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DBF220311

Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 11 mars 2022

(La version française du Point de presse quotidien
n’est pas un document officiel des Nations Unies
)

Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

Ukraine/Humanitaire 

La situation humanitaire en Ukraine continue d’être profondément préoccupante et illustre le coût humain de cette guerre et des souffrances humaines.  Comme cela a été indiqué hier, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) estime que 1,9 million de personnes ont été déplacées.  La plupart d’entre elles se trouvent dans l’ouest et le nord-ouest du pays, avec environ 500 000 personnes déplacées à Zakarpatska, 387 000 à Lvivska et environ 170 000 à Volynska. 

Le HCR a également indiqué qu’à présent plus de 2,5 millions de femmes, d’enfants et d’hommes -principalement des femmes et des enfants- ont traversé les frontières internationales depuis l’Ukraine. 

De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué que depuis le 24 février, 29 attaques ont touché des établissements de santé, des personnels soignants et des ambulances.  L’OMS a souligné que les installations médicales, le personnel médical et les transports sanitaires doivent toujours être respectés en temps de guerre. 

De son côté l’UNICEF, qui dirige le travail des humanitaires en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène, indique que dans l’est, environ 650 000 personnes dans l’oblast de Donetsk et environ 40 000 personnes dans l’oblast de Louhansk n’ont pas accès à l’eau .  À Marioupol et Donetsk, l’eau potable est un besoin urgent. 

Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré que 2 000 personnes ont reçu des bons-valeur et que cette distribution va être intensifiée afin d’atteindre plus de personnes dans les zones où les marchés et les systèmes fonctionnent.  À Kharkiv, une boulangerie sous contrat avec le PAM augmente sa chaîne de production avec un objectif quotidien de 30 000 miches de pain dont bénéficieront environ 60 000 personnes. 

En ce qui concerne le financement, à ce jour, l’appel éclair pour l’Ukraine, qui cherche à lever 1,1 milliard de dollars, a reçu à ce jour 129 millions de dollars, soit 11% de financement.  « Nous allons donc dans la bonne direction, mais nous aurions aimé y arriver un peu plus vite », a dit le porte-parole. 

Les agences alimentaires des Nations Unies à Rome ont publié des rapports montrant les implications du conflit sur la sécurité alimentaire dans le monde.  Le PAM a averti que les coûts de ses opérations mondiales devraient augmenter de 29 millions de dollars par mois.  Ajoutés aux augmentations préexistantes de 42 millions de dollars depuis 2019, l’ensemble des coûts supplémentaires auxquels le PAM est confronté s’élève à 71 millions de dollars par mois. 

Cela pourrait représenter un désastre pour des millions de personnes, car le PAM avait déjà averti que 2022 serait une année marquée par un niveau de faim catastrophique, avec 44 millions de personnes dans 38 pays au bord de la famine. 

Pour sa part, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avertit que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de la logistique de la production ukrainienne et russe de céréales et d’oléagineux, ainsi que les restrictions sur les exportations russes, auront des répercussions importantes sur la sécurité alimentaire.  La FAO a indiqué que cela est particulièrement vrai pour une cinquantaine de pays qui dépendent de la Russie et de l’Ukraine pour 30% ou plus de leur approvisionnement en blé. 

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a noté que les prix des denrées alimentaires, déjà en hausse depuis le second semestre 2020, ont atteint un niveau record en février de cette année, en raison de la forte demande, du coût des intrants et du transport, et des perturbations portuaires.  Il a averti que les perturbations probables des activités agricoles de ces deux principaux exportateurs d’aliments de base pourraient sérieusement aggraver l’insécurité alimentaire dans le monde, alors que les prix alimentaires internationaux sont déjà très volatils. 

Conseil de sécurité/Ukraine 

Le Conseil de sécurité a tenu une séance publique sur l’Ukraine au cours de laquelle la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a déclaré que l’ONU n’avait connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine.  Mme Nakamitsu a noté que cela est dû en grande partie à la Convention sur les armes biologiques de 1972, à laquelle la Fédération de Russie et l’Ukraine sont des États parties. 

Mme Nakamitsu a déclaré que des situations comme celle-ci démontrent la nécessité de renforcer davantage la Convention sur les armes biologiques, de la rendre opérationnelle et de l’institutionnaliser.  Elle a également abordé la question préoccupante de la sûreté et de la sécurité des centrales nucléaires en Ukraine. 

La Secrétaire générale adjointe à la consolidation de la paix et aux affaires politiques, Mme Rosemary DiCarlo, a noté pour sa part que la guerre en Ukraine est maintenant dans sa troisième semaine et que les combats se poursuivent sans relâche. 

Elle a déclaré que les forces armées russes poursuivent leurs opérations offensives et assiègent plusieurs villes du sud, de l’est et du nord du pays. 

Mme DiCarlo a souligné que toutes les violations présumées du droit international humanitaire doivent faire l’objet d’une enquête et que les auteurs doivent être tenus responsables. 

Elle a ajouté que le Secrétaire général est reconnaissant envers les nombreux États Membres qui travaillent pour trouver une solution diplomatique à ce conflit dangereux et qu’il est en contact régulier avec les dirigeants régionaux et autres. 

Syrie

Dans une déclaration publiée tôt ce matin pour marquer la fin de la onzième année du conflit syrien, le Secrétaire général a dit que les destructions endurées par les Syriens sont si importantes et meurtrières qu’elles ont peu d’équivalents dans l’histoire moderne.  Il ne doit pas y avoir d’impunité, a-t-il dit. 

M. António Guterres a ajouté que nous ne devons pas perdre espoir et que nous devons agir maintenant.  Le Secrétaire général a déclaré que nous devions faire preuve de courage et de détermination pour aller au-delà des engagements rhétoriques en faveur de la paix et faire tout ce qui est nécessaire pour parvenir à une solution politique négociée conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Pendant ce temps, a-t-il ajouté, nous devons assurer un meilleur accès humanitaire pour répondre aux besoins des populations dans tout le pays. 

Le Secrétaire général a souligné que nous ne pouvons pas laisser tomber le peuple syrien.  Il a appelé toutes les parties à s’engager de manière significative dans le processus politique facilité par l’ONU et à appeler à un soutien supplémentaire pour intensifier la réponse humanitaire.  Nous devons choisir la paix, a-t-il dit dans le message. 

Voyages de la Vice-Secrétaire générale

Ce week-end, la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina J. Mohammed, se rendra à Beyrouth, au Liban, pour assister au Forum régional arabe pour le développement durable.  Elle rencontrera également les directeurs régionaux des Nations Unies et les coordonnateurs résidents dans la région, ainsi que des hauts fonctionnaires et d’autres parties prenantes, pour discuter des stratégies et programmes qui peuvent aider les pays à accélérer les progrès en vue de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Elle rencontrera aussi des femmes et des jeunes ainsi que les membres du personnel des Nations Unies touchés par l’explosion survenue en août 2020 dans le port de Beyrouth. 

La Vice-Secrétaire générale se rendra ensuite à Paris les 17 et 18 mars pour dialoguer avec les représentants permanents auprès de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), les dirigeants de l’UNESCO et les hauts responsables gouvernementaux dans le cadre du Sommet 2022 du Secrétaire général sur la transformation de l’éducation.  Ce sommet devrait avoir lieu en septembre. 

Yémen

La première semaine de consultations bilatérales avec diverses parties prenantes yéménites s’est achevée hier.  Les dirigeants des principales parties yéménites ont rencontré l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Hans Grundberg, pour discuter d’idées pour son Cadre devant tracer la voie vers un règlement politique durable du conflit au Yémen, qui doit comprendre un processus à plusieurs volets. 

Tous les participants se sont félicités des consultations et ont exprimé leur soutien aux efforts de M. Grundberg. 

Certains des points clefs soulevés au cours de la première semaine ont porté sur la nécessité de s’attaquer au sort et aux défis communs auxquels sont confrontés tous les Yéménites, y compris la situation humanitaire qui entraîne pour les civils des conditions de vie alarmantes et la nécessité de s’attaquer à une économie fracturée. 

M. Grundberg poursuivra ses consultations bilatérales prévues avec d’autres parties et parties prenantes au cours des prochaines semaines. 

Éthiopie

Mise à jour hebdomadaire sur la situation humanitaire dans le nord de l’Éthiopie: la situation humanitaire continue d’être extrêmement préoccupante. 

Les besoins humanitaires augmentent alors que les combats se poursuivent dans la zone de Kilbeti, dans la région d’Afar, et que des affrontements sporadiques sont signalés à Amhara, près de la frontière avec le Tigré. 

À Afar, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants auraient été déplacés depuis la fin de l’année dernière, mais les combats continuent de limiter l’accès à de nombreuses zones et nous n’avons pas été en mesure de vérifier les chiffres exacts. 

À Amhara, les gens continuent de fuir vers les districts de Kobo, Zekuala, Sekota et Zarima.  Les autorités estiment que Kobo accueille aujourd’hui plus de 53 000 personnes déplacées. 

L’ONU et les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires continuent à fournir une assistance à Amhara et à Afar lorsque la sécurité le permet. 

À Amhara, l’ONU, le Gouvernement éthiopien et les ONG locales partenaires ont fourni de la nourriture à plus de 588 000 personnes au cours de la semaine écoulée, ce qui porte à 7,4 millions le nombre total de personnes aidées depuis fin décembre. 

À Afar, la semaine dernière, 87 000 personnes ont reçu une aide alimentaire dans la zone de Kilbeti touchée par le conflit.  Nous espérons atteindre quelque 620 000 hommes, femmes et enfants avec de la nourriture à travers l’Afar dans les semaines à venir. 

Au Tigré, les livraisons d’aide et de carburant par la route restent suspendues, les organisations humanitaires réduisant ou suspendant considérablement leurs opérations. 

Au cours de la semaine écoulée, seulement 34 000 personnes, soit une très petite fraction des 870 000 personnes censées recevoir de l’aide, ont reçu une aide alimentaire.  Ce chiffre comprend 23 000 réfugiés d’Érythrée. 

Sur une note plus positive, des fournitures médicales et nutritionnelles continuent d’être acheminées par avion vers Mekele, la capitale du Tigré, avec environ 100 tonnes de fournitures arrivées ces derniers jours.  Mais cela reste bien inférieur à ce qui pourrait être transporté par un seul convoi de camions.  En outre, le manque de carburant affecte le transport de fournitures de Mekele à d’autres parties du Tigré. 

Mozambique

Les agences humanitaires indiquent que le cyclone tropical Gombe s’est abattu aujourd’hui sur la province de Nampula.  Selon les estimations des autorités nationales, il pourrait affecter plus de 584 000 personnes, presque 700 centres de santé et plus de 7 000 écoles. 

L’ONU est particulièrement préoccupée par le sort des 1,4 million de personnes qui vivent dans les zones à haut-risque et qui seront exposées au cyclone pendant quatre jours consécutifs. 

L’ONU est en contact avec les autorités pour fournir une aide humanitaire et un appui immédiatement. 

Cette nouvelle crise vient s’ajouter à l’impact de la tempête Ana, qui s’était abattue sur le pays en janvier dernier, et à la crise complexe à Cabo Delgado qui accueille 730 000 déplacés. 

Le Mozambique a besoin de 400 millions de dollars pour la réponse humanitaire à la crise dans la région du nord et il est clair que le cyclone Gombe va exercer une pression additionnelle sur les besoins humanitaires et sur l’économie du pays. 

Malawi

L’équipe des Nations Unies sur place, dirigée par le Coordonnateur résident, M. Shigeki Komatsubara, dit qu’elle continue à aider le Gouvernement à contenir la dernière irruption de la polio. 

Le Malawi a confirmé son premier cas depuis 30 ans, le 16 février dernier, qui était aussi le premier cas en Afrique depuis plus de cinq ans.  Il n’y a pas eu jusqu’ici de propagation de la maladie au Malawi, grâce aux efforts rapides et concertés des autorités nationales, appuyées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

Une campagne de communication sur la prévention de la polio a été lancée immédiatement et l’ONU appuie une équipe d’intervention rapide qui contribue à la coordination, à la surveillance, à la gestion des données, aux communications et aux opérations.  Les deux agences de l’ONU contribuent à plusieurs cycles de vaccinations contre la polio, le premier devant commencé le 21 mars.

Climat

Le Secrétaire général a eu aujourd’hui une conversation téléphonique avec le Ministre égyptien des affaires étrangères et Président désigné de la COP27, M. Sameh Shoukry.  Le Secrétaire général lui a assuré que le système des Nations Unies travaillera étroitement avec lui sur les domaines prioritaires pour assurer des résultats ambitieux et concrets, à la lumière de l’aggravation de la crise climatique.  Le Secrétaire général a souligné l’importance de couper plus profondément et plus rapidement les émissions, surtout dans les pays du G20, et d’améliorer considérablement les résultats sur l’adaptation, en commençant par en doubler le financement, qui représentante 50% du financement total.  

MM. Guterres et Shoukry se sont promis de poursuivre leur collaboration cette année, en prévision de la COP27, prévue à Charm-el-Cheikh, en Égypte. 

Contributions financières

Deux pays se sont acquittés aujourd’hui de la totalité de leur dû au budget ordinaire de l’ONU pour 2022.  L’un est en Afrique et l’autre, en Europe.  Leurs deux capitales commencent par la lettre A, et l’une est très ancienne, et l’autre, créée plus récemment. 

Il s’agit d’Athènes et d’Abudja.  Merci au Nigéria et efcharistó, à la Grèce.

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