Forum des partenariats de l’ECOSOC: appels à une mobilisation multipartite et à une volonté politique pour surmonter les obstacles vers un monde durable
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a appelé, ce matin, à « une mobilisation multilatérale et multipartite sans précédent », ancrée dans les 17 objectifs de développement durable (ODD) pour surmonter les conséquences de la pandémie en cours et accélérer les transitions socioéconomiques essentielles qui feront de ces objectifs une réalité. À la séance plénière du forum des partenariats du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), qui se tenait ce jour en format hybride, les États et les autres parties prenantes -aux niveaux mondial, régional, national et local- ont réitéré leur engagement au titre de l’ODD 17 qui promeut des partenariats efficaces et inclusifs entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.
Rappelant qu’aucun pays ou secteur ne peut à lui seul relever les défis, Mme Mohammed a invité le forum à utiliser les ODD comme cadre holistique alors que la pandémie en cours a poussé 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté et que les chocs climatiques ont forcé 30 millions de personnes à fuir leur foyer en 2020. Le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile, a souhaité que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 guide les efforts de relance des gouvernements et acteurs, dont les organisations internationales, le système des Nations Unies, les institutions financières internationales, les parlementaires , les gouvernements locaux, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, la société civile, les scientifiques, les universitaires, les femmes, les jeunes et les autres parties prenantes.
Le Président de l’ECOSOC a vu dans ce forum une occasion unique d’échanger des idées transformatrices et de formuler des recommandations politiques sur les actions nécessaires pour mettre en œuvre les ODD d’ici à 2030. Après avoir noté que le forum des partenariats marque le début d’un cycle qui se conclura avec le forum politique de haut niveau pour le développement durable en juillet 2022, il a remercié les parties provenant de 56 pays qui ont partagé 250 contributions par le biais d’une consultation mondiale en ligne organisée fin 2021.
Alors que les deux hauts responsables se sont inquiétés des conséquences désastreuses de la pandémie de COVID-19 sur les pays en développement et les groupes les plus vulnérables, le Groupe des 77 et de la Chine a prévenu que la reprise restera fragile tant que les vaccins ne seront pas équitablement mis à la disposition de tous.
Sur le même ton, la Directrice exécutive d’Oxfam, Mme Gabriela Bucher, a appelé à mettre fin à un « apartheid vaccinal » qui tue des millions de personnes. La pandémie de COVID-19 a transformé des « failles » d’inégalités en « gouffres », a-t-elle alerté. Elle s’est d’autant plus inquiétée en comparant cette situation avec la hausse des richesses chez les plus riches: les 10 hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune doubler depuis le début de la pandémie tandis qu’un nouveau milliardaire est créé toutes les 26 heures, selon le dernier rapport d’Oxfam sur l’état des inégalités dans le monde.
Réagissant aux accusations d’apartheid vaccinal, la France, qui parlait au nom de l’Union européenne (UE), a indiqué que l’accès mondial aux vaccins et le renforcement des systèmes de santé seront au cœur du prochain « sommet Union européenne-Union africaine » à Bruxelles les 17 et 18 février. Afin de tenir notre promesse collective de « ne laisser personne de côté », le système multilatéral doit avant tout répondre aux besoins des pays les moins avancés, qui ont souffert de manière disproportionnée de la pandémie et sont les plus éloignés des ODD, a-t-il insisté avant d’annoncer que le nouveau programme d’action de Doha, qui doit être approuvé sous peu, sera une étape importante dans la concrétisation de l’engagement de la communauté internationale.
« Le Programme 2030 ne peut pas être entre les seules mains des gouvernements », a résumé l’Égypte en faisant remarquer que, avant même la pandémie, les pays en développement avaient du mal à atteindre les ODD. L’ensemble des délégations qui sont intervenues, dont les grands groupes des « jeunes » et des « femmes », ont misé sur les discussions d’aujourd’hui pour que les partenariats entre toutes les parties prenantes répondent aux besoins spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays en développement sans littoral.
L’avis des experts en provenance de pays en développement doit être pris en compte, a conseillé à cet égard la Fédération de Russie après avoir mis en garde contre le « ODD Washing » qui exige d’adopter des approches méthodologiques communes autour de la question du financement. Le Groupe des 77 et de la Chine a reconnu que de nouveaux mécanismes de financement sont nécessaires et a appelé à alléger la dette des pays les plus vulnérables. Un avis partagé par la Directrice exécutive d’Oxfam qui a regretté l’austérité budgétaire prônée par le FMI.
Outre la lutte pour la vaccination contre la COVID-19 et la poursuite des ODD, les partenariats ont été réclamés pour combattre les changements climatiques et, pour cela, atteindre l’objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an, dans le contexte des engagements du Pacte de Glasgow pour le climat. Car quelle que soit l’ampleur de la crise de COVID-19, cela n’est rien en comparaison à la crise climatique à nos portes, a noté Mme Bucher en soulignant ce débat profondément « politique ».
La journée était divisée en de multiples sessions informelles, « coup de projecteur » ou « échange de partenariats », dont une sur le rôle vital des administrations locales et régionales. Le matin, le Gouvernement autonome basque avait souligné à ce propos la valeur ajoutée décisive des collectivités régionales et locales pour accélérer la mise en œuvre des ODD, tandis que la Directrice générale de Bioregional, intervenue en fin de journée, a témoigné au nom d’un réseau mondial de 1 000 entrepreneurs sociaux (Catalyst 2030) de leurs actions en faveur d’un développement économique local durable. De nombreux intervenants ont insisté en particulier sur le rôle des villes pour relever le défi de la pandémie.
À la séance de clôture, Mme Maria-Francesca Spatolisano, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a salué le message clair des différents secteurs, notamment sur la nécessité d’une volonté politique forte. L’ECOSOC se réunira demain, jeudi 3 février, pour entamer sa session de deux jours sur les questions de coordination.
FORUM DES PARTENARIATS
« Reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »
Déclarations liminaires
Ouvrant le forum des partenariats du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) qui marque le début du cycle annuel des travaux dudit conseil, son Président, M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), a souhaité que ces discussions viennent enrichir les travaux de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires dans les mois qui conduiront à l’édition 2022 du forum politique de haut niveau pour le développement durable (HLPF), en juillet. Il s’est inquiété des conséquences de la pandémie de COVID-19 qui, depuis deux ans, a mis à nu les déséquilibres structurels du système financier mondial avec des conséquences désastreuses sur les pays en développement et les groupes les plus vulnérables dont les personnes handicapées, les autochtones, les personnes âgées, les migrants, les réfugiés et les personnes ayant des responsabilités familiales.
Notant que l’inégalité d’accès aux vaccins continue de ralentir la reprise, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a prévenu que le reprise restera fragile, tant que les vaccins ne seront pas équitablement mis à la disposition de tous, dans tous les pays.
M. Kelapile a souligné que le monde est confronté à trois crises planétaires en citant les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution, et un nombre croissant de conflits qui nécessitent une action urgente de la communauté mondiale. Pour garantir que nos sociétés se rétablissent de manière plus juste et plus durable, le Président de l’ECOSOC a souhaité que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 objectifs de développement durable (ODD) guident les efforts de relance de tous les gouvernements et acteurs, dont les organisations internationales, le système des Nations Unies, les institutions financières internationales, les parlementaires , les gouvernements locaux, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, la société civile, les scientifiques, les universitaires, les femmes, les jeunes et les autres parties prenantes.
Dans ce contexte, il s’est dit persuadé que le forum des partenariats de l’ECOSOC -dont le mandat a été réorienté par la résolution 75/290A de l’Assemblée générale- offrira aux gouvernements et aux parties prenantes une occasion unique d’échanger des idées transformatrices et de formuler des recommandations politiques sur les actions nécessaires pour relancer la mise en œuvre des ODD d’ici à 2030. Il a remercié les parties prenantes qui ont partagé leurs points de vue, par le biais du processus de consultation mondiale en ligne organisé fin 2021 qui a permis de recueillir plus de 250 contributions des parties prenantes de 56 pays.
Mettant l’accent l’interconnectivité et la nature transversale des ODD, le Président de l’ECOSOC a appelé à examiner comment mieux soutenir les groupes vulnérables, en particulier ceux qui ne sont pas joignables par les moyens de communication modernes, et comment garantir l’égalité des sexes, une éducation de qualité et l’équité en matière d’accès aux vaccins.
Notant que la pandémie a mis en évidence la nécessité de changer notre façon de vivre, de produire, de consommer, d’interagir les uns avec les autres et avec la nature, M. Kelapile a appelé à mobiliser la science et la technologie pour partager et exploiter les idées les plus audacieuses et innovantes pour faire progresser les ODD et combler les inégalités entre et au sein des pays.
Mais avant tout, il a appelé à raviver un véritable esprit de multilatéralisme et de coopération internationale, ancré dans la solidarité entre les pays et entre les peuples. C’est pourquoi il a espéré que les discussions d’aujourd’hui traceront une meilleure voie en direction de véritables partenariats entre toutes les parties prenantes, pour un impact plus important là où des actions sont nécessaires de toute urgence pour relever efficacement les défis communs.
Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a déclaré que deux ans après le début de la pandémie, la souffrance humaine et les pertes de toutes sortes se poursuivent. La pandémie de COVID-19 a ajouté de la complexité à ce qui était déjà un paysage sombre dans nos efforts pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle relevé. Elle a souligné que la pandémie a contribué à creuser les inégalités entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci, poussant quelque 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté et inversant les progrès en matière d’éducation des jeunes et d’égalité des sexes.
Dans le même temps, a poursuivi Mme Mohammed, les chocs climatiques ont forcé 30 millions de personnes à fuir leur foyer en 2020. La conséquence des engagements climatiques insuffisants est que nous nous dirigeons vers une augmentation de près de 14% des émissions mondiales au cours de la décennie actuelle, alors que nous avons besoin d’une réduction de 45%, s’est-elle alarmée.
La Vice-Secrétaire générale a appelé à renverser la situation, faisant remarquer que le concept de partenariat mondial est né en temps de crise. Il repose sur la prise de conscience qu’aucun pays ou secteur ne peut à lui seul relever les défis mondiaux, a-t-elle rappelé en faisant appel à « une mobilisation multilatérale et multipartite sans précédent », ancrée dans les 17 ODD pour surmonter les conséquences de la pandémie de COVID-19 et accélérer les transitions socioéconomiques essentielles qui feront des objectifs une réalité.
Dans Notre Programme commun, a-t-elle rappelé, le Secrétaire général a appelé à renforcer les partenariats à travers un engagement plus fort et plus systémique de tous les acteurs. Cela signifie qu’il faut créer un espace plus large et un engagement réel pour les jeunes, la société civile, les entreprises, les autorités locales et d’autres afin de mieux éclairer notre travail aux Nations Unies et de mieux soutenir les progrès de nos cadres intergouvernementaux, a expliqué Mme Mohammed.
Selon elle, ces efforts de partenariat peuvent contribuer à renforcer la confiance et la cohésion, à tirer parti du potentiel de tous les acteurs du développement et à créer des effets positifs au profit de tous, en particulier des pays et des peuples les plus vulnérables et marginalisés. En utilisant les ODD comme cadre holistique, le forum des partenariats de l’ECOSOC peut nous aider à progresser vers une meilleure reprise et une accélération des progrès vers les ODD au cours du reste de la Décennie d’action, a conclu la Vice-Secrétaire générale.
Mme GABRIELA BUCHER, Directrice exécutive d’Oxfam, a rappelé que même avant la pandémie, 3,4 milliards de personnes vivaient avec moins de 5,50 dollars par jour tandis que les milliardaires ont amassé des richesses incroyables; 10 000 personnes mouraient chaque jour en raison d’un accès inégal aux soins de santé et des dizaines de millions de filles n’étaient pas scolarisées. La pandémie de COVID-19 a transformé ces fissures d’inégalités en gouffres, et les inégalités elles-mêmes n’ont fait que renforcer les effets de la pandémie, a-t-elle constaté. Pas plus tard que la semaine dernière, Oxfam a publié son rapport annuel sur l’état des inégalités dans le monde, a-t-elle signalé. Les titres de ce rapport révèlent que depuis le début de la pandémie, un nouveau milliardaire est créé toutes les 26 heures; les 10 hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune doubler; l’augmentation de la richesse des milliardaires pendant la COVID-19 est la plus importante de l’histoire alors que dans le même temps les revenus de 99% de l’humanité ont baissé et l’écart entre les nations riches et pauvres est à nouveau en hausse pour la première fois depuis une génération. La pauvreté a également augmenté pour la première fois en des décennies, et tout indique que les inégalités sont susceptibles d’augmenter dans presque tous les pays pour la première fois dans l’histoire. En collaboration avec Oxfam, la Banque mondiale a estimé qu’à moins que les inégalités ne soient traitées, il est tout à fait possible qu’il y ait plus de personnes vivant dans la pauvreté en 2030 qu’à la veille de la pandémie, ce qui signifie qu’on aura perdu une décennie, s’est alarmée Mme Bucher.
La COVID-19 a également provoqué une augmentation de la violence sexiste, poussé les femmes hors du marché du travail et augmenté le nombre de mariages précoces forcés pour les filles, a poursuivi l’intervenante. Elle a souligné que cette pandémie a mis en évidence à quel point les femmes sont essentielles pour relever les défis collectifs, même si elles sont souvent laissées pour compte dans les solutions.
C’est la raison pour laquelle le rapport d’Oxfam s’intitule « L’inégalité tue », a expliqué sa représentante. Selon les calculs de l’organisation, l’inégalité contribue à la mort d’une personne toutes les quatre secondes, par exemple lorsque la lutte contre la violence sexiste est sous-financée et non priorisée ou lorsque l’accès aux soins de santé de qualité est un privilège pour les riches et non un droit pour tous. L’apartheid vaccinal est peut-être l’exemple le plus clair de la façon dont l’inégalité tue des millions à l’heure où nous parlons, s’est emportée Mme Bucher. Elle a accusé les pays riches de thésauriser les vaccins et de protéger le monopole des sociétés pharmaceutiques, ce qui limite l’offre mondiale de vaccins. « Le résultat? Moins de 3% des habitants des pays à faible revenu sont pleinement vaccinés. » Par conséquent, nous sommes tous moins en sécurité à cause des nouveaux variants qui surgissent inévitablement, a-t-elle prévenu.
Il est illusoire, selon elle, de penser qu’il est possible de commencer le travail vital de la reconstruction en mieux tant que les fondations ne sont pas les mêmes pour tous. Il faut que les vaccins deviennent des biens publics pour tous, et non des opportunités de profit privé pour quelques-uns, a-t-elle exigé. Les nations riches doivent assurer la distribution équitable des doses de vaccin et insister sur le fait que la propriété intellectuelle et la technologie doivent être partagées ouvertement, par exemple en partageant la composition du vaccin de Moderna avec les 100 producteurs qualifiés dans le monde qui pourraient fabriquer des vaccins à ARNm en ce moment. Mais au-delà de la fin de l’apartheid vaccinal et de cette maladie cruelle, Mme Bucher est d’avis qu’il y a d’autres mesures claires à prendre.
Elle a parlé des moyens nécessaires pour récupérer les énormes gains réalisés « au sommet de l’économie » et utiliser ces ressources pour sauver des vies et réduire les inégalités. Par exemple, a proposé Mme Bucher, il y a un énorme potentiel avec un impôt de solidarité unique sur les plus riches qui, une fois en place, devrait évoluer en impôt permanent sur le capital et la richesse, comme l’a fait valoir le Fonds monétaire international (FMI). Mettons l’argent des milliardaires à profit pour financer la course pour atteindre les ODD et la réduction radicale des inégalités, a proposé l’intervenante en mettant l’accent sur le financement de la santé universelle, la protection sociale et la lutte contre la violence, mais aussi la transition des combustibles fossiles et des communautés pour qu’elles puissent s’adapter aux changements climatiques.
Ces mesures et bien d’autres peuvent être prises pour réduire les inégalités et atteindre les ODD, a martelé l’intervenante mais au lieu de cela, de façon inquiétante et sous la pression du FMI, de nombreux pays sont contraints de réduire leurs dépenses, ce qui aggrave les dégâts causés par la pandémie. Le FMI encourage l’austérité dans plus de 70 pays alors que le fardeau de la dette des pays en développement continue de grimper et détourne les ressources vitales des écoles et des hôpitaux pour payer les riches créanciers étrangers, s’est indignée Mme Bucher. Mais il n’est pas trop tard, a-t-elle affirmé. « Nous pouvons apprendre de la manière épouvantable avec laquelle nous avons géré la pandémie en 2021 et agir différemment à partir de maintenant. » Elle a espéré que le monde apprendra des maux documentés de l’austérité pour ne plus forcer les pays à emprunter cette route. Nous pouvons apprendre de l’incroyable impact que les augmentations de salaire et les dépenses consacrées aux services publics et à la protection sociale ont eu d’un pays à l’autre, a-t-elle espéré, voulant aussi apprendre de l’annulation des dettes dans le passé, et comment cela a donné aux gouvernements la liberté d’investir dans un avenir meilleur.
C’est impératif, selon Oxfam, parce que quel que soit l’ampleur de la crise de COVID-19, ce n’est rien en comparaison à la crise climatique qui est à nos portes, a mis en garde sa représentante. Elle a espéré que rien de tout cela n’arrivera si nous nous battons pour cela. Il ne s’agit pas d’un débat technique mais bien d’un débat profondément politique, a martelé Mme Bucher. Elle a assuré qu’Oxfam, avec ses alliés, est déterminé à mener ce combat pour prévenir l’explosion des inégalités et construire un monde plus juste et plus égalitaire.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a fait observer que nous sommes face à trois défis, en citant la pandémie de COVID-19, la lutte contre les changements climatiques et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Il a jugé indispensable d’appuyer la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en gardant à l’esprit que les pays en développement ont été touchés de manière disproportionnée par la crise sanitaire. Face à cette réalité, il a jugé indispensable de garantir un accès équitable aux vaccins et de permettre aux pays en développement de disposer de la marge fiscale nécessaire pour reconstruire. Pour ce faire, il a appelé à alléger la dette et à mettre en place de nouveaux mécanismes de financement afin de protéger les plus vulnérables des effets de la crise.
Par ailleurs, il a souligné l’importance de faire des investissements pour lutter contre les changements climatiques en phase avec les engagements de l’Accord de Paris et les engagements renforcés pris à la COP26 et dans le « Pacte de Glasgow pour le climat », avant de rappeler l’engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an. En outre, il a demandé de bien prendre en compte les besoins spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays en développement sans littoral. Il a souligné la nécessité de relancer les partenariats internationaux au profit du développement dans un esprit de solidarité conforme à l’ODD 17, qui vise justement de tels partenariats.
Mme MCDOWELL (Nouvelle-Zélande) a dit que le partenariat se trouve dans l’ADN de sa délégation. Pour la Nouvelle-Zélande, il est clair que le relèvement après la pandémie exige un partenariat efficace et innovant. Il faut le mettre au cœur de nos engagements à réaliser les ODD, a recommandé la représentante. Pour agir efficacement et créer une résilience sur le long terme, elle a conseillé de s’appuyer sur les atouts de chaque participant, en particulier ceux qui interviennent dans les domaines prioritaires comme la santé et l’éducation. Mme McDowell a promis de continuer à agir en ce sens en partenariat avec les États Membres, la société civile, les jeunes et les populations autochtones.
M. MMUSI KGAFELA, Ministre de l’investissement, du commerce et de l’industrie du Botswana, a fait remarquer que la réunion d’aujourd’hui intervient à un moment critique alors que les pays continuent de lutter contre l’impact de la pandémie de COVID-19 tout en essayant de progresser sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable. Décrivant le forum des partenariats comme une plateforme d’idées pour le partage d’expériences et l’apprentissage par les pairs, il a souligné les graves conséquences qu’entraîne la pandémie sur l’économie du Botswana, qui menacent également les progrès réalisés dans l’éradication de la pauvreté. Le plan gouvernemental de relance et de transformation économiques vise à soutenir la reprise, à renforcer la résilience et à introduire un soutien vital, a-t-il expliqué. Notant que 72,6% de la population du Botswana est désormais entièrement vaccinée contre la COVID-19 et que de nombreuses personnes ont également reçu une dose de rappel, il a poursuivi en décrivant les efforts de son pays pour « reconstruire en mieux », de manière plus verte et plus durable. « Les choix politiques que nous faisons maintenant façonneront profondément l’avenir de nos communautés et de nos peuples. » Le Ministre a, enfin, souligné la nécessité pour tous les pays du monde de mieux se coordonner dans des domaines tels que la finance et le commerce.
Au nom du groupe « Jeunes femmes et leaders pour la paix », Mme LYNROSE JANE GENON, des Philippines, a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devait être au cœur de toutes les priorités. Elle a appelé à entendre la voix des jeunes qui font partie des groupes les plus touchés par les conséquences économiques et sociales de la pandémie. Elle a aussi rappelé que les jeunes femmes sont en première ligne de la réponse à nos défis avant de regretter que leurs efforts ne soient pas reconnus. Enfin, elle a estimé que la pandémie de COVID-19 nous rappelle qu’il est indispensable d’intégrer les femmes à tous les processus de développement économique et social.
M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a déclaré que la participation de différents partenaires permet d’avoir différents engagements pour faire face aux problèmes d’aujourd’hui. Il a été d’avis que le partenariat doit être une politique d’État parce qu’il aide à faire converger le travail des parties prenantes pour lutter contre la pauvreté. Le Gouvernement du Chili a créé le Bureau de lutte contre la COVID-19 rassemblant tous les acteurs de la santé publique, a-t-il donné en exemple en expliquant que cela ouvre un espace de dialogue en vue d’élaborer des recommandations au Gouvernement. Il a mentionné également qu’un partenariat entre des universités et l’industrie pharmaceutique a vu le jour en 2020 pour lutter contre la COVID-19.
M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a appelé à réfléchir à la manière de définir une nouvelle voie politique et sociale pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable dans le monde. Le travail de l’ECOSOC doit être guidé par le principe de ne laisser personne de côté, a-t-il rappelé. Notant que la pandémie a creusé les écarts entre les riches et les pauvres, le représentant a exhorté à mieux protéger les groupes les plus vulnérables qui sont aussi les plus frappés par la pandémie. Le représentant a aussi défendu le principe de la cohérence politique alors que la pandémie a sapé l’ensemble des objectifs de développement durable en soulignant que le développement durable est un concept et que l’ensemble des objectifs fixés doivent être atteints. Il a souligné le rôle des partenariats pour y arriver et plaidé pour plus de solidarité.
Le représentant de l’Égypte a rappelé qu’avant même la pandémie, les pays en développement avaient du mal à atteindre les objectifs de développement durable, et qu’aujourd’hui « c’est devenu une tâche impossible dans les délais imposés ». Il faut par conséquent promouvoir les partenariats et mettre l’accent sur l’idée que le Programme 2030 ne peut pas être entre les seules mains des gouvernements. Le monde ensemble doit œuvrer à créer des synergies et éviter les doublons, a-t-il recommandé. Il a dit que l’Égypte a engagé des partenariats dans ses efforts de développement en misant notamment sur la protection sociale et l’attraction de financements privés à travers le Fonds pour le développement ou encore la coopération Sud-Sud.
Au nom du grand groupe des femmes, Mme ELENA MARMO, des États-Unis, a jugé urgent de renforcer de manière systémique le secteur public afin de remettre en cause un système qui favorise les grandes entreprises. « Il est temps pour les États Membres de récupérer leur pouvoir de régulation sur les grandes entreprises qui menacent les droits des personnes, a dit la représentant avant d’appeler à privilégier une gouvernance multilatérale plutôt que des partenariats.
M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a appelé à surmonter les conséquences de la pandémie de COVID-19 et à assurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) en collaborant avec un vaste panel d’acteurs nationaux et internationaux. Il a souligné la nécessité d’encourager une action collective à travers un dialogue de fond avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mettant l’accent sur le rôle de l’ECOSOC pour promouvoir la stabilité et la résilience, le représentant a appelé à l’organisation d’une manifestation consacrée aux mesures structurelles pour prévenir les activités criminelles. Enfin, il a jugé prioritaire de promouvoir les liens entre l’ECOSOC et la société civile qui a été particulièrement affectée par la pandémie.
M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a jugé nécessaire, après deux ans de pandémie, de participer aux efforts de reconstruction des systèmes de santé nationaux pour aider les populations à se relever. Selon lui, il faut maintenant promouvoir des mesures plus concrètes et stratégiques pour réaliser les ODD et être mieux préparés à de futures crises humanitaires. Il a également plaidé pour un investissement dans l’accès aux technologies en s’appuyant sur la coopération Sud-Sud. Dans ce contexte, il a appelé à renforcer les efforts internationaux du secteur privé, des gouvernements et de la société civile pour accélérer le rythme des efforts, effacer les revers et aller de l’avant.
M. BORIS A. MESCHCHANOV (Fédération de Russie) a demandé de se mettre d’accord sur des approches méthodologiques communes autour de la question du financement pour éviter le « ODD Washing ». Dans ce contexte, l’avis des experts en provenance de pays en développement doit être pris en compte, a-t-il recommandé. Il a rappelé qu’en Deuxième Commission, sa délégation avait proposé d’étendre la participation des ONG à la question des sanctions. Il a regretté que cette proposition n’ait pas été retenue.
M. JONAN FERNÁNDEZ, représentant du Gouvernement basque et du grand groupe des autorités locales, a estimé que les partenariats sont essentiels pour répondre aux crises, notamment à celle liée à la pandémie actuelle. Il a toutefois constaté que leur mise en œuvre n’est pas suffisamment rapide pour être efficace. À ses yeux, la participation des villes et des régions est indispensable pour appliquer une approche territoriale en matière de développement durable. C’est pourquoi, a-t-il dit, le groupe appelle à une participation équitable des autorités locales aux discussions onusiennes, qui, selon lui, se doivent désormais d’associer les villes et les réseaux de régions. En conclusion, le représentant a souhaité que la communauté internationale s’appuie sur l’expérience des villes et des régions pour faire avancer la réalisation du Programme 2030.
M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a tout d’abord constaté que la pandémie de COVID-19 a effacé des années de progrès en matière de développement durable. À cette aune, appliquer le Programme 2030 à tous les niveaux passe par des partenariats mondiaux revitalisés, a-t-il souligné, jugeant que cela doit notamment prendre la forme d’une assistance aux pays en développement, via un renforcement de leurs capacités et une aide au financement. Dans ce cadre, le délégué a jugé essentiel d’accroître l’implication du secteur privé et de renforcer le rôle des Nations Unies dans le système des partenariats. À cet égard, il a rappelé que l’un des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), instaurée à l’initiative de son pays, est de renforcer les partenariats dans ce domaine. Il a ajouté qu’en 2023 se tiendra la première conférence des Nations Unies sur l’eau depuis 50 ans et qu’à cette occasion, il importera d’améliorer la coopération internationale et d’augmenter la capacité des pays en butte à des problèmes hydriques. Avant de conclure, il a plaidé pour la création de partenariats réciproques, pour le renforcement général de la confiance et aussi pour la conclusion d’accords convenant à toutes les parties concernées.
M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a rappelé que le format renforcé du forum des partenariats figurait parmi les propositions visant à rassembler tous les acteurs de l’ECOSOC et à faire en sorte que l’ensemble du système de l’ECOSOC fonctionne à l’unisson dans les préparatifs du forum politique de haut niveau. « Nous avons besoin que tout le monde soit dans la même barque et tienne ses promesses de réaliser le Programme 2030. » Le représentant a salué l’engagement actif de groupes différents et nombreux à ce forum. Il y a vu une chance de donner une impulsion pour que de nouveaux partenariats se forment au cours de l’année. Le représentant a salué le fait que les recommandations des parties prenantes concernant l’orientation thématique du forum aient été prises en compte et soient reflétées dans des sessions se tenant aujourd’hui sur les thèmes « Promotion de l’équité vaccinale » et « Réduction de la fracture numérique ».
M. INCARNATO (Italie) a fait valoir que les efforts menés en vue de renforcer les partenariats peuvent aider à réaliser l’objectif principal de ne laisser personne de côté. Ils peuvent aussi renforcer le travail des institutions internationales avec le secteur privé et la société civile, a-t-il ajouté. Le partenariat est au cœur de la coopération en faveur du développement de l’Italie, a témoigné le représentant. Il a fait la promotion du multilatéralisme et du partenariat à l’ONU, en soulignant qu’ils ont notamment aboutit à la création du Mécanisme COVAX. Le représentant a également souligné que partenariat et multilatéralisme contribuent à la promotion de la durabilité et de la pratique responsable des entreprises dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Le délégué a terminé en faisant observer que la participation de la société civile élève la qualité des travaux de l’ECOSOC et contribue à la transparence.
Mme ALEJANDRA CASTRO, au nom du grand groupe des entreprises et de l’industrie, a salué la tenue du forum des partenariats et souligné l’importance du Programme 2030, qui est accessible pour les entreprises de toutes nationalités, de toutes tailles et de tous secteurs. Le secteur privé a été en première ligne dans la lutte contre la pandémie, a-t-elle fait observer, en soulignant son rôle dans la recherche d’un vaccin et la formation des employés du secteur sanitaire. Elle s’est dite préoccupée par les retards pris dans la mise en œuvre des ODD et par la remise en cause des gains de développement à cause de la pandémie. Le secteur privé est prêt à travailler main dans la main avec la communauté internationale pour se relever en mieux, a assuré Mme Castro.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a soutenu fermement une participation accrue, dans toutes les sphères d’activité de l’ECOSOC, de toutes les parties prenantes, notamment les groupes de femmes et les représentants des droits de l’homme, le secteur privé et le monde universitaire. La crise multidimensionnelle provoquée par la pandémie de COVID-19 se poursuit, plus de deux ans après son déclenchement, a poursuivi le délégué en faisant remarquer son impact considérable, qui touche les trois dimensions du développement durable, a exacerbé les vulnérabilités dans le monde entier et menace les gains durement acquis dans la mise en œuvre des ODD. Il a jugé ces graves revers « très préoccupants » pour la communauté internationale, en ajoutant qu’ils mettent clairement en évidence la nécessité d’un système multilatéral plus fort, capable de s’attaquer aux problèmes mondiaux de manière efficace et coordonnée. En cette période cruciale, le Programme 2030 est plus que jamais notre feuille de route collective pour parvenir à une relance mondiale durable, inclusive, résiliente et juste, a estimé M. de Rivière. Pour lui, le plus urgent est de mettre fin à la fracture vaccinale mondiale et de garantir un accès équitable à des vaccins de qualité, sûrs et abordables dans le monde entier. « Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. »
M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a rappelé que la résolution 75/290 de l’Assemblée générale demande des mesures pour créer des partenariats en vue de parvenir à réaliser les objectifs de développement durable. Pour 2022, on s’attend à un ralentissement de la croissance au niveau mondiale, a-t-il souligné ajoutant que la pandémie n’a fait que révéler les inégalités croissantes entre nations. Il a donc misé sur le forum des partenariats pour relancer ces partenariats multipartites et pour permettre le partage des technologies et des ressources financières au service de la réalisation des objectifs de développement durable. Cela doit commencer par des partenariats pour que tous aient un accès équitable aux vaccins, a martelé le représentant en appelant aussi à les utiliser pour réduire le fossé numérique. Il faut également développer des partenariats multisectoriels directs et garantir une meilleure participation des femmes et des filles à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il conclu.
M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) a regretté que la Décennie d’action pour atteindre les objectifs mondiaux du Programme 2030 ait coïncidé avec la pandémie de COVID-19, qui a inversé les progrès dans un grand nombre de domaines. La pandémie a montré que les partenariats étaient plus nécessaires que jamais, a-t-il fait valoir en appelant à trouver des voies non seulement pour mobiliser les ressources et les compétences entrepreneuriales, mais aussi pour s’appuyer sur le secteur privé, le monde universitaire et la société civile dans la réalisation des ODD. Le forum des partenariats peut contribuer à donner l’élan nécessaire à cela, a-t-il conclu.
Intervenant au nom du grand groupe de la communauté scientifique et technique, M. PATRICK PAUL WALSH, représentant de l’Université de Dublin, a formulé trois recommandations pour renforcer le rôle de la science dans la réalisation des cibles de l’ODD 17. Tout d’abord, notant que la connaissance n’est pas toujours libre d’accès ou orientée vers le bien public, il a appelé à intégrer la « science ouverte » pour les ODD dans les Interventions en cas d’urgence sanitaire (HEI) en tant que norme. Ensuite, a-t-il poursuivi, les HEI doivent être incitées à renforcer les capacités des institutions des pays du Sud, et les connaissances relatives aux HEI diffusées et partagées à grande vitesse, comme nous l’avons constaté pendant la crise du COVID-19. « Les universités doivent se servir de mécanismes efficaces, y compris l’innovation numérique, pour fournir des interfaces de politique scientifique efficaces à tous les niveaux de gouvernement », a conclu l’intervenant.
Mme MERIEM EL HILALI (Maroc) a déclaré que la tenue de ce forum est une excellente idée pour susciter les idées au sein de l’ECOSOC et accélérer la mise en œuvre des ODD. Il a fait état de l’initiative lancée par son pays, appelée « Le Maroc, maintenant », dont l’un des objectifs est de générer des investissements et de progresser intelligemment dans le cadre de partenariats qui, a-t-il expliqué, seront mis en œuvre sur le terrain, pour faire la différence dans les vies de nos concitoyens.
M. LIQUN LIU (Chine) a noté que le monde connaît des changements profonds, alors que l’époque actuelle est marquée par une pandémie aux conséquences désastreuses. Dans ce contexte, la polarisation s’accroît et le fossé se creuse en matière de relèvement, a-t-il ajouté, observant que la crise liée à la COVID-19 a plongé les pays en développement dans des difficultés incommensurables, qui empêchent les populations de se remettre pour atteindre le développement durable. Il a donc appelé à une mobilisation collective des moyens et des ressources pour contribuer à une reconstruction durable et inclusive des pays les plus touchés. La communauté internationale doit les soutenir et les aider à se relever, a insisté le délégué, avant de souligner les efforts déployés par son pays en matière vaccinale. La Chine a ainsi fourni plus de deux milliards de doses de vaccin à des pays en difficulté, a-t-il indiqué, ajoutant qu’elle prévoit en outre de faire don cette année de 100 millions de doses aux pays de l’ASEAN et de 600 millions de doses aux pays africains. Le reste de l’aide chinoise prendra la forme de vaccins coproduits, a encore précisé le représentant, avant de réitérer l’appel de son gouvernement à la communauté internationale pour qu’elle travaille « main dans la main » pour construire un développement plus vert et plus inclusif, avec l’appui du monde de l’entreprise et de la société civile.
M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a rappelé que le Programme 2030 a défini une « feuille de route » pour les États, avec la participation de toutes les parties prenantes et des populations. Alors que la pandémie a mis les économies et les systèmes de santé à l’épreuve, nous voulons reconstruire en mieux et il nous faut pour cela des partenariats « plus forts », en premier lieu pour permettre de « vacciner tout le monde partout », a-t-il plaidé. Qualifiant à cet égard le Mécanisme COVAX de « bon partenariat », il a appelé la communauté mondiale à tout faire pour qu’il ne se transforme pas en échec. Pour le représentant, il faut aussi renforcer la coopération internationale pour permettre des transferts de technologie, une levée des brevets sur les vaccins et une augmentation des capacités de production dans les pays en développement. Il convient en outre de faire montre de plus d’ambitions sur le plan climatique en vue de la COP27, qui se tiendra en Égypte en novembre prochain, a poursuivi le délégué, avant de constater que la pandémie a aussi révélé le fossé numérique grandissant entre les pays développés et le monde en développement, ainsi que les « occasions manquées » en matière de connectivité. Notant avec satisfaction que l’initiative onusienne « Notre Programme commun » formule l’ambition d’un « pacte numérique » mondial, il a appelé à plus d’investissements et de partenariats pour permettre l’accès de tous à la technologie. Enfin, il a souhaité que des mesures spécifiques soient prises pour venir en aide aux pays les moins avancés (PMA), ajoutant que la mise en œuvre du futur programme d’action de Doha pour les PMA nécessitera davantage de partenariats pour que les promesses deviennent réalité.
M. KHALED EMAM, représentant du grand groupe des enfants et des jeunes, a dit que durant la pandémie de COVID-19, les jeunes artisans de la paix et les organisations dirigées par des jeunes continuent d’aider les communautés locales à se remettre de la pandémie et à réduire la fragilité aux niveaux local et national. Cependant, ces jeunes et leurs organisations, en particulier dans la région du Moyen-Orient, sont confrontés à de multiples défis tels que les limitations de l’espace civique et les attaques des autorités contre la société civile qui entravent la mise en œuvre des ODD, s’est-il inquiété. Il a lancé un appel pour que les organisations dirigées par des jeunes soient protégées et soutenues par tous les moyens possibles. M. Emam a appelé les États Membres, l’ONU et les parties prenantes internationales à soutenir les efforts menés par les jeunes et à garantir des environnements sûrs pour un partenariat significatif et efficace. Un tel partenariat, a-t-il fait valoir, peut aider à accélérer les progrès vers la réalisation du Programme 2030, à fournir un soutien financier durable et flexible aux approches participatives des organisations dirigées par les jeunes, à améliorer l’espace permettant à la société civile et aux groupes de jeunes de travailler ensemble à la réalisation des ODD et à reconstruire en mieux.
Mme VIDISHA MAITRA (Inde) a alerté sur le fait que la pandémie de COVID-19 a eu un effet catastrophique sur les populations défavorisées et vulnérables des pays en développement. Pour mieux se remettre de cette situation, elle a suggéré de renforcer l’infrastructure de santé publique locale et de répartir de manière équitable les services de santé. En Inde, a-t-elle indiqué, tous les soins en lien avec la pandémie sont fournis gratuitement. Selon la représentante, les partenariats sont le ciment qui maintient les ODD ensemble. Elle a averti des conséquences négatives des dettes sur les efforts menés pas les pays en développement pour le relèvement. Elle a aussi souligné l’importance de la coopération Sud-Sud pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.
M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a salué le choix du thème cette année et reconnu que les pays en développement vont devoir consentir à des investissements conséquents pour se relever de la pandémie et réaliser les ODD. Or, beaucoup de ces pays sont écrasés par le fardeau de la dette, a-t-il rappelé, avant de fustiger « l’indifférence » de la communauté internationale et de prévenir que « nous ne pourrons pas reconstruire en mieux tant que nous serons dans cette situation ». Le délégué a appelé un système commercial multilatéral auquel tous les pays puissent participer sur un pied d’égalité et plaidé pour que les droits de tirage spéciaux (DTS) soient affectés aux pays qui en ont le plus grand besoin. Il n’a pas oublié de réclamer plus d’efforts contre les flux financiers illicites et pour un accès équitable aux vaccins.
M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a attiré l’attention sur l’impact « monumental » de la crise déclenchée par la pandémie de COVID-19. Les conséquences sont « dévastatrices », a-t-il insisté, en jugeant que l’année 2022 sera décisive pour la faculté des États à promouvoir les changements nécessaires à l’objectif de reconstruire en mieux. L’Angola, a-t-il aussi rappelé, a été particulièrement touché par la crise, compte tenu, entre autres, de la chute du prix du pétrole. Aujourd’hui, le pays doit relever trois défis: la stabilisation de l’économie et le retour à l’équilibre budgétaire; la lutte contre la pauvreté; et l’amélioration de l’éducation et de la formation des jeunes. La prochaine décennie sera cruciale pour la réalisation du Programme 2030, a-t-il prévenu.
M. AHMED DAWOOD ALI AL ZADJALI (Oman) a déclaré que les partenariats qui sont essentiels pour le développement intégral et pérenne ne se limitent pas au financement. Ce sont notamment des développements de compétences et de transferts de technologies en vue d’accélérer la réalisation du Programme 2030. Les partenariats doivent se traduire en des solutions tangibles pour venir à bout des difficultés actuelles, a-t-il prôné. Le représentant a présenté l’approche unique des partenariats adoptée dans le cadre de la Vision 2040 pour le développement d’Oman. Cette Vision repose sur l’éducation, la science, la recherche, la lutte contre les changements climatiques, l’inclusion financière, la création d’emplois, le soutien aux PME, a-t-il précisé. Il a conclu en encourageant à combler le fossé entre pays en développement et les pays développés.
M. JOYKER NAYECK (Maurice) a dit que son pays continue de lutter pour que les écoles et les entreprises restent ouvertes durant la pandémie de COVID-19. Il a ensuite souligné les vulnérabilités des petits États insulaires en développement (PEID) comme Maurice dont l’économie dépend en grande partie du tourisme. Ce secteur a été réduit à néant à cause de la pandémie, s’est-il plaint avant de demander d’inclure l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle dans l’évaluation du niveau de développement des PEID, afin de trouver des solutions. Enfin, le représentant de Maurice a demandé d’utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS) pour combler le manque de financement du développement durable et soulager l’endettement.
M. MOHAMED LOUTFY, de l’Organisation mondiale des personnes handicapées, a mis l’accent sur l’impact disproportionné de la pandémie de COVID-19 et des politiques subséquentes sur les personnes handicapées. En réponse à la pandémie, l’organisation a fait des recherches qualitatives pour recueillir des informations sur les expériences des personnes handicapées aux niveaux mondial et national. Les résultats indiquent que les obstacles les plus importants, et donc les domaines prioritaires pour les changements de politique recommandés pour l’inclusion des personnes handicapées comprennent: le manque d’emploi et de protection sociale; l’inaccessibilité des structures de santé; le manque d’accès aux informations et données sur la COVID-19 et le manque d’accessibilité en termes d’infrastructure, de transport, de communication, de numérique et autres ainsi que la fracture numérique croissante et le manque accru de sécurité et de sûreté, sans oublier que les personnes handicapées n’ont pas bénéficié en priorité des vaccins.
Compte tenu de cela, le représentant a recommandé, entre autres, d’impliquer les personnes handicapées et leurs organisations représentatives dans le processus de reconstruction à tous les niveaux; de reconnaître les normes d’accessibilité tout au long du processus de reconstruction comme principe stratégique clef et de veiller à ce que les données communautaires soient utilisées par les décideurs, l’ONU, les banques multilatérales de développement et les organisations internationales.
M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a mis l’accent sur l’importance de la prochaine réunion de haut niveau sur le nouveau programme urbain en se disant persuadé qu’elle saura mettre les villes au cœur des discussions sur le développement durable. « Bien que les villes n’occupent que 2% du territoire mondial, elles produisent 70% du produit national brut, 70% de la pollution et 70% de la consommation d’énergie », a expliqué le représentant de la Slovaquie avant d’ajouter que la question des villes doit dépasser l’ODD 11, car les villes seront la clef de l’effondrement ou du relèvement. Il a jugé indispensable de bien gérer l’urbanisation grandissante.
Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a appelé l’ECOSOC à renforcer les partenariats pour garantir l’équité dans l’accès aux vaccins dans l’intérêt des pays en développement. Elle a estimé qu’il s’agit de la plus grande priorité. « Il faut améliorer le multilatéralisme et l’inclusivité », a-t-elle aussi insisté avant d’appeler à prendre en compte les difficultés particulières des pays à revenus intermédiaires. Elle a indiqué que les Philippines font partie des 46 pays qui présenteront cette année leurs examens nationaux volontaires à l’ECOSOC.
M. JORGE ADRIÁN MURILLO FERRER (Colombie) a mis l’accent sur l’importance de la production locale de vaccins et de tests et de la distribution équitable de la science et de la technologie à travers le monde. Il a insisté sur la nécessité de décarboner l’économie et d’appliquer des solutions fondées sur la nature. Il a salué la valeur ajoutée d’initiatives telles que le Pacte des dirigeants pour la nature ou l’Alliance mondiale pour les océans, qui permettent d’accroître les niveaux d’ambition notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Il a jugé nécessaire de mieux protéger les petites et micro-entreprises en Amérique latine avant de saluer l’impact positif du Pacte mondial des Nations Unies.
M. FERNANDO GRAY, de MERCOCIUDADES, a précisé que son organisation représente des villes d’Amérique latine. Il a noté que la crise sanitaire a aggravé l’endettement et les inégalités sur ce continent. Nous devons poursuivre nos efforts de relèvement, a-t-il dit, avant de souligner l’importance de la coopération Sud-Sud. Enfin, il a salué le fait que de nombreux États Membres aient insisté sur le rôle des villes pour relever le défi de la pandémie.
M. EDUARDO MANUEL DA FONSECA FERNANDES RAMOS (Portugal) a relevé que l’esprit des ODD résonne dans ce concept de partenariats mondiaux. De tels partenariats sont la pierre angulaire de la politique de développement portugaise, a-t-il dit, en ajoutant que son pays veille à la diversification desdits partenariats. Le délégué a souligné la nécessité de partenariats inclusifs en vue d’une gestion durable des migrations. Les partenariats sont cruciaux pour le développement durable, a conclu le délégué portugais.
M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a fait remarquer que la pandémie a mis en lumière certaines vulnérabilités. Nous devons mener des discussions approfondies afin d’identifier les moyens de remédier à ces vulnérabilités, a dit le délégué, en soulignant l’importance de l’égalité vaccinale. Il a rappelé que l’économie numérique est un catalyseur du changement, avant de souligner l’importance d’une diversification énergétique aux fins de plus grande durabilité. Nous devons redoubler d’efforts pour réaliser les ODD, a conclu le délégué indonésien.
Mme CINDY NOVELO (Belize) a observé que la pandémie actuelle et ses graves effets socioéconomiques ont mis en évidence l’importance des partenariats pour accélérer la reprise. Saluant ce type de coopération entre pays développés et en développement, elle a particulièrement applaudi le Mécanisme COVAX qui vise à permettre un large accès aux vaccins contre la COVID-19. Cette initiative a contribué à la vaccination de près de 55% de notre population et a aidé au relèvement touristique de notre pays, s’est-elle félicitée, avant de former le souhait que les forums de partenariat soient un moyen de rebâtir en mieux et de façon globale. Outre la lutte contre le coronavirus et ses variants, nous devons être vigilants face à la menace climatique, qui peut faire sombrer dans la pauvreté tout un pan de l’humanité, a ajouté la déléguée, pour qui un système multilatéral robuste est indispensable pour aller de l’avant sur ces questions. Dans ce contexte, elle a dit attendre avec impatience la tenue du prochain forum politique de haut niveau pour le développement durable, assurant que Belize contribuera à ces travaux par le biais de son nouveau mandat à l’ECOSOC.
Mme IRIS MILLENAAR, de World Benchmarking Alliance, a expliqué qu’avec près de 300 organisations multipartites, son organisation construit un mouvement pour encourager l’action des entreprises sur les ODD. Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la réalisation du Programme 2030, a-t-elle souligné en notant que les plus grandes entreprises du monde deviennent de plus en plus puissantes et concentrées et que certaines se mobilisent. Nous avons vu un nombre sans précédent d’engagements pris lors de la COP26, dont 130 000 milliards de dollars américains promis par GFANZ, un consortium d’institutions financières, a-t-elle rappelé. Si nous voulons réussir la transformation systémique et mettre notre planète et notre société sur une voie véritablement durable, des changements substantiels doivent être apportés à la façon dont les entreprises fonctionnent, a fait valoir le représentant. Elle a noté que les entreprises ne travaillent pas de manière isolée et que toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble dans le cadre d’un écosystème pour faire avancer les entreprises dans cette direction grâce aux bonnes incitations et politiques.
Reconstruire en mieux signifie que les entreprises doivent aller au-delà des engagements, vers l’action, et que leurs partenaires doivent savoir comment les tenir pour responsables. Des informations transparentes sur les performances de l’entreprise sont nécessaires pour créer des informations cohérentes, comparables et exploitables pour pouvoir mesurer leur impact, a souligné la représentante « parce que sans responsabilité, parler ne coûte rien ».
Mme PREETI SINHA, du Fonds spécial des Nations Unies pour le développement économique, qui travaille surtout pour les PMA afin de renforcer les mécanismes de ces pays pour un changement de fonds, a expliqué que le Fonds a pour objectif de combler certaines lacunes de financement qui ne sont pas couvertes par l’aide publique au développement (APD). Le représentant a présenté quelques exemples et recommandations pour aller de l’avant et aider les PMA à financer la réalisation des objectifs de développement durable, en particulier avec des capitaux provenant du secteur privé. Le Fonds a monté par exemple un système de financement des PME avec Bamboo Capital à hauteur de 250 millions de dollars. Le représentant a appelé à se concentrer sur une coopération avec le secteur privé pour lever des fonds en faveur du développement.
M. UZODINMA ADIRIEJE, de « Afri-health Optonet Association », a souligné que ne laisser personne de côté et réaliser les ODD exige l’implication des exclus et des marginalisés dans les processus de prise de décisions sur la répartition des richesses. Il a insisté sur une idée de reconstruire en mieux qui tienne compte de la mise en œuvre des ODD.
M. PAUL DARREL O. MENESES, de la Fédération internationale des étudiants en pharmacie (IPSF), qui représente plus de 500 000 étudiants en pharmacie et de jeunes diplômés de ce secteur de plus de 100 pays, a expliqué que la Fédération veille constamment à la promotion de la santé physique et mentale et au bien-être des personnes grâce dans ses campagnes de santé publique et qu’elle défend la couverture sanitaire et l’accès à des soins de santé de qualité pour tous. L’IPSF, a-t-il ajouté, appelle à une collaboration mondiale entre les gouvernements et les parties prenantes pour établir des feuilles de route et des cadres afin de reconstruire en mieux après le coronavirus et pour reconnaître le rôle clef des jeunes dans l’avenir de la santé en tant que participants à la mise en œuvre du Programme 2030. Le représentant a félicité l’ONU pour l’établissement du Programme 2030 et a appelé à encourager en permanence l’implication des jeunes dans toutes les initiatives pertinentes.
M. DAVID STYERS, Coordonnateur de la Volunteer Groups Alliance, coalition mondiale de 70 groupes de bénévoles œuvrant pour le développement durable, a estimé que l’un des rares côtés positifs de la pandémie de COVID-19 a été l’élan apporté par les volontaires pour aider leurs communautés à relever les défis liés à la crise et soutenir ceux qui en ont le plus besoin. Créer un environnement propice au bénévolat peut aider à mieux reconstruire tout en progressant dans la mise en œuvre intégrale du Programme 2030, a-t-il assuré, ajoutant qu’impliquer les populations dans la résolution des problèmes accroît la faisabilité et la durabilité des solutions. Il est donc crucial d’intégrer des bénévoles et l’esprit du volontariat dans les stratégies nationales et mondiales, et de construire un monde inclusif, a plaidé le Coordonnateur, avant d’appeler les États Membres à s’inspirer de ces valeurs dans la décennie d’action pour la réalisation des ODD.
Mme SUE RIDDLESTONE, Directrice générale de Bioregional, une organisation accréditée par l’ECOSOC, a dit intervenir en tant membre du Conseil d’administration de Catalyst 2030, réseau mondial de 1 000 entrepreneurs sociaux qui participent à la mise en œuvre de solutions contribuant à la réalisation du Programme 2030. Nous faisons partie de l’économie sociale et solidaire, a-t-elle expliqué, ajoutant que l’objectif de ce réseau est de partager son savoir-faire et ses modèles économiques pour favoriser un développement économique local durable. Il compte pour cela sur les partenariats avec les principales parties prenantes, y compris les Nations Unies et les agences multilatérales, les gouvernements et les entreprises, afin d’aider la société mondiale à reconstruire en mieux et à progresser vers la pleine mise en œuvre des ODD d’ici à 2030. Pour illustrer son propos, Mme Riddlestone a cité trois organisations en exemple: Riders for Health, qui fournit à la communauté médicale des moyens de transport fiables et économiques, notamment en Afrique; Industree, qui relie les producteurs indiens aux marchés et augmente les revenus des artisans en les intégrant dans l’économie; et Bioregional, sa propre ONG, qui travaille avec des partenaires pour bâtir des maisons et des localités « zéro carbone ». Si ces approches étaient plus largement adoptées, l’impact serait considérable, a-t-elle conclu.
Pour Mme ROSARIO DEL PILAR DIAZ GARAVITO de « The Millennials Movement », un regroupement de jeunes soucieux d’agir ensemble face aux défis de l’humanité, la Décennie d’action en cours est mal engagée du fait des crises sociopolitiques et des conflits à travers le monde. Étant donné que le relèvement post-COVID-19 est un tournant dans la mise en œuvre des ODD, il convient donc de mobiliser toutes les ressources et les partenariats et de veiller à impliquer les jeunes générations pour concrétiser la promesse de ne laisser personne de côté.
Mme Alessandra Nilo, de « GESTOS – HIV, Communication and Gender », a souligné la nécessité urgente des partenariats. Elle a souligné la responsabilité première des gouvernements dans le développement, puisque les multinationales n’y contribuent pas assez alors qu’elles influencent les décisions des organisations internationales. Elle a appelé à lever tous les obstacles systémiques et à garantir la cohérence à tous les niveaux, notamment pour protéger les droits de la personne. Elle a également appelé à l’implication des groupes de femmes et filles afin d’assurer l’égalité entre les sexes partout.
Mme KEHKASHAN BASU, de la Green Hope Foundation, une entreprise mondiale d’innovation sociale dirigée par des jeunes, qui travaille dans 26 pays avec plus de 225 000 personnes, a expliqué que la fondation veille à ce que les communautés les plus vulnérables du monde ne soient pas laissées pour compte. En tant qu’acteurs de terrain, nous avons constaté des tendances très préoccupantes au cours de cette pandémie, a souligné la représentante, la première étant que nous vivons dans un monde où les dividendes numériques coexistent avec les fractures numériques. L’une des plus grandes manifestations de cette fracture a été de pousser des millions de personnes hors du système éducatif, en particulier les filles, simplement à cause de la barrière technologique qui les empêche de se reconnecter numériquement à un système d’enseignement à distance, s’est désolée Mme Basu.
Elle a appelé à tenir compte des lacunes dans les données, qui peuvent conduire à l’oubli de ces mêmes communautés vulnérables et à l’amplification des inégalités existantes. Lors de la collecte et de la communication des données, nous avons tendance à adopter une vision généralisée, le plus souvent basée sur le monde développé, puis à l’extrapoler pour le reste du monde, a fait remarquer Mme Basu. Illustrant son propos, elle a expliqué que depuis le début de la pandémie, son équipe et elle travaillent avec des communautés touchées par la COVID-19 dans plusieurs des PMA, qui sont complètement isolées. « C’est comme si elles n’existaient pas - non seulement elles n’ont pas accès aux vaccins, mais elles sont complètement exclues de tout type de données sur les impacts de la pandémie », s’est-elle alarmée.
M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a préconisé une approche fondée sur le partenariat pour toute la planète. Le développement durable doit être au centre des préoccupations, et la Thaïlande mise sur l’économie verte et la bioéconomie, a-t-il indiqué.
Dans ses remarques de clôture, Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a d’abord relevé que la pandémie de COVID-19 en cours a mis à l’épreuve la résilience des sociétés avec d’innombrables répercussions sur la vie quotidienne. Citant le rapport sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale 2022, que vient de publier le Département des affaires économiques et sociales, elle a prévenu qu’après une contraction mondiale de 3,4% en 2020 et après une expansion de 5,5% en 2021, la production mondiale ne devrait augmenter que de 4% en 2022 et 3,5% en 2023. Elle a aussi indiqué que des emprunts supplémentaires et l’augmentation des coûts du service de la dette ont placé un nombre croissant de pays au bord d’une crise de la dette.
Notant que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde est bien supérieur aux niveaux d’avant la pandémie, Mme Spatolisano a estimé que la pandémie souligne clairement la nécessité d’une prise de décision participative et d’institutions inclusives, comme le demande le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a rappelé que le Secrétaire général a présenté sa vision pour le renforcement du système multilatéral mondial dans son récent rapport sur « Notre Programme commun », pour faire face aux nombreuses menaces mondiales partagées, notamment grâce à un engagement plus fort de toutes les parties prenantes concernées. Elle a estimé que le forum des partenariats de l’ECOSOC d’aujourd’hui et ses préparatifs inclusifs ont été inspirés par cet appel, ainsi que par la vision que l’Assemblée générale a donnée dans sa résolution 75/290A sur le renforcement de l’ECOSOC.
Elle a salué le message clair des parties prenantes de différents secteurs sur la nécessité d’une volonté politique forte, d’une coopération internationale et d’une action multipartite pour contribuer à une reprise durable après la pandémie, et relever les multiples autres défis mondiaux. Rappelant qu’un monde en crise a besoin de partenariats qui fonctionnent, pour ne laisser personne de côté, Mme Spatolisano a appelé à un engagement plus inclusif de tous, y compris au niveau des pays, en particulier des femmes et des personnes en situation de vulnérabilité et de fragilité. Enfin, elle a relevé que de nombreux orateurs ont souligné l’importance de rendre les mécanismes de consultation et de retour d’information plus inclusifs, transparents et créatifs afin de garantir que l’engagement se traduise réellement par des changements de politiques et de réalités.
« Revigoré par le débat général », le Président de l’ECOSOC en a tiré deux conclusions. En premier lieu, le forum des partenariats a constitué un excellent démarrage inclusif des travaux de l’ECOSOC en 2022, avec de nombreuses recommandations, propositions et points de vue partagés tout au long de la journée. Le résumé qui en sera fait reflètera les discussions et les propositions stratégiques qui seront évoquées au nouveau segment de coordination du Conseil, qui débutera demain, a annoncé M. Kelapile, en assurant également de l’utilité du résumé pour alimenter et éclairer les travaux à venir, y compris le forum politique de haut niveau pour le développement durable, en juillet.
Le Président a, en second lieu, conclu que les participants doivent rester activement engagés dans les travaux de l’ECOSOC, y compris dans les nombreuses commissions techniques et autres organes subsidiaires qui vont se réunir dans les mois à venir. Le segment de coordination du Conseil, qui rassemblera durant deux jours les commissions régionales, les commissions techniques, les agences spécialisées et les organes d’experts du système des Nations Unies, fera le point des enseignements tirés de la réponse à la COVID-19. Ce sera aussi l’occasion d’accélérer l’action en faveur des ODD, a ajouté le Président. Le segment s’appuiera sur les travaux de l’ECOSOC pour élaborer des orientations et des politiques pour guider les travaux des mois à venir, dans la perspective du segment de haut niveau de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau. Le Président s’est réjoui que le débat d’aujourd’hui ait été l’occasion de partager des solutions novatrices, de forger de nouveaux partenariats et de renouveler un sentiment d’urgence.