En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/21226

« Le Rwanda est la preuve que l’esprit humain peut guérir des blessures les plus profondes et qu’une société plus résiliente peut émerger des tragédies les plus sombres »

On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, le 7 avril:

Ensemble, nous rendons hommage au million de personnes qui ont été assassinées en seulement 100 jours en 1994 – en grande majorité des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés et d’autres personnes qui s’opposaient au génocide.  Nous honorons leur mémoire.  Nous sommes saisis d’admiration devant la résilience de celles et ceux qui ont survécu.  Et nous réfléchissons aux manquements dont nous avons été responsables en tant que communauté internationale. 

Le génocide n’était pas un accident et il était possible de l’éviter.  Il a été commis délibérément, systématiquement et au vu et au su de tous.  Aucune personne au fait de l’actualité ne pouvait ignorer l’horreur des violences perpétrées au Rwanda.  Ils furent pourtant trop peu à s’indigner et plus rares encore à tenter d’intervenir. 

Il était possible de faire beaucoup plus et cela aurait dû être fait.  Une génération après les faits, la honte demeure.  À l’heure où nous commémorons le bain de sang survenu il y a 28 ans, il nous faut admettre que nous avons toujours le choix.  Le choix de faire prévaloir l’humanité sur la haine; la compassion sur la cruauté; le courage sur l’apathie; et la réconciliation sur la rage. 

Le principe de la responsabilité de protéger implique que nous ne pouvons plus rester passifs face à des atrocités criminelles.  Par mon appel à l’action et d’autres initiatives, j’entends ancrer les droits humains au cœur de toutes nos activités.

Ma Conseillère spéciale pour la prévention du génocide suit de près l’évolution de la situation dans le monde entier afin de détecter les risques de génocide et d’autres atrocités criminelles.  Et j’ai fait du programme de prévention un axe central de notre travail.

La justice pénale internationale, toute imparfaite qu’elle soit, nous montre aujourd’hui que les auteurs de crimes ne peuvent plus compter sur l’impunité.  Le travail remarquable du Tribunal pénal international pour le Rwanda – le premier tribunal de l’histoire à avoir condamné un individu pour génocide – a grandement contribué à ce changement. 

Et il a démontré que la justice était indispensable à une paix durable.  Aujourd’hui, le Rwanda est la preuve que l’esprit humain peut guérir des blessures les plus profondes et qu’une société plus résiliente peut émerger des tragédies les plus sombres. 

Après avoir subi des violences de genre indicibles, les femmes occupent aujourd’hui 60% des sièges au Parlement.  Et le Rwanda figure au quatrième rang des pays fournissant des contingents ou du personnel de police aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et risque la vie de ses propres soldats pour épargner aux autres la douleur qu’il a lui-même connue.

Le génocide commis contre les Tutsis a soulevé des questions qui touchent l’humanité entière – des questions fondamentales concernant le rôle du Conseil de sécurité, l’efficacité du maintien de la paix, la nécessité de mettre fin à l’impunité pour les crimes internationaux et de s’attaquer aux racines de la violence, et la fragilité de la civilité. 

Des épreuves nous attendent encore.  Aujourd’hui, l’Ukraine est à feu et à sang et des conflits anciens et nouveaux s’enveniment au Moyen-Orient, en Afrique et ailleurs.  La discorde est trop souvent la norme au Conseil de sécurité, ce qui contribue à donner aux agents étatiques et non étatiques l’impression d’un climat d’impunité.  Les guerres font rage, les inégalités se creusent, la pauvreté s’accroît – autant de facteurs propices au ressentiment, à l’anxiété et à la colère. 

Dans le même temps, on assiste à la prolifération en ligne et hors ligne des discours de haine, notamment de la désinformation déshumanisante, des stéréotypes racistes, du négationnisme et du révisionnisme.  En ce jour, tout particulièrement, nous devons reconnaître les dangers de l’intolérance, de l’irrationalité et du sectarisme dans chaque société. 

Alors que nous regardons le passé avec remords, regardons l’avenir avec détermination.  Engageons-nous à faire preuve d’une vigilance de tous les instants et à ne jamais oublier.  Et construisons un avenir empreint de tolérance et marqué par le respect de la dignité et des droits humains de chacun et chacune: nous pourrons ainsi rendre un véritable hommage aux Rwandais et Rwandaises qui ont péri.

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