Soixante-sixième session,
4e et 5e séances plénières, matin & après-midi
FEM/2214

Commission de la condition de la femme: les délégations appellent à autonomiser les femmes pour faire face à la crise climatique

Il faut veiller à ce qu’en ces temps de crise, notre « combat de long terme » contre les changements climatiques et notre action pour l’égalité des sexes ne soient pas relégués aux oubliettes.  C’est en substance le message fort qui est ressorti des interventions ministérielles de cette deuxième journée de la session 2022 de la Commission de la condition de la femme. 

Ministres et hauts responsables se sont succédé dans le cadre de deux tables rondes ministérielles, l’une centrée sur les moyens de faire progresser l’égalité des sexes grâce à des actions holistiques et intégrées, l’autre consacrée aux bonnes pratiques pour parvenir à une participation significative des femmes aux politiques et programmes de réduction des risques liés aux changements climatiques, à l’environnement et des risques de catastrophe.

Lors de la reprise du débat général, dans l’après-midi, les délégations ont déclaré haut et fort que les femmes sont une force puissante de changement, et qu’il ne sera pas possible de parvenir à une paix durable, ni sauver le climat mondial si la moitié de la population est incapable de participer à ces combats sur un pied d’égalité. 

Comme l’a clairement expliqué le Ministre de la coopération nordique et de l’égalité de la Finlande, que ce soit la pandémie de COVID-19 ou les catastrophes, les deux phénomènes ont des incidences disproportionnées sur les femmes et les filles.  Or ces dernières ne sont toujours pas représentées de manière égale autour des tables de prise de décisions, là où les réponses aux changements climatiques et aux conflits militaires sont négociées, ce qui atteste bien de l’impact des inégalités structurelles entre les sexes. 

Lui faisant écho, la Ministre de l’égalité des sexes et de la famille de la République de Corée a elle aussi défendu l’idée que l’intégration des perspectives de genre dans les politiques et programmes traitant de l’action climatique et de la réduction des risques de catastrophe est essentielle pour réaliser l’égalité entre les sexes et parvenir au développement durable.  L’égalité hommes-femmes et la protection de l’environnement doivent être une question transversale, a résumé la Secrétaire d’État au Ministère du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie.  Pour y arriver, certains pays, dont la France, ont préconisé l’adoption de budget « vert » et « sexosensible » pour intégrer une perspective de genre aux politiques de résilience et de réduction des risques de catastrophe. 

« L’intégration horizontale est au cœur du “pacte vert” européen », a d’ailleurs confirmé la Commissaire à l’égalité de l’Union européenne (UE), précisant que ce principe est également décliné dans la politique étrangère des pays de l’UE.  La Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a, quant à elle, appelé à placer les droits des femmes au cœur de l’action climatique, parce que les changements climatiques mettent en péril les droits les plus élémentaires des femmes et des filles: leur droit à l’intégrité corporelle, à la santé, à l’éducation. 

La Communauté des Caraïbes a mis l’accent sur le financement climatique des activités d’adaptation et d’atténuation en arguant qu’il doit appuyer l’autonomisation des femmes, notamment en soutenant les micro, petites et moyennes entreprises de femmes dans les économies verte et bleue.  Un effort de ce type de « budgétisation responsable » est d’ores et déjà en cours aux Maldives, dont la Ministre du genre et de la famille a souligné l’action menée pour garantir l’indépendance financière des femmes, notamment par le biais de subventions agricoles pour atténuer les effets des différentes crises. 

Pour de nombreux pays africains, l’enjeu est d’autant plus grand qu’il s’agit aussi d’éviter la féminisation de la pauvreté et d’assurer la sécurité alimentaire d’un continent où les femmes représentent la grande majorité de la force de travail agricole, et sont donc directement aux prises avec la dégradation des terres, la sécheresse et les risques de catastrophe qui entraînent la baisse de la fertilité des terres.  Cela impacte négativement leurs niveaux de productivité, avec des pertes économiques estimées, en Afrique subsaharienne, à plus de 3% du PIB agricole, a relevé la Ministre de la femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants du Sénégal, appuyée par ses homologues du Tchad, de la République-Unie de Tanzanie et de la Côte d’Ivoire, un pays où les femmes ne représentent pas moins de 70% de la force de travail agricole.  Il est donc impératif d’impliquer les femmes, mais plus spécifiquement les femmes rurales, dans la lutte climatique et de leur donner les moyens d’agir, se sont accordées à dire ces délégations.

Pour la Finlande, l’Estonie, la République de Corée et d’autres, il est urgent de féminiser certaines filières clefs, comme les technologies de l’information et des communications (TIC), l’intelligence artificielle et le secteur de l’énergie pour veiller à ce que les femmes puissent y avoir une voix et un pouvoir décisionnel.  Le Liechtenstein a dit miser sur des initiatives pour former une jeunesse consciente de son rôle en matière de résilience aux changements climatiques et autres risques. 

Un autre volet essentiel pour aller de l’avant sont les législations qui doivent intégrer l’égalité des sexes, comme l’a souligné la Représentante spéciale pour la réduction des risques de catastrophe, qui, à l’instar de certaines délégations, a également insisté sur la nécessité de disposer de données ventilées par sexe pour mieux mesurer les incidences des catastrophes sur les femmes notamment. 

La Commission de la condition de la femme poursuivra son débat général demain, mercredi 16 mars, à 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Table ronde ministérielle 3: « Politiques et programmes relatifs aux changements climatiques et à la réduction des risques environnementaux et des risques de catastrophes: faire progresser l’égalité des genres au moyen de mesures globales et intégrées du niveau mondial au niveau local »

Ouvrant la discussion, la Ministre de l’égalité des sexes et de la famille de la République de Corée et Présidente de cette troisième table ronde ministérielle, a souligné que l’intégration des perspectives de genre dans les politiques et programmes traitant de l’action climatique et de la réduction des risques de catastrophe est essentielle pour réaliser l’égalité entre les sexes et parvenir au développement durable.  « Cela exige une approche impliquant tous les acteurs gouvernementaux mais aussi toutes les autres composantes de la société agissant en synergie », a-t-elle notamment indiqué. 

Ce point de vue a été partagé par une majorité d’intervenants, à l’instar de la Ministre de la sécurité sociale du Guyana qui a indiqué que la stratégie de développement à faible émission de carbone mise en place par son pays dès 2009 vise à lutter contre les changements climatiques tout en assurant l’inclusion des femmes et des groupes vulnérables dans les secteurs économiques.  Les femmes guyanaises sont à la tête de l’action pour le climat et ont été les pionnières dans les solutions pour protéger l’écosystème national, a-t-elle affirmé, citant en exemple la Guyana Marine Conservation Society, une ONG qui s’emploie à former des femmes au pilotage de drones pour surveiller la préservation des mangroves, barrières naturelles à la montée du niveau de la mer. 

La Ministre des services publics, du genre, des personnes âgées et des programmes spéciaux du Kenya a mis en avant les politiques d’autonomisation des femmes engagées par son pays, qui s’efforce également d’intégrer horizontalement les femmes et les filles aux efforts climatiques.  Cela se traduit notamment par une participation accrue des femmes au plan national d’action pour le climat et par une législation qui prévoit désormais des quotas de femmes pour les postes décisionnels, a-t-elle précisé.  Une approche semblable a été présentée par la Ministre des femmes, des enfants et de la réduction de la pauvreté des Fidji qui a indiqué que la politique nationale sur les changements climatiques 2018-2030 ainsi que la stratégie pour la biodiversité 2020-2024 reconnaissent les femmes comme « agentes du changement ». 

Les temps de crise ne doivent pas nous faire oublier notre « combat de long terme » contre les changements climatiques et notre action pour l’égalité des sexes, érigée en « grande cause » par le Président Emmanuel Macron, a soutenu la Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances de la France.  À cet égard, elle a indiqué qu’un budget sensible au genre a été expérimenté en 2019, et qu’un premier budget « vert » a été élaboré en 2021, en intégrant une perspective de genre pour les politiques de résilience et de réduction des risques.

La Secrétaire d’État au Ministère du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie a, elle aussi, présenté l’égalité hommes-femmes et la protection de l’environnement comme une question transversale de la politique étrangère et de coopération de son pays qui soutient plusieurs projets de développement en Afrique subsaharienne en mettant l’accent sur la dimension environnementale et sur l’égalité des sexes. 

La Ministre de la femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants du Sénégal a, pour sa part, alerté la Commission sur la situation de son continent où les changements climatiques, la dégradation des terres, la sécheresse et les risques de catastrophes entraînent la baisse de la fertilité des terres.  Cela impacte négativement les niveaux de productivité des femmes, avec des pertes économiques estimées en Afrique subsaharienne à plus de 3% du PIB agricole, a-t-elle relevé, appuyée par ses homologues du Tchad et de la République-Unie de Tanzanie, cette dernière faisant état du lancement par son pays d’un recensement national destiné à guider ses efforts en matière de politiques climatiques et de réduction des risques environnementaux. 

La Ministre de la famille, de l’action sociale et de la promotion des femmes de l’Angola a, pour sa part, souligné que son gouvernement travaille prioritairement à la protection alimentaire de sa population à 52% féminine et au renforcement de ses capacités de gestion des risques de désertification.  Dans ce cadre, il s’appuie sur un budget national qui tient compte des besoins spécifiques des femmes, composante essentielle de ses programmes de développement. 

Alertant également sur le recul des surfaces agraires et la baisse du niveau des fleuves, facteurs de déplacement de populations, le représentant de l’Iraq a estimé que seuls la coopération et la solidarité internationales permettront de relever les défis liés aux changements climatiques.  Dans le même ordre d’idées, la Directrice exécutive de l’Institut pour le développement des femmes d’El Salvador a expliqué que son gouvernement mise sur l’agriculture pour générer deux millions d’emplois et améliorer les conditions de vie des agricultrices, son objectif étant de favoriser leur autosuffisance. 

Quatrième pays le plus touché par les événements météorologiques extrêmes, les Philippines investissent beaucoup dans la prévention des phénomènes climatiques, tout en accordant une large place à l’intégration de la dimension de genre dans leurs politiques, a pour sa part indiqué la Sous-Secrétaire d’État philippine en charge des changements climatiques.  Cette intégration, a-t-elle détaillé, prend la forme de systèmes de points focaux, de crédits annuels pour les budgets sexospécifiques et d’un suivi par la Commission philippine sur les femmes.  Un même effort de « budgétisation responsable » est réalisé par les Maldives, dont la Ministre du genre et de la famille a souligné l’action menée pour garantir l’indépendance financière des femmes, notamment par le biais de subventions agricoles pour atténuer les effets des différentes crises. 

De son côté, la Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie a expliqué que son gouvernement s’est fixé comme priorités de prévenir la féminisation de la pauvreté, d’impliquer les femmes rurales dans la lutte contre les problèmes causés par les changements climatiques, de renforcer la coopération avec la société civile et de surmonter les problèmes de sécurité des femmes pendant la guerre avec l’Azerbaïdjan.  La Présidente du Comité azerbaïdjanais pour la famille et les enfants a, elle, déploré les effets négatifs qu’a eu pour les femmes l’occupation arménienne de territoires de son pays, lequel essaie de garantir une participation égale des femmes aux efforts de relèvement et à la protection des écosystèmes. 

La Ministre de la transition écologique et du défi démocratique de l’Espagne a ensuite évoqué l’intégration de la problématique d’autonomisation des femmes dans la législation de son pays sur le climat.  Avec l’Institut pour une transition juste et l’Institut des femmes, a-t-elle relaté, nous œuvrons à la formation et à la qualification professionnelle des femmes pour que celles qui sont en première ligne bénéficient de mesures facilitant leur accès à l’emploi et à l’entrepreneuriat.  La Secrétaire générale du Conseil des affaires familiales de l’Arabie saoudite a, quant à elle, rappelé que le Royaume a lancé en 2021 une « initiative verte » destinée à diminuer les impacts de l’environnement et à créer des opportunités d’emplois pour les femmes et les jeunes. 

En conclusion de cette troisième table ronde ministérielle, Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, s’est félicitée de la multiplicité des politiques et programmes mis en œuvre dans le monde pour répondre à la problématique environnementale et climatique en y intégrant une perspective de genre.  Il est indubitable, selon elle, que l’inégalité entre les sexes est aggravée par les catastrophes naturelles et les crises de l’environnement et du climat, qui constituent des défis majeurs pour le développement durable.  Si les catastrophes ont des incidences disproportionnées sur les femmes et les filles, les inégalités structurelles entre les sexes sont des facteurs de risque, a-t-elle fait valoir, avant de relever des éléments communs dans les interventions des délégations, notamment l’importance de la participation et du leadership des femmes et la place centrale de la gouvernance comme élément fondateur d’une bonne gestion des risques.  Il est essentiel, à cet égard, que les législations intègrent l’égalité des sexes, a souligné la Représentante spéciale, qui a également insisté sur la nécessité de disposer de données ventilées par sexes pour mieux mesurer les incidences des catastrophes.  Comme l’ont indiqué plusieurs pays, a-t-elle noté, il importe aussi de prévoir des budget « sexosensibles » et d’investir dans des programmes favorisant la parité, afin d’améliorer l’éducation des filles et de renforcer la lutte contre les violences sexistes, lesquelles sont exacerbées par les catastrophes. 

Table ronde ministérielle 4: « Moyens d’expression et d’action des femmes: bonnes pratiques devant permettre de parvenir à la participation pleine, égale et effective des femmes à la prise de décisions dans le contexte des politiques et programmes relatifs aux changements climatiques et à la réduction des risques environnementaux et des risques de catastrophes »

Présidente de cette quatrième table ronde ministérielle, la Ministre des femmes, du genre et de la diversité de l’Argentine a souligné que la difficulté de parvenir à une participation égale des femmes aux politiques de réduction des risques liés aux changements climatiques est un problème social qui dépasse les frontières géographiques et doit faire l’objet de politiques publiques pour assurer la participation des femmes et des personnes LGBTIQ à la mise en œuvre de ces politiques.

Les ministres et hautes responsables intervenues dans la cadre de ce débat interactif ont passé en revue les pratiques élaborées par leur pays pour contourner les obstacles structurels à la participation égale des femmes aux programmes de réduction des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.  La plupart ont reconnu que les femmes et les filles détiennent une connaissance approfondie des besoins et des priorités pour lutter contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, ainsi que pour réduire les risques de catastrophe et renforcer la résilience à tous les niveaux. 

Après avoir cité des « formations pour les fonctionnaires et les agents publics argentins », la Ministre argentine a expliqué que l’inclusion de la perspective de genre est un axe stratégique et directeur du Plan national d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

« Les femmes doivent avoir leur place partout où les décisions sont prises en matière de changements climatiques », a insisté la Ministre de la protection sociale de l’Estonie pour qui il sera impossible de gagner la bataille de la lutte contre les changements climatiques sans inclure des stratégies d’intégration de la parité à tous les niveaux.  De son côté, la Ministre du genre et de l’enfance du Sierra Leone a cité l’adoption par son pays d’une loi sur la parité et l’autonomisation des femmes imposant l’intégration de la parité dans toutes les politiques publiques dont les politiques environnementales. 

Si la Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie a évoqué l’adoption par son pays de nombreuses lois intégrant la parité des genres pour mettre en œuvre 12 conventions internationales et 5 protocoles facultatifs des Nations Unies liés à l’environnement, la Ministre de Trinité-et-Tobago a indiqué que son pays a adhéré au Cadre de Sendai qui reconnaît l’importance de l’inclusion de considérations liées au genre dans tous les programmes de gestion de la résilience face aux risques climatiques et de réduction des catastrophes. 

Notant que le manque d’accès à l’éducation et aux ressources limite la capacité des femmes d’accéder aux programmes de lutte contre les changements climatiques, la Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et des sports du Liechtenstein a fait savoir que son pays a lancé plusieurs initiatives pour former une jeunesse consciente de son rôle en matière de résilience aux changements climatiques et autres risques. 

De son côté, la Ministre des femmes, de la famille et de l’enfance de la Côte d’Ivoire a vanté les mesures prises par son gouvernement pour faire face aux difficultés que rencontrent les femmes, qui représentent 70% de la force de travail agricole et qui ont été particulièrement touchées par la désertification des sols liée aux changements climatiques.  Notant que les femmes et les filles sont des acteurs indispensables à la résolution des crises environnementales et climatiques, la Ministre de l’égalité des chances du Danemark a jugé essentiel qu’elles aient accès aux meilleurs politiques de planification familiale. 

Parce qu’il est indispensable de « mesurer pour pouvoir adopter des politiques », la Ministre du Portugal a expliqué que son administration est en train de collecter des statistiques ventilées par sexe dans le domaine de l’action climatique et environnementale.  Des incitations ont également été mises en place pour promouvoir la participation des femmes portugaises au secteur agricole. 

L’intégration horizontale est au cœur du « pacte vert » européen a, de son côté, expliqué la Commissaire à l’égalité de l’Union européenne avant de citer un partenariat avec le Bhoutan pour aider les communautés locales à améliorer leurs résiliences face aux catastrophes naturelles.  Au niveau international, la Commissaire européenne a cité l’initiative Spotlight, un partenariat UE-Nations Unies lancé en 2017, pour traiter plusieurs aspects de l’exploitation des femmes dans le monde, comme le trafic sexuel, l’exploitation économique par le travail, la violence familiale et domestique, la violence sexuelle et basée sur le genre, ainsi que le féminicide. 

Dans des remarques de clôture, Mme PREETI SINHA, Directrice exécutive du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), qui intervient en faveur des 66 pays les moins avancés, a cité l’appui à des projets d’inclusion qui visent à favoriser un accès sûr et en toute sécurité à l’eau potable pour des femmes en Ouganda, ainsi qu’à la mise en place d’un programme d’assurance aux changements climatiques spécifique aux femmes des Fidji. 

Au cours de ce débat, une dizaine de délégations ont par ailleurs fait part de leur soutien aux femmes et filles de l’Ukraine avant de condamner l’agression russe. 

Suite de la discussion générale

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a appelé à redoubler d’efforts pour protéger les femmes âgées de la violence, notant que 1 femme sur 6 en est victime durant la vieillesse.  Il a également appelé les systèmes de santé à inclure l’âge dans leurs approches genrées, les femmes âgées ayant des besoins spécifiques en matière de santé reproductive.  Il a déploré la persistance de stéréotypes alliant âgisme et sexisme, et a avoué avoir du mal à concevoir pourquoi les personnes âgées -les femmes notamment- restent largement invisibles et ignorées dans l’élaboration des politiques et des programmes, d’autant plus que les populations plus âgées dépasseront les populations plus jeunes d’ici à 2030.

Une telle invisibilité est évidente dans le rapport du Secrétaire général sur le thème prioritaire, qui n’a guère abordé les réalités complexes des femmes âgées confrontées aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, malgré les vulnérabilités aggravées qu’elles sont plus susceptibles de connaître, a-t-il regretté.

Le représentant a appelé à résoudre ce manque de visibilité de toute urgence en tenant compte des préoccupations et des défis spécifiques auxquels sont confrontées les femmes âgées, exhortant notamment ONU-Femmes à collecter des données sur les femmes au-delà de leur âge de procréation.  De même, il a appelé les États Membres à adopter une optique sensible au genre et à l’âge en matière de financement et de stratégies d’adaptation aux changements climatiques.  Le représentant a relevé que les femmes âgées assument le fardeau des soins et du travail domestique non rémunérés, ce qui contribue à la féminisation de la pauvreté, notant que ces vulnérabilités sont aggravées dans les contextes de catastrophes fréquentes et graves et d’écosystèmes perturbés.  Pour parvenir à l’égalité des sexes, a-t-il insisté, il faut assurer la participation pleine, égale et significative des femmes âgées à la vie publique et à la prise de décisions, d’où l’importance d’intégrer une approche sensible à l’âge et au genre dans les systèmes de protection sociale ainsi que dans les politiques, plans et stratégies sur les changements climatiques.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, a parlé de la Stratégie pour le continent du Pacifique bleu à l’horizon 2050 qui vise à affirmer la centralité du Forum dans le façonnement du destin de la région.  Mais, a-t-il fait valoir, la prospérité et la sécurité de la zone du Pacifique bleu ne sont réalisables que si tous les pays poursuivent leurs efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, comme indiqué dans l’Accord de Paris.  La science n’est pas négociable, a tranché le représentant en exigeant une action urgente de la communauté internationale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a également plaidé pour une participation pleine et sur un pied d’égalité de toutes les femmes et filles à l’action climatique mondiale.  C’est d’une importance capitale pour les États membres du Forum dont la région a le moins contribué au réchauffement climatique et aux changements climatiques mais recense 5 des 15 pays les plus exposés aux catastrophes dans le monde, y compris les Tonga victimes d’une récente explosion volcanique.

M. Prasad a aussi attiré l’attention sur la Pacific Resilience Facility, une initiative dirigée et contrôlée par le Pacifique visant à augmenter la résilience des communautés touchées de manière disproportionnée par les impacts climatiques, y compris les femmes et les filles.  Cependant, a-t-il concédé, traduire les engagements régionaux et internationaux en politiques nationales sensibles au genre pour la gestion des changements climatiques et des catastrophes n’a pas été facile.  Les pays du Pacifique veillent néanmoins à ce que les normes et pratiques aident les femmes à diriger l’action face aux changements climatiques, y compris en valorisant les pratiques et connaissances traditionnelles et autochtones dans le contexte de l’augmentation de la résilience des communautés. 

Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à accroître le financement de la gestion des risques liés au climat, à l’environnement et aux catastrophes et à promouvoir la pleine participation et le leadership des femmes et des filles dans ces domaines.  Il faut aussi renforcer les capacités des femmes et des filles grâce à une formation accessible et à des politiques et programmes sensibles au genre; et veiller à ce qu’elles aient accès aux services essentiels pendant les situations de crise, y compris un soutien psychosocial, en particulier pour les personnes touchées par la violence sexiste.  Enfin, il importe d’accroître les investissements dans les données ventilées par sexe, handicap et géographie en tenant compte du lien entre genre et environnement. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services humains et de la sécurité sociale du Guyana, a appelé à une action immédiate pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, insistant notamment sur l’importance du financement.  Elle a estimé que la riposte climatique et les stratégies d’atténuation de risques doivent tenir compte de l’impact disproportionné des catastrophes sur les femmes et les filles.  Il faut intégrer une perspective de genre à la résilience climatique ainsi que lors de la conception et la mise en œuvre de stratégies de réduction des risques de catastrophe, y compris lors de l’établissement des refuges et la coordination des secours.  De plus, les données ventilées par sexe sont extrêmement importantes pour mieux comprendre l’impact sexospécifique disproportionné des changements climatiques et concevoir une réponse efficace, a-t-elle ajouté.

Soulignant que l’élimination de la pauvreté est essentielle pour réduire la vulnérabilité des femmes aux changements climatiques, la Ministre a appelé à centrer les programmes et politiques sur le renforcement des capacités des femmes et des filles.  Le financement climatique pour les activités d’adaptation et d’atténuation doit appuyer l’autonomisation des femmes, notamment en soutenant les micro, petites et moyennes entreprises de femmes dans les économies verte et bleue.  Il faut également investir dans des solutions durables dirigées et axées sur les femmes, notamment des solutions autochtones et rurales basées sur la nature, la gestion des ressources et les activités de production alimentaire, a ajouté Mme Persaud qui a relevé que l’augmentation de la participation des femmes à la gestion des ressources naturelles et à la conception et à la mise en œuvre de systèmes d’alerte précoce contribue à rendre les sociétés plus résilientes.

Intervenant ensuite en sa capacité nationale, la Ministre a indiqué que la stratégie de développement à faible émission de carbone du Guyana a été un bénéfice pour les femmes, 62% des emplois créés étant occupés par elles.  Les femmes et les filles ont également créé des solutions novatrices pour protéger l’écosystème de mangroves, notamment en utilisant des drones pour évaluer les menaces et déterminer quelle réponse y apporter.

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), Mme PATRICIA ANNIE KALIATI, Ministre du genre, du développement communautaire et du bien-être social du Malawi, a indiqué que les ministres des pays membres de l’Union africaine (UA) chargés du genre et de la promotion de la femme se sont réunis le 28 février 2022, en préparation du thème prioritaire de la soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme (CSW66), l’occasion aussi de réitérer la pertinence de la Stratégie 2018-2028 de l’UA pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, qui représentent la majorité des pauvres, des sans-terres, des chômeurs, des travailleurs informels, et de ceux qui assument le fardeau des soins. 

La Ministre du Malawi a espéré que le nouveau cadre de résilience régional 2020-2030 de la SADC guidera ses États membres et les partenaires coopérants internationaux et parties prenantes dans la mise en œuvre d’un large éventail de programmes de résilience.  Elle a précisé que le Protocole de la SADC sur le genre et le développement a été révisé en 2016, pour y intégrer une dimension « genre et changements climatiques ».  L’objectif est d’élaborer des politiques, des stratégies et des programmes pour aborder les questions de genre dans les changements climatiques d’ici à 2030 et de mener des recherches pour évaluer l’impact des changements climatiques en fonction du genre et mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation. 

Elle a ajouté que les pays de la SADC partageaient l’idée que l’intégration d’une perspective de genre aux politiques d’adaptation, d’atténuation et de gestion des risques de catastrophe permettra de combattre la pauvreté et l’injustice.  Elle a précisé que le Protocole de la SADC sur le genre et développement et le plan stratégique de développement régional 2020-2030 visent à parvenir à une SADC où les femmes et les hommes sont engagés de manière optimale dans son développement et tous les aspects de la vie socioéconomique et des droits de la personne.

S’exprimant au nom du Groupe des Amis pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des filles, Mme ANTONETTE NCUBE, au nom de la Commissaire à l’égalité de l’Union européenne, s’est présentée comme étant une agronome, une environnementaliste et une militante du climat originaire du Botswana.  Après avoir signalé l’absence de filet de sécurité dans cette partie de l’Afrique en proie à la menace climatique, elle a eu une pensée pour les femmes et les filles confrontées aux conséquences du conflit en Ukraine, notamment à un risque accru de violence sexuelle et sexiste.  Elle s’est également déclarée préoccupée par le sort des femmes du Yémen, de l’Afghanistan et de tous les pays en situation de conflit.  Elle a ensuite relevé que les changements climatiques, les catastrophes environnementales et la perte de biodiversité affectent les femmes de tous âges, qui font déjà face au fardeau disproportionné de la famille et d’un accès restreint aux soins de santé.  De fait, a-t-elle plaidé, l’action climatique et environnementale doit protéger et promouvoir les femmes et les filles en tant qu’actrices du changement, tout en traitant des besoins qui leur sont propres. 

Sur cette base, a indiqué la représentante, le Groupe des Amis appelle au respect des engagements pris par les États en matière d’égalité et de justice climatique.  Elle a demandé que davantage soit fait pour répondre aux effets de la crise climatique et des catastrophes sur les femmes, en particulier en termes de violences.  Elle a exhorté en outre à examiner les causes profondes de ces violences, notamment les inégalités structurelles, les normes sociales négatives et les stéréotypes sexistes.  Le Groupe souhaite également que soit amélioré l’accès des femmes et des filles aux ressources naturelles ainsi qu’à la santé sexuelle et reproductive, au logement et à l’emploi, a ajouté la représentante qui a jugé essentiel de renforcer la participation des femmes sur un pied d’égalité avec les hommes et de promouvoir leur rôle de dirigeante.  À ce titre, les femmes jouent un rôle crucial pour la préservation de l’élément naturel et de la biodiversité, a-t-elle fait valoir, avant de se prononcer pour le renforcement des capacités des femmes et la collecte de données ventilées par sexes pour mieux déterminer leurs besoins.  Enfin, elle a appelé la communauté internationale à veiller à la protection des femmes et des filles les plus vulnérables aux crises, en particulier les femmes autochtones et les défenseuses des droits humains. 

Mme MARTHA LUCÍA RAMÍREZ, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a d’abord estimé que l’échec du multilatéralisme ayant empêché la survenue de la crise ukrainienne devait faire réfléchir la Commission quant aux résultats qu’elle escompte obtenir dans le cadre de cette soixante-sixième session.  La Ministre colombienne a ainsi invité les délégations à se doter d’un cadre robuste pour s’assurer que les plaidoyers en faveur des droits des femmes et de l’égalité des genres soient suivis d’effets suffisamment décisifs et durables « pour changer l’histoire ».  Celle-ci est une longue histoire de l’exclusion qui a privé l’humanité de progrès essentiels, a-t-elle encore estimé.

Mme Ramírez a ensuite rappelé qu’elle était devenue la première femme vice-présidente de l’histoire de la Colombie dans le cadre d’une coalition au sein de laquelle elle avait pu consolider une politique de genre qui s’enracine dans la société et donne aux femmes les moyens réels de s’approprier les leviers de décision dans tous secteurs de l’administration générale du pays.  En Colombie, a-t-elle indiqué, nous avons lancé pour la première fois la politique d’équité des femmes avec cinq axes stratégiques pour parvenir à leur autonomisation effective, le premier d’entre eux étant l’indépendance économique, pour qu’émerge une véritable nation de femmes entrepreneurs.  Sur ce dernier point, elle a précisé que le Gouvernement soutient financièrement et techniquement plus de 930 000 entrepreneuses rurales et urbaines dans leur développement durable.  Trois instruments de politique publique innovants appuient cet effort: un fonds abondant le capital des sociétés, des dispositifs de formation aux marchés publics destinés aux entreprises dirigées par des femmes et une redevance servant à aider financièrement les entreprises féminines au niveau territorial, a expliqué la Ministre.  Après avoir rappelé l’engagement de son gouvernement à lutter contre les violences à l’égard des femmes, notamment dans le cadre de l’accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC de 2016, Mme Ramírez a souligné l’importance de prendre en compte les changements climatiques dans l’avancement de l’égalité des genres.  Elle a assuré que c’est consciente de ce lien qu’elle avait élaboré sa politique de genre.  La Ministre colombienne a ensuite demandé à la salle de rendre hommage aux femmes ukrainiennes et afghanes, « et toutes celles qui souffrent des guerres et des conflits que déclarent toujours les hommes », en les applaudissant. 

Mme ENSIEH KHAZALI, Vice-Présidente pour les femmes et les affaires familiales de la République islamique d’Iran, a tout d’abord fait le point sur la gestion de la pandémie de COVID-19 en Iran, notamment la production d’un vaccin local en dépit des mesures unilatérales qui visent le pays.  Afin d’intégrer les perspectives de genre dans l’élaboration des politiques de réduction des risques de catastrophes environnementales et pour renforcer la résilience climatique, une série d’activités et de politiques ont été entreprises et divers programmes tant au niveau micro que macro ont été mis en œuvre ces dernières années, a expliqué Mme Khazali, y compris un plan de promotion de la résilience sociale des femmes et des familles dans 31 provinces du pays.  En outre, des plans exécutifs ont été mis en place pour réduire les vulnérabilités sociales, en offrant notamment des milliers d’heures de formation sur l’autonomisation aux travailleurs d’urgence.

En raison de l’importance d’autonomiser les femmes nomades et de les associer aux actions de protection de l’environnement, 6 000 femmes rurales et nomades sont devenues membres de 2 000 coopératives, et certaines ont obtenu des terrains au cours des cinq dernières années, a indiqué Mme Khazali, tout en soulignant que les femmes iraniennes doivent affronter les effets des mesures coercitives unilatérales.  Afin d’améliorer l’accès équitable des hommes et des femmes aux positions de prise de décisions et donner aux femmes les moyens de lutter contre les changements climatiques, l’Iran continue de promouvoir le rôle effectif des femmes dans la société, a-t-elle assuré en rappelant que le poste de président de l’autorité nationale de l’environnement a été occupé par une femme pendant quatre mandats consécutifs et que 17 454 femmes ont été formées à la lutte contre toutes les formes de risques liés aux catastrophes en 2021-22. 

Mme KATRIN JAKOBSDOTTIR, Première Ministre de l’Islande, a déclaré que les changements climatiques n’ont pas épargné son pays insulaire, en proie à la montée du niveau de la mer et la fonte des glaciers.  « Aucun pays n’est une île en matière de changements climatiques », a-t-elle déclaré, avant de souligner que l’inégalité entre les sexes ne connaît pas de frontière et sévit dans toutes les régions du monde.  Elle a indiqué que les changements climatiques sont à l’origine de la pauvreté et affectent de manière disproportionnée les femmes sur le plan économique et social.  Ils sont également source d’instabilité et créent des conditions propices à la violence sexiste, a-t-elle ajouté.  Citant l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, elle s’est dite préoccupée par le fait que le conflit entraînera des déplacements massifs, qui à leur tour créeront davantage de cas de violence sexiste.  Cette « pandémie fantôme » s’est déjà produite lors de la pandémie de COVID-19, a-t-elle fait observer.  Par ailleurs, elle a jugé nécessaire d’inclure les jeunes dans la justice sociale et la santé, « car ils sont les meilleurs défenseurs de leur propre avenir ».  Elle s’est dite persuadée que le monde sera meilleur demain grâce à l’action conjuguée des nombreuses et remarquables femmes, militantes et défenseuses des droits humains. 

Mme TANZILA NARBAEVA, Présidente du Sénat de l’Oliy Majlis de l’Ouzbékistan, a souligné que parvenir à l’égalité des genres est une priorité de la présidence actuelle, le Parlement ayant adopté cette année une stratégie nationale à cette fin pour 2022-2026.  Parmi les axes principaux de cette stratégie, elle a cité le renforcement de la participation des femmes à tous les niveaux de la vie sociale et la prévention des événements climatiques ayant une incidence délétère sur leur santé.  Les buts de ce programme ambitieux sont conformes aux objectifs du Plan stratégique d’ONU-Femmes, a-t-elle précisé.  Concernant l’assèchement de la mer d’Aral, « une catastrophe écologique qui menace le développement durable de l’Asie centrale et la mise en œuvre de nos politiques d’égalité des genres », elle a noté que son pays avait adopté des lois favorables au passage à l’économie verte ainsi qu’à l’embauche des femmes et au développement de l’entrepreneuriat des femmes.  Des formations innovantes à l’accès et à l’exploitation responsable des ressources naturelles, qui, dans la région, subissent une salinisation accrue, ont également été présentées au dernier Sommet de l’Asie centrale, l’Ouzbékistan étant porteur d’un vaste programme vert pour la région axé sur l’adaptation des pays de la région au réchauffement climatique en mer d’Aral, a aussi expliqué Mme Narbaeva. 

Mme ZORANA MIHAJLOVIC, Vice-Première Ministre et Présidente de l’Organe de coordination pour l’égalité des sexes du Gouvernement de la Serbie, a expliqué que cette entité travaille avec ONU-Femmes sur l’intégration du genre dans les politiques et pratiques climatiques en Serbie et veille notamment à ce que le cadre normatif lié à l’énergie soit sensible au genre et que le financement lié aux changements climatiques inclue toujours la perspective des femmes.  Bien que les changements climatiques touchent tout le monde, les femmes sont affectées de manière particulièrement négative, parce qu’elles ont souvent un accès limité aux ressources et sont souvent sous-représentées dans les organes et processus décisionnels.  ONU-Femmes et l’Organe de coordination ont élaboré un guide contenant des informations sur l’égalité entre les sexes et les changements climatiques ainsi qu’une liste de contrôle pratique pour l’intégration du genre dans la programmation sur les changements climatiques.

Poursuivant, la Vice-Première Ministre a indiqué que la nouvelle stratégie énergétique nationale, ainsi que le plan d’action national serbe pour l’énergie et le climat, seront sensibles au genre, « parce que nous pensons que sans l’intégration du genre dans les politiques publiques, nous ne pouvons pas combler l’écart existant entre les sexes ».  Il est très important d’inclure la perspective de genre dans toutes les politiques et tous les projets concernant les sources d’énergie renouvelables, l’efficacité énergétique, les changements climatiques et d’autres questions connexes, non seulement en Serbie, mais dans toute la région, a martelé Mme Mihajlovic.  Si nous voulons assurer une transition juste entre les sexes, il faut garder à l’esprit le fait que les femmes et les hommes ont des besoins énergétiques différents, a-t-elle ajouté, y voyant l’occasion de changer nos sources d’énergie et avoir un environnement plus propre, mais aussi pour changer la perception que le secteur de l’énergie est dominé par les hommes.

M. ROBERT DIJKGRAAF, Ministre de l’éducation, de la culture et des sciences des Pays-Bas, a déploré qu’en matière de lutte contre les changements climatiques, la voix, l’expérience et les connaissances des femmes et des filles soient trop souvent ignorées.  Elles sont encore sous-représentées dans les prises de décisions ainsi que dans les matières techniques et les métiers indispensables pour faire de la transition énergétique une réalité, a-t-il constaté.  Et, tragiquement, elles restent confrontées à une violence sexiste lorsqu’elles s’expriment sur des questions comme la crise climatique.  Or, « nous avons désespérément besoin de la contribution des femmes et des filles, dans toute leur diversité, si nous voulons assurer une vie vivable à l’avenir », a affirmé le Ministre.  Avant de conclure, il a exprimé sa solidarité avec les femmes et les filles d’Ukraine, condamnant fermement l’agression militaire « non provoquée et injustifiée » de la Fédération de Russie. 

Mme DERYA YANIK, Ministre de la famille, du travail et des services sociaux de la Turquie, a relevé que les femmes jouent un rôle important dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que dans la conservation du sol, de l’eau et des ressources naturelles.  Les politiques relatives aux changements climatiques, à l’environnement et à la réduction des risques de catastrophe doivent donc tenir compte des besoins particuliers des femmes et des filles et mettre les droits humains au centre.  La Ministre a fait savoir que la Turquie a mobilisé des ressources pour l’accueil et la prise en charge des réfugiés climatiques, affirmant par ailleurs accorder une grande importance à la protection de l’environnement.  Grâce au projet « Zéro déchet », le pays est entré dans une nouvelle ère en matière de protection de l’environnement.  Et les femmes jouent un rôle majeur dans la réussite de ce projet.  Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, la Turquie s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2053, a indiqué la Ministre selon laquelle l’efficacité de la lutte contre les changements climatiques dépend de la création d’une atmosphère politique et sociale solide propice à l’autonomisation des femmes et à la garantie de leurs droits.

Mme MAYA MORSY, Ministre de la femme et Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, a indiqué que son pays est très touché par les changements climatiques, en dépit de sa faible contribution à ce phénomène, l’Égypte étant responsable de seulement 0,6% des émissions de gaz à effet de serre.  Elle a ensuite détaillé les mesures prises par son pays pour un modèle de développement durable, notamment la création d’un conseil national pour les changements climatiques présidé par le Premier Ministre et la nomination d’une femme au poste de ministre de l’environnement.  Elle a mentionné les programmes et initiatives adoptés pour lutter contre les conséquences des changements climatiques tout en favorisant l’autonomisation des femmes.  Les besoins des femmes sont au cœur du très ambitieux programme « Hayah Karima » (Une vie digne) qui est doté de 800 milliards de livres égyptiennes.  Elle a aussi indiqué que l’une des priorités de son gouvernement est de renforcer la participation des femmes à la gouvernance environnementale.  Enfin, la Ministre a rappelé que la prochaine Conférence des Parties à Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se tiendra en novembre en Égypte.

Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’insertion sociale et de la famille du Maroc, a souligné que l’objectif de l’égalité entre les sexes au Maroc est un vœu du Roi Mohammed VI.  Elle a fait mention d’un certain nombre de mesures qui appuient l’autonomisation de la femme marocaine, illustrant son propos par des chiffres faisant état d’une amélioration de la situation.  Dans le domaine de la protection de l’environnement, une loi-cadre a notamment été adoptée et elle constitue une charte nationale de l’environnement et du développement durable.  Un plan national sur les changements climatiques pour 2020-2030 a été également mis en place. 

Mme CHUNG YOUNG-AI, Ministre de l’égalité des genres et de la famille de la République de Corée, a déclaré que tant que les points de vue des femmes, « qui représentent la moitié de la population mondiale », ne sont pas efficacement intégrés dans les diverses politiques et programmes conçus pour faire face à la crise climatique et à l’évolution du monde du travail, la communauté internationale aura du mal à répondre efficacement aux crises qu’elle doit confronter.  La Ministre a ensuite expliqué que pour mettre en pratique le Programme d’action de Beijing, son gouvernement a intégré les perspectives de genre dans tous les domaines politiques, y compris à travers des plans concrets pour réaliser l’égalité des sexes dans tous les domaines tels que l’économie, la société, la culture et la politique.  Un plan de base quinquennal pour les politiques d’égalité des sexes a été mis en place avec pour objectif de garantir l’égalité des droits en matière d’emploi et d’opportunités en développant l’emploi des femmes dans divers domaines.

En ce qui concerne la crise climatique, le Gouvernement coréen s’efforce de parvenir à la « neutralité carbone », a poursuivi Mme Chung.  Les évaluations d’impact sur le genre sont obligatoires dans les processus de promulgation et de modification des lois, et de formulation des principales politiques du Gouvernement.  Pour les domaines considérés comme importants qui nécessitent une action immédiate, des évaluations spécifiques de l’impact sur le genre sont menées pour conseiller les ministères concernés afin d’identifier des mesures d’amélioration, a précisé la Ministre.  En outre, l’éducation sensible au genre pour les fonctionnaires a été élargie pour renforcer leur capacité à mettre en œuvre des politiques d’égalité des sexes tandis que des statistiques sensibles au genre ont été établies pour chaque domaine politique afin de soutenir l’élaboration de politiques fondées sur des preuves.  De plus, le K-Girls’ Day permet aux étudiantes d’acquérir une expérience pratique dans les technologies industrielles tandis que le Centre de développement de carrière pour les femmes vise à renforcer les capacités des femmes en fonction de l’évolution du lieu de travail. 

Mme SUSANNE RAAB, Ministre des femmes, de la famille, de l’intégration et des médias de l’Autriche, a détaillé les mesures prises par son pays pour autonomiser les femmes et filles dans le contexte des changements climatiques.  Un accent est notamment mis sur l’autonomisation dans le domaine de la technologie et de l’innovation, afin que les femmes et filles bénéficient des mêmes possibilités dans ces secteurs dominés par les hommes.  Elle a dit la détermination de son pays à mettre pleinement en œuvre la Déclaration de Beijing.  La Ministre a mentionné une autre question cruciale pour les femmes et les filles, à savoir la guerre de la Russie contre l’Ukraine qui inflige des souffrances indicibles à ces dernières.  Elle a condamné l’agression injustifiée et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, et marqué sa solidarité avec les femmes et les filles qui ont fui l’Ukraine, laissant derrière elles leurs époux, leurs pères et leurs frères. 

Après avoir dénoncé l’invasion « non provoquée, illégale et indéfendable » de l’Ukraine par la Fédération de Russie, Mme EVA NORDMARK, Ministre de l’emploi et l’égalité des genres de la Suède, s’est dite fière d’être membre d’un gouvernement féministe menant une politique étrangère féministe.  À ses yeux, l’autonomisation économique des femmes est essentielle pour atteindre l’égalité entre les sexes.  Il importe donc de combler l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, ce qui suppose des réformes politiques telles que le congé parental pour les mères et les pères, une garde d’enfants abordable et une fiscalité individuelle.  De même, a-t-elle poursuivi, il est urgent d’arrêter les émissions fossiles et d’accélérer une transition climatique juste.  Si nous y parvenons correctement, cela peut conduire à de nouveaux projets et à de meilleurs emplois, tant pour les femmes que pour les hommes, a souligné la Ministre, en indiquant que, dans sa région natale, dans le nord de la Suède, de nouvelles industries vertes produisent des batteries et le premier acier sans énergie fossile au monde. 

Mme Nordmark a ensuite rappelé que la pandémie de COVID-19 a augmenté à l’échelle mondiale le risque que les femmes soient soumises à la violence des hommes.  Pour y faire face, le Gouvernement suédois a adopté un programme de prévention et de lutte en 99 points, qui vise à mettre les auteurs des violences devant leurs responsabilité.  Il continue également à défendre la pleine la jouissance du droit à la santé sexuelle et reproductive, a-t-elle précisé, avant d’appeler, sur fond de crise climatique et de guerre en Europe, à construire un monde et un avenir meilleurs pour tous. 

Mme DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et des sports du Liechtenstein, a relevé que chaque guerre est un obstacle dans la réalisation de l’égalité des sexes et des droits des femmes en particulier, insistant sur la nécessité d’une inclusion active des femmes dans les processus de paix.  Ce n’est pas une question de politiquement correct, mais plutôt un préalable à des processus politiques réussis et productifs, a-t-elle souligné.  La Ministre a relevé que l’accès inégal des femmes à la terre et aux ressources naturelles, ainsi qu’au financement et à l’éducation, entre autres, limite leur capacité à contribuer de manière égale et significative aux crises climatiques et environnementales.  Mais leurs voix sont si désespérément nécessaires pour réussir, a-t-elle dit.

Dans le même temps, a-t-elle indiqué, les changements climatiques et les crises environnementales aggravent également la situation précaire des femmes et des filles en situation de vulnérabilité.  Elle a souligné que l’esclavage moderne et la traite des êtres humains, dont les victimes sont majoritairement des femmes et des filles, sont en augmentation pendant et après les catastrophes naturelles.  Avec l’Initiative FAST pour la mobilisation du secteur de la finance contre l’esclavage et la traite, le Liechtenstein a élaboré un plan directeur pour prévenir ces crimes, à travers notamment l’inclusion financière, a ajouté la Ministre.

M. THOMAS BLOMQVIST Ministre de la coopération nordique et de l’égalité de la Finlande, a déclaré que tout comme la pandémie de COVID-19, les changements climatiques sont aussi une question de genre, l’inégalité entre les sexes réduisant l’accès des femmes aux ressources, aux services, aux informations et à la prise de décisions nécessaires pour s’adapter à la crise climatique.  Il a appelé à redoubler d’efforts pour intégrer une perspective de genre dans toutes les stratégies de gestion du climat, de l’environnement et des catastrophes.  Le Ministre a également souligné l’intersection entre les questions climatiques et la santé sexuelle et reproductive, notant que l’accès universel à une éducation sexuelle complète de qualité est essentiel pour réaliser les droits de toutes les femmes et filles.  L’autonomie corporelle est cruciale pour la participation des femmes à la prise de décisions dans la société, y compris dans l’action climatique, a-t-il ajouté.  L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est également essentiel pour parvenir à l’égalité des sexes, les femmes et les filles étant touchées de manière disproportionnée par la pénurie d’eau et les catastrophes liées à l’eau, a souligné le Ministre. 

M. Blomqvist a indiqué que le Gouvernement finlandais a introduit une réforme du congé familial qui donne aux deux parents une égalité de congé parental afin d’accroître l’égalité dans la vie familiale et professionnelle.  Il a concédé que les écarts de rémunération entre les sexes restent un problème persistant, précisant que pour y remédier, la Finlande a introduit une législation sur la transparence des rémunérations.  Le Ministre a également mis l’accent sur l’impératif de combler la fracture numérique entre les sexes et d’éliminer les stéréotypes de genre nuisibles, y compris les préjugés sexistes dans l’intelligence artificielle.

Mme JAN TINETTI, Ministre des femmes de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que l’analyse de genre et l’analyse intersectionnelle concernaient toutes les actions et prises de décisions du Gouvernement de son pays, y compris les actions relatives aux changements climatiques, à l’environnement et la réduction des risques de catastrophe.  Un outil en ligne permet en outre aux usagers et citoyens de suivre de près l’application de l’analyse de genre aux processus d’élaboration de nos politiques, a-t-elle ajouté, précisant que cet outil est accessible à toutes et tous sur le site Web du Ministère de la femme.  Elle a ainsi invité chaque citoyen du monde à veiller à ce que le genre soit pleinement intégré dans l’ensemble des processus de prise de décisions politiques pertinents.  La communauté internationale doit œuvrer de concert notamment avec la société civile à la réalisation des objectifs fixés dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a en outre déclaré Mme Tinetti.  Par ailleurs, notant que les données ventilées par sexe sont essentielles pour assurer la visibilité des impacts sexospécifiques des changements climatiques et des risques naturels et pour « adapter nos réponses en conséquence », elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande avait intégré les perspectives autochtones et sexospécifiques dans sa stratégie nationale de résilience aux catastrophes.  Ainsi nous sommes-nous engagés plus avant à réduire la vulnérabilité aux catastrophes pour tous dans nos communautés, a-t-elle conclu. 

Mme ELISABETH MORENO, Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances de la France, a tout d’abord dit sa profonde inquiétude quant au sort des femmes et des filles en Ukraine, après l’agression militaire de la Russie, avant d’appeler à veiller à ce que les droits et la dignité des Ukrainiennes soient absolument préservés. 

Parce que les femmes sont les premières victimes des catastrophes climatiques et que leurs voix –à la fois porteuses d’espoir et de solutions– sont trop souvent étouffées, Mme Moreno a expliqué que la France s’est engagée avec force dans la lutte en faveur du climat et de l’égalité au niveau mondial, évoquant notamment l’Accord de Paris et le Forum Génération Égalité.  « C’est aussi dans ce sillon que la France a mis l’égalité au centre de l’agenda de sa présidence du Conseil de l’Union européenne », a encore indiqué la Ministre.

Elle a indiqué que la France a fait de l’éradication des violences une véritable priorité, une stratégie nationale d’une ampleur inédite visant notamment combattre les violences conjugales.  Elle a aussi cité la création d’un délit en 2018 afin de réprimer le harcèlement de rue, ainsi que le renforcement de l’arsenal législatif pour lutter contre les nouvelles formes de violence sur Internet.  Des référents sont nommés dans les entreprises pour lutter contre le harcèlement au travail et un accès gratuit à la contraception est par ailleurs facilité pour toutes les femmes jusqu’à 25 ans. 

Alors que la pandémie a jeté une lumière crue sur les inégalités que subissent les femmes, en termes de visibilité dans l’espace public et professionnel ou encore de la rémunération, la Ministre a souhaité que la relance économique globale soit aussi l’occasion de faire émerger un nouveau modèle de croissance plus juste où la parité n’est plus l’exception mais la règle.  « C’est pourquoi en 2018, la France a créé l’Index de l’égalité professionnelle pour lutter contre les inégalités salariales », a encore indiqué Mme Moreno avant de citer l’adoption de la loi pour l’égalité économique et professionnelle en 2021 visant à soutenir l’entrepreneuriat des femmes.  Enfin, elle s’est félicitée que les ministres européens se soient mis d’accord sur une directive visant à favoriser la place des femmes dans les conseils d’administration des entreprises en Europe. 

Mme LYAZZAT RAMAZANOVA, Présidente de la Commission nationale de la femme et de la famille et de la politique démographique du Kazakhstan, a appelé à la pleine et égale participation des femmes à la prise de décisions dans le contexte des changements climatiques, de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe.  L’adoption, en janvier dernier par le Gouvernement kazakhstanais, du Code de l’environnement témoigne qu’une adaptation complète aux changements climatiques est possible, a-t-elle indiqué, précisant que son pays entend promouvoir les technologies « vertes » dans presque tous les secteurs de l’économie nationale.  Le Président du Kazakhstan, M. Kassym-Jomart Tokaïev, a d’ailleurs annoncé une stratégie à long terme pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060.  Mme Ramazanova a aussi indiqué qu’au Kazakhstan, environ 300 organisations non gouvernementales traitent des questions de genre, y compris en rapport avec les questions environnementales. 

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a tout d’abord indiqué que 80 000 femmes accoucheront en Ukraine dans les prochains mois, souvent sans abri et sans soins appropriés, notant que cette situation rappelle à quel point les guerres et les crises affectent les femmes de manière disproportionnée.  « C’est vrai pour la guerre en Ukraine.  C’est vrai pour les conflits que nous voyons à travers le monde, de l’Afghanistan au Sahel », a-t-elle insisté avant d’ajouter que c’était vrai aussi pour la crise climatique.

La Ministre a appelé à placer les droits des femmes au cœur de l’action climatique, parce que les changements climatiques mettent en péril les droits les plus élémentaires des femmes et des filles, à savoir leur droit à l’intégrité corporelle, à la santé et à l’éducation.  Elle a notamment signalé que les filles sont moins souvent scolarisées dans des contextes de sècheresse parce que les normes de genre dictent que la corvée d’eau leur incombe et que leur exposition à la violence et aux abus augmente en fonction de la distance qu’elles doivent parcourir.  « Parce que la bataille contre les changements climatiques est une bataille contre l’aggravation des inégalités », Mme Baerbock a appelé à défendre les droits et les libertés des personnes les plus exposées et à appuyer la reconnaissance du droit à un environnement propre, sain et durable en tant que droit humain. 

Rappelant que les femmes ne sont pas seulement des victimes mais une force puissante de changement, Mme Baerbock a prévenu qu’on ne pourra pas parvenir à une paix durable, ni sauver le climat mondial si la moitié de la population est incapable de participer sur un pied d’égalité.  Elle a estimé que le meilleur signal que cette session pouvait envoyer est qu’une représentation égale est nécessaire à tous les niveaux « afin que les femmes de ce monde puissent demain embrasser l’avenir sans crainte », qu’elles vivent dans une zone aride du Soudan, une région inondée du Bangladesh, ou au milieu de Marioupol dans l’Ukraine déchirée par la guerre. 

M. MUSA MAAYTAH, Ministre des affaires politiques et parlementaires de la Jordanie, a assuré que son gouvernement veille à ce que les femmes jouissent de tous leurs droits humains et de l’égalité des sexes à tous les niveaux.  Il s’attaque en outre aux effets de la crise climatique et s’efforce de réaliser les objectifs de développement durable par le biais de ses lois et programmes.  Pour le Ministre, ce moment de relèvement de la crise liée à la pandémie de COVID-19 doit être mis à profit pour revoir les orientations et davantage tenir compte des groupes les plus vulnérables.  Dans ce cadre, il importe que les femmes et les jeunes puissent participer aux prises de décisions et que la société civile soit plus souvent associée, a-t-il plaidé.  À cet égard, la Jordanie a été pionnière dans l’intégration de mesures spécifiques pour les femmes dans ses programmes de lutte contre les changements climatiques, en particulier dans le domaine de l’adaptation, a indiqué M. Maaytah.  Un effort est également fait pour lutter contre les inégalités et répondre aux besoins propres des femmes et des filles, a ajouté le Ministre, qui a précisé que la stratégie nationale de protection sociale s’appuie sur des données ventilées par sexe.  Enfin, a-t-il ajouté, une loi récemment promulguée généralise le congé maternité et prévoit l’égalité de salaire pour un même travail, ce qui est une première pour un pays arabe.

M. RODERIC O’GORMAN, Ministre de l’enfance, de l’égalité, du handicap, de l’intégration et de la jeunesse de l’Irlande, a apporté le plein appui de son pays aux femmes qui vivent des situations de crise, y compris aux femmes ukrainiennes.  Il a condamné dans les termes les plus fermes l’invasion des forces russes de l’Ukraine et a exigé leur retrait immédiat.  Le Ministre a indiqué qu’une plus grande parité entre les sexes est l’un des axes prioritaires de la politique étrangère de son pays.  Constatant que les femmes représentent la plus grande part de la force agricole dans le monde, alors qu’elles n’ont toujours pas le droit d’être propriétaires de leurs terres, il a plaidé pour plus de justice et de moyens pour leur permettre de s’autonomiser.  Les femmes sont également disproportionnellement frappées par les impacts des changements climatiques, et leur rôle dans la lutte contre ce phénomène est souvent sous-estimé.  Il faut les associer à la prise de décisions, et leur permettre de contribuer aux solutions à la crise climatique, a-t-il insisté.  Pour sa part, a-t-il ajouté, l’Irlande soutient les organisations de la société civile qui œuvrent en ce sens sur le terrain parce que pour « parvenir à la justice climatique il faut écouter les femmes ».

Mme LAILA AL NAJAR, Ministre du développement social d’Oman, a insisté sur l’importance des ressources humaines pour appuyer le développement national, les femmes jouant un rôle de premier plan.  Elle a dit que les femmes inculquent une valeur de tolérance, expliquant ensuite que la Constitution garantit les droits des femmes et que leur participation économique est un objectif important pour le Gouvernement d’Oman.  Un pourcentage élevé de femmes entre désormais sur le marché du travail, et de plus en plus de femmes occupent des postes de direction dans la vie politique et publique, accédant également à des postes de décision dans des entreprises privées, s’est-elle félicitée.  Oman fournit en outre une assistance aux entrepreneurs et aux propriétaires de petites entreprises dans le commerce électronique, y compris aux femmes, a précisé Mme Al Najar.  Et le Gouvernement soutient également les victimes de violence domestique.

Mme MARIANA VIEIRA DA SILVA, Ministre d’État de la Présidence du Portugal, a commencé par condamner l’invasion russe de l’Ukraine, se disant préoccupée par l’impact de ce conflit sur les femmes et les filles qui font notamment face à la menace de violences sexuelles.  Elle a ensuite constaté que, compte tenu des ressources disponibles et des défis structurels des sociétés, les conséquences des changements climatiques deviennent profondément inégalitaires.  Il est donc absolument crucial de veiller à ce que la transition climatique soit équitable, en atténuant les impacts socioéconomiques sur les plus vulnérables et en intégrant une perspective de genre dans l’action publique, a-t-elle plaidé. 

Afin de ne pas reproduire les inégalités, il importe, selon Mme Vieira da Silva, d’investir dans la production de données désagrégées par sexes sur les impacts des phénomènes et des politiques.  Le Portugal s’y emploie depuis 2021 dans l’élaboration de son budget national, y compris dans les domaines de l’action et de la transition climatiques, de la lutte contre la précarité énergétique et de la mobilité, qui tous concernent les femmes au premier chef, a-t-elle indiqué.  Il convient en outre de renforcer la participation des femmes en les intégrant davantage dans les instances décisionnelles.  À cet égard, la Ministre a fait savoir que les seuils minimaux décidés par son pays ont permis d’augmenter de 12% à 29% la proportion moyenne de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées et de 32% à 43% la part des femmes gestionnaires dans l’administration publique.  De surcroît, plus d’un tiers des parlementaires portugais sont désormais des femmes, s’est-elle enorgueillie.

Mme MERAV COHEN, Ministre de l’égalité sociale d’Israël, a appelé les responsables politiques à garder à l’esprit, lors de l’élaboration de leur vision et projets, le sort des jeunes filles, des mères, des femmes malades ou blessées, des femmes enceintes et des personnes âgées, toutes étant les premières victimes des atrocités de la guerre.  Elle a expliqué que son pays compte moins de cinq millions de femmes, environ 60% d’entre elles étant des femmes mûres de moins de 64 ans, l’âge officiel moyen de la retraite.  Près de 56% des femmes israéliennes ont un emploi, ce qui signifie que la plupart d’entre elles sont des mères qui travaillent, a-t-elle encore indiqué, ajoutant que le taux de natalité en Israël était de 2,9 contre 1,6 dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  « Nous pouvons conclure de ces indicateurs que les femmes israéliennes sont bien plus accablées par leur ménage que leurs homologues occidentales! » 

Mme Cohen a par ailleurs indiqué qu’une tentative de réduire les risques environnementaux en restreignant l’utilisation d’articles ménagers jetables s’était heurtée à une forte opposition de la part des communautés orthodoxes, composées de familles nombreuses.  Rappelant que l’objectif du Gouvernement demeure que les femmes gagnent plus d’argent et soient libérées des restrictions et normes sociétales passées, elle s’est demandé ce qu’il convenait de faire lorsque ces objectifs entrent en conflit avec les exigences environnementales.  En Israël, nous avons la tâche complexe de trouver les justes équilibres, de promouvoir les femmes tout en protégeant l’environnement et luttant contre les changements climatiques, a-t-elle dit. 

Mme AYANNA WEBSTER-ROY, Ministre du genre et de l’enfance de la Trinité-et-Tobago, a indiqué que la politique nationale « genre et développement » de son pays encourage les femmes et les hommes à jouer divers rôles complémentaires dans le développement et l’application de mesures pour faire face aux changements climatiques; pour appuyer la protection, la conservation et la préservation de l’environnement, ainsi que l’utilisation durable des ressources naturelles.  Elle a précisé que les projets et programmes sur les changements climatiques, ainsi que la mise en œuvre des politiques environnementales, sont sous la tutelle du Ministère du plan et du développement dont le chef politique est une femme.  Plusieurs comités, y compris le Comité national de coordination de mise en œuvre du Protocole de Montréal, sont également présidés par des femmes.  Mme Webster-Roy a par ailleurs souhaité que les femmes soient formées et soutenues dans l’adoption de nouvelles pratiques respectueuses de l’environnement. 

Mme TAINA BOFFERDING, Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes du Luxembourg, a souligné que les situations de conflit touchent les femmes « démesurément ».  En Ukraine, les femmes et les filles font preuve de résilience et de courage face à une agression russe non provoquée, a-t-elle salué, rappelant qu’en seulement trois semaines, des millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, dont une majorité de femmes et de filles.  La Ministre s’est dite consternée par les informations faisant état de violences sexuelles et sexistes perpétrées par les forces armées russes, appelant dans la foulée la Russie à mettre fin à cette « guerre stupide ». 

Notant ensuite que les changements climatiques et les catastrophes naturelles ont aussi un impact sur l’égalité des genres, elle a jugé temps de prendre des mesures concrètes pour tenir compte des besoins des femmes, des hommes et des personnes LGBTI dans les politiques environnementales et de développement durable.  Il faut aussi améliorer la collecte et l’analyse de données fiables, ventilées par sexe, condition indispensable pour définir des politiques durablement efficaces, a ajouté Mme Bofferding, qui a appelé à placer l’égalité des genres au centre des politiques de résilience et des programmes de réduction de risques de catastrophe et augmenter la proportion de femmes dans les processus de prise de décisions.  Elle a en outre indiqué que, dans le contexte de la prochaine évaluation du Plan d’action national à l’égalité, elle proposerait à son gouvernement de mettre un accent particulier sur les « liens intenses » entre égalité et changements climatiques, ainsi que sur les conséquences diverses et spécifiques de ces changements pour les différents genres. 

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse en réaction aux manifestations de solidarité de nombreuses délégations avec l’Ukraine, la Fédération de Russie a constaté que les pays occidentaux préfèrent se taire sur les crimes commis par le Gouvernement ukrainien contre des citoyens pacifiques dans le Donbass.  Dans la ville de Donetsk, des attaques menées avec des armes à sous-munitions ont récemment coûté la vie à 20 personnes et blessé 35 autres, parmi lesquelles des femmes et des enfants, a accusé la délégation russe.  Les habitants du Donbass n’ont pas droit à la solidarité des Occidentaux qui, depuis 2014, restent silencieux sur les actes de violence perpétrés dans cette région de l’est de l’Ukraine.  À la suite du changement anticonstitutionnel de régime survenu cette année-là, le gouvernement « nazi » de l’Ukraine s’est employé à persécuter les populations russes du pays et à leur interdire l’usage de leur langue.  Au total, ce sont plus de 13 000 personnes qui sont mortes sous les balles et les bombardements des forces ukrainiennes, tandis que les populations visées vivaient dans des conditions inhumaines, a poursuivi la délégation, avant de s’interroger publiquement: pourquoi, pendant toutes ces années, l’Occident n’a pas pensé aux victimes du Donbass?  Pourquoi l’Occident a-t-il soutenu le Gouvernement de Kiev en fermant les yeux sur ses crimes?  Elle a par ailleurs rappelé qu’en 1999, une intervention de l’OTAN contre la Serbie a causé la mort de milliers de personnes et que des milliers de vies ont aussi été perdues en Afghanistan, en Syrie et en Libye. 

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