Le Président trinidadien de l’Assemblée générale définit le cap de son mandat et plaide pour un système multilatéral plus inclusif
Élu Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale le 1er juin, M. Dennis Francis, Représentant permanent de la Trinité-et-Tobago auprès des Nations Unies, a profité, cet après-midi, de son premier discours devant les États Membres pour définir le cap qu’il donnera à son mandat.
Optant pour quatre mots d’ordre, « la paix, la prospérité, le progrès et la durabilité », le nouveau Président de l’Assemblée générale a passé en revue les nombreux outils à la disposition des États Membres pour progresser avant l’échéance de 2030: encore faut-il, a-t-il précisé, les utiliser au maximum de leur potentiel. « Nous ne devons ni tergiverser ni retarder: dans l’état actuel des choses, 680 millions de personnes, soit 8% de la population mondiale, souffriront encore de la faim en 2030. Sans un bond en avant dans nos engagements, sans une transformation radicale de notre action, nous risquons de manquer cruellement notre promesse de ne laisser personne de côté », a-t-il prévenu.
M. Francis a détaillé le calendrier de la soixante-dix-huitième session, lequel sera marqué par la tenue, jalonné en mai, à Antigua-et-Barbuda, de la quatrième Conférence internationale sur les PEID, dans le but de convenir de ce qui succédera aux Orientations de Samoa. En juin, la troisième Conférence sur les pays en développement sans littoral se tiendra au Rwanda. Parallèlement à la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés (PMA), ces événements, a-t-il promis, aideront les États Membres à entamer des transformations dans des domaines essentiels. Plus proche de nous, le Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) « sera une occasion cruciale de leur donner un nouveau souffle », a promis le Président.
Regrettant une forme de scepticisme à l’égard du système multilatéral du fait des coups de boutoir des crises climatique, des conflits et de la pauvreté, M. Francis a remarqué que l’Assemblée générale devait ancrer les efforts des pays en situation particulière en rendant le système multilatéral plus inclusif. Ce faisant, il a qualifié d’« innovation bienvenue » l’initiative de l’Assemblée générale concernant l’usage du droit de veto au Conseil, y voyant un nouveau jalon vers une transparence accrue et une plus grande responsabilité concernant son application par les membres permanents du Conseil.
S’agissant de la prospérité, l’Assemblée générale doit là aussi peser pour améliorer l’accès aux financements et à la technologie, la viabilité de la dette et le renforcement des capacités dans les endroits où le développement est déficitaire, a estimé le Président de la soixante-dix-huitième session, rappelant l’utilité d’outils tels que le Programme d’action d’Addis-Abeba.
Se décrivant comme un « champion de l’égalité des sexes », M. Francis a aussi évoqué les questions de genre et sa volonté de combler les écarts entre les sexes.
Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a par ailleurs élu Andorre, la Chine, Grenade, le Nigéria, la Fédération de Russie, les Îles Salomon, le Suriname, le Togo et les États-Unis à la Commission de vérification des pouvoirs.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
OUVERTURE DE LA SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION
Déclarations
M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, a déclaré que sa présidence refléterait les valeurs de tolérance, d’inclusion, de coopération internationale que son pays, la Trinité-et-Tobago, défend depuis 62 ans qu’il est membre des Nations Unies. Cette session démarre alors qu’une myriade de défis menace le monde, a d’emblée prévenu le Président, qui a annoncé que « la paix, la prospérité, le progrès et la soutenabilité » seront les quatre mots d’ordre de son nouveau mandat.
Concernant la paix, celle-ci se trouve menacée par les défis interdépendants du climat, des conflits et de la pauvreté, a noté M. Francis, défis ayant suscité le scepticisme à l’égard du système multilatéral et contraint de nombreux pays à naviguer dans « un espace stratégique étroit » pour faire évoluer leurs sociétés. Le Président a pris pour exemple les petits États insulaires en développement (PEID), les pays à revenu intermédiaire et les pays du Sud, qui s’efforcent de répondre à leurs besoins spécifiques face à l’évolution des risques. Il incombe à l’Assemblée générale de veiller à ce que ces efforts soient ancrés dans un système multilatéral solide plus inclusif, a remarqué M. Francis, qualifiant d’« innovation bienvenue » l’initiative de l’Assemblée générale concernant l’usage du droit de veto au Conseil. Celle-ci marque selon lui un jalon vers une plus grande transparence et une plus grande responsabilité concernant l’application du droit de veto.
Abordant le sujet de la prospérité, M. Francis a exhorté l’Assemblée générale à peser pour améliorer l’accès aux financements et à la technologie, la viabilité de la dette et le renforcement des capacités dans les endroits où le développement est déficitaire et où l’assistance est la plus nécessaire. Dans ce domaine, il a appelé à tirer parti d’outils tels que le Programme d’action d’Addis-Abeba pour accélérer la transition vers les énergies propres et renforcer le soutien à l’adaptation et le financement de la lutte contre les changements climatiques qui, a-t-il souligné, doit devenir plus accessible et abordable.
En mai, Antigua-et-Barbuda accueillera la quatrième Conférence internationale sur les PEID, dans le but de convenir de ce qui succédera aux Orientations de Samoa, dont une grande partie n’a toujours pas été mise en œuvre, huit ans plus tard, a regretté le haut fonctionnaire. En juin, la troisième Conférence sur les pays en développement sans littoral se tiendra au Rwanda. Parallèlement à la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés (PMA), ces événements, a-t-il promis, aideront les États Membres à entamer des transformations dans des domaines essentiels.
En venant au progrès, troisième mot d’ordre de son mandat, le Président a détaillé le contenu d’une « boîte à outils complète » pour favoriser de grands progrès; à condition de les utiliser au maximum de leur potentiel. Le Sommet sur les objectifs de développement durable sera une occasion cruciale de leur donner un nouveau souffle d’autant que plusieurs événements tout aussi importants se dérouleront en parallèle. Enfin, la réunion ministérielle sur le Sommet de l’avenir sera l’occasion pour les délégations d’agir. « Nous ne devons ni tergiverser ni retarder: dans l’état actuel des choses, 680 millions de personnes, soit 8% de la population mondiale, souffriront encore de la faim en 2030. Sans un bond en avant dans nos engagements, sans une transformation radicale de notre action, nous risquons de manquer cruellement notre promesse de ne laisser personne de côté », a-t-il prévenu.
Se décrivant comme un champion de l’égalité des sexes, M. Francis a aussi évoqué les questions de genre et sa volonté de combler les écarts entre les hommes et les femmes, ainsi que son intention de continuer à travailler avec le Conseil consultatif pour l’égalité des genres de la présidence de l’Assemblée générale. Il a également fait savoir que son Envoyé spécial aura la double casquette de Conseiller spécial sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Concernant son dernier mot d’ordre, la durabilité, M. Francis a jugé qu’avec une population mondiale qui approchera les 9,5 milliards d’habitants d’ici à 2050, il était impératif de produire et de consommer en équilibre avec les espèces et les écosystèmes. « Cela n’est nulle part plus évident que dans notre relation avec l’eau », qui, a-t-il regretté, n’est pas suffisamment conservée ni considérée comme une priorité.
Au nom de M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a évoqué un monde confronté à de sérieux défis et à des divisions qui mettent à l’épreuve les Nations Unies. Saluant les compétences et la sagesse du nouveau Président de l’Assemblée générale, elle a appelé à ne pas céder au pessimisme et à agir pour la paix et les droits humains, pour sauver les objectifs de développement durable (ODD) et lutter contre les changements climatiques, afin d’améliorer les perspectives économiques, en particulier pour les femmes et les jeunes, et pour que l’évolution rapide des technologies soit mise au service de l’humanité. « Plus que tout autre cénacle sur terre, l’Assemblée générale représente notre humanité commune et notre engagement partagé en faveur de la paix, du développement durable et des droits de la personne », a affirmé Mme Mohammed, assurant le Président du soutien total du Secrétaire général dans sa mission cruciale.