En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
12e & 13e séances plénières - matin et après-midi
AG/DSI/3719

Première Commission: les États dotés défendent vigoureusement leurs doctrines de sécurité liées aux armes nucléaires

À l’occasion de la deuxième journée de son débat thématique sur les armes nucléaires, la Première Commission a entendu aujourd’hui huit des États en possession de telles armes, qui ont, en général, fait assaut de bonnes intentions en matière de désarmement tout en justifiant leur arsenal actuel par le comportement d’autres puissances.   

Parmi les neuf États possédant l’arme nucléaire –les cinq États dotés au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), plus Israël, l’Inde, le Pakistan et la République populaire démocratique de Corée (RPDC)– seule la France s’était exprimée le premier jour de ce débat.   

Les États-Unis ont rappelé que leur propre arsenal nucléaire avait pour but de dissuader toute attaque nucléaire et défendre leurs intérêts vitaux et ceux de leurs alliés, tout en rappelant leur attachement à la déclaration commune faite en janvier 2022 par les cinq États dotés au sens du TNP –le P5-, selon laquelle la guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée et ne doit jamais être livrée.  Affirmant que son pays ferait montre d’un comportement responsable tant que les armes nucléaires continueront d’exister, le représentant des États-Unis s’est en outre dit prêt à travailler avec la Russie pour relancer le Traité New START, et a invité la Chine à des discussions bilatérales pour promouvoir en toute transparence la stabilité et réduire les tensions.   

Critiqué par plusieurs pays pour son manque de transparence sur le nombre de ses armes nucléaires et pour être le seul membre du P5 à n’avoir pas annoncé de moratoire sur la production de matières fissiles à usage militaire, la Chine a répliqué que ses stratégies et politiques en matière de sécurité « sont stables, ce qui n’est pas le cas de celles d’autres États dotés ».  Pour son représentant, la Chine a, par son attitude, contribué comme aucun autre pays au processus de désarmement nucléaire et continue en outre de plaider pour l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur le non-emploi en premier d’armes nucléaires.   

Quant au Royaume-Uni, qui s’est présenté comme le seul pays du P5 à ne disposer que d’une composante nucléaire –sous-marine– il a rappelé qu’il avait ratifié les protocoles aux traités créant les zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) en Amérique latine et dans les Caraïbes, dans le Pacifique Sud, en Afrique et en Asie centrale, et a mis l’accent sur son rôle actif dans les recherches relatives à la vérification du désarmement nucléaire, y compris dans le cadre du Partenariat mondial, défendu par ailleurs par plusieurs pays non dotés, comme la Norvège.   

Mais pour la Fédération de Russie, ambitionner l’interdiction des armes nucléaires comme le demandent de nombreux États non dotés, est irréaliste, la détention d’armes nucléaires étant la seule réponse possible aux agissements « antirusses » des Occidentaux.  Le pays affaiblirait sa sécurité en réduisant son arsenal nucléaire « alors que les États-Unis maintiennent des armes nucléaires en Europe », a ainsi déclaré le représentant russe, qui a rendu les États-Unis responsables de toutes ses décisions récentes: menaces d’utilisation de l’arme nucléaire, annonce du déploiement d’armes nucléaires au Bélarus, retrait du Traité New START et annonce d’un prochain retrait du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  En revanche, la Russie a assuré qu’elle visait à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne et était à cette fin disposée à dialoguer directement avec la RPDC.   

Autres États nucléaires, et non parties au TNP, l’Inde et le Pakistan ont quant à eux défendu leur « politique responsable » de « défense minimale ».  L’Inde a rappelé sa doctrine de non-emploi en premier et a réitéré son attachement à un désarmement nucléaire dans des délais limités, par un processus en étapes reposant sur un engagement universel et un cadre multilatéral.  Le Pakistan a dit ne développer des armes nucléaires qu’en raison d’impératifs de sécurité, avant de se lancer dans une violente attaque contre tout projet de traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires qui ne tiendrait pas compte des stocks existants.   

La RPDC a pour sa part réaffirmé son droit souverain à une dissuasion nucléaire d’autodéfense, ajoutant que « tant que les armes nucléaires tyranniques des impérialistes existeront sur la planète, nous ne modifierons ni n’abandonnerons le statut actuel de notre pays en tant qu’État doté d’armes nucléaires ».   

Quant à Israël, sa représentante a reconnu la contribution majeure du TNP, mais estimé qu’un régime de non-prolifération n’est efficace que dans la mesure du respect que lui accordent ses membres.  Comme « quatre des cinq cas de violation grave du Traité ont eu lieu au Moyen-Orient », Israël considère que le TNP ne représente pas un remède aux défis sécuritaires de la région et n’a « aucune intention » de confier sa sécurité à des arrangements internationaux.   

Israël visait notamment l’Iran, qui a, en retour, dénoncé le fait que le « régime israélien » refuse d’adhérer au TNP, déstabilisant du coup « la région tout entière ».  Il l’a également accusé de violer le statut de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et la Charte des Nations Unies en s’attaquant à ses activités nucléaires pacifiques, y compris « par le meurtre et le sabotage ». 

 Les pays non dotés ont une nouvelle fois mis en avant le TNP, le TICE mais aussi le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), en insistant souvent sur les aspects humanitaires et environnementaux du dernier.  Pays victimes des retombées d’essais nucléaires, le Kazakhstan et Kiribati ont annoncé le dépôt de projets de résolution conjoints pour promouvoir l’assistance aux victimes et la décontamination des territoires irradiés.   

La Première Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 17 octobre, à 10 heures, et devrait achever son débat thématique sur les armes nucléaires. 

DÉBAT THÉMATIQUE SUR DES QUESTIONS PRÉCISES ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR 

Armes nucléaires (suite)

Exposé liminaire sur la vérification du désarmement nucléaire 

M. JØRN OSMUNDSEN (Norvège), Président du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner plus avant la vérification du désarmement nucléaire, a indiqué que, cette année, le Groupe avait identifié les questions sur lesquelles poursuivre ses travaux.  Ces questions peuvent être classées en trois catégories principales: les questions conceptuelles, le renforcement des capacités et le concept de création d’un groupe d’experts techniques et scientifiques, a-t-il dit.  Le genre, la jeunesse et l’éducation ont été soulignés comme des questions transversales à débattre, a-t-il ajouté. 

Le Président du Groupe d’experts a expliqué que les questions principales ont été discutées lors de deux séances, qui ont fourni la base d'un projet de rapport qui a été discuté lors d’une séance ultérieure.  Les experts se sont également engagés dans des travaux intersessions par le biais de documents de travail, lesquels sont devenus le moteur de notre travail, de véritables moyens de rechercher des positions susceptibles de faire l'objet d'un consensus, a-t-il souligné. 

L’Ambassadeur a ensuite signalé que le rapport annuel du Groupe présente 21 conclusions, dont 17 sont le fruit d’un consensus, tandis que les 7 autres reflètent les positions divergentes du Groupe.  Le rapport présente également cinq recommandations qui traduisent, comme le rapport du Groupe précédent, la volonté des États de poursuivre la discussion de fond sur la vérification, s’est-il encore réjoui. Pour le Président, la combinaison des deux rapports envoie un signal fort qu’un accord solide sur la vérification du désarmement nucléaire est souhaité et possible.  « Je crois également que les deux Groupes ont posé les bases conceptuelles pour la poursuite des travaux sur la vérification nucléaire dans un contexte multilatéral », a-t-il conclu. 

Déclarations 

M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie), qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a expliqué que ce groupe, constitué, outre de son pays, de la République de Corée, du Japon, du Canada et d’une vingtaine de pays européens, était uni face à l’augmentation des risques nucléaires.  La guerre illégale de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, sa rhétorique nucléaire et ses attaques autour des infrastructures nucléaires civiles ont ébranlé l’ordre mondial fondé sur des règles, a déclaré le représentant.  Il a salué par ailleurs le rôle de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en ce qui concerne la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Il s’est déclaré profondément préoccupé par la suspension par la Fédération de Russie de sa participation au Traité New START et a encouragé la Russie à engager un dialogue avec les États-Unis sur un traité qui lui succéderait.  Le représentant a également condamné la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour ses programmes illégaux de missiles nucléaires et balistiques, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a demandé instamment à la République islamique d’Iran de s’acquitter de toutes les obligations qui lui incombent en vertu du Plan d’action global commun (PAGC).   

Cela fait 78 ans que les armes nucléaires n’ont pas été utilisées et 40 ans que les arsenaux nucléaires mondiaux diminuent, a constaté le représentant.  Pour le groupe, cette tendance doit être poursuivie et non inversée.  Il faut sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et entamer des négociations en vue d’un traité interdisant la production de matières fissiles (FMCT).  Le représentant a renouvelé l’appel aux États pour qu’ils ratifient sans délai le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et s’est déclaré profondément préoccupé par les commentaires récents de la Russie sur un possible retrait de sa signature.  Le représentant a déclaré que les États dotés d’armes nucléaires ont une responsabilité particulière, comme le prévoit l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et s’est félicité de la déclaration des cinq États dotés au sens du TNP (P5) de janvier 2022, qui entérine le principe selon lequel une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée.  Il est très préoccupant que la Russie déploie une rhétorique nucléaire dangereuse, a‑t‑il estimé.  Les États dotés d’armes nucléaires doivent tenir leurs engagements en prenant des mesures concrètes visant à réduire les risques, a‑t‑il conclu.   

M. FLÁVIO SOARES DAMICO (Brésil), s’exprimant au nom d’un groupe de pays, a consacré son intervention au travail de vérification du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  À ce titre, il s’est félicité des conclusions du groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner plus avant les questions de vérification du désarmement nucléaire.  Il a estimé que l’on dispose ainsi d’une base consensuelle solide pour déployer un travail pratique dans les contextes multilatéraux existants.  Le groupe, a‑t‑il rappelé, avait notamment pour mandat de réfléchir à un groupe d’experts scientifiques et technique (GSTE).  La mise en place d’un tel groupe permettrait de progresser dans la direction du désarmement, a‑t‑il considéré.  De manière multilatérale, le futur GSTE pourrait être chargé de compiler les connaissances accumulées au cours des initiatives présentes et passées, d’identifier les défis techniques en matière de vérification, de participer à des discussions techniques, d’intégrer et de préserver les connaissances sur la question et de fournir des garanties aux États.  En conclusion, le représentant a appelé les États à ouvrir le dialogue en faveur de la mise en place d’un tel groupe d’experts.   

M. OUMAROU GANOU (Burkina Faso) a estimé que l’utilisation pacifique des sciences et de la technologie nucléaires procurait des bénéfices considérables à l’humanité.  Rien ne doit entraver l’accès des pays en développement à la technologie nucléaire à des fins pacifiques, ni la coopération internationale, notamment dans le cadre du programme de coopération technique de l’AIEA, a‑t‑il déclaré.  Le représentant a souligné le danger réel que représente le terrorisme nucléaire et ajouté que le maintien de normes élevées de sécurité nucléaires doit rester une condition préalable à une exploitation optimale de la technologie nucléaires.  L’impasse dans les négociations entre les États dotés d’armes nucléaires et ceux qui ne le sont pas fonde des inquiétudes légitimes, a‑t‑il estimé.   

Le délégué a souligné qu’après 13 ans d’absence, son pays venait d’être élu au Conseil des gouverneurs de l’AIEA pour la période 2023-2025, lors de la soixante-septième Conférence générale de l’AIEA.  Il a réitéré son ferme attachement aux objectifs du TNP et au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), avant de lancer des appels en faveur de l’entrée en vigueur du TICE et de l’universalisation du TNP.  Il s’est réjoui du choix porté sur le Burkina Faso pour accueillir l’atelier régional sur les inspections de la sûreté du transport des matières radioactives, prévu du 11 au 14 décembre prochains.   

M. EDUARDO ALCIBIADES SÁNCHEZ KIESSLICH (Mexique) s’est dit préoccupé par la recrudescence de la menace d’utilisation des armes nucléaires, déplorant leur banalisation et condamnant ceux qui prônent l’usage de la menace comme moyen de coercition.  Ce ne sont pas des questions abstraites, a‑t‑il insisté.   

La plupart des États sont non dotés et respectent à la lettre le TNP, a rappelé le représentant, ajoutant que certains pays ont adhéré à d’autres traités comme ceux établissant des ZEAN ainsi que, plus récemment, le TIAN.  Le Mexique, a‑t‑il rappelé, présidera la deuxième Conférence des États parties au TIAN cette année à New York, avant d’inviter les pays non parties à participer en tant qu’observateurs.  Il a en outre salué le Secrétaire général de l’ONU pour avoir attiré l’attention des pays membres sur le besoin d’éliminer les armes nucléaires dans le cadre du Nouvel Agenda pour la paix.   

Le représentant a rappelé avoir présenté le projet de résolution sur l’accélération de la marche vers un monde libéré des armes nucléaires, précisant que l’objectif principal était d’attirer l’attention sur le besoin de renforcer le respect des obligations prises dans le cadre du TNP –tout particulièrement de la part des États dotés.  L’objectif, a‑t‑il poursuivi, c’est que l’Assemblée générale relaie l’appel lancé en faveur du renforcement des engagements.  Ce texte contient également des informations sur les délibérations du groupe de travail chargé du processus d’examens du TNP et de la première session du Comité préparatoire à la onzième Conférence d’examen.  Enfin, au nom de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de son pays, il a annoncé le dépôt du projet de résolution relatif au TICE.   

M. ALEXANDER KMENTT (Autriche) a noté que les nouvelles technologies engendrent de nouveaux risques, lesquels, couplés à la rhétorique nucléaire de la Russie dans le cadre de sa guerre d’agression contre l’Ukraine, fragilisent notre monde commun.  Le TNP et le PAGC sur le programme nucléaire iranien sont en péril, a‑t‑il ajouté.  Dans ce contexte compliqué, l’entrée en vigueur du TICE permettrait que les essais, désastreux pour les victimes et l’environnement, soient relégués pour toujours dans le passé, a estimé le représentant.   

Pour l’Autriche, la communauté internationale a besoin d’un changement de paradigme: il devient indispensable de s’écarter définitivement des doctrines de dissuasion nucléaire.  Dans tous les cas, de telles doctrines de sécurité signifient que l’on se tient prêt à utiliser le feu nucléaire, en faisant fi par principe des conséquences systématiquement catastrophiques des détonations nucléaires, a fait observer le représentant.  C’est pourquoi il a appelé les délégations à soutenir le projet de résolution sur les conséquences humanitaires et environnementales de toute détonation nucléaire.  Enfin, le représentant a vu dans le TIAN une avancée concrète sur la voie d’un monde sans armes nucléaires.   

Mme JESSIE LIM (Singapour) a souligné les progrès significatifs en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires réalisés sous les auspices de l’AIEA, du TNP et du TICE.  Toutefois, un environnement sécuritaire international divisé a freiné cet élan positif, a‑t‑elle noté.  La représentante a rappelé que la sécurité de son pays dépend de l’État de droit international et a réaffirmé son attachement au TNP, pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Elle a rappelé que les États dotés d’armes nucléaires doivent remplir les obligations qui leur incombent en vertu de l’article VI du Traité et freiner la modernisation de leurs arsenaux.  Les États non parties au TNP doivent également être associés aux discussions sur le désarmement, dans le cadre des efforts consentis en faveur de l’universalisation du TNP, a‑t‑elle ajouté.   

La représentante a réitéré son soutien à l’entrée en vigueur du TICE et s’est dite encouragée par les récentes adhésions des Îles Salomon et de Sri Lanka.  Elle s’est déclarée favorable à l’ouverture, dans le cadre de la Conférence du désarmement, de négociations sur un FMTC.  Elle s’est félicitée des discussions qui ont eu lieu lors du premier comité préparatoire de la onzième Conférence d’examen du TNP sur la réduction du rôle des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité, le renforcement des garanties de l’AIEA et l’amélioration de l’efficacité de l’aide.  En outre, elle a réaffirmé son engagement en faveur du Traité de Bangkok qui a établi la zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Asie du Sud-Est.   

Mme CHRISTIAN HOPE REYES (Philippines) a déclaré que, tout comme le TIAN, l’entrée en vigueur d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, multilatéral, non discriminatoire, efficace et vérifiable complèterait le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Cela empêcherait non seulement la prolifération, mais limiterait également l’expansion des stocks d’armes nucléaires, a estimé la représentante.  Elle a rappelé que les Philippines, avec le Japon et l’Australie, avaient organisé, en marge du débat général de l’Assemblée générale, un événement de haut niveau pour inciter à la concrétisation des efforts déployés depuis trois décennies en faveur d’un tel traité.  En attendant le début des négociations à la Conférence du désarmement, les Philippines appellent à l’application d’un moratoire sur la production de telles matières fissiles. 

Après avoir exhorté à l’entrée en vigueur du TICE, la représentante a annoncé que les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) soumettraient un projet de résolution demandant le renforcement du Traité de Bangkok à l’origine de la ZEAN en Asie du Sud-Est.  Nous espérons en outre que la Fédération de Russie et les États-Unis reprendront la mise en œuvre du Traité New START, a par ailleurs déclaré la représentante.   

M. JORGE VIDAL (Chili) a estimé que le TIAN et le TNP étaient des instruments complémentaires. Le représentant a exhorté les États à signer, ratifier et adhérer au TIAN, ainsi qu’à voter en faveur des résolutions qui seront présentées relativement à ce traité.  Il a également demandé aux États figurant à l'annexe 2 du TICE de ratifier le Traité pour en permettre l’entrée en vigueur. Pour le Chili, ces trois traités doivent former le cadre de référence pour que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées.  

En outre, le représentant a réaffirmé l'importance de démarrer sans délais des négociations sur un traité interdisant les matières fissiles, y compris les stocks antérieurs, dans le cadre revitalisé de la Conférence du désarmement.  Enfin, le Chili adhère au principe de « l'indivisibilité » de la sécurité internationale, car tous les États, quelle que soit leur taille ou leur puissance, ont la responsabilité de contribuer à la consolidation d’un ordre international fondé sur le multilatéralisme, la coopération et régi par le droit international, y compris le droit international humanitaire, a conclu son représentant.   

M. MUTHANNA SALIH (Iraq) a fait part de sa déception concernant les résultats des neuvième et dixième Conférences d’examen du TNP. Le représentant a estimé qu’il fallait faire preuve de plus de souplesse pour relever ces défis et a émis l’espoir que la onzième Conférence d’examen soit couronnée de succès. Il y a 13 000 têtes nucléaires dans le monde, ce qui représente un problème pour le monde entier, a‑t‑il rappelé. Face à cette situation, toutes les parties doivent agir avec sérieux et respecter l’article VI du TNP.  En outre, des négociations dans le cadre de la Conférence du désarmement devraient aboutir à un traité qui permettrait l’interdiction de la production de matières fissiles et des stocks.  Ces négociations dans le cadre de la Conférence du désarmement doivent présenter un échéancier pour l’élimination complète des armes nucléaires, a en outre estimé le représentant, qui a aussi souligné l’importance de la création de zones exemptes d’armes nucléaires.   

M. HUSSAIN MOHAMMED AL-SAFRAN (Qatar) a apporté le soutien de son pays aux travaux de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  À cet égard, il a assuré la présidence libyenne de la quatrième session de la Conférence, qui aura lieu le mois prochain à New York, de la contribution constructive et de bonne foi de sa délégation.  Dans le contexte de tension géopolitique actuelle et de prolifération, la mise en œuvre de ces zones est un gage de confiance entre États voisins et de stabilité régionale, a‑t‑il ajouté.   

Après avoir appelé les États dotés parties au TNP à honorer leurs engagements en matière d’élimination de leurs arsenaux, le représentant a souligné la qualité des échanges techniques entre l’agence nationale de l’énergie atomique du Qatar et l’AIEA.  Il a annoncé que son pays organiserait au cours du premier trimestre 2024 une réunion sur l’utilisation pacifique du nucléaire civil.   

M. ZHANGELDY SYRYMBET (Kazakhstan) a attiré l’attention sur le fait que les armes nucléaires deviennent plus complexes avec les progrès de la science et des technologies nucléaires, comme en témoignent le degré de sophistication des systèmes de défense antimissiles actuelles et les systèmes de lancement hypersoniques. L’émergence de l’intelligence artificielle entraîne aussi des incertitudes encore plus grandes, a aussi mis en garde le représentant. Il a demandé que soient prises de toute urgence des mesures pour restaurer la confiance, qui est le pilier de la paix, et afin que tous les États respectent leurs engagements en vertu des instruments clefs de désarmement et de non-prolifération nucléaires.   

Rappelant la conviction de son pays qu’il est nécessaire de renforcer, d’autonomiser et de consolider les zones exemptes d’armes nucléaires existantes dans le but de les reproduire au Moyen-Orient, le représentant a affirmé que le TIAN renforce l’initiative portée par son pays pour parvenir à un monde sans armes nucléaires à l’horizon 2045. Le Kazakhstan se joint à d'autres pour réaffirmer la compatibilité du TIAN et du TNP.  Le représentant a rappelé que sa délégation et celle de Kiribati soumettraient un projet de résolution sur les conséquences humanitaires et environnementales des essais nucléaires, un texte qui, a‑t‑il expliqué, vise à utiliser le cadre des traités multilatéraux pour promouvoir l'assistance aux victimes et l'assainissement des territoires contaminés par les radiations.   

M. MUHAMMAD USMAN IQBAL JADOON (Pakistan) a déploré les évolutions négatives concernant la sécurité et la sûreté nucléaires sur le plan international, dont l’échec le plus criant est celui des États dotés de l’arme nucléaire à réduire leurs arsenaux.  La possibilité que les États reprennent des essais nucléaires est réelle, a regretté le représentant, ajoutant qu’en dépit d’appels lancés, la priorité, qui est de vivre dans un monde exempt d’armes nucléaire, recule.   

Le représentant a ensuite mis l’accent sur une nécessaire nouvelle approche du désarmement nucléaire, qui tienne compte de leur lien avec des armes classiques nouvelles et avancées.  Évoquant en particulier les « situations d’asymétrie des capacités conventionnelles et nucléaires », il a affirmé que, laissées sans réponse ou poursuivies de manière isolée, les perspectives de mettre fin à la course aux armements nucléaires ou de poursuivre le désarmement nucléaire ne resteraient qu’une utopie.   

Le représentant a également appelé à « reconnaître le contexte variable dans lequel évoluent les États possédant des armes nucléaires », affirmant que, pour le Pakistan, le développement de ces armes « reste uniquement guidé par les impératifs de sécurité et de défense ».   

Le représentant a ensuite détaillé l’opposition de son pays à « l’approche fondamentalement erronée » en faveur d’un traité qui aboutirait uniquement à un arrêt de la production future de matières fissiles.  Un tel traité  perpétuerait les asymétries et n’apporterait aucune valeur ajoutée au désarmement nucléaire, a‑t‑il affirmé, dénonçant aussi bien « le mantra égoïste » de certains États que le « zèle messianique »  de ceux qui insistent sur des « propositions gratuites » telles que le plafonnement quantitatif des matières fissiles comme « la prochaine étape logique », tout en résistant à l’inclusion de milliers de tonnes de stocks de matières fissiles dans le champ d’application d’un traité international.  Il a donc réclamé une « approche réaliste » qui reconnaisse l’importance d’un consensus sur un traité sur les matières fissiles qui remédierait aux asymétries des stocks existants et aboutirait à une sécurité égale et non diminuée pour tous les États. 

En attendant l’avènement d’un monde sans armes nucléaires, le représentant a jugé que la priorité devrait être donnée à la négociation d’un instrument juridique offrant aux États non dotés des garanties négatives de sécurité de la part des États dotés.  Une telle convention internationale aurait un impact transformationnel sur la création d’un environnement de sécurité international et régional propice, a estimé le représentant, qui a rappelé qu’en mars dernier, le Pakistan avait soumis à la Conférence du désarmement un nouveau document de travail sur la question.   

M. KONSTANTIN VORONTSOV (Fédération de Russie) a qualifié de fragmentée la communauté internationale face aux questions de désarmement nucléaire, estimant que le problème résulte de la réticence à prendre en compte l’environnement de sécurité dans le contexte du désarmement.  Au contraire, la sécurité internationale était évidente à l’époque de la création du TNP et clairement intégrée dans le traité, a‑t‑il estimé.  S’inscrivant en faux contre les tentatives de réviser l’approche que représente le TNP, le représentant a dénoncé l’irréalisme des raccourcis vers le zéro nucléaire, visant notamment les interdictions pures et simples de ces armes.   

Le représentant a estimé qu’aujourd’hui, la possession d’armes nucléaires est la seule réponse possible aux menaces extérieures qui pèsent sur la Russie, fustigeant l’attitude antirusse de l’Occident.  Dans de telles conditions, a‑t‑il poursuivi, son pays affaiblirait considérablement sa sécurité nationale en réduisant son arsenal nucléaire.  Il a dénoncé le fait que les États-Unis maintiennent des armes nucléaires en Europe, estimant que la pratique de partage nucléaire de l’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) oblige la Russie à prendre des mesures compensatoires.   

La Fédération de Russie s’efforce de maintenir la prévisibilité et la stabilité face à la destruction du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et la suspension du Traité New START, a assuré le représentant, qui a blâmé pour cette situation la politique des États-Unis.  La Russie, a‑t‑il poursuivi, continuera de respecter les limites prévues par le Traité New START.  Quant au moratoire russe sur le déploiement de missiles terrestres à portée intermédiaire et à courte portée, il est mis à rude épreuve par les États-Unis, qui déplacent de telles armes en Europe et dans la Région Asie/Pacifique, a‑t‑il poursuivi.  Rappelant que son pays avait ratifié le TICE en 2000 –attendant en vain que les États-Unis fassent de même–, il a confirmé la préparation actuelle d’un projet de loi visant au retrait de son pays du Traité.  Selon lui, la responsabilité en incombe aux États-Unis.   

Pour l’heure, les appels au lancement de négociations sur le contrôle des armements nucléaires sont irréalistes, a estimé le représentant.  De telles initiatives ne sauraient être séparées des réalités actuelles et de l’état des relations entre les puissances nucléaires, a‑t‑il continué, estimant que la maîtrise des armements est destinée à consolider la démonstration réciproque de promouvoir une stabilité à long terme, fondée sur le respect mutuel des intérêts de sécurité.   

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a déclaré que, complémentaire du TNP, le TIAN devait être l’objet d’une attention accrue, afin de renforcer son importance et son efficacité.  Il a jugé fondamental son universalisation, et plus encore que les États dotés en reconnaissent la portée et l’utilité.  Ce Traité représente une alternative pragmatique vers l’élimination totale des armes nucléaires, a ajouté le représentant, indiquant que sa délégation s’était portée coautrice du principal projet de résolution qui lui est consacré.  Ce texte forme le vœu que la deuxième Réunion des États parties du TIAN, prévue fin novembre, permettra d’en accélérer la mise en œuvre, a‑t‑il précisé.   

Le représentant a souligné l’utilité des ZEAN, voyant dans leur création une étape nécessaire pour progresser vers le désarmement et la non-prolifération nucléaires.  Cette réalité se vérifie dans toutes les zones soumises actuellement à un régime de dénucléarisation, y compris le continent africain, devenu la quatrième zone du genre depuis l’adoption du Traité de Pelindaba, a‑t‑il ajouté, appelant à étendre cette expérience positive à toutes les parties du monde, « surtout celles confrontées à des tensions récurrentes ».  Le représentant a réaffirmé le soutien de son pays aux projets de résolution de la Première Commission sur les conséquences humanitaires et environnementales « catastrophiques » de l’utilisation des armes nucléaires ainsi qu’à l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire.   

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a jugé profondément inquiétante l’érosion continue de la confiance dans le domaine de la maîtrise des armements et de la non-prolifération.  Après l’extinction du Traité sur les FNI en 2019, en raison du non-respect par la Fédération de Russie, le Traité New START est resté le seul mécanisme contraignant garantissant la confiance et la vérification de la réduction des arsenaux nucléaires stratégiques, a‑t‑elle rappelé. Aussi la représentante s’est-elle dite préoccupée par la suspension par la Russie de sa participation à ce traité, l’appelant à revenir aux obligations y afférentes et à réaffirmer de plus son engagement pris au titre de la déclaration commune du P5 du 3 janvier 2022 sur la prévention de la guerre nucléaire et de la course aux armements.  

La représentante a rappelé que l’invasion russe de l’Ukraine avait empêché l’AIEA de mener ses activités de garantie et de vérification dans ce pays et considérablement accru la menace d’un accident nucléaire. En tant que membre du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, la Bulgarie condamne ce comportement dangereux et irresponsable et appelle à la pleine mise en œuvre des sept piliers du Directeur général de l’AIEA pour garantir la sûreté et la sécurité pendant un conflit armé. La Bulgarie soutient tout aussi fermement le programme de coopération technique de l'AIEA, a insisté la représentante, qui y a vu un mécanisme clef pour le transfert de technologie, le renforcement des capacités et l’amélioration de la sûreté et de la sécurité nucléaires et de ce fait, pour le renforcement de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.   

M. JAROSLAV ŠTĚPÁNEK (Tchéquie) a regretté que l’architecture internationale du désarmement continue de se détériorer, à l’image du Traité New START, dont la suspension annoncée par la Russie découle en réalité de son non-respect des obligations y afférentes, en particulier celles relatives au mécanisme de vérification prévu par cet instrument. Ce traité répond aux intérêts de sécurité de tous les États, a poursuivi le représentant, qui a donc appelé toutes les parties concernées à agir de manière responsable et à s’engager de manière constructive, afin de relancer la réduction des stocks.   

D’autre part, le représentant a dit observer avec préoccupation les demandes de certaines délégations visant à placer le projet d’accord de coopération militaire tripartite formé par l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni (AUKUS) sous le contrôle de l’AIEA. Pour lui, le temps n’est pas encore venu. La République tchèque soutient par ailleurs pleinement le mandat de l’Agence dans le domaine de la sûreté nucléaire et réfute les accusations entourant le rejet des eaux traitées de la centrale nucléaire de Fukushima. Le représentant a dit avoir à cet égard une confiance totale dans l’évaluation des experts de l’Agence comme dans les informations fournies régulièrement par le Gouvernement japonais. 

M. CARLOS EFRAÍN SEGURA ARAGÓN (El Salvador) a rappelé que son pays est parti au Traité de Tlatelolco qui a créé la première ZEAN au monde.  Il a soutenu que ces zones font partie intégrante de l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Il a reconnu le travail de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), qui a pour mandat de vérifier la mise en œuvre de la zone d’application du Traité et qui comprend les 33 pays de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.   

Le représentant a regretté que les deux Conférences d’examen du TNP n’aient pas été en mesure d’adopter des documents.  Si le TNP reste un instrument pertinent, il faut que le Comité préparatoire de la prochaine Conférence d’examen puisse avancer, a‑t‑il souligné.  Toutefois, il a estimé que le TNP n’est pas le seul moyen d’atteindre les objectifs en matière de désarmement nucléaire et a notamment souligné l’importance du TIAN en tant que mesure efficace pour la mise en œuvre de l’article VI du TNP et donc complémentaire aux objectifs et à l’esprit du TNP.   

Le représentant a souligné l’importance d’assurer la participation et le leadership égaux, pleins et efficaces des femmes et des hommes dans les instruments de l’architecture internationale du désarmement et de la non-prolifération.  Il faut insister sur le fait que les femmes ont un rôle important à jouer à cet égard, a‑t‑il martelé.  En outre, il a souligné la valeur de la participation de multiples parties prenantes aux processus liés à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Les échanges avec la société civile, les organisations non gouvernementales, le monde universitaire et l’industrie et leurs contributions mérite notre reconnaissance, a‑t‑il conclu.   

M. RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh) a relevé que seule une poignée d’États détiennent des armes nucléaires, lesquelles continuent cependant de représenter la plus grave menace actuelle pour l’humanité.  Ces armes ne protègent personne, a affirmé le représentant, qui a plaidé en faveur de leur élimination complète à travers le TIAN et exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier au plus vite ce Traité.  Se félicitant de l’entrée en vigueur du TIAN en 2021, il a aussi salué la Déclaration politique et le Plan d’action adoptés à l’issue de première réunion des États parties.   

Le représentant a dit sa déception après les échecs des neuvième et dixième Conférences d’examen du TNP, qualifié de la clef de voûte du régime de non-prolifération mondial.  Il s’est dit préoccupé par la modernisation des armes nucléaires et le développement de nouveau types d’armes nucléaires, appelant à un désarmement systématique, progressif, vérifiable et irréversible, conformément à l’article VI du TNP.  Dans ce cadre, il a appelé les États dotés à faire preuve de volonté politique.   

Le représentant a réaffirmé le droit des États d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Le Bangladesh est très intéressé par l’utilisation pacifique de l’atome, a‑t‑il poursuivi, estimant qu’elle lui permettrait d’atteindre ses objectifs de développement durable et assurant travailler dans le strict respect des normes de l’AIEA.  Enfin, il a apporté le soutien de son pays à un traité interdisant la production de matières fissiles, à la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, ainsi qu’à l’adoption d’un outil juridiquement contraignant qui protégerait les États non dotés contre les États dotés.   

M. PAPA SAMBA DIACK (Sénégal) a appelé les États dotés à limiter, sinon à freiner, la prolifération horizontale et verticale des armes nucléaires et à accorder des garanties négatives de sécurité aux pays non dotés en attendant la conclusion, en toute priorité, d’un instrument universel, inconditionnel, non discriminatoire et juridiquement contraignant visant à̀ garantir tous les États non dotés contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes.   

Le représentant a en outre plaidé en faveur de l’universalisation des zones dénucléarisées.  À cet égard, il a réitéré l’attachement de son pays au respect du Traité de Pelindaba, qui a consacré le statut de l’Afrique en tant que ZEAN.  Le Sénégal soutient également le projet de création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.   

Par ailleurs, estimant important de réaffirmer la foi commune dans le multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, le représentant en a appelé à la revitalisation des instances de désarmement par le rétablissement de la confiance mutuelle, une volonté politique accrue et un engagement plus conséquent de tous les États Membres en faveur de la pacification des relations internationales.   

M. MATÍAS ANDRÉS EUSTATHIOU DE LOS SANTOS (Uruguay) a fait part de son inquiétude liée au conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine et a appelé au règlement pacifique des différends entre les parties impliquées.   

Le représentant a rappelé que son pays n’a pas développé, produit ou acquis d’armes de destruction massive, qu’elles soient chimiques, biologiques ou nucléaires, apportant ainsi sa contribution au désarmement, à la non-prolifération, à la sécurité et à la paix internationales en faveur desquels il est fermement engagé.  Il a estimé essentiel de renforcer les échanges sur le plan multilatéral afin de faire progresser l’agenda international.   

Cependant, a ajouté le représentant, c’est aux États dotés d’armes nucléaires d’assurer un rôle de chefs de file, et ce, sans délai.  Il les a appelés au respect de leurs obligations d’éliminer leurs arsenaux nucléaires en vertu de l’article VI du TNP et des engagements découlant des Conférences d’examen du Traité.  De même, les États qui ne possèdent pas d’armes nucléaires devraient avoir la possibilité de faire un suivi du respect des engagements des pays qui en possèdent.  Le multilatéralisme est l’outil approprié pour y parvenir.  Le représentant a aussi réaffirmé son adhésion au Traité de Tlatelolco ainsi qu’au TICE, invitant les États Membres qui n’ont pas encore ratifié ce Traité à le faire sans délai en vue de son entrée en vigueur.   

M. GIDEON KINUTHIA NDUNG’U (Kenya) a estimé que la réalité des conséquences catastrophiques d’une détonation nucléaire devrait susciter un engagement constructif urgent, à l’appui d’une une volonté politique renouvelée et d’une mise en œuvre complète des obligations et engagements juridiques multilatéraux en vigueur, cela « jusqu’à ce que l’objectif d’élimination totale des armes nucléaires soit atteint ».  Nous devons cultiver sans relâche la confiance, la volonté politique et l’engagement en faveur du désarmement et de la non-prolifération, a‑t‑il dit.   

Pour le représentant, le Kenya, État partie au Traité sur une ZEAN en Afrique, reconnaît les zones régionales comme des éléments constitutifs d’un monde plus sûr.  Nous encourageons les efforts visant à établir de telles zones ailleurs dans le monde, a‑t‑il insisté.  Il a également rappelé que le droit des États à l’utilisation de la technologie nucléaire pacifique dans le respect des garanties de l’AIEA devait être respecté.  Le Kenya, membre de l’Agence, soutient un accès équitable à la technologie, en particulier pour les pays en développement.   

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) a reconnu le statut central du TNP dans le régime de non-prolifération nucléaire, soulignant la nécessité de progresser vers la pleine mise en œuvre de l’article VI.  Il a également apporté le soutien de son pays aux efforts de l’AIEA visant à universaliser son mécanisme d’application des garanties.  Plaidant en faveur du TIAN et du TICE, il a qualifié de prioritaire la ratification de ce dernier, en particulier par les États figurant à l’annexe 2 du Traité.  Il a également appelé à la conclusion rapide des négociations, au sein de la Conférence du désarmement, sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à être utilisées dans des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs.   

Qualifiant la menace nucléaire de la Russie de violation de la Charte des Nations Unies, le représentant a rappelé qu’elle en avait fait usage dès le début des hostilités contre son pays, augmentant le niveau d’alerte de ses forces nucléaires dans les premiers jours de l’invasion.  Il a également relevé que la Russie avait été le seul pays à bloquer le consensus sur le document final de la dixième Conférence d’examen du TNP en 2022.  La Russie, a‑t‑il poursuivi, s’est déclarée prête à procéder à un essai d’armes nucléaires, a suspendu sa participation au Traité New START et annoncé un déploiement d’armes nucléaires sur le territoire du Bélarus, suite à un accord entre les deux pays.  Plus récemment, elle a annoncé son intention de reconsidérer la ratification du TICE, a‑t‑il rappelé.  Pour le représentant, toutes ces actions et déclarations de la Russie sont contraires à la déclaration commune de janvier 2022 des dirigeants des P5 sur la prévention de la guerre nucléaire et la course aux armements.  La Russie, s’est-il alarmé, est prête à saper le TNP et, avec lui, le système de sécurité international dans son ensemble.  Il a appelé les États à ne pas se laisser prendre au piège de la menace nucléaire russe et à assurer une dissuasion fiable.   

Le représentant a appelé la RPDC à abandonner ses armes nucléaires, rappelant qu’elle ne pourra jamais avoir le statut d’État doté d’armes nucléaires conformément au TNP.  Enfin, il a exprimé ses inquiétudes sur le PAGC, estimant qu’il dépend toujours du respect par l’Iran de ses obligations.   

M. SUNGHOON KIM (République de Corée) a souligné que, si le désarmement nucléaire est une responsabilité partagée, le rôle moteur des États dotés d’armes nucléaires revêt indéniablement une importance particulière.  Le représentant s’est félicité des échanges de haut niveau entre les États-Unis et la Chine et a appelé à l’élargissement de cet engagement bilatéral en toute bonne foi.  Il a exhorté la Fédération de Russie à reprendre la mise en œuvre du Traité New START.   

Le représentant a estimé que les garanties négatives de sécurité peuvent contribuer de manière substantielle à la non-prolifération nucléaire, dans la mesure où ces garanties pourraient réduire les incitations des États non dotés d’armes nucléaires à acquérir des armes nucléaires.  Toutefois, l’obsession de la RPDC pour les programmes nucléaires, et le niveau sans précédent de ses provocations, avec le lancement de plus de 100 missiles en un an, en violation du droit international, menacent le régime international de non-prolifération nucléaire, a‑t‑il estimé.   

La République de Corée et les États-Unis ont, à maintes reprises, donné de nombreuses garanties de sécurité à la RPDC, sous diverses formes, a assuré le représentant.  Les menaces nucléaires illégales de la RPDC, qui ne cessent de croître, sont la raison même pour laquelle la République de Corée renforce sa coopération avec les États-Unis en matière de dissuasion élargie, et non l’inverse.  Pour le représentant, il est donc évident qu’il n’existe aucune raison légitime de justifier les tentatives illégales de la RPDC de développer des armes nucléaires et des missiles balistiques.  Il a demandé instamment à la RPDC d’abandonner toutes ses armes nucléaires, tous ses missiles balistiques et tous ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible, de se conformer pleinement aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de reprendre le dialogue.   

Mme LINDA KESSE ANTWI (Ghana) a considéré que les politiques de non-prolifération ne devraient jamais porter atteinte au droit inaliénable des États d’accéder aux matières et technologies nucléaires à des fins pacifiques.  Le Ghana souligne que le développement pacifique de la technologie nucléaire doit être mené sous la supervision de l’AIEA et dans le plein respect de ses garanties, protocoles additionnels et régimes de vérification.   

La représentante a mis en avant l’importance des ZEAN pour le désarmement nucléaire et les traités correspondant, tels que le Traité de Pelindaba pour l’Afrique.  À cet égard, elle a salué les progrès réalisés à la suite de la convocation des première, deuxième et troisième sessions de la Conférence sur la création d’une ZEAN au Moyen-Orient.  Selon elle, c’est grâce à la coopération et à une volonté résolue qu’il sera possible de surmonter les défis qui attendent les pays, ce qui suppose la reconnaissance mutuelle que les armes nucléaires constituent une menace constante pour l’humanité.  Choisissons la voie de la paix, de la coopération et de la prospérité partagée pour le bien-être de tous, a‑t‑elle conclu.   

M. OGASAWARA ICHIRO (Japon) a réaffirmé le statut central du TNP, clef de voûte du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaire.  Toutefois, a déploré le représentant, le chemin est semé d’embûches toujours plus nombreuses.  Il a ainsi dénoncé en particulier la Russie, avec sa rhétorique nucléaire dans sa guerre contre l’Ukraine, et la Chine, qui accumule des armes nucléaires sans dialogue ni transparence.  Dans ce cadre, il importe de sauvegarder le TNP, a‑t‑il estimé.   

Le Japon déploie des efforts conformément à son plan d’action d’Hiroshima, annoncé l’année derrière, a poursuivi le représentant.  Ce plan donne la priorité au plafonnement qualitatif –avec l’interdiction des essais– et quantitatif –avec l’interdiction de la production de matières fissiles pour des armes nucléaires.  Il existe des instruments efficaces, a estimé le représentant, qui a cité le TICE pour le premier, et le projet de traité sur les matières fissiles pour le second.  Il a également partagé ses inquiétudes face aux intentions russes de se retirer du TICE.   

Le Japon a soumis un projet de résolution pour fixer un cap vers un monde exempt d’armes nucléaires dans le contexte international actuel, a déclaré le représentant, expliquant qu’il s’agissait de mesures à prendre en vue d’élaborer une feuille de route.  Il a exprimé son espoir que cette approche, réaliste, créera un nouvel élan vers le désarmement.   

Le représentant a dit ses préoccupations face aux activités nucléaires et balistiques de la RPDC, appelant la communauté internationale à garantir le désarmement complet, vérifiable et irréversible dans ce pays.  Enfin, il a évoqué une initiative nationale pour transmettre aux jeunes générations les témoignages des hibakushas, les survivants des bombardements atomiques de 1945.   

M. PATRICK DUFFY (Irlande) a condamné fermement les menaces nucléaires de la Fédération de Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.  Il a souligné son soutien à l’AIEA dans sa contribution à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires en Ukraine.  La centrale nucléaire de Zaporizhzhia doit être rendue au contrôle ukrainien, a‑t‑il affirmé.  En outre, il a appelé la Russie à reprendre la mise en œuvre intégrale du Traité New START, et à annuler le déploiement annoncé d’armes nucléaires au Bélarus.   

Le représentant s’est réjoui de la deuxième Réunion des États parties au TIAN, rappelant qu’il est pleinement compatible avec le TNP et le complète.  Il a encouragé les États à soutenir les projets de résolution relatifs à l’interdiction des armes nucléaires et aux conséquences humanitaires de celles-ci.  Il a appelé les huit États figurant à l’annexe 2 du TICE qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au plus vite.   

En outre, le représentant a soutenu la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient et s’est dit encouragé par les résultats de la Conférence organisée sous l’égide des Nations Unies.  Il a en outre souligné le rôle indispensable de l’AIEA dans le domaine de l’énergie, de la sûreté et de la sécurité nucléaires, avant de demander instamment aux États qui développent leurs programmes nucléaires civils de modifier ou d’abroger leur protocole relatif aux petites quantités de matières et de signer et ratifier le protocole additionnel en priorité.   

Enfin, le représentant a jugé essentiel que l’Iran mette pleinement en œuvre le PAGC, en coopérant pleinement avec l’AIEA et en résolvant les questions de garanties en suspens.  Par ailleurs, il a demandé instamment à la RPDC de signer et de ratifier immédiatement le TICE, de se conformer à nouveau aux obligations qui lui incombent en vertu du TNP et de coopérer pleinement avec l’AIEA.   

M. MANUEL JESÚS DEL ROSARIO VELA (Espagne) a condamné la rhétorique nucléaire irresponsable et injustifiée utilisée par la Russie dans le cadre de son agression contre l’Ukraine et a déploré tant sa décision de suspendre sa participation au Traité New START que ses déclarations sur la possibilité de se retirer du TICE.  L’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires s’éloigne, ce qui constitue un énorme revers dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires et constitue une menace immédiate contre la paix et la sécurité internationales, a‑t‑il déploré.   

Pour relancer le désarmement multilatéral et la non-prolifération, le représentant a appelé au démarrage de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires au sein d’une Conférence du désarmement revitalisée.  Il a aussi appuyé la reprise de l’application du PAGC, notant que l’Iran doit pour cela collaborer avec l’AIEA afin que les questions en suspens puissent être résolues dans le cadre de son Accord de garanties.  Il a également jugé essentiel que la RPDC respecte toutes les résolutions du Conseil de sécurité, cesse définitivement ses essais d’armes nucléaires et de missiles et s’engage enfin la voie d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.   

M. TAWFIC OURO-TAGBA (Togo) a affirmé que l’élimination totale des armes nucléaires et l’assurance juridiquement contraignante qu’elles ne seront plus jamais produites demeurent les seules garanties absolues contre l’emploi ou la menace de leur emploi.  Le représentant a donc appelé à consolider les acquis historiques de la marche vers le désarmement nucléaire et à faire preuve de volontarisme pour parvenir le plus tôt possible à l’objectif ultime du désarmement nucléaire.  À cette fin, il a appelé à renouer avec la pratique du consensus afin que la prochaine Conférence d’examen du TNP ne se solde pas par un nouvel échec.  Il a aussi appelé au plein respect des engagements figurant dans le TNP, notamment celles de son article VI, qui incombent aux États dotés.   

Le représentant a appuyé l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires et l’élimination des stocks existants.  Il a insisté sur l’importance d’une entrée en vigueur au plus tôt du TICE.  Saluant le succès de la première réunion des États parties au TIAN à Vienne l’an passé, il a souhaité que la prochaine réunion permette de consolider les acquis.  Il a par ailleurs réaffirmé le rôle central des ZEAN dans la non-prolifération et le désarmement nucléaires et rappelé la nécessité de ne laisser aucune région du monde dépourvue de telles zones.   

Enfin, le représentant a réaffirmé l’attachement de son pays à la promotion de la coopération internationale dans les utilisations pacifiques de l’énergie atomique, droit inaliénable en vertu du TNP, et rappelé que le Togo avait bénéficié, cette année, de l’assistance technique de l’AIEA pour un projet de décret portant sur les mesures de sûreté et de sécurité du transport des matières radioactives.   

M. JULIEN THÖNI (Suisse) a estimé que seule l’élimination totale des armes nucléaires pourra nous débarrasser de la menace existentielle qu’elles représentent.  Dans ce cadre, le représentant a appelé à un renforcement des normes existantes de non-prolifération et contre l’emploi de ces armes, saluant les mesures préconisées par le Secrétaire général de l’ONU dans son Nouvel Agenda pour la paix.   

Le représentant a ensuite noté que le TNP est soumis à de fortes tensions.  Il a préconisé un retour à un processus d’examen fonctionnel et productif, rappelant avoir formulé avec l’Irlande et la Nouvelle-Zélande des propositions pour renforcer la transparence et la redevabilité dans le cadre des Conférences d’examen du Traité.  Il s’est dit préoccupé par l’érosion de l’architecture de maîtrise des armes nucléaires, les arsenaux des pays dotés étant en cours de modernisation.  En outre, a‑t‑il noté, de multiples rapports indiquent qu’un État doté serait en train d’accroître son arsenal, en contradiction avec ses obligations prises dans le cadre du TNP.   

Le représentant a plaidé en faveur d’un renforcement des normes contre les armes nucléaires, plus particulièrement contre leur emploi.  La conformité de leur utilisation avec le droit international, et plus particulièrement le droit international humanitaire, est difficile à imaginer, a‑t‑il rappelé.  Il a également préconisé la réduction de leur rôle dans les doctrines militaires pour limiter le risque d’usage.  Enfin, il a exhorté les États non parties au TICE à y adhérer, ajoutant qu’il serait regrettable qu’un État revienne sur sa ratification.  Le représentant a également appelé au respect de la norme de non-prolifération.  Se disant déçu face à la paralysie du PAGC, il a appelé l’Iran à mettre en œuvre ses engagements.  De même, il a formulé ses inquiétudes face aux programmes nucléaires et balistiques de la RPDC, l’exhortant à revenir aux garanties du TNP et de l’AIEA.   

Enfin, le représentant a relevé l’augmentation des menaces.  Outre la rhétorique incendiaire de la Russie et ses déploiements d’armes nucléaires au Bélarus, il a mentionné les risques liés aux technologies émergentes, comme l’intégration de l’intelligence artificielle dans les structures de commandement et de contrôle nucléaires, plaidant pour un plus ample dialogue à ce propos.   

M. MOHAMMAD GHORBANPOUR NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a souligné que les États dotés d’armes nucléaires ont l’obligation juridiquement contraignante de parvenir à un désarmement nucléaire complet sans imposer de conditions.  Les États non dotés d’armes nucléaires ont adhéré au TNP dans l’espoir de ne pas être visés ou menacés par des armes nucléaires, a‑t‑il estimé.  Le TNP vise à garantir la sécurité de toutes les nations, et non le monopole nucléaire de quelques privilégiés, a insisté le représentant, avant de souligner que la seule garantie contre la menace d’utilisation d’armes nucléaires est leur élimination complète, conformément à l’article VI du TNP.  D’ici là, les États dotés d’armes nucléaires ont l’obligation de fournir des garanties inconditionnelles contre l’utilisation d’armes nucléaires, a‑t‑il estimé, avant de dénoncer les États-Unis, le Royaume-Uni et l’OTAN, en tant qu’alliance militaire nucléaire, comme les principaux coupables de l’affaiblissement des progrès vers le désarmement nucléaire, voire leur empêchement.   

En outre, le représentant a exprimé de sérieuses inquiétudes concernant le programme nucléaire militaire clandestin d’Israël.  Le refus du « régime israélien » d’adhérer au TNP et de soumettre ses activités nucléaires à des garanties constitue une menace permanente pour la paix et la sécurité internationales, a‑t‑il affirmé.  À cet égard, les récentes déclarations du Premier Ministre du « régime » devant l’Assemblée générale, qui plaide ouvertement en faveur d’une « menace nucléaire crédible » à l’encontre de l’Iran, exigent une réponse internationale forte.  La communauté internationale doit exhorter ce régime à adhérer au TNP et à soumettre ses installations nucléaires aux garanties de l’AIEA, a‑t‑il affirmé.   

Le représentant a souligné l’engagement inébranlable de l’Iran à coopérer avec l’AIEA, en mettant en place de solides activités de vérification et de contrôle.  Le représentant a affirmé que les États-Unis s’étant retirés du PAGC il y a cinq ans, les sanctions illégales se poursuivent.  Les responsables de cette situation doivent lever les sanctions illégales, a‑t‑il affirmé.  En conclusion, il a souligné que l’Iran, en tant que coauteur, présentera un projet de résolution biennal sur le « Suivi des obligations en matière de désarmement nucléaire convenues lors des Conférences d’examen du TNP », et a émis l’espoir qu’il sera adopté avec un large soutien.   

Mme MICHAL MAAYAN (Israël) a déploré la remise en cause des bases du contrôle des armements et de la non-prolifération par un certain nombre d’États.  Ce qui commence par un manque d’engagement se poursuit avec le non-respect des obligations juridiques et finit par saper le socle sur lequel repose la sécurité mondiale, a averti la représentante.  À ce titre, elle a apporté le soutien de son pays aux efforts mondiaux de non-prolifération dans le cadre de l’AIEA ou du TIAN.  Israël, a‑t‑elle ajouté, est partie d’une initiative mondiale pour lutter contre le terrorisme nucléaire.   

Reconnaissant la contribution majeure du TNP, la représentante a toutefois estimé qu’un régime de non-prolifération n’est efficace que dans la mesure du respect que lui accordent ses membres.  À ce titre, le TNP ne représente pas un remède aux défis sécuritaires uniques au Moyen-Orient, a‑t‑elle poursuivi, rappelant que quatre des cinq cas de violation grave du Traité ont eu lieu dans la région.   

La représentante a ainsi a mentionné les grandes quantités d’uranium fortement enrichi que possède l’Iran, alors qu’il s’agit d’un matériau qui n’a aucune justification civile.  Elle a accusé l’Iran d’utiliser les négociations uniquement pour « jouer la montre » et continuer de développer son programme nucléaire militaire, estimant qu’il n’y avait jamais renoncé.  Elle a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour que l’Iran coopère avec l’AIEA.  Il est difficile d’imaginer l’étendue des dégâts si des entités pilotées par l’Iran, comme le Hamas, avaient accès à des armes nucléaires, s’est-elle alarmée.  Elle s’est également inquiétée de l’existence en Syrie d’un réacteur nucléaire qui n’aurait pas été inspecté par l’AIEA, mentionnant une résolution de 2011 de l’Agence.  Selon elle, il s’agit, d’un dangereux précédent en matière de non-respect.   

Enfin, la représentante s’est inscrite en faux contre le projet d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Ces derniers jours ont montré que la région continue d’être aux prises avec l’instabilité, la terreur, la haine et le rejet d’Israël, a‑t‑elle déclaré.  Face à une telle réalité, Israël a l’obligation de protéger ses civils et ne peut se fier qu’à lui-même, a‑t‑elle poursuivi, ajoutant en conclusion que son pays n’avait aucune intention de confier sa sécurité à des arrangements internationaux.   

M. JARMO VIINANEN (Finlande) a appelé la Fédération de Russie à mettre fin à ses menaces nucléaires insensées.  Il s’est dit déçu par la décision de la Russie de se retirer du Traité New START et inquiet de voir ce pays développer et déployer des armes nucléaires déstabilisantes, contribuant ainsi à l’escalade des tensions.  Par ailleurs, le représentant a déclaré qu’il suivrait de près le développement de l’arsenal nucléaire de la Chine et appelé ce pays à être plus transparent.  Il semble plus important que jamais que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, a‑t‑il conclu.   

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a appelé de ses vœux la négociation, au sein d’une Conférence du désarmement revitalisée grâce à la volonté politique de ses membres, d’un instrument juridiquement contraignant apportant des garanties négatives de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires, et d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  La Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) défend cette approche et plaide pour l’entrée en vigueur du TICE pour sortir le désarmement et la non-prolifération de l’ornière, a‑t‑elle ajouté.   

La représentante a également salué les travaux pionniers réalisés par les différents groupes d’experts sur la vérification du désarmement nucléaire, y compris les jalons qu’ils ont su poser à travers des rapports obtenus par consensus qui pourraient jeter les bases d’un régime robuste en la matière.   

Mme VICTORIA LIETA LIOLOCHA (République démocratique du Congo) a rappelé les discussions menées l’année dernière dans cette même salle à propos de la pandémie de COVID-19 et de la manière dont elle avait révélé nos faiblesses.  Cette même réflexion, a estimé la représentante, devrait nous inciter à réfléchir sur ce que deviendrait le monde après un seul accident impliquant une utilisation, accidentelle ou non, des armes nucléaires.  Elle a en outre rappelé que, l’année dernière, 82,9 milliards de dollars avaient été dépensés pour la modernisation des arsenaux nucléaires – des sommes qui auraient pu servir à réaliser les objectifs de développement durables, a‑t‑elle déploré.  Pendant que les États dotés traînent les pieds, le rôle de l’intelligence artificielle prend de l’ampleur, s’est inquiétée la représentante, pour qui cette technologie peut, tout comme les cyberattaques, augmenter le risque d’utilisation accidentelle d’armes nucléaires.   

Les effets des armes nucléaires ne se limitent pas aux frontières des zones ciblées, a poursuivi la représentante, qui a noté qu’ils pourraient aussi toucher les pays appartenant pourtant à des ZEAN.  Face à ce problème, elle a estimé que le TIAN reste l’initiative la plus convaincante, saluant le travail effectué par les États parties au Traité pour mettre en œuvre le Plan d’action de Vienne.  Elle a lancé un appel aux États non encore signataires pour qu’ils y adhèrent.   

La République démocratique du Congo reste engagée en faveur du désarmement nucléaire à travers les nombreux traités internationaux qu’elle a ratifiés: TNP, Traité de Pelindaba, ainsi que la signature du protocole additionnel relatif à l’application de garanties, a déclaré la représentante.  Enfin, se prononçant pour le droit à exploiter l’atome à des fins pacifiques, elle a encouragé l’AIEA à continuer d’offrir de l’assistance technique dans ce but.   

M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni) a rappelé être le seul État doté d’armes nucléaires à utiliser un seul système de lancement.  Il a déploré que certains États augmentent leurs arsenaux nucléaires, tandis que d’autres en développent de nouveaux qu’ils intègrent dans leurs stratégies et doctrines politiques pour contraindre les autres.  L’invasion illégale de l’Ukraine par la Fédération de Russie, ainsi que les programmes nucléaires de la RPDC et de la République islamique d’Iran continuent de jeter une ombre sur les négociations internationales en matière de désarmement, a déclaré le représentant.   

Le Royaume-Uni joue un rôle actif dans la recherche sur la vérification, par le biais de son programme national mais aussi via les travaux novateurs entrepris avec le « Quad Nuclear Verification Partnership » et d’initiatives internationales telles que le Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.  En outre, le représentant a souligné que son pays a signé et ratifié les protocoles aux traités relatifs aux ZEAN en Amérique latine et dans les Caraïbes, dans le Pacifique Sud, en Afrique et en Asie centrale.  Il a dit être prêt à faire de même pour l’Asie du Sud-Est.   

Le représentant a rappelé que le Royaume-Uni est un fervent partisan du TICE qui, depuis 25 ans, veille à ce qu’aucune explosion expérimentale d’arme nucléaire ne passe inaperçue.  Il est de notre responsabilité collective de faire respecter l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a‑t‑il déclaré, et de promouvoir l’entrée en vigueur du Traité.  À cet égard, il a invité les États visés à l’annexe 2 à signer ou ratifier le Traité dans les meilleurs délais.   

Au cours de l’existence de l’OTICE, la RPDC a procédé à six essais nucléaires et s’est préparée à en effectuer un septième, a rappelé le représentant, pour qui ce pays doit abandonner son programme nucléaire illégal de manière complète, vérifiable et irréversible, reprendre le dialogue, et signer et ratifier le TICE.  Si la RPDC procède à un nouvel essai, la communauté internationale devra réagir fermement, a‑t‑il martelé.  En outre, il a assuré que le Royaume-Uni restait profondément attaché à la mise en œuvre du TNP sous tous ses aspects.   

Mme THI THANH HAI TRAN (Viet Nam) a souhaité des efforts supplémentaires pour parvenir à un instrument juridiquement contraignant apportant des garanties négatives de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires, et pour établir de nouveaux mécanismes de nature à promouvoir la réduction des armements stratégiques parmi les États dotés.   

En attendant l’élimination totale de ces armes, la représentante a souligné la contribution importante des ZEAN pour se rapprocher d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Elle a également réaffirmé le droit inaliénable des États d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Le Viet Nam appuie le rôle précieux de l’AIEA dans la promotion des applications pacifiques de la technologie nucléaire et espère poursuivre sa coopération en ce sens avec l’Agence, a‑t‑elle conclu.   

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a plaidé en faveur d’actions collectives face à un contexte géopolitique tendu, qui intensifie le risque d’un recours aux armes nucléaires.  Le représentant a manifesté sa déception face à l’échec des deux dernières Conférences d’examen du TNP.  De même, il a déploré que le TICE n’ait pas encore atteint son objectif, lequel requiert la ratification de tous les États mentionnés à son annexe 2.  Il a donc appelé à travailler à renforcer la crédibilité du TNP et à parvenir à l’entrée en vigueur du TICE.  Le représentant a ensuite réitéré l’attachement de son pays au TIAN, considérant qu’il complétait d’autres instruments, comme le TNP, en vue de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a encouragé la participation de tous les États, même non signataires, à la deuxième réunion des États parties au Traité, fin novembre à New York.   

Le représentant a insisté sur la complémentarité des diverses initiatives en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires, citant non seulement les traités internationaux, mais aussi les accords bilatéraux, les initiatives contre la prolifération et les forums régionaux.  Il a estimé que de telles approches favorisent la confiance mutuelle, la transparence et la coopération.  À ce titre, il a également salué le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.   

Enfin, le représentant a estimé que la confiance et les efforts régionaux jouent un rôle essentiel dans le renforcement de la paix et de la sécurité.  Il a donc soutenu la création de ZEAN dans toutes les régions, y compris au Moyen-Orient.  Rappelant que la Thaïlande est partie au Traité de Bangkok ayant créé la ZEAN en Asie du Sud-Est, il a exhorté les États Membres à soutenir le projet de résolution qui sera déposé à ce propos au sein de la Première Commission.   

M. AHMET ERMAN ÇETIN (Türkiye) a estimé que, plus de 50 ans après son entrée en vigueur, le TNP reste la pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération nucléaire et a appelé les États qui n’y sont pas parties à y adhérer sans conditions.  Le représentant s’est déclaré favorable à un désarmement nucléaire systématique, progressif, vérifiable, irréversible et qui tienne compte de l’environnement stratégique.  Il a souligné la responsabilité particulière des États dotés et les a encouragés à prendre des mesures en vue de réduire leurs arsenaux nucléaires et de parvenir à une plus grande transparence concernant leurs doctrines nucléaires et de sécurité.   

Le représentant a regretté qu’après quatre semaines de négociations intensives, la dixième Conférence d’examen du TNP n’ait pas été en mesure de se mettre d’accord sur un document final, estimant toutefois que cela n’entachait en rien sa pertinence.  En tant que membre de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, la Türkiye salue les efforts visant à renforcer le processus d’examen du Traité.  Le représentant a regretté que le groupe de travail sur le renforcement du processus d’examen du TNP n’ait pas pu se mettre d’accord sur des recommandations concrètes.  Il a en outre appelé les États figurant à l’annexe 2 au TICE qui n’y sont pas encore parties à y adhérer sans délai ni condition préalable.   

Par ailleurs, le représentant a maintenu son engagement en faveur de la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, conformément à la décision de la Conférence d’examen de 1995.  En tant que membre du Conseil des gouverneurs de l’AIEA et nouveau venu dans le domaine de l’énergie nucléaire, il a souligné l’importance de l’accord de garanties généralisées (AGG) de l’AIEA, ainsi que du protocole additionnel pour la sûreté et la sécurité des applications pacifiques de la technologie nucléaire.   

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a accusé les États-Unis de mener avec obstination des opérations militaires provocatrices et hostiles qui menacent gravement la sécurité de la RPDC et des pays voisins, tout en prônant une « logique de puissance » mégalomane, augmentant ainsi le risque d’une guerre nucléaire sans précédent dans l’histoire.  En envoyant un sous-marin nucléaire stratégique dans et autour de la péninsule coréenne pour la première fois en 42 ans, les États-Unis et leurs alliés ont, selon le représentant, manifesté la volonté de provoquer une guerre nucléaire contre son pays.   

Dans ce contexte, le renforcement par la RPDC de sa dissuasion nucléaire d’autodéfense constitue l’exercice d’un droit souverain légitime pour empêcher une telle catastrophe et pour sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RPDC, a plaidé le représentant.  Il a prévenu que « tant que les armes nucléaires tyranniques des impérialistes existeront sur la planète, nous ne modifierons ni n’abandonnerons le statut actuel de notre pays en tant qu’État doté d’armes nucléaires ».  C’est en tant qu’État responsable doté d’armes nucléaires que la RPDC remplira sa mission, qui est d’empêcher une guerre nucléaire en vue de contribuer à l’édification d’un monde pacifique où prévaut la justice internationale, justice que bafouent les États-Unis, a conclu le représentant.   

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a dit se joindre à la majorité des États Membres de l’ONU en appelant de ses vœux l’élimination totale des armes nucléaires.  Le TICE fournit des bases essentielles à cette fin, a‑t‑il estimé, se félicitant du nombre d’États signataires, qui s’élève à 178, et appelant les pays restant à le ratifier pour en faciliter l’entrée en vigueur.  Il a également estimé encourageante la mise en vigueur du TIAN en 2021, saluant le succès de la première Réunion des États parties l’année dernière.   

Le TNP et le TIAN sont complémentaires, a également estimé le représentant.  Le premier reste la clef de voûte du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et de l’utilisation pacifique de l’atome, a‑t‑il poursuivi, appelant les États signataires à réaffirmer leurs engagements malgré les échecs des dernières Conférences d’examen du TNP. 

Le représentant a plaidé en faveur de la promotion pacifique de l’énergie nucléaire, remerciant l’AIEA pour son assistance sans faille.  Avec les autres États membres de l’ASEAN, il a réaffirmé son engagement avec l’Agence, notamment en mettant en œuvre les arrangements pratiques de coopération de 2019.  Cette année, a‑t‑il annoncé, l’ASEAN proposera un projet de résolution sur la ZEAN en Asie du Sud-Est.   

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a estimé que les armes nucléaires ne sont pas neutres du point de vue du genre.  Les femmes et les filles courent un risque beaucoup plus élevé de développer un cancer que les hommes ou les garçons, a‑t‑elle affirmé, et ce sont elles qui donnent naissance à des enfants souffrant de malformations graves et de maladies graves.  Du fait de ces malformations, elles risquent d’être étiquetées comme « non mariables », ce qui représente, dans de nombreuses régions du monde, une tragédie socioéconomique.   

Lors de la dixième Conférence d’examen du TNP, en 2022, 67 pays ont publié une déclaration commune sur l’égalité des sexes et l’égalité des chances qui souligne l’importance d’une participation pleine, égale et efficace des femmes dans tous les aspects du Traité, a rappelé la représentante.  Ces préoccupations ont été reflétées dans le projet de document final de la dixième Conférence d’examen du TNP, qui contenait de nombreuses références aux questions de genre, en particulier en ce qui concerne la participation significative et le rôle de premier plan des femmes dans le TNP, a‑t‑elle souligné.  En dépit de l’absence de consensus sur le document final, ce libellé a été accepté par tous les États parties, a‑t‑elle fait observer.  Par ailleurs, a‑t‑elle rappelé, le Plan d’action de Vienne relatif au TIAN décrit toute une série de mesures reconnaissant les questions de genre, en demandant des mesures, comme la création d’un plan focal concernant l’application de rapports.   

Il existe une disparité marquée dans le niveau et le nombre de femmes par rapport aux hommes dans les domaines du désarmement, de la non-prolifération et de la maîtrise des armements, a fait observer la représentante.  Ici même, dans le forum universel par excellence, on ne comptait que 37% de femmes déléguées en 2022, a‑t‑elle souligné.  Il s’agit de sensibiliser tout un chacun aux questions de genre pour être conscients de ce biais qui existe dans les domaines de sécurité, a‑t‑elle encore déclaré.   

Mme GIEDRĖ GELEŽEVIČIENĖ (Lituanie) a déclaré que la situation à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia, la plus grande d’Europe, reste alarmante, la Russie poursuivant sa saisie illégale de la centrale et le stationnement d’équipements et de personnel techniques et militaires.  Après avoir rappelé que la Russie menace d’utiliser des armes nucléaires et exprime son intention d’implanter ses armes nucléaires dans un pays voisin -le déploiement annoncé d’armes nucléaires russes au Bélarus étant incompatible avec l’engagement pris par ce pays en vertu du Mémorandum de Budapest- la représentante a noté avec préoccupation la suspension du Traité New START par la Russie et les mesures prises pour révoquer sa ratification du TICE.  Ces développements démontrent la dépendance croissante de la Russie à l’égard des armes nucléaires, a‑t‑elle considéré.  En conclusion, elle a réaffirmé l’engagement de toujours de son pays en faveur de la maîtrise des armements, du désarmement et de la non-prolifération, et appelé tous les États à respecter leurs obligations et engagements dans ces domaines.   

M. KEDIR GETAHUN (Éthiopie) a fait part de son inquiétude face à la situation actuelle du désarmement et à l'aggravation de la situation géopolitique mondiale, qui nécessitent la promotion et la réalisation rapide des objectifs de désarmement nucléaire. En Afrique, nous avons montré notre conviction de garantir la paix et la sécurité régionales en adoptant le Traité de Pelindaba faisant du continent une zone exempte d'armes nucléaires, qui affirme aussi le droit fondamental et inaliénable de toutes les nations à développer, produire et utiliser des armes nucléaires à des fins pacifiques, a rappelé le représentant.  L'Éthiopie remplit les obligations qui lui incombent en vertu de ce Traité, a‑t‑il ajouté.   

Le représentant a réitéré l'importance vitale de la mise en œuvre et du renforcement des trois piliers du TNP de manière équilibrée et non discriminatoire. Il s'agit là d'un élément essentiel de nos efforts collectifs pour progresser dans le domaine du désarmement nucléaire et parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, a‑t‑il conclu.   

M. LEONARDO BENCINI (Italie) a plaidé en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.  Dans ce but, il a préconisé une approche progressive, appelant les États dotés à prendre des mesures concrètes par le biais d’une réduction de leurs arsenaux.  Le représentant a regretté l’absence de consensus à l’issue de la première Réunion du Comité préparatoire de la onzième Conférence d’examen du TNP, qui s’est tenue en août dernier à Vienne.  Néanmoins, il s’est dit encouragé par le large degré de convergence quant aux mesures visant à renforcer le processus d’examen et sur les questions de transparence et de responsabilité.  Il a appelé les États parties au TNP à faire preuve de responsabilité pour permettre le succès de la onzième Conférence d’examen, en 2026.  Il n’y a pas d’alternative au TNP, a‑t‑il poursuivi, appelant à sa préservation et à son renforcement.   

Réitérant l’attachement de l’Italie au TICE, le représentant s’est réjoui que huit États supplémentaires y aient adhéré au cours du mandat que son pays a exercé en tant qu’un des coordonnateurs de l’article XIV.  Il a partagé sa préoccupation quant aux récentes déclarations des autorités russes sur leur possible retrait du Traité, les exhortant à ne pas aller de l’avant, et a encouragé les États non parties, en particulier ceux figurant à l’annexe 2, à ratifier le Traité.   

En vue de sortir de l’impasse, le représentant a appelé tous les États à respecter un moratoire sur la production de matières fissiles.  En outre, il a exhorté la Russie à cesser d’user de la menace nucléaire, à revenir au Traité New START, et à revenir sur sa décision de déployer des armes nucléaires au Bélarus.  Enfin, il a demandé à l’Iran de revenir sans délai à la diplomatie pour raviver le PAGC, et à la RPDC de prendre des mesures concrètes vers une dénucléarisation complète.   

M. TAMÁS TALPAI (Hongrie) s’est alarmé que la situation internationale menace de saper les normes visant à empêcher l’utilisation, la dissémination et les essais d’armes nucléaires.  Dans le conflit militaire en Ukraine, le risque d’utilisation d’armes nucléaires est plus élevé que jamais depuis l’apogée de la guerre froide, a estimé le représentant.  Pour la Hongrie, les États dotés ont une responsabilité particulière dans le domaine du désarmement nucléaire et le représentant s’est dit profondément préoccupé par l’absence actuelle de dialogue et la course qualitative aux armements nucléaires en cours.  Il a fait part de sa déception concernant l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, achevée sans l’adoption d’un document final global, et par celui de la première session du Comité préparatoire à la onzième Conférence d’examen, à l’issue duquel aucun rapport consensuel n’a pu être adopté.   

Le désarmement nucléaire nécessite une approche progressive impliquant des mesures graduelles et concrètes qui peuvent produire des résultats tangibles, a déclaré le représentant, pour qui il faudrait se concentrer sur l’identification des domaines où il est possible de trouver un terrain d’entente et un consensus incluant les États dotés d’armes nucléaires.  Pour la Hongrie, une de ces mesures est l’entrée en vigueur du TICE, qui devrait être une priorité absolue pour tous, car il ne peut y avoir de désarmement nucléaire significatif sans une interdiction complète et totale des essais nucléaires.   

Un traité sur les matières fissiles limiterait la quantité de matière à usage militaire direct et contribuerait également à la mise en œuvre des obligations découlant de l’article VI du TNP, a par ailleurs estimé le représentant, pour qui les États dotés et les États non dotés devraient travailler ensemble à la création d’un tel instrument.  Enfin, il a estimé que l’accord de garanties généralisées de l’AIEA et le protocole additionnel devraient constituer la norme de vérification actuelle dans le cadre du TNP. 

M. THOMAS FETZ (Canada) a accusé la Chine d’accumuler de manière évidente une plus grande quantité d’armes nucléaires, tout en rejetant un moratoire volontaire sur la production de matières fissiles pour la fabrication de telles armes.  La Russie, quant à elle, continue de brandir ses menaces et d’agir de manière irresponsable sur le plan nucléaire tout en menant une guerre agressive contre l’Ukraine, a noté le représentant, qui s’est dit profondément troublé par le fait que la Russie puisse révoquer sa ratification du TICE et reprendre ses essais nucléaires. 

Le représentant a également exprimé la préoccupation du Canada devant les efforts de l’Iran pour accroître son programme nucléaire.  Il a condamné les programmes illégaux d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la RPDC, ainsi que son intention déclarée d’accroître son arsenal d’armes nucléaires.   

Quant à l’élaboration, dans le cadre de la Conférence du désarmement, d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, le représentant a indiqué que le principal projet de résolution sur ce point propose, cette année, une nouvelle option pour des progrès, en invitant les États qui possèdent des armes nucléaires à agir et l’ONU à offrir un soutien en matière de facilitation.  Le Canada demande l’appui des autres délégations pour cette prochaine étape importante.  Le représentant a, par ailleurs, déclaré que son pays appuierait tout particulièrement les projets de résolution les plus ouvertement inclusifs.   

M. KHALID ABDULLAH M. ALIBRAHIM (Arabie saoudite) s’est dit convaincu de l’importance du TNP, pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  À ce titre, il a appelé à respecter l’équilibre des trois piliers du Traité, appelant tout particulièrement à la mise en œuvre de l’article VI pour parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires.  Le représentant a déploré les échecs des neuvième et dixième Conférences d’examen du TNP, de même que celui de la première Réunion préparatoire à la onzième Conférence d’examen.  Le TNP fait face à un problème grave, s’est-il inquiété, qui requiert une action sérieuse pour que soit conservée sa force juridique.   

La sécurité et la stabilité ne sauraient être instaurées par la possession des armes nucléaires, a déclaré le représentant, estimant que la mise au point de systèmes de dissuasion déchaînerait une course aux armements.  Le développement des armes nucléaires mènera inévitablement à un monde propice aux conflits et à l’apparition de blocs militaires, a‑t‑il averti.   

Le représentant s’est dit pressé de voir la Conférence du désarmement sortir de la paralysie, préconisant dans ce but l’élaboration d’un programme d’action global et équilibré lui permettant de s’atteler aux fonctions pour lesquelles elle a été créée.  À ce titre, il a émis le souhait que de nouveaux membres soient acceptés, de manière à élargir le processus de négociation et de parvenir à l’universalisation des traités.   

Mme EMIOLA AJAYI (Nigéria) a estimé que face aux défis mondiaux actuels que sont le terrorisme, les changements climatiques, la cybercriminalité, la faim, les maladies zoonotiques, consacrer des ressources à l’entretien des armes nucléaires n’a aucun sens.  La représentante a rappelé que les pays africains ont adopté le Traité de Pelindaba, qui interdit l’acquisition d’armes nucléaires à des fins militaires et déclare l’Afrique ZEAN.  Elle a renouvelé son engagement envers le TNP et son soutien continu à ses buts et objectifs.  Toutefois, elle a dit son mécontentement face à l’échec consécutif sans précédent des Conférences d’examen du TNP depuis l’adoption d’un document final en 2010.  Ces échecs persistants érodent la crédibilité du Traité, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’humanité et l’environnement, a‑t‑elle ajouté.   

La représentante a fait part de sa fierté concernant le rôle actif qu’a joué le Nigéria en tant que coparrain dans les processus qui ont conduit à l’adoption du TIAN et à son entrée en vigueur.  Elle a enjoint aux États dotés d’armes nucléaires et ceux qui se trouvent sous ce qu’on appelle le « parapluie nucléaire », de saisir l’occasion de signer et de ratifier le Traité dans les meilleurs délais.  En outre, elle a réaffirmé le droit inaliénable de tous les États d’utiliser les technologies nucléaires pour leurs aspirations en matière de développement.   

Le TICE joue un rôle essentiel dans notre aspiration à éliminer les armes nucléaires, a déclaré la représentante.  Toutefois, la priorité du Nigéria est de veiller à ce que le TICE ne se limite pas à l’interdiction des essais d’armes nucléaires, mais qu’il souligne également l’importance de l’énergie nucléaire pour le bien des êtres humains et de l’environnement.  La mise en œuvre du TICE est essentielle pour notre sécurité en tant qu’humanité, a‑t‑elle conclu.   

M. WU JIANJIAN (Chine) a reconnu que la destruction complète des armes nucléaires est une aspiration commune.  Or, a noté le représentant, les circonstances invitent à renforcer le multilatéralisme pour sortir de la logique des blocs, soulignant que, pour la Chine, le désarmement nucléaire doit être progressif et porté en premier lieu par les États les plus dotés d’armes nucléaires.  La réduction des risques stratégiques doit être la priorité du P5, tout en assurant la sécurité de tout un chacun, a poursuivi le représentant, qui a appelé à l’abaissement du rôle des armes nucléaires dans les doctrines nationales sécuritaires.  Dans cette optique, il a rappelé l’attachement de son pays à l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur le non-emploi en premier d’armes nucléaires pour restaurer la confiance interétatique.   

Le représentant a par ailleurs demandé d’éviter de déployer des missiles de moyenne portée en Europe et en Asie/Pacifique.  En outre, a‑t‑il dit, la Conférence du désarmement devrait négocier un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires sur la base d’un programme de travail équilibré et dépolitisé.  Nos stratégies et politiques en matière de sécurité sont stables, ce qui n’est pas le cas de celles d’autres États dotés, a encore affirmé le représentant.  Ces politiques et stratégies n’ont pas varié, la communauté internationale le sait, a‑t‑il insisté, affirmant qu’elles ont contribué comme aucune autre au processus de désarmement nucléaire.   

M. BRUCE TURNER (États-Unis) a rappelé la doctrine de son pays, selon laquelle l’arsenal nucléaire a pour but de dissuader toute attaque nucléaire et défendre les intérêts vitaux des États-Unis et de leurs alliés.  La guerre nucléaire ne doit jamais être livrée, a poursuivi le représentant, appelant tous les États dotés à respecter ce principe.  Il a assuré que l’engagement de son pays est pleinement compatible avec le droit international, ajoutant que les États-Unis feraient montre d’un comportement responsable tant que les armes nucléaires continueront d’exister.   

Estimant la transparence indispensable pour dissiper les malentendus, le représentant a rappelé que son pays avait volontairement diffusé des données sur les armes stratégiques dans le cadre du Traité New START, tout en faisant observer que la Russie n’avait pas fait de même et en dépit de l’annonce par la Russie de son retrait du Traité.  Il a en outre déploré les projets russes de se retirer du TICE, estimant qu’une telle décision mettrait en danger les normes mondiales en matière de sécurité nucléaire.   

Le représentant a accusé la Chine de viser l’élargissement de son arsenal nucléaire tout en refusant de reconnaître son programme.  La Chine est le seul État doté à ne pas avoir adopté de moratoire sur la production de matières fissiles, a‑t‑il rappelé, relevant en outre qu’elle n’avait pas communiqué sa production à l’AIEA.  Le représentant a déploré les réticences chinoises face aux mesures de transparence et de réduction des risques.  Il a ensuite évoqué la RPDC, l’accusant d’avoir violé de multiples résolutions du Conseil de sécurité.   

Le représentant s’est dit prêt à travailler avec la Russie pour redémarrer le Traité New START, et a appelé la Chine à mener des discussions bilatérales pour promouvoir la stabilité et réduire les tensions.  Précisant que son pays visait la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne, il a assuré être disposé au dialogue sans prérequis avec la RPDC.  Enfin, il a lancé un appel en vue de soutenir des négociations multilatérales pour un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles pour des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires.   

M. ANUPAM RAY (Inde) a déclaré que son pays, en tant qu’État doté de l’arme nucléaire, mais responsable, a adopté une position qui consiste à ne pas utiliser en premier l’arme nucléaire contre tout État.  Le représentant a dit rester attaché au désarmement nucléaire.  Cet objectif est réalisable dans des délais limités, par un processus en étapes reposant sur un engagement universel et un cadre multilatéral, a‑t‑il estimé, précisant que le cadre devait être mondial et non discriminatoire.  En tant que principale instance de désarmement nucléaire, la Conférence du désarmement doit pouvoir entamer des négociations sur une convention sur les armes nucléaires, non discriminatoire et sur la base des textes déjà exposés.   

La résolution annuelle sur une Convention d’interdiction de l’emploi de l’arme nucléaire, présentée depuis 1982 par l’Inde à l’Assemblée générale, prie d’entamer des négociations sur une Convention interdisant l’emploi ou la menace de l’arme nucléaire quelles que soient les circonstances, a rappelé le représentant.  Pour sa part, le texte sur la réduction des dangers nucléaires présenté depuis 1988 a suscité une attention importante.  Le représentant a demandé le soutien des États membres sur ces deux projets de résolution pour permettre leur adoption.  La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour empêcher que des terroristes ou des acteurs non étatiques mettent la main sur ces armes, a‑t‑il ajouté.   

Passant à la question de la crise en Israël et en Palestine, le représentant a affirmé que son pays avait toujours respecté les règles de la guerre en temps de guerre et attendait des autres pays qu’ils fassent de même.  Nous sommes solidaires du Gouvernement et du peuple d’Israël en ces heures difficiles, a‑t‑il ajouté, ajoutant que peu de pays avaient autant souffert du terrorisme que l’Inde.   

M. PIOTR DZWONEK (Pologne) a notamment estimé nécessaire d’œuvrer pour un monde sans armes nucléaires par le biais d’une approche de désarmement étape par étape, pragmatique, efficace, vérifiable et irréversible.  À cet égard, nos préoccupations légitimes en matière de sécurité, telles que le début du déploiement de l’arsenal nucléaire tactique russe au Bélarus, doivent être sérieusement prises en compte, a souligné le représentant.   

Pour la Pologne, il est également important de se pencher sur l’avenir du système mondial de contrôle des armements.  Le représentant l’a imaginé enrichi d’une application élargie des dispositions les plus ambitieuses du Traité New START, et de l’implication de la Chine aux efforts de transparence en matière de réduction des risques et de stabilité stratégique.   

M. JØRN OSMUNDSEN (Norvège) a condamné la rhétorique nucléaire russe, qu’il a jugée « inadmissible », ainsi que son intention annoncée de se retirer du TICE ou ses projets de stationnement d’armes nucléaires au Bélarus.  Sur ce dernier point, une comparaison avec le partage nucléaire de l’OTAN est trompeuse, a affirmé le représentant, pour qui l’alliance atlantique respecte tous les accords internationaux.  Il a appelé la Russie à reprendre la mise en œuvre du Traité New START ainsi qu’à engager, avec la Chine, un dialogue sur la réduction des risques, dans le but de réduire toutes les catégories d’armes nucléaires.  Réitérant l’engagement de son pays en faveur du TNP, le représentant s’est dit déçu que le groupe de travail ne soit pas parvenu à se mettre d’accord, en juillet, sur des recommandations ou sur un rapport.  Il a toutefois estimé encourageant le fait qu’une écrasante majorité d’États parties ait fait preuve d’un engagement clair pour renforcer le Traité.   

La vérification du désarmement nucléaire reste une priorité clef pour la Norvège, a déclaré le représentant, qui a mentionné la présidence norvégienne du Groupe d’experts gouvernementaux de l’ONU sur ce sujet.  Se félicitant du consensus obtenu par le Groupe concernant un rapport destiné à l’Assemblée générale, il a appelé les États Membres à soutenir le projet de résolution sur la vérification du désarmement nucléaire.  Il a en outre confirmé la continuation de la participation de son pays au Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire en se concentrant sur les aspects techniques et scientifiques.   

Enfin, le représentant a réitéré le soutien de la Norvège au TICE, rappelant que son pays avait coprésidé en septembre la Conférence convoquée en vertu de l'article XIV du Traité aux côtés du Panama, et exhortant les pays non signataires à ratifier le Traité.  Il s’est également prononcé en faveur d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.  Il a par ailleurs souligné l’importance du système de garanties de l’AIEA, le qualifiant d’élément indispensable du régime international de non-prolifération nucléaire.  À ce titre, il a salué les efforts de l’Agence pour garantir la sécurité nucléaire en Ukraine.   

M. IVENS MANUEL FRANCISCO GUSMĂO DE SOUSA (Timor-Leste) a estimé que, depuis leur création, les Nations Unies sont parvenues à empêcher l’utilisation d’armes nucléaires dans le monde moderne.  Pourtant, la rhétorique de l’utilisation des armes nucléaires a été constamment utilisée, ce qui a affecté le travail en faveur d’un désarmement nucléaire général.  La dixième Conférence d'examen du TNP et la première session du Comité préparatoire de la onzième Conférence d'examen du TNP tenue récemment à Vienne nous ont montré les nombreuses failles du régime actuel de désarmement nucléaire, a estimé le représentant.  Il a toutefois estimé que le TNP demeure l’une des pierres angulaires du désarmement nucléaire mondial et du régime de non-prolifération.  Quant au TIAN, la deuxième Conférence des États parties qui se tiendra fin novembre sera l’occasion pour d’autres États membres de signer et de ratifier le Traité, a‑t‑il déclaré.   

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a salué le rôle joué par les centres régionaux des Nations Unies dans la promotion du désarmement et de la non-prolifération, y compris celui de Katmandou.  La représentante a ensuite rappelé que les États dotés d’armes nucléaires avaient dépensé, en 2022, environ 82,9 milliards de dollars pour moderniser et accumuler ces armes catastrophiques.  Réorienter ces ressources vers des causes sociales et humanitaires pourrait accélérer nos progrès vers les objectifs de développement durable, en éradiquant la pauvreté et la faim bien avant 2030 et en améliorant la qualité de vie de l’ensemble de l’humanité, a‑t‑elle souligné.   

Selon M. FLÁVIO SOARES DAMICO (Brésil), les armes nucléaires sont trop nombreuses et risquent de l’être encore plus à l’avenir.  Craignant un affaiblissement prochain des traités de désarmement, le représentant a dénoncé la tendance dangereuse à la menace d’utiliser les armes nucléaires dans le but d’intimider.  Estimant que la Première Commission ne faisait pas grand-chose, si ce n’est lancer des dénonciations, il a rappelé que cette année, seules 23 résolutions sont proposées sur les armes nucléaires, dont une seule initiative nouvelle.  Malheureusement, a‑t‑il poursuivi, nous risquons aussi d’avoir des problèmes au moment des votes.   

Appelant à la protection des régimes de non-prolifération, notamment celui du TNP, le représentant a dénoncé les États dotés, qui ne respectent pas leurs engagement pris pendant les Conférences d’examen.  En revanche, il s’est félicité de l’élan apporté par l’entrée en vigueur du TIAN en 2021.  Estimant que le TICE est paralysé, il a en outre souligné qu’il risque bientôt de subir des revers.  Enfin, il s’est dit favorable à un traité sur l’interdiction des matières fissiles.   

M. KADIM OUSSEIN (Comores) a considéré que la doctrine de dissuasion nucléaire, prônée par certains États, est une fausse promesse de sécurité.  Elle repose sur la menace d’utilisation d’armes de destruction massive, menace qui, si elle était mise à exécution, entraînerait des conséquences humanitaires et environnementales inimaginables, a‑t‑il noté.  Les Comores condamnent ainsi toute utilisation ou menace d’utilisation d’armes nucléaires et exhortent tous les États à rejeter cette doctrine dangereuse.   

Les Comores encouragent les États dotés d’armes nucléaires à s’engager résolument dans la voie du désarmement et demandent aux États qui accueillent des armes nucléaires étrangères sur leur territoire de cesser de le faire, a poursuivi le représentant, pour qui « le risque est trop grand, et le coût pour l’humanité, trop élevé ».  Il a rappelé qu’en 2021, les Comores avaient marqué leur engagement en devenant parties au TIAN et au TICE, deux traités qui, renforçant le cadre du TNP, sont fondamentaux dans la lutte contre la prolifération nucléaire, a‑t‑il ajouté.   

M. CHRISTIAN CIOBANU (Kiribati), qui s’exprimait également au nom du Kazakhstan, a rappelé que les deux pays avaient connu le stress dévastateur et les atteintes à long terme des essais nucléaires.  Vu l’héritage de nos deux nations, nous nous sommes fait les défenseurs de la cause de la justice nucléaire dans les instances internationales, a expliqué le représentant.  Il s’est dit convaincu que la Première Commission doit travailler à la sûreté pour tous, mais également se tourner vers le passé pour voir l’héritage laissé par ces armes.  C’est pourquoi, a‑t‑il rappelé, les deux délégations ont présenté des projets de résolution, dont une sur l’assistance aux victimes, l’aide humanitaire et l’évaluation environnementale.   

Mme TATIANA BÁRBARA MUÑOZ PONCE (Bolivie) a réaffirmé le rejet par son pays de l’emploi et de la menace de l’emploi des armes nucléaires.  Elle a déploré qu’il existe encore des pays qui considèrent ces armes comme un garant de leur propre sécurité, qui les modernisent ou qui mettent au point de nouveaux types d’armes nucléaires.  Le TNP, a-t-elle estimé, est le socle du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  À ce titre, elle a réitéré le soutien de son pays au TNP mais a aussi noté que, plus de 50 ans après son entrée en vigueur, subsistent des d’inégalités dans sa mise en œuvre.  Elle a cité notamment l’article VI, en rendant les États dotés responsables de sa mauvaise application.   

La représentante a plaidé l’entrée en vigueur complète du TIAN, dénonçant l’incohérence de certains États qui prétendent vouloir un monde exempt d’armes nucléaire mais n’ont pas ratifié le Traité.  Elle a souligné la complémentarité entre le TIAN, le TNP et le TICE, lesquels renforcent mutuellement le régime de garantie de l’AIEA.  De même, a-t-elle ajouté, le TIAN mentionne l’assistance aux victimes et à la réhabilitation de l’environnement, tout en prenant en compte la perspective de genre.  Elle a lancé un appel pour que des efforts de non-prolifération soient lancés parallèlement à ceux qui visent un désarmement complet, vérifiable et irréversible.   

Mme VIVIAN OKEKE, de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a rappelé les objectifs de l’Agence relatifs au TNP, à savoir diffuser les avantages de l’atome tout en prévenant la prolifération des armes nucléaires.  En 2022, l’AIEA a ainsi aidé 149 pays et territoires au travers de son programme de coopération technique.  La représentante a indiqué que les différentes initiatives d’action de l’AIEA sur les traitements des cancers, les zoonoses ou encore la pollution plastique sur les océans sont en train de porter leurs fruits.  Les capacités de l’énergie nucléaire dans le secteur de l’électricité vont devoir augmenter si le monde veut satisfaire à ces objectifs en matière de climat, a‑t‑elle par ailleurs fait observer.   

L’AIEA apporte une contribution vitale à la paix et la sécurité grâce à son système de garanties, y compris la détection précoce, a encore fait valoir la représentante.  Le TNP compte aujourd’hui seulement quatre États parties qui ne sont pas dotés de garanties globales, a‑t‑elle ajouté, précisant que le Directeur général de l’Agence les avait encouragés à se doter de ces accords sans retard.   

Mme Okeke a par ailleurs rappelé le travail de l’Agence en Ukraine, faisant état notamment de 53 missions menées à la date du 31 août et de 116 membres du personnel de l’Agence déployés dans le cadre de la présence continue sur les cinq sites nucléaires d’Ukraine.  Elle a rappelé que, au cours de l’année écoulée, 11 rotations d’experts de l’AIEA avaient traversé les lignes de front jusqu’à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia (ZNPP) et que, depuis près de cinq mois, l’AIEA surveille et rend compte du respect des cinq principes concrets de protection de la ZNPP établis par le Directeur général lors d’une réunion du Conseil de sécurité, le 30 mai dernier.   

M. JOSÉ ROSEMBERG, de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a fait état d’un certain nombre d’évolutions récentes importantes pour le TICE, en particulier la ratification du Traité par huit États lors des 18 derniers mois.  À ce jour, le TICE compte 187 États signataires et 178 l’ont ratifié, a‑t‑il rappelé.  Il a également mentionné qu’en septembre, la Conférence convoquée en vertu de l'article XIV du Traité, qui visait à faciliter l’entrée en vigueur du Traité, avait constitué une occasion importante de délivrer des messages forts de soutien au TICE, avant que ces derniers ne se retrouvent dans le texte d’un accord final adopté par consensus.   

M. Rosemberg a jugé « préoccupante et très regrettable » l’annonce par la Fédération de Russie de la possible révocation de sa ratification du TICE.  Mais, a‑t‑il ajouté, quelle que soit cette décision, nous -le Secrétaire exécutif, l’OTICE et le vaste réseau de partisans du TICE dans le monde entier- nous ne changeons pas de cap.  Nous ne changeons pas l’engagement.  Nous ne nous laissons pas décourager alors que nous luttons pour notre objectif collectif de parvenir à l’entrée en vigueur du Traité.  Notre mouvement mondial pour cette noble cause reste fort, avec de plus en plus d’États qui rejoignent nos rangs.   

Nous traversons une période difficile mais notre objectif est noble et notre engagement est ferme a ajouté le représentant.  L’universalisation du TICE et son entrée en vigueur représentent un effort collectif et les revers ne doivent pas nous empêcher de réussir.  Un monde sans essais nucléaires est un monde meilleur, et c’est notre privilège et notre devoir de lutter pour atteindre cet objectif, a‑t‑il conclu, se disant convaincu qu’il ne faudra pas longtemps avant que le TICE compte plus que les 178 ratifications actuelles.   

Droits de réponse 

Le représentant de la Fédération de Russie a répondu aux accusations concernant la présence d’armement russe à la centrale de Zaporojie.  Il a affirmé que la centrale se trouve sur le territoire russe du fait des référendums de 2022 tenus dans les républiques populaires de Donetsk, de Lougansk et dans les régions de Kherson et de Zaporojie.  En octobre 2022, le Président russe a signé un décret sur l’utilisation de l’énergie atomique dans la région de Zaporojie, a-t-il poursuivi, arguant que le texte définit le statut de la centrale comme étant sous juridiction russe.  Selon lui, la Russie n’a pas procédé à des attaques sur le territoire de la centrale, et aucun armement lourd ni personnel militaire n’y est posté, précisant que l’on y trouve seulement les forces nécessaires pour assurer la sécurité de la centrale – un fait confirmé en partie par l’AIEA dans son rapport, a-t-il ajouté.  Il a accusé l’Ukraine de perpétuer des attaques dangereuses sur la centrale, au mépris des risques de fuites nucléaires.  Ces attaques ne pourraient avoir lieu sans le soutien de l’Occident, a-t-il ajouté.  Enfin, il a rappelé que les experts de l’AIEA ont eu accès à la centrale grâce à la collaboration russe.   

Le représentant de la Chine a accusé les États-Unis, le Canada, la Finlande et le Japon de dépeindre sa position de manière biaisée.  Son représentant a appelé la communauté internationale à se préoccuper plutôt de ce que font les États-Unis en matière de nucléaire, appelant ce dernier pays à procéder à un travail d’introspection, à suivre le consensus international et à assumer ses responsabilités en réduisant son arsenal.  En ce qui concerne le projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, le représentant a considéré que la Conférence du désarmement est la seule instance légitime pour le négocier.  La Chine, a-t-il poursuivi, appuie les négociations en vue d’un texte juridiquement contraignant et multilatéral.  Il a estimé que les initiatives visant à un moratoire, mal définies et peu vérifiables, risquent de nuire à la négociation du traité.  Dans ce cadre, la revendication d’un moratoire est un peu hypocrite, a-t-il jugé.  Il a rappelé que la Chine pratique la politique de non-utilisation en premier, estimant qu’il s’agissait de la mesure la plus efficace, et appelant les autres États dotés à adopter la même approche.   

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répété que les États-Unis continuent de vouloir mettre fin au régime de son pays via une action brutale.  Une alliance militaire triangulaire a été créée qui a entraîné de véritables agressions dont nous sommes la victime directe et un chantage nucléaire qui remonte aux années 1940 et 50, a-t-il affirmé, ajoutant que c’est la raison pour laquelle les menaces des forces hostiles devaient être contrées.  Le représentant a rejeté les allégations infondées des États-Unis quant à de prétendus accords d’armements entre son pays et la Russie.  Ce sont les États-Unis qui alimentent en armes l’Ukraine, perpétuant ainsi le conflit, a-t-il dit.   

Le représentant de la République arabe syrienne a répondu aux accusations infondées d’Israël à l’égard de son pays, ajoutant que les tentatives désespérées de cacher les immenses arsenaux d’armes de destruction massive « de l’entité d’occupation » ne trompent personne.   

Le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté comme infondées les accusations d’Israël.  Aucune campagne de diffamation ne saurait faire oublier les atrocités et les violations répétées du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, y compris l’attaque en cours à Gaza, a-t-il martelé.  Ce que fait le « régime israélien » est préoccupant, a ajouté le représentant, qui a parlé d’installations clandestines dans des lieux qui ne sont pas sécurisés.  Il a en outre rejeté les menaces proférées contre son pays.  S’agissant du programme nucléaire iranien, il a rappelé les sanctions imposées à son pays avant de rejeter les allégations de la France, avant de condamner celle-ci au titre de l’article 2 du TNP, en l’accusant d’avoir aidé Israël à obtenir l’arme nucléaire.   

Le représentant de la République de Corée a répondu à la RPDC que le programme nucléaire de la RPDC est illégitime.  Les allégations concernant une politique qui serait hostile de la part de la République de Corée et qui justifierait le comportement de la RPDC sont simplement fausses, a-t-il déclaré, ajoutant que son pays était ouvert au dialogue.  Il a demandé à la RPDC de se conformer aux décisions du Conseil de sécurité.   

Le représentant de l’Union européenne a répondu à la Russie qu’elle ne reconnaît pas la tentative d’annexion de la République autonome de Crimée, ainsi que celle ayant eu lieu dans les régions de Donetsk, Luhansk, Kherson et Zaporizhzhia.  L’Union européenne continuera de soutenir l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières reconnues sur le plan international.  Le représentant a accusé la Russie d’avoir mis en péril la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes et l’a appelée à retirer ses troupes de la centrale de Zaporizhzhia.  En outre, il s’est félicité de la résolution de la Conférence générale du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui appelle au retrait du personnel militaire non autorisé présent dans la centrale.  Le Directeur général de l’Agence, a-t-il poursuivi, a indiqué qu’il y avait une présence militaire significative dans la centrale malgré les dénégations russes.   

Le représentant de l’Ukraine a répondu à la Russie sur la question des référendums organisés en Ukraine, qu’elle a qualifié de « simulacres » sans aucune valeur au regard du droit international.  En ce qui concerne la situation dans la centrale, il a souligné que le décret du président russe mentionné par la délégation russe est une violation du droit international, en claire violation des accords passés entre l’Ukraine et l’AIEA.  Il a également rappelé que la centrale avait été occupée dès les premiers jours de la guerre, et que les installations avaient été utilisées comme tremplin pour l’offensive russe.  Il a évoqué une série de résolutions adoptées par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA qui appellent la Russie à retirer immédiatement ses troupes, son équipement et son personnel de la centrale, et à la remettre à l’Ukraine.  Enfin, il a rappelé que des bombardements avaient eu lieu sur la centrale au début du conflit, qui constituaient un risque majeur d’accident nucléaire.   

Exerçant de nouveau son droit de réponse, la représentante d’Israël a rejeté les accusations contenues dans les discours de certaines délégations.  Elle a dit avoir entendu un certain nombre de délégations refuser de condamner l’attaque du 7 octobre.  Rien ne peut justifier les attaques du Hamas, a-t-elle déclaré.  Nous ne sommes pas venus sur cette terre en colons.  La Syrie et l’Iran ont contesté le droit d’Israël d’exister, ce qui est un appel au génocide.  Gaza est utilisée par le Hamas comme bouclier humain et ce qui se passe est de leur seule responsabilité.  Nous protégerons le droit des civils dans la mesure de ce que nous pourrons faire.  Si vous ne faites pas la différence entre des actes terroristes prémédités et des personnes utilisées comme boucliers humains, c’est que vous avez perdu vos repères moraux, a-t-elle déclaré.   

Exerçant également son droit de réponse une deuxième fois, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a estimé que la République de Corée est responsable de ce qui se passe dans la péninsule coréenne, notamment en raison des appels lancés à la destruction de la RPDC.  Si ces acteurs continuent de se comporter de la sorte, nous devrons continuer de nous protéger contre les États-Unis qui veulent détruire la RPDC par l’arme nucléaire, a-t-il ajouté.   

Le représentant de la Fédération de Russie a fait observer à l’Union européenne qu’elle n’est présente dans cette instance qu’en tant qu’observatrice.  Il l’a exhortée à utiliser avec discernement son droit de réponse, lui rappelant qu’il s’agissait d’un privilège qui lui a été accordé par les États Membres.  Il l’a accusée de désinformation dans le but de cacher sa participation à la crise en Ukraine.  C’est le soutien des pays occidentaux, notamment des pays membres de l’Union européenne, qui a entraîné cette crise, a-t-il estimé.  En ce qui concerne les déclarations de l’Ukraine, il a regretté qu’elle n’ait pas répondu à ses interpellations sur ses tentatives de s’emparer de la centrale, estimant qu’elles font courir un risque d’accident nucléaire.  La Russie, a-t-il conclu, aborde avec le plus grand sérieux ses obligations en termes de sécurité à Zaporojie.   

Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu à Israël, arguant que ses fausses accusations ne sauraient les exonérer du respect du droit international et mentionnant des « crimes atroces » perpétrés à Gaza.  Affirmant qu’elles auraient déjà causé plus de 3 000 victimes, dont un tiers d’enfants, il a lancé un appel à la condamnation de l’utilisation du pouvoir de l’État pour réprimer les populations dans leur droit légitime à l’autodétermination.  La lutte contre l’occupation ne saurait constituer un acte de terrorisme, a-t-il enchaîné.  Il a accusé Israël d’œuvrer pour détourner les instances onusiennes, dont la Première Commission, afin de lancer des campagnes de désinformation. 

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