Le Secrétaire général se réjouit des récentes initiatives sous-régionales visant à faire avancer les objectifs de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba
On trouvera ci-après le texte du discours d’ouverture du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, présenté par Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, à l’occasion de la dixième réunion de haut niveau du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba:
Madame et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement, Monsieur le président de la commission de l’Union Africaine, Mesdames et Messieurs les ministres et représentants des organisations régionales et internationales, Mesdames et Messieurs tout protocole observé.
Comme vous le savez, le secrétaire général a été dans l’obligation d’annuler sa venue ici, à Kinshasa, pour des raisons impérieuses qui nécessite sa présence au Siège des Nations unies à New York. Je vais donc vous faire part de son message qu’il avait préparé à votre égard.
Au nom du Secrétaire général je remercie le Président Tshisekedi de l’avoir invité à la réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre, signé à Addis-Abeba il y a exactement neuf ans.
Il remercie également le Président Museveni pour l’impulsion donnée aux efforts régionaux au cours de son mandat comme Président du Mécanisme régional de suivi. Nous sommes aujourd’hui réunis pour mesurer les progrès accomplis et aborder les grandes orientations politiques en vue de surmonter les obstacles sur notre chemin.
(1) Il souhaite d'ores et déjà vous féliciter pour les succès obtenus et les étapes franchies.
Il tient également à saluer le soutien apporté aux pays signataires de l’Accord-cadre par les institutions garantes, l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la Communauté de développement de l’Afrique australe, l’ONU, ainsi que tous les partenaires internationaux.
Le secrétaire général se félicite de la dynamique de coopération qui caractérise les relations entre les États de la région des Grands Lacs, comme en témoignent notamment l’intensification des initiatives diplomatiques et la signature de traités bilatéraux sur le commerce, les infrastructures et la sécurité.
Il salue les démarches entreprises par le Rwanda et l’Ouganda pour la normalisation de leurs relations bilatérales, dans le cadre du processus quadripartite et avec le précieux soutien des Présidents Tshisekedi et Lourenço.
Il salue également le dialogue entre le Burundi et le Rwanda et leur volonté d’aplanir les différences qui subsistent. Le secrétaire général se réjouit par ailleurs des récentes initiatives sous-régionales visant à faire avancer les objectifs de l’Accord-cadre. En pensant notamment à la création d’un Groupe de contact et de coordination pour la mise en œuvre de mesures non militaires contre les groupes armés dans l’est de la RDC.
Mais aussi aux travaux du Réseau de coopération judiciaire des Grands Lacs, dont l’objectif est d’avancer la lutte contre l’impunité, ou encore aux discussions amorcées à Khartoum en août dernier par les pays et les partenaires de la région pour une meilleure gestion des ressources naturelles. Toutes ces avancées sont encourageantes.
(2) Pourtant, nous le savons, les défis sont tout aussi nombreux.
Nous devons tout faire pour que les promesses portées par l’Accord-cadre soient pleinement réalisées. Je reviens d’une visite dans l’est de la RDC.
Dans l’est de la RDC, nous continuons d’être marqué par les témoignages des populations locales faisant état des activités des groupes armés. Nous continuons de constater les effets de la violence perpétrée par ces groupes, notamment l’attaque récente menée par des milices contre le camp de personnes déplacées de Savo, dans la province d’Ituri.
Les Nations Unies condamne fermement ces attaques sur un site où des civils cherchent protection et assistance humanitaire. Et je réitère le soutien de la MONUSCO à accompagner le Gouvernement et le peuple congolais dans leurs efforts de paix et de stabilité.
La souffrance des populations civiles ne peut nous laisser indifférents. L’existence d’un grand nombre de personnes déplacées; l’exploitation illicite et le trafic des ressources naturelles; les difficultés inhérentes à la mise en place des programmes de désarmement, démobilisation, et réintégration … Devant tant d’épreuves, nous devons collectivement redoubler d’efforts pour parvenir à une région pacifiée et tournée vers le développement durable.
Cela passe par des sociétés plus égalitaires et inclusives. Cela nécessite de ne ménager aucun effort dans la lutte contre l’impunité. De tenir un discours de vérité et de réconciliation.
Cela exige une participation accrue des femmes et des jeunes aux processus politiques et de consolidation de la paix. Car ce sont eux qui payent le plus lourd tribut.
Et cela implique enfin une coopération régionale accrue – et sans cesse renouvelée.
(3) Pour faire face à ces défis, les pays de la région ne manquent pas d’outils ni de cadres d’action.
Nous devons –collectivement– faire vivre ces instruments, les doter des ressources indispensables et leur insuffler l’énergie politique nécessaire.
L’ONU, à travers notamment le Bureau de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et la MONUSCO, poursuivra sans relâche sa coopération avec les pays signataires, les institutions de la région et la communauté internationale dans son ensemble, afin d’obtenir des avancées concrètes dans les objectifs de l’Accord-cadre.
C’est aussi l’objectif de la Stratégie régionale pour la consolidation de la paix, la prévention et le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs et de son plan d’action – élaborés avec votre précieux concours et celui d’autres partenaires de la région.
Cette Stratégie est l’expression de l’engagement des Nations Unies à œuvrer main dans la main avec vous et avec les peuples de la région afin de promouvoir la paix, la sécurité, l’intégration économique régionale – autant de conditions indispensables à la stabilité et au développement durable de la région.
(4) Je ne saurais terminer mon intervention sans dire un mot sur la détermination du Secrétaire général à continuer de plaider pour une plus grande solidarité de la communauté internationale envers les pays de la région et du continent.
Il tient à saluer la résilience des populations de la région qui, chaque jour, continuent de faire face à la pandémie de COVID-19 dans les circonstances que nous connaissons.
Et félicite aussi les leaders de la région pour les mesures prises afin d’améliorer les infrastructures sanitaires, y compris la production de vaccins.
Mais il faut que tous les pays et tous les fabricants fournissent en priorité des vaccins au mécanisme COVAX et instaurent les conditions nécessaires à la production locale de tests de dépistage, de vaccins et de traitements dans le monde entier.
Cette solidarité internationale est tout aussi essentielle dans l’aide au développement durable.
Aujourd’hui, nous avons un système financier mondial en faillite morale, qui a abandonné les pays du Sud, les privant des investissements nécessaires, limitant les perspectives de croissance et enfermant les pays dans une spirale de dettes et de taux d’intérêt exorbitants.
Une réforme en profondeur de ce système est indispensable afin de permettre un allègement de la dette, un accès plus large au financement concessionnel et des investissements massifs dans l’éducation, la santé, la création d’emplois et la protection sociale.
Enfin, la communauté internationale doit faire preuve d’une plus grande solidarité dans la lutte contre le dérèglement climatique, qui touche durement la région.
Les pays riches doivent honorer, dès cette année, l’engagement pris envers les pays en développement de financer l’action climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an.
C’est une évidence. Ce n’est qu’en étant solidaires et en travaillant ensemble que nous pourrons surmonter tous les défis – anciens comme nouveaux – et garantir aux populations de la région un avenir stable et prospère.
Vous pouvez compter sur l’appui sans faille du secrétaire général et sur celui de toute l’Organisation des Nations Unies.
Le secrétaire général s’excuse encore une fois de son absence et souhaite plein succès à vos travaux et vous remercie.