Commission de la condition de la femme: le comportement « vert » des femmes mis en avant
Une soixantaine de délégations, dont une vingtaine de ministres et plusieurs organisations internationales, ont, au quatrième jour de travaux de la Commission de la condition de la femme, présenté leurs initiatives pour renforcer la parité entre les genres aux fins de l’amélioration de la réponse aux défis climatiques. En écho à ce plébiscité pour la protection des droits, le représentant de l’Afghanistan a exhorté la communauté internationale à rappeler aux Taliban que les droits des femmes ne sont pas négociables.
Les délégations ont également entendu la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement souligner que l’inégalité entre les sexes aggrave les changements climatiques en attirant l’attention sur le fait que les pays où les femmes sont exclues de la prise de décisions ont des niveaux accrus de dégradation, alors que le fait d’avoir plus de femmes aux postes de responsabilité est corrélé positivement à la réduction des émissions de carbone.
« Promouvoir une approche de l’action climatique sensible au genre à travers l’état de droit est essentiel pour lutter contre les inégalités structurelles et les obstacles à l’action transformatrice des femmes », a-t-elle souligné.
Illustrant ce propos, la Directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes de la Suisse a cité le comportement plus « vert » des femmes en précisant que la décision de sortir de l’énergie nucléaire a été prise alors que le Gouvernement suisse était majoritairement féminin et que les femmes ont aussi fait la différence dans la votation populaire concernant le transfert du transport de marchandises de la route au rail, afin de mieux protéger la nature.
Dans le même ordre d’idées, les Palaos, une des rares sociétés traditionnellement matriarcales au monde, ont partagé certains indicateurs corrélés à une société féminine forte, notamment un taux d’alphabétisation proche de 100%, tout en concédant que les femmes restent sous-représentées dans la vie politique où elles n’occupent que 8% des sièges au Congrès. Cela se traduit notamment par l’absence de législation protégeant les droits des femmes qui travaillent et de congé familial payé, a précisé la délégation.
Au préalable, la Présidente du Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles a mis l’accent sur les liens entre la santé génésique et les capacités des femmes à contribuer à la résolution des défis climatiques, appelant à mettre fin aux obstacles et lacunes structurelles qui limitent l’accès à la santé reproductive. Ces problèmes sont le fruit d’échecs politiques et de l’incapacité de reconnaître des droits fondamentaux, a-t-elle déploré.
Le Saint-Siège a cependant estimé que promotion de la contraception et de l’avortement ne sert ni les femmes, ni la protection de l’environnement, « mais contribue au contraire à la culture du jetable que nous devons surmonter pour parvenir au développement intégral ».
En matière d’initiatives nationales, la Secrétaire d’État de la Croatie a fait part des efforts déployés par son pays pour créer plus d’emplois pour les femmes en les aidant à mieux concilier activités professionnelles, personnelles et familiales, avant de souligner la nécessité d’assurer un accès égal des femmes au marché du travail.
La Ministre d’État au genre, à la famille et aux services sociaux des Maldives a cité un plan 2022-2026 pour promouvoir la parité entre les genres et assurer une autonomisation des femmes, tandis que la Présidente du Comité de la famille et des questions féminines du Tadjikistan a vanté la Stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques qui tient compte de l’égalité des sexes dans la prise de décisions sur les questions de changements climatiques.
Le caractère essentiel des statistiques et données désagrégées par genre relatives au climat a été souligné à plusieurs reprises, notamment par Monaco et la Belgique, qui a affirmé qu’une analyse de genre, basée sur des données ventilées, doit être appliquée à tout le cycle d’élaboration des politiques.
À ce sujet, les Tonga ont indiqué que les évaluations des dommages menées depuis cinq ans après chaque catastrophe naturelle, la dernière en date étant la récente éruption volcanique sous-marine et le tsunami de janvier 2022, ont vu une amélioration de la collecte de données ventilées par sexe. Cela permettra de veiller à ce que les femmes et les autres groupes marginalisés soient au centre de toutes les activités de planification, de préparation et de réponse au niveau communautaire, a assuré la délégation.
« Fondamentalement, les objectifs relatifs à l’égalité des sexes et à la réduction des risques de catastrophe se renforcent mutuellement », a souligné pour sa part la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, notant que « l’égalité d’accès aux opportunités conduit à une meilleure réduction des risques de catastrophe, et une forte réduction des risques de catastrophe soutient l’égalité des sexes ».
La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, vendredi 18 mars, à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Déclaration liminaire
Mme MELISSA UPRETI, Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles du Conseil des droits de l’homme, a souligné que la santé génésique des femmes et des filles est essentielle à leur bien-être, qualifiant d’inacceptables les taux élevés de grossesses non désirées, d’avortements et de violences sexuelles. Elle a appelé à mettre fin aux obstacles et lacunes structurelles qui limitent l’accès à la santé reproductive, notant que ces problèmes sont le résultat d’échecs politiques et de l’incapacité de reconnaître des droits fondamentaux. Par ailleurs, Mme Upreti s’est inquiétée de la fragmentation des programmes liés aux femmes au sein du système des Nations Unies avant d’appeler à une approche holistique et unifiée pour lutter efficacement contre toutes les formes de discrimination. Les voix des femmes militantes ne peuvent être ignorées ou bâillonnées en raison de représailles, a par ailleurs déclaré la Présidente qui a regretté que les femmes et filles soient majoritairement écartées des processus de prise de décisions relatifs à lutte contre les changements climatiques et autres questions environnementales. Enfin, elle a souhaité que son groupe de travail et la Commission travaillent davantage ensemble.
Suite de la discussion générale
M. FERNANDO ELÍSIO FREIRE, Ministre d’État de la famille, de l’inclusion et du développement social de Cabo Verde, a expliqué que son pays est un petit État insulaire en voie de développement, fortement dépendant du tourisme et des transferts de fonds extérieurs, qui a connu cinq années consécutives de sécheresse et d’inondations, d’acidification accrue des océans et de perte de biodiversité. Il a indiqué que dans la perspective de la relance post-COVID-19, Cabo Verde a accordé la priorité à la promotion de l’autonomisation des filles et des femmes, à travers la promotion de politiques qui garantissent leur autonomie économique. Cela passe, entre autres, par leur autonomie dans la prise de décisions, que ce soit dans le domaine privé ou en accédant à des postes de décision et de représentation en politique. Le Gouvernement entend aussi s’atteler au développement économique des femmes, afin qu’elles assument le contrôle total de leur vie.
Mme SOFIA LOREUS, Ministre à la condition féminine et aux droits des femmes de Haïti, a indiqué que son pays a mis en place une politique nationale d’égalité femmes-hommes 2014-2034 centrée sur l’éducation et la formation, l’économie et la santé, la lutte contre les violences et l’accès aux prises de décisions. Sur le plan légal, a-t-elle signalé, le décret de 2005 relatif aux agressions sexuelles et à la dépénalisation de l’adultère de la femme a été suivi par l’adoption de lois sur la paternité, la maternité et la filiation ainsi que sur les conditions de travail domestique. Des avancées importantes sont également enregistrées grâce au troisième plan national décennal de lutte contre la violence faite aux femmes 2017-2027, qui prévoit des certificats médicaux gratuits et des structures d’accueil pour les victimes.
Reconnaissant que les progrès aient été lents et irréguliers, la Ministre a estimé que la mise en œuvre des 139 mesures urgentes prévues par la politique nationale à l’horizon 2034 permettront de progresser vers une égalité des sexes réelle. Dans ce cadre, elle a salué les contributions majeures apportées par la société civile, y compris les organisations de femmes et communautaires, assurant que son gouvernement continuera d’accroître les ressources nécessaires et le soutien aux associations locales, nationales, régionales et mondiales de femmes.
Mme DOLORES BALDERAMOS GARCIA, Ministre du développement humain, de la famille et des peuples autochtones du Bélize, a indiqué que son pays continue d’écrire l’histoire parmi les pays caribéens, avec son nombre élevé de femmes à des postes de responsabilité. La Chambre des représentants compte cinq femmes, y compris le poste de président. Nous aurons bientôt six femmes au Sénat, ce qui représente près de 40% des sièges, s’est encore enorgueillie la Ministre, avant de détailler les programmes mis en place pour venir en aide aux agricultrices et de parler de l’intégration de la perspective genre aux efforts d’atténuation. La Ministre a aussi indiqué que son pays a décidé d’augmenter le salaire minimum des travailleurs domestiques et des personnes qui travaillent dans la vente, lesquels sont principalement des femmes.
Mme VÉRONIQUE TOGNIFODE, Ministre des affaires sociales et de la microfinance du Bénin, a indiqué que son pays s’est engagé depuis plusieurs décennies à respecter les normes et accords internationaux en matière de droits des femmes et d’égalité des sexes, de changements climatiques, et de réduction des risques environnementaux et de catastrophe. Le Bénin a même modifié la Constitution de 1990 afin d’insérer des mesures de discrimination positive à l’égard des femmes, dans le but d’améliorer leur représentativité au sein du Parlement, lors des élections futures.
Au Bénin, a dit la Ministre, les groupes sociaux les plus exposés aux changements climatiques sont les agriculteurs et les producteurs maraîchers dont les femmes représentent plus de 70%. Le Gouvernement a donc créé le Fonds national pour l’environnement et le climat (FNEC) pour répondre au besoin d’accompagnement et de financement des initiatives liées à la protection de l’environnement et aux changements climatiques. Mais avant de conclure, la Ministre a plaidé pour un soutien aux pays les moins avancés et pour l’intégration du civisme écologique dans tous les programmes de développement.
M. ALEJANDRO GIAMMATTEI FALLA, Président du Guatemala, a rappelé que son pays multiculturel et pluriethnique est particulièrement exposé aux effets néfastes des changements climatiques, qui se traduisent par une hausse de l’insécurité alimentaire et une baisse du niveau de vie, notamment pour les groupes vulnérables. Parmi ces derniers, les femmes et les filles représentent plus de 50% de la population nationale et paient un lourd tribut à la crise climatique, notamment celles qui vivent en milieu rural, a souligné le Président. Dans ce contexte, le Gouvernement guatémaltèque considère que la gestion de ces phénomènes et des risques de catastrophe naturelle doit prendre en considération la situation des femmes, a-t-il ajouté, précisant que la planification étatique intègre systématiquement les défis socioéconomiques auxquels sont confrontés les femmes. À cette aune, le pays travaille au renforcement de l’autonomisation économique des femmes, en particulier dans le contexte des changements climatiques, cet objectif occupant une place centrale dans le plan d’action national pour l’égalité des sexes.
Mme MARGARETA MAĐERIĆ, Secrétaire d’État, Ministre du travail, du système de retraites et des politiques familiales et sociales de la Croatie, a jugé indispensable d’assurer la pleine participation des femmes au processus de paix en Ukraine. Elle a cité la mise en place en 2020 de six nouveaux centres d’accueil pour femmes en Croatie. Elle a indiqué que la Croatie est restée engagée, durant toute la période de la pandémie de COVID-19, dans la mise en œuvre du Plan d’action de Beijing et de l’ODD 5, en assurant la protection des droits humains et en éliminant toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles. La Croatie se mobilise également pour créer plus d’emplois pour les femmes tout en les aidant à mieux concilier activités professionnelles et vies personnelle et familiale, a ajouté Mme Mađerić qui a appelé à assurer un accès égal des femmes au marché du travail.
Mme GIEDRĖ BALČYTYTĖ, Chancelière du Gouvernement de la Lituanie, a regretté de devoir axer son intervention sur l’agression russe contre l’Ukraine, un « coup de force prémédité contre des abris et des maternités qui foule au pied la Charte des Nations Unies et toute règle internationale ». Quand de tels crimes sont commis de façon préméditée, ils menacent de devenir une nouvelle norme, a-t-elle averti, appelant la communauté internationale à revoir ses mécanismes de défense et de protection des femmes dans le monde entier en période de guerre. Cette guerre qui est à nos portes nous rappelle combien il est important de pouvoir compter sur la solidarité internationale, a ajouté la Chancelière, qui a appelé à combattre l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes de guerre au moment où ceux-ci se produisent. Les cours et les tribunaux doivent enquêter, le monde regarde et les actes odieux commis dans le cadre de l’agression russe en Ukraine ne resteront pas impunis, a-t-elle encore déclaré.
Après avoir exprimé sa solidarité avec les Ukrainiennes, Mme MATEJA RIBIČ, Secrétaire d’État au Ministère du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, a dit que la grande majorité de femmes slovènes sont dans la population active, la Slovénie étant l’un des rares pays où le taux d’emploi des femmes avec enfants est plus élevé que celui des femmes sans enfant, et ce, grâce à un système de crèches public bien organisé et à une politique dynamique en matière de congés maternité et paternité. Malgré ces progrès, il faut encore promouvoir le partage égal des tâches au foyer, en promouvant une « paternité active ». À cet égard la prévention de la violence domestique mais aussi de la violence sexuelle et sexiste est une priorité absolue du pays. En 2015, la Slovénie a ratifié la Convention pertinente du Conseil de l’Europe. Elle accorde aussi une grande importance à la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux, y compris dans les domaines de la paix et de la sécurité. Le programme pour les femmes et la paix et la sécurité est d’ailleurs une partie intégrante de la politique nationale et étrangère de la Slovénie, a affirmé la Secrétaire d’État.
Mme LISA TAMMY RAHMING, Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas, a déclaré que son pays, qui est un archipel, est très vulnérable face aux changements climatiques. En septembre 2019, l’ouragan Dorian a causé de lourdes pertes humaines et 3,4 milliards de dollars de dégâts, des milliers de femmes et de filles ayant été déplacées. Elle a indiqué que 52% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans son pays sont des femmes. La Ministre a précisé que les femmes occupent des postes clefs dans la gouvernance environnementale aux Bahamas, tout en précisant que cela ne suffira pas si les ressources face à ce défi monumental viennent à manquer. Elle a déploré que son pays se voie refuser l’accès à des prêts non remboursables en raison de l’utilisation du critère de PIB par habitant pour mesurer la richesse. Elle a donc proposé un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour mieux mesurer la richesse d’un pays et son accès aux prêts précités.
Mme MARIA SYRENGELA, Ministre adjointe du travail et des affaires sociales de la Grèce, a indiqué que les femmes et les filles font partie des groupes les plus touchés par les événements liés au climat, « non pas parce qu’elles sont naturellement plus vulnérables, mais parce qu’elles sont sujettes à des formes inhérentes de discrimination et de marginalisation dans la société ». Ainsi a-t-elle jugé que faire progresser l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes dans le contexte des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe, en particulier dans l’ère post-COVID-19, nécessite des politiques et des programmes holistiques et intégrés qui défendent les droits des femmes, renforcent leur indépendance économique et leur résilience, stimulent leur leadership et favorisent l’émergence d’économies vertes adaptées au genre.
Mme Syrengela a indiqué que la Grèce encourage activement l’autonomisation économique des femmes par le biais de mesures politiques de relance verte sensibles au genre, en se concentrant sur la formation aux compétences vertes et aux techniques de l’économie circulaire. L’un des programmes forts que nous proposons en ce sens est l’« Initiative pour les emplois verts », laquelle vise à soutenir la transition vers une économie verte en subventionnant la création de 5 000 nouveaux emplois verts à destination des chômeuses, a-t-elle encore détaillé.
Mme MARTHA DELGADO PERALTA, Secrétaire adjointe aux affaires multilatérales et aux droits de humains du Mexique, a insisté sur le rôle joué par les femmes pendant la pandémie et pendant la relève. Elle a exigé que ces femmes aient leur place à la table de prise de décisions, en citant notamment leur contribution majeure aux campagnes de vaccination en Amérique centrale. Constatant que l’une des origines de la pandémie sont les changements climatiques et leurs conséquences négatives, elle a appelé à ne pas perdre de vue les droits humains et l’égalité des sexes dans le contexte de la lutte climatique. Les femmes activistes occupent l’espace public à la fois pour défendre les droits des femmes et lutter contre les changements climatiques, et le Mexique s’engage à les défendre, y compris à travers sa politique étrangère féministe.
Mme KHATUNA TOTLADZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a condamné dans les termes les plus forts l’attaque militaire de la Russie contre l’Ukraine, en se disant extrêmement préoccupée par les conséquences des attaques indiscriminées contre les infrastructures civiles. Elle a également réclamé la création de couloirs humanitaires.
Mme Totladze a ensuite indiqué que la promotion des droits des femmes est une des priorités de son gouvernement, précisant que les peines ont été aggravées pour les crimes fondés sur le genre. Elle a aussi fait part des efforts déployés pour lutter contre le harcèlement sexuel et la violence domestique visant les femmes. Malheureusement, l’occupation illégale des régions géorgiennes de Tskhinvali/Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Russie est le principal obstacle aux efforts de la Géorgie pour protéger les droits des femmes et des filles qui se trouvent de l’autre côté de ces barbelés qui ont été illicitement posés, a déploré la Vice-Ministre. Elle a également indiqué que les femmes vivant dans ces régions occupées et dans les zones qui leur sont adjacentes continuent de souffrir de violations graves et systématiques de leurs droits.
Mme GRY HAUGSBAKKEN, Vice-Ministre de la culture et de l’égalité de la Norvège, a déclaré que la situation en Ukraine est dans « tous nos esprits », avant de condamner dans les termes les plus forts l’attaque militaire de la Russie. « Nous sommes déterminés à aider le peuple ukrainien, en particulier les femmes et les filles. » Elle a souligné la nécessité de développer des politiques climatiques qui promeuvent l’égalité entre les genres, avant d’appeler à lutter contre ceux qui attaquent les droits des femmes et des minorités sexuelles. S’il y a un besoin urgent à passer de sociétés dépendantes des énergies fossiles à des sociétés durables, cette transition doit se faire dans le respect des droits des travailleurs, a-t-elle poursuivi. Elle a aussi insisté sur l’importance que les femmes soient représentées à tous les niveaux des processus de prise de décisions. « L’égalité entre les genres et les droits des femmes doivent faire partie intégrante de nos efforts climatiques et de développement. »
Mme MARIA JOSÉ DA FONSECA MONTEIRO DE JESUS, Secrétaire d’État pour l’égalité et l’inclusion du Timor-Leste, a indiqué que son pays a pris des mesures sérieuses d’atténuation et d’adaptation au niveau national, évoquant notamment l’approbation, il y a quelques mois, du premier plan d’action national sur les changements climatiques. Le Timor-Leste, a-t-elle assuré, est déterminé à construire une économie robuste et à faibles émissions de carbone capable de gérer les effets néfastes des changements climatiques sur l’environnement et les communautés.
La Secrétaire d’État a également indiqué que son gouvernement se mobilise pour garantir les droits des femmes rurales en matière de sécurité alimentaire, d’accès aux ressources, d’autonomisation économique et de participation équitable aux processus décisionnels. Les perspectives de genre ont été intégrées à la réponse aux changements climatiques, ainsi que la participation des femmes en tant qu’agentes de changement. Après avoir salué les projets en cours au Timor-Leste financés grâce au Fonds vert pour le climat, elle a expliqué que les femmes sont consultées lors de la conception des projets, que l’impact sur les femmes et les plus vulnérables est constamment évalué, et que les activités s’évertuent à répondre aux besoins et aux capacités spécifiques des femmes.
Mme SALIMATA NEBIE-CONOMBO, Ministre du genre et de la famille du Burkina Faso, a déclaré que l’exécution des différents programmes nationaux, plans et projets de développement a permis de renforcer la résilience des femmes face aux différents chocs climatiques et environnementaux et à la crise sanitaire auxquels elles sont confrontées. Les acquis en matière d’autonomisation économique des femmes sont nombreux, a-t-elle dit, citant notamment l’octroi, en 2021, de prêts aux femmes dans le cadre de la relance de leurs activités économiques impactées par la COVID-19 d’un montant d’environ 8 467 400 dollars ou encore la création d’une centrale d’approvisionnement des intrants et matériels agricoles qui subventionne les équipements et intrants agricoles des femmes à hauteur de 80%. Des progrès ont également été réalisés dans le domaine de la protection de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques grâce au déploiement de mesures incluant des actions de formation à la gestion des ressources naturelles.
Dans les secteurs sociaux, a-t-elle poursuivi, d’importants résultats ont aussi été obtenus, tels que la création du Secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence qui veille, entre autres, à l’inscription des filles déplacées dans les établissements d’accueil des zones de repli des populations. Un numéro vert pour la dénonciation des cas de violences basées sur le genre a été lancé, et des centres de prise en charge des survivantes de violences basées sur le genre dans les zones à forts défis sécuritaires sont en cours de création. Mme Nebie-Conombo a ensuite appelé à mettre l’accent sur la lutte contre la persistance des pesanteurs socioculturelles et les pratiques néfastes, le faible accès des femmes aux ressources productives et leur faible participation à la gouvernance locale et aux sphères de prise de décisions.
Mme LUMINITA POPESCU, Secrétaire d’État, responsable de l’Agence nationale pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes de la Roumanie, a expliqué que l’attachement du Gouvernement roumain au principe de l’égalité des chances et de traitement entre les femmes et les hommes s’est traduit par la mise en place du nouveau Ministère roumain de la famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Des efforts constants visent également à améliorer le cadre législatif, notamment l’adoption d’une loi sur le suivi des ordonnances de protection par bracelets électroniques et un programme national intégré de protection des victimes de violences conjugales. À cela s’ajoute le réseau national de refuges pour les victimes de violence domestique; l’élaboration du guide pratique sur le harcèlement moral; et une nouvelle politique antiharcèlement au travail.
Elle a par ailleurs indiqué que l’adhésion de la Roumanie à l’initiative « Génération Égalité » d’ONU-Femmes se traduit par l’engagement à mettre en œuvre la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre les violences sexuelles « SYNERGIE » 2021-2030; et celui d’accroître la représentation des femmes dans la prise de décisions à tous les niveaux en Roumanie.
Mme ZIFLEENA HASSAN, Ministre du genre, de la famille et des services sociaux des Maldives, a relevé que, dans son pays, les femmes sont au centre de l’activité économique, notamment de l’agriculture et la pêche. Or les changements climatiques entraînent une baisse des rendements agricoles et, par conséquent, menacent l’autosuffisance, les moyens de subsistance et l’indépendance économique de ces femmes, a-t-elle constaté. La population féminine a aussi dû faire face en première ligne aux retombées de la pandémie de COVID-19 qui se sont traduites par une augmentation du travail non rémunéré et domestique des femmes, une escalade de la violence, des pertes des revenus et un chômage plus élevé. Pour y répondre, le Gouvernement a fourni une allocation de soutien aux travailleurs qui ont perdu leur emploi, en mettant un accent particulier sur les femmes employées dans le secteur informel, a précisé la Ministre. Elle a indiqué par ailleurs qu’un tiers des postes ministériels sont occupés par des femmes et que, pour la première fois, un tiers des sièges des conseils locaux sont revenus à des femmes en avril 2021. Ces progrès, a-telle souligné, sont soutenus par le Plan d’action stratégique 2019-2023 et ses objectifs en termes d’opportunités économiques et éducatives, mais aussi par le Plan d’action pour l’égalité des sexes 2022-2026, qui vise à augmenter la participation des femmes à tous les niveaux étatiques.
Mme TERESA MILÀ SAMBOLA, Secrétaire d’État aux affaires sociales, à la jeunesse et à l’égalité de l’Andorre, a indiqué que la principauté s’est dotée d’une stratégie nationale pour l’énergie et la lutte contre les changements climatiques 2020-2050, ajoutant que son pays anticipe une diminution de l’activité touristique liée aux sports d’hiver. Elle a jugé impératif d’intégrer une perspective genre aux politiques d’adaptation aux changements climatiques, précisant que l’action nationale d’adaptation aux changements climatiques de l’Andorre établit un équilibre entre protection de l’environnement, justice sociale et équité entre les femmes et les hommes. Elle a appelé à mobiliser des moyens suffisants pour permettre aux femmes d’être des agents et vecteurs de développement, de paix et de savoir. Mme Milà Sambola a ensuite fait part de sa solidarité avec les femmes qui se trouvent dans des situations de conflit armé, notamment en Ukraine, et celles qui continuent de se battre pour recouvrer leurs droits élémentaires.
Mme ANNA SCHMIDT, Ministre adjointe de la famille de la Pologne, a expliqué que le climat tempéré qui règne dans son pays permettait d’aider dans de bonnes conditions le million de réfugiés ukrainiens. Elle a précisé qu’en raison de l’urgence de la situation, le Gouvernement avait aboli la période de quarantaine imposée dans le contexte de la COVID-19 et décidé de délivrer des cartes de séjour d’une durée de validité de 18 mois. Les enfants ukrainiens recevront une aide spéciale et les écoles leur seront ouvertes sans conditions, tandis que les femmes avec enfants et enceintes continueront d’être accueillies par des personnels dédiés tant que cela s’avérera nécessaire, a encore indiqué Mme Schmidt. Elle a souhaité que la communauté internationale puisse guérir « les maux tant physiques que psychologiques potentiellement à long terme des victimes de l’agression russe contre l’Ukraine ». L’aide internationale pour Kiev et les autres villes et villages ukrainiens doit être coordonnée et rapide pour ne pas décevoir les appels criants des Ukrainiennes à la solidarité, a conclu la Ministre.
Mme CLAUDINE AOUN, Présidente de la Commission nationale pour les femmes du Liban, a expliqué que son pays se concentre sur la création d’un environnement social et législatif propice à l’autonomisation des femmes, notamment pour leur permettre de travailler en dehors de leurs foyers, de voter aux élections législatives et de parvenir à la parité. Elle a également évoqué la création d’une cellule genre au sein de l’armée libanaise.
Mme Aoun a ensuite passé en revue les activités de la Commission qu’elle dirige et qui a notamment défini les normes à respecter dans les centres d’accueil des femmes victimes de violence. Elle œuvre également à créer un statut modèle pour les entreprises comprenant des mécanismes de lutte contre le harcèlement sexuel au travail et cherche aussi à lever les facteurs faisant obstacle au travail des femmes en dehors des foyers, notamment en assurant un meilleur système de prise en charge des enfants en bas âge. La Commission mobilise en outre l’opinion publique libanaise pour permettre aux femmes d’accéder au Parlement, fixer l’âge légal du mariage à 18 ans et permettre aux Libanaises de donner leurs nationalité à leurs enfants.
Mme TERESA AMERELLE BOUE, Secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines et membre du Conseil d’État de Cuba, a déclaré que 30 ans après de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue à Rio de Janeiro en 1992, la situation est de plus en plus inquiétante. Les politiques néolibérales et des modes de consommation irrationnels entravent le développement équitable des peuples et accélèrent la destruction de l’environnement, tout en creusant des écarts entre les sexes, a-t-elle notamment constaté. Pour y remédier, Cuba a fait de la protection et la conservation de l’environnement, de la lutte contre les changements climatiques et de la réduction des risques de catastrophes naturelles des priorités nationales. Il a ainsi lancé une stratégie de développement, qui comprend un ensemble de mesures d’action climatique, et ce, en dépit du blocus économique, commercial et financier que lui imposent les États-Unis, a indiqué Mme Boue. Par ailleurs, Cuba a adopté en mars 2021 un programme national de promotion de la femme, destiné à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles mais aussi à favoriser leur autonomisation économique dans le contexte de la crise climatique.
Pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, Mme DOREEN SIOKA, Ministre de l’égalité des genres, de l’éradication de la pauvreté et du bien-être social de la Namibie, a indiqué que son pays a mis en place un cadre juridique fortement favorable à la participation des femmes à tous les niveaux, dont les processus de prise de décisions, en particulier dans les domaines des changements climatiques et des questions liées à la gestion de l’environnement. Elle a précisé que le cadre juridique namibien promeut fortement l’égalité des sexes et l’autonomisation, dont la lutte contre la violence sexiste et la violence contre les enfants. Des efforts sont également déployés pour mettre en œuvre une planification et une budgétisation sensibles au genre, et les lois relatives au genre qui sont en cours de révision. Elle a aussi cité la loi no 4 de 2003 sur la lutte contre la violence domestique, la loi sur le viol de 2000, la loi sur la traite des personnes no 1 de 2018, et la loi sur la protection de l’enfance de 2015. La Politique nationale du genre (2010-2020), qui appuie la participation des femmes aux politiques et programmes de gestion des ressources naturelles, de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques, est également en cours de révision.
Mme HALA MAZYAD ALTUWAIGRI, Secrétaire du Conseil des affaires familiales de l’Arabie saoudite, a mis l’accent sur l’ampleur du train de mesures établi par son gouvernement pour réduire les effet directs et indirects des changements climatiques sur les conditions de vie des femmes et des filles. Tous nos plans nationaux sont en outre articulés au Programme pour le développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle ajouté, notant que ces plans reposent sur des orientations stratégiques à long terme en matière d’environnement et d’adaptation aux changements climatiques. Pas moins de 64 initiatives sont actuellement mises en œuvre, notamment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et accompagner la féminisation de l’économie verte, a dit la haute responsable saoudienne. Elle a relevé qu’en tant que pays exportateur de pétrole, il incombe à l’Arabie saoudite une responsabilité particulière, d’où l’engagement pris, « et qui sera tenu », de « zéro émission à l’horizon 2060 ». Elle a également attiré l’attention sur la mise au point et la promotion de combustibles propres pour cuisiner et sur le fait que la plus puissante organisation environnementale saoudienne est dirigée par une femme.
Mme SANDRA SANCHEZ-MONTANO, Présidente de la Commission de la femme des Philippines, a indiqué que dans le cadre des efforts pour réduire les écarts entre les sexes, les Philippines ont adopté, institutionnalisé et mis en œuvre des politiques, programmes et plans multisectoriels, « participatifs, inclusifs et sensibles au genre ». La loi sur les changements climatiques impose une perspective adaptée au genre, elle est pro-enfants, pro-pauvres et s’articule à tous les efforts liés aux changements climatiques et aux énergies renouvelables, a-t-elle ajouté. La haute responsable a expliqué que cette loi avait également porté création de la Commission sur les changements climatiques, qui oriente les actions d’intégration de la dimension de genre jusqu’au niveau local pour renforcer les capacités d’adaptation des communautés, accroître la résilience des secteurs vulnérables et des écosystèmes naturels aux changements climatiques et optimiser les opportunités d’atténuation par une approche « sensible au genre » et visant un développement durable fondé sur les droits. Un financement et une budgétisation adaptés au genre étant essentiels pour atténuer les effets délétères du réchauffement climatique, le « Fonds de survie du peuple » a été créé en 2012 pour précisément fournir des ressources au gouvernement local et aux organisations de terrain engagés dans l’application des « programmes climatiques sensibles au genre du Gouvernement » pertinents, a encore souligné Mme Sanchez-Montano.
Mme MARÍA LILIAN LÓPEZ, Directrice exécutive de l’Institut pour le développement des femmes d’El Salvador, a indiqué que son pays promeut une politique climatique qui intègre les enjeux de genre dans les activités liées à l’adaptation et à l’atténuation. Soucieux de progresser dans la protection des droits de femmes et des filles, le Gouvernement salvadorien a également lancé une stratégie de soins spécialisés pour les victimes de violence sexiste, a-t-elle relevé, faisant par ailleurs état d’une stratégie d’intégration des principes d’égalité, de non-discrimination et de vie sans violence, assortie de la fourniture de conseils et d’une assistance technique dans les institutions et les administrations municipales. En outre, a ajouté Mme López, l’organe directeur sur les questions de genre maintient une coordination interinstitutionnelle pour la promotion de l’autonomie économique des femmes et l’aide à l’entrepreneuriat. Des projets climatiques sont également menés au niveau national en concertation avec les femmes rurales, autochtones et d’ascendance africaine afin d’accroître leur participation dans les activités de résilience face aux changements du climat. En matière de gouvernance, a-t-elle souligné, les femmes ont d’ores et déjà un rôle dirigeant dans les comités des réserves de biosphère et les comités des zones humides. Enfin, les contributions déterminées au niveau national que le pays a soumis à la CCNUCC intègrent une approche de genre ainsi que les savoirs ancestraux et locaux.
Mme HILOLBI QURBONZODA, Présidente du Comité de la famille et des questions féminines du Tadjikistan, a prévenu que l’Asie centrale est l’un des « points chauds » des changements climatiques et que la superficie des glaciers au Tadjikistan et les réserves d’eau des glaciers pourraient être réduites de 15 à 20% au cours des 30 à 40 prochaines années. Elle a indiqué que pour faire face à la dégradation des terres et de l’accès à l’eau potable, le Gouvernement du Tadjikistan a adopté des réglementations pour protéger la population et les territoires des catastrophes naturelles d’origine humaine. En outre, la Stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques d’ici à 2030 tient compte de l’égalité des sexes dans la prise de décisions sur la questions des changements climatiques. Elle a aussi cité l’adoption d’un programme national pour le développement de l’éducation environnementale. Enfin, Mme Qurbonzoda s’est inquiétée de l’impact, sur l’égalité des sexes, des déplacements internes et des migrations causés par les changements climatiques, combinés à l’augmentation de la charge de travail domestique des femmes.
Mme MAZIAH BINTI CHE YUSOFF, Secrétaire générale du Ministère des femmes, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a déclaré que les récentes inondations ayant frappé son pays avait renforcé la nécessité d’une préparation améliorée aux catastrophes et de développer des politiques de réduction des risques de catastrophe. Les femmes et les filles étant plus touchées que les hommes dans ces situations, le Gouvernement a mis davantage l’accent sur l’autonomisation des femmes dans ces domaines, a-t-elle assuré. Elle a également précisé que cette action comprenait une allocation pour l’aide aux sinistrés. Le Gouvernement a aussi travaillé en étroite collaboration avec des ONG pour améliorer l’acheminement des secours aux victimes isolées, les opérations de nettoyage des sites inondés et la mise à disposition de conseillers psychologiques agréés.
Mme INLAVANH KEOBOUNPHANH, Présidente de l’Union des femmes laotiennes de la République démocratique populaire lao, a expliqué que son gouvernement attache une grande importance à la pleine participation et à la contribution des femmes à tous les domaines d’activité de lutte contre les changements climatiques en intégrant les questions liées au climat dans ses politiques et programmes pertinents, notamment le neuvième Plan national de développement socioéconomique, la Stratégie nationale de croissance verte et le Programme d’action national d’adaptation aux changements climatiques. Elle a également cité la législation, la politique et le cadre stratégique du Gouvernement liés à la participation des femmes à la lutte contre les changements climatiques et à la protection de l’environnement. À cet égard, l’Assemblée nationale a adopté différents textes de loi sur la protection de l’environnement, la gestion des catastrophes, l’égalité des sexes, ainsi qu’un décret sur les changements climatiques entre autres. De même, la Stratégie nationale de croissance verte et les contributions déterminées au niveau national ont été adoptées et le plan de promotion de la femme a été intégré aux plans nationaux et locaux de développement socioéconomique. Ces instruments juridiques ont permis d’établir une base solide afin de définir des activités appropriées pour promouvoir et protéger les droits des femmes ainsi que leur participation à la lutte contre l’impact de la protection du climat et de l’environnement, a conclu la Ministre.
M. ATTILA BENEDA, Sous-secrétaire d’État à la politique familiale de la Hongrie, a commencé par exprimer son extrême inquiétude face à la guerre en Ukraine et sa solidarité avec les victimes et les personnes contraintes de fuir leur pays. Il a ensuite indiqué que des études hongroises ont démontré que les femmes attachent plus d’importance à la protection de l’environnement que les hommes. Il est donc urgent et crucial d’assurer leur implication dans la politique et les processus de prise de décisions, a-t-il plaidé, avant de rappeler que son pays s’est engagé pour la neutralité carbone d’ici à 2050 et a lancé en 2020 un plan d’action pour le climat et la protection de la nature afin d’ouvrir la voie à une transition verte. Dans ce cadre, 10 arbres sont plantés pour chaque nouveau-né, ce qui signifie que d’ici à 2030, la forêt couvrira 27% de la superficie du pays, a expliqué M. Beneda. Par ailleurs, a-t-il ajouté, le Gouvernement a lancé en 2010 une politique familiale globale pour lutter contre le déclin démographique. En plus d’accroître le soutien financier et les services publics aux familles, ce plan vise à encourager l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en leur apportant l’appui dont elles ont besoin, selon qu’elles souhaitent rester à la maison pour élever leurs enfants ou retourner sur le marché du travail après l’accouchement. Dans tous les cas, les femmes bénéficient de la protection sociale et des services nécessaires, a-t-il précisé, assurant que ces mesures ont permis de faire passer le niveau d’emploi des femmes de 55% à 72% au cours de la dernière décennie.
Mme NIRMITA HOU, Sous-Secrétaire d’État aux affaires féminines du Cambodge, a déclaré que son gouvernement avait fait des progrès considérables en matière d’avancement de l’égalité de sexes, d’autonomisation des femmes dans la lutte contre les changements climatiques et de réduction des risques de catastrophe. À cet égard, elle a mis en avant la politique nationale d’intégration du genre, dont les plans d’action et les mécanismes portent leurs fruits, y compris en termes de réduction des gaz à effet de serre et de sensibilisation des femmes entrepreneurs à la gestion des ressources naturelles. Mme Hou a également indiqué que son pays célèbre cette année la Journée internationale de la femme au Cambodge, journée axée en 2022 sur le thème de « l’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable ». Promouvoir le leadership des femmes dans l’exécution des politiques publiques et mettre fin à la violence sexiste sont essentiels pour favoriser une croissance économique durable, a encore signalé la Sous-Secrétaire d’État qui a souligné que « les femmes sont l’épine dorsale de l’économie nationale et du développement social au Cambodge ».
Mme MONICA BOTERO, Directrice de INMUJERES de l’Uruguay, a exprimé d’emblée sa solidarité avec les femmes et les filles ukrainiennes et a appelé la Fédération de Russie à immédiatement mettre fin à son agression en Ukraine. Soulignant les effets disproportionnés des changements climatiques sur les femmes, la représentante a mis en exergue l’apport des femmes comme agentes du changement et de l’action. Elle a passé en revue les différents instruments, mécanismes et plans d’actions internationaux visant à faciliter la participation sur un pied d’égalité des femmes à la prise de décisions et à l’action qui forment un cadre pertinent dans le contexte de l’action climatique. En Uruguay, une stratégie genre et changements climatiques a été adoptée qui intègre un ensemble de mesures en ce sens, a expliqué la représentante. Pour faire face aux changements climatiques, il faut plus que des politiques d’égalité de genre, a-t-elle tranché en insistant sur la place qui doit revenir aux femmes dans les instances de prise de décisions.
M. MOHAMMED SAHIB MARZOOQ, Chef adjoint du Département des droits humains au Ministère des affaires étrangères de l’Iraq, a indiqué que son gouvernement poursuit une politique d’autonomisation des femmes et de partage des tâches entre les sexes, en fonction des compétences, des qualifications et du niveau d’expertise. Il œuvre également à la réduction de la violence à l’égard des femmes et des filles dans le contexte de la crise climatique, notamment en sécurisant l’accès à l’eau, à l’alimentation, aux services de soins, à la santé et à un logement digne. En Iraq, a-t-il ajouté, les effets des changements climatiques se traduisent en particulier par une baisse dramatique du débit des fleuves qui ont vu naître la première civilisation de l’histoire mondiale, ce qui entraîne une désertification accrue et une réduction des terres arables. De plus, dans le sud du pays, une région marécageuse inscrite au patrimoine mondial de l’humanité est sujette à de graves sécheresses, avec pour conséquence une augmentation de la pauvreté et des déplacements internes. Si le Gouvernement iraquien fait tout pour réduire ces impacts, il considère également que seules la solidarité et la coopération internationales permettront de relever ces défis, a souligné le haut fonctionnaire, avant de détailler les actions mises en place au niveau national pour permettre aux femmes de participer aux processus de prise de décisions. Il a ainsi rappelé que 95 femmes ont été élues au Conseil des représentants et que le pays a mis en œuvre son deuxième plan national pour l’autonomisation économique des femmes 2022-2021. Il a ajouté que l’élaboration de la Stratégie nationale pour les femmes iraquiennes 2023-2027 mettra l’accent sur le renforcement du rôle des femmes dans la protection de l’environnement et l’atténuation des effets des changements climatiques.
Mme SYLVIE DURRER, Directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes de la Suisse, a mis l’accent sur le comportement plus « vert » des femmes et leur pouvoir transformateur. Elle a indiqué que la « décision historique » de sortir de l’énergie nucléaire a été prise alors que le Gouvernement était majoritairement féminin. Les femmes ont aussi fait la différence dans certaines votations populaires comme celle concernant le transfert du transport de marchandises de la route au rail, afin de mieux protéger la nature, a-t-elle souligné.
Mme Durrer ensuite parlé de la Stratégie Égalité 2030 de la Suisse, qui prévoit des mesures pour améliorer la représentation des femmes aux niveaux décisionnels. Parce que la mixité est indispensable à la réalisation de la totalité du potentiel d’innovation, l’augmentation des femmes dans les secteurs MINT (mathématiques, de l’informatique, des sciences naturelles et de la technique) constitue une autre mesure prioritaire de cette stratégie. Soulignant la nécessité de se baser sur des faits avérés pour adopter des politiques éclairées, la Directrice a dit que son pays améliore la récolte de données, afin que les études aident à identifier les enjeux majeurs pour les femmes, y compris dans le domaine de l’environnement, des catastrophes naturelles et des crises.
M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a tout d’abord rendu hommage au courage et à la détermination des femmes et des filles ukrainiennes, qui sont confrontées à la guerre provoquée par la Fédération de Russie en violation du droit international. Alors que ce conflit entraînait un exode de millions d’Ukrainiens, en majorité des femmes et des enfants, nos citoyens ont fourni une assistance humanitaire à toutes les personnes en provenance d’Ukraine, quelles que soient leur race, leur religion, leur ethnicité et leur orientation sexuelle, a fait remarquer le représentant avant d’appeler les forces russes à cesser immédiatement leurs opérations meurtrières dans ce pays.
Le délégué a ensuite affirmé que la recherche de la parité femmes-hommes et la protection de l’environnement figurent parmi les priorités du Gouvernement tchèque. Regrettant que l’interdépendance de ces questions ne soit pas toujours reconnue, il a insisté sur l’impact disproportionné de la crise climatique sur les femmes et les filles et la nécessité de les inclure dans toute solution à ce défi mondial. Si nous parvenons à utiliser pleinement leur potentiel, nous pourrons accélérer les efforts de lutte et envisager un avenir meilleur, a-t-il assuré. Consciente que des emplois de qualité peuvent permettre d’accroître les revenus des femmes et de réduire le fossé entre les genres, la République tchèque a lancé une stratégie pour l’égalité des sexes à l’horizon 2030. Elle s’est également engagée à intégrer les femmes dans ses politiques de protection de l’environnement et de transition vers la neutralité carbone, a encore précisé le représentant.
M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a indiqué que tous les droits des femmes sont exercés en vertu de la Constitution socialiste. Il a aussi cité plusieurs lois et politiques publiques dont la loi sur la protection et la promotion des droits de la femme, la loi socialiste sur le travail et la loi sur l’allaitement et l’éducation des enfants. Il a indiqué que des travailleuses ordinaires sont élues députées à l’Assemblée populaire suprême où les affaires de l’État sont discutées, permettant ainsi à de nombreuses femmes d’exercer leurs droits politiques dans les organes gouvernementaux. Les femmes de la RPDC sont également impliquées dans des activités professionnelles valorisantes tout en bénéficiant de nombreux avantages sociaux dans les domaines de la vie économique et culturelle, y compris des crèches, des jardins d’enfants et d’autres installations de service public modernes. Dans la maternité de Pyongyang et l’Institut des tumeurs mammaires, les femmes ont accès à un traitement médical gratuit et à des médicaments. Diverses célébrations, dont des concerts, sont par ailleurs organisées à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des femmes le 8 mars.
Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a évoqué les activités de l’organisation « Women in Sustainability and Environment » (WISE), formée l’année dernière et qui est rapidement devenue la première société de femmes à Singapour à œuvrer exclusivement en faveur de l’égalité de genre pour garantir des modes de consommation et de production responsables conformément au Plan vert 2030 de Singapour. Grâce à WISE, Singapour a l’ambition de soutenir la participation pleine, égale et significative des femmes dans la mise en œuvre de toutes les politiques de développement durable auxquelles souscrit le Gouvernement, a-t-elle indiqué. Mme Tang s’est ensuite félicitée que Singapour figure au douzième rang de l’indice d’inégalité de genre établie par le Rapport sur le développement humain 2020 des Nations Unies. Cela montre que les femmes de Singapour bénéficient de mesures efficaces et que le niveau de leur participation sur le marché travail et dans la vie publique est élevé, a-t-elle dit. Mme Tang a ensuite noté que les femmes de Singapour sont bien éduquées et contribuent activement à l’économie, le taux d’alphabétisation des femmes étant, en 2021, de 96,4% et celui de l’emploi des femmes âgées de 25 à 64 ans dépassant pour la même année, de 75%. Nos femmes occupaient près de 30% des sièges au Parlement en 2021, ce qui est supérieur au taux mondial fixé par l’Union interparlementaire, a-t-elle également souligné, avant de dire la fierté des Singapouriens d’avoir une femme pour président.
Nous sommes confrontés à une crise complexe à la fois sociale et environnementale, a déclaré Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège. Il a relevé que la pauvreté et la faim restent deux des plus grands défis dans le monde d’aujourd’hui, et que les femmes et les filles pauvres peuvent connaître une précarité disproportionnée lorsqu’elles ne sont pas valorisées de la même manière que les hommes et les garçons, expliquant cela par un accès limité aux opportunités et aux ressources, y compris, dans certains cas, moins de nourriture. Il a également mis l’accent sur les obstacles rencontrés par les femmes rurales dans le monde, comme le droit d’être propriétaires de terres et l’accès aux ressources financières. Garantir l’égalité en droit et en pratique est nécessaire pour une société juste dans laquelle les femmes peuvent s’épanouir, a-t-il tranché.
Il a noté que le fardeau de la lutte contre les atteintes à l’environnement, qui doit beaucoup à des modes de production et de consommation non durables, en particulier dans les pays développés, incombe trop souvent aux femmes pauvres et aux femmes des pays en développement. L’Observateur a également déploré les programmes de population qui ont nui aux femmes et impliqué la coercition, fustigeant notamment la stérilisation forcée de femmes autochtones. La promotion de la contraception et de l’avortement ne sert ni les femmes, ni la protection de l’environnement, s’est indigné l’archevêque, mais contribue au contraire à la culture du jetable que nous devons surmonter pour parvenir au développement intégral. Il a ensuite appelé à promouvoir l’éducation des filles et des femmes, y voyant un moyen indispensable d’éradiquer la pauvreté.
Mme ALIAA ALI (République arabe syrienne) a reconnu que, dans son pays comme ailleurs, les changements climatiques sont à l’origine de défis imbriqués dont les répercussions se font sentir dans toutes les strates de la société, et en particulier sur les femmes et les filles. En Syrie, a-t-elle ajouté, la guerre qui nous a été imposée par le biais du terrorisme a eu de graves effets sur l’environnement et le climat. Elle a ainsi rappelé que des milices sécessionnistes appuyées par des forces étrangères ont fait main basse sur des champs de pétrole, se livrant à une production anarchique sans tenir compte des retombées sur l’environnement et les populations. Ces pratiques illégales, qui ont entraîné une pollution de l’atmosphère, des sols et des eaux souterraines, ont coïncidé avec la désertification et la longue période de sécheresse dont souffre la région, avec de graves conséquences sur l’agriculture et les ressources hydriques, a-t-elle dénoncé, condamnant également l’occupation israélienne du Golan syrien et ses effets délétères sur la vie des femmes et des filles.
M. CLEMENT YOW MULALAP (États fédérés de Micronésie) a relevé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la fracture numérique mondiale et désavantage grandement les femmes et les enfants de petits pays insulaires, dispersés sur des milliers de kilomètres sans accès à Internet. Face à ces difficultés, M. Mulalap a salué la feuille de route pour la coopération numérique du Secrétaire général. Comme les hommes et les femmes utilisent les ressources différemment, il existe des disparités dans la vulnérabilité qui nécessite l’inclusion du genre dans la planification, les réponses et le renforcement des capacités, a indiqué le représentant. Il a ajouté que les femmes assument le fardeau des répercussions des catastrophes, notamment en raison de leurs impacts sur la composition des ménages, tout en notant que les femmes se sont révélées d’importants agents de l’adaptation aux changements climatiques et de la sécurité alimentaire.
Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a d’abord réaffirmé la solidarité de son pays avec le peuple ukrainien, dont les femmes font face avec un courage exemplaire à l’agression militaire russe injustifiée. Nous le savons, les femmes et les filles sont toujours particulièrement touchées pendant les conflits et elles constituent souvent l’essentiel des flux de réfugiés, lesquels forment en soi une population vulnérable, a-t-elle ajouté. Elle a ensuite appelé au renforcement des moyens de résilience des femmes aux effets délétères des changements climatiques sur leurs conditions de vie, cela en accordant, au plan national, la priorité aux organisations environnementales et de défense des droits fondamentaux dirigées par des femmes. Les changements climatiques exacerbent en outre la vulnérabilité des femmes et des filles aux violences sexistes et un accès toujours restreint aux droits entrave en outre leur autonomisation, a encore dit la représentante, qui a souligné que les femmes et jeunes filles sont des agentes du changement et le moteur de la mise en œuvre du Programme 2030.
M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a indiqué que c’est la première fois en 20 ans que l’Afghanistan n’est pas représenté par une femme à la Commission. Il a assuré que tout au long de cette période, il y avait une sincère volonté de consolider les acquis des femmes et des filles afghanes, notamment dans le domaine de l’éducation et en ce qui concerne la place des femmes dans le monde professionnel et la vie publique. Toutefois, après la prise de pouvoir par les Taliban, la situation a beaucoup changé, a regretté le représentant faisant état de retours en arrière sur de nombreux plans. Il s’est notamment inquiété du retour des mariages forcés, de l’imposition d’un code vestimentaire obligatoire et des obstacles qui entravent la participation des femmes à la vie publique. Il a également dénoncé les meurtres extrajudiciaires de manifestantes et de femmes travaillant dans les médias. Cela doit cesser, s’est-il indigné, exigeant le respect de leurs droits fondamentaux. Le représentant a demandé aux États Membres et à la communauté internationale de continuer à soutenir les citoyennes afghanes et de faire comprendre aux Taliban que « leurs droits ne sont pas négociables ». Avant de conclure, il a plaidé pour la tenue, sous l’égide des Nations Unies, de négociations entre Afghans sur l’élaboration d’une feuille de route qui garantisse les droits fondamentaux de tous.
Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a noté que les changements climatiques exacerbent les défis auxquels se trouve confronté le secteur agricole. Elle a indiqué que la moitié de la population agricole du Bhoutan est constituée de femmes, attribuant cette féminisation de l’agriculture à l’émigration des hommes. Même si les femmes ont accès à la terre, elles exercent moins de contrôle que les hommes sur cette ressource, et pâtissent en outre d’un accès inférieur aux moyens de transport. Elle s’est notamment inquiétée de la sécurité des personnes dans les transports publics, tant pour les passagères que pour les chauffeurs femmes, pour ensuite déplorer les écarts entre les sexes en termes de division du travail, de structures de pouvoir, de paiement, et d’accès à l’information et aux équipements.
Pour relever ces défis, il faut permettre aux femmes et aux filles de prendre la place qui leur revient au centre des solutions, a insisté la représentante. Elle a appelé à promouvoir une approche transformatrice en matière de genre dans les politiques et actions liées au climat, insistant notamment sur l’importance de renforcer les capacités et la collecte de données et de changer les mentalités par l’éducation. À ses yeux, cette démarche doit aller de pair avec une agriculture sensible au genre et résiliente face au climat, associée à une consommation et une production d’énergie durables, à des systèmes de transport durables et à une gestion durable des déchets.
M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a souligné l’engagement de son pays à mettre pleinement en œuvre les conventions sur les droits des femmes et la protection de l’environnement auxquelles il est partie. Nos législations sont adaptées à ces instruments internationaux, a-t-il assuré, notant que la situation dans son pays nécessite une aide accrue de la communauté internationale. Les femmes au Yémen souffrent depuis des années en raison des agissements des milices houthistes appuyées par l’Iran, retardant leur émancipation et le renforcement de leur participation dans la prise de décisions politiques et la vie publique sur un pied d’égalité avec les hommes, a déploré le représentant. En dépit de la guerre, la femme yéménite reste un partenaire actif dans tous les domaines de la vie quotidienne, et les efforts de développement durable et d’adaptation aux changements climatiques ne pourront se poursuivre qu’avec la cessation des violences et grâce au soutien de la communauté internationale, a-t-il souligné.
Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a déclaré que le Pacte de Glasgow pour le climat est un pas en avant en ce qu’il a mis l’accent sur l’égalité́ des sexes, l’autonomisation des femmes et la participation pleine, véritable et égale des femmes à l’action climatique. Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) finalise le deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation, la représentante s’est dite encouragée d’apprendre que 33% des auteurs sont des femmes.
La déléguée a ensuite indiqué que le code monégasque de l’environnement promeut le droit de tous, et ainsi des femmes, à vivre dans un environnement sain, équilibré et respectueux de la santé et de la biodiversité. Le Plan Énergie Climat répond également à des objectifs ambitieux de développement durable. Au-delà de ses frontières, la Principauté œuvre dans des projets de production d’énergies renouvelables à l’étranger via la société Monaco Énergies Renouvelables (MER) et la Société Monégasque de l’Électricité et du Gaz (SMEG). La Coopération monégasque finance également des projets présentant un co-bénéfice climat, a ajouté la représentante, expliquant qu’il s’agit d’identifier comment concilier les modes de vie avec la protection de l’environnement, faisant ainsi de l’égalité des genres une priorité. Mme Calem-Sangiorgio a réitéré par ailleurs le caractère essentiel des statistiques et données ventilées par genre relatives au climat et au-delà. Monaco soutient en outre la participation des femmes et leur rôle dans la prise de décisions sur un pied d’égalité́ avec les hommes, a souligné la représentante estimant que la gouvernance du climat, de l’environnement et des risques de catastrophe n’en sera que plus efficace.
M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a commencé par exprimer sa solidarité avec les femmes et les filles ukrainiennes, qui font preuve de résilience et de courage face à l’agression de la Fédération de Russie, se disant particulièrement préoccupé par les informations faisant état de violences sexuelles et sexistes. Il a ensuite souligné que les changements climatiques représentent un problème existentiel pour Chypre, en raison de leur potentiel d’aggravation des menaces existantes mais aussi du recul qu’ils entraînent en matière d’égalité des sexes. Il a appelé à isoler les femmes de la crise climatique en adoptant une stratégie visant à éliminer les obstacles constitutionnels, juridiques, administratifs, culturels, comportementaux, sociaux et économiques à la participation pleine, égale et significative des femmes à la lutte contre les changements climatiques. Il faut également adopter une politique de tolérance zéro contre les inégalités salariales, la discrimination, la violence à l’égard des femmes, les préjugés sexistes et les stéréotypes patriarcaux, a-t-il ajouté. À ses yeux, cette stratégie globale permettra d’aborder plus efficacement des défis spécifiques induits par les changements climatiques. Il s’est ensuite prononcé pour un accès accru des femmes à l’éducation, aux financements, aux technologies et à la gestion des ressources naturelles.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a indiqué que son pays était l’un des premiers à instituer, dès 1931, le suffrage universel et qu’il a également élu, dès les années 1960, la première femme Premier Ministre du monde, Sirimavo Bandaranaike. Il a indiqué que la gratuité de l’éducation et des soins de santé contribue de manière significative à l’amélioration des indicateurs sociaux, précisant que le taux d’alphabétisation est de plus de 90%, le taux de mortalité infantile de 12 pour mille naissances vivantes, et le taux de mortalité maternelle de 36 pour 100 000 naissances vivantes, l’espérance de vie étant d’environ 72 ans.
Notant combien la crise climatique et les catastrophes naturelles affectent de manière disproportionnée les groupes vulnérables et les personnes en situation d’insécurité économique, dont les femmes et les enfants, le représentant a indiqué que le Gouvernement sri-lankais a pris plusieurs mesures pour intégrer le genre dans les stratégies et activités liées aux changements climatiques. Le Gouvernement a également pris différentes mesures pour intégrer l’égalité des sexes dans la politique nationale et le plan d’action sur la gestion des catastrophes de 2013, a-t-il expliqué. L’intégration de la dimension de genre a été introduite dans tous les ministères, et des comités chargés de lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail ont été mis sur pied. Conformément au principe de tolérance zéro à l’égard de la violence sexuelle et sexiste, Sri Lanka a par ailleurs établi un mécanisme de signalement efficace permettant aux victimes d’accéder et de signaler leurs plaintes via une ligne d’assistance téléphonique gratuite et largement diffusée.
M. VILIAMI VAʻINGA TŌNĒ (Tonga) a dit que la politique d’autonomisation des femmes et d’égalité entre les genres des Tonga prévoit « l’équité entre les sexes d’ici à 2025 » afin de répondre aux catastrophes naturelles, aux défis environnementaux et aux changements climatiques. Conscient du fait que les changements climatiques et les catastrophes affectent différemment les hommes, les femmes, les enfants, ainsi que les personnes handicapées, les pauvres et les personnes âgées, le Gouvernement des Tonga répond actuellement aux besoins des femmes et des populations les plus vulnérables à la suite de la catastrophe naturelle qui a frappé le pays en janvier 2022. Un plan de protection des personnes les plus vulnérables touchées par l’éruption volcanique appuie l’accès aux services essentiels, tandis que le programme REACH fournit des services gouvernementaux aux ménages dirigés par des femmes.
Le représentant a indiqué que les évaluations des dommages menées par les Tonga après chaque catastrophe naturelle au cours des cinq dernières années -dont le cyclone tropical Gita en 2018, le cyclone tropical Harold en 2020, le cyclone tropical Yasa en 2021 et la récente éruption volcanique sous-marine et le tsunami en janvier 2022- ont vu une amélioration de la collecte de données ventilées par sexe. Il a expliqué que ces données permettront de veiller à ce que les femmes et les autres groupes susceptibles d’être marginalisés soient au centre de toutes les activités de planification, de préparation et de réponse, en particulier au niveau communautaire.
Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a indiqué que son pays est l’une des rares sociétés traditionnellement matriarcales au monde. Aux Palaos, les femmes détenaient historiquement la richesse et les terres du clan, transmises par les mères, et choisissaient les dirigeants ou chefs masculins. Le pays est passé à une forme de gouvernement moderne, mais ses traditions sont toujours bien vivantes. Aujourd’hui, la majorité des directeurs d’école, des avocats, des juges de la Cour suprême et des directeurs du Bureau public ainsi que 50% des ambassadeurs des Palaos sont des femmes.
Partageant certains indicateurs corrélés à une société féminine forte, la représentante a fait savoir que les Palaos ont l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés au monde -près de 100%- avec 46% de femmes ayant une éducation postsecondaire. Plus de 91% de la population a accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’électricité. En tant que pays en développement, les Palaos ont également un indice de développement humain très élevé et l’un des environnements les plus vierges au monde, avec de vastes étendues d’aires protégées et un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a toutefois concédé que les femmes restent sous-représentées dans la vie politique où elles ne représentent que 8% des sièges au Congrès et 1 ministre sur 8. Cette situation s’est traduite par l’absence de législation protégeant les droits des femmes sur le marché du travail, a expliqué la représentante, qui a déploré que le pays ne dispose pas de congé familial payé et un écart salarial entre les sexes de 18%. En outre, parce que la participation des femmes au secteur formel est inférieure à celle des hommes, elles cotisent moins et bénéficient moins des programmes d’assurance sociale, tandis que les femmes rurales font face à de graves risques pour leurs revenus et leurs moyens de subsistance en raison des changements climatiques.
Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a déclaré que son pays n’a eu de cesse de faire évoluer son cadre juridique pour donner aux femmes la capacité de s’autonomiser. Un cycle de réformes a ainsi été engagé pour promouvoir les droits des femmes et des filles et réduire les inégalités de genre. Face aux crises, qu’il s’agisse de la pandémie de COVID-19 ou des effets du dérèglement climatique, les femmes sont les plus vulnérables, en particulier les femmes pauvres et celles vivant en zones rurales, a constaté la représentante. Pourtant, de par leurs connaissances, leur implication communautaire et les solutions pratiques qu’elles génèrent, les femmes sont des actrices de premier plan en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, a-t-elle fait valoir, avant d’attirer l’attention sur la grande vulnérabilité des habitants du littoral gabonais. Pour venir en aide à ces populations, le Gouvernement a mis à jour son plan d’adaptation de la zone côtière en y intégrant des données genrées, a précisé la déléguée, selon laquelle l’objectif est de tirer profit de la « plus-value » de l’action des femmes en lien avec les ODD 5 et 13.
Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a déclaré que la stratégie nationale de développement de son pays pour 2018-2040 vise à intégrer le genre et les droits de l’homme dans les politiques relatives aux changements climatiques, à la réduction des risques de catastrophe et à la protection de l’environnement. Compte tenu des impacts des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement et des catastrophes naturelles sur la santé des femmes, la représentante a souligné la nécessité de disposer de services de santé reproductive, mentale et psychosociale pendant et après les catastrophes. Elle a également détaillé le plan d’action national de son pays pour 2022-2024 et mentionné les mesures prises pour intégrer une dimension de genre dans les politiques et les plans d’action pour l’adaptation aux changements climatiques et la conservation de la biodiversité. D’autres mesures sont prises pour soutenir la participation et l’influence des femmes dans la gestion de la conservation et de l’utilisation durable des ressources naturelles, a-t-elle dit en mentionnant aussi celles qui vise à offrir une éducation et une formation aux femmes et aux filles dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie, des mathématiques et de l’énergie durable.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a rendu hommage à toutes les femmes qui ont consenti des sacrifices immenses tout au long de la pandémie. Au Mozambique, les femmes n’ont pas été épargnées par le virus, ce qui a entraîné un effort accru du Gouvernement pour renforcer leur protection sanitaire et sociale, a-t-il dit. Il a rappelé que le Mozambique est le huitième pays le plus vulnérable au monde aux effets des changements climatiques. Les femmes et les filles étant touchées de façon disproportionnée par les catastrophes naturelles provoquées par ce phénomène, nous avons systématisé une approche genrée dans les politiques environnementales, en nous assurant en outre que les femmes sont représentées au sommet des institutions chargées de gérer les réponses aux changements climatiques, a ajouté le représentant. Il a souligné que les femmes doivent siéger dans les instances de prise de décisions et gérer les dispositifs de lutte contre les conséquences du réchauffement de la planète et de prévention des catastrophes naturelles induites par celui-ci.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a indiqué que les femmes koweïtiennes sont à la tête de plusieurs ministères et secteurs. Le pays est en train de finaliser sa stratégie nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et accorde une attention particulière à la création de zones protégées. La Constitution koweïtienne stipule que les hommes et les femmes sont égaux en droits et en obligations, a précisé le représentant, et les femmes occupent des rôles de dirigeant au sein de l’État et participent à la rédaction des lois. Il a ajouté que le filet de sécurité sociale national couvre toute la société, y compris les femmes « et surtout les groupes vulnérables ».
M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a déclaré que les mesures de lutte contre les changements climatiques ne pourront être couronnées de succès si elles sont menées sans la participation des femmes, lesquelles représentent plus de la moitié de la population mondiale, apportent une contribution significative au développement durable de leurs communautés et contribuent au maintien des écosystèmes et de la diversité biologique. Il a indiqué que les femmes russes sont représentées dans plusieurs organes gouvernementaux traitant des changements climatiques et de la réduction des risques environnementaux. De plus, le Forum des femmes eurasiennes, plateforme internationale centrée sur le rôle des femmes face aux défis du XXIe siècle, se tient tous les trois ans en Russie sous les auspices de l’Assemblée parlementaire de la Communauté des États indépendants (CEI), a-t-il signalé, précisant que la dernière session, organisée en octobre dernier, était consacrée à la préservation de la planète. Le Gouvernement russe considère la protection de l’environnement comme une priorité, a insisté le représentant, évoquant en particulier les réformes mises en œuvre pour la gestion des déchets et la réhabilitation des territoires et des plans d’eau. Enfin, il a jugé essentiel d’utiliser efficacement les mécanismes de coopération internationale dans le domaine de l’environnement, en particulier là où les problèmes sont transfrontaliers.
M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a souligné combien les politiques intégrées doivent tenir compte à la fois de la pleine jouissance par les femmes et les filles de tous les droits humains mais aussi des considérations environnementales et climatiques. Pour ce faire, a-t-il précisé, une analyse de genre, basée sur des données ventilées, doit être appliquée à tout le cycle d’élaboration des politiques. « Cette approche de gender mainstreaming est mise en œuvre dans mon pays depuis de nombreuses années, les plans visant notamment l’intégration de la dimension de genre dans les politiques environnementales et climatiques. » Les changements climatiques et la dégradation de l’environnement ont un impact plus important sur les personnes en situation de vulnérabilité, parfois avec des risques cumulés, a poursuivi le délégué. Dans ce contexte, il a jugé nécessaire d’accorder une attention simultanée au genre, à l’âge, à la couleur de peau et aux origines ethniques, au handicap, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, à la pauvreté, à la situation sociale et professionnelle et aux responsabilités en matière de soins. Cela n’est pas uniquement valable pour les pays du Sud: cet été, les dramatiques inondations en Europe ont impacté plus fortement certains publics fragilisés. La représentation de tous ces groupes est primordiale pour une transition écologique juste, a-t-il ainsi dit.
M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a déclaré que tout effort national ou international visant à restaurer l’écosystème et à résoudre les problèmes économiques, sociaux et sanitaires induits par les changements climatiques sera voué à l’échec si l’on ne sous-entend pas l’égalité de tous les êtres humains, les personnes marginalisées par la structure économique, en particulier les femmes et les filles, étant particulièrement affectées. Les femmes ne sont cependant pas que de simples victimes de la crise climatique, et ont fait preuve d’une résilience et d’un esprit d’innovation remarquables. Dans de nombreuses régions du monde en développement, grâce à leurs connaissances de la nature et leur expertise en matière de durabilité, les femmes continuent de mener de nombreuses initiatives locales pour lutter contre les changements climatiques et s’attaquer à leurs conséquences dans leurs communautés, a-t-il fait valoir. En Érythrée, sur le plan national et communautaire, des efforts sont déployés pour veiller à ce que les politiques et programmes de protection de l’environnement et des ressources naturelles soient sensibles au genre et durables, a assuré le représentant. Les communautés sont activement engagées dans la conservation et la gestion de l’eau, la création et l’entretien des petits périmètres irrigués, la mise en place de boisements et de clôtures, l’utilisation de sources d’énergie alternatives et la conservation des espèces menacées, a-t-il détaillé.
Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, a souligné qu’en tant que seule organisation intergouvernementale mondiale exclusivement consacrée à la promotion de l’état de droit comme facilitateur de la paix et du développement durable, l’Organisation considère que la justice pour les femmes et les filles est essentielle à l’autonomisation des femmes et à la réduction de l’écart entre les sexes. Elle a ajouté que le Plan stratégique 2021-2024 de l’Organisation place l’égalité des sexes au centre de tous ses travaux, en plus d’interventions ciblées dans les domaines de l’élimination des lois et pratiques discriminatoires, de la prévention de la violence sexiste et de la participation égale des femmes dans le secteur de la justice. Les changements climatiques représentent la plus grande menace à la paix et au développement durable, et comme cela a souvent été le cas dans l’histoire, ce sont les femmes et les filles qui auront le plus à perdre, notamment en termes d’accès à la terre et aux ressources naturelles. De plus, a fait valoir la Directrice générale, les discriminations et l’inégalité entre les sexes aggravent les changements climatiques puisque les pays où les femmes sont exclues de la prise de décisions ont des niveaux accrus de dégradation, alors que le fait d’avoir plus de femmes aux responsabilités est corrélé positivement à la réduction des émissions de carbone. À ses yeux, promouvoir une approche de l’action climatique sensible au genre à travers l’état de droit est essentiel pour lutter contre les inégalités structurelles et les obstacles à l’action transformatrice des femmes.
Mme MYRNA CUNNINGHAM, du Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, a déclaré que les femmes de ces régions avaient, au fil du temps, développé leurs propres systèmes de protection, cela en utilisant les produits et les services qu’offre la Terre nourricière. Nos terres et territoires sont ainsi les plus riches sur le plan de la biodiversité et ils sont ceux qui protègent le plus efficacement les populations des aléas climatiques, a-t-elle ajouté. Mais nous continuons de subir des violences structurelles et celles découlant de la pollution de nos terres et de notre air, a-t-elle poursuivi, notant que la Commission permet de réfléchir ensemble à de nouveaux moyens de parvenir à l’autonomisation de toutes les femmes de la planète. Elle a appelé à assurer que les femmes et filles autochtones aient les mêmes opportunités de participer à la prise de décisions dans les réunions internationales consacrées aux changements climatiques et aux droits fondamentaux et réitéré l’appui de son organisation à la déclaration des femmes autochtones présentée au cours de la session en cours. La communauté internationale doit reconnaître la pertinence de nos connaissances pour affronter efficacement les problèmes actuels et assurer la survie de nos peuples, a conclu l’intervenante.
Mme UGOCHI DANIELS, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a alerté que le monde risque de franchir le point de non-retour des changements climatiques, tout en estimant encore possible de faire avancer les choses en matière de droits des femmes, en particulier pour les femmes migrantes qui représentent plus de la moitié de 281 millions de migrants dans le monde. Elle a appelé à reconnaître les femmes et les filles migrantes en tant que titulaires de droits, et à protéger et promouvoir leurs voix et leur action. Pour ce faire, il est important d’intégrer les considérations d’égalité des sexes dans les politiques, programmes et services d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, de réduction des risques de catastrophe et de migration environnementale. Elle a également conseillé de promouvoir des partenariats intersectoriels pour relever les défis sexospécifiques de la migration et du déplacement liés aux changements climatiques. Mme Daniels a aussi mis en exergue la nécessité de collecter plus de données pour sensibiliser à l’impact disproportionné des catastrophes sur les femmes et les filles et pour assurer une réponse et un relèvement sensibles au genre. Cela comprend des statistiques ventilées par sexe de haute qualité, fiables et actualisées, y compris par statut migratoire, a-t-elle précisé, évoquant le travail du Centre mondial d’analyse des données sur la migration de l’OIM.
Mme MARIA HELENA SEMEDO, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé que cette session de la Commission donne une impulsion pour profiter des engagements internationaux pris dans le domaine des système alimentaires. La FAO y voit une tendance encourageante, alors que les pays en développement adoptent des approches spécifiques en la matière, a-t-elle indiqué. Toutefois, il faudra des engagements plus concrets pour améliorer effectivement les conditions de subsistance des femmes et des filles, qui sont confrontées de plein fouet aux effets des changements climatiques, a-t-elle prévenu. Bien que les femmes jouent un rôle majeur dans la production, la consommation et le traitement des aliments, elles restent en première ligne face aux retombées de cette crise. De fait, au moment où la réflexion porte sur la transformation des systèmes agricoles, les femmes et les filles ne peuvent être oubliées, a estimé Mme Semedo, plaidant pour qu’elles soient au cœur des solutions. Il importe de prêter attention à leurs besoins et de leur donner un accès direct aux outils et aux ressources nécessaires pour faire face aux changements climatiques, a-t-elle insisté. Si l’on veut construire des systèmes agricoles à la fois résilients au climat et inclusifs, il faut que les femmes aient voix au chapitre et bénéficient d’investissements ciblés, a conclu la représentante.
Mme ISABELLE DURANT, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que l’expérience des deux dernières semaines, non seulement la tragédie humanitaire qui affecte des millions de personnes, en particulier les femmes et les filles, mais aussi la détérioration rapide des perspectives de l’économie mondiale, entraînera des perturbations de l’alimentation, du carburant et des finances qui affecteront notamment les pays en développement. Si la pandémie a mis à nu les injustices structurelles dans le système social et économique, la guerre en Ukraine envoie des chocs qui les renforceront, a-t-elle indiqué.
À ses yeux, dissocier la croissance économique de la dégradation de l’environnement et des émissions de carbone est essentiel pour le développement durable. En fait, c’est un impératif, a-t-elle tranché, « mais actuellement, nous faisons fausse route ». Dès lors, elle a appelé à « utiliser le genre comme une loupe » pour l’inclusion sociale et l’impact sur le développement des politiques économiques, telles que les politiques industrielles, commerciales, l’économie bleue et verte. L’économie des soins doit également être intégrées dans les mesures et indicateurs, au-delà du PIB. De plus, la CNUCED est d’avis que l’atténuation des changements climatiques n’est pas suffisante, et que le monde a besoin d’adaptation. Or, a souligné Mme Durant, l’adaptation nécessite une approche politique intégrée visant une croissance économique durable à faibles émissions de carbone. Et pour une telle transformation, les pays en développement ont besoin de financements supplémentaires, de technologies vertes, d’un renforcement des capacités et d’un espace politique adéquat pour concevoir des politiques intégrées, a-t-elle fait valoir. En dernier lieu, la représentante de la CNUCED a insisté sur le besoin de plus de données, à la fois en matière de genre et de climat.
Mme VALERIE GUARNIERI, du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que 811 millions de personnes se couchent le soir la faim au ventre, les femmes étant les premières touchées par l’insécurité alimentaire. Cyclones, sécheresses et inondations sapent les récoltes et les moyens de subsistance de communautés entières, a-t-elle ajouté, rappelant le rôle positif avéré des femmes pour s’adapter à la crise climatique, renforcer la résilience communautaire, puis, au-delà, parvenir à l’objectif de faim zéro. Elle a en outre appelé les États à s’attaquer à l’inégalité de répartition des pouvoirs à l’échelle des communautés et des familles dans ce contexte d’insécurité alimentaire. À cet égard, elle a expliqué que le PAM menait avec la FAO des actions de prévention en amont des crises alimentaires, cela par le biais d’un système d’assurance dont bénéficie à hauteur de 60% les femmes. Nous organisons, avec nos partenaires, des distributions aux femmes d’argent liquide, de bons alimentaires et de denrées alimentaires pour aider leurs foyers, et nous accompagnons la fourniture de moyens de production alimentaire aux femmes en essayant de répartir les rôles économiques au sein des communautés et des familles, a expliqué l’intervenante.
Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a indiqué que les catastrophes qui ont doublé au cours des 20 dernières années pourraient vraisemblablement doubler à nouveau. « Nous pourrions voir le nombre d’événements de températures extrêmes tripler et certains dommages climatiques pourraient bientôt devenir irréversibles », s’est-elle alarmée, avant d’appeler la communauté internationale à renforcer dès à présent la résilience.
Elle a relevé que les capacités et compétences des femmes sont souvent sous-mobilisées et sous-évaluées, appelant à corriger ces déséquilibres, afin que les femmes et les filles deviennent des agents de changement autonomes. Elle a exhorté les gouvernements à impliquer les femmes et les filles dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai, notamment dans l’élaboration de stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe, insistant en outre sur l’importance de la collecte de données désagrégées. À ce jour, 50 pays ont communiqué des données ventilées par sexe au système de suivi du Cadre de Sendai, a-t-elle noté en espérant que ce nombre augmentera pour renforcer la compréhension de l’impact différencié des catastrophes selon le sexe.
Elle a évoqué la tenue prochaine, à Bali, de la Plateforme mondiale 2022 pour la réduction des risques de catastrophe, un événement multipartite qui offre l’occasion de veiller à ce que la voix des femmes soit entendue. De son côté, le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes a entamé des consultations pour l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai, qui aboutira à une réunion de haut niveau à New York, en mai 2023, au cours de laquelle les États Membres auront l’occasion d’évaluer la mise en œuvre d’une démarche sensible au genre. « Fondamentalement, les objectifs relatifs à l’égalité des sexes et à la réduction des risques de catastrophe se renforcent mutuellement », a-t-elle dit, notant que « l’égalité d’accès aux opportunités conduit à une meilleure réduction des risques de catastrophe, et une forte réduction des risques de catastrophe soutient l’égalité des sexes ».