Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 8 avril 2022
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Ukraine
Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, le Secrétaire général déclare que l’attaque contre la gare de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, qui a tué et blessé des dizaines de civils attendant d’être évacués, dont de nombreux femmes, enfants et personnes âgées, ainsi que d’autres attaques contre des civils et des infrastructures civiles sont totalement inacceptables. Il s’agit de violations flagrantes du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, pour lesquelles les auteurs doivent être tenus responsables.
Le Secrétaire général rappelle à toutes les parties leurs obligations en vertu du droit international de protéger les civils et l’urgence de s’entendre sur des cessez-le-feu humanitaires afin de permettre l’évacuation en toute sécurité et l’accès humanitaire aux populations prises au piège du conflit. Il réitère son appel à toutes les parties concernées de mettre immédiatement fin à cette guerre brutale.
Ukraine/Financement
Mise à jour rapide sur le financement des opérations humanitaires de l’ONU en Ukraine: l’appel éclair d’un montant de 1,1 milliard de dollars est maintenant financé à hauteur de 60%, avec 677 millions de dollars à ce jour.
Secrétaire général/GAVI
Le Secrétaire général s’est exprimé plus tôt dans la journée, dans un message vidéo préenregistré, lors du Sommet 2022 de GAVI COVAX Advance Market Commitment sur le thème « One World Protected – Break COVID Now ».
Il a déclaré que ce rassemblement est un rappel crucial que la pandémie de COVID-19 est loin d’être vaincue, avec 1,5 million de nouveaux cas chaque jour, d’importantes flambées épidémiques en Asie, une nouvelle vague en Europe, certains pays ayant leurs taux de mortalité les plus élevés depuis le début de la pandémie.
Alors que certains pays à revenu élevé s’apprêtent à recevoir une deuxième dose de rappel, un tiers de l’humanité n’est pourtant toujours pas vacciné, a-t-il observé.
Il s’agit là d’une mise en accusation brutale de notre monde profondément inégalitaire, selon le Secrétaire général.
Le prochain variant n’est pas une question de « si », a-t-il ajouté, mais de « quand ».
L’approvisionnement n’est pas le problème, a estimé le Secrétaire général, en appelant gouvernements et compagnies pharmaceutiques à œuvrer à fournir des vaccins à chaque personne, partout, et pas seulement dans les pays riches.
Somalie
En Somalie, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires prévient que le pays est désormais confronté à un risque de famine dans six régions jusqu’en juin de cette année si la saison des pluies d’avril à juin est insuffisante, ce qui est prévu, si les prix des denrées alimentaires continuent d’augmenter et si l’aide humanitaire n’est pas renforcée pour les populations les plus vulnérables.
Au 7 avril, le plan de réponse humanitaire 2022, qui prévoit près de 1,5 milliard de dollars pour venir en aide à 5,5 millions de Somaliens vulnérables, restait largement sous-financé, à hauteur de 4,4% seulement.
La sécheresse s’aggrave à travers tout le pays. On estime que 4,9 millions de personnes sont touchées dans toute la Somalie, dont plus de 719 000 personnes déplacées.
L’insécurité alimentaire aiguë a considérablement augmenté depuis le début de l’année.
Les dernières projections indiquent que plus de six millions de personnes risquent d’être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë ou pire entre avril et juin de cette année.
La mort du bétail et les épidémies se généralisent. Déjà, jusqu’à 80% des sources hydriques du pays se tarissent et les niveaux des fleuves Shabelle et Juba n’ont jamais été aussi bas. On estime que 3,5 millions de personnes ont un accès insuffisant à l’eau.
On s’attend à ce que plus de 1,4 million d’enfants âgés de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë cette année, dont 330 000 enfants déjà gravement malnutris. Ces chiffres sont également susceptibles d’augmenter à mesure que la situation se détériore.
En outre, l’insécurité et les conflits persistants, ainsi que les tensions politiques non résolues, continuent de perturber les moyens de subsistance, l’accès aux marchés et d’accroître les déplacements de populations.
Les partenaires humanitaires, les autorités et les communautés locales intensifient leur aide face à la multiplication des besoins.
En janvier et février, près de 200 partenaires humanitaires ont prêté assistance et fourni des services de protection à près de deux millions de personnes.
L’aide humanitaire doit être accrue pour prévenir l’insécurité alimentaire extrême et la malnutrition, y compris le risque de famine.
Cette situation s’inscrit dans le contexte de l’une des plus graves sécheresses provoquées par La Niña dans la Corne de l’Afrique, de mémoire d’homme, après trois saisons des pluies consécutives particulièrement médiocres.
La sécheresse risque de devenir l’une des pires situations d’urgence d’origine climatique de l’histoire récente de cette région.
Éthiopie
Les agences de l’ONU et leurs partenaires n’ont pas été en mesure d’acheminer par la route davantage d’aide au Tigré, depuis que sont arrivés entre le 1er et le 2 avril, le convoi de quelque 20 camions chargés de nourriture et de produits nutritionnels ainsi que le camion-citerne.
C’était la première fois que des fournitures humanitaires entraient au Tigré depuis la moitié du mois décembre et nous sommes presqu’à la moitié du mois d’avril. C’était la première fois en huit mois que du carburant passait par le couloir Semera-Mekelle.
Au Tigré, les organisations humanitaires font face à des problèmes croissants pour atteindre les populations, compte tenu de la pénurie de fournitures essentielles et de la suspension des services de base, dont les services bancaires, l’électricité et les télécommunications.
Sur les 5,2 millions de personnes identifiées pour recevoir de la nourriture toutes les six semaines, l’ONU et ses partenaires n’ont pu en aider que 1,2 million, presque six mois après le lancement du cycle actuel de distribution de l’aide alimentaire au Tigré.
Quelque 73 000 personnes ont reçu une telle aide cette seule semaine mais la moitié d’entre elles n’ont eu que des légumineuses et des milliers, que de l’huile de cuisine. Aucune distribution d’aide alimentaire n’a été possible dans les écoles, cette dernière semaine, compte tenu de l’absence de stocks.
Sur les 3,9 millions de personnes qui ont besoin d’une forme ou l’autre de soins de santé, les agences partenaires n’en ont atteint que 27 000 au Tigré cette semaine.
Les frets entre Addis-Abeba et Mekelle se poursuivent, au rythme d’environ 76 tonnes de produits nutritionnels, cette semaine. Au total, 428 tonnes d’aide humanitaire ont été transportées par air depuis le mois de janvier.
C’est essentiel mais cela ne correspond qu’à environ 11 camions, soit la moitié de ce qui pourrait être transporté par la route.
Dans la région voisine d’Afar, la situation humanitaire globale demeure difficile, malgré un meilleur accès. Au début de cette semaine, les partenaires avaient distribué à plus de 196 000 personnes de la nourriture, depuis la fin du mois de février, soit environ un tiers de la population dans le besoin.
Les équipes de santé et de nutrition mobiles travaillent dans 12 zones affectées par le conflit dans la région d’Afar.
À Amhara, malgré les tensions dans certaines parties de la région, l’ONU et ses partenaires ont été en mesure de distribuer de la nourriture à quelque 634 000 personnes depuis la fin du mois de mars, soit à plus de 10 millions depuis le mois de décembre dernier.
Dix équipes de santé et de nutrition mobiles ont été déployées à Amhara, la semaine dernière.
Les partenaires humanitaires signalent de sérieux problèmes dans d’autres parties de l’Éthiopie où plus de huit millions de personnes seraient désormais affectées par la sécheresse actuelle dans le sud du pays.
Israël
M. Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, s’est dit horrifié par une autre attaque odieuse hier soir à Tel Aviv. Il a présenté ses profondes condoléances aux familles des victimes et souhaité un prompt rétablissement aux blessés.
M. Wennesland a aussi déploré le fait que le Hamas se soit félicité de l’attaque, ajoutant qu’il n’y a aucune gloire à tirer de la terreur. Ces actes doivent cesser maintenant et être condamnés par tous, a insisté le Coordonnateur spécial.
Cameroun
L’équipe de pays des Nations Unies, dirigée par le Coordonnateur résident, M. Matthias Naab, aide toujours les autorités à riposter à la pandémie et aux autres problèmes.
Sur le front de la santé, l’équipe a aidé, l’année dernière, le Gouvernement à accroître de 250 à 332 millions de dollars le budget de la riposte contre la COVID-19 et son impact socioéconomique.
L’équipe a aussi appuyé les trois campagnes de vaccination contre la COVID‑19 dans 244 différents endroits du pays.
À ce jour, plus de 1,5 million de doses de vaccin sont arrivées au Cameroun par le biais du Mécanisme COVAX et plus de 1,3 million de personnes ont reçu au moins une première dose; et plus d’un million étant complètement vaccinés.
L’ONU a travaillé avec les autorités pour sensibiliser les 200 000 jeunes gens scolarisés ou pas à la prévention du VIH/sida. L’équipe a aussi contribué à la formation de plus de 100 professionnels de la santé aux soins obstétriques d’urgence et à la prise en charge des maladies chez le nouveau-né et l’enfant.
L’équipe a également boosté la capacité du Gouvernement de fournir aux écoles des services d’éducation primaire en ligne dans le pays. Plus de 320 000 écoliers et plus de 8 000 enseignants sont désormais connectés à Internet.
Journée internationale des roms
Dans un message vidéo, le Secrétaire général déclare que nous célébrons aujourd’hui la riche histoire des Roms, des Sinti et des Gens du voyage. Mais il ajoute que les Roms sont toujours confrontés à des siècles de préjugés, de discrimination et de marginalisation.
Le Secrétaire général se dit particulièrement préoccupé par la montée alarmante des discours de haine contre les Roms et par la tendance des extrémistes de droite et des groupes xénophobes à en faire des boucs émissaires, ajoutant que les Roms, qui fuient les persécutions et les conflits, surtout aujourd’hui en Ukraine, ont les mêmes droits et doivent bénéficier de la même solidarité que les autres réfugiés.
En cette Journée internationale, dit encore le Secrétaire général, consacrons-nous de nouveau à la promotion de l’égalité, de la dignité et de la non-discrimination pour tous.