Soixante-dix-huitième session,
38e séance - matin
AG/12565

L’Assemblée générale demande aux États Membres d’observer la Trêve olympique lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, une résolution consacrée à l’« Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique », qui demande aux États Membres d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies pendant la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des Jeux de la XXXIIIe Olympiade au septième jour suivant la clôture des XVIIes Jeux paralympiques, qui se tiendront à Paris en 2024.

Présentée par la France, cette résolution, qui est traditionnellement adoptée par consensus, a été adoptée cette année par 118 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (Fédération de Russie et République arabe syrienne).  La mise aux voix a été demandée par la Russie, sa représentante ayant dénoncé la politisation dans le sport, ce qu’a démenti son homologue de la France, qui a défendu un texte « consensuel, non politisé et universel ».

Par cette résolution, l’Assemblée générale demande également à tous les États Membres de s’associer à l’action du Comité international olympique (CIO) et du Comité international paralympique pour faire du sport un outil de promotion de la paix, de dialogue et de réconciliation dans les zones de conflit pendant, et après, les Jeux olympiques et paralympiques.

Lors du débat, de nombreuses délégations ont insisté sur le caractère unificateur du sport dans son ensemble, sur sa capacité à renforcer la cohésion sociale ou encore, comme l’a noté la représentante des États-Unis, sur les trois piliers d’excellence, d’amitié et de respect qu’il permettait de promouvoir, en miroir des valeurs défendues par les Nations Unies.  Plus qu’un loisir, le sport est un moteur du « vivre ensemble » qui gomme toute diversité, a ainsi déclaré le délégué du Sénégal qui, de même que la représentante des Émirats arabes unis, l’a assimilé à un « langage » permettant de surmonter les différences culturelles.

La délégation russe a toutefois déploré une tendance dangereuse à transformer le sport en un instrument de pression politique, pointant la suspension « illégale et sans précédent » des athlètes russes des compétitions sportives internationales, ainsi que les tentatives visant à priver la Russie du droit de les organiser sur son territoire. 

Mettant en garde contre le risque d’une fragmentation politique du sport international où des Jeux olympiques véritablement universels ne seraient plus possibles, le Président du Comité international olympique a souligné que les athlètes ne peuvent être tenus responsables des actions de leur gouvernement ou de leur comité national olympique (CNO), ajoutant que tous les athlètes qualifiés qui respectent les règles de la Charte olympique doivent avoir la possibilité de participer aux compétitions internationales. 

Nous défendons ce principe de non-discrimination également dans le contexte de la violation de la Charte olympique par le comité national olympique de la Russie, a-t-il affirmé, expliquant que le CIO avait dû le suspendre parce qu’il avait violé l’intégrité territoriale du comité national olympique de l’Ukraine en incluant parmi ses membres des organisations sportives des régions ukrainiennes. 

Au cours de cette séance, plusieurs délégations, comme le Guyana ou le Qatar, ont par ailleurs évoqué le lien dynamique entre la promotion du sport et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), que ce soit par le biais de campagnes de promotion de ces ODD pendant les compétitions sportives, ou par la réalisation d’objectifs spécifiques, comme l’ODD no3 sur la bonne santé et le bien-être. 

Ce débat a aussi été l’occasion pour plusieurs délégations de célébrer les exploits de leurs athlètes, de promouvoir des compétitions organisées sur les plans régional, interrégional ou international, et de rappeler les valeurs universelles de paix et de tolérance qui leur sont associées.  « Deux semaines de trêve ne suffiront pas pour apporter la paix et la réconciliation dans le monde », a ainsi relevé le représentant de la Grèce.  « Mais c’est un début », a-t-il conclu. 

L’Assemblée générale poursuivra ses travaux mardi 28 novembre, à partir de 10 heures.

LE SPORT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA PAIX: ÉDIFICATION D’UN MONDE PACIFIQUE ET MEILLEUR GRÂCE AU SPORT ET À L’IDÉAL OLYMPIQUE: PROJET DE RÉSOLUTION (A/78/L.9)

Débat sur la question et décision sur le projet de résolution

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS, Vice-Président de l’Assemblée générale, a déclaré que le sport participait du tissu même de nos sociétés, en promouvant des changements positifs dans l’éducation, la santé, la croissance économique et l’inclusion sociale.  Le développement durable en bénéficie donc au premier chef, a-t-il souligné, en offrant « un potentiel de changement pour des communautés entières ».  Il offre aussi des opportunités de croissance économique et d’emploi, et brise le cercle vicieux de l’inégalité, a-t-il noté, en ajoutant qu’il était aussi un puissant vecteur de paix et un symbole de tolérance entre les cultures.  Il a également salué le rôle du Comité international olympique (CIO) pour son engagement et sa contribution en faveur de l’égalité des genres, y compris s’agissant de la résorption du fossé salarial entre les hommes et les femmes. Il a conclu en se félicitant du pouvoir transformateur du sport, notamment parmi les jeunes. 

M. CURRAN, de l’Union européenne (UE), a affirmé que la Trêve olympique était un symbole puissant d’engagement collectif en faveur de la paix entre les nations pendant la période des Jeux, ce qui revêtait une importance particulière dans le contexte mondial actuel.  Il a reconnu les mérites de la résolution sur la Trêve olympique et sa capacité à favoriser la coopération internationale, à encourager le dialogue et à atténuer les conflits.  Il a indiqué que la Trêve olympique s’inscrivait dans l’engagement de l’UE en faveur d’un monde où les différences sont résolues par un dialogue ouvert.  Le représentant a ensuite salué l’engagement résolu à empêcher la politisation de cette résolution, en adhérant à un langage convenu qui facilite le consensus. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a reconnu le rôle du sport en tant que facteur de développement durable et vecteur de paix, de tolérance et de vivre-ensemble.  À cet égard, il est un élément indispensable qu’il faut cultiver pour promouvoir la paix et la solidarité à l’échelle internationale, a analysé le représentant.  Il a indiqué que le sport exige la mise en place d’infrastructures et la promulgation de lois afférentes, et a fait savoir que la Confédération africaine de football (CAF) a décerné, en 2023, le prix de l’excellence au Roi Mohamed VI en reconnaissance des actions entreprises pour promouvoir le sport au-delà du continent africain. 

Le rôle multidimensionnel du sport occupe une place centrale dans la vision royale, a indiqué le représentant, précisant que le sport ne se limite pas au Maroc à être un simple divertissement, mais un catalyseur des grands projets de développement.  Le délégué a ensuite salué le parcours des Lions de l’Atlas, première équipe africaine à s’être qualifiée en demi-finale de la Coupe du monde de football, avant de se féliciter du fait que la Fédération internationale de football association (FIFA) ait retenu la candidature du Maroc avec l’Espagne et le Portugal pour l’organisation de la Coupe du monde 2030 qui réunira deux continents.

Mme NOELLE TAM (Singapour) a rappelé que son pays, coauteur du projet de résolution, avait une longue histoire olympique, qui remonte à avant même son accession à l’indépendance.  Elle a parlé de l’initiative SportCares qui permet à toutes les franges de la société singapourienne, y compris les plus défavorisées, de participer aux activités sportives et à l’esprit sportif.  Elle a souligné l’importance de mettre en place des structures ou centres sportifs gratuits ou peu onéreux pour en faire des lieux d’interaction communautaire et de promotion de l’unité.  Elle a aussi souligné le rôle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans la promotion conjointe du sport et des objectifs de développement durable (ODD).  Les Nations Unies et le mouvement olympique partagent les mêmes principes -l’amitié, le respect et la compétition amicale- en vue de promouvoir une communauté internationale favorable à la tolérance et au fair-play, a-t-elle relevé. 

Mme DAPHNÉ BRIGITTE MARIE LE SON (Monaco) a rappelé que, de tout temps, l’olympisme a été associé à la cessation des conflits.  Elle a souligné que la tradition de la Trêve olympique, née en Grèce au IXe siècle avant notre ère, personnifie cet idéal, pour que chacun puisse voyager en toute sécurité afin de participer ou d’assister aux Jeux, ajoutant qu’en 1992, le Comité international olympique (CIO) avait pris la décision de la faire revivre pour les jeux modernes.  Ainsi, les premières résolutions de l’ONU sur le sport et l’idéal olympique et sur le respect de la Trêve olympique ont été adoptées par l’Assemblée générale en 1993.  « Toute violation de la Trêve, en particulier le déclenchement de nouveaux conflits, est inacceptable », a-t-elle martelé. 

La représentante s’est ensuite félicitée des efforts du CIO pour atteindre une stricte égalité femmes-hommes dans la compétition, rappelant qu’il n’y avait que 5% de femmes aux Jeux olympiques de 1924.  L’accès au sport et la pratique d’une activité physique doivent être assurés à tous sans entrave, en particulier aux filles et aux femmes, a-t-elle insisté.  Elle a également salué les efforts entrepris par le CIO et par Paris 2024 pour l’organisation des jeux les plus durables à ce jour, avec des émissions de carbone réduites de moitié par rapport à la moyenne des Jeux olympiques de Londres en 2012 et de Rio en 2016.  De même, elle s’est réjouie de la participation d’une équipe de réfugiés, comme lors des deux dernières éditions des Jeux d’été. 

Mme SHARIFA YOUSEF A. S. ALNESF (Qatar) a indiqué que le Plan de développement durable de son pays à l’horizon 2030 reconnaît le rôle du sport dans la promotion de la tolérance, du respect et de l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Investir dans le sport, c’est investir dans les sociétés elles-mêmes, a-t-elle expliqué, puisque le sport renforce des valeurs de coopération entre les peuples. Le Qatar a également fortement investi dans des infrastructures de haut niveau et a été un précurseur en consacrant une Journée nationale du sport célébrée tous les ans, en février.

S’agissant de l’organisation de la Coupe du monde de football par le Qatar de 2022, la représentante a souligné que ce championnat avait notamment été l’occasion de lancer la campagne Scoring for the Goals, qui appelle à la solidarité pour réaliser les ODD.  Elle en outre rappelé que le Qatar avait lui-même présenté, l’année dernière, un projet de résolution réitérant le lien entre le sport, les droits humains, l’intégration sociale, la paix, la santé ou encore l’égalité des genres sur les plans local, régional et international.

M. DAI BING (Chine) a appuyé le projet de résolution, jugeant important de respecter la Trêve olympique.  Il a également appelé au respect de la neutralité du Comité international olympique (CIO), s’opposant à sa politisation et soulignant que le sport joue un rôle important pour appuyer la paix et le développement. 

Poursuivant, le représentant a rappelé qu’à la suite du « succès » des Jeux olympiques de Beijing de 2008, la Chine a organisé les Jeux olympiques d’hiver 2022, malgré les énormes défis liés à la pandémie de COVID-19.  Estimant que le sport est notre langue commune, il a appelé à renforcer la solidarité et la coopération au nom de notre avenir commun et faire respecter l’esprit du Mouvement olympique et ainsi apporter une contribution à la paix et au développement. 

M. ROYSTON ALKINS (Guyana) a mis en avant l’esprit unificateur du sport qui permet d’apporter la paix et la tolérance entre les nations.  Face à la prolifération des conflits et des menaces à la paix, le sport a un rôle intégral à jouer pour promouvoir l’unité, la tolérance et la compréhension entre les peuples.  La promotion du sport est essentielle pour réaliser les ODD et la paix, a-t-il ajouté, avant de vanter les valeurs de discipline et de respect d’une compétition saine portées par le sport.  Il a évoqué le cricket comme une « colle » qui unifie la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à laquelle appartient son pays.   

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a constaté que, depuis la première résolution sur la Trêve olympique à l’occasion des Jeux d’hiver de Lillehammer en 1994, l’état du monde avait changé de manière spectaculaire, estimant que l’esprit de cette résolution gagnait à nouveau en importance aujourd’hui.  Dressant le bilan des Jeux de Tokyo 2020, il a affirmé que l’utilisation de l’hydrogène et des technologies de recyclage avait permis de réduire à zéro les émissions de CO2 de l’évènement.  Il a ajouté que son pays poursuivait ses efforts pour élargir les Mouvements olympiques et paralympiques grâce à Sports for Tomorrow, une initiative japonaise visant à répandre la valeur du sport dans le monde entier.

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a déclaré que dans le monde actuel, déchiré par les guerres et les conflits, la signification de la Trêve olympique « Ekecheiria » est plus pertinente que jamais.  Bien que l’idée de la Trêve olympique soit née au VIIIe siècle avant J.C., elle devient de plus en plus pertinente en raison des conflits armés, de l’utilisation d’armes de destruction massive, des cyberattaques, et des conflits pour le contrôle de l’espace, lesquels provoquent des souffrances et des douleurs sans précédent.  Cette Trêve est des plus impératives, a insisté le représentant, tout en reconnaissant que deux semaines de trêve ne suffiront pas pour apporter la paix et la réconciliation dans le monde entier. Mais il s’agit d’un début, a-t-il estimé, appelant les États Membres à adopter par consensus le projet de résolution. 

Mme SARAH EBRAHIM ABDULLA BEDDAH ALAWADHI (Émirats arabes unis) a déclaré que le sport avait « son langage unique » pour surmonter les différences culturelles, et qu’il permettait de promouvoir la croissance économique, mais aussi de réaliser les ODD, notamment l’ODD n° 3 sur la bonne santé et le bien-être.  Il est donc important que la communauté internationale promeuve l’accès de tous au sport, notamment dans les pays en développement, en développant les installations sportives, a-t-elle estimé. 

Elle a souligné que les Émirats arabes unis avaient adopté une stratégie nationale pour le sport pour la période 2020-2030 afin d’augmenter le nombre de sportifs qui participent aux compétitions internationales.  Elle a aussi appelé à appuyer l’organisation par son pays de compétitions régionales, interrégionales et internationales, dans le but de promouvoir la convergence entre cultures et pour « tordre le cou aux stéréotypes négatifs ».  S’agissant des conflits armés, elle a exhorté à la protection des athlètes et des civils en temps de guerre, rappelant que l’équipe de football de la Palestine avait dû suspendre ses activités en raison de l’escalade du conflit et des bombardements israéliens dans la bande de Gaza. 

Mme EKATERINA MOZGOVAYA (Bélarus) a affirmé que le sport servait de base à la cohésion sociale et à l’édification des valeurs et de l’esprit national, ce qui constituait une des priorités de son pays.  Elle a mis en avant les valeurs de travail en équipe et de respect de l’adversaire dans le sport, jugeant qu’elles sont également valables pour les nations.  Elle a indiqué que, cette année, son pays avait organisé les douzièmes Jeux de la Communauté d’États indépendants.  Elle s’est opposée à la politisation du mouvement sportif et a demandé à la communauté sportive internationale de ne pas avoir recours à des démarches discriminantes. 

M. JAMES AZEL SALERNO VEGA (Panama) a indiqué que son pays, reconnaissant le rôle important du sport dans l’éducation, a récemment accueilli les Jeux olympiques mondiaux de robotique, où les participants de 82 pays se sont concentrés sur la robotique pour résoudre des problèmes quotidiens tels que le manque d’eau, le recyclage, ou l’élimination des déchets.  Par ailleurs, lors des Jeux panaméricains de Santiago 2023, le Panama a présenté 92 athlètes qui ont obtenu le meilleur résultat sportif que le pays ait connu depuis le début de sa participation à cet évènement. Le représentant a estimé que la diplomatie sportive permet de construire des ponts et d’améliorer les liens entre les peuples.  À cet égard, il a plaidé en faveur du soutien aux initiatives de développement humain par le biais du sport en tant qu’instrument de promotion des valeurs de tolérance, de non-violence et de solidarité au sein des États et entre eux pour créer un avenir plus sûr, plus pacifique et plus durable. 

Mme NICOLE ELKON (États-Unis) a déclaré que le sport pouvait promouvoir le développement durable, l’inclusion sociale ou encore l’égalité des genres. Elle s’est félicitée des efforts du Comité international olympique (CIO) pour promouvoir les idéaux olympiques et a estimé que les trois valeurs que sont l’excellence, l’amitié et le respect étaient des piliers importants pour les Jeux olympiques mais aussi pour les Nations Unies.  Elle a par ailleurs indiqué que son pays accueillerait la flamme olympique en 2028, et que les États-Unis étaient déterminés à faire de ces Jeux « les Jeux les plus durables et les plus justes possible » en s’inspirant de l’expérience de la France en 2024. 

M. SAMBA THIAM NIASSE (Sénégal) a rappelé qu’en 2003 l’Assemblée générale avait inscrit à son ordre du jour un point sur le sport au service de la paix et du développement, et qu’une décennie plus tard, le 6 avril avait été déclaré Journée internationale sur ce thème.  En tant que vecteur de communication, le sport véhicule un langage universel qui garantit des échanges entre les protagonistes sur le terrain et symbolise un fort élan de partage.  Il est ainsi, plus qu’un loisir, un moteur du « vivre ensemble » qui gomme toute diversité, a-t-il estimé.  Affirmant également que le sport était un langage universel, qui invitait à la communion et au partage, il a rappelé que le Sénégal organisait à Dakar les Jeux olympiques de la jeunesse de 2026.  Il a salué la coopération innovante organisée entre les comités d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et celui des Jeux olympiques de la jeunesse de 2026. 

M. KHALED ALY AWADALLA HASSAN (Égypte) a estimé que le sport contribue au renforcement des valeurs communes alors que le monde se heurte à des défis qui requièrent la solidarité internationale.  Rappelant les objectifs de la résolution relative à la Trêve olympique, il a vu dans l’adoption de ce texte une opportunité de lutter contre la violation des droits de tous à un monde plus sûr.  Cependant, cet objectif est-il possible face à la poursuite de l’occupation injuste qui tue les civils et bombarde des hôpitaux et lieux de culte, s’est-il inquiété.  Fustigeant le silence du monde, il a demandé aux parties d’intervenir immédiatement pour mettre un terme à la souffrance des Palestiniens, et adopter un cessez-le-feu immédiat et sans condition.  Il a espéré que l’adoption de cette résolution et son message sur l’importance de la paix, et de la coexistence permettront de parvenir à cet objectif. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déclaré que le sport jouait un rôle crucial dans la promotion de la santé, de l’éducation, et du développement social inclusif et durable.  Le Royaume de Bahreïn accorde une grande importance à cette question, a-t-il souligné, en rappelant les politiques liées à l’ODD no°3 sur le bien-être et à l’ODD no17 sur les partenariats que son pays avait mis en place, notamment en participant à des forums sportifs, en appuyant les athlètes et les femmes et en renforçant les partenariats avec le secteur privé dans ce domaine.  Il a aussi insisté sur l’importance du sport pour les jeunes et la petite enfance, et indiqué que son pays allait accueillir, en 2024, un championnat des écoles, réunissant 5 000 participants venus de 18 pays pour promouvoir l’idéal olympique chez les plus jeunes et les adolescents. 

Mme MARIA ZABOLOTSKAYA (Fédération de Russie) a déploré une tendance dangereuse à transformer le sport en un instrument de pression politique, pointant la suspension illégale et sans précédent des athlètes russes des compétitions sportives internationales, ainsi que les tentatives visant à priver la Russie du droit de les organiser sur son territoire.  Elle a dénoncé une politique du deux poids, deux mesures dont font preuve les dirigeants du Comité international olympique (CIO), notant que la Charte olympique interdit la discrimination, y compris en ce qui concerne l’éligibilité à la pratique du sport. 

Concernant la résolution, la représentante a déploré l’inclusion d’un libellé qui souligne le rôle du CIO et du Comité international paralympique (CIP) pour ce qui est de l’accès des athlètes à la compétition.  De même, elle a regretté le rejet de la proposition russe visant l’inclusion d’un amendement sur l’interdiction de la discrimination dans le sport et de sa solution de compromis qui proposait de faire référence aux quatrième et sixième principes du Mouvement olympique.  Elle a expliqué avoir demandé la mise aux voix de la résolution, appelant les États Membres à suivre l’exemple de sa délégation en s’abstenant.

M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique, a constaté qu’en dépit du besoin urgent de coopération mondiale, notre monde se fragmente.  À cet égard, il a jugé la résolution sur la Trêve olympique plus pertinente que jamais, dans la mesure où elle donne l’occasion d’envoyer un signal sans équivoque au monde.  Nous pouvons nous rassembler, même en temps de guerre et de crise, et travailler ensemble pour un avenir meilleur, a lancé le Président du CIO estimant que les Jeux olympiques peuvent contribuer à cet objectif.  Les athlètes olympiques envoient un message fort: oui, il est possible de se livrer à une concurrence féroce tout en vivant pacifiquement sous un même toit.

Il a insisté sur la nécessité d’être politiquement neutre et de s’opposer à toute forme de discrimination.  Les athlètes ne peuvent être tenus responsables des actions de leur gouvernement ou de leur comité national olympique (CNO), a-t-il indiqué, ajoutant que tous les athlètes qualifiés qui respectent les règles de la Charte olympique doivent avoir la possibilité de participer aux compétitions internationales.  Nous défendons ce principe de non-discrimination également dans le contexte de la violation de la Charte olympique par le comité national olympique de la Russie, a-t-il affirmé, expliquant que la CIO avait dû le suspendre parce qu’il a violé l’intégrité territoriale du comité national olympique de l’Ukraine en incluant parmi ses membres des organisations sportives des régions ukrainiennes.

Le Président a ensuite déploré que certains gouvernements revendiquent le droit de décider de la participation de certains athlètes à certaines compétitions.  D’autres veulent décider où les compétitions sportives internationales peuvent avoir lieu et certains prévoient même d’organiser leurs propres « évènements politiques sportifs », a-t-il également regretté, mettant en garde contre la fragmentation politique du sport international où des Jeux olympiques véritablement universels ne seraient plus possibles.

Il a exprimé sa gratitude envers les États ayant soutenu, dans cette résolution, l’indépendance et l’autonomie du sport, le leadership et la neutralité politique du CIO, ainsi que la nature unificatrice et conciliatrice des Jeux olympiques et du sport en général.  Grâce à cet engagement clair, nous pouvons, ensemble, empêcher cette fragmentation politique du sport mondial et envisager avec confiance de faire des Jeux olympiques de Paris 2024 un symbole de l’unité et de la paix dans le monde, a-t-il affirmé.

Décision sur la résolution L.9

À l’issue de ces déclarations, la résolution intitulée « Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique » (A/78/L.9) a été adoptée par 118 voix pour, zéro voix contre et 2 abstentions (Fédération de Russie et République arabe syrienne).

Explications de vote

S’exprimant après le vote, l’Ukraine a regretté que la résolution n’ait pu être adoptée par consensus, tout en affirmant que la demande d’un vote par la Russie était peu étonnante, ce pays ayant violé la Trêve olympique à trois reprises: en 2008 en envahissant la Géorgie, en 2014 en envahissant la Crimée et le Donbass, et en 2022 en tentant d’envahir toute l’Ukraine.  Elle a condamné la décision du comité olympique russe d’inclure les branches régionales des territoires ukrainiens temporairement occupés, condamnant une violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.   Elle a félicité le CIO d’avoir suspendu la Russie qui, a-t-elle insisté, ne doit participer à aucun évènement sportif international tant qu’elle n’aura pas retiré ses troupes de l’Ukraine.

Le Bélarus a indiqué que son vote en faveur de la résolution ne signifiait pas qu’il acceptait la discrimination à l’encontre des athlètes du Bélarus et de la Fédération de Russie.  La voix du Bélarus à l’appui de cette résolution démontre l’espoir que bientôt, l’esprit et la lettre de la Charte olympique, qui distinguent le sport de la politique, seront respectés, a indiqué la délégation. 

La République arabe syrienne a expliqué s’être abstenue en raison de son rejet absolu de l’interdiction de la participation d’athlètes de la Russie et du Bélarus, fustigeant une politisation des valeurs olympiques. Elle a également déploré le rejet des propositions présentées par la Fédération de Russie lors des négociations. La délégation syrienne a par ailleurs déploré la suspension récente des activités de l’équipe de football de la Palestine, et la mort d’un des joueurs de l’équipe à la suite des bombardements dans les territoires occupés.  Elle a rejeté de manière absolue les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza par « l’entité israélienne ».

Droits de réponse

Reprenant la parole au titre de son droit de réponse, la France a indiqué que jusqu’ici le texte avait toujours été adopté par consensus.  Elle a ajouté que, malgré le contexte international actuel, elle avait pris soin de rédiger un texte consensuel, non politisé et universel, en reprenant le langage agréé des résolutions précédentes.  Elle a affirmé que, lors des négociations, la Russie avait continué à demander des modifications non consensuelles du vocabulaire agréé, regrettant que cette attitude, ainsi que son choix d’appeler au vote, ait « politisé la résolution ».

La Fédération de Russie a réagi aux « accusations sans justification contre les Forces armées russes » et regretté que la représentante de l’Ukraine se soit servie de la résolution pour faire de telles déclarations.  Elle a rappelé que les athlètes ukrainiens continuaient à participer au Mouvement olympique alors même que l’Ukraine menait « une guerre contre les populations du Donbass ».  S’agissant du commentaire de la délégation française, elle a signalé que son pays avait simplement souhaité s’en référer au principe n 4 de la Charte olympique, concernant l’accès égal et sans discrimination au sport, un principe soutenu par la Fédération de Russie, a‑t‑elle insisté.

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