L’Assemblée générale entérine six textes, dont un demande la tenue d’une conférence mondiale sur la lutte contre les discours de haine en 2025
Examinant cinq points à son ordre du jour, l’Assemblée générale a débattu, ce matin, du rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, avant de faire siens six textes, dont une résolution par laquelle elle demande l’organisation, en 2025, d’une conférence mondiale sur la lutte contre les discours de haine par la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance. Ce projet de résolution n’a toutefois été adopté qu’après le rejet d’une proposition d’amendement de l’Union européenne soutenant que les actes violents contre des symboles religieux et des livres sacrés ne constituent pas une violation du droit international.
Présenté par le Maroc, ce texte intitulé « Lutte contre les discours de haine: promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance »(A/77/L.89) demande notamment aux États Membres d’engager des échanges avec toutes les parties prenantes afin de promouvoir les vertus du dialogue interreligieux et interculturel, du respect et de l’acceptation des différences, de la tolérance, du respect de la diversité, de la coexistence et de la cohabitation pacifiques et du respect des droits humains, et de contrer la propagation de tout discours de haine qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence.
La résolution prie ainsi le Secrétaire général d’organiser, dans la limite des ressources existantes, en 2025, une conférence mondiale sur cette thématique, à laquelle participeront les entités des Nations Unies, les États Membres, des personnalités politiques, des chefs religieux, des organisations confessionnelles, les médias et la société civile. La date de cet événement sera déterminée en consultation avec le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences à Genève.
Préoccupée par le contenu du paragraphe 13 du préambule, lequel déplore « tous les attentats perpétrés, en violation du droit international, contre et dans des lieux de culte, des sites religieux et des sanctuaires », l’Union européenne a proposé un amendement oral demandant la suppression des termes « en violation du droit international ». Tout en reconnaissant que les actes violents contre des symboles religieux et des livres sacrés sont « profondément offensifs et irrespectueux », elle a jugé que la liberté de religion et de croyance est, à l’instar de tous les autres droits humains, « un droit individuel qui peut s’exercer en communauté avec d’autres », comme la liberté d’expression. Sa proposition d’amendement, défendue par les pays nordiques et les États-Unis, a été rejetée par 62 voix contre, 44 voix pour et 24 abstentions.
Avant le vote, le Maroc a regretté l’idée d’un tel amendement, qui, a-t-il dit, n’apporte rien de nouveau sur le plan du droit international. En effet, la mention « en violation du droit international » figurait déjà dans les deux résolutions précédentes sur les discours de haine, a relevé le représentant marocain, déplorant au passage l’ajout d’une référence aux « symboles religieux » et aux « livres saints », après que des exemplaires du Coran eurent été brûlés dans certains pays. À ses yeux, ces actes de profanation, qui se répètent et n’ont rien à voir avec la « soi-disant liberté d’expression », constituent une atteinte à la foi et à la dignité religieuse de milliards d’êtres humains.
À la suite de cet échange, qui a fait s’opposer des pays occidentaux, attachés à la liberté d’expression, et musulmans, inquiets de la montée de l’islamophobie, le projet de résolution a été entériné par consensus. Il en a été de même pour les cinq autres textes soumis à l’examen de l’Assemblée générale, en particulier le projet de résolution « Appui à l’École internationale des Nations Unies, championne de l’éducation internationale et de l’interaction multiculturelle » (A/77/L.88), qui salue les réalisations de cet établissement onusien à l’occasion de son soixante-quinzième anniversaire.
Le consensus a également prévalu pour le projet de résolution intitulé « Incidence de l’évolution rapide de la technique sur la réalisation des objectifs et cibles de développement durable » (A/77/L.84), aux termes duquel l’Assemblée générale exhorte les États Membres à combler la fracture numérique, en tenant compte des contextes nationaux et régionaux et en relevant les défis liés à l’accès, au coût, à l’aptitude à se servir des outils numériques. Le texte évoque en outre l’élaboration d’un pacte numérique mondial, destiné à resserrer la coopération numérique dans le cadre d’un processus ouvert et inclusif.
L’Assemblée générale a par ailleurs adopté sans vote trois projets de décision portant sur la participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle (A/77/L.85), à la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose (A/77/L.86) et à la réunion de haut niveau sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies (A/77/L.87).
En début de séance, l’Assemblée a débattu du rapport du Secrétaire général sur le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse (A/77/955), créé en 2022 par la résolution 76/306 et appelé à devenir opérationnel d’ici à la fin de l’année. À l’instar de la République dominicaine, la plupart des délégations ont souhaité qu’une fois la transition effectuée, le nouvel organe s’appuie sur les accomplissements des différents envoyés du Secrétaire général pour la jeunesse. L’Union européenne a dit attendre avec impatience le rôle que le nouveau Bureau jouera pour renforcer l’engagement des jeunes dans l’ensemble du système onusien, tandis que le Portugal voyait dans cette création le premier résultat concret du rapport sur « Notre Programme commun ».
Plusieurs pays, tels que la Chine et le Cameroun, ont insisté sur la nécessité d’une répartition géographique équitable dans la composition du nouveau Bureau afin qu’il reflète la diversité du monde. Il faut prendre en considération le nombre croissant de jeunes dans le monde en développement, a plaidé l’Égypte, appuyée par le Pakistan, selon lequel il importe d’inclure les jeunes du Sud dans les séances d’information sur la Stratégie pour la jeunesse.
RAPPORT DU BUREAU DES NATIONS UNIES POUR LA JEUNESSE: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/77/955)
Débat sur la question
M. CAMELLI, de l’Union européenne, s’est félicité de l’accent mis par le Bureau de l’Envoyée spéciale pour la jeunesse sur les consultations avec les organisations et les réseaux de la société civile dirigés par des jeunes et au service des jeunes. Il s’est également réjoui de voir que la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse imprègne le travail de l’ONU à travers le monde et que les équipes de pays s’engagent de manière significative auprès des jeunes. Le représentant a dit attendre avec impatience le rôle que le nouveau Bureau de la jeunesse jouera dans le renforcement des politiques et la coordination des processus et des plateformes sur l’engagement des jeunes dans l’ensemble du système des Nations Unies. À l’échelle européenne, a-t-il indiqué, le premier plan d’action pour la jeunesse de l’action extérieure de l’Union européenne (UE) vise à favoriser des partenariats solides avec les jeunes du monde entier, afin de les responsabiliser et de leur permettre de façonner des solutions aux problèmes qui les affectent. Cela inclut, entre autres, l’initiative des jeunes et des femmes en démocratie, destinée à renforcer l’engagement et l’impact des jeunes et des femmes dans les processus démocratiques, le Fonds d’autonomisation des jeunes, qui vise à soutenir et financer les initiatives menées par des jeunes sur les objectifs de développement durable (ODD), et l’Académie de la jeunesse Afrique-Europe, dont le but est de promouvoir les opportunités d’apprentissage et les échanges entre les jeunes d’Afrique et de l’UE.
M. MOHAMED OMAR ELFAROUK HASSAN MOHAMED (Égypte) a noté que peu de temps s’est écoulé entre la publication du rapport du Secrétaire général à l’étude et la tenue de cette réunion, souhaitant que cela soit pris en considération pour les prochains rapports.
Le représentant a estimé qu’avec 1,2 milliard de jeunes dans le monde, il faudra prendre en considération leur contribution pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). C’est pourquoi il a dit attendre avec intérêt un processus de nomination qui trouverait le juste équilibre entre les différents groupes d’âge et la répartition géographique, comme prévu dans la résolution 76/306. Il faut prendre en considération le nombre accru de jeunes dans le monde en développement, a-t-il souligné.
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a salué le travail de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse et de son bureau pour les résultats obtenus dans le processus de création de ce nouvel organe, ainsi que pour les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Stratégie pour la jeunesse à l’horizon 2030. Ces réalisations ont fait progresser l’intégration de la perspective des jeunes dans les trois piliers des Nations Unies -paix et sécurité, droits de l’homme et développement durable-, s’est-elle félicitée, avant de faire quelques recommandations concernant le processus de constitution du nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse. Elle a ainsi souhaité qu’une autre femme soit nommée à sa tête afin de garantir la continuité du leadership dont fait preuve l’Envoyée spéciale pour la jeunesse. Elle a également encouragé le Bureau à promouvoir et faciliter le dialogue, la collaboration et la solidarité intergénérationnels, tout en l’invitant à soutenir et conseiller les pays en développement et les petites missions dans la promotion d’une plus grande implication des jeunes à tous les niveaux.
Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a souligné le rôle des jeunes en tant qu’agents positifs du changement pour progresser dans l’adoption de cadre mondiaux. La représentante s’est félicitée de l’implication de plus en plus importante des jeunes dans l’organisation de la société civile. Mais il faut faire davantage « pour les jeunes et avec les jeunes » si nous souhaitons nous doter d’un système onusien véritablement inclusif, a-t-elle dit. À cet égard, la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse représente selon elle le premier résultat concret de « Notre Programme commun ». Elle a réitéré l’engagement de son pays à consentir davantage d’efforts pour garantir la complémentarité entre toutes les fonctions de jeunes au sein du système des Nations Unies.
M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a estimé que le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse devrait continuer à mener un plaidoyer de haut niveau et servir de point d’ancrage pour la coordination et la responsabilisation du système des Nations Unies sur les questions de jeunesse, y compris la paix et la sécurité, le développement durable, l’action humanitaire et les droits de l’homme. Chypre continue de soutenir l’intégration des activités actuelles du Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse dans le nouveau Bureau de la jeunesse et réitère l’importance de la mémoire institutionnelle liée aux questions de jeunesse. Le représentant a rappelé la participation de l’Envoyée du Secrétaire général à l’événement « Les jeunes de Chypre célèbrent le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies ». Cet événement, organisé par l’ONG chypriote « Cyprus Youth DiplomaCY » en décembre 2020 a donné aux jeunes l’occasion d’exprimer directement, au plus haut niveau, leurs points de vue sur l’ONU qu’ils veulent.
M. NEVILLE GERTZE (Namibie) a rappelé que les jeunes africains devraient représenter 42% de la jeunesse mondiale d’ici à 2030. C’est une génération qui a vécu l’ascension fulgurante du continent et en a été le fer de lance, notamment en ce qui concerne le taux de pénétration de la téléphonie mobile et d’Internet. Aujourd’hui, « les jeunes africains jouent un rôle de plus en plus actif dans la construction de leur avenir », s’est-il réjoui. En Namibie, les avantages de l’autonomisation des jeunes et de leur participation à la prise de décisions s’est traduite par une augmentation de leur représentation dans les deux chambres du Parlement. Pour finir, le représentant a réitéré certains des appels importants lancés par les États Membres et les jeunes du monde entier lors des consultations qui ont abouti à la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, citant en particulier la nécessité d’un processus de recrutement transparent pour le nouveau Bureau, y compris pour le poste de sous-secrétaire général aux affaires de la jeunesse.
Mme SULAFA HAMID I. MOUSA (Arabie saoudite), se félicitant de la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, a appuyé les mesures prises pour qu’il s’acquitte de son mandat. Rappelant que les jeunes sont « la moitié du présent et l’intégralité de l’avenir », elle a réitéré l’appui de son pays à la participation des jeunes à tous les niveaux du système des Nations Unies. La déléguée a d’autre part rappelé que, sous la présidence saoudienne, le G20 a adopté une feuille de route visant à réduire significativement la marginalisation des jeunes sur le marché du travail d’ici à 2025. L’Arabie saoudite, a-t-elle ajouté, est favorable à l’intégration des jeunes et entend prendre en considération les aspirations de la jeunesse dans toute sa diversité, compte tenu des spécificités régionales et culturelles de chacun. À cette aune, elle a souhaité que le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse joue un rôle de premier plan au sein du système onusien.
Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a jugé nécessaire de hiérarchiser les priorités au sein du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, en choisissant celles qui ont le plus de chances d’imprimer un changement réel et positif, au niveau national et dans l’ensemble du système des Nations Unies, tout en gardant à l’esprit les besoins régionaux et nationaux.
La représentante a, toutefois, reconnu que le succès final de ce bureau dépendra des ressources et de la contribution globale du système à un monde plus pacifique, durable, juste et égalitaire, où les jeunes sont soutenus, responsabilisés, engagés et équipés pour réaliser leur potentiel.
Mme GALA PASTORA MATOS MENÉNDEZ (République dominicaine) a salué le travail des différents envoyés du Secrétaire général pour la jeunesse. Elle a espéré que le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse fera fonds sur leurs accomplissements. Pour la représentante, il sera essentiel, dans ce cadre, de préserver ses aspects complémentaires en travaillant avec les différentes institutions du système des Nations Unies. Il importe également que les prochains rapports du Secrétaire général misent sur la cohérence et l’efficacité pour mieux tirer parti des enseignements. La représentante s’est d’autre part félicitée des progrès réalisés dans la promotion de la participation des jeunes aux prises de décisions au sein du système onusien, et elle a souhaité que soit maintenu le nouvel élan trouvé dans la mise en œuvre de la Stratégie pour la jeunesse. Elle s’est aussi réjouie des initiatives menées par les jeunes pour un engagement dans des domaines clefs tels que le Programme 2030 et le Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques. Enfin, pour ce qui est de la lutte contre le harcèlement, elle a pris note avec satisfaction des lignes directrices pour la jeunesse, notamment celles sur la protection de l’identité des jeunes participant à ce forum.
Mme ZHANG SISI (Chine) a appelé la communauté internationale à écouter aujourd’hui plus que jamais la voix des jeunes, en créant les conditions qui leur permettent de réaliser leur potentiel. Il faut aider les jeunes à montrer leur résilience dans la réduction de la pauvreté, la lutte contre les changements climatiques et la reprise postpandémie afin de leur permettre de contribuer à la réalisation du Programme à l’horizon 2030, a insisté la représentante. Elle a recommandé la création d’une grande plateforme à destination des jeunes en provenance notamment des pays en développement, pour qu’ils puissent participer aux activités du système des Nations Unies. Enfin, elle a souhaité une opérationnalisation rapide du Bureau pour la jeunesse, dont la composition devra être équilibrée d’un point de vue géographique avec la participation des jeunes des pays en développement.
Mme HADEEQA QURESHI (Pakistan) s’est déclarée convaincue que le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, lors de sa transition vers le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, fournira une base solide pour construire un monde plus pacifique, durable, juste et égalitaire à l’avenir. Elle s’est félicitée que, pour faire progresser les questions relatives aux jeunes et promouvoir un engagement significatif des jeunes au sein du système des Nations Unies, le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse ait continué de coordonner la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse. Au niveau des entités, la collecte de preuves, le renforcement des capacités, l’échange de connaissances, le plaidoyer et la communication s’améliorent, a-t-elle relevé, jugeant encourageant de constater qu’au niveau des équipes de pays, l’engagement significatif des jeunes soit passé de 7% en 2020 à 44% en 2022. À titre national, la représentante a signalé que près de 68% de la population totale du Pakistan a moins de 30 ans. Elle a assuré que son pays entend canaliser le potentiel des jeunes pour garantir une croissance dynamique et un avenir durable à la nation pakistanaise. À cette fin, a-t-elle précisé, le Gouvernement du Pakistan a lancé en 2013 un programme pour la jeunesse qui se concentre sur l’éducation, l’emploi, l’engagement et l’environnement. S’agissant du nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, la représentante a souhaité qu’une représentation géographique adéquate soit prise en compte dans sa Constitution. Elle a également plaidé pour la mise à disposition de fonds appropriés pour les pays en développement, afin de permettre à leurs jeunes de participer plus efficacement aux processus des Nations Unies dirigés par les jeunes et orientés vers les jeunes. Enfin, elle a appelé à inclure les jeunes du Sud dans les séances d’information sur la Stratégie pour la jeunesse et le développement durable.
Mme REEM MOHAMED SALEH YESLAM ALAMERI (Émirats arabes unis) a appelé à prendre en considération l’importance de la jeunesse dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. De fait, 55% de la population est âgée de moins de 30 ans dans cette région, devenant une force de changement positif en faveur d’un avenir plus prospère et plus stable pour eux-mêmes et leurs communautés. La déléguée a mis en avant l’engagement des jeunes dans son pays. Preuve en est, a-t-elle souligné, la nomination en février 2016 du Ministre de la jeunesse, qui avait alors 22 ans et était l’un des plus jeunes ministres au monde.
Enfin, a-t-elle informé, les Émirats arabes unis ont adopté une stratégie nationale pour la jeunesse et continuent d’impliquer les jeunes dans le Gouvernement par l’intermédiaire des « cercles fédéraux de la jeunesse ».
Mme MAGDOLNA PONGOR (Hongrie) a rappelé que son pays est un fervent partisan de l’agenda des jeunes à l’ONU. Nous croyons que les perspectives, les expériences et l’expertise des jeunes profitent grandement à l’Organisation, et par conséquent, nous plaidons pour l’intégration d’une perspective des jeunes et leur participation dans le travail du système des Nations Unies et des processus intergouvernementaux, a-t-elle dit. La déléguée a salué les progrès significatifs réalisés par les équipes de pays et les entités des Nations Unies à cet égard. Le programme des jeunes délégués est également un outil important qu’elle a souhaité voir renforcé et élargi. Dans cet esprit, la Hongrie soutient le nouveau Bureau de la jeunesse, qui devrait être doté de toutes les ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat. La déléguée a notamment souligné l’importance d’assurer la continuité entre le travail de l’Envoyée pour la jeunesse et celui du nouveau Bureau.
M. GIANLUCA GRECO (Italie) a jugé essentiel que le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse s’appuie sur les connaissances, les initiatives et la mémoire institutionnelle du Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, en vue de renforcer les résultats et l’esprit de la résolution y afférente. Le représentant a été d’avis qu’un programme réellement transformatif ne peut être réalisé qu’à travers la participation efficace des jeunes dans le cadre du développement durable. Pour finir, il a dit soutenir les travaux des jeunes dirigeants pour la paix et souhaité poursuivre ce travail commun sur les questions de la jeunesse.
M. NIZHAN FARAZ BIN RIZAL (Malaisie) a estimé que la création du nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse constitue une étape importante, conformément à l’engagement d’écouter et de travailler avec les jeunes pris dans la Déclaration sur la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU adoptée en septembre 2020 et dans le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun ». Alors que le processus de constitution du Bureau est en cours, le représentant a jugé impératif que ce nouvel organe devienne opérationnel le plus tôt possible. Il a également souhaité que le recrutement du personnel du Bureau tienne compte de la parité hommes-femmes ainsi que de l’âge et de la représentation géographique. Cette diversité dans la représentation aiderait à garantir une présentation des points de vue des jeunes du monde entier et non d’un hémisphère spécifique, a-t-il fait valoir, avant d’appeler le Bureau à mettre en œuvre les mandats faisant progresser l’engagement, le discours, la participation et la représentation des jeunes au sein des forums des Nations Unies. Enfin, il importe, selon le représentant, que le Bureau rationalise les efforts vis-à-vis des jeunes au sein du système des Nations Unies afin d’optimiser les ressources et d’éviter les doubles emplois.
M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a insisté sur la nécessité d’une répartition géographique équitable dans la composition du nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse pour qu’il reflète la diversité du monde. Selon lui, les jeunes doivent savoir qu’ils sont une composante du monde et dès lors s’engager à côté de leurs aînés. La jeunesse, a estimé le représentant, est outillée pour contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).
Dotée de l’énergie et du sens de l’innovation, maîtrisant les nouvelles technologies, la jeunesse est un agent du changement, a-t-il assuré.
M. JUAN JOSÉ RIVA GRELA (Uruguay) a qualifié la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse de « nouveau tournant pour la participation des jeunes aux prises de décisions ». L’implication des jeunes dans ces processus leur donne l’occasion de s’autonomiser mais permet aussi de créer des politiques plus pertinentes pour surmonter les défis futurs et renforcer la démocratie, a souligné le représentant. Dans cette perspective, les pays doivent travailler à une véritable représentation de la vision de la jeunesse, a-t-il plaidé, affirmant que l’Uruguay s’efforce d’entendre la voix des jeunes, notamment via la création de centres éducatifs et sportifs et l’utilisation des données dans le respect de la vie privée. Enfin, jugeant qu’au niveau régional, il importe d’impliquer davantage les jeunes pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le représentant a souhaité que le nouveau Bureau fasse preuve d’audace et d’engagement pour défendre les valeurs du mouvement des jeunes.
CULTURE DE PAIX: PROJET DE RÉSOLUTION (A/77/L.89)
Décision sur le projet de résolution
Explications de vote avant le vote sur l’amendement oral proposé par l’Union européenne
Intervenant à la suite de la présentation du projet de résolution A/77/L.89 intitulé « Lutte contre les discours de haine: promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance », l’Espagne, au nom de l’Union européenne, s’est dite particulièrement préoccupée par le paragraphe 13 du préambule, notamment la référence faite aux actes violents contre des symboles religieux et des livres sacrés en tant que violation du droit international. Même si nous pensons qu’il s’agit là d’éléments « profondément offensifs et irrespectueux », il ne s’agit pas, a-t-elle argué, d’éléments constitutifs d’une violation du droit international. La liberté de religion et de croyance est, à l’instar de tous les autres droits humains, un droit individuel qui peut s’exercer en communauté avec d’autres, a poursuivi la représentante de l’Espagne. C’est la raison pour laquelle elle a proposé un amendement oral pour supprimer dans le projet de texte les termes « en violation du droit international ».
Le Royaume-Uni a appuyé cette proposition d’amendement.
Le Maroc, se disant quelque peu « surpris », a noté avec « beaucoup de regret » que cet amendement au paragraphe 13 du préambule, qu’il « rejette vigoureusement », puisse être présenté car il n’apporte rien de nouveau, notamment en référence au droit international. Son représentant a rappelé que ledit paragraphe reprend verbatim le langage du paragraphe 9 du préambule de la résolution 73/328 et du paragraphe 10 du préambule de la résolution 75/309. Ainsi la mention « en violation du droit international » a toujours été incluse dans les deux résolutions précédentes sur le discours de haine. Cependant, avec l’ajout de la référence aux « symboles religieux » et aux « livres saints », les promoteurs de cet amendement ne veulent pas la référence au droit international. Poursuivant, le représentant a indiqué que cette référence, qui ne figurait pas dans le « draft zéro » de cette résolution, fait suite à des développements dans certains pays, qui ont imposé une réaction du monde arabe et musulman. Évoquant le Coran qui a été brûlé, il a rejeté des actes de profanation et d’atteinte à toutes les religions, qui se répètent régulièrement et qui n’ont rien à voir avec la « soi-disant » liberté d’expression, mais constituent une atteinte à la foi et à la dignité religieuse de milliards d’êtres humains. Citant pour finir le philosophe Jean-Jacques Rousseau, le représentant a fait valoir que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » et appelé à voter contre cet amendement oral.
Explications de vote après le vote sur l’amendement oral proposé par l’Union européenne
La Belgique, au nom de l’Union européenne, a dit soutenir tous les efforts visant à promouvoir la tolérance et le respect de la diversité culturelle et religieuse. Le dialogue interreligieux et interculturel permet de lutter contre la violence, a souligné le représentant, reconnaissant que brûler un livre saint est un acte de haine. « Nous sommes opposés aux discours de haine mais nous défendons aussi la liberté d’opinion et d’expression », a fait valoir le représentant, non sans rappeler que, conformément à l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’UE est opposée à tout acte incitant à la violence, à la discrimination ou à la haine. Toutefois, « la limitation du droit d’expression devrait rester une exception », a-t-il ajouté, avant de regretter que le texte adopté se limite aux discours de haine uniquement religieux. Remerciant le Maroc d’avoir organisé une réunion préparatoire, le représentant s’est déclaré déçu que certaines propositions de l’UE n’aient pas été prises en compte. Il a ainsi jugé que le texte ne respecte pas le droit international des droits de l’homme, notamment le paragraphe 13 du préambule sur les violences contre les symboles religieux. Si ces actes sont offensants, ils ne sont pas contraires au droit international, a maintenu le représentant, qui a expliqué que l’UE n’a pas eu d’autre choix que de proposer un amendement. Il a conclu en indiquant que l’UE se dissocie de la dernière partie du paragraphe 13 du préambule, mais si elle s’associe au consensus.
La Pologne a estimé que la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la lutte contre les discours de haine est essentielle pour parvenir à un climat de compréhension. Dans ce cadre, les droits humains doivent être protégés de manière universelle, a souligné le représentant, indiquant que le système juridique polonais défend la dignité inébranlable des êtres humains, quelle que soit leur croyance religieuse. La Pologne, a-t-il poursuivi, condamne tout acte de discrimination et de violence contre les individus en fonction de leur religion ou conviction. Face à ces actes, il importe selon lui de lutter contre la désinformation et de promouvoir le dialogue.
La Hongrie a indiqué que, conformément à l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, tout discours de haine raciale ou religieuse est interdit par la loi de son pays. La représentante a cependant estimé que, si certains actes de violence contre des religions sont offensants, ils ne constituent pas pour autant des violations du droit international. Le Code pénal hongrois prévoit que la destruction d’un symbole religieux relève du vandalisme et est passible d’une peine de trois ans de prison.
Oman a estimé que le consensus soutenant ce projet de résolution est une occasion historique pour l’ONU. Le représentant a cependant souligné que la culture de la paix s’appuie sur le respect mutuel et non pas sur la désacralisation d’objets religieux. Brûler des livres saints représente une action mauvaise et irresponsable. Appelant à mettre fin à ces « manifestations de haine injustifiables » qui violent tous les droits et ne soutiennent pas la tolérance, il a dénoncé la montée de l’islamophobie dans certains pays. Oman soutient la compréhension et le respect mutuel, a-t-il ajouté, rejetant toute politisation de cette question.
Les États-Unis ont condamné les discours de haine, notamment ceux qui visent les musulmans. Désacraliser le Coran est un acte affreux, a insisté la représentante, affirmant que la lutte contre l’islamophobie est une priorité de son pays, comme en atteste la loi sur la liberté religieuse signée il y a vingt-cinq ans par le Président Bill Clinton. Concernant la résolution adoptée, la représentante s’est déclarée préoccupée par le fait que le texte ne représente pas l’ensemble des discours de haine. « Il importe de ne pas donner aux États la possibilité d’opprimer des opinions sous couvert de lutte contre l’extrémisme », a-t-elle raisonné, avant de se dissocier du paragraphe 13 du préambule, étant donné que l’amendement proposé n’a pas été adopté.
Le Japon a indiqué avoir rallié le consensus sur ce texte, tout en regrettant le manque de dialogue lors des consultations.
Pour sa part, l’Égypte a appuyé une résolution tombée à point nommé au regard de l’essor des actes d’incitation à la haine par les détracteurs de l’Islam. Le représentant a rappelé que pas plus tard qu’aujourd’hui, l’ambassade de son pays au Danemark a fait l’objet d’une attaque « contre notre identité », une violation du droit de la communauté musulmane. « De tels actes dissimulés sous le prétexte de la liberté d’expression ne sauraient être justifiés. » Un avis partagé par la Türkiye qui a appelé les pays concernés à prendre des mesures concrètes pour faire face aux différentes manifestations d’islamophobie. Le Pakistan s’est lui aussi élevé contre de tels actes.
Le Liban a appuyé cette résolution qui promeut la coexistence entre religion et culture, tout en appelant à des actions appropriées pour mettre un terme à l’incitation à la haine et la discrimination raciale. Quant aux Émirats arabes unis, ils ont regretté l’amendement proposé sur un texte qui bénéficie traditionnellement d’un consensus et insisté sur le besoin de respecter les symboles et les livres sacrés pour éviter toute violence. Déplorant à son tour le projet d’amendement, la Malaisie a estimé que tous les droits doivent être appréhendés sur un pied d’égalité et s’est dite favorable à l’insertion des livres sacrés dans le texte de la résolution.
La Fédération de Russie, indiquant s’être jointe au consensus qui contribue au développement de la coopération internationale dans ce domaine, a pointé du doigt les manifestations d’islamophobie, de « christianophobie » et d’antisémitisme qui se propagent dans certains pays européens. Le représentant s’est dit préoccupé par la tendance qui se manifeste dans certains pays européens de brûler des livres saints. Il a condamné la position de « ces États qui soutiennent de fait ces extrémismes et les défendent sous le prétexte de la liberté d’expression », les appelant à agir de façon civilisée, à faire preuve de tolérance et à respecter les représentants d’autres religions, car soutenir les extrémismes est inacceptable.
De son côté, la Chine a rappelé la récente initiative mondiale proposée par son pays pour faire respecter la diversité culturelle et l’importance d’ouvrir la voie à la communication entre nations en vue d’éliminer toute incitation à la haine.
Si le Mexique a condamné les actes récents contre le Coran, un affront pour la dignité et les droits humains des personnes, il a considéré, toutefois, que le texte a une portée limitée car il n’inclut pas la protection de toutes les personnes selon les différents facteurs d’identité. Le Pérou s’est élevé contre l’intolérance religieuse, s’enorgueillissant que tous les droits relatifs à la liberté de croyance soient inscrits dans la Constitution.
Le Danemark, au nom des pays nordiques, s’est prononcé contre tout propos d’incitation à la haine, se disant convaincu que le dialogue interreligieux et interculturel joue un rôle important pour lutter contre les discours de haine et de violence, de même que la liberté de pensée, de religion et de croyance. Dès lors, pour la délégation, le fait de brûler un Coran ou tout autre livre sacré, est offensif, c’est un acte de provocation condamnable dont elle se dissocie. « Ils sont honteux et manquent de respect aux différentes religions et à leurs pratiquants », a-t-elle opiné. Toutefois, la délégation a défendu, dans le même temps, la liberté d’opinion et d’expression qui sont un pilier de la démocratie, appelant à faire la distinction entre les actes qui sont moralement répréhensibles mais légaux et tous les actes qui sont constitutifs d’incitation à la violence et, par conséquent, illégaux. Pour sa part, la Suisse a tenu à souligner que la diffamation religieuse n’est pas un concept juridique reconnu dans le cadre des droits de l’homme actuel.