Session de 2022, Forum politique de haut niveau
16e séance – après-midi
 ECOSOC/7100

ECOSOC: Le forum politique s’achève par l’adoption d’une Déclaration ministérielle « ambitieuse » sur la réalisation du Programme 2030 dans le contexte de pandémie

Le forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est achevé aujourd’hui avec l’adoption par consensus d’une Déclaration ministérielle sur le thème « reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en promouvant la pleine application du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

« Cette déclaration ministérielle ne laisse aucun doute sur l’engagement inébranlable à réaliser le Programme 2030 », a déclaré M. Colleen Kelapile, Président de l’ECOSOC, qui a qualifié de « grand succès » cette édition 2022.  Le délégué de l’Italie, l’un des cofacilitateurs du texte avec Nauru, a loué une « déclaration ambitieuse », contenant des engagements politiques forts, derrière laquelle toutes les délégations peuvent se ranger. 

Un vote a néanmoins été demandé s’agissant de l’adoption du paragraphe 131, qui appelle à des efforts redoublés pour éliminer les obstacles entravant à l’exercice du droit à l’autodétermination pour les peuples vivant sous une occupation coloniale et étrangère, ce qui affecte leur développement socioéconomique.  Au final, 101 délégations ont voté pour le maintien du paragraphe, 41 se sont abstenues tandis que le Canada, Israël et États-Unis ont voté contre. 

Malgré les défis de la pandémie de COVID-19, du fardeau de la dette et des changements climatiques, les États Membres ont décidé de renouveler sans ambages leur engagement envers le Programme 2030 et les ODD, s’est réjouie la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Saluant le fait que 44 pays aient présenté leur examen national volontaire lors de ce forum politique de haut niveau, Mme Amina Mohammed a félicité l’ensemble des participants d’avoir insufflé un nouvel idéal aux Nations Unies et de vouloir en faire une réalité pour le monde entier, que ce soit pour les vaccins, la protection sociale ou la lutte contre les inégalités. 

Il faut aussi une révolution de l’énergie, une réduction des émissions de CO2 et une transition juste, ce qui signifie aussi qu’il importe de refondre le système financier international, tel que préconisé par le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun », a-t-elle ajouté.  Pour le sommet sur les ODD de l’an prochain, il faudra changer la donne et avancer dans un esprit de partenariat, a encore souligné la Vice-Secrétaire générale. 

Le Président de l’ECOSOC a, de plus, estimé que les défis complexes qui menacent les ODD offrent aussi l’opportunité de mener une action multilatérale renouvelée en faveur du développement durable, insistant notamment sur la couverture de santé universelle et l’équité vaccinale, le financement, l’éducation, l’égalité des sexes, ainsi que l’élimination de la violence à l’égard des femmes.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour aider les pays les moins avancés (PMA) à atteindre la sécurité alimentaire.

Tout en saluant l’adoption par consensus de la Déclaration, les délégations ont néanmoins été nombreuses à exprimer des réserves au sujet de certains libellés du texte.  Ainsi, le Pakistan, à l’instar du Venezuela, a regretté qu’un paragraphe distinct sur les mesures coercitives unilatérales n’ait pas été inclus.  « Nous déplorons également l’absence d’un paragraphe sur le droit au développement », a déclaré le délégué pakistanais qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.

Appuyée par le Canada, l’Union européenne a, elle, regretté que la Déclaration ne mette pas suffisamment l’accent sur l’autonomisation des femmes et des filles.  Plusieurs délégations, dont le Saint-Siège, le Qatar et le Nicaragua, ont pour leur part exprimé des réserves concernant l’expression « services de soins de santé sexuelle et reproductive ».  La Hongrie a déclaré ne pas pouvoir appuyer les paragraphes relatifs à la migration, tandis que le Royaume-Uni aurait souhaité un langage plus ambitieux sur les émissions de gaz à effet de serre. 

La Déclaration de 29 pages n’était disponible qu’en langue anglaise au moment de son adoption. 

DÉBAT DE HAUT NIVEAU, Y COMPRIS LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DE TROIS JOURS DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Adoption de la déclaration ministérielle E/HLPF/2022/L.1

Déclaration après vote sur le paragraphe 131

Après le vote sur le paragraphe 131, Israël s’est déclaré préoccupé par les tentatives de politisation du forum politique de haut niveau, alors que la communauté internationale a besoin d’unité.  C’est pourquoi il s’est dissocié du paragraphe 131, tout en soutenant le reste du texte. 

Déclarations et explications de position après l’adoption de la Déclaration ministérielle

À l’issue de l’adoption de la Déclaration, le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a reconnu l’importance d’adopter cette Déclaration ministérielle sur le développement durable alors que les gouvernements continuent de souffrir des incidences de crises multiples.  Affirmant attacher la plus grande importance au traitement des difficultés rencontrées par les pays en développement, il a dit apprécier la mention faite au paragraphe 10 mais a regretté l’absence de référence aux pays et aux peuples qui vivent sous occupation coloniale.  Il a par ailleurs réaffirmé son rejet très ferme des mesures coercitives unilatérales et a regretté qu’un paragraphe distinct sur cette question tiré du paragraphe 30 du Programme 2030 n’ait pas été inclus.  De même, il a déploré l’absence d’un paragraphe sur le droit au développement.  Il a d’autre part regretté que la proposition du Groupe en faveur d’une référence aux responsabilités communes mais différenciées au paragraphe 61 n’ait pas été reprise.  Il a fait savoir que le Groupe ne soutient pas l’expression « pays à revenu intermédiaire vulnérables » utilisée au paragraphe 127, ce terme ne reflétant pas les difficultés que rencontrent ces pays.  Enfin, il s’est dit déçu qu’un vote ait été demandé sur un paragraphe de la Déclaration, estimant que cela envoie un message négatif sur la suite à donner au Programme 2030. 

Le Canada a déclaré que les efforts pour promouvoir le développement durable doivent être basés sur l’égalité entre les genres et le respect des droits humains.  Les femmes doivent avoir le contrôle de toutes les questions se rapportant à leur sexualité.  Le Programme 2030 est très clair sur l’égalité entre les genres, a dit le délégué, en appelant à lutter contre les violences sexistes. 

L’Union européenne a indiqué que cette déclaration imprime un nouvel élan aux efforts en vue de la réalisation des ODD, avant de dénoncer l’agression atroce commise par la Russie et le Bélarus contre l’Ukraine.  La délégation a regretté que la Déclaration ne mette pas l’accent sur l’autonomisation des femmes et des filles et sur l’importance des défenseurs des femmes.  Elle a également déploré l’absence de toute mention des liens entre production alimentaire et perte de biodiversité.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, la Colombie s’est félicitée que la Déclaration ministérielle reconnaisse la nécessité d’atteindre la soutenabilité de la dette à long terme dans les pays en développement et aborde les obstacles pour l’accès aux financements et à la coopération technique.  Elle s’est aussi félicitée que mention soit faite de l’exercice de cartographie qui sera mené par le Secrétaire général pour fournir un aperçu détaillé du soutien dont dispose actuellement les pays à revenu intermédiaire.  Elle a cependant précisé que, concernant le paragraphe 127, le Groupe ne soutient pas la référence aux « pays vulnérables à revenu intermédiaire », qui tend à créer une catégorisation supplémentaire des pays en développement, sur la base d’aucun critère clair ou convenu pour définir leur statut de vulnérabilité. 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Antigua-et-Barbuda a déclaré s’être associé au consensus sur la Déclaration ministérielle mais a regretté que le texte ne soit pas suffisamment équilibré.  Rappelant que les changements climatiques, les difficultés socioéconomiques et les effets de la pandémie représentent de graves menaces pour les ODD, il a déploré que les États Membres n’aient pas cherché des solutions réellement ambitieuses, estimant qu’il aurait été approprié d’opter pour une approche équilibrée qui reflète les défis et besoins des pays les plus vulnérables.  En tant que PEID aux ressources limitées, il a considéré essentiel que les décisions des instances internationales soient des contributions utiles pour tous les pays, jugeant par ailleurs qu’il ne peut être question de réviser ou de redéfinir les ODD.  Il a souhaité qu’il soit davantage tenu compte des inquiétudes légitimes des PEID.

Les États-Unis ont fait savoir qu’ils considèrent la Déclaration ministérielle comme un « document non contraignant ».  Estimant par ailleurs que cette déclaration ne devrait faire référence qu’à des documents négociés en toute transparence par les États Membres, ils se sont dissociés de la mention faite, au paragraphe 74, à la Déclaration de Kunming, qui n’était pas un document négocié reflétant un consensus.  Ils ont d’autre part jugé que l’inclusion du paragraphe 35 du Programme 2030 n’apporte rien au texte et représente une « tentative de politiser » l’important travail réalisé par les États Membres dans le cadre du forum politique de haut niveau.  Ils se sont donc dissociés du paragraphe 131 du texte de cette année.  Pour le reste, ils ont renvoyé aux réserves déjà exprimées par leur délégation au sujet des libellés sur le genre, les droits non reconnus par les instruments des droits humains de l’ONU, le climat, l’évaluation des ODD, le commerce, la propriété intellectuelle, les flux financiers illicites et le Programme 2030. 

La Hongrie a dit avoir soutenu l’adoption de la Déclaration ministérielle en raison des sujets importants qui y sont abordés.  Elle a cependant déclaré ne pas pouvoir appuyer les paragraphes relatifs à la migration, soutenant que celle-ci n’a pas d’impact positif sur la croissance et le développement inclusifs.  Nous ne partageons pas non plus l’idée selon laquelle la migration est la meilleure solution pour répondre aux problèmes d’emploi des pays de destination et pour faire face aux défis auxquels sont confrontés les pays d’origine, a indiqué la délégation.  Au lieu de favoriser les départs des pays d’origine et de faciliter une migration ordonnée, sûre et régulière, nous devrions nous concentrer sur l’aide aux pays tiers au niveau local afin d’assurer que les gens puissent rester dans leur patrie, dans la paix et la prospérité, a-t-elle fait valoir, avant de regretter que le texte distingue certains acteurs et groupes marginalisés, au risque d’exclure d’autres personnes tout aussi vulnérables.  Pour ces raisons, la Hongrie a dit se dissocier du paragraphe 113 de la Déclaration et des passages des paragraphes 11 et 32 relatifs à la migration. 

Le Guatemala a exprimé des réserves sur l’accès universel à la santé sexuelle.  Il a indiqué que sa constitution défend la vie humaine dès la conception, en pointant le manque de consensus international sur le droit à l’avortement.  Il a aussi rappelé que l’utilisation des cours d’eaux internationaux doit être réglée par des traités entre États concernés. 

La Türkiye a souligné l’importance de l’ODD 6, avant de saluer l’inclusion d’une référence aux changements climatiques dans la Déclaration.

La Fédération de Russie s’est félicitée de l’adoption de la Déclaration ministérielle par consensus.  Elle a toutefois jugé que les négociations sur le texte ont pris une tournure différente de ce qui était anticipé.  Selon elle, les crises et les défis qui font l’objet de discussions dans d’autres forums n’ont pas à être traités par le forum politique.  Si des difficultés socioéconomiques et environnementales freinent les ODD, c’est en partie le résultat de mesures unilatérales et d’un manque de solidarité, a-t-elle accusé, estimant qu’il aurait fallu de plus longues discussions pour aborder ces problèmes profondément enracinés.  La délégation a par ailleurs relevé que, si certains pays tentent de politiser le Programme 2030, la Fédération de Russie entend, elle, répondre aux défis du développement durable pas des actions spécifiques.  Pour la délégation, la Déclaration apporte la confirmation d’un effort collectif, notamment pour s’attaquer au problème des stupéfiants et pour prendre en compte les dimensions régionales du développement durable.  Elle a ajouté que, s’agissant du paragraphe 30 du texte, elle continue de prendre en compte les minorités, conformément à la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques.

Le Saint-Siège a exprimé des réserves sur le libellé de la Déclaration portant sur les droits de l’enfant, lesquels doivent, selon lui, être considérés « dans le contexte de la famille, unité fondamentale de la société ».  En outre, s’agissant des efforts visant à promouvoir l’autonomisation des enfants dans la mise en œuvre, le suivi et à la révision du Programme 2030, le Saint-Siège est d’avis que le rôle des parents doit être respecté d’une manière compatible avec l’évolution des capacités de l’enfant.  Il a par ailleurs déploré que la Déclaration ministérielle contienne des termes et des concepts controversés ne bénéficiant pas d’un consensus international, notamment ceux liés à la discrimination.  Le Saint-Siège a également réitéré ses réserves concernant l’expression « services de soins de santé sexuelle et reproductive » et répété qu’il ne considère pas l’avortement comme une « dimension de ce terme ».  Enfin, il a dit comprendre le terme « genre » et ses dérivés comme « fondés sur l’identité sexuelle biologique, c’est-à-dire les deux sexes, masculin et féminin ». 

Au nom d’un groupe de pays, l’Australie a regretté qu’aucun consensus ne se soit fait jour sur le fait que diverses personnes continuent de faire face à la violence sexuelle et sexiste et s’est opposée à la révision du libellé de l’ODD 5.  La même chose s’applique aux ODD 14 et 15, qui ont une importance cruciale au vu de la crise climatique et environnementale que connaît le monde.  Elle a estimé que les PEID et les PMA ont besoin du soutien de la communauté internationale, laquelle doit mener une bataille collective et solidaire en vue d’aider à l’adaptation aux changements climatiques.  Dans la foulée du Pacte de Glasgow, cette Déclaration vient à point nommé mais il reste beaucoup à faire, a-t-elle ajouté, appelant de ses vœux un accord ambitieux sur le nouveau cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.  Enfin, rappelant que nous serons l’an prochain à mi-parcours du processus de réalisation des ODD, elle a souhaité que les États Membres se montrent à la hauteur de l’enjeu et corrigeront le tir afin de devenir plus équitables et plus durables. 

Le Nigéria a appelé à des mesures pratiques pour remédier aux inégalités entre les pays et demandé une révision de l’architecture d’endettement des pays africains.  Il a dénoncé l’insécurité financière dans laquelle vivent ces pays et souligné l’importance de relever le défi des flux financiers illicites.

Le Mexique a regretté que la Déclaration ministérielle présente de « graves lacunes » et « ne reflète pas la réalité du monde contemporain ».  Il est clair, selon lui, que le niveau d’ambition ne sera pas suffisant pour atteindre les ODD.  S’agissant du libellé sur l’égalité des sexes, la délégation a déploré l’absence de mentions de l’importance des données désagrégées par sexe, la décision de dissocier la violence sexiste à l’égard des femmes et des filles qui cherchent une éducation de qualité, ainsi que l’élimination des liens entre les discriminations multiples et croisées et la diversité des identités.  De même, elle s’est déclarée déçue du peu d’intérêt accordé par le texte à l’état d’avancement du Forum d’examen des migrations internationales 2022.  Enfin, elle a jugé que l’incapacité de l’ECOSOC à reconnaître les accords régionaux transformateurs, tels que l’Accord d’Escazú, sont un autre exemple des occasions manquées par cette Déclaration. 

La Chine a estimé que le texte aurait dû insister sur la nécessité d’un ordre économique plus équitable, qui évite les mesures protectionnistes.  Appelant la communauté internationale à tout faire pour encourager les pays en développement à mettre en œuvre le Programme 2030, elle a assuré qu’elle continuera à appliquer son initiative pour le développement mondial afin de contribuer au développement de tous les pays. 

Le Nicaragua a dit s’être associé au consensus sur le texte, mais a jugé qu’il aurait fallu plus de temps pour poursuivre les négociations.  Il a jugé inadmissible qu’aucun paragraphe du texte n’évoque les mesures coercitives unilatérales qui menacent la réalisation du Programme 2030 et qui, en temps de pandémie, relèvent du crime contre l’humanité.  Il a également estimé que les paragraphes sur les droits sexuels et reproductifs ne peuvent être reconnus comme favorables à l’avortement, toute personne ayant droit à la vie dès la conception.  Il a enfin estimé qu’il est important de promouvoir le droit au développement en tant que droit fondamental. 

L’Indonésie a appelé à respecter les priorités nationales de développement.  Elle a dit que certains paragraphes ne reflètent pas le consensus international, notamment ceux relatifs aux discriminations. 

Le Royaume-Uni a reconnu la difficulté des négociations et a fait savoir qu’il aurait souhaité un langage plus ambitieux sur les émissions de gaz à effet de serre.  Il a également souligné l’importance fondamentale de la lutte contre les violences sexospécifiques qui augmentent en temps de crise.  La délégation s’est ensuite prononcée en faveur d’un accès universel aux services de santé reproductive. 

L’Arabie saoudite s’est dissociée des éléments relatifs aux discriminations.  Elle a aussi souligné les divergences en ce qui concerne l’accès aux services de santé reproductive. 

Le Qatar a salué l’adoption de la Déclaration ministérielle, se félicitant notamment du paragraphe du texte qui demande à la communauté internationale de donner la priorité à la mise en œuvre et au suivi du Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés (PMA).  Il a par ailleurs estimé que les services de santé sexuelle et reproductive évoqués aux paragraphes 42 et 45 doivent être considérés à la lumière des législations nationales et religieuses. 

L’Afrique du Sud a regretté qu’à la suite d’un compromis lors de négociations, les paragraphes de la Déclaration relatifs aux changements climatiques ne répondent pas aux préoccupations des pays en développement.  De plus, a-t-elle ajouté, la Déclaration donne au Pacte de Glasgow, qui est un texte non négocié de la COP26, un statut qu’il ne mérite pas, contrairement à l’Accord de Paris sur le climat.  Pour la délégation, la Déclaration n’est pas équilibrée dans la mesure où elle ne parle pas suffisamment des efforts d’atténuation nécessaires et de l’obligation qu’ont les pays développés de fournir de nouvelles sources de financement.  Enfin, s’agissant de l’ODD 5, elle a estimé que le moment est venu d’insister sur l’importance des droits des femmes et des filles, sans que cela devienne une source de division entre les pays. 

L’Égypte a émis des réserves sur le libellé sur les discriminations et sur la notion de minorité religieuse. 

Le Venezuela, qui a approuvé la Déclaration ministérielle, a regretté que la question de l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales en soit absente, malgré les multiples demandes du Groupe des 77 et la Chine.  Ces mesures cruelles et inhumaines attaquent délibérément le droit inaliénable au développement, ce qui finit par entraver la réalisation complète et opportune des ODD, a-t-il dénoncé, regrettant qu’un groupe de pays les appliquent arbitrairement et en toute impunité.  Enfin, s’agissant du paragraphe 60 de la Déclaration se référant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, le Venezuela a fait part de ses réserves, étant donné qu’il n’est pas un État partie à ladite Convention. 

Le Yémen a estimé que la demande d’un vote sur un paragraphe envoie un mauvais signal.  Il s’est dissocié des éléments relatifs aux discriminations et à l’accès aux services de santé reproductive. 

Cuba a dénoncé le manque de transparence des négociations et rappelé leur nature intergouvernementale.  Aucun pilier du développement durable ne doit avoir la priorité, a dit la délégation, en déplorant que certaines questions importantes pour les pays en développement aient été écartées. 

La République islamique d’Iran a indiqué que, bien qu’elle se soit ralliée au consensus sur la Déclaration ministérielle, elle la considère comme un « instrument volontaire et non juridiquement contraignant ».  Elle ne se sent donc aucunement engagée par les éléments de la Déclaration qui sont en contradiction avec ses lois, règlements, législation et politiques, y compris les principes islamiques, les normes culturelles et religieuses, les traditions et les valeurs de la société iranienne.  Elle a d’autre part regretté que la proposition faite par le G77 et la Chine pour l’inclusion du libellé consensuel repris textuellement du paragraphe 30 du Programme 2030 sur les mesures coercitives unilatérales n’ait pas été inclus dans le texte en raison d’une approche biaisée.  La délégation s’est d’autre part dissociée du paragraphe 39 de la Déclaration utilisant le terme non consensuel de « formes multiples et croisées de discrimination ».  Enfin, s’agissant des paragraphes 38 à 50 relatifs à l’ODD 5 et du paragraphe 101 concernant la transition vers des systèmes énergétiques à faibles émissions, elle a réaffirmé que la République islamique d’Iran agit uniquement sur la base de ses propres lois et politiques nationales.

Saluant à son tour l’adoption de la Déclaration ministérielle, l’Iraq a jugé essentiel que les mesures de reprise soient conformes au Programme 2030.  Il a toutefois indiqué que le paragraphe 30 du texte contient une terminologie non précise et doit être considéré à la lumière des législations nationales.  Il a enfin relevé que le terme « formes multiples et intersectionnelles de discrimination » n’est pas consensuel. 

La Libye a jugé regrettable que le paragraphe 131 de la Déclaration ait fait l’objet d’un vote alors qu’il contient un libellé renfermant l’un des principes de la Charte de l’ONU.  Il a par ailleurs exprimé des réserves sur les paragraphes 39 et 133, qui ont des libellés non consensuels sur les « formes multiples et intersectionnelles de discrimination », ainsi que sur les références faites aux services de santé sexuelle et reproductive. 

La République arabe syrienne a dénoncé certaines pratiques qui ont entaché les négociations, déplorant notamment l’inclusion de libellés non consensuels.  Elle s’est dissociée des éléments relatifs aux discriminations et l’accès aux services de santé reproductive.

Déclarations de clôture

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a commencé par avertir que nous n’avons plus de temps à perdre pour inverser les crises multiples qui frappent le monde.  La pandémie de COVID-19 est toujours présente, le fardeau de la dette continue de peser sur un grand nombre de pays et les changements climatiques sont de plus en plus menaçants.  Pourtant, malgré ces défis, les États Membres ont décidé de renouveler sans ambages leur engagement envers le Programme 2030 et les ODD, s’est-elle réjouie, saluant le fait que 44 pays aient présenté leur examen national volontaire lors de ce forum politique de haut niveau et qu’ils fassent de leur mieux pour parvenir à un redressement durable.  Mme Mohammed a félicité l’ensemble des participants à ce forum d’avoir insufflé un nouvel idéal aux Nations Unies et de vouloir en faire une réalité pour le monde entier, que ce soit pour les vaccins, pour la protection sociale ou pour la lutte contre les inégalités.  Il faut aussi une révolution de l’énergie, une réduction des émissions de CO2 et une transition juste, ce qui signifie aussi qu’il importe de refondre le système financier international, tel que préconisé par le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun », a-t-elle ajouté, se disant convaincue que ce forum a permis de s’en rapprocher.  Pour le sommet sur les ODD de l’an prochain, il faudra changer la donne et avancer dans un esprit de partenariat, a conclu la Vice-Secrétaire générale. 

En clôture de l’édition 2022 du forum politique de haut niveau sur le développement durable, qu’il a qualifiée de « grand succès », M. COLLEEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est notamment félicité du fait que 44 pays aient présenté leur examen national volontaire au plus haut niveau de représentation.  Il a déclaré retenir de ce forum politique les messages d’urgence et d’ambition qui y ont été lancés pour inverser les effets négatifs de la COVID-19 sur les ODD; transformer les systèmes socioéconomiques et financiers; aborder les retombées de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire, l’énergie, la finance et l’économie; et lutter contre les changements climatiques, la pollution et la perte de biodiversité.  Ce sont des défis de taille, mais nous connaissons les solutions, a-t-il argué, appelant la communauté internationale à agir dans la solidarité, « en tant que famille mondiale ».  Il s’est réjoui à cet égard que la Déclaration ministérielle, adoptée par consensus, ne laisse aucun doute sur l’engagement inébranlable à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

« Je suis pleinement convaincu que nous pouvons le faire, si nous prenons une action transformatrice immédiate et mettons en place des politiques et des programmes tenant compte des risques », a souligné M. Kelapile.  Il a estimé que les défis complexes qui menacent les ODD offrent aussi l’opportunité de mener une action multilatérale renouvelée et de rechercher des solutions innovantes, avec pour feuille de route le Programme 2030.  Il a également rappelé que, sans une couverture de santé universelle, appuyée par des systèmes de santé appropriés, il ne peut y avoir de développement durable.  Selon lui, la lutte contre la pandémie nécessite une réponse complète, construite autour d’une Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus forte.  Il a ensuite jugé que des fonds publics et privés accrus sont nécessaires pour combler le déficit de financement des ODD.  Pour cela, il est urgent de réformer la finance internationale ainsi que l’architecture de la dette et de la fiscalité.  Il convient aussi d’investir dans l’éducation pour favoriser l’inclusion sociale et le développement économique, a-t-il soutenu, relevant que le Sommet sur la transformation de l’éducation, en septembre, abordera plusieurs obstacles qui entravent la réalisation des ODD.   

Il importe par ailleurs de progresser vers l’égalité des sexes, tout en traitant de manière plus globale les besoins des femmes et des filles, a poursuivi M. Kelapile.  Cela implique, selon lui, d’éradiquer la violence à l’égard des femmes et de prévoir une budgétisation nationale sensible au genre.  Impliquer les autorités locales est également essentiel pour réviser de manière inclusive le Programme 2030, de sorte que les gouvernements nationaux et locaux travaillent ensemble.  De même, il faut garantir l’équité vaccinale et permettre la production de vaccins dans les pays en développement, a-t-il plaidé, non sans rappeler que seulement 19% de la population de l’Afrique est entièrement vaccinée, ce qui est bien en-deçà des 70% recommandés par l’OMS.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour aider les pays les moins avancés (PMA) à atteindre la sécurité alimentaire, procéder à une transformation numérique et renforcer leurs capacités productives.  Un effort doit aussi être fait pour les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il ajouté, se disant encouragé, à ce propos, par les progrès accomplis par le Groupe de haut niveau mis en place pour élaborer un indice de vulnérabilité multidimensionnel.  « J’ai bon espoir que cet indice contribuera à une allocation plus juste et plus efficace des ressources financières », a indiqué le Président de l’ECOSOC, pour qui il convient de mieux comprendre les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire. 

Évoquant ensuite les craintes relatives à la réalisation de l’ODD 14, M. Kelapile s’est réjoui que la récente Conférence des Nations Unies sur les océans ait apporté de nouvelles idées.  On peut mieux faire si l’action océanique est guidée par les sciences et appuyée par des investissements dans la recherche, avec une participation accrue des communautés dans l’élaboration des politiques et la collecte de données.  De même, un programme synergique est nécessaire pour lutter efficacement contre la déforestation mondiale, la dégradation des terres, la perte de biodiversité, l’éradication de la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques, à travers une approche « pansociétale », a-t-il affirmé.  Le Président de l’ECOSOC s’est dit convaincu que ce forum politique de haut niveau a lancé les préparatifs du sommet sur les ODD de 2023, qui se tiendra à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Nous devons donc consacrer toute notre attention et notre énergie pour assurer son succès, afin qu’il marque un point d’inflexion vers la progression des ODD », a-t-il déclaré, avant de conclure sur un hommage appuyé au Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, qui quittera l’ONU à la fin du mois.  « Il a été un pilier solide pour ma présidence et nous a apporté, à moi et aux États Membres, son plein soutien tout au long de son mandat », a-t-il salué en le remerciant pour ses conseils avisés et son attachement aux valeurs de de la Charte de l’ONU.     

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