L’Assemblée générale clôt une soixante-dix-septième session marquée par la guerre en Ukraine et le dérèglement climatique
Salué par une ovation debout, M. Csaba Kőrösi, le Président de l’Assemblée générale, a transmis aujourd’hui le marteau à son successeur, M. Dennis Francis, Représentant permanent de la Trinité-et-Tobago, qui a prêté serment devant l’Assemblée, clôturant ainsi les travaux de la soixante-dix-septième session et donnant le coup d’envoi de la soixante-dix-huitième.
« Malgré les rivalités géopolitiques, notre survie dépend de notre coopération », a averti M. Kőrösi. Regrettant que les rivalités géopolitiques bloquent des perspectives de coopération urgente, il a estimé que les chances d’atteindre les objectifs de développement durable (OOD) d’ici à 2030 s’éloignaient.
« Avons-nous été à la hauteur? Pouvons-nous regarder les conflits dans le monde et dire que nous respectons la Charte des Nations Unies? » s’est-il interrogé, appelant à mettre un terme à la guerre en Ukraine et aux 51 autres conflits armés actuellement en cours, ainsi qu’à la prolifération et à l’armement nucléaires.
Le Président a également appelé à réformer « de toute urgence » les Nations Unies, notamment l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité afin qu’ils répondent aux défis actuels. Tout en reconnaissant que la Charte des Nations Unies ne rend pas cette tâche facile, il a appelé à l’appliquer « pleinement, universellement et de manière non sélective », notamment en ce qui concerne les conflits, les atrocités de masse, les génocides et les crimes de guerre. « Si nous ne le faisons pas, le Conseil de sécurité sera plus un problème qu’une solution à l’instabilité de notre monde », a-t-il mis en garde.
De même, reconnaissant qu’il y aurait toujours des rivalités politiques, M. Kőrösi a appelé à ne pas « tomber dans le piège du jeu à la somme nulle », dans lequel chaque gain d’un pays est la perte d’un autre. « Nous sommes dans une course contre la montre, et il n’y a pas de plan B, pas de planète B », a-t-il rappelé, estimant que le système financier mondial n’était pas encore en mesure d’aider à lutter contre les changements climatiques, ni de protéger les plus vulnérables.
Le leadership et l’engagement de M. Kőrösi ont été loués par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, qui a notamment salué son plaidoyer en faveur d’une validation scientifique des investissements en matière de développement durable, ainsi que son travail pour mettre sur pied une Conférence des Nations Unies sur l’eau « bien coordonnée et ambitieuse ».
CLÔTURE DE LA SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Déclarations
Au nom de M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a qualifié l’année venant de s’écouler d’« année de défis pour la famille des humains », marquée par des conflits et une méfiance géopolitique croissante, en passant par les vagues de chaleur, les incendies et la fonte des glaces de mer causée par le chaos climatique, ainsi que par l’augmentation de la pauvreté, des inégalités, de la discrimination et de l’injustice.
Elle a chaleureusement félicité la gestion de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale par son Président, M. Csaba Kőrösi, louant son leadership et son engagement à « trouver des solutions par la solidarité, la durabilité et par la science ». Elle a notamment évoqué son plaidoyer en faveur d’une validation scientifique des investissements en matière de développement durable, en particulier concernant la crise environnementale qui « engloutit notre monde », ainsi que son travail pour mettre sur pied une Conférence des Nations Unies sur l’eau « bien coordonnée et ambitieuse », y compris les négociations ultérieures entre les États Membres sur une résolution visant à maintenir un élan autour de cette question. Son travail autour du Sommet sur les objectifs de développement durable, qui se tiendra dans deux semaines, a aussi été mis en avant par la Vice-Secrétaire générale qui a reconnu au passage le soutien de M. Kőrösi à l’avancement du rapport Notre Programme commun. Il s’agit là, a rappelé Mme Mohammed, de veiller à ce que les États Membres mènent des discussions animées autour du Sommet de l’avenir, du pacte numérique mondial et de la Déclaration sur les générations futures.
« Malgré les rivalités géopolitiques, notre survie dépend de notre coopération », a averti M. CSABA KORÖSI, Président de l’Assemblée générale, rappelant que le monde était entré dans l’ère de l’Anthropocène, marquée par l’impact décisif de l’être humain sur la planète. Regrettant que les rivalités géopolitiques bloquent des perspectives de coopération urgente, il s’est toutefois félicité du succès obtenu lors de la Conférence sur l’eau de mars 2023, y voyant la preuve qu’il était possible de surmonter des clivages bien ancrés.
M. Kőrösi a regretté qu’en matière de changements climatiques, de perte de la biodiversité, d’éducation ou d’égalité des sexes, les chances d’atteindre les objectifs de développement durable (OOD) d’ici à 2030 s’éloignaient. Il a relevé que le monde commençait à comprendre qu’il fallait aller au-delà du produit intérieur brut (PIB) pour tenir compte de l’impact réel des actions humaines, y voyant l’indication que « nous commençons à faire confiance à la science et aux données ».
« Le multilatéralisme est notre seule option pour faire face aux nombreuses crises du monde », a-t-il insisté, rappelant que les trois piliers des Nations Unies étaient la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme. « Avons-nous été à la hauteur? Pouvons-nous regarder les conflits dans le monde et dire que nous respectons la Charte des Nations Unies? » s’est-il interrogé, appelant à mettre un terme à la guerre en Ukraine et aux 51 autres conflits armés actuellement en cours ainsi qu’à la prolifération et à l’armement nucléaires.
Le Président a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l’homme fêterait les 75 ans de sa proclamation par l’Assemblée générale en décembre prochain. Il a ajouté que cette dernière avait adopté une résolution « historique » il y a tout juste un an, faisant de l’accès à un environnement propre, sain et durable un droit humain universel. Reste à préciser qui est responsable de la mise en œuvre de ce droit, a-t-il poursuivi, rappelant que l’Assemblée avait demandé l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations des pays en matière de lutte contre les changements climatiques. « De plus en plus, ce sont nos jeunes qui nous interpellent lorsque nous n’agissons pas. Ils nous tiendront pour responsables de notre inaction », a-t-il averti.
Insistant sur l’intérêt d’une approche intégrée des problèmes actuels, il a affirmé que la lutte contre les changements climatiques et la cybercriminalité, le respect les droits de la personne en ligne ou l’utilisation de l’intelligence artificielle appellent à s’unir autour d’une approche holistique. Il a également insisté sur l’importance du recueil de données, des processus de vérification des progrès et des financements stables, appelant les États Membres à redéfinir leurs priorités en matière de dépenses en renforçant la coopération internationale pour promouvoir la soutenabilité.
De même, le Président a appelé à réformer « de toute urgence » les Nations Unies, notamment l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité afin qu’ils répondent aux défis actuels. Tout en reconnaissant que la Charte des Nations Unies ne rend pas cette tâche facile, il a appelé à l’appliquer « pleinement, universellement et de manière non sélective », notamment en ce qui concerne les conflits, les atrocités de masse, les génocides et les crimes de guerre. « Si nous ne le faisons pas, le Conseil de sécurité sera plus un problème qu’une solution à l’instabilité de notre monde », a-t-il mis en garde.
« Le pessimiste se plaint du vent; l’optimiste s’attend à ce qu’il change; le réaliste ajuste les voiles », a-t-il affirmé, appelant l’Assemblée générale à adopter la dernière attitude pour préserver la pertinence des Nations Unies. Constatant qu’un organe de décision qui compte plus de 180 priorités n’a pas d’orientation stratégique, il a regretté des débats hérités du passé, certes importants, mais répétitifs et chronophages qui empêchent d’avancer sur les problématiques actuelles et futures. « Nous ne pouvons pas ne pas voir la forêt à travers les arbres », a-t-il martelé.
Reconnaissant qu’il y aurait toujours des rivalités politiques, M. Kőrösi a appelé à ne pas « tomber dans le piège du jeu à la somme nulle », dans lequel chaque gain d’un pays est la perte d’un autre. Il a appelé à bâtir un consensus sur les résolutions clefs de l’Assemblée générale, afin de donner le ton en vue d’une transformation durable mutuellement bénéfique pour tous. « Nous sommes dans une course contre la montre, et il n’y a pas de plan B, pas de planète B », a-t-il rappelé, estimant que le système financier mondial n’était pas encore en mesure d’aider à lutter contre les changements climatiques, ni de protéger les plus vulnérables. En conclusion, le Président a réitéré son appel à une réforme des Nations Unies basée sur la science, outil de prise de décisions fondamental n’allant à l’encontre de l’héritage national ou culturel de quiconque.