Commission de la condition de la femme: 12 exposés volontaires démontrent la difficulté d’autonomiser les femmes dans un monde du travail en mutation
La Commission de la condition de la femme a entendu, aujourd’hui, pas moins de 12 exposés volontaires sur le thème de « l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en mutation », l’occasion pour les États concernés de faire le point sur l’application, à l’échelon national, des conclusions concertées de la soixante et unième session de la Commission en 2017. Au-delà des réalisations permettant d’espérer une meilleure intégration de la perspective de genre dans les politiques, beaucoup ont reconnu que des difficultés structurelles continuent de faire barrage à l’égalité des sexes, quand des crises ou des conflits ne viennent pas compromettre tout projet à cet égard.
Après les exposés volontaires présentés dans la matinée par l’Égypte, la Finlande, la Colombie, la République islamique d’Iran, la Géorgie et l’Arménie, la Commission a pris connaissance, dans l’après-midi, de ceux de l’Allemagne, de l’Ukraine, de l’Ouganda, de l’Argentine, de l’Afrique du Sud et du Chili.
Particulièrement scruté, compte tenu de la guerre qui fait rage sur son territoire, l’exposé de l’Ukraine a exposé les limites de l’exercice. La Commissaire du Gouvernement ukrainien pour la politique d’égalité femmes-hommes a, certes, assuré que son pays fait participer les femmes de manière égale aux processus sociaux et économiques et que des avancées ont été réalisées ces dernières années en matière de réduction de la ségrégation professionnelle, de lutte contre la violence et la discrimination fondées sur le sexe dans les relations de travail, de développement de l’entrepreneuriat féminin et de promotion de l’égalité des sexes dans la technologie et l’innovation. Mais elle a aussi reconnu que, depuis le 24 février dernier, tous les projets dans ces domaines ont été suspendus.
Plutôt que de promouvoir la paix et les droits des femmes, la Fédération de Russie met en œuvre un plan visant à démolir l’Ukraine et son peuple, a accusé la haute fonctionnaire ukrainienne, qui, sans douter de l’issue victorieuse de cette guerre, a renvoyé à plus tard les questions relatives à l’autonomisation économique des femmes. Pour l’heure, a expliqué la Commissaire, les hommes restent pour se battre, tandis qu’un grand nombre de femmes fuient pour s’occuper des enfants et des personnes âgées. Quand elles rentreront à la maison, a-t-elle ajouté, il sera temps de lutter contre les stéréotypes de genre ciblant à la fois les femmes et les hommes et d’intégrer les questions de genre dans les initiatives visant à prévenir le harcèlement, les violences et les discriminations. Il faudra aussi penser à faire pleinement participer les femmes aux efforts de reconstruction.
La Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie a reconnu qu’en dépit des réformes menées par son pays pour faire avancer l’égalité des sexes, les femmes et les filles sont toujours confrontées à des défis lorsqu’il s’agit d’accéder aux ressources et aux opportunités. Exacerbées par les effets de la pandémie de COVID-19 et par le conflit déclenché par l’Azerbaïdjan contre le « peuple du Haut-Karabakh », ces difficultés réduisent les chances qu’ont les femmes de s’engager dans le cycle économique, a-t-elle concédé, tout en faisant pourtant état d’efforts destinés à favoriser l’entrepreneuriat féminin et la participation des femmes aux processus décisionnels.
Tout en vantant les progrès permis par le plan national de développement à l’horizon 2040, la Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda a admis à son tour que d’importants obstacles subsistent pour les femmes, notamment en termes d’accès aux financements. Elle a aussi évoqué une mauvaise culture de l’entrepreneuriat et des problèmes liés à la compétence et à l’accès des femmes aux technologies du numérique. En outre, a-t-elle renchéri, le nombre de structures de garde d’enfants reste insuffisant pour permettre aux femmes de travailler et le congé parental n’a toujours pas été institué. Et à cela s’ajoute le fait que la pandémie a forcé 62% des entreprises gérées par des femmes à fermer, ces dernières ayant été contraintes d’assumer les soins.
Consciente elle aussi des réalités, la Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine a constaté que l’inégalité entre les sexes est particulièrement marquée en Amérique latine, où la forte contraction économique a entraîné un recul de plus de 10 ans en matière de participation des femmes au marché du travail. Selon elle, la pandémie de COVID-19 a mis en exergue les inégalités de genre préexistantes, fruit d’une répartition inéquitable des tâches de soins qui impacte directement l’insertion des femmes dans le monde du travail et leur autonomisation économique. Pour cette raison, elle a dit s’employer à redistribuer les activités de soins entre les hommes, les femmes et les personnes ayant d’autres identités de genre ainsi qu’entre les ménages, l’État, les entreprises et les communautés.
De son côté, la Vice-Présidente de l’Iran en charge des femmes et des affaires familiales n’a pas manqué de déplorer les sanctions unilatérales qui ciblent son pays, accusant leurs initiateurs de saper la vie professionnelle et les moyens de subsistance des femmes iraniennes. Quant à savoir si l’adhésion de l’Iran à la charia entrave les activités et les professions des femmes, elle a répondu par la négative. Tout au contraire, a-t-elle affirmé, les valeurs islamiques aident les femmes à évoluer dans un environnement professionnel plus pacifique et plus sûr, auquel contribue le port du hijab. Et cela se retrouve, selon elle, dans le sport, comme en attestent les milliers de médailles mondiales remportées par des femmes observant ce code vestimentaire.
À l’occasion de cette soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, les États membres qui font des présentations volontaires doivent aborder tout ou partie des sept domaines clefs des conclusions concertées adoptées en 2017, à savoir le renforcement des cadres normatifs, juridiques et politiques pour lutter contre les barrières structurelles persistantes liées au travail; l’amélioration de l’éducation et des compétences des femmes et des filles; la promotion de l’autonomisation économique des femmes; la lutte contre l’informalité croissante du travail; la gestion des changements technologiques et numériques; le renforcement du leadership et la prise de décisions des femmes; et le développement du rôle du secteur privé dans l’autonomisation économique des femmes.
La Commission reprendra ses travaux le mardi 22 mars à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2022/3, E/CN.6/2022/4, E/CN.6/2022/5)
Thème de l’évaluation: autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution (conclusions concertées de la soixante et unième session)
Exposés volontaires sur le thème de l’évaluation, suivis d’un dialogue interactif
Déclaration liminaire
Mme ÅSA REGNÉR, Directrice exécutive adjointe chargée des politiques, des programmes, de la société civile et de l’appui normatif aux États membres d’ONU-Femmes, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le thème de l’évaluation (E/CN.6/2022/4), qui examine la mise en œuvre par les États Membres des conclusions concertées de la soixante et unième session de la Commission qui avait pour thème l’autonomisation économique des femmes. Le document précise également les effets qu’a eu la pandémie de COVID-19 sur cette autonomisation économique. Il note que, bien que des progrès significatifs aient été réalisés par les États Membres, les efforts demeurent disparates et l’inégalité entre les sexes reste importante. Cela se manifeste notamment par l’augmentation du taux de pauvreté extrême des femmes, la stagnation de leur taux de participation à la population active, l’absence de salaire égal pour un travail équivalent, la fracture numérique et la progression du travail de soins des femmes, qu’il soit rémunéré ou non. Le rapport constate cependant des avancées pour ce qui est du renforcement du cadre économique et politique pour l’élimination des discriminations fondées sur le genre au travail. L’accent est aussi mis sur l’élimination des violences dans le monde travail, avec un appel à développer des moyens de recours. Le rapport souligne également qu’il convient de développer des services et des infrastructures sensibles au genre et d’élargir les congés maternité et parentaux afin d’assurer la continuité professionnelle des femmes. Il exhorte enfin les États Membres à inviter les entreprises à soutenir la participation et le leadership économique des femmes.
Exposé volontaire de l’Égypte
Mme MAYA MORSY, Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, a déclaré que son pays dispose d’un cadre législatif et constitutionnel solide pour appuyer l’autonomisation économique des femmes auquel s’ajoute la vision stratégique 2030 pour le développement durable qui met l’accent sur l’égalité des sexes. Le Gouvernement a également déployé une réponse rapide pour faire face aux répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les femmes et pris des mesures pour améliorer l’accès des femmes aux services financiers. En conséquence, le taux d’inclusion financière des femmes est passé de 27% à 47,5%, s’est-elle félicitée. Entre autres mesures, l’Égypte a promulgué une loi sur la sécurité sociale en 2019 et modifié la législation du travail pour garantir l’égalité sur le marché du travail, en levant les restrictions imposées au travail de nuit des femmes et en améliorant leur sécurité dans les transports publics. Elle a également institué un système de congé paternel, les hommes pouvant prendre jusqu’à deux ans de congé sans solde. Sa politique salariale est également sensible au genre.
À la question du Nigéria, qui a demandé des éclaircissements sur la stratégie du Gouvernement en matière de droits humains et son rapport avec l’autonomisation économique des femmes, l’Égypte a expliqué que cette stratégie, première du genre, a été adoptée en septembre 2021 et accorde une attention particulière à la condition de la femme. Elle s’appuie sur quatre piliers qui sont conformes à la stratégie d’autonomisation des femmes qui avait été lancée en 2017 et récemment mise à jour.
Qu’est-il prévu pour intégrer les veuves au programme d’autonomisation des femmes, a ensuite questionné le Global Fund for Widowhood. En réponse, la délégation égyptienne a assuré que le Gouvernement s’est doté d’un ensemble de mesures de protection des veuves pour leur donner les moyens d’accéder à la protection sociale nécessaire pour disposer d’un revenu durable.
La couverture de ce dialogue a été compromise pas une série de problèmes d’ordre technique.
Exposé volontaire de la Finlande
M. THOMAS BLOMQVIST, Ministre de la coopération nordique et de l’égalité de la Finlande, a estimé que la participation égale des hommes et des femmes au marché du travail doit entraîner une répartition égale des responsabilités domestiques et de soins. Il a indiqué que son gouvernement a introduit une réforme du congé familial qui accordera un quota égal de congé parental aux hommes comme aux femmes. Il a d’autre part affirmé que le système finlandais d’éducation gratuite a contribué à promouvoir l’égalité des sexes dans les professions et la participation égale des femmes au marché du travail. Pourtant, a-t-il concédé, l’écart de rémunération entre les sexes reste un problème persistant. De plus, pour lutter contre la ségrégation entre les sexes, le Gouvernement finlandais a lancé un vaste projet, en collaboration avec les régions, pour développer de nouveaux types d’outils de démantèlement de la ségrégation de genre dans la vie professionnelle. Enfin, s’agissant de l’indépendance économique des femmes, qui est essentielle pour parvenir à l’égalité des sexes, il a assuré que son pays redoublera d’efforts pour assurer la pleine et égale participation des femmes à la vie active, ce qui suppose des changements d’attitude dans la société.
À sa suite, la Coalition des associations de femmes finlandaises a constaté que le secteur de l’éducation en Finlande est encore très ségrégué par sexe, ce qui affecte le marché du travail. Elle s’est toutefois félicitée que la plupart des Finlandais pensent que le sexe ne détermine pas la profession qu’une personne peut exercer. Elle a également applaudi la réforme du congé familial menée dans le cadre de la promotion de l’égalité entre vie professionnelle et vie familiale, y voyant un pas dans la bonne direction.
L’Afrique du Sud a souhaité en savoir plus sur les mesures visant à contribuer à l’égalité salariale, ainsi que sur les programmes destinés à atteindre les femmes marginalisées. Elle s’est aussi enquise des mesures de transparence salariale et de lutte contre les violences sexistes au travail.
Equality Now s’est félicité de l’engagement de la Finlande à renforcer ses lois contre les délits sexuels à l’encontre des femmes, tout en souhaitant que les lois sur la discrimination fondée sur le genre soient également abordées afin de favoriser l’égalité.
En réponse à ces commentaires, la Finlande a reconnu l’importance d’une analyse d’impact sur le genre lors de la rédaction et l’élaboration des lois afin de s’assurer que celles-ci tiennent compte des différents rôles des femmes et des filles. Il est également important que nous poursuivions notre travail pour démanteler les stéréotypes de genre mais beaucoup reste à faire, a admis l’experte. Elle a indiqué que le pays est en train de modifier sa loi sur l’égalité des sexes afin qu’une planification fonctionnelle de l’égalité des sexes soit rendue obligatoire dans l’éducation et l’accueil des jeunes enfants. Nous devons par ailleurs nous assurer que la dimension de genre est intégrée dans notre administration et que chaque fonctionnaire est conscient de la pertinence du genre dans son travail, a-t-elle ajouté. À ses yeux, l’économie aura de meilleures chances de croissance et résistera mieux aux crises si les femmes et les hommes ont des droits égaux.
Exposé volontaire de la Colombie
Mme GHEIDY GALLO, Conseillère présidentielle de haut niveau pour les femmes de la Colombie, a indiqué que le plan de développement de la Colombie est assorti d’une politique d’État et d’une feuille de route qui vont engager les deux prochains gouvernements à faire de la Colombie un leader mondial en matière d’égalité des genres. Les cinq piliers de la politique économique ont été abordés sous le prisme du genre, notamment pour qu’il y ait plus de femmes dans le monde du travail formel. L’approche budgétaire actuelle vise à la fois à maintenir l’emploi de celles qui en ont un, et d’en créer des nouveaux. Au cours des deux dernières années, les femmes ont joué un rôle clef dans la reprise économique et l’emploi a « un visage de plus en plus féminin », a affirmé la représentante. La législation va assurer la continuité et la pérennité des entreprises de femmes, notamment à travers le fonds Mujer Emprende; et l’État a mis en place des lignes de financement pour ces projets de femmes. Sur les marchés publics, qui représentent 14% du PIB, on accorde également une place aux entreprises de femmes.
Mme Gallo a également expliqué que pour permettre aux femmes de participer à la quatrième révolution industrielle, le Gouvernement a mis en place des programmes de mise à niveau et d’apprentissage des STIM pour combler la fracture numérique entre hommes et femmes. En outre, la Colombie vise le chiffre de 30% de femmes dans les conseils d’administration. Le pays s’est aussi doté d’une politique dans l’économie du soin et a adopté une loi sur le congé parental qui accorde 12 semaines de congé, dont 8 peuvent être partagées entre la mère et le père. La Colombie fait également partie de l’un des pays avec les plus faibles inégalités salariales.
En réponse aux précisions réclamée par la Suède au sujet du fonctionnement du fonds Mujer emprende, la délégation de la Colombie a expliqué que ce fonds fixe ses propres règles. Il aide les femmes entrepreneurs à structurer leurs projets et leur accorde des crédits. Le but est de faire en sorte que les entreprises de femmes génèrent des revenus, a-t-elle fait valoir.
La Chambre colombienne du bâtiment (CAMACOL) a ensuite fait le point sur l’action qu’elle mène pour combler les inégalités de genre dans ce secteur qui recense seulement 7% de femmes. Le programme parité-bâtiment privilégie notamment la sensibilisation, de manière que le secteur du bâtiment ne soit plus un milieu hostile aux femmes. Une autre ligne d’action est la formation des femmes aux métiers du bâtiment et l’appui à leur employabilité à travers des partenariats avec les secteurs public et privé.
Exposé volontaire de la République islamique d’Iran
Mme ENSIEH KHAZALI, Vice-Présidente de la République islamique d’Iran en charge des femmes et des affaires familiales, a rappelé que la Constitution de son pays prévoit des droits égaux pour tous les citoyens, y compris les femmes, qui peuvent bénéficier de la sécurité sociale, de l’assurance chômage, de la retraite et de pensions d’invalidité. Les droits des femmes dans le milieu du travail sont également protégés. La Vice-Présidente a indiqué que le taux d’emploi des femmes dans la fonction publique est passé de 34% en 2009 à plus de 41% en 2021. En outre, les lois sur l’éducation ont permis de réduire l’écart entre les sexes dans le taux d’alphabétisation. Concernant l’enseignement supérieur, les femmes représentent 52% des étudiants et leur proportion dans le corps professoral est d’environ 34%. De plus, a-t-elle poursuivi, les femmes représentent 48% des utilisateurs de la technologie et 23% des développeurs d’applications mobiles. Le Gouvernement iranien entend renforcer la participation des femmes dans le cyberespace et soutenir les emplois domestiques numériques, a encore précisé la dirigeante, non sans déplorer les sanctions unilatérales qui ciblent son pays, lesquelles ont des effets néfastes sur la vie professionnelle des femmes et leurs moyens de subsistance.
Après avoir entendu cette présentation, l’Université Padjadjaran, en Indonésie, a observé que la vie des femmes iraniennes est « tout à fait normale », même si beaucoup reste à faire pour les autonomiser sur le plan économique. Dans ce contexte, elle a voulu savoir comment les femmes iraniennes répondent aux diverses préoccupations concernant la mise en œuvre de la loi islamique et si l’islam ne les empêche pas de se réaliser professionnellement.
Qu’a fait l’Iran pour l’emploi des femmes dans le contexte de la pandémie de COVID-19? a demandé le Centre de recherche interdisciplinaire sur l’islam et les musulmans en Europe. Comment la santé des femmes au travail est-elle assurée et quelles mesures sont prises en Iran pour garantir l’emploi des femmes face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles?
Le Lady Fatima Center s’est pour sa part enquis des mesures décidées par le Gouvernement iranien pour augmenter le nombre de femmes travaillant sur les marchés numériques. Alors que les sanctions affectent l’économie et réduisent les opportunités d’emploi des femmes, il a aussi souhaité connaître les projets de l’Iran pour les femmes dans ces circonstances.
Réagissant à ces questions et commentaires, la République islamique d’Iran a tout d’abord mis en avant les efforts déployés par son gouvernement pour développer l’emploi à domicile et l’entrepreneuriat des femmes. Aujourd’hui, s’est-elle enorgueillie, l’Iran occupe le trentième rang mondial à l’indice d’entrepreneuriat féminin par rapport aux hommes. De même, le télétravail s’est beaucoup développé et permet aux femmes, notamment celles qui ont de jeunes enfants, de gérer de front leur profession et leur famille. Elle a ensuite reconnu que les sanctions entraînent de nombreux problèmes d’emploi, principalement pour les femmes. Les sanctions nous ont toutefois donné l’occasion d’être autonomes, de détecter nos capacités et d’utiliser des potentiels jusqu’alors sous-utilisés dans le pays, tout en permettant des innovations scientifiques et technologiques, a-t-elle nuancé.
S’agissant de la santé des femmes, Mme Khazali a assuré que l’Iran dispose d’un plan de couverture complet. Elle a noté à cet égard que l’espérance de vie des femmes iraniennes est passée de 54 à 78 ans, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale. Quant à savoir si l’adhésion de l’Iran à la charia entrave les activités et les professions des femmes, elle a répondu par la négative. Ce respect de principes et de valeurs a conduit les femmes à travailler dans un mode plus pacifique et plus sûr, a-t-elle affirmé, ajoutant que grâce au port du hijab et à la chasteté, elles vivent dans un environnement sain dans le cadre de leur travail. Cela se retrouve dans le sport, puisque les femmes observant le code vestimentaire islamique ont remporté 3 302 médailles mondiales, a relevé la dirigeante, selon laquelle ce constat vaut aussi pour les activités artistiques. Elle a également relevé que les femmes sont exclues du service militaire, ce qui leur permet d’être plus présentes dans les domaines scientifiques et les affaires familiales.
Exposé volontaire de la Géorgie
M. NIKO TATULASHVILI, Conseiller du Premier Ministre de la Géorgie sur les questions relatives aux droits humains, a fait part des progrès de la Géorgie dans le cadre de la politique en faveur de l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes. Actuellement, deux plans d’action nationaux sont en place, l’un sur les femmes, la paix et la sécurité, et l’autre sur la prévention de la violence sexiste et domestique. Une deuxième stratégie nationale des droits humains va être adoptée sous peu avec un chapitre dédié à l’égalité des genres et l’autonomisation économique des femmes. En 2018, la loi sur la sécurité au travail a été adoptée, suivie, en 2019, de la création de l’Agence de soutien à l’emploi. Le harcèlement sexuel a également été reconnu comme une forme de discrimination. L’introduction de quotas de genre au Parlement et dans les élections locales a permis d’augmenter la représentation des femmes dans la sphère politique.
Le développement de l’entrepreneuriat des femmes est l’une des priorités du Gouvernement géorgien, a poursuivi le Conseiller. Une stratégie nationale a été développée dans le but de tirer pleinement parti du potentiel économique des femmes et les femmes entrepreneurs peuvent bénéficier de bourses de formation. Le renforcement de la formation professionnelle fait partie de sa politique éducative et appuie l’égalité des genres dans ce domaine. La Fondation pour la science promeut l’augmentation du nombre de femmes dans les STIM et leur offre des perspectives de carrière alors que le Ministère de l’économie et du développement durable se mobilise pour combler la fracture numérique entre les sexes, notamment à travers le programme « log in Georgia » qui est cofinancé par la Banque mondiale. M. Tatulashvili a assuré que les politiques de la Géorgie ont des résultats stables et probants et que les inégalités hommes-femmes sont en baisse.
Suite à cette intervention, ONU-Femmes a brossé un tableau de ses activités en Géorgie. Grâce à son soutien technique, la Géorgie a notamment rejoint le projet Génération Égalité pour lutter contre les violences sexistes et mis l’innovation et la technologie au service de l’égalité des genres. L’Entité a ensuite voulu connaître le détail des progrès dans la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul en termes de services et d’appui aux femmes victimes et survivantes de violence intrafamiliale et sexiste.
La délégation de la Géorgie a expliqué que les activités dans ce domaine sont définies dans le Plan d’action national pour l’élimination de la violence sexiste et intrafamiliale qui comprend des mesures concrètes et s’appuie sur des partenariats avec la société civile. Les victimes ont accès à des cellules de crise et des foyers, ainsi qu’à des services psychosociaux, médicaux et juridiques gratuits. Le Gouvernement prévoit en outre de simplifier les démarches administratives pour bénéficier du statut de victime qui permet d’accéder à ces services.
À la Lituanie, qui a souhaité connaître les politiques et règlements existants pour encourager la transition des femmes de l’économie informelle vers l’économie formelle, la Géorgie a expliqué qu’il existe de nombreuses mesures en ce sens, dont un programme pour les femmes des minorités ethniques. En février 2019, la législation a été amendée et les employeurs doivent désormais respecter l’égalité de genre, y compris lors des entretiens d’embauche. La discrimination est également interdite dans les documents internes des entreprises et des normes supérieures de congé parental ont été introduites en 2020, avec la possibilité de partager ce congé entre la mère et le père. Le Code du travail a été amendé, la liste des motifs de discrimination a été élargie et le principe d’égalité de rémunération a été consacré. Pour vérifier la bonne application de ces normes, la Géorgie dispose d’un service d’inspection du travail pleinement opérationnel, a assuré la délégation.
Exposé volontaire de l’Arménie
Mme TATEVIK STEPANYAN, Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie, a reconnu qu’en dépit des réformes menées par son pays pour assurer l’égalité des sexes, avec le soutien d’ONG locales et d’organisations internationales, les femmes et les filles en Arménie sont toujours confrontées à des défis lorsqu’il s’agit d’accéder aux ressources et aux opportunités. Ces difficultés ont, selon elle, été exacerbées par les effets de la COVID-19 et le conflit déclenché par l’Azerbaïdjan contre le « peuple du Haut-Karabakh », offrant moins de chances aux femmes de s’engager dans le cycle économique. Elle a cependant rappelé que le cadre juridique de l’Arménie accorde des droits égaux aux hommes et aux femmes et que le Code national du travail prévoit un salaire égal pour un travail égal ainsi que l’interdiction de la discrimination dans les processus de demande d’emploi. Les priorités de la politique en matière de genre de l’Arménie sont définies dans la Stratégie sur le genre 2019-2023, qui vise à favoriser l’égalité des chances pour les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la vie publique. De plus, la loi sur l’égalité des droits et des chances précise que la discrimination sexuelle directe et indirecte est interdite dans toutes les sphères de la vie privée et publique. Enfin, des efforts sont déployés pour intégrer des critères de genre dans les politiques et les budgets, promouvoir l’entrepreneuriat féminin, accroître la participation des femmes aux processus décisionnels et lutter contre la violence domestique.
Suite à cette présentation, la OxYGen Foundation for Protection of Youth and Women’s Rights a encouragé les autorités arméniennes à poursuivre leurs efforts en matière d’inclusivité afin de donner des possibilités accrues à toutes les femmes du pays, à commencer par les plus vulnérables, notamment les femmes handicapées.
L’Arménie a réalisé des progrès considérables, mais il reste encore un long chemin à parcourir, a estimé le Women’s Support Centre qui a appelé à augmenter le subventionnement des centres pour les victimes de violence domestique et à créer plus de lois pour appuyer l’égalité des femmes
Compte tenu des énormes défis démographiques que doit relever le pays, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a souhaité savoir comment il compte améliorer la situation des femmes dans la perspective des droits humains.
Dans sa réponse, l’Arménie a noté qu’un cadre politique existe pour créer un environnement favorable à la participation égale des femmes dans tous les secteurs d’activité, y compris par le biais de l’entrepreneuriat. Pour cela, le Gouvernement s’emploie à distribuer équitablement les ressources de façon à contribuer à l’égalité femmes-hommes, a-t-elle souligné, rappelant au passage qu’une telle politique n’avait pas cours dans le pays il y a encore 10 ans de cela. S’agissant de la violence sexiste, elle a rappelé qu’une loi a été votée et que des centres d’aide aux victimes de violence domestique ont été ouverts dans toutes les régions du pays. Des plus, une campagne de lutte contre ce fléau est menée avec des ONG et le Ministère de la justice coopère sur la question avec le Conseil de l’Europe.
Exposé volontaire de l’Allemagne
Mme EKIN DELIGÖS, Secrétaire d’État parlementaire et représentante du Ministère fédéral des affaires de la famille, des personnes âgées, des femmes et des jeunes de l’Allemagne, a présenté la contribution volontaire de l’Allemagne tout en y intégrant les réponses aux questions posées par son partenaire, la Colombie, qui lui avaient été transmises à l’avance.
Elle a expliqué qu’en Allemagne un salaire minimum a été introduit en 2015, et progressivement augmenté depuis, devant atteindre 12 euros en octobre 2022. La majorité de ceux qui en bénéficient sont des femmes, environ 57%, ce qui constitue une étape vers la réduction de l’écart de rémunération entre les sexes. En outre, la loi visant à promouvoir la transparence des structures salariales entre les femmes et les hommes est entrée en vigueur en 2017 dans le but de faire respecter plus efficacement le droit des femmes à un salaire égal pour un travail égal ou un travail de valeur égale. En 2019, la loi sur l’amélioration des salaires dans le secteur des soins est entrée en vigueur. Elle fournit une base juridique pour fixer des niveaux de salaire minimum contraignants pour le secteur des soins en étendant les conventions collectives. L’objectif du Gouvernement fédéral est de rehausser le profil des professions sociales.
Une meilleure conciliation de l’emploi rémunéré et du travail de soins non rémunéré est un levier clef pour une société équitable entre les sexes, a souligné l’intervenante, notant que l’Allemagne a réalisé des progrès significatifs dans ce domaine. L’introduction d’une allocation parentale en 2007 a permis d’améliorer la conciliation de la vie professionnelle et familiale, de même que l’expansion significative, en 2015, de l’offre de garde d’enfants, suivi de l’entrée en vigueur, en 2021, de la loi sur le congé parental. Avec plus d’options pour le travail à temps partiel et une allocation parentale plus importante pour les bébés prématurés, les parents reçoivent un meilleur soutien pour concilier travail et famille. En outre, la prime de partenariat, qui soutient les deux parents travaillant simultanément à temps partiel, a été assouplie, ce qui leur donne jusqu’à quatre mois supplémentaires de temps partagé pendant lesquels ils peuvent explorer des moyens d’atteindre un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. De plus, en Allemagne, tous les enfants ont droit à une place en crèche dès l’âge d’un an et le Gouvernement travaille en permanence à l’expansion des capacités d’accueil de qualité. L’intervenante a cité dans ce contexte le fonds spécial d’expansion de la garde d’enfants qui a fourni un total de plus de 5,4 milliards d’euros au financement de la garde d’enfants entre 2008-2021, contribuant ainsi à l’expansion des structures d’accueil de jour.
Elle a fini son intervention en expliquant que l’Allemagne soutient la promotion des femmes aux postes de direction à différents niveaux. La loi sur la participation égale des femmes et des hommes aux postes de direction dans le secteur privé et le secteur public a déjà introduit un quota fixe de 30% pour les conseils de surveillance des grandes sociétés cotées en bourse où les femmes représentent désormais environ 35% des membres des conseils d’administration. De plus, la nouvelle loi élargit et modifie le règlement pour la participation égale des femmes aux postes de direction dans les secteurs privé et public à partir de 2021, et certaines grandes entreprises ne pourront plus nommer à l’avenir des équipes exclusivement masculines.
Exposé volontaire de l’Ukraine
Mme KATERYNA LEVCHENKO, Commissaire du Gouvernement de l’Ukraine pour la politique d’égalité femmes-hommes, a commencé par rappeler que la vie des citoyens de l’Ukraine indépendante a connu deux périodes: celle entre l’accession à l’indépendance en 1991 et la première étape de l’agression russe en 2014, lorsque ce pays a annexé la Crimée et occupé un partie des territoires des oblasts de Donetsk et de Louhansk, une période qui s’est traduite par huit années de guerre hybride et de menaces constantes de la Russie. Malgré ces circonstances difficiles, l’Ukraine a continué à construire sa société sur les principes de justice, de démocratie, de droits de l’homme et d’égalité des sexes.
Les femmes, a-t-elle souligné, participent de manière égale à tous les processus sociaux et économiques, et représentent 60% de ceux qui ont une éducation supérieure en Ukraine. Au cours de la période 2017-2021, la politique gouvernementale a été marquée par une réduction de la ségrégation professionnelle, une lutte accrue contre la violence et la discrimination fondées sur le sexe dans les relations de travail, un développement de l’entrepreneuriat féminin, un soutien accordé aux filles pour qu’elles étudient dans les spécialités STIM et une promotion de l’égalité des sexes dans la technologie et l’innovation. Afin de réduire l’écart de rémunération entre les sexes, l’Ukraine a rejoint l’Equal Pay International Coalition et est devenue, fin 2020, le deuxième pays à signer un accord tripartite avec les syndicats et la Confédération des employeurs.
Nous avions de nombreux projets avec nos partenaires des organisations internationales, parmi lesquelles ONU-Femmes, l’OIT, l’OIM, le FNUAP et l’UNICEF, et de la société civile. Or, le 24 février, l’invasion militaire russe à grande échelle de l’Ukraine a réduit ces projets à néant. Au lieu de promouvoir la paix ainsi que la diversité, la non-discrimination et les droits des femmes, la Russie met en œuvre un plan visant à démolir l’Ukraine et le peuple ukrainien. Après cette guerre, « que nous gagnerons, nous n’en doutons pas », nous devrons faire face à de nombreux nouveaux problèmes et défis dans les domaines de l’économie et de l’autonomisation économique des femmes. Nous nous y préparons, a-t-elle assuré.
À la suite de cette présentation, la Géorgie, qui a exprimé sa solidarité avec l’Ukraine et a condamné l’agression injustifiée de la Russie, a voulu savoir ce que la communauté et les organisations internationales peuvent faire pour aider l’Ukraine à accroître la participation des femmes à la reprise économique, pendant la guerre et après.
Condamnant elle aussi l’agression injustifiée perpétrée par la Fédération de Russie, la République de Moldova a noté que plus de trois millions de réfugiés ont quitté l’Ukraine, la plupart d’entre eux étant des femmes et des enfants. Que pouvez-vous recommander aux gouvernements étrangers pour qu’ils les aident à devenir économiquement indépendants et à renforcer leur capacité économique?
En réponse à ces questions et remarques, la délégation de l’Ukraine a déclaré qu’une foi la guerre terminée, son pays devra faire un véritable « bon en avant » dans l’autonomisation économique des femmes. La situation actuelle est que les hommes restent pour se battre et que les femmes fuient pour s’occuper des enfants et des personnes âgées. Beaucoup de femmes restent néanmoins pour servir au sein des forces armées, de la police, de la garde nationale ou en tant que volontaires. Cette situation renforce les stéréotypes de genre traditionnels tout en poussant des milliers de femmes à entrer sur le marché du travail dans les pays d’accueil. Quand les femmes rentreront à la maison et que les familles se réuniront, a-t-elle ajouté, il sera temps de lutter contre les stéréotypes de genre ciblant à la fois les femmes et les hommes et de les intégrer dans les initiatives visant à prévenir le harcèlement, les violences et les discriminations. Parmi les autres projets en suspens, elle a cité la suppression des obstacles à l’éducation, l’introduction d’une tolérance zéro pour toute manifestation de discrimination et de violence, l’amélioration de la protection maternelle associée au partage des responsabilités familiales avec les pères, et la pleine participation des femmes aux efforts de reconstruction.
Mme Levchenko a d’autre part estimé que, pour les pays d’accueil, les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine constituent un test décisif pour la mise en œuvre de la directive européenne 2001/55/CE, laquelle établit des normes minimales de protection temporaire qui n’avaient jamais été pleinement appliquées auparavant dans l’Union européenne. Les réfugiés étant pour la plupart dirigés vers les bureaux d’immigration à leur arrivée, il est important, selon elle, que les pays d’accueil leur offrent des services intégrés au point d’entrée dans le système. Elle a également souhaité que les services de l’emploi prennent en compte la validation des compétences et l’évaluation des obstacles à l’intégration sur le marché du travail. Enfin, elle a averti que l’accès à l’école et à l’éducation de la petite enfance rencontre de nombreuses difficultés, les pays d’accueil étant souvent confrontés à des pénuries de main-d’œuvre et à des barrières linguistiques.
Exposé volontaire de l’Ouganda
Dans sa présentation, Mme BETTY AMONGI AKENA, Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda, a expliqué que le plan national de développement est la feuille de route de la Vision 2040 pour une société ougandaise moderne et prospère, et s’accompagne d’un cadre de développement économique qui comporte sept piliers. Elle a indiqué que 30% des ressources financières de cette initiative sont allouées aux femmes, 30% aux jeunes, 30% aux personnes handicapées et les 10% restants au reste de la population. Les dispositions des différents instruments internationaux sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes auxquels l’Ouganda est partie ont été intégrées dans sa constitution et sa législation, notamment pour ce qui est de la propriété foncière. Un programme quinquennal pour les entrepreneuses a également été lancé avec une enveloppe budgétaire de 13 milliards de dollars pour permettre aux femmes de créer et gérer leurs entreprises et d’avoir accès au crédit et aux nouvelles technologies. Plus de 16 500 projets ont été soutenus par ce programme et 191 000 femmes en ont bénéficié depuis sa création, a indiqué la Ministre. Elle a notamment souligné que les femmes ougandaises remboursent leurs prêts bancaires et que leurs entreprises ont créé de l’emploi et réduit la dépendance financière des femmes, tout en élargissant l’assiette fiscale du pays. Ces entreprises ont connu une croissance une fois et demie supérieure à celles gérées par des hommes, a précisé l’intervenante. Par ailleurs, 50 000 jeunes, dont 46% de filles ont bénéficié d’un programme de création d’emplois et de réduction de la pauvreté parmi les jeunes. De même, un fonds d’aide pour les personnes âgées leur verse mensuellement une somme permettant de couvrir les besoins de base des personnes de plus de 80 ans.
Pour ce qui est de l’agriculture, a poursuivi Mme Akena, les cultivatrices sont soutenues à travers un programme qui offre des crédits pour la production agricole et ouvre des liens avec les marchés. La législation sur la propriété foncière permet maintenant que toutes les terres matriarcales puissent être exploitées par les hommes et les femmes, et les lois sur l’héritage sont en train d’être révisées. La Ministre a reconnu qu’il reste toutefois des défis à relever en termes d’accès aux financements pour les femmes. Elle a aussi évoqué une mauvaise culture de l’entrepreneuriat et des problèmes liés à la compétence et l’accès des femmes aux technologies du numérique. En outre, il n’existe pas assez de structures de garde d’enfants pour permettre aux femmes de travailler et le congé parental n’a toujours pas été institué. La pandémie a forcé 62% des entreprises gérées par des femmes à fermer, ces dernières ayant été contraintes d’assumer les soins, a encore regretté la Ministre. Il faut donc apporter un soutien énergique aux femmes ougandaises pendant la période de relève post-COVID-19 afin de surmonter ces défis, mais aussi pour lutter contre la violence sexiste. Elle a ensuite remercié la Banque mondiale avec laquelle le projet « Grow », doté d’un capital de 200 millions de dollars, vise à fournir un appui financier aux femmes dans le milieu de l’entreprise.
Les partenaires de l’Ouganda étaient la Banque mondiale, le Bureau de pays en Ouganda des Nations Unies et le Bureau de pays en Ouganda d’ONU-Femmes.
Exposé volontaire de l’Argentine
Mme ELIZABETH GÓMEZ ALCORTA, Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine, a fait observer que l’inégalité entre les sexes est particulièrement marquée en Amérique latine, où la forte contraction économique a entraîné un recul de plus de 10 ans en matière de participation des femmes au marché du travail. Selon elle, la pandémie de COVID-19 a mis en exergue les inégalités de genre préexistantes, fruit d’une répartition inéquitable des tâches de soins qui impacte directement l’insertion des femmes dans le monde du travail et leur autonomisation économique. Pour cette raison, elle a dit s’employer à redistribuer les activités de soins entre les hommes, les femmes et les personnes ayant d’autres identités de genre ainsi qu’entre les ménages, l’État, les entreprises et les communautés. Nous voulons rémunérer correctement ceux qui choisissent de se consacrer aux soins et nous voulons que les secteurs des soins soient représentés dans les différentes instances publiques afin qu’ils aient une voix, a-t-elle expliqué. Deux projets de loi en préparation prévoient d’ailleurs de créer un système de soins complet et d’établir un congé parental égal pour les mères, les pères et les personnes qui adoptent un enfant. Enfin, elle a indiqué que son ministère œuvre à la réduction du nombre de femmes travaillant dans le secteur informel et promeut des mesures positives visant à traiter et à inverser les situations d’inégalité structurelle sur le lieu de travail qui touchent particulièrement la communauté LGBTI+.
Dans la foulée de cette présentation, le Mexique s’est félicité de la ratification par l’Argentine de la Convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail. À cet égard, il a interrogé Mme Gómez Alcorta sur les mesures prises par son ministère pour prévenir les violences basées sur le genre au travail, dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
De son côté, l’Espagne a voulu savoir comment l’Argentine envisage son positionnement international en matière de garantie des droits des femmes.
En réponse à ces questions et commentaires, la délégation de l’Argentine a indiqué que la pandémie de COVID-19 a eu un impact disproportionné sur les femmes et les LGBTI+, et que l’organisation des soins actuelle génère des inégalités sociales et de genre. Pour y répondre, le Gouvernement argentin a accordé des facilités aux travailleurs du secteur privé ayant des enfants à charge et a diffusé des recommandations pour favoriser la coresponsabilité et une répartition plus équitable des tâches domestiques. Il a également renforcé les droits des travailleuses à domicile et a incorporé les femmes en situation de violence sexiste au programme Empower afin de leur faire bénéficier d’une aide sociale et économique.
Au niveau international, Mme Gómez Alcorta a dit travailler à la mise en place d’une véritable politique étrangère féministe. Elle s’est déclarée convaincue que les inégalités et la violence fondées sur le sexe constituent un problème global, ce qui appelle, selon elle, à des réponses collectives. À cette fin, nous travaillons à bâtir des alliances solides qui permettent d’élaborer un cadre juridique international solide sur les questions d’égalité des sexes et de droits des femmes. À ce sujet, a-t-elle précisé, nous avons présenté au Conseil des droits de l’homme une déclaration qui a été adoptée par consensus et qui met en lumière l’importance d’aborder les soins sous l’angle des droits humains et de définir clairement le contenu et la portée de ce droit ainsi que les obligations minimales qui incombent aux États.
Exposé volontaire de l’Afrique du sud
Mme MMAMOLOKO KUBAYI-NGUBANE, Ministre des établissements humains de l’Afrique du Sud, a indiqué qu’en novembre 2021, l’Afrique du Sud a ratifié la Convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui traite de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, complétant ainsi la législation nationale qui comprend notamment des projets de loi portant modification de la pénalisation de la violence sexiste et de la violence domestique.
La Stratégie d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes pour le secteur de l’énergie 2021-2025 a été lancée le 31 août 2021 dans le but de renforcer les compétences techniques, de gestion et de leadership des femmes et autres groupes défavorisés en vue d’améliorer leur accès à un emploi décent, à la propriété d’entreprises et à la prise de décisions dans le secteur de l’énergie.
Pour débloquer l’accès des femmes à la terre, la politique de sélection des bénéficiaires et d’attribution des terres a été publiée en 2020. Cette politique vise à répondre à divers besoins fonciers, et pas seulement dans l’agriculture, et stipule que 50% de toutes les terres acquises par le Gouvernement doivent être attribuées à des petits exploitants, et pas moins de 50% de ces terres doivent être attribuées à des femmes.
Passant au cadre de mise en œuvre de la dignité sanitaire, la Ministre a expliqué qu’il vise à établir une politique nationale pour la fourniture de produits et services de dignité sanitaire aux femmes et aux filles indigentes. À ce jour, le programme bénéficie à 3,2 millions de filles dans les écoles agricoles et spécialisées.
Pour lutter contre l’informalité croissante du travail et la mobilité des travailleuses, l’Afrique du Sud a lancé le programme Women Diggers en 2019 afin d’augmenter le nombre de femmes possédant les compétences requises dans le secteur minier. Pour protéger les femmes contre les risques associés à l’exploitation minière informelle et pour uniformiser les règles du jeu entre les hommes et les femmes dans le secteur minier, le Gouvernement, en partenariat avec le secteur privé, a élaboré une politique et une stratégie d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes pour les femmes dans l’industrie minière, a précisé la Ministre.
Elle a également parlé du programme Techno Girl, mis en œuvre en collaboration avec l’UNICEF, qui sélectionne des lycéennes issues de communautés défavorisées pour participer à des mentorats, à des ateliers de développement de compétences et à des stages d’observation dans le domaine des STIM. En 2020, grâce à l’enseignement en ligne, plus de 6 000 filles en ont bénéficié.
Le cadre stratégique pour l’égalité des sexes dans la fonction publique a contribué à une amélioration de la représentation des femmes dans les échelons supérieurs de la hiérarchie, a poursuivi Mme Kubayi-Ngubane. En décembre 2021, les femmes représentaient 44% de tous les postes de direction. Dans le secteur privé, la Ministre a concédé qu’il fallait faire plus de progrès puisque seulement 13% des directeurs exécutifs et/ou présidents-directeurs généraux sont des femmes. La Ministre a conclu en soulignant que la volonté politique au plus haut niveau du pays a été un moteur clef pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Cela inclut l’intégration du genre dans le programme de reconstruction et les mesures de relance économique du pays à la suite de l’impact dévastateur de la pandémie subi par les femmes et les filles.
Suite à cette intervention, la Finlande a voulu savoir si des politiques ont été mises en place pour intégrer la perspective de genre dans les mesures de relance post-COVID-19. Elle a également souhaité savoir ce qui a été fait dans le cadre du processus Génération Égalité.
Compte tenu du contexte culturel et religieux de la société, l’Ouganda a souhaité savoir comment l’Afrique du Sud avait fait pour dépasser ces obstacles dans le domaine de la politique foncière.
En réponse, la délégation de l’Afrique du Sud a assuré que le Gouvernement a mis en place un plan de reconstruction et de relance post-COVID-19 qui inclut les femmes. Pour ce qui est du projet Génération Égalité, elle a concédé que les écarts salariaux persistent et que la charge des soins incombe toujours beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes. Faisant le lien avec la question de l’Ouganda et les normes culturelles, elle a dit que si la protection des droits des femmes par la Constitution est importante, elles doivent pouvoir choisir ce qu’elles acceptent et n’acceptent pas en fonction de leurs culture et croyances. En ce qui concerne les services publics, l’objectif de 50% de femmes aux échelons élevés a été fixé, mais se situe aujourd’hui à 46%, et le pays compte actuellement 50% de femmes ministres.
Exposé volontaire du Chili
Mme ANTONIA ORELLANA, Ministre de la femme et de l’égalité des genres du Chili, a noté que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient une croissance de l’économie chilienne située entre 11 et 12% en 2021, ce qui est lié à l’avancement du processus de vaccination et aux liquidités injectées par le Gouvernement en soutien des ménages. Cependant, a-t-elle relativisé, ce fort dynamisme économique intervient dans un contexte où le marché du travail n’a pas encore retrouvé ses niveaux d’emploi d’avant la pandémie, en particulier pour les femmes. L’objectif est donc d’évoluer vers une économie durable, avec une croissance qui bénéficie à tous, en particulier aux femmes et aux PME.
Sur le plan législatif, elle a fait état d’une loi garantissant le droit des mères d’allaiter librement leur enfant lors de leur retour au travail. De plus, un projet de loi sur les crèches vise à éliminer la discrimination existant dans le Code du travail, qui oblige l’employeur à prévoir une crèche uniquement lorsque 20 femmes ou plus travaillent dans l’entreprise. Un autre projet de loi sur le harcèlement sexuel est en cours d’examen afin d’établir une définition criminelle large qui traite des crimes qui peuvent se produire sur le lieu de travail. Le Gouvernement chilien prévoit également de redéfinir les subventions au travail en mettant fortement l’accent sur le travail des femmes, et espère créer 500 000 emplois féminins dans l’ensemble de l’administration publique, ce qui permettrait de retrouver les niveaux d’emploi pré-COVID-19. En outre, il entend établir un système national de soins qui intègre une perspective féministe et lutter contre l’informalité croissante du travail, tout en réduisant les énormes écarts qui existent encore pour les femmes dans l’accès aux financements et à l’utilisation des nouvelles technologies.
Suite à cette présentation, l’Argentine a voulu savoir quelles possibilités de coopération existent au niveau régional pour promouvoir les politiques relatives aux soins, dans le but d’améliorer l’autonomie économique des femmes et des LGBTI+.
De son côté, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a constaté que la crise engendrée par la pandémie s’est traduite par un retour en arrière important pour les femmes. Elle a aussi observé que, sur le plan numérique, 4 femmes sur 10 en Amérique latine ne peuvent se connecter, faute de moyens. De plus, 1 femme sur 2 n’est pas sur le marché de l’emploi, ce qui est très préoccupant, et la plupart des travailleuses de la région sont employées dans des secteurs qui ont été durement frappés par la pandémie, comme le tourisme et l’artisanat. Dans ce contexte, quelles sont les priorités du Chili en vue de permettre une meilleure intégration des femmes et des filles à l’économie, aux STIM, à l’innovation, aux sciences et aux technologies?
Après avoir annoncé que le Président chilien a signé aujourd’hui l’Accord d’Escazu sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice à propos des questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes, la délégation du Chili a indiqué que le Gouvernement actuel s’efforce d’avoir une politique étrangère féministe. Nous avons commencé à examiner tous les projets régionaux pour y ajouter l’égalité des sexes, a-t-elle précisé, estimant qu’il y a là un grand potentiel d’amélioration du quotidien des femmes en Amérique latine. Toutefois, a souligné la Ministre, il s’agit d’améliorer la vie de toutes les femmes et pas seulement de celles qui accèdent à des postes élevés. De même, il importe, selon elle, de renforcer la coopération régionale face à la violence sexiste, domaine où beaucoup reste à faire.
De l’avis de Mme Orellana, la pandémie a été terrible pour les femmes et les filles mais elle a aussi mis en évidence la crise des soins dont de nombreux organismes parlaient sans qu’on y prête attention. Cette crise sanitaire et socioéconomique a mis fin à l’ignorance, a-t-elle observé, ajoutant qu’il convient à présent de travailler à cette question avec d’autres pays et d’assumer des dépenses publiques accrues. Enfin, reconnaissant que le Chili reste un pays inégalitaire et que les programmes traditionnels ne contribuent pas à l’autonomie économique des femmes, elle a plaidé pour plus de cohésion dans les politiques publiques pour lutter contre ces inégalités structurelles.