Soixante-dix-huitième session,
5e séance plénière - matin
AG/DSI/3712

Première Commission: les pays victimes d’explosions nucléaires font entendre leur voix et les armes nucléaires déployées dans des pays alliés font débat

Au quatrième jour de son débat général, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a notamment entendu les positions de deux pays affectés par les conséquences d’explosions nucléaires: le Japon et le Kazakhstan.  La séance a été aussi l’occasion de nouveaux échanges d’accusation entres « pays occidentaux » et la Chine et la Fédération de Russie, en particulier à propos des armes nucléaires déployées sur le territoire d’États alliés, mais aussi des questions de sûreté nucléaire.  

Le Japon a ainsi annoncé le dépôt d’un projet de résolution favorable à l’élaboration d’une feuille de route commune vers un monde sans armes nucléaires, que le représentant a présenté comme un texte encore plus justifié dans le contexte d’intensification des activités nucléaires et balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Rappelant que la « Vision d’Hiroshima » des dirigeants du G7 sur le désarmement nucléaire, publiée lors du sommet du G7 à Hiroshima en mai dernier, fournit une plateforme solide pour œuvrer en faveur d’un monde sans armes nucléaires, il s’est en outre dit préoccupé par l’augmentation incontrôlée des stocks d’armes nucléaires de la Chine, y percevant « le risque, pour la première fois depuis la guerre froide, d’une course périlleuse aux armements ».

Pays affecté par des essais nucléaires effectués sur son territoire à l’époque de l’Union soviétique, le Kazakhstan a pour sa part indiqué qu’il présenterait un projet de résolution sur l’assistance aux victimes des essais et sur la restauration de l’environnement des régions contaminées par les radiations. À cet égard, plusieurs États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), entré en vigueur en 2021 sans être reconnu par les États dotés, ont mis en avant son caractère de premier instrument de droit international humanitaire destiné à interdire les armes nucléaires et à atténuer les conséquences catastrophiques de leur utilisation et de leur mise à l’essai.  Ils ont salué cette originalité et la complémentarité du TIAN avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le Kazakhstan a aussi rappelé que les moratoires volontaires sur les essais nucléaires mis en place par les États dotés ne sauraient se substituer aux obligations juridiquement contraignantes prévues par le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). 

Plusieurs aspects liés à la sûreté nucléaire ont été soulevés.  Les rejets dans l’océan d’eau contaminée par des éléments radioactifs en provenance de la centrale de Fukushima ont donné lieu à des vifs échanges entre le Japon et la Chine.  Le représentant chinois a demandé au Japon de répondre aux préoccupations croissantes des pays de la région quant à ces rejets.  Le Japon a répliqué que les rejets d’eau en question étaient effectués sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et dans le respect de ses normes. 

De leur côté, la Pologne et la Lituanie ont reproché avec véhémence à Moscou d’occuper illégalement la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia, menaçant la sûreté nucléaire et la sécurité internationale dans des proportions sans précédent historique. 

Les représentants de ces pays voisins de la Russie ont également condamné le déploiement d’armes nucléaires tactiques russes au Bélarus, lequel attise selon eux les risques d’escalade et assombrit le climat sécuritaire régional et international. 

À cela, le Bélarus a répliqué qu’il avait fait le choix, il y a près de 30 ans, de renoncer aux armes nucléaires que l’URSS avait stationnées sur son territoire et d’adhérer au TNP en tant qu’État non doté.  Mais, a expliqué son représentant, dans un contexte de tensions militaires et de renforcement des capacités militaires sur le territoire de pays voisins membres de l’OTAN ainsi que d’intensification des activités militaires à proximité de ses frontières, le pays a été contraint de prendre des mesures visant à renforcer sa capacité de défense. 

La coopération entre le Bélarus et la Russie -traduite par l’annonce, l’an passé, du déploiement sur le territoire du Bélarus d’armes nucléaires tactiques russes sous le contrôle exclusif de la Russie- s’inscrit dans le cadre du droit international et le strict respect des dispositions du TNP, a par ailleurs assuré le Bélarus, qui a rappelé qu’une telle forme de coopération existe depuis longtemps au sein de l’OTAN avec le déploiement d’armes nucléaires américaines sur le territoire de cinq États européens non dotés membres de l’alliance.  La Fédération de Russie a pour sa part présenté la « collaboration militaire mesurée » avec le Bélarus comme une réponse aux pratiques de l’OTAN, « d’une ampleur tout autre ».

La Chine a quant à elle rappelé que son initiative pour garantir une paix durable dans le monde repose sur la nécessité première de maintenir la stabilité géostratégique et de réduire les risques stratégiques.  Dans cette optique, la Chine estime que le TNP doit être appliqué en suivant une approche étape par étape favorisant l’usage de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques des pays en développement, et que c’est aux deux États les plus dotés en armes nucléaires de réduire en premier leurs arsenaux.  La Chine souhaite en outre que soient négociés deux instruments juridiquement contraignants, l’un interdisant l’utilisation en premier d’armes nucléaires, l’autre instaurant des garanties négatives de sécurité données par les États dotés aux États non dotés. 

La Chine a en outre accusé la doctrine de dissuasion élargie des États-Unis de conduire à des aventures périlleuses, à l’image de ce qui se passe dans la région Asie-Pacifique.  Elle a demandé que soit mis en place un mécanisme de paix axé uniquement sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, et a dénoncé l’Accord AUKUS portant sur la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie.  Ce pays a répondu en assurant qu’il n’avait nullement l’intention de se doter de l’arme nucléaire et que l’acquisition par son pays de capacités de propulsion navale nucléaire se fera dans le respect strict des obligations internationales découlant du TNP et du Traité de Rarotonga créant une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) dans le Pacifique. 

La Commission poursuivra demain, vendredi 6 octobre, à 10 heures, son débat général sur tous les points de son ordre du jour.  
 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. SUN XIAOBO (Chine) a indiqué que l’initiative pour garantir une paix durable dans le monde du Président chinois repose sur la nécessité première de maintenir la stabilité géostratégique et de réduire les risques stratégiques.  Dans cette optique, le représentant a réaffirmé la volonté de son pays que soient négociés deux instruments juridiquement contraignants, l’un interdisant l’utilisation en premier d’armes nucléaires, l’autre instaurant des garanties négatives de sécurité données par les États dotés aux États non dotés.  La Chine reste convaincue que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) doit être appliqué de manière progressive et en suivant une approche étape par étape favorisant l’usage de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques des pays en développement parties au Traité, a‑t‑il ajouté. 

Le représentant a affirmé que les deux États les plus dotés en armes nucléaires ont la responsabilité première de réduire leurs arsenaux dans le cadre du Traité New START.  Pour la Chine, la doctrine de dissuasion élargie conduit à des aventures périlleuses, comme le montre ce qui se passe dans la région Asie-Pacifique.  Le représentant a cité à cet égard l’accord portant sur la livraison de sous-marins à l’Australie.  Il a en outre exhorté les États-Unis à réunir les conditions nécessaires à une reprise des discussions dans le cadre du Plan d’action global commun (PAGC) sur le programme nucléaire iranien.  Quant au dossier de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a demandé que soit mis en place un mécanisme de paix axé uniquement sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

Par ailleurs, le représentant a demandé au Gouvernement japonais de répondre aux préoccupations croissantes des pays de la région quant aux rejets d’eau contaminée auxquels il se livre dans les océans.  Le Japon doit également détruire les armes chimiques qu’il a abandonnées de longue date à travers le territoire chinois, a‑t‑il ajouté. 

Enfin, le représentant a appelé de ses vœux l’établissement de normes communes en matière de sécurité du cyberspace, afin que celui-ci devienne plus juste, stable et inclusif.  Après avoir rappelé le souhait de la Chine que soit conclu un traité interdisant la militarisation de l’espace extra-atmosphérique, il a estimé nécessaire que l’ONU organise la sécurisation internationale de l’intelligence artificielle. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a déclaré que les États parties au TNP doivent continuer à explorer toutes les voies permettant de surmonter leurs divergences au cours du cycle actuel d’examen du Traité.  Nous ne pouvons pas nous permettre de rater une autre occasion de réaffirmer et de renforcer ce traité en tant que fondement essentiel de la poursuite du désarmement nucléaire et en tant que cadre pour l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, a souligné la représentante. 

Après avoir considéré que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) constituera une avancée cruciale vers l’objectif ultime d’un monde exempt d’armes nucléaires, la représentante a évoqué le rôle de la Bulgarie au sein de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), se disant honorée que son pays figure parmi les vice-présidents nouvellement élus du Conseil des gouverneurs de l’Agence.  Au cours de notre mandat, nous n’épargnerons aucun effort pour relever les défis mondiaux de la non-prolifération et des menaces à la sécurité et à la sûreté nucléaires ainsi que pour promouvoir les usages pacifiques de l’énergie nucléaire, a‑t‑elle assuré.  La représentante a ensuite appelé l’Iran à respecter à ses obligations au titre du PAGC, et la RPDC à revenir dans le cadre du TNP en tant qu’État non doté ayant souscrit à l’Accord de garanties généralisées de l’AIEA.

Au chapitre des armes classiques, la représentante a annoncé que son pays avait achevé cette année le processus de destruction de tous les stocks d’armes à sous-munitions détenus par les forces armées bulgares.  « Cela marque le respect de nos obligations eu égard à l’article 2 de la Convention sur certaines armes classiques », a‑t‑elle commenté. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a réitéré son soutien à l'intégrité territoriale de l’Ukraine et condamné les actions de la Russie dans la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. Par ailleurs, elle a déploré que les États dotés d'armes nucléaires augmentent leurs arsenaux. L’engagement du Guatemala en faveur du désarmement nucléaire est réaffirmé par sa participation, en tant qu'État partie, aux traités internationaux en la matière, a fait valoir la représentante, qui a rappelé que l'Amérique latine et les Caraïbes ont non seulement contribué au désarmement et à la non-prolifération nucléaires, mais aussi à la paix et à la sécurité régionales et internationales par le biais du Traité de Tlatelolco.

La représentante a vu dans l'entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) une étape importante qui impose une élimination des armes nucléaires et complète les objectifs du TNP en renforçant les trois piliers du désarmement nucléaire, de la non-prolifération nucléaire et de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Elle a en outre demandé à tous les États visés à l'annexe 2 du TICE d'accélérer le processus de signature et de ratification afin que le Traité entre en vigueur dès que possible. 

La sécurité des citoyens et la protection des civils constituent une priorité pour le Gouvernement guatémaltèque, a souligné la représentante, qui a dénoncé le fléau que constitue le trafic illicite des armes légères et de petit calibre, lequel menace les personnes et empêche la création d'un environnement favorable à un développement humain intégral et durable.  À cet égard, le Guatemala est satisfait de l'adoption par consensus du rapport final du groupe de travail à composition non limitée chargé de définir un ensemble d'engagements politiques devant constituer un nouveau cadre mondial qui remédierait aux lacunes existantes dans la gestion portant sur toute la durée du cycle de vie des munitions, conformément à la résolution 76/233 de l'Assemblée générale.

Enfin, la représentante a demandé que les armes à effet indiscriminé soient interdites au moyen d'un instrument juridiquement contraignant, de même que les systèmes d’armes létaux autonomes.

M. FAISAL ABDELAZIM SALIM MOHAMED (Soudan) a notamment salué la poursuite du cycle de conférence à l’ONU pour la création d’une zone exempte d'armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Il est regrettable que certains acteurs de la région, qui refusent depuis toujours d’adhérer au TNP et de collaborer avec l’AIEA, persistent à ne pas vouloir rejoindre ce processus important pour la sécurité régionale et internationale, a‑t‑il ajouté. 

Sur les armes classiques, qu’il a qualifiées d’armes en réalité les plus meurtrières au monde, en particulier en Afrique, le représentant a rappelé la responsabilité des pays de gérer leurs stocks en tenant à la fois compte de leurs intérêts en matière de sécurité et des obligations inhérentes aux accords de désarmement et de contrôles agrées sur le plan international. Il a par ailleurs plaidé pour un instrument juridiquement contraignant destiné à empêcher une militarisation de l’espace extra-atmosphérique, lequel doit rester un patrimoine commun de l’humanité au bénéfice socioéconomique de tous. En conclusion, il a appuyé les travaux des groupes d’experts gouvernementaux et à composition non limitée des Nations Unies sur la cybersécurité. 

Mme LINDA KESSE ANTWI (Ghana) a déclaré que, malgré les perspectives plutôt sombres en matière de désarmement, sa délégation reconnaît que des progrès notables ont été réalisés ces derniers temps.  Le Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires que constitue le TIAN, notamment, qui est entré en vigueur en janvier 2021 marque une étape importante, a‑t‑elle dit.  Pour le Ghana, ce traité représente le premier accord international juridiquement contraignant interdisant complètement les armes nucléaires.  La représentante a noté que même si les principaux États dotés ont choisi de ne pas en faire partie, l’existence même du traité d’interdiction constitue une lueur d’espoir pour les partisans d’un monde sans armes nucléaires. 

La représentante a salué par ailleurs le nombre croissant de parties à la Convention sur les armes biologiques et appelé à ce qu’un régime de vérification soit trouvé par consensus dans le cadre de cet instrument. 

Parce que le détournement et le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) alimentent les conflits et constituent des menaces importantes pour la stabilité des démocraties émergentes en Afrique, la représentante s’est félicitée de la création d’un module de formation dédié aux ALPC dans le cadre du Programme d'action sur les armes légères de l’ONU. Et c’est en raison de la reconnaissance par son pays du lien entre désarmement et développement, qu’elle a estimé que la réduction des dépenses militaires permettrait de faire progresser le désarmement tout en soutenant une mise en œuvre accélérée des objectifs de développement durable.  Avec les Pays-Bas, le Ghana présentera un projet de résolution sur la contribution de la science et de la technologie nucléaires dans le cadre plus large du Programme de développement international, a‑t‑elle annoncé. 

M. LOK BAHADUR THAPA (Népal) a fait remarquer que les dépenses militaires mondiales ont grimpé à plus de 2 400 milliards de dollars, détournant des ressources essentielles à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le recours croissant à la dissuasion nucléaire affaiblit les régimes de désarmement et de non-prolifération, a déploré le représentant, pour qui aussi bien l’utilisation que la menace d’utilisation d’armes de destruction massive est contraire aux principes de la Charte des Nations Unies et au droit international humanitaire.  Il a rappelé que l’engagement de son pays en faveur du désarmement universel et complet émane de sa Constitution et demeure au cœur de sa politique étrangère.  Le Népal regrette l’échec récurrent des Conférences d’examen du TNP à parvenir à un consensus et appelle les États dotés à faire preuve de volonté politique pour assurer le succès de la onzième session de la Conférence d’examen.

En outre, le représentant a réaffirmé le soutien du Népal à la création de zones exemptes d’armes nucléaires ainsi qu’au droit des États d’exploiter la technologie nucléaire à des fins pacifiques, comme stipulé dans l’article IV du TNP.  Il a appelé l’AIEA à continuer de promouvoir l’utilisation pacifique tout en renforçant son mécanisme de garanties pour prévenir la prolifération. 

Le représentant a par ailleurs salué le travail efficace de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) et de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT), tout en insistant sur l’urgence du déploiement d’un mécanisme universel pour faire face aux menaces biologiques.  Il a également partagé ses préoccupations quant au trafic illicite d’armes légères et de petit calibre, et plus particulièrement leur détournement par des groupes criminels et terroristes.  Sur ce sujet, il a préconisé de s’appuyer sur les conclusions de la huitième Réunion biennale des États chargée d’examiner la mise en œuvre du Programme d’action visant à prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects (BMS8).  Enfin, il a appelé à prévenir la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et partagé ses craintes d’une utilisation malveillante des technologies de l’information et des communications.

M. ARMAN BAISSUANOV (Kazakhstan) a salué l’entrée en vigueur du TIAN et les résultats de la première réunion des États parties au Traité présidée par l’Autriche, ajoutant que son pays participerait pleinement aux travaux de la deuxième réunion, qui se tiendra en novembre prochain sous présidence mexicaine. Nous accordons une attention particulière aux objectifs humanitaires du Traité énoncés dans les articles 6 et 7 relatifs à la nécessité de remédier aux dommages causés sur la santé humaine et l’environnement par les essais d’armes nucléaires, a notamment indiqué le représentant.  Le Kazakhstan et Kiribati présenteront à la Première Commission un projet de résolution sur l’assistance aux victimes des essais nucléaires et sur la restauration de l’environnement des régions contaminées par les radiations. 

Le représentant a estimé que les moratoires volontaires sur les essais nucléaires mis en place par les États dotés ne peuvent pas se substituer aux obligations juridiquement contraignantes prévues par le TICE.  Aussi a‑t‑il réitéré que les essais nucléaires ne peuvent et ne doivent pas reprendre pour quelque raison ou sous quelque prétexte que ce soit, appelant de nouveau les États visés à l’annexe 2 du TICE à le ratifier immédiatement pour permettre son entrée en vigueur.  Par ailleurs, rappelant que son pays, avec ses voisins régionaux, a créé une ZEAN en Asie centrale dès 2006, il a soutenu le projet d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  La présence de ZEAN en tant que zones tampons entre les territoires d’États dotés d’armes nucléaires offre un niveau supérieur de stabilité politique et militaire, a‑t‑il expliqué.  Il a également annoncé la tenue, en 2024, à Astana, d’une réunion sur la coopération entre les ZEAN existantes. 

M. JACEK SAWICZ (Pologne) a accusé la Russie de mettre en péril la totalité du mécanisme onusien de désarmement depuis qu’elle a, il y a 18 mois, décidé d’agresser illégalement l’Ukraine. Moscou continue de menacer d’utiliser des armes nucléaires contre d’autres États et les troupes russes occupent illégalement la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, terrorisant son personnel en déployant du matériel militaire lourd à l'intérieur même de cette structure, a souligné le représentant.  Jamais auparavant dans l’histoire une centrale nucléaire n’avait été délibérément placée dans une zone de conflit armé ouvert, a‑t‑il ajouté, y voyant une violation flagrante non seulement du TNP, mais aussi de nombreuses réglementations internationales en matière de sûreté et de sécurité nucléaires. Le représentant a également condamné le déploiement d’armes nucléaires tactiques russes au Bélarus, qui attise les risques d’escalade et a de graves conséquences sur le climat sécuritaire régional et international en termes de prolifération. 

Dans ces circonstances difficiles, la communauté internationale ne peut pas perdre de vue les menaces et les défis sécuritaires qui évoluent d’autant plus dangereusement dans d’autres régions du monde, a relevé le représentant, qui a appelé à la reprise des discussions dans le cadre du PAGC sur le nucléaire iranien et exhorté la RPDC à répondre favorablement aux offres de pourparlers des États-Unis et des acteurs de la région sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

M. NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie) a déploré que les États parties au TNP n’aient pas réussi à parvenir à un document final pour la deuxième année consécutive.  Nous sommes dans une impasse, a déclaré le représentant, pour qui il faut absolument garantir le succès de la onzième session de la Conférence d’examen du Traité, qui aura lieu en 2026 et qui doit notamment réaffirmer la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient.  Il a encouragé les États parties au TNP à garantir la décision prise par la Conférence d’examen en 1995 et a souhaité un grand succès à la Libye, qui présidera la quatrième session de la Conférence pour l’établissement d’une telle zone.  Le représentant a encouragé Israël à participer à cette Conférence sans condition préalable, ajoutant par ailleurs qu’Israël devait adhérer au TNP et se conformer aux décisions de l’AIEA.

S’agissant des armes classiques, le représentant a appelé à aider les pays en développement à lutter contre le trafic transfrontalier d’armes légères et de petit calibre.

M. IVENS MANUEL FRANCISCO GUSMĂO DE SOUSA (Timor-Leste) a indiqué que son pays a récemment adhéré au TICE, un instrument dont, a‑t‑il dit, la mise en œuvre contribuera au désarmement et à la sécurité internationale et facilitera la réalisation d’un monde exempte d’armes nucléaires. Il a en outre fait sienne la vision du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, qui souligne le lien entre désarmement et développement. La paix mondiale propice à la réalisation des objectifs de développement durable passe notamment par la réduction des stocks d’arsenaux nucléaires et la réduction des dépenses militaires, a ajouté le représentant. Saluant de nouveau l’entrée en vigueur du TIAN, il en a souligné l’importante portée humanitaire et environnementale. Il s’est également félicité du caractère multidimensionnel du document final adopté en 2022 à l’issue de la huitième Réunion biennale des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d'action relatif aux armes légères et de petit calibre (BMS8).

M. HUGO EMMANUEL GUERRA (Argentine) a déploré l’emploi de la rhétorique nucléaire et ses répercussions sur le processus de non-prolifération.  Il a rappelé que son pays dispose d’un programme nucléaire à des fins pacifiques et qu’il exporte ses technologies dans le strict respect du TNP, cette « clef de voûte » du régime de désarmement. Le représentant a également regretté l’absence de résultats lors de la première Réunion préparatoire à la onzième Conférence d’examen du TNP.  Il a appelé les États dotés à respecter leurs obligations et à éliminer les arsenaux nucléaires de manière vérifiable et irréversible, ajoutant que le TNP ne prévoit aucun droit à posséder indéfiniment des armes nucléaires.  Enfin, il a encouragé les États figurant à l’annexe 2 du TICE à adhérer au Traité, tout en se réjouissant de son universalisation progressive.

Le représentant a rappelé que la région du monde où se trouve l’Argentine a été à l’avant-garde du désarmement nucléaire, avant même l’entrée en vigueur du TNP, avec le Traité de Tlatelolco et la création de la toute première ZEAN.  Il a souligné que les États dotés se sont engagés à ne pas violer le statut de cette zone et a exhorté « ceux qui font des déclarations interprétatives » à les réviser.  Il a également mentionné la collaboration de son pays avec le Brésil pour créer une agence commune qui garantit la maîtrise des matières nucléaires.  Un tel accord, qui plus est entre deux pays qui ont parfois été confrontés à des tensions, peut servir d’inspiration pour le reste du monde, a‑t‑il estimé.

Le représentant a apporté son soutien au processus de négociation pour éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, insistant sur la recommandation relative à des mesures de transparence et de confiance.  Enfin, il a mentionné les risques dus aux technologies de l'information et des communications (TIC).  Dans ce cadre, il s’est félicité de l’adoption consensuelle du rapport annuel au Groupe de travail à composition non limitée sur la réflexion sur les TIC et la sécurité de leur utilisation, annonçant que ledit rapport sera présenté devant la Commission. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a condamné la rhétorique nucléaire comme le perfectionnement si coûteux pour le développement durable des arsenaux nucléaires. Les États dotés doivent respecter leurs engagements internationaux en matière d’élimination de leurs arsenaux, ne pas déployer d’armes nucléaires dans des pays tiers et reconnaitre la viabilité du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), dont la dimension humanitaire complète le TNP, a‑t‑il ajouté. 

Après avoir appuyé les régimes de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC) et de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (CABT) ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité portant sur ces catégories d’armes de destruction massive, le représentant a mis l’accent sur les ravages causés par l’utilisation illégale des ALPC.  La situation en Haïti le montre, les femmes et les enfants sont les premières victimes des gangs et de l’utilisation des armes à feu détournées, a‑t‑il dit, avant d’appeler au renforcement des normes de marquage et de traçage de ces armes ainsi que de la gestion des munitions tout au long de leur cycle de vie, comme l’envisage depuis 2022 le Programme d’action de l’ONU contre les ALPC. 

M. VASILIY PAVLOV (Bélarus) a estimé que la situation en matière de sécurité internationale se caractérisait par une course aux armements sur le continent européen et a déploré que plusieurs mécanismes de désarmement, de non-prolifération et de contrôle des armements continuent de se détériorer.  Le représentant a cité notamment la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en Europe, le Traité New START, le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE) et le Traité « Ciel ouvert ».

Le représentant a aussi déploré que les forums sur le désarmement demeurent politisés, voyant en la Première Commission un exemple type, avec de moins en moins de résolutions adoptées par consensus.  Il a estimé que le niveau sans précédent de politisation de la dixième session de la Conférence d’examen du TNP avait constitué un défi majeur pour le régime mondial de non-prolifération nucléaire, alors que des mesures décisives sont nécessaires pour renforcer le régime du TNP.  Souhaitant par ailleurs l’entrée en vigueur la plus rapide possible du TICE, il a demandé instamment aux États dont dépend son sort de faire preuve de volonté politique. 

Le représentant a plaidé pour l’élaboration d’un accord juridiquement contraignant sur des garanties inconditionnelles données aux États non dotés d’armes nucléaires de ne pas utiliser contre eux de telles armes.  Il y a près de 30 ans, le Bélarus a fait le choix de renoncer à ses propres armes nucléaires et a adhéré au TNP en tant qu’État non doté, a rappelé le représentant.  Mais, a‑t‑il expliqué, le Bélarus est actuellement soumis à une pression sans précédent et le Mémorandum de Budapest le concernant est violé, le tout dans un contexte de tensions militaires et de renforcement des capacités militaires sur les territoires voisins des États membres de l’OTAN, et d’intensification des activités militaires à proximité de ses frontières. 

Dans cette situation, le Bélarus est contraint de prendre des mesures visant à renforcer sa capacité de défense, a expliqué le représentant, qui a affirmé que la coopération entre son pays et la Russie dans ce domaine s’inscrit dans le cadre du droit international et le strict respect des dispositions du TNP.  Une telle forme de coopération existe depuis longtemps dans le cadre des missions conjointes ou du déploiement d’armes nucléaires américaines sur le territoire de cinq États non dotés d’armes nucléaires membres de l’OTAN en Europe, a‑t‑il encore fait observer. 

Le représentant a ajouté que, cette année encore, le Bélarus soumettra à la Première Commission un projet de résolution sur « l’Interdiction de mettre au point et de fabriquer de nouveaux types et systèmes d’armes de destruction massive: rapport de la Conférence du désarmement », sans aucune modification autre que des révisions techniques. 

M. ICHIRO OGA SAWARA (Japon) a déclaré que la voie vers un monde sans armes nucléaires devient de plus en plus difficile en raison des divisions croissantes au sein de la communauté internationale provoquées par l’agression de la Russie contre l’Ukraine, ainsi que du chantage nucléaire auquel se livre la partie russe.  Dans un tel contexte, le maintien et le renforcement du TNP sont plus que jamais dans l’intérêt de la sécurité collective, a estimé le représentant, pour qui la « Vision d’Hiroshima » des dirigeants du G7 sur le désarmement nucléaire, publiée lors du sommet du G7 à Hiroshima en mai dernier, fournit une plate-forme solide pour œuvrer en faveur d’un monde sans armes nucléaires. 

Le représentant s’est dit préoccupé par le fait que l’augmentation incontrôlée des stocks d’armes nucléaires de la Chine risque, pour la première fois depuis la guerre froide, d’entraîner une course aux armements et, ce faisant, « de nous éloigner encore davantage de la réalisation d’un monde sans armes nucléaires ».  Nous devons également donner un nouveau souffle aux discussions visant à conclure un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles à des fins militaires, a‑t‑il poursuivi, avant de saluer à cet égard la tenue cette année par l’Australie, son pays et les Philippines d’un événement de haut niveau sur cette question en marge du débat général de l’Assemblée. 

Le Japon présentera à la Première Commission un projet de résolution appelant à élaborer une feuille de route commune vers un monde sans armes nucléaires, que le représentant a présenté comme un texte encore plus justifié dans le contexte d’intensification des activités nucléaires et balistiques de la RPDC.  Il a de nouveau exhorté ce pays à respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à revenir au plus vite au plein respect du TNP et du système de garanties de l’AIEA.

Mme SZILVIA BALÁZS (Hongrie) a émis l’espoir que le nouveau cycle d’examen du TNP soit un succès et permette de renforcer la pertinence du Traité.  Pour ce faire, nous devons nous concentrer sur les questions qui nous unissent et non sur celles qui nous divisent dans les trois piliers du Traité, piliers qui sont d’égale importance et se renforcent mutuellement, a estimé la représentante. 

Si elle a jugé impératif de rejeter toute menace d’utilisation des armes nucléaires, la représentante a ajouté que le désarmement nucléaire nécessite une approche progressive impliquant des mesures graduelles et concrètes.  Il serait à cet égard important de se concentrer sur l’identification des domaines où un consensus incluant les États dotés d’armes nucléaires peut être atteint, a‑t‑elle ajouté, citant l’entrée en vigueur du TICE et l’adoption d’un accord portant sur l’interdiction de la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires ou de tout dispositif explosif nucléaire.  En outre, elle a souligné que la Hongrie a participé aux travaux du deuxième Groupe d’experts gouvernementaux (GGE) sur la vérification en vue de faire progresser le désarmement nucléaire.  Dans le cadre de sa contribution active à ces efforts, la Hongrie a par ailleurs accueilli cette année la réunion plénière du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire (IPNDV), a rappelé la représentante. 

Quant aux questions spatiales, la Hongrie est fière d’avoir été invitée à participer aux travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur les nouvelles mesures pratiques pour la prévention d’une course aux armements dans l’espace à partir de novembre prochain.  La représentante a, enfin, réitéré son soutien à la Conférence du désarmement et s’est dite heureuse que les États membres de la Conférence aient pu cette année, sous présidence hongroise, s’entendre sur un rapport substantiel. 

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) a déclaré que la guerre en Ukraine change les paradigmes de l’architecture de désarmement et de non-prolifération, jugeant les circonstances aggravées du fait que l’agresseur est à la fois membre permanent du Conseil de sécurité et État doté.  Rappelant l’absence d’accord à l’issue des dernières Conférences d’examen du TNP ainsi que le manque de progrès de la Conférence sur le désarmement et de la CIAC, le représentant a jugé qu’un tel contexte met à l’épreuve la sécurité mondiale.

Le représentant a souhaité que l’architecture de désarmement soit préservée, appelé en particulier au renforcement du TNP dans le cadre de son prochain cycle d’examen, plaidé pour l’universalisation du Traité et insisté sur l’importance égale de ses trois piliers.  Se prononçant en faveur d’un processus de désarmement progressif, il a estimé que la suite logique consiste à commencer le travail autour du projet de traité interdisant l’emploi de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Enfin, il a appelé les États pas encore parties au TICE à la ratifier.

Le représentant s’est par ailleurs dit inquiet du programme balistique et nucléaire de la RPDC, le qualifiant de « source d’instabilité majeure » et dénonçant la multiplication récente des essais en violation de multiples résolutions du Conseil de sécurité.  Il a appelé la RPDC à reprendre les négociations et à abandonner ses programmes. Il a également fait part de ses préoccupations concernant le programme iranien et réitéré sa foi sans le PAGC, estimant qu’il constitue toujours la meilleure voie pour que l’Iran dispose d’un programme exclusivement civil et pacifique. 

Enfin, le représentant a rappelé que la Roumanie préside la dixième Conférence d’examen du Traité sur le commerce des armes (TCA) et a appelé tous les États à ratifier ce Traité.  La Roumanie présentera à la Première Commission un projet de résolution relatif au TCA. 

M. THOMAS GOEBEL (Allemagne) a dénoncé les menaces nucléaires agitées par la Russie, accusant ce pays d’avoir fragilisé le contrôle des armements nucléaires en suspendant sa participation au Traité New START, le représentant a également déploré que la Russie se soit engagée dans une campagne de désinformation contre les mesures de réduction de la menace biologique. Le multilatéralisme et la sécurité internationale ne peuvent être garantis que si chaque pays s’engage en faveur du droit et de la Charte des Nations Unies, a‑t‑il rappelé. 

L’Allemagne est déterminée à progresser sur la voie du désarmement et de la non-prolifération malgré l’attitude de la Russie, a poursuivi le représentant, qui a assuré que son pays continuerait d’œuvrer avec ses partenaires afin de garantir que le programme nucléaire iranien est mené à des fins exclusivement pacifiques. 

Le représentant a aussi rappelé les directives publiées par son pays en 2023 en vue d’une politique étrangère féministe, en ajoutant que cette approche concerne également les affaires de désarmement. 

Mme JORGE VIDAL (Chili) a jugé possible de maintenir la paix et la sécurité internationales sans recourir à la dissuasion nucléaire, soulignant qu’il s’agissait là d’un impératif éthique conforme au système international de protection des droits humains.  Le Chili reconnaît le rôle du TNP dans la lutte multilatérale contre la possession d’armes nucléaires et accorde une grande importance à l’entrée en vigueur immédiate du TIAN en tant qu’instrument fondamental de désarmement et de non-prolifération.

La représentante a rappelé que l’Amérique latine et les Caraïbes ont constitué la première région densément peuplée à avoir institué une ZEAN, avec la signature du Traité de Tlatelolco en 1967.  Elle a ensuite plaidé pour la mise en œuvre des trois piliers du TNP que sont le désarmement, la non-prolifération et le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  S’inquiétant de l’absence de consensus et de plan d’action à l’issue des deux dernières Conférences d’examen du TNP, la représentante a réclamé des efforts multilatéraux pour interdire l’emploi et la détention de toutes les armes de destruction massive.  Elle a également condamné l’utilisation militaire des armes biologiques et chimiques en toutes circonstances. 

Qualifiant de fléau le trafic illégal des armes légères et de petit calibre ainsi que de leurs munitions, la représentante a souligné leurs effets incommensurables et appelé à l’éradication de ce commerce illicite.  Elle a également évoqué les risques particuliers liés au cyberespace, en raison de sa nature internationale et transfrontalière, se félicitant du consensus obtenu en juillet dernier à l’issue de la cinquième session de fond du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale (2021-2025).

M. HUSSEIN ATHMAN KATTANGA (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que, compte tenu des engagements de son pays dans les différents traités et accords de désarmement général et complet, sa délégation soutiendra toutes les résolutions visant le renforcement des moyens financiers et techniques des pays en développement pour leur permettre de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales et régionales, la prise de mesures innovantes pour résoudre pacifiquement les conflits et l’accroissement des capacités des États Membres en matière de cybersécurité, de lutte contre le terrorisme, de lutte contre les stupéfiants et de lutte contre la violence et l’extrémisme. La République-Unie de Tanzanie soutiendra également les projets de résolution de la Première Commission qui promeuvent la culture de la paix et de tolérance entre les individus et entre les États, ainsi que ceux qui encouragent les États dotés à remplir leurs obligations en matière d’élimination totale des armes nucléaires et de prévention de l’escalade des tensions et des conflits armés. 

Mme AMINATH GURAISHA (Maldives) a déclaré que, la présence continue et la menace toujours imminente des armes de destruction massive demeurant une préoccupation majeure de son pays, celui-ci a adhéré à la Convention sur les armes à sous-munitions et au Traité sur le commerce des armes.  Il s’agissait pour nous d’associer notre voix à celle des autres pays désireux qu’il soit mis fin à ces armes et de sauver des vies innocentes, a expliqué la représentante. 

Parce que la quête humaniste du désarmement doit aller au-delà des armes de destruction massive, la maîtrise des armes classiques, la prévention du trafic illicite d’armes et l’utilisation responsable des technologies émergentes susceptibles de provoquer des perturbations majeures sont également des éléments qui doivent être au centre de notre programme de sécurité collective, a poursuivi la représentante.  Aussi a‑t‑elle appelé à la recherche de solutions stratégiques pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) en lien avec le désarmement.  Nous devons reconnaître que les ressources économisées grâce au désarmement pourraient être réorientées vers la résolution de certains des défis mondiaux les plus urgents de notre époque, a poursuivi la représentante, qui a notamment plaidé pour un investissement commun dans le développement durable et la résilience des sociétés frappées par les conflits, les changements climatiques et les pandémies. 

M. ARŪNAS JIEVALTAS (Lituanie) a condamné la Russie pour sa guerre « délibérée et non provoquée » contre l’Ukraine, ainsi que le Bélarus pour soutenir les efforts de son voisin.  Il a également dénoncé l’emploi de drones iraniens dans le conflit, estimant qu’il s’agissait d’une violation de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité. Le représentant s’est également dit inquiet à propos de la RPDC, qui se préparerait à fournir des munitions à la Russie en échange de technologies d’armement de pointe.  Le conflit, a‑t‑il continué, entraîne des répercussions sécuritaires mondiales avec la rhétorique nucléaire russe.

Le représentant a déploré les pressions majeures subies par l’architecture mondiale de désarmement et de non-prolifération, rappelant l’échec récent de trois grandes conférences d’examens en raison des positions de la Russie.  Il a en outre estimé que cette dernière, en suspendant sa participation au Traité New START, trahissait une tendance à s’appuyer toujours plus sur les armes nucléaires.  Enfin, il a rejeté les allégations russes selon lesquelles des armes chimiques et biologiques seraient fabriquées en Ukraine, dénonçant une campagne de désinformation.  Il s’est par ailleurs dit préoccupé que la Russie puisse choisir d’employer des armes chimiques en Ukraine, réitérant son soutien au mécanisme d’enquête du Secrétaire général de l’ONU concernant l’usage d’armes chimiques et biologiques.

Le représentant s’est félicité des efforts de transparence de la part de certains États dotés pour informer sur leur stock d’armes nucléaires.  À cet égard, il a appelé la Chine à faire preuve de responsabilité et à rejoindre les pourparlers.  Il a conclu en faisant part de ses inquiétudes sur le programme nucléaire de l’Iran, estimant qu’il aggrave le risque de prolifération dans la région, ainsi sur que le programme nucléaire et balistique de la RPDC, dont les tirs de missiles ont atteint un nombre inégalé. 

Droits de réponse

Le représentant du Japon a répondu à la Chine que les rejets d’eau contaminée par des radiations étaient effectués sous la supervision de l’AIEA et dans le respect de ses normes.  À chaque fois, le Japon a fourni la preuve scientifique du bien-fondé de ces rejets, qui respectent les normes de l’Agence, laquelle, à chaque fois également, a attesté de la validité des informations transmises et l’absence d’anomalie dans les eaux considérées, a‑t‑il indiqué. 

Le représentant de la Fédération de Russie a dénoncé les déclarations des membres de l’Union européenne, à commencer par celles de la Lituanie et de la Pologne, marquées comme celles de leurs alliés occidentaux par un « deux poids, deux mesures » exorbitant.  Il a ironisé sur le déploiement massif et de longue date d’armes de destruction massive américaines dans des pays de l’OTAN situés à des milliers de kilomètres des États-Unis mais souvent frontaliers ou proches de la Russie.  Il est étonnant que persistent des attaques excitées contre la Russie et le Bélarus quant au placement d’armes russes sur le territoire de ce dernier pays, a‑t‑il dit.  Il s’agit d’une réponse aux pratiques de l’OTAN qui sont d’une ampleur tout autre, s’est-il défendu, ajoutant que c’est l’OTAN qui doit renoncer à saper la capacité de sécurité russe, et non pas la Russie et le Bélarus qui doivent cesser leur collaboration militaire mesurée. 

La représentante de l’Australie a expliqué que l’acquisition par son pays de capacités de propulsion nucléaire navale se fera dans le respect strict des obligations internationales découlant du TNP et du Traité de Rarotonga créant une zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique.  Le combustible nucléaire que l’Australie recevra dans le cadre de l’alliance AUKUS ne pourra pas servir d’arme nucléaire, a‑t‑elle expliqué, ajoutant que son pays ne dispose pas de l’arme nucléaire et ne cherchera pas à s’en doter.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répondu au Japon que sa course aux armements est allée trop loin.  C’est un secret de polichinelle que le Japon étend ses capacités nucléaires, a‑t‑il estimé.  Le représentant a rappelé que le Japon n’est autorisé à posséder que des capacités d’armements minimales, mais a ajouté que ce pays est utilisé comme un bélier par les États-Unis pour en faire une puissance capable d’invasion.  Les États-Unis facilitent la fourniture de missiles Tomahawk qui ont une portée de 1 500 kilomètres, a‑t‑il accusé, en répétant que le Japon ne fait que suivre tête baissée la stratégie des États-Unis.  Le représentant a ensuite accusé le Japon de n’avoir jamais présenté d’excuses pour les crimes passés, avant de lui demander de cesser tout rejet radioactif dans la mer. 

Le représentant des États-Unis a assuré que les armes nucléaires entreposées en Europe sont sous le contrôle de son pays, comme elles l’ont toujours été depuis plus de 70 ans.  Les arrangements de partage de fonctions nucléaires de l’OTAN se font avec des pays hôtes, a‑t‑il poursuivi, affirmant qu’ils s’inscrivent dans le cadre des articles du TNP interdisant le transfert d’armes nucléaires ou de leur contrôle aux États non dotés.  Il a donc rejeté les accusations selon lesquelles ces arrangements contredisent l’esprit et la lettre du TNP.  Notant que la Russie n’avait pas soulevé cet argument avant 2015, soit un an après l’invasion de la Crimée, le représentant a estimé qu’il s’agissait d’une manière de détourner l’attention de la guerre en Ukraine. 

Le contrôle du désarmement et de la non-prolifération n’a jamais changé, malgré la rhétorique « insensée » de la Russie ou son intention de placer des armes nucléaires au Bélarus, a insisté le représentant, qui a exigé que la Russie reste seule détentrice de ces capacités au Bélarus et jugé préoccupantes les récentes déclarations du Président bélarussien selon lesquelles il contrôlerait lui-même ces capacités nucléaires.  Le représentant a également rejeté la dialectique visant à qualifier de « satellites » les alliés des États-Unis, que ce soit dans le cadre de l’OTAN ou avec le Japon, la Corée ou l’Australie.  Il s’agit d’alliances défensives conclues avec des pays souverains qui partagent un certain nombre de valeurs communes, a‑t‑il précisé, ajoutant qu’il ne s’agit pas de promouvoir un bloc, mais la sécurité internationale.

Le représentant de la République arabe syrienne a rejeté les allégations de la Bulgarie selon lesquelles son pays aurait contribué à l’échec pour aboutir à un document final à la cinquième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, rejetant la faute sur l’égoïsme de certains pays occidentaux.  L’Équipe d’enquête n’est pas reconnue par la Syrie et par d’autres pays, a rappelé son représentant, qui a déploré un rapport final déséquilibré et sélectif, qui ne tient pas compte des recommandations d’amendement émises par son pays et d’autres nations.  Selon lui, les aspects techniques de l’OIAC ont été laissés de côté au profit d’une cristallisation sur des aspects politiques, imposée par les occidentaux. Le représentant, qui a dénoncé l’emploi d’armes chimiques par qui que ce soit et en toutes circonstances, a assuré de la disposition de son pays à collaborer pleinement avec l’OIAC et à respecter ses engagements dans le cadre de la CAC, tout en réaffirmant que la Syrie avait détruit tous ses stocks.

Le représentant de la Chine a estimé à propos des rejets d’eaux issus de la centrale japonaise de Fukushima, soit elles sont sûres et il n’y a pas de raison de les déverser dans l’océan, soit elles ne le sont pas et il ne faut pas les verser dans l’océan.  Il a appelé à vérifier les infrastructures, affirmant que nous ne savons pas si ces eaux rejetées sont fiables.  Il a ensuite demandé quels sont les effets de ces versements à long terme.  Quant à la coopération entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, le représentant s’est demandé quel serait son impact sur la sécurité, du fait de l’existence d’exercices militaires. 

Le représentant du Japon a répété que le déversement d’eaux traitées de la centrale de Fukushima a été fait en coopération avec l’AIEA, qui a dit publiquement que le niveau de contamination est en deçà des normes.  Le Japon est prêt à débattre des détails dans les enceintes adéquates, a‑t‑il déclaré.  Quant aux allégations infondées de la part de la RPDC, le représentant a assuré que son pays n’avait pas l’intention de devenir une puissance d’invasion, était épris de paix et garantissait la transparence de ses dépenses militaires. 

Le représentant de la Fédération de Russie a répondu que les États-Unis « essaient de dire que tout ce qu’ils font est juste et que tout ce que font les États qui ne leur plaisent pas, comme c’est le cas pour la Fédération de Russie et le Bélarus, est mal! » C’est du deux, poids deux mesures, s’est-il insurgé.  À propos de la dissuasion nucléaire, il s’est interrogé: « De quelle dissuasion parle-t-on? Pourquoi placer des armes nucléaires dans cinq États européens alors que l’on possède déjà un énorme arsenal sur son propre sol?  Cela correspond à une escalade, surtout si l’on prend en compte les déclarations faites par les États-Unis disant vouloir infliger une défaite à la Russie ».  Il a ensuite ironisé en demandant si les pays où les États-Unis ont voulu imposer la démocratie comme l’Iraq, l’Afghanistan, ou la Libye étaient devenus plus stables.

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