ECOSOC: Mme Lachezara Stoeva, de la Bulgarie, élue à la présidence de la session 2023, veut promouvoir un multilatéralisme inclusif et en réseau
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a ouvert ce matin sa session de 2023 en procédant à l’élection de son bureau et en adoptant son programme de travail provisoire*. C’est la Représentante permanente de la Bulgarie auprès des Nations Unies, Mme Lachezara Stoeva, qui présidera la prochaine session, prenant ainsi la succession de M. Collen Vixen Kelapile, du Botswana. La nouvelle présidente a énoncé ses sept priorités et notamment son intention de faire, avec les travaux du forum politique de haut niveau et de l’ECOSOC, des contributions efficaces aux préparatifs du Sommet de septembre 2023 sur les objectifs de développement durable (ODD). Elle entend aussi inclure dans ses débats autant la société civile que les États Membres.
Mme Stoeva aura à ses côtés, aux postes de vice-président, MM. Albert Ranganai Chimbindi (Zimbabwe), Arrmanatha Christiawan Nasir (Indonésie) et Maurizio Massari (Italie), élus par acclamation, et Mme Paula Narváez (Chili), élue à la suite d’un vote secret. Elle a reçu 30 voix tandis que M. Carlos Fuller (Bélize) en a reçu 21.
Ces élections se sont faites sur la base du principe de la rotation géographique entre les groupes régionaux, la présidence de la session de 2023 revenant au Groupe des États d’Europe orientale, alors que les quatre vice-présidents du Conseil doivent être issus des quatre groupes régionaux suivants: Afrique; Asie et Pacifique; Europe occidentale et autres États; et Amérique latine et Caraïbes.
Dans une longue intervention inaugurale, la nouvelle Présidente a annoncé ses sept priorités pour la session de 2023 et certaines mesures qu’elle souhaite prendre. Elle a anticipé que l’année à venir sera particulièrement difficile pour le monde, sur toile de fond de la pandémie de COVID-19 « qui n’est clairement pas terminée » et submerge toujours les systèmes de santé et de protection sociale de nombreux pays, et de la guerre en Ukraine qui a provoqué une crise alimentaire, des pénuries d’énergie et des crises financières.
Sa première priorité sera donc de veiller à ce que l’ECOSOC et le forum politique de haut niveau fournissent des orientations politiques solides, innovantes, réalisables et fondées sur des données probantes, afin de freiner et de gérer les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les ODD. À ce sujet, elle a relevé que 50% seulement des pays ont actuellement un plan pour se remettre des impacts de la crise de la COVID-19 sur l’éducation, en insistant sur la nécessité urgente de réformer et renforcer les systèmes de protection sociale et de santé. Elle a recommandé des politiques de relance cohérentes qui répondent à toutes les dimensions et interdépendances des ODD, cela pour relancer une croissance inclusive, renforcer les capacités productives et faire face à la triple crise planétaire des changements climatiques, de la pollution et de la perte de biodiversité.
Sa seconde priorité sera de contribuer à combler le « fossé financier considérable » identifié dans le rapport 2022 sur le financement du développement durable. Notant que cela a considérablement réduit la capacité de nombreux pays en développement à se remettre de la pandémie et à investir dans la reprise et le développement, elle a rappelé que ces pays ne sont pas en mesure de financer, seuls, les investissements nécessaires. Elle s’est inquiétée notamment du niveau de dette atteint par certains des pays les plus pauvres, d’autant plus que la guerre en Ukraine et le resserrement brutal des conditions financières mondiales aggravent les problèmes d’endettement. Dès lors, Mme Stoeva a appelé à trouver sans plus tarder des solutions pour faciliter un règlement efficace et juste de la crise de la dette.
« À moins que nous n’agissions immédiatement, notamment en augmentant le financement abordable à long terme et en mettant à jour l’architecture financière internationale pour refléter l’évolution du paysage mondial et de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la réalisation des ODD pourrait être retardée d’une génération entière », a-t-elle mis en garde. Pour sa part, elle s’appuiera sur les résultats ambitieux du septième forum de l’ECOSOC sur le financement du développement en vue de progresser sur ces problèmes. Elle a également l’intention d’utiliser le forum pour la coopération en matière de développement, en mars, pour faire avancer la prise en compte des risques politiques, dans le but de mieux gérer la reprise à court terme et les risques à long terme.
Sa troisième priorité sera de veiller à ce que le forum politique de haut niveau et l’ECOSOC contribuent efficacement aux préparatifs du Sommet sur les ODD de septembre 2023. Invitant à saisir chaque occasion pour créer une dynamique pour le sommet et raviver la passion qui a caractérisé l’élaboration et la mise en œuvre des ODD, Mme Stoeva a souhaité que ce sommet mobilise les pays et tous les acteurs afin d’adopter de nouvelles stratégies, politiques et actions pour retrouver une trajectoire qui nous mène vers les ODD. Elle a rappelé, à cet égard, que la Déclaration ministérielle de 2022, adoptée il y a quelques jours, appelle à une préparation ambitieuse de ce sommet et invite au passage à assurer la complémentarité entre ce sommet et le Sommet de l’avenir.
Sa quatrième priorité sera de tirer parti du succès de la session consacrée aux affaires humanitaires de cette année pour renforcer le travail de l’ONU et de ses partenaires humanitaires. La communauté internationale doit répondre de toute urgence à l’insécurité alimentaire croissante et prévenir la famine, a martelé Mme Stoeva, qui continuera à se concentrer sur le rôle important des intervenants humanitaires, en particulier les organisations locales, y compris les organisations de femmes. Elle a salué à cette occasion les efforts menés pour placer les populations au centre des réponses humanitaires et pour veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne à tous ceux qui en ont besoin et soit livrée conformément aux principes humanitaires d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance.
La cinquième priorité de Mme Stoeva sera de donner suite aux recommandations du Secrétaire général adressées à l’ECOSOC dans son rapport « Notre Programme commun ». Rappelant que le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale a demandé à l’ECOSOC de faire avancer les recommandations sur la convocation d’un sommet semestriel entre l’ECOSOC, le G20, les institutions financières internationales et le Secrétaire général pour une économie durable, inclusive et résiliente, la nouvelle présidente a dit vouloir réfléchir à tous les aspects du Sommet, y compris aux moyens de le rendre pleinement inclusif. Mme Stoeva a également invité les membres de l’ECOSOC à réfléchir à la manière d’assurer un engagement des jeunes plus significatif, diversifié et efficace dans son travail, en s’appuyant sur son forum de la jeunesse.
Sa sixième priorité sera d’ouvrir davantage la porte de l’ECOSOC non seulement aux jeunes, mais aussi à la société civile et à toutes les parties prenantes. Elle souhaiterait pouvoir le faire dans toutes les réunions du Conseil et renforcer l’engagement du forum politique de haut niveau avec les grands groupes et les autres parties prenantes. Dans le même temps, Mme Stoeva a dit vouloir augmenter le temps consacré aux États Membres et aux parties prenantes pour intervenir lors du forum politique de haut niveau en limitant le nombre de panélistes.
Enfin, sa septième priorité est de mettre en œuvre les recommandations adoptées par l’Assemblée générale en juin 2021 pour réformer le travail de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau.
En outre, elle a dit vouloir encourager la mise en œuvre des recommandations issues de l’examen des travaux des organes subsidiaires qu’elle a dirigés cette année. Ces mesures peuvent véritablement améliorer le travail et l’impact de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires, a estimé la Présidente entrante arguant que l’ECOSOC et le forum politique de haut niveau doivent travailler d’une manière qui montre à quoi ressemble un multilatéralisme inclusif, percutant et en réseau. En effet, son objectif est de faire en sorte que les débats politiques et les résultats des sessions fassent une différence positive dans la vie des gens, y compris les plus pauvres et les plus vulnérables, au niveau des pays.
Elle a conclu en soulignant que l’ECOSOC est particulièrement bien placé pour le faire grâce à son rôle de supervision du système des Nations Unies pour le développement et du Programme 2030, ainsi que grâce à ses orientations en matière d’action humanitaire et sa coordination des agences spécialisées.
Le Conseil a également adopté une résolution sur l’Organisation des travaux de la session de 2023 (E/2023/L.1), tel qu’oralement amendée pour tenir compte de la prolongation d’un jour de la durée du forum de la jeunesse en avril 2023. Les dates sont précisées pour chaque segment de la session de 2023 qui débutera par le forum des partenariats, le 31 janvier 2023, et se finira par le débat de haut niveau et la réunion ministérielle du forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui se tiendront conjointement du 17 au 20 juillet 2023.
*E/2022/1