu et à une trêve humanitaire à Gaza.  Compte tenu des tensions au Moyen-Orient, le représentant a ensuite insisté sur le bien-fondé de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive dans cette région, en rappelant la résolution de 1995 de l’ONU et les trois sessions récentes de la Conférence tenues à cet effet.  Il a appelé toutes les parties à participer de manière constructive à la quatrième session de la Conférence, qui se tiendra en novembre.  Les Émirats arabes unis attendent en outre des résultats tangibles lors de la prochaine conférence d’examen du TNP et réaffirment leur engagement en faveur de ce traité et du droit de tous les États à l’utilisation pacifique l’énergie atomique.  À cette fin, le représentant a exhorté tous les États Membres à respecter les normes de l’AIEA et ses mesures de confiance, disant espérer que cela aurait un impact positif au Moyen-Orient.

M. LARBI ABDELFATTAH LEBBAZ (Algérie) a condamné fermement les atrocités que subit la population civile de Gaza depuis près de trois semaines sans que la communauté internationale n’agisse.  Le représentant a appelé celle-ci à faire cesser immédiatement cette sauvagerie inhumaine, et à remédier à tout ce qui empêche l’arrivée urgente d’une aide humanitaire et médicale de base à la population de Gaza.  Il a par ailleurs rappelé que le Sahel est touché par le commerce illicite des ALPC, qui a exacerbé une situation sécuritaire déjà fragile, ce qui appelle une réponse globale basée sur un volet de sécurité ainsi qu’un processus politique. 

La création de ZEAN est une étape concrète vers l’élimination totale de ces armes, a déclaré le représentant, qui a réaffirmé l’importance vitale de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient et s’est félicité du succès de la troisième session de la Conférence sur la question. 

Enfin, le représentant a rappelé que, comme les années précédentes, l’Algérie a soumis un projet de résolution portant sur le « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée ». 

M. ANDRANIK GRIGORYAN (Arménie) a souligné que les Arméniens sont les victimes directes des violations massives des principaux accords de désarmement et non-prolifération en vigueur par l’Azerbaïdjan.  Le renforcement militaire continu depuis deux décennies de ce pays a enhardi Bakou, qui a lancé des agressions militaires assorties, à chaque fois, de bombardements indiscriminés contre des infrastructures civiles, a accusé le représentant, qui a ajouté que ces opérations brutales avaient fini par pousser la totalité de la population arménienne à fuir le Haut-Karabagh.  Il a estimé que, dans ce contexte, la communauté internationale doit condamner sans détour la politique expansionniste de l’Azerbaïdjan dans la région et s’employer à restaurer de manière inconditionnelle les mécanismes de désarmement et de contrôle des armements. 

M. MARCIAL EDU MBASOGO (Guinée équatoriale) a rappelé la contribution de son pays aux efforts de l’Union africaine contre le terrorisme, déplorant la piraterie, le recours au mercenariat et le trafic des ALPC et de leurs munitions.  Ces violations du droit international aggravent la traite ou l’abus des ressources naturelles, a déploré le représentant, qui a préconisé le renforcement des contrôles douaniers, des institutions régionales ainsi que des initiatives visant à préserver la paix sur le continent.  Il s’est félicité du rôle joué en la matière par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). 

Rappelant que la Guinée équatoriale assume actuellement la présidence tournante de la CEEAC, le représentant a apporté son soutien, à ce titre, au projet de résolution sur les Mesures de confiance à l’échelon régional: activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, dont l’objectif est de promouvoir le contrôle des armements, la non-prolifération et le désarmement dans la région. 

Exposés du Chef du désarmement régional à la Direction de l’information et de la sensibilisation du Bureau des affaires de désarmement, et des directeurs des Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement

Les Directeurs et la Directrice des trois Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement ont évoqué les activités qu’ils mènent sur le terrain, en matière, en particulier, de renforcement des capacités des États pour faciliter la mise en œuvre d’engagements pris pour lutter contre le trafic des armes légères et de petit calibre (ALPC), la prolifération d’armes de destruction massive ou encore sensibiliser les jeunes aux enjeux de désarmement et de sécurité internationale. 

Qu’il s’agisse de l’Amérique latine, de l’Asie ou de l’Afrique, les continents sur lesquels sont déployés les trois Centres, les Directeurs de ces instruments ont souligné les thématiques transversales aux initiatives qu’ils déclinent sur les plans local et régional, comme la prévention de la violence armée contre les femmes, l’éducation des jeunes au désarmement, les liens entre désarmement et développement et la féminisation des activités de désarmement. Ils ont également indiqué que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général de l’ONU forme leur feuille de route commune et le moteur de l’assistance qu’ils apportent par le biais du Bureau des affaires de désarmement dont ils dépendent ainsi que du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), aux États et à leurs partenaires du secteur privé et de la société civile.  Cette assistance porte sur la mise en œuvre d’instruments aussi importants que le Programme d’action de l’ONU contre les ALPC ou la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive. 

Les Directeurs de Centres ont également attiré l’attention sur la nécessité que les pays honorent leurs promesses financières à l’égard des Centres régionaux, ceux-ci ne pouvant s’acquitter de leur mandat que grâce aux contributions volontaires des États Membres. 

La Cheffe du Service du désarmement régional, de l'information et de la sensibilisation du Bureau des affaires de désarmement a, quant à elle, rendu hommage aux Centres, dont elle a expliqué qu’ils travaillent avec différentes organisations régionales de communication pour élaborer et mettre en œuvre des stratégies évolutives en matière d’éducation au désarmement.  Elle a indiqué qu’à ce jour, 20 000 inscrits du monde entier participent à une plateforme sur ces questions, laquelle, a‑t‑elle confirmé, a besoin des contributions volontaires des États pour être régulièrement mise à jour et pérennisée. 

Mécanisme pour le désarmement

Déclarations

M. MOCHAMMAD IQBAL SIRIE (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé qu’accroitre le désarmement est un objectif commun, mais il a déploré le manque de volonté politique en la matière, notamment en ce qui concerne le désarmement nucléaire.  Il a affirmé que la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement joue un rôle essentiel et s’est félicité de l’approbation du rapport du Groupe de travail de la quatrième session extraordinaire.  Le Mouvement des pays non alignés reste ouvert à toute discussion en la matière, a‑t‑il déclaré. 

Le représentant a réaffirmé l’importance de la Conférence du désarmement et l’a appelée à se mettre d’accord par consensus sur un programme de travail équilibré, tout en rejetant toute politisation de son travail.  Il a souligné sa pertinence en tant que seule instance universelle pouvant soumettre des recommandations concrètes à l’Assemblée générale.  Il a dit soutenir son travail, qui doit être renforcé par davantage de volonté politique. 

Le Mouvement des pays non alignés est préoccupé par le fait que ses membres ne sont pas représentés de manière équitable au sein du Bureau des affaires de désarmement et appelle à prendre des mesures correctives.  Le représentant a en outre déclaré qu’il présenterait deux projets de résolution sur les centres régionaux pour la paix et le désarmement et la tenue de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement. 

M MARK SEAH (Singapour), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de menaces persistantes pour la sécurité internationale, il est impératif de renforcer la pertinence, la crédibilité et l’adaptabilité du mécanisme de désarmement des Nations Unies.  Cela nécessitera un engagement et une vision renouvelés de la part de tous les États Membres, a estimé le représentant, qui a fait part de la préoccupation de l’ASEAN face au déclin de l’engagement et de la coopération dans les mécanismes mondiaux de désarmement, de non-prolifération et de contrôle des armes. 

L’ASEAN appelle les pays, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à maintenir et à mettre pleinement en œuvre leurs obligations et engagements dans le cadre de ces mécanismes, y compris le TNP, a appuyé le représentant, qui a regretté les échecs des neuvième et dixième Conférences d’examen du TNP, qui n’ont pas réussi à adopter un document final substantiel. Cela souligne la nécessité de déployer des efforts supplémentaires pour préserver l’intégrité et la crédibilité du TNP. 

Face à l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, qui perdure depuis plus de 20 ans, le représentant a appelé cette dernière à intensifier encore davantage les consultations et à progresser en adoptant et en mettant en œuvre un programme de travail équilibré et complet. 

Par ailleurs, l’ASEAN réaffirme son soutien au Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique et insiste sur la nécessité de veiller à ce que le mécanisme de désarmement de l’ONU suive le rythme de l’évolution rapide du paysage sécuritaire et des progrès scientifiques et technologiques, notamment dans le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique.  L’ASEAN reconnaît la nécessité d’utiliser une approche multipartite pour faire avancer les discussions et les actions importantes en matière de désarmement. Elle promeut une culture de la paix et du dialogue, notamment en renforçant et en soutenant les programmes « Jeunesse, paix et sécurité » et « Femmes, paix et sécurité », a précisé le représentant, qui s’est aussi félicité du renforcement de l’engagement de la société civile, du secteur privé et du monde universitaire. 

M. CIARAN JAMES DOYLE (Irlande), s’exprimant au nom d’un groupe de pays, a souligné la nécessité d’intégrer une perspective de genre dans tous les rouages du mécanisme de désarmement, y compris la Première Commission, et ce, conformément aux recommandations figurant dans Notre Programme commun et l’agenda du désarmement du Secrétaire général de l’ONU.  Une approche sexospécifique permet de mieux comprendre comment les femmes, les hommes, les garçons et les filles peuvent être touchés de manière différente par l’emploi des différentes catégories d’armes, a notamment fait valoir le représentant.  Il a également mentionné les recherches spécialisées menées par l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), qui appellent à une féminisation des postes de direction dans les instances de désarmement.  Il est avéré que la prise en compte de points de vue différents permet d’obtenir plus de résultats en faveur de la paix, a‑t‑il noté. 

M. SULTAN NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie), au nom du Groupe des États arabes, a de nouveau demandé un arrêt immédiat de l’agression des civils dans la bande de Gaza et un libre accès aux convois humanitaires.  Le représentant a ensuite souligné que les efforts internationaux en vue d’accéder à l’universalité du TNP font partie de l’engagement du Groupe en vue d’arriver à un monde exempt d’armes nucléaires.  Le cadre de référence en la matière est fondé uniquement sur les sessions extraordinaires et ne peut être amendé que par une autre session extraordinaire, a‑t‑il affirmé. 

Soulignant la menace représentée par les armes nucléaires, le représentant a déploré l’échec des deux dernières conférences d’examen du TNP, avant de souhaiter que la onzième Conférence d’examen soit, elle, un succès, en particulier en vue d’une élimination complète des armes nucléaires au Moyen-Orient et de la création dans cette région d’une zone exempte d’armes nucléaires. 

Le représentant s’est en outre félicité des travaux de la Conférence de désarmement et de ses réunions.  Il a réaffirmé la nécessite pour les États dotés de faire preuve de flexibilité nécessaire pour arriver à des résultats pratiques. 

M. MICHAL KARCZMARZ, de l’Union européenne, a rappelé la responsabilité de la communauté internationale pour préserver la pertinence de la Première Commission, de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement. L’Union européenne continuera de lutter pour préserver ce système fondé sur des règles, a assuré le représentant, qui l’a jugé indispensable à la préservation de la sécurité collective. Il a déploré la détérioration de l’environnement sécuritaire et de l’architecture du désarmement, estimant que la guerre de la Russie en Ukraine exacerbe la situation. 

Le représentant s’est dit inquiet de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, laquelle ne peut ni adopter un programme de travail, ni déterminer son mandat de négociation.  Il a considéré que cette situation n’est pas viable et participe au climat actuel de menace.  En outre, la Conférence devrait accorder le statut d’observateur aux États Membres sans obstruction politique, a‑t‑il poursuivi, mentionnant le rejet de toutes les demandes par la Russie et estimant cette initiative contraire à la vocation multilatérale de l’instance.  L’Union européenne, a‑t‑il poursuivi, appuie l’élargissement de la Conférence et appelle à la nomination d’un coordonnateur spécial, lequel mènerait des consultations sur la composition et la configuration de l’enceinte.  Il a également réclamé que la Conférence commence des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires (traité FMCT). 

En ce qui concerne la Commission du désarmement des Nations Unies, le représentant a salué les recommandations de son Groupe de travail II à propos des mesures pratiques de transparence et de confiance dans l’espace, se félicitant de leur adoption par consensus.  Il a de même apporté son soutien au Programme pour la paix du Secrétaire général de l’ONU. Se disant préoccupé par la situation financière du mécanisme de désarmement de l’ONU, il a assuré que l’Union européenne continuera de soutenir nombre de traités relatifs et a exhorté les États à verser leurs contributions dans les temps. 

Pour M. SHUAIB MOHAMED (Afrique du Sud), le mécanisme de désarmement des Nations Unies joue un rôle essentiel dans la réalisation du monde envisagé dans la Charte et dans l’environnement mondial actuel.  Il est donc essentiel que les composantes du mécanisme de désarmement soient en mesure de remplir leurs mandats respectifs.  Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) a été négocié et adopté par l’Assemblée générale et le mécanisme du Groupe de travail à composition non limitée est de plus en plus sollicité pour faire avancer les questions clefs, a annoté le représentant.  Il a estimé que ces deux voies de négociation ou de délibération avaient créé un espace permettant de donner effet aux aspirations d’une majorité d’États longtemps frustrés ailleurs dans le mécanisme de désarmement, bloqué sur le plan de la procédure et souvent sur le plan politique. 

Le représentant a ensuite dit partager la frustration et les préoccupations de nombreux États Membres concernant l’inaction de la Conférence du désarmement, suite à l’impasse sur son programme de travail.  Cette situation n’est pas tenable, a‑t‑il affirmé, et elle sape la crédibilité et la pertinence de la Conférence du désarmement.  Le représentant a également estimé que la Commission du désarmement des Nations Unies, en tant qu’organe délibérant du mécanisme de désarmement, était particulièrement bien placée pour trouver un terrain d’entente indispensable.  Le Groupe de travail sur les recommandations visant à réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires constitue, à son avis, une base solide pour la poursuite des discussions au cours du prochain cycle et trouver un terrain d’entente. 

M. MOCHAMMAD IQBAL SIRIE (Indonésie) a estimé qu’il est important de se rassembler autour du multilatéralisme et crucial de respecter les engagements pris en faveur d’un monde pacifique.  La volonté politique et la souplesse sont essentielles pour le succès du renforcement du mécanisme de désarmement, a ajouté le représentant, qui a dénoncé l’absence de volonté politique de la part des États dotés de l’arme nucléaire, laquelle a, selon lui, considérablement freiné l’efficacité du mécanisme.  Il a appelé tous les États, y compris les États dotés, à travailler sincèrement à des progrès véritables en matière de désarmement, afin que les engagements deviennent une réalité sur le terrain et aboutissent à des résultats concrets. 

Réaffirmant que l’efficacité du dispositif de désarmement est une responsabilité commune, le représentant a rappelé qu’il était nécessaire de travailler notamment aux garanties négatives de sécurité, au projet de traité FMCT et à la question de l’espace extra-atmosphérique.  Il a encouragé les États Membres à contribuer au succès des prochaines sessions du Comité préparatoire à la onzième Conférence d’examen du TNP. 

M. MATTHEW MOXEY (Bahamas), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réitéré l’attachement des États membres de la communauté à un multilatéralisme efficace et au désarmement, même si la CARICOM est déçue par l’impasse des travaux de la Conférence du désarmement.  Il faut surmonter ces difficultés, a ajouté le représentant.  Il a salué le travail du Bureau des affaires de désarmement de l’Organisation des Nations Unies et exprimé la reconnaissance de la CARICOM pour le programme de bourses et de formation des Nations Unies sur le désarmement. 

Saluant le travail des centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement, le représentant a salué celui de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, qu’il a décrit comme un soutien sans faille pour la CARICOM, en particulier en termes de formation.  Il a en outre réaffirmé le rôle crucial des ZEAN pour faire avancer la non-prolifération et le désarmement. 

M. JAN MICHAEL GOMEZ (Philippines)a déclaré que le mécanisme de désarmement doit servir de socle sur lequel sont prises en compte les préoccupations de tous les États en matière de désarmement et de non-prolifération. L’adoption des mesures de désarmement dans nos instances doit se faire de manière équitable et équilibrée, pour éviter qu’aucun État puisse avoir l’avantage sur d’autres, a‑t‑il souligné.  Le représentant a également plaidé en faveur de l’ouverture des discussions sur le désarmement aux vues innovantes de la société civile, afin de « mieux travailler dans le sens des attentes des opinions publiques ».  Le désarmement multilatéral doit être transparent et basé sur les principes d’équité et de crédibilité pour qu’il inspire de nouveau confiance et engagement auprès des citoyens, a‑t‑il conclu. 

Mme CAMILLE PETIT (France) a estimé que le mécanisme du désarmement et ses institutions fournissent un cadre solide.  Dans ce cadre, elle a réitéré l’attachement de la France à la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale chargée de la négociation de traités à vocation universelle.  Elle a rappelé qu’on y a élaboré des accords majeurs. Malheureusement, a–t-elle poursuivi, l’instance a dû faire face cette année à la stratégie d’entrave de la Russie, l’empêchant de valider la participation d’États à titre d’observateurs. À ce titre, elle a dénoncé un abus de la règle du consensus, transformé selon elle en veto procédural.  La Russie a également empêché la tenue de discussions de fond dans l’enceinte, a‑t‑elle déploré. 

La représentante a rappelé qu’elle avait elle-même présidé la Conférence du désarmement au mois de juin, précisant qu’avec l’Allemagne, la France avait tenté de revitaliser l’enceinte pour lui permettre de retrouver son rôle éminent sur la négociation de traités de désarmement.  Elle a dit avoir tiré trois enseignements de cette période.  D’abord, la Conférence reste active malgré les tentatives de blocage et continue d’héberger des débats essentiels à notre compréhension commune des enjeux de désarmement.  Deuxièmement, cette instance doit continuer de travailler à un ordre du jour positif du désarmement en commençant par les sujets les plus mûrs. La représentante a ainsi préconisé le lancement, au sein de la Conférence, des négociations sur un traité FMCT, ainsi que sur le sujet de la transparence des doctrines et arsenaux nucléaires.  Enfin, elle a préconisé la revitalisation des travaux par le dialogue, mentionnant une retraite à Montreux réunissant les États participants et les États candidats au statut d’observateur.  Cette rencontre, s’est-elle félicitée, a montré qu’une revitalisation par petits pas pourrait s’avérer efficace auprès des États Membres. 

La représentante a également souligné le rôle incontournable de l’UNIDIR, lequel a retracé dans deux rapports les initiatives passées pour revitaliser la Conférence du désarmement, ainsi que celles lancées durant la présidence française.  Enfin, elle a fait part de sa préoccupation quant à la crise financière des enceintes de désarmement, laquelle dure depuis plusieurs années.  Cette instabilité financière ne doit pas menacer le multilinguisme, a‑t‑elle averti, jugeant qu’il s’agit d’un garant de l’efficacité du multilatéralisme. 

M. EDUARDO ALCIBIADES SÁNCHEZ KIESSLICH (Mexique) a rappelé que, depuis plus de 20 ans, la Conférence du désarmement fonctionne a minima sans donner de résultats concrets, ses membres se contentant d’examiner un programme de travail qu’ils n’approuvent pas, ou ne mettent en œuvre que quand ils l’adoptent.  Le représentant a ainsi constaté que, depuis 1996, aucune négociation d’accords juridiquement contraignants sur le désarmement n’a eu lieu au sein de la Conférence.  Chaque année, celle-ci se contente de délibérer au lieu de négocier et perturbe le déroulement des autres instruments du mécanisme de désarmement, en empiétant par exemple, sur les fonctions de la Commission du désarmement des Nations Unies, a‑t‑il critiqué. 

À l’encontre de certaines délégations qui souhaitent le maintien du statu quo et aggravent la paralysie de la Conférence en utilisant des règles procédurales qui favorisent l’imposition de leurs positions, le représentant a appelé les membres de la Conférence du désarmement au dialogue pour sortir enfin de l’impasse et revitaliser pour de bon cet organe essentiel. La crise institutionnelle de l’ensemble du mécanisme de désarmement est incontestable, a poursuivi le représentant, pour qui une véritable réforme de l’ensemble du mécanisme doit passer par la convocation d’une nouvelle session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement ou de tout autre mécanisme où repenser le désarmement onusien, qui se doit de répondre aux aspirations à la paix du monde au XXIe siècle. 

M. AMR ESSAMELDIN SADEK AHMED (Égypte) a estimé qu’en raison des crises en cascade qui secouent les équilibres géostratégiques, il devient urgent de revitaliser un mécanisme du désarmement encore trop soumis aux tentatives de mainmise de certains États soucieux d’imposer leurs vues à tous.  Dans cette optique, le représentant a plaidé pour un échange de propositions et de solutions concrètes pour sortir de l’impasse, qui pourraient être débattues lors du Sommet de l’avenir qui se tiendra l’an prochain à New York.  Par ailleurs, il a demandé que le rôle de la société civile soit contenu dans ses justes limites dans le cadre des processus de délibérations sur le désarmement multilatéral, par nature intergouvernementales. 

M. SHIVANAND SIVAMOHAN (Malaisie) a insisté sur l’impératif de la mise en œuvre complète et efficace des obligations et des engagements pris dans le cadre des traités de désarmement existants car il y va de leur crédibilité et de leur intégrité.  Le TNP en est un exemple, a relevé le représentant pour qui, après deux Conférences d’examen du TNP successives sans résultat substantiel, les États parties devraient redoubler d’efforts pour maintenir le rôle du Traité en tant que pierre angulaire du régime mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires. 

La Première Commission conserve un rôle clef en tant que plateforme de discussion entre États Membres et d’examen de solutions aux défis actuels dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale, a argué le représentant, avant de faire part des préoccupations de la Malaisie face à l’érosion de la confiance observable au sein de la Commission ces dernières années.  Cela se reflète dans la teneur générale des débats et dans l’examen des projets de résolution et de décision, a‑t‑il avancé, notant qu’il était de plus en plus difficile de parvenir à un consensus.  S’adressant à ses homologues, il a déclaré que, dans les circonstances actuelles, on ne saurait trop insister sur le rôle de la diplomatie, du dialogue et de l’instauration d’un climat de confiance. 

Pour ce qui est de la Conférence du désarmement, le représentant a estimé qu’un accord sur un programme de travail équilibré et complet ne peut être reporté indéfiniment si la Conférence veut conserver sa pertinence.  Après avoir réitéré le soutien de la Malaisie aux efforts des centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement, notamment dans la région Asie-Pacifique, il a fait valoir que le mécanisme de désarmement des Nations Unies doit suivre l’évolution dans toute une série de domaines, en faisant preuve de résistance et de réactivité face aux nouveaux défis. 

M. ROBERT IN DEN BOSCH (Pays-Bas) a déploré que les progrès dans la mise en œuvre d’instruments cruciaux tels que le TICE et le projet de traité FMCT continuent d’être entravés, alors que la Conférence du désarmement n’a pas entamé de négociations sur un nouvel instrument de désarmement depuis près de 30 ans.  Notre quête d’un monde pacifique ne peut aboutir que grâce à la coopération internationale, a rappelé le représentant.  Pour défendre, renforcer, élargir les normes, les principes et les accords, un mécanisme de désarmement efficace et véritablement multilatéral est nécessaire, a‑t‑il plaidé.  Il a aussi fait part de sa profonde préoccupation face à l’utilisation croissante du consensus comme moyen de veto au sein de la Conférence du désarmement, dans diverses réunions des États parties ainsi que dans les Groupes de travail. 

Il faut redynamiser la Conférence du désarmement pour qu’elle puisse jouer son rôle unique de forum multilatéral de négociation sur le désarmement, a insisté le représentant, qui a rappelé que l’UNIDIR avait compilé une liste de propositions utiles, parmi lesquelles le document de travail 2019 des Pays-Bas, qui contient des suggestions pratiques pour s’assurer que la Conférence puisse se concentrer sur la substance de son travail. 

Il n’y a pas grand-chose à changer dans le mécanisme de désarmement lui-même, a estimé le représentant.  Ce n’est pas l’état de la machine, mais le comportement des différents opérateurs qui est en cause: certains veulent aller plus vite, d’autres tirent sur les freins, et malheureusement au moins un veut passer la marche arrière.  Il n’est pas étonnant que nous n’allions nulle part. Commençons réellement à négocier, a exhorté le représentant, qui a estimé que les occasions ne manquent pas de le faire, que ce soit dans un Groupe de travail, lors de la nouvelle session de la Conférence ou lors de la deuxième session du Comité préparatoire à la onzième Conférence d’examen du TNP, pour n’en citer que quelques-unes. 

M. BOŠTJAN JERMAN (Slovénie) a rappelé que son pays a toujours soutenu les trois forums du mécanisme de désarmement que sont la Première Commission, la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement des Nations Unies. Il s’est dit préoccupé par le fait que la Conférence du désarmement soit toujours dans l’impasse et s’est déclaré favorable à l’ouverture immédiate de négociations sur un traité FMCT. 

En outre, le représentant a regretté de n’avoir pas été en mesure de participer aux travaux de la Conférence du désarmement cette année en raison de la décision de ne pas autoriser les observateurs à participer à ses travaux. Par ailleurs, il a estimé qu’il est possible d’élargir la Conférence.  De nouveaux membres y apporteraient des idées nouvelles et contribueraient de manière substantielle à son travail, a‑t‑il plaidé. 

Pour M. ALEXANDER KMENTT (Autriche), les traités internationaux dans le domaine du désarmement sont plus nécessaires que jamais, d’autant qu’il faut s’adapter aux nouvelles technologies et tenir compte des nouveaux acteurs.  Toutefois le mécanisme de désarmement des Nations Unies reflète les tensions entre les acteurs et ne fait pas preuve de souplesse, a constaté le représentant, qui a notamment déploré l’impasse au sein de la Conférence du désarmement.  Trop souvent le consensus est utilisé de manière excessive dans ce cadre, voire comme un droit de veto, ce qui sape la coopération, a‑t‑il estimé.  Il a également parlé d’une poignée de pays qui ont une vision très particulière du multilatéralisme, en appelant à élargir le nombre d’acteurs au sein du mécanisme de désarmement.  L’Autriche est favorable à une réforme plus vaste de ce mécanisme, a‑t‑il conclu. 

M. JORGE VIDAL (Chili) a salué tous les textes soumis dans les instances du désarmement multilatéral tenant compte de la perspective de genre. Il a encouragé les États Membres à mieux comprendre l’impact négatif de la violence armée dont souffrent particulièrement les femmes et les filles.  Nos processus doivent être inclusifs en matière de genre pour être efficaces, a‑t‑il ajouté.  C’est pourquoi, le représentant a appelé ses homologues à voter en faveur des projets de résolution de la Première Commission comportant un tel volet sexospécifique. 

Mme VILMA THOMAS RAMIREZ (Cuba) a attiré l’attention sur la nécessité de respecter les accords existants de désarmement, cela en veillant à renforcer la coopération entre parties.  Elle a réitéré l’appui de son pays au mandat de la Conférence du désarmement, estimant qu’il faut lui donner un nouvel élan s’appuyant sur la richesse des discussions et débats tenus en son sein en 2023. 

La représentante a rappelé que la Conférence est « une structure de négociations ».  Si la volonté politique existe, nous pourrons la doter d’un programme intégral et équilibré de travail, a‑t‑elle estimé, et ce, afin qu’elle puisse négocier trois traités juridiquement contraignant importants : un instrument pour empêcher la course aux armements dans l’espace, un traité FMCT et un instrument donnant des garanties négatives de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires. 

M. RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh) a estimé qu’il existe actuellement de nombreux défis de sécurité mais aucune alternative au multilatéralisme.  Il a réitéré son engagement en faveur des trois instances du désarmement que sont la Première Commission, la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement.  Ces instances doivent rester pertinentes et aboutir à des résultats, a déclaré le représentant, qui a rappelé que le mécanisme avait abouti à des traités clefs et à des cadres normatifs, grâce aux procédures en place. 

Le représentant s’est toutefois dit gravement préoccupé par l’érosion des règles dans le processus de désarmement, en raison de l’attitude de pays qui ne veulent pas le faire avancer.  Nous ne pouvons pas rester dans l’ornière, a‑t‑il dit.  Cette impasse n’est pas tenable et il faut agir de façon résolue.  Il a plaidé en faveur du renouvellement du travail au sein de la Première Commission, notamment pour éviter les doublons.  Il a félicité l’UNIDIR pour ses travaux de qualité ainsi que pour ses ressources pédagogiques.  Enfin, il a estimé que les femmes devaient pouvoir participer plus largement aux travaux sur le désarmement. 

Mme YOON SUNGMEE (République de Corée) a estimé que, face à la multiplication des défis, il est essentiel que les trois instances majeures du désarmement puissent se remettre à travailler. Elle a relevé que la pertinence de la Conférence du désarmement a été contestée, et que sa situation n’a pas évolué cette année encore, l’enceinte n’ayant pas pu se mettre d’accord sur la question de l’accès aux observateurs, tandis qu’il n’y a plus eu de négociation sur les questions de fond depuis des décennies. 

La représentante a toutefois salué les actions de la présidence de la Conférence du désarmement, se réjouissant de l’organisation de sessions informatives sur le traité FMCT et la prise en compte des genres et des jeunes, avant de souligner le succès de la retraite de Montreux. Elle s’est également réjouie du rôle de l’UNIDIR, mentionnant son rôle sur les questions émergentes comme l’espace et la cybersécurité. Elle s’est en outre félicitée que la Commission du désarmement soit parvenue à un consensus sur les questions de désarmement dans l’espace extra-atmosphérique. 

M. ANDREY BELOUSOV (Fédération de Russie) a préconisé que le renforcement des régimes de maîtrise des armements existants et l’élaboration de nouveaux régimes se fassent soit par le biais de mécanismes conventionnels existants, soit par le biais du mécanisme de désarmement des Nations Unies.  Seul ce principe peut garantir un véritable multilatéralisme en matière de désarmement et prendre en compte les intérêts des parties prenantes en matière de sécurité, a estimé le représentant, qui a appelé à intensifier le travail progressif et constructif de tous les éléments de la « triade » unique du désarmement que constituent la Première Commission de l’Assemblée générale, la Commission du désarmement des Nations Unies et la Conférence du désarmement. 

À cette fin, les États Membres devraient respecter strictement les mandats et les règles de procédure de ces structures et éviter la politisation, qui nuit gravement à la recherche de solutions consensuelles aux problèmes urgents de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, a affirmé le représentant.  Il a dénoncé à cet égard les tentatives actuelles des États occidentaux de saper les forums multilatéraux sur le désarmement et d’utiliser les Nations Unies pour servir leurs propres ambitions sans tenir compte des intérêts des autres États Membres, principalement des pays en développement, estimant que ce fait requiert une attention particulière de la part de la communauté internationale. Les pays occidentaux appellent ouvertement à la révision de l’architecture actuelle de la maîtrise des armements, du désarmement et de la non-prolifération, leur a‑t‑il reproché.  Alors que cette architecture est basée sur les normes et les principes du droit international, ils veulent la remplacer par des règles non contraignantes conçues pour assurer une plus grande domination de ce groupe d’États, a‑t‑il accusé, jugeant ces actions absolument inacceptables, porteuses de confrontations, de divisions de la communauté internationale, de tensions accrues, d’une perte de confiance.  En outre, elles détournent l’attention de la communauté internationale des véritables problèmes de sécurité internationale, a‑t‑il asséné. 

Pour le représentant, les travaux de la Conférence du désarmement sont une illustration claire de cette situation.  La cause de cette situation ne réside pas, selon lui, dans les principes du travail de la Conférence, mais dans la réticence de ses collègues occidentaux à s’engager dans la mise en œuvre des tâches assignées à ce forum par les décisions de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement, à savoir la négociation d’instruments internationaux juridiquement contraignants sur le contrôle des armements et le désarmement.  La Russie poursuivra ses efforts pour améliorer l’efficacité et la cohérence du mécanisme de désarmement des Nations Unies, a assuré le représentant, qui a appelé à s’opposer à toute tentative de révision de ce mécanisme. 

M. MOHAMMAD GHORBANPOUR NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a jugé essentiel de renforcer le rôle et le mandat de la Conférence du désarmement, le seul organe multilatéral de négociation des traités de désarmement et de non-prolifération.  La Conférence doit reprendre ses travaux de fond et, surtout, entamer des négociations sur une convention globale interdisant les armes nucléaires, a ajouté le représentant.  La vocation de la Conférence du désarmement est de négocier des traités, pas de tenir des délibérations sans débouchés concrets, a‑t‑il poursuivi, jugeant qu’il incombait en premier lieu aux États dotés de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour revitaliser cet organe sans en compromettre le mandat. 

Mme SILVIA GREVE (Suisse) s’est alignée sur la position du Secrétaire général qui, dans son Nouvel Agenda pour la paix, souligne la nécessité de renforcer le mécanisme de désarmement établi lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale dévolue au désarmement, y compris la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement.  Les différentes instances qui composent ce mécanisme peinent à fournir une réponse à nombre de défis en matière de sécurité internationale et de désarmement, a constaté la représentante, pour qui les blocages affectant la Conférence du désarmement depuis 25 ans constituent une source de préoccupation particulière alors que rien ne semble indiquer que ces blocages pourront être surmontés. 

Au contraire, pour la première fois cette année, la Conférence du désarmement a été dans l’incapacité de s’accorder sur la participation d’États non membres à ses travaux, a regretté la représentante, pour qui cette situation est d’autant moins acceptable que la Conférence a à son ordre du jour un nombre de sujets qui concernent directement l’ensemble des États Membres de l’ONU. 

Pour la représentante, il y a matière à réfléchir à l’articulation entre les différentes composantes du mécanisme de désarmement afin de définir si celles-ci fonctionnent de manière optimale ou si des retouches ou modifications devraient y être apportées.  Elle y a vu un exercice essentiel afin de dégager progressivement un consensus sur l’évolution des priorités en matière de désarmement, d’examiner les progrès scientifiques et techniques et leur incidence potentielle sur le désarmement et la sécurité internationale, et de formuler des recommandations à ce sujet. 

La représentante a notamment suggéré d’évaluer si les activités et rôles des différentes composantes du mécanisme sont complémentaires et si elles interagissent, comme stipulé dans le document final de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement.  Ce document indique notamment que la Conférence du désarmement doit prendre en compte les recommandations formulées à son endroit par l’Assemblée générale dans l’élaboration de son ordre du jour, a‑t‑elle rappelé.  La Suisse invite la Conférence à mettre pleinement en œuvre cette disposition et estime qu’il serait opportun de mettre en place à terme un processus permettant de conduire une évaluation en profondeur du fonctionnement du mécanisme de désarmement. 

M. LEONARDO BENCINI (Italie) a déclaré que son pays reste déterminé à contribuer à la préservation et au renforcement du mécanisme multilatéral de désarmement par le biais, en particulier, de l’universalisation de tous les traités et conventions pertinents qui en constituent l’ossature. Dans cette optique, l’Italie soutient la convocation, « au moment opportun et selon des modalités à définir », d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement. 

Mme THOMAS FETZ (Canada) s’est déclarée profondément troublée par le mépris flagrant des règles les plus fondamentales du droit international et par le manque de respect du droit international humanitaire par la Russie en Ukraine.  De même, le Canada est préoccupé par les tentatives de certains États d’éroder les instruments internationaux de désarmement, de contrôle des armes et de non-prolifération.  La représentante a demandé à la Fédération de Russie de revenir sur sa prétendue suspension du Traité New START et sur les mesures prises pour retirer sa ratification du TICE.  Elle a appelé également la Chine à collaborer avec la Russie et les États-Unis pour réduire les stocks mondiaux d’armes nucléaires. 

Après trois décennies d’impasse, la Conférence du désarmement a besoin d’être revitalisée de toute urgence, a estimé la représentante.  Au fil du temps, a‑t‑elle déploré, certains États ont interprété le principe du consensus comme un droit pour chaque membre d’opposer son veto à toute question de procédure ou de fond.  Le consensus n’est pas destiné à créer un veto de facto, a‑t‑elle affirmé.  En outre, elle a estimé que le rapport de l’UNIDIR intitulé « Revitaliser la Conférence du désarmement » présente une série de petits pas, de grandes étapes ou de réformes majeures à examiner par les États pour revigorer la Conférence.  Par ailleurs, l’ouverture de la Conférence du désarmement aux États intéressés et une participation inclusive devraient être envisagées, en particulier lorsqu’il s’agit d’intégrer les perspectives de genre dans l’ensemble du mécanisme de désarmement. 

M. BRUCE TURNER (États-Unis) a estimé que les outils du désarmement à disposition de la communauté internationale sont adéquats et appropriés. On peut toutefois les rendre plus efficaces et plus efficients, et c’est dans cet esprit que les États-Unis ont distribué plusieurs idées « modestes » pour améliorer les méthodes de travail de la Conférence du désarmement sans en changer le règlement intérieur, a déclaré le représentant.  Le monde d’aujourd’hui est caractérisé par des conflits potentiels entre plusieurs puissances, a‑t‑il noté, et il existe des nouveautés qui pourraient modifier « l’art de la guerre ».  Dans ce monde de turbulence et de transition, les avantages sont difficiles à apprécier.  Il faut donc maintenir les structures existantes en étant prêts à les améliorer. 

Le représentant a accusé « un pays » de tenir l’ensemble du système des Nations Unies, y compris la Conférence du désarmement, en otage par l’obstruction procédurale; ce qu’il ne peut gagner sur le plan diplomatique, à savoir la Fédération de Russie.  Pour les États-Unis, la proposition russe visant à négocier un traité sur le placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique est fondée sur de fausses bases et sur une fiction.  Il a, en outre, dénoncé la pratique des amendement hostiles.  La censure n’est pas la bonne voie à suivre, a‑t‑il affirmé, avant de plaider pour la pleine participation des femmes aux négociations de désarmement. 

M. ANMOL SHER (Inde) a expliqué qu’en tant qu’État nucléaire responsable, l’Inde a pour politique de maintenir une dissuasion minimale et crédible avec une posture de non-recours en premier et de non-utilisation d’armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires.  Elle reste fermement attachée au désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable.  Se disant convaincu que cet objectif peut être atteint dans les délais impartis par un processus progressif reposant sur un engagement universel et un cadre multilatéral convenu, global et non discriminatoire, le représentant a expliqué que l’approche de son pays était décrite dans son document de travail soumis à la Première Commission en 2006 et à la Conférence du désarmement en 2000. 

En tant qu’unique forum multilatéral de négociation sur le désarmement, la Conférence du désarmement a le mandat et les membres nécessaires pour entamer des négociations sur une convention globale sur les armes nucléaires, a argué le représentant.  Sans diminuer la priorité qu’elle accorde au désarmement, l’Inde soutient l’ouverture immédiate de négociations, au sein de la Conférence, sur un traité non discriminatoire, multilatéral, internationalement et effectivement vérifiable sur l’arrêt de la production de matières fissiles, sur la base du document CD/1299 et du mandat qu’il contient, qui reste la base la plus appropriée pour les négociations. 

Rappelant enfin que l’Inde présente deux projets de résolution chaque année, respectivement sur une « Convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires » et sur la « réduction du danger nucléaire », le représentant a sollicité le soutien et le parrainage des États Membres pour leur adoption.  Avant de conclure, il a souligné que le TIAN, négocié en dehors de la Conférence du désarmement, ne crée aucune obligation pour l’Inde. 

M. SHEN JIAN (Chine) a décrit un mécanisme de désarmement sous pression en raison, en particulier, de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et du manque de volonté politique, y voyant la cause du peu de progrès enregistrés par les conventions sur les armes de destruction massive.  Le représentant a toutefois salué les résultats obtenus sur l’espace et les technologies de l’information et des communications (TIC), tout en appelant au partage d’une vision sécuritaire commune ne tolérant aucun développement de nouveaux théâtres de conflit et de course aux armements.  Pour sortir de l’ornière à la Conférence du désarmement, il faut réaffirmer, à travers un dialogue apaisé, la nature multilatérale de cet organe de négociation sur des sujets impactant la sécurité internationale, qu’ils soient traditionnels ou émergents, a préconisé le représentant. 

M. GUL QAISER SARWANI (Pakistan) a expliqué que certains États veulent maintenir leurs avantages grâce aux armes nucléaires.  Pour le représentant, il existe un manque de confiance pour négocier des règles en matière de désarmement qui est encore pire que pendant la guerre froide.  Il n’est donc pas étonnant que les États ne puissent pas discuter des questions relatives à leur sécurité. 

Pourtant, le mécanisme de désarmement fonctionne, a affirmé le représentant.  Ce mécanisme a permis d’aboutir à des traités importants, a‑t‑il rappelé.  D’aucuns ont demandé la revitalisation du mécanisme, ce qui part du principe que les méthodes de travail empêchent l’accord.  Or, changer les méthodes de travail ne va pas modifier les visions qu’ont les États de leur sécurité.  Il faut donc trouver une autre solution que la solution procédurale à ces questions de sécurité.  Ce qui est essentiel, c’est de reconnaître le principe de sécurité non diminuée et égale pour tous les États, a affirmé le représentant. 

La Conférence du désarmement permet la participation de tous les États sur un pied d’égalité grâce à la règle du consensus, a poursuivi le représentant, qui a fait observer que certains États s’opposaient à tout un ensemble de choses dont ils estiment qu’elles vont à l’encontre de leurs stratégies de sécurité.  La Première Commission et les Groupes de travail font face à ces mêmes obstacles.  Le Pakistan est favorable à ce qu’on donne un nouvel élan au consensus sur la base de la non-discrimination.  Une nouvelle session extraordinaire de l’Assemblée générale ne suffira pas, a conclu le représentant. 

M. IAN FLOYD (Royaume-Uni) a noté que, lors de la session de la Conférence du désarmement tenue cette année, des discussions utiles avaient impliqué plus avant ses membres sur les questions de fond inscrites à son ordre du jour.  Mais l’impasse dans le lancement de nouvelles négociations persiste, a reconnu le représentant, qui a déploré que la Conférence n’ait pas admis d’observateurs pour sa session de 2023, cela en raison de l’insistance de la Russie pour que les candidatures soient examinées une par une, contrairement à la pratique consistant à adopter l’ensemble de la liste.  La légitimité de la Conférence du désarmement repose sur sa transparence et son inclusivité, a souligné le représentant. 

Le représentant a ensuite avancé que même si le mécanisme de désarmement, comme le reste du système multilatéral, est loin d’être parfait, « il demeure le meilleur dont nous disposons ».  Pour lui, ce n’est pas à cause du règlement intérieur de tel ou tel organe, ou du fait qu’ils se réunissent à New York ou à Genève, que les pays ne parviennent pas à réaliser de progrès significatifs en matière de désarmement et de contrôle des armements; mais c’est à cause du climat ambiant de profonde méfiance entre les États et de la mauvaise foi de certaines délégations. Dans ce contexte, le représentant a assuré que le Royaume-Uni reste ouvert aux initiatives et propositions visant à rationaliser le mécanisme pour mieux l’adapter à ses objectifs, tout en restant fidèle à ses principes fondateurs. 

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a estimé qu’un mécanisme de désarmement opérationnel est essentiel pour guider les États dans les défis résultant de la concurrence géopolitique.  Elle s’est dite gravement préoccupée par les progrès minimes réalisés dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération et de la maîtrise des armements.  L’impasse dans laquelle se trouve toujours la Conférence du désarmement a sapé sa crédibilité et sa stabilité, a déclaré la représentante, qui a ajouté que ce manque de confiance s’étendait à la Commission du désarmement des Nations Unies, à la Conférence d’examen du TNP et à la Première Commission elle-même, où l’on observe le dépôt d’un certain nombre de résolutions concurrentes. 

La représentante a reconnu le rôle des centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement dans la promotion des priorités nationales, régionales et sous-régionales en matière de désarmement.  Les centres régionaux devraient être renforcés, dotés de ressources suffisantes et développés en tant que dépositaires des meilleures pratiques en matière d’efforts de désarmement sur le plan régional.  Depuis la fin des années 1980, le Népal s’est associé au Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique pour organiser des réunions et des dialogues régionaux dans le cadre du « Processus de Katmandou », a rappelé la représentante. Elle a néanmoins déploré que le Centre ne dispose pas de ressources suffisantes pour mettre en œuvre les activités prescrites par l’Assemblée générale et a appelé les États Membres et les organisations non gouvernementales à verser des contributions volontaires.  En conclusion, elle a rappelé que comme chaque année, le Népal présente un projet de résolution sur le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique

M. LARBI ABDELFATTAH LEBBAZ (Algérie) a mis en avant l’importance de préserver les accords de désarmement existants et les forums multilatéraux sur le désarmement, qui incarnent les réalisations de la coopération internationale et des négociations multilatérales au cours des dernières décennies pour relever les défis auxquels l’humanité est confrontée.  La recherche de solutions et d’accords dans le cadre du multilatéralisme, conformément à la Charte des Nations Unies, est le seul moyen durable de traiter les questions liées au désarmement et à la sécurité internationale, a estimé le représentant. 

Pour le représentant, les forums sur le désarmement offrent aux États la possibilité de se consulter et de coopérer entre eux, et de résoudre les problèmes qui peuvent se poser dans le cadre des Nations Unies.  Cela permet en général de promouvoir la coopération internationale, le règlement pacifique des différends, le dialogue et les mesures de confiance, contribuant ainsi à renforcer les relations multilatérales amicales entre les États et les peuples, a‑t‑il argumenté.  Il a donc souligné l’importance du mécanisme multilatéral de désarmement qui comprend la Conférence du désarmement, seul forum multilatéral de négociation sur le désarmement, la Commission du désarmement des Nations Unies, organe délibérant universel et organe subsidiaire de l’Assemblée générale, et la Première Commission. 

Appelant à maintenir et renforcer le rôle et le mandat de toutes les composantes du mécanisme de désarmement des Nations Unies, le représentant a argué que l’impasse dans laquelle il se trouve est due à l’absence de la volonté politique nécessaire pour progresser sur la voie du désarmement, en particulier du désarmement nucléaire, et non à la performance de ces organes ou à leurs méthodes de travail et règles de procédure. 

Droits de réponse

Le représentant du Canada a répondu aux commentaires formulés par certaines délégations sur le Moyen-Orient.  Il a jugé que rien ne peut justifier les actes de terreur du Hamas et réclamé la libération immédiate des otages.  Il s’est toutefois dit profondément préoccupé par la situation humanitaire à Gaza et l’impact sur les civils, estimant essentiel que l’aide humanitaire y soit acheminée.  Il a appelé à la protection du personnel et des installations humanitaires.  Enfin, il a appuyé les peuples palestinien et israélien à vivre en paix, rappelant le soutien de son pays pour une solution à deux États. 

Le représentant de la Chine a rejeté les accusations des États-Unis concernant la politique nucléaire de son pays.  Il a en outre rappelé que, par sa résolution 27/58, l’Assemblée générale a reconnu à la République populaire de Chine le statut de seule représentante de la Chine auprès des Nations Unies.  À ce titre, le représentant a estimé que les États-Unis instrumentalisent la question de Taiwan, qui relève des affaires intérieures de la Chine.  Il a averti que son pays ne tolérera pas les ingérences sur ce dossier, s’insurgeant du soutien étranger dont bénéficie Taiwan.  Il a accusé les États-Unis de traiter la Chine comme un rival pour justifier leur expansion dans la région et perpétuer leur hégémonie.  Le programme nucléaire de son pays, a‑t‑il poursuivi, n’a pour but que la dissuasion contre ceux qui compteraient utiliser des armes nucléaires contre la Chine.  Sa politique militaire est défensive par nature, a‑t‑il assuré, appelant les États-Unis à faire un travail d’introspection et à cesser de s’immiscer dans les affaires intérieures chinoises. 

Le représentant d’Israël a exhorté les pays arabes à condamner les attaques terroristes du Hamas et à appeler à la libération sans condition des otages israéliens détenus à Gaza.  Il a dénoncé les agissements de l’Iran, accusé de téléguider toutes les organisations terroristes paramilitaires qui déstabilisent le Moyen-Orient:  Le Hamas, le Hezbollah mais aussi les milices houthistes.  Ce même pays soutient depuis 2011 le régime assassin de la Syrie, responsable de la mort de 300 000 Syriens, y compris au moyen d’armes chimiques, a‑t‑il ajouté. 

Le représentant de l’Azerbaïdjan a rejeté la fausse description de l’histoire par l’Arménie, auteur de nombreuses violations des efforts diplomatiques destinés à réguler les relations entre les deux États et des accords de contrôle régionaux des armements.  La quantité d’armes saisie par nos propres forces, notamment des milliers de mines antipersonnel, démontre que notre intervention a permis de couper court à une militarisation de la région destinée à déstabiliser l’Azerbaïdjan, a‑t‑il aussi lancé. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répondu aux États-Unis.  Rejetant leurs allégations, il a dit n’y voir qu’une nouvelle provocation pour présenter son pays comme étant le diable, un moyen de diversion.  Les États-Unis ne comprennent pas la volonté de notre pays de défendre le peuple coréen et s’opposent aux relations de bon voisinage entre la Russie et la RPDC; c’est une vision hégémoniste, a‑t‑il accusé.  Il y a des alliances militaires hostiles à la RPDC et l’OTAN en est le maître d’œuvre.  Les États-Unis font tout pour défaire la Fédération de Russie alors qu’ils disent qu’ils ne veulent pas de confrontation avec elle.  Ils militent en faveur d’un coup d’État chez nous.  Les pratiques immorales seront condamnées par les pays épris de paix, a conclu le représentant. 

Le représentant de la Fédération de Russie a répondu à diverses délégations, affirmant que, depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis tentent d’aller à l’encontre des intérêts de la Russie.  Ainsi, a‑t‑il déclaré, en 2008, l’Occident a ouvert la porte de l’OTAN à l’Ukraine; en 2014, le régime ukrainien a lancé une guerre civile dans le Donbass qui a été évitée grâce aux Accords de Minsk.  Pourtant, a poursuivi le représentant, la Russie a encouragé le dialogue entre Kiev et le Donbass; mais nous n’avions d’autre choix que de reconnaître l’indépendance de certaines régions pour permettre la dénazification de l’Ukraine.  Il a rejeté toutes les allégations de l’Occident sur la « mission » que mène la Russie en Ukraine, une mission conforme à la Charte des Nations Unies. Les États-Unis se sont immiscés dans les affaires intérieures de Kiev en lui faisant miroiter un avenir occidental, a‑t‑il encore déclaré. 

La représentante du Koweït a appuyé la position du Groupe des États arabes en rappelant que plus de 6 500 « martyrs » sont morts à Gaza en l’espace de 18 jours en raison des « bombes aveugles israéliennes ».  Elle a accusé Israël de ne pas respecter le droit international au prétexte de vouloir se défendre.  Le Koweït s’oppose aux destructions aveugles et aux déplacements forcés de la population palestinienne, et demande à la communauté internationale et au Conseil de sécurité de mettre un terme à cette guerre sauvage et d’assurer une aide humanitaire sans entraves dans la bande de Gaza.  Au nom de la paix et de la sécurité régionales, la représentante a en outre estimé qu’il fallait mettre en place sans tarder une ZEAN au Moyen-Orient et faire en sorte que tous les pays de la région souscrivent au TNP. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a exigé qu’Israël mette un terme à sa guerre contre Gaza et aux bombardements insensés de cibles civiles, y compris l’une des églises les plus vieilles au monde.  La Puissance occupante doit mettre fin au siège de Gaza et permettre l’ouverture de couloirs humanitaires, a‑t‑il insisté, assurant qu’il n’y a plus d’eau, plus de médicaments, plus de carburants, plus de nourriture et que les hôpitaux ne sont presque plus en mesure de fonctionner.  Affirmant qu’il s’agit d’un véritable crime d’épuration ethnique, l’Observateur permanent s’est indigné que l’histoire ne saurait accepter une nouvelle Naqba aujourd’hui. 

Le représentant de l’Égypte a répondu à Israël que bombarder des hôpitaux et des lieux de culte, c’est cela qui est un mal.  Ce qui se passe maintenant à Gaza n’est pas moins monstrueux que tous les meurtres de masse de l’histoire. 

Le représentant de la Jordanie a accusé Israël de violer le droit international sur la terre de Palestine.  Telle est la vérité, qu’il faut condamner, a‑t‑il ajouté.  Il a mis en garde contre toute tentative d’expulsion des Palestiniens et a jugé que cibler des civils, « ce n’est pas exercer un droit à la légitime défense ».  Les actions d’Israël à Gaza sont une guerre brutale et inhumaine, pas l’exercice d’un tel droit, a‑t‑il affirmé. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a condamné l’occupation israélienne qui cible les civils.  Il a demandé à la communauté internationale de cesser son hypocrisie et sa pratique du deux poids, deux mesures, et exigé un cessez-le-feu pour acheminer l’aide humanitaire. 

Le représentant de la République arabe syrienne a répondu à la délégation israélienne.  Il a estimé que plus de 6 000 personnes avaient été tuées, ce qui pousse la région dans un état d’instabilité.  Il a condamné les crimes commis et condamné ce « régime perfide » qui doit cesser de violer le droit international.  Il a par ailleurs affirmé que les propos tenus concernant l’utilisation d’armes chimiques en Syrie relèvent d’une campagne de propagande hostile. 

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