En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
11e séance plénière – après-midi
AG/DSI/3718

La Première Commission entame son débat thématique sur les armes nucléaires, dominé par les frustrations et les craintes des États non dotés

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé aujourd’hui la phase de sa session consacrée aux débats thématiques en commençant par le volet consacré aux armes nucléaires.  Les délégations qui ont pris la parole, parmi lesquels plusieurs Groupes d’États, ont déploré le manque de progrès, voire les reculs, en matière de désarmement nucléaire, et ont mis en cause le manque de volonté des États dotés de négocier des accords de désarmement.   

Alors que la Malaisie a rappelé les répercussions indélébiles des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki sur la conscience mondiale, Cuba, ainsi que les États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) ou signataires du Traité se sont dit gravement préoccupés par le fait que neuf États possèdent encore environ 13 000 armes nucléaires, prêtes à être lancées en quelques minutes.   

Les représentants du Mouvement des pays non alignés et des États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont stigmatisé le manque de progrès du désarmement nucléaire, déplorant que certains pays modernisent au contraire leur arsenal.  Ainsi, ont-ils dénoncé, les États dotés auraient dépensé environ 89  milliards de dollars en 2022 rien que pour leurs arsenaux nucléaires, des sommes jugées déraisonnables en regard du sous-financement des objectifs de développement durable.  Le Groupe des États d’Afrique a lui aussi dénoncé le fait que ces pays continuent de moderniser leur arsenal nucléaire aux dépens de la sécurité collective.  « Nous vivons dans un monde de géants nucléaires et de nains éthiques », a assené Sri Lanka, alors que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) jugeait nécessaire que les États dotés fournissent des garanties négatives de sécurité inconditionnelles et juridiquement contraignantes.   

Pour de très nombreuses délégations, dont le Groupe des États arabes, la CARICOM, Singapour, la Jordanie ou encore l’Union européenne, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste la clef de voute du régime international de non-prolifération et de désarmement nucléaires et ce, malgré l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité.  À l’image de la Nouvelle-Zélande, plusieurs pays ne s’en sont pas moins dits profondément déçus par l’absence de résultats lors des deux dernières Conférences d’examen et par les maigres progrès réalisés cette année lors de la première session du Comité préparatoire de la onzième Conférence d’examen, prévue en 2026.  Pour le Groupe des États d’Afrique, ces échecs persistants érodent la crédibilité du TNP.  Quant à la Malaisie, elle a estimé que les États parties au Traité naviguent désormais en terrain inconnu alors que les armes nucléaires et leurs vecteurs sont modernisés à grande vitesse.   

La Suède s’est voulue moins pessimiste en se disant convaincue que les engagements en matière de désarmement issus des précédentes Conférences d’examen du TNP restent valables.  Elle a en outre mis en exergue l’Initiative de Stockholm et sa démarche pragmatique visant à mobiliser un soutien politique et à réaliser des progrès concrets pas à pas.  Même si elles ne peuvent remplacer le désarmement, de bonnes mesures de réduction des risques peuvent permettre de progresser dans le désarmement en réduisant les tensions, en favorisant l’instauration de la confiance et en ouvrant la voie à des mesures pratiques complémentaires de celles prévues en vertu des traités et accords pertinents, a-t-elle fait valoir. 

L’Union européenne a insisté sur le caractère inacceptable des menaces de la Fédération de Russie de recourir à la force nucléaire, d’autant que l’année dernière, la Russie avait signé la déclaration conjointe des dirigeants du P5 et réitéré cet engagement avec la Chine le 22 mars 2023.  L’Union européenne et la France se sont en outre dites profondément préoccupées par la suspension par Moscou du Traité New START de désarmement stratégique et de vérification qui lie les États-Unis et la Fédération de Russie.  Plusieurs délégations se sont également alarmées de l’intention affichée par la Fédération de Russie de retirer son adhésion au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), autre pilier du régime international de désarmement, même s’il n’est toujours pas juridiquement entré en vigueur 27 ans après son adoption.  D’autres ont appelé ceux des États figurant à l’annexe 2 du TICE qui ne l’ont pas encore fait –ils sont huit– à y adhérer rapidement pour permettre, enfin, son entrée en vigueur.   

Seul État doté à s’exprimer aujourd’hui, la France a mis en avant ses propres « mesures unilatérales considérables et sans égales » de réduction de son arsenal nucléaire, ajoutant qu’elle souhaite l’ouverture, dans le cadre de la Conférence du désarmement, de négociations portant sur l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  Plusieurs autres pays ont souhaité l’adoption d’un tel traité, tout en demandant, en attendant, que le seul des cinq États officiellement dotés qui n’a pas adopté de moratoire sur une telle production le fasse à son tour   

Plusieurs Groupes d’États ont en outre rappelé le rôle des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN).  Ont été mentionnées celles existant en Amérique latine et Caraïbes, en Afrique, en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique Sud.  Le Mouvement des pays non alignés et le Groupe des États arabes ont rappelé leur appui à la création d’une telle zone au Moyen-Orient.   

En début de séance, la Première Commission avait entendu M. Adedeji Ebo, Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, puis M. Flávio Damico, de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL)M.  Ebo avait notamment souligné qu’il existe un ensemble de principes qui sous-tendent la sécurité collective, à savoir la confiance, la solidarité, et l’universalité.  M. Damico avait mis en avant l’importance d’un dialogue fructueux entre États dotés et pays rassemblés au sein de ZEAN.  Les membres de la Première Commission ont ensuite dialogué à huis clos avec les deux responsables.   

La Première Commission poursuivra son débat thématique sur les armes nucléaires, lundi 16 octobre, à 10 heures.   

DÉBATS THÉMATIQUES SUR DES QUESTIONS PRÉCISES ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR 

Déclarations liminaires 

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a rappelé que, lors du débat général de la Première Commission, certains États avaient souligné les menaces très élevées de recours à l’arme nucléaire.  Nombre d’entre eux ont fait part de leur préoccupation concernant les dépenses militaires croissantes, qui nuisent aux objectifs de développement durable.  Concernant l’espace extra-atmosphérique, les délégations ont indiqué les vulnérabilités de gouvernance.   

M. Adedeji Ebo a souligné qu’il existe un ensemble de principes qui sous-tendent la sécurité collective, à savoir la confiance, la solidarité, et l’universalité.  Il a rappelé que le Secrétaire général avait présenté un Nouvel Agenda pour la paix, qui inclue des recommandations pour un système multilatéral efficace, afin de trouver de nouvelles approches pour la paix et déceler les domaines potentiels de conflits.  La maîtrise des armes est essentielle pour ces actions, a‑t‑il rappelé, et le désarmement est un outil puissant de prévention, essentiel à la paix et la sécurité.  Il y a un lien entre le désarmement et la réalisation des objectifs de développement durable.  Il faut aussi reconnaitre l’action humanitaire et l’autonomisation des femmes.   

Le Sommet de l’avenir de 2024 sera l’occasion de discuter de l’importance du désarmement pour la paix et la sécurité, a encore noté M. Ebo.  À terme, ce sont les États qui ont la responsabilité de traiter des problèmes de désarmement, a‑t‑il rappelé.  De surcroit, il est fondamental que les États tiennent compte des impératifs humanitaires pour réduire le coût humain des armes.  En raison de l’urbanisation des conflits, les États doivent davantage protéger les populations et conclure des traités pour bannir les armes inhumaines, comme les armes à sous-munitions.   

Les armes légères et de petit calibre (ALPC) continuent d’avoir des effets très lourds conduisant à de grandes souffrances, a également relevé le Directeur du Bureau des affaires de désarmement, qui a appelé à de nouveaux efforts concernant ces armes, en particulier sur les plans régional et sous-régional.  Il a cité en exemple des approches régionales qui incluent les ALPC dans les objectifs de réduction de la violence.   

Enfin, les États doivent porter leur attention sur les nouvelles technologies, a déclaré M. Ebo, qui les a invités à réfléchir à la façon de traiter la propagation des hostilités dans le cyberespace et à traiter des conséquences du recours à l’intelligence artificielle, y compris via la mise en œuvre de normes.   

M. FLÁVIO DAMICO, représentant de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), a plaidé en faveur de la création d’une structure de gouvernance multilatérale de non-prolifération et de désarmement nucléaire, dont l’ONU serait le moteur.  Il a ajouté que 50 ans après l’entrée en vigueur du Traité de Tlatelolco portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) dans la région, les normes régissant les structures de ce type n’ont jamais été aussi pertinentes qu’aujourd’hui pour renforcer la sécurité collective, restaurer la confiance régionale et améliorer la coopération technique au profit du développement socioéconomique et de la paix.   

À cette aune, le représentant a jugé important que les États dotés dialoguent de manière fructueuse avec les pays rassemblés au sein de telles zones.  C’est à cette fin que l’OPANAL a mis en place un mécanisme avec les cinq grandes puissances nucléaires (P5) pour débattre de solutions mutuellement acceptables donnant des garanties négatives de sécurité aux pays de notre région, a‑t‑il expliqué.  Il a ajouté que, cette année, ces pays ne présenteraient pas leur projet de résolution sur tous les aspects des ZEAN.  Nous le ferons l’an prochain avec l’idée, à travers un texte dont nous espérons qu’il sera consensuel, de faire progresser les traités actuels ayant porté création de ZEAN et de proposer des initiatives pour créer de nouvelles zones de ce type, a‑t‑il conclu.   

Après cette intervention, la Première Commission a tenu un débat interactif en privé avec MM. Ebo et Damico.   

Armes nucléaires 

Déclarations

Mme MARISKA DWIANTI DHANUTIRTO (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a fait part de ses inquiétudes face à la modernisation des armes nucléaires, ainsi qu’au développement de nouveaux types d’armes nucléaires, y compris de nouveaux vecteurs.  La représentante a déploré un dialogue stratégique limité entre les États dotés au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), prenant note de la prorogation du Traité New START jusqu’en 2026 et appelant au renouvellement des engagements qu’il contient.  Le Mouvement appelle ces États à éliminer totalement leurs armes nucléaires, de manière transparente, irréversible et vérifiable sur le plan international.   

En attendant l’élimination totale, le Mouvement des pays non alignés préconise l’élaboration d’un instrument universel et juridiquement contraignant pour protéger les États non dotés contre l’emploi ou la menace de l’emploi des armes nucléaires.  Il souligne que le désarmement nucléaire ne doit pas être subordonné à d’autres efforts de désarmement et que les mesures de réduction des risques ne sont pas un substitut au désarmement.  À ce titre, le Mouvement des pays non alignés réaffirme son plein engagement en faveur du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), ainsi que l’importance de parvenir à une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). 

La représentante a appelé les États dotés au sens du TNP à faire preuve de volonté politique pour permettre à la onzième Conférence d’examen du TNP de parvenir à des recommandations concrètes, estimant que les pays membres du Mouvement des pays non alignés avaient fait preuve d’un engagement actif lors de la première session du Comité préparatoire.  Elle a fait part de ses préoccupations quant au fait que certains États dotés, de même que des États non dotés, ont accru le rôle des armes nucléaires dans leurs doctrines de sécurité, soulignant une incompatibilité avec la lettre, l’esprit et les objectifs du TNP.   

Par ailleurs, le Mouvement des pays non alignés réitère son soutien à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, se félicitant de la convocation des trois sessions de la Conférence sur le sujet, conformément à la décision 73/546 de l’Assemblée générale.  À ce titre, il appelle Israël, seul pays de la région non-partie au TNP, à signer le Traité et à placer ses infrastructures nucléaires sous le régime de garantie de l’AIEA.   

Enfin, la représentante a évoqué le droit inaliénable des États d’acquérir, d’avoir accès, d’importer ou d’exporter des matières, équipements et technologies nucléaires à des fins pacifiques, rappelant que les normes et règles multilatérales en matière de sécurité nucléaire doivent être convenues dans le cadre fixé par l’AIEA.   

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné qu’il est nécessaire que les États dotés d’armes nucléaires fournissent des garanties négatives de sécurité inconditionnelles et juridiquement contraignantes et adoptent une politique de non-recours en premier aux armes nucléaires.  Ils doivent en outre réduire, en vue de l’éliminer, le risque d’utilisation involontaire et accidentelle d’armes nucléaire.   

Le représentant a réaffirmé que chaque État a droit à une utilisation sûre et pacifique de la technologie nucléaire, en particulier pour son développement économique et social, rappelant en ce sens l’engagement des pays de l’ASEAN de renforcer leur coopération avec l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), notamment par la mise en œuvre d’accords pratiques de coopération.  En outre, il a indiqué que les pays de l’ASEAN présenteront une version actualisée de leur projet de résolution sur le traité ayant porté création de la zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) de l’Asie du Sud-Est.  Enfin, il a assuré que les pays de l’ASEAN s’engagent, aux termes de ce texte, à améliorer et à renforcer davantage la mise en œuvre dudit traité à travers un plan d’action couvrant la période 2023-2027 et tel qu’adopté à Phnom Penh en 2022.   

M. EDUARDO ALCIBIADES SÁNCHEZ KIESSLICH (Mexique), au nom des États parties au TIAN ou signataires du Traité, s’est dit gravement préoccupé par le fait que neuf États possèdent encore environ 13 000 armes nucléaires, prêtes à être lancées en quelques minutes.  La fragilité du contexte international actuel exacerbe les risques d’utilisation de ces armes, a estimé le représentant.  Les conséquences catastrophiques de toute détonation d’arme nucléaire ne peuvent être prises en compte de manière adéquate, a‑t‑il ajouté.  Il s’est dit fermement convaincu qu’il est dans l’intérêt de tous les États d’engager des discussions sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires afin d’élargir et d’approfondir la compréhension.   

En outre, le représentant s’est dit préoccupé par les menaces d’utilisation d’armes nucléaires, menaces qu’il a condamnées sans équivoque, quelles qu’en soient les circonstances.  Il a rejeté l’utilisation des armes nucléaires comme instruments de politique et d’exacerbation des tensions, ainsi que la prétendue valeur de sécurité de la dissuasion nucléaire.   

Pour les États parties au TIAN, l’établissement d’un régime juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires est une mesure nécessaire et efficace pour prévenir une course aux armements nucléaires et parvenir au désarmement nucléaire.  Le TIAN est la concrétisation de cet objectif, a souligné le représentant.  En attendant l’élimination totale des armes nucléaires, tous les États possédant des armes nucléaires doivent s’engager à ne jamais les utiliser ou menacer de les utiliser, quelles que soient les circonstances.  À cet égard, il a demandé instamment aux États dotés de redoubler d’efforts pour s’acquitter de l’obligation de désarmement nucléaire énoncée à l’article VI du TNP.   

M. CARLOS FULLER (Belize), s’exprimant au nom des 15 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est dit préoccupé du manque de progrès dans le domaine du désarmement nucléaire, déplorant que certains pays modernisent leur arsenal, mettent au point de nouvelles armes ou emploient la menace nucléaire.  Le représentant a exhorté les États dotés à respecter leurs obligations et à réaffirmer leurs assurances en matière de non-utilisation aux États non dotés.  Il s’est prononcé en faveur d’un désarmement nucléaire total en tant que seule norme acceptable pour un monde sécurisé.  À ce titre, il s’est inscrit en faux contre la stratégie de la dissuasion, apportant son soutien au TIAN et relevant que tous les États de la CARICOM y sont parties, en sont signataires ou en passe d’y adhérer.  Il s’est félicité de la première Réunion des États parties au TIAN, en 2022.   

Malgré l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, le représentant a estimé que le traité demeurait le fondement de l’architecture mondiale du désarmement nucléaire.  Il a appelé les signataires à faire en sorte que des recommandations concrètes soient adoptées lors de la onzième Conférence d’examen, en 2026.   

Rappelant que les États de la CARICOM sont tous parties au Traité de Tlatelolco, le représentant a dit sa fierté de faire partie de la première ZEAN au monde.  Il a ensuite dénoncé les dépenses consacrées aux armes et systèmes nucléaires, relevant que les États dotés auraient dépensé environ 89 milliards de dollars en 2022 rien que pour leurs arsenaux nucléaires.  Jugeant ces sommes déraisonnables en regard du sous-financement des objectifs de développement durable, il a exhorté les États dotés à prendre des mesures pour orienter leur financement vers des politiques axées sur la prévention, la paix et le développement durable.  Concluant son intervention sous un angle humanitaire, il a dénoncé les conséquences des essais nucléaires sur un grand nombre de personnes, s’inquiétant de ce que nous ne comprendrons peut-être jamais totalement: l’effet de ces essais sur l’environnement et ses répercussions sur l’humain au fil des générations.   

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie), au nom de la Ligue des États arabes, a réitéré son soutien au TNP, pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération, tout particulièrement à la lumière des évolutions géopolitiques et l’érosion des accords bilatéraux sur l’usage des armes.  Le représentant a dénoncé les États dotés dont les doctrines permettent l’emploi des armes nucléaires, estimant que leurs accords de coopération nucléaire contreviennent à l’esprit du TNP.  Les mesures de confiance sont importantes, a‑t‑il relevé, mais elles ne se substituent pas à un accord international contraignant.  À ce titre, il a exprimé ses regrets face à l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP et fait part de son espoir que l’on parvienne à restaurer la crédibilité du Traité.   

Insistant sur l’importance des efforts internationaux pour l’universalisation des accords concernant les armes nucléaires, le représentant a encouragé les pays figurant à l’annexe 2 du TICE à le ratifier.  Enfin, il a plaidé pour la création d’une ZEAN au Moyen-Orient, considérant qu’il s’agissait d’une question nécessitant un engagement international et appelant à ce que soient prises des mesures pratiques immédiates.   À ce titre, il s’est dit préoccupé par Israël, seul pays de la région non-partie au TNP, et de son refus de soumettre ses installations au régime de garanties de l’AIEA.   

M. MOHAMMED LAWAL MAHMUD (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a dénoncé le fait que les États dotés d’armes nucléaires continuent de moderniser leur arsenal nucléaire aux dépens de la sécurité collective.  Pour le Groupe, l’élimination des armes nucléaires devrait représenter l’objectif général de l’ONU.  Le représentant a donc exprimé sa préoccupation face à la résistance des États dotés et leur a rappelé leurs obligations au titre de l’article VI du TNP.  L’universalisation de ce dernier, a‑t‑il poursuivi, dépend du respect de ses trois piliers – désarmement, non-prolifération et utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. 

Le Groupe africain est déçu du nouvel échec de la Conférence d’examen du TNP, laquelle représentait pourtant une occasion pour les États dotés de raviver leurs engagements.  Les échecs persistants des conférences d’examen du TNP érodent sa crédibilité, a déploré le représentant, pour qui tant la lettre que l’esprit du traité sont violés par le stockage et la modernisation des arsenaux nucléaires, la poursuite de l'emploi et de la menace de l'emploi d'armes nucléaires, ainsi que le partage nucléaire et l'extension des garanties nucléaires.  

Le représentant a réitéré l’engagement du Groupe envers le Traité de Pelindaba, qui consacre le statut de l’Afrique en tant que ZEAN, interdisant le stationnement et les essais de dispositifs explosifs nucléaires sur l'ensemble du continent.  Il s’est également dit préoccupé par la non-mise en œuvre des engagements relatifs à la Conférence sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. 

Soulignant l’importance du respect du droit inaliénable à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, le représentant a souligné le rôle central de la communauté internationale et plus particulièrement celui du soutien technique fourni par l’AIEA.  Enfin, il a appelé à prendre en compte les considérations humanitaires durant cette session de la Première Commission, se félicitant à ce titre de l’entrée en vigueur du TIAN comme de la meilleure manière d’éviter l’emploi des armes nucléaires. 

M. STEEN MALTHE HANSEN, de l’Union européenne, a réaffirmé qu’il soutenait fermement les trois piliers du TNP et la mise en œuvre complète du Plan d’action de la Conférence d’examen de 2010.  Il a regretté vivement qu’aucun document de consensus n’ait été adopté lors de la première session du Comité préparatoire de la onzième Conférence d’examen du TNP, en raison de l’attitude peu constructive de certains États parties, mais s’est dit encouragé par l’engagement constructif d’une majorité d’États, y compris de certains États dotés d’armes nucléaires.   

Les menaces de la Fédération de Russie de recourir à la force nucléaire sont inacceptables, a déclaré le représentant, qui a rappelé que, l’année dernière, la Russie avait signé la déclaration conjointe des dirigeants des P5 et réitéré cet engagement avec la Chine le 22 mars 2023.  Il a condamné le déploiement annoncé d’armes nucléaires russes sur le territoire du Bélarus, le jugeant incompatible avec l’engagement pris par le Bélarus dans le Mémorandum de Budapest.   

Le représentant a souligné la nécessité de réaliser des progrès concrets en vue de la pleine mise en œuvre de l’article VI du TNP, notamment par la réduction globale du stock mondial d’armes nucléaires.  Il s’est dit profondément préoccupé par la suspension du Traité New START par la Russie et lui a demandé de s’acquitter de toutes ses obligations.  Il a demandé instamment à la Chine de prendre des mesures de transparence dans sa doctrine nucléaire.  Il s’est dit profondément préoccupé par les rapports récents de l’AIEA documentant le niveau alarmant du programme nucléaire iranien.  Il a demandé à l’Iran d’inverser sa trajectoire nucléaire et de revenir à ses obligations juridiques et à ses engagements politiques.  Il a exhorté la République arabe syrienne à coopérer avec l’AIEA pour rétablir la confiance dans son programme nucléaire, en faisant entrer en vigueur un protocole additionnel à son accord de garanties en lien avec le TNP, conformément à la résolution du Conseil des gouverneurs de l’AIEA de juin 2011.  Enfin, il a affirmé que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ne pourrait jamais avoir le statut d’État doté d’armes nucléaires et qu’elle devait abandonner ses armes nucléaires et toute autre arme de destruction massive, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et au TNP.   

Mme SHERINA SARAN (Afrique du Sud) s’est dite préoccupée par le nombre croissant d’États qui mettent l’accent sur la valeur de la dissuasion nucléaire et s’appuient toujours davantage sur les armes nucléaires dans leurs doctrines militaires et de sécurité.  L’approche des États non dotés d’armes nucléaires, qui appellent au désarmement et demandent à bénéficier de garanties de dissuasion nucléaire étendues, doit être évaluée à cette aune, a‑t‑elle ajouté.   

Pour la représentante, il est essentiel que les États dotés stabilisent leurs relations géopolitiques et s’engagent sans détour à éliminer leurs arsenaux nucléaires dans des délais précis et vérifiables.  Cela renforcera la sécurité de tous, a‑t‑elle affirmé.  Aujourd’hui plus que jamais, une action urgente est nécessaire pour mettre pleinement en œuvre les obligations du TNP, notamment le désarmement nucléaire et les engagements pris lors des conférences d’examen du Traité, a poursuivi la représentante.  Elle a par ailleurs estimé que le TIAN peut servir de catalyseur à des progrès attendus depuis longtemps par les opinions publiques.  Réaffirmant que les portes de ce Traité sont et ont toujours été ouvertes, elle a encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TIAN et à rejoindre la communauté des nations engagées en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.   

M. ANDY ARON (Indonésie) a estimé que la reconfiguration des engagements politiques de la part des États dotés est essentielle.  Nous avons besoin d’engagement pour avancer vers un monde exempt d’armes nucléaires, a‑t‑il déclaré.  Les États dotés doivent s’acquitter de leurs obligations découlant du TNP, a poursuivi le représentant, qui a condamné l’association de certains pays à des États déjà dotés comme contraire aux accords et traités sur la non-prolifération.   

Il faut concrétiser les bonnes intentions exprimées en matière de désarmement et passer des paroles aux actes, a lancé le représentant, pour qui le désarmement doit être renforcé.  Il a appelé à veiller à l’entrée en vigueur du TICE et à l’universalisation du TIAN.  Il a en outre estimé qu’il fallait avancer vers une institutionnalisation des ZEAN.  Il a dit avoir besoin d’instruments juridiques contraignants élaborés dans le cadre de la Conférence du désarmement et d’assurances négatives de sécurité contre la menace d’utilisation de l’arme nucléaire.   

M. AMR ESSAMELDIN SADEK AHMED (Égypte) a réaffirmé l’importance de l’élimination complète, vérifiable et irréversible des armes nucléaires comme seule garantie contre leur utilisation ou la menace de leur utilisation.  Déplorant l’échec des deux dernières Conférences d’examen du TNP, le représentant a estimé que les risques étaient exacerbés par la modernisation en cours des arsenaux nucléaires et a fait part de son inquiétude quant à l’érosion des accords bilatéraux sur les armes nucléaires.  Les mesures de réduction des risques ne sont pas un substitut à l’élimination des armes nucléaires, a‑t‑il averti.  Pour restaurer la confiance dans le régime de désarmement, il a préconisé des progrès immédiats, ajoutant qu’il s’agit également de reconfirmer la validité de tous les engagements antérieurs.  Il a exhorté les États dotés à plus de transparence, exigeant qu’ils rendent des comptes et produisent des rapports sur la mise en œuvre de leurs engagements.  Il les a aussi rappelés à leurs obligations au titre de l’article VI du TNP.   

Pour l’Égypte, le projet de création d’une ZEAN au Moyen-Orient est dans l’impasse.  Cette paralysie constitue une entrave à la paix et la sécurité dans une région qui fait déjà face à de nombreux problèmes, a déclaré le représentant.  L’Égypte entend présenter un projet de résolution à ce propos, en visant un engagement à long terme à travers le consensus, sans pointer du doigt un État de la région en particulier.  Le représentant a également fait part d’un autre projet de résolution sur le risque de prolifération au Moyen-Orient, appelant au soutien des États Membres.   

M. GERARDO PEÑALVER PORTAL (Cuba) a déploré la présence de 13 000 armes nucléaires dans le monde, leurs détenteurs continuant de moderniser leurs arsenaux et tardant à respecter leurs engagements en vue de réaliser un monde exempt d’armes nucléaires.  Seule l’adoption du TIAN a marqué un progrès marquant ces dernières années, a estimé le représentant, cet instrument ayant codifié pour la première fois le caractère illégitime de ces armes en droit international.  Or, les États dotés ne le reconnaissent pas, empêchant sa nécessaire universalisation, a‑t‑il encore regretté.   

Le représentant a appelé ces pays à abandonner leurs doctrines fondées sur la dissuasion nucléaire, laquelle légitime un statu quo intolérable pour les États non dotés et les opinions publiques éprises de paix et de développement.  Il a également exhorté les États-Unis à sauver le Plan d’action global commun (PAGC) sur le programme nucléaire iranien et à y revenir « pour corriger le tir ».  Par ailleurs, il a indiqué que seuls le dialogue entre les pays de la région et la négociation permettraient d’aboutir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Enfin, le représentant a affirmé que le blocus de son pays par les États-Unis l’empêche d’exercer pleinement son droit inaliénable aux utilisations et au développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.   

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a estimé qu’il est important d’écouter les récits de l’agonie endurée par les survivants.  « Nous vivons dans un monde de géants nucléaires et de nains éthiques », a‑t‑il souligné.  Une croyance bien ancrée dans la dissuasion nucléaire comme stratégie de défense et l’absence de progrès sur le désarmement, pilier du TNP, empêchent l’humanité d’entrer dans une ère plus pacifique où le monde serait libéré de la peur de l’anéantissement nucléaire, a poursuivi le représentant.  Il a souligné que, le 6 juin, la Sri Lanka avait ratifié le TICE, une étape cruciale vers un monde plus sûr.  Fidèle à son engagement de longue date en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaires, la Sri Lanka a également eu le plaisir d’adhérer au TIAN au cours de la semaine de haut niveau, a rappelé le représentant.   

Mme AMANDA GORELY (Australie) a déclaré que le monde attend de tous les États dotés qu’ils respectent leur déclaration et leurs obligations au titre du TNP, en prenant des mesures concrètes vers le désarmement nucléaire.  En tant que grande puissance, l’engagement de la Chine dans le processus de contrôle des armements sera nécessaire pour façonner la nouvelle ère de contrôle des armements et de stabilité stratégique que nous espérons tous, a souligné la représentante.   

La représentante a estimé que pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, il serait opportun d’y entamer des négociations en vue d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles, une lacune dans l’architecture multilatérale de désarmement.  En attendant la finalisation d’un tel traité, elle a appelé les États dotés qui ne l’ont pas encore fait à déclarer et à maintenir un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins militaires.  Outre l’entrée en vigueur du TICE, l’élaboration d’outils et de processus crédibles de vérification du désarmement nucléaire constituerait une autre étape nécessaire sur la voie du désarmement nucléaire, a‑t‑elle ajouté.   

M. AHMAD FAISAL MUHAMAD (Malaisie) a rappelé les répercussions indélébiles des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki sur la conscience mondiale.  Aujourd’hui, a‑t‑il estimé, les progrès vers la paix restent entravés par les risques inacceptables que présentent les armes nucléaires.   

Les États parties au TNP naviguent en terrain inconnu depuis les deux échecs consécutifs des conférences d’examens du Traité, a déploré le représentant, tandis que les armes nucléaires et leurs vecteurs sont modernisés à grande vitesse.  On ne saurait préserver la crédibilité du TNP si ses objectifs sont constamment reportés par les considérations de stabilité stratégique des États dotés, a‑t‑il ajouté.  Selon lui, la première session du Comité préparatoire de la onzième Conférence d’examen du TNP, qui s’est tenue récemment à Vienne, reflète le profond déficit de confiance entre les États parties.  Pour la rétablir, il a appelé à la diplomatie et au dialogue.  Enfin, il a réclamé la pleine mise en œuvre de toutes les obligations du TNP citant en particulier celles de l’article VI. 

Se prononçant en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires comme seule garantie absolue contre leur emploi, le représentant a expliqué que cette position est à la base du soutien de son pays au TIAN.  Rappelant que la Malaisie copréside le Groupe de travail informel sur l’universalisation du TIAN, il a salué l’adhésion récente de deux nouveaux pays.  Il a émis l’espoir que les avancées du TIAN donnent une impulsion positive aux autres éléments clés de l’architecture mondiale de désarmement nucléaire et de non-prolifération, dont le TICE.  Concernant ce dernier, il a exhorté les États figurant à l’annexe 2 du Traité à le ratifier afin de permettre son entrée en vigueur.   

Le représentant a estimé que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, rendu en juillet 1996, reste d’actualité.  À ce titre, il s’est félicité du soutien et du coparrainage de la résolution annuelle déposée par son pays à la Première Commission sur le suivi de cet avis.  Enfin, il a appelé au dialogue dans la péninsule coréenne, afin de parvenir à une dénucléarisation complète et a insisté sur l’importance du rétablissement du PAGC sur le programme nucléaire iranien.   

M. PANTELIS MARGARIS (Grèce) a déclaré que l’adhésion universelle au TICE et son entrée en vigueur constituent une priorité essentielle.  Toutefois, il s’est dit préoccupé par certains développements récents qui menacent l’intégrité du Traité.  Si la Grèce reste un fervent défenseur du TNP, le représentant n’en a pas moins regretté que la première session du Comité préparatoire de la onzième Conférence d’examen se soit achevé sans rapport factuel.  Il a reconnu l’importance vitale de l’ouverture de négociations en vue d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles dans le cadre de la Conférence du désarmement.   

Le représentant a dit accorder une grande importance à l’expertise technique et à l’impartialité de l’AIEA dans l’accomplissement de son mandat.  Son système de garanties multilatéral, impartial, qualifié et efficace reste l’une des composantes essentielles du TNP et une garantie fondamentale pour la sécurité nucléaire, assurant la nature exclusivement pacifique des activités nucléaires, a‑t‑il estimé.  Les pays qui utilisent l’énergie atomique, ou qui aspirent à le faire à l’avenir, devraient respecter les normes de transparence les plus élevées, notamment en raison des implications possibles sur l’environnement naturel transfrontalier, a encore déclaré le représentant.   

Mme CAMILLE PETIT (France) a rappelé l’attachement de son pays à la mise en œuvre du TNP et a salué les propositions récemment soumises pour accroître la transparence sur les trois piliers du Traité et renforcer le cycle d’examen.  Dans le cadre du TNP et des obligations qu’il emporte au titre de son article VI, la France a pris des mesures unilatérales considérables et sans égales en matière de désarmement, a affirmé la représentante.  En attestent le démantèlement irréversible des installations de production de matières fissiles pour les armes nucléaires, le démantèlement complet de sa composante nucléaire sol-sol, la réduction de moitié du nombre d’armes nucléaires, la réduction d’un tiers de la composante océanique et de la composante aéroportée et le démantèlement irréversible du site d’essais dans le Pacifique, a‑t‑elle énuméré.  La représentante a également rappelé que la France souhaite l’ouverture de négociations portant sur l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires dans le cadre de la Conférence du désarmement.   

Mme Petit a ensuite condamné la rhétorique nucléaire irresponsable des attaques russes sur les infrastructures énergétiques, y compris nucléaires, en Ukraine.  La France déplore en outre la suspension par la Russie de sa participation au traité New START et exprime sa préoccupation face à l’annonce par ce pays qu’il se tiendrait prêt à revenir sur sa ratification du TICE.   

La représentante a condamné la poursuite des violations par l’Iran de ses engagements en matière de non-prolifération au titre du PAGC, les autorités iraniennes devant mettre en œuvre l’ensemble de leurs obligations en vertu de son accord de garanties généralisées avec l’AIEA.  « Notre objectif reste constant: l’Iran ne doit jamais se doter de l’arme nucléaire », a‑t‑elle martelé.  La France reste également préoccupée par la poursuite par la RPDC de ses activités proliférantes, a ajouté la représentante, qui a exhorté Pyongyang d’abandonner ses programmes proliférants, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et à ses engagements internationaux.   

M. BENJAMIN ESCAIG (Suède) a indiqué que par le biais de l’Initiative de Stockholm pour le désarmement nucléaire, la Suède, en collaboration avec un groupe interrégional de partenaires, sensibilise à la nécessité de poursuivre les progrès en matière de désarmement à ce niveau.  Convaincue que les engagements en matière de désarmement issus des précédentes conférences d’examen du TNP restent valables, l’Initiative a présenté des propositions visant à mobiliser un soutien politique et à réaliser des progrès concrets en matière de désarmement, a‑t‑il rappelé.  Pour la Suède, il est urgent de prendre des mesures pour réduire le risque d’utilisation d’armes nucléaires car, a ajouté le représentant, même si elles ne peuvent remplacer le désarmement, de bonnes mesures de réduction des risques peuvent permettre de progresser dans le désarmement en réduisant les tensions, en favorisant l’instauration de la confiance et en ouvrant la voie à des mesures pratiques complémentaires de celles prévues en vertu des traités et accords pertinents.   

Le représentant a également salué le rôle de l’AIEA dans la prévention de la prolifération des armes nucléaires, la promotion de la sûreté nucléaire et radiologique et la facilitation de l’utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques.  Il est essentiel que l’Agence reçoive le soutien politique et financier nécessaire, a‑t‑il insisté.   

Concernant la vérification du désarmement nucléaire, le représentant a encouragé vivement davantage d’États à s’engager dans ce domaine, la Suède étant un membre actif du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.  Le représentant a également mentionné la participation de la Suède au Groupe d’experts gouvernementaux sur la vérification du désarmement nucléaire de l’Assemblée générale, dont il a salué les travaux et le rapport final.   

Pour M. ROBERT IN DEN BOSCH (Pays-Bas), la confiance a toujours été une rareté en matière de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération.  À ce titre, a poursuivi le représentant, la devise officieuse est depuis toujours « faire confiance mais vérifier ».  Un simple appel ne suffit pas dans ces circonstances, a‑t‑il estimé, appelant à l’emploi des mesures qui sont déjà en place, ou « encore en place », a‑t‑il précisé en guise d’avertissement.  Le Traité New START a démontré à quel point la vérification renforce la maîtrise du désarmement, a‑t‑il poursuivi, exhortant la Russie à revenir au respect de l’accord.  Dans le même esprit, il a déploré l’annonce russe d’une révocation prochaine de sa ratification du TICE. 

Estimant que le TNP reste la pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération et de désarmement nucléaire, le représentant a regretté que le Groupe de travail chargé de renforcer le processus d’examen n’ait pas pu se mettre d’accord sur des recommandations concrètes en vue de la onzième session de la Conférence d’examen du Traité en 2026.  Les États dotés officiels et non officiels doivent continuer de rendre des comptes sur leurs engagements, a‑t‑il poursuivi, précisant que le premier groupe devrait informer sur ses doctrines et ses arsenaux.  À ce titre, il a considéré que le formulaire standard de déclaration, élaboré par l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, était un outil indispensable.  Renforcer les mesures de transparence, a‑t‑il ajouté, permettra aux États dotés d’armes nucléaires de démontrer leur mise en œuvre du TNP –en particulier la pleine mise en œuvre de l’article VI.   

Jusqu’à présent, quatre pays dotés officiels sur cinq ont déclaré un moratoire sur la production de matières fissiles, a relevé le représentant, qui a appelé le cinquième à faire de même.  Enfin, il a salué le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général de l’ONU, estimant qu’il insuffle un sentiment d’urgence renouvelé en matière de désarmement, de réduction des risques et de non-prolifération nucléaire.   

M. BENJAMIN HIMMLER (Allemagne) a souligné la nécessité de trouver des mesures concrètes et pratiques en faveur du désarmement nucléaire et du renforcement du TNP si les États Membres veulent se rapprocher d’un monde libéré de telles armes.  Il appartient également à la Russie de faire très rapidement un grand pas en revenant sur sa décision de suspendre la mise en œuvre du Traité New START, a ajouté le représentant, qui a rappelé que ce Traité « est l’un des plus importants traités de contrôle des armements nucléaires, qui a considérablement réduit les deux plus grands arsenaux nucléaires du monde ».  Il a en outre appelé la Chine, dont les arsenaux ne cessent de croître, à entamer un dialogue avec les États-Unis sur son programme nucléaire et leur responsabilité commune en matière de stabilité stratégique.   

Le représentant a par ailleurs estimé que le temps est venu de démarrer des négociations en vue d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles, qui contribuerait grandement selon lui à renforcer la non-prolifération et le désarmement nucléaires.  Dans l’immédiat, il a appelé la Chine à décréter enfin un moratoire sur la production de matières fissiles.   

M. NICHOLAS CLUTTERBUCK (Nouvelle-Zélande) a recommandé le projet de résolution de la Coalition pour un nouvel ordre du jour sur l’accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire.  Ce texte trace une voie à suivre en réponse aux préoccupations mondiales concernant la montée de la rhétorique nucléaire et le risque d’utilisation d’armes nucléaires, ainsi que la trajectoire des arsenaux et des doctrines nucléaires, a expliqué le représentant.  Toutefois, il s’est dit profondément déçu par l’absence de résultats lors des Conférences d’examen successives du TNP et par les maigres progrès réalisés cette année par le Groupe de travail et le Comité préparatoire.   

Le représentant a rappelé que la Nouvelle-Zélande est l’un des principaux auteurs de la résolution sur le TICE, aux côtés du Mexique et de l’Australie, et a encouragé tous les États Membres à soutenir ce texte.  Il est important que tous les signataires du TICE respectent leurs obligations, a‑t‑il déclaré.  En outre, la Nouvelle-Zélande est l’un des principaux auteurs de la résolution sur le TIAN, qui reste une lueur d’espoir dans un horizon par ailleurs bien sombre.   

Le représentant a rappelé que son pays est partie au Traité de Rarotonga qui a établi une ZEAN dans le Pacifique Sud, y voyant un symbole important de l’opposition de longue date de cette région aux armes nucléaires.  Il s’est dit heureux de diriger, avec le soutien du Brésil, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud, le projet de résolution visant à créer un hémisphère sud exempt d’armes nucléaires.  Ce texte réaffirme le rôle essentiel joué par les ZEAN dans le renforcement du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ainsi que l’intérêt d’étendre ces zones, a‑t‑il rappelé.   

Droits de réponse 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté les allégations de l’Union européenne, l’accusant de ne pas mettre en pratique ce qu’elle préconise et de manquer de diplomatie tout en suivant les États-Unis dans leur quête brutale et belliqueuse de suprématie dans la péninsule coréenne.  Les résolutions du Conseil de sécurité visant mon pays sont contraires aux principes de la Charte des Nations Unies en matière de souveraineté, a aussi dit le représentant.  L’Australie, qui parle de non-prolifération, n’est pas crédible compte tenu de son partenariat périlleux avec les États-Unis, a‑t‑il ajouté.   

Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté les mensonges des Occidentaux, obsédés par leur propagande antirusse.  Les capitales occidentales qui transforment l’Ukraine en place d’armes antirusse et qui s’impliquent toujours plus militairement dans la crise, c’est cela qui attise les risques de catastrophes nucléaires, a‑t‑il dit.  S’agissant de la décision russe de se retirer du Traité New START, le représentant l’a expliquée par la dégradation des relations politiques et militaires entre Russie et États-Unis.  Les Américains, en sapant le principe de non-divisibilité de la sécurité au cœur du Traité, en aidant techniquement et militairement Kiev et en frappant plus ou moins indirectement des sites stratégiques russes, ont violé ce Traité bilatéral, a‑t‑il encore affirmé.   

La représentante d’Israël a répondu au Mouvement des pays non alignés, qui avait présenté son pays comme une menace régionale, qu’il suffit de constater les atrocités du Hamas pour comprendre ce qu’est la véritable menace.  Le Groupe des États arabes a mentionné le danger d’Israël, mais n’a pas mentionné les violations continues de l’Iran dans sa coopération avec l’AIEA, a‑t‑elle aussi relevé.  Nous vivons des jours sombres, a‑t‑elle poursuivi, ajoutant que son pays se rappellera ceux qui ont été à ses côtés dans sa lutte contre le Hamas, décrit comme un agent par procuration de l’Iran.  Diderot disait qu’il n’y a qu’un pas du fanatisme à la barbarie, un pas franchi par le Hamas.   

Le représentant de la République arabe syrienne a répondu à la déclaration de l’Union européenne concernant sa coopération avec l’AIEA en affirmant avoir collaboré avec l’Agence avec clarté et transparence.  Il a estimé que son pays n’avait renoncé à aucun effort, y compris pour régler toutes les questions en suspens.  Les rapports de l’AIEA montrent que la Syrie a mis en œuvre les accords relatifs aux sauvegardes, a‑t‑il continué, ajoutant que son pays avait honoré tous ses engagements dans les délais impartis.  Il a dénoncé une confusion délibérée entre engagement juridique non contraignant et procédures volontaires, estimant qu’il s’agit là d’une manipulation politique et d’une stratégie visant à falsifier les faits pour semer la confusion.   

Le représentant de la Chine a répondu à l’Allemagne qu’elle contrôle sa puissance nucléaire en la maintenant à un niveau minimum de sécurité et en restant fidèle à son engagement de ne jamais utiliser en premier le feu nucléaire.  Nos activités concernent la maintenance et la modernisation de nos arsenaux les plus vieillissants, des activités qui permettent d’assurer leur sûreté, a‑t‑il notamment ajouté.   

Le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté les allégations infondées de la représentante du régime israélien, qui occupe illégalement le territoire palestinien depuis 70 ans.  Il a accusé de nouveau le régime israélien de perpétrer des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité contre les Palestiniens, bafouant l’esprit et la lettre de la totalité des accords internationaux de désarmement.  Ce régime, qui est connu pour s’être doté clandestinement d’un arsenal nucléaire, ose accuser l’Iran, dont il assassine les scientifiques et détruit des installations nucléaires civiles, de ne pas respecter le PAGC, a encore déclaré le représentant.   

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