9198e séance – matin
CS/15113

Golfe de Guinée : satisfaction au Conseil de sécurité face aux progrès dans la lutte contre la piraterie et appels à poursuivre l’effort

Le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur le phénomène de la piraterie et des vols à main armée dans le golfe de Guinée.  Si la vingtaine d’intervenants au débat s’est réjouie de la baisse du nombre d’incidents signalée dans le rapport du Secrétaire général de l’ONU, les représentants de ce dernier, des organisations régionales, des agences de l’ONU et des pays de la région directement concernés ont rappelé les enjeux à venir, sachant que le Code de conduite relatif à la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du centre, dit « Code de Yaoundé » fêtera ses 10 ans l’an prochain.  Comme le rappelle le rapport, l’adoption du Code de conduite de Yaoundé a débouché sur la création d’un mécanisme interrégional de sûreté maritime, appelé l’architecture de Yaoundé, visant à optimiser la coopération maritime dans l’ensemble du golfe de Guinée. 

Présentant ce document périodique du Secrétaire général, Mme Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, a déclaré que si, depuis avril 2021 les actes de piraterie en mer dans le golfe de Guinée ont continué de diminuer, il est trop tôt pour en tirer la conclusion du déclin inexorable d’un phénomène aussi évolutif et qui rapporte chaque année près de 2 milliards de dollars aux réseaux criminels impliqués.  « Davantage de patrouilles navales des États côtiers et le déploiement accru de navires par des partenaires internationaux ont été dissuasifs », a-t-elle expliqué, ajoutant que deux condamnations d’auteurs d’actes de piraterie et de vols au Nigéria et au Togo avaient également compté.  Appelant néanmoins à la vigilance, Mme Pobee a précisé l’évolution d’une menace décrivant le passage de groupes de pirates au vol de pétrole, « une pratique moins risquée et plus profitable ».  Dans ce contexte changeant, elle a appelé les Communautés économiques des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que la Commission du golfe de Guinée à renforcer leur coopération pour mettre en place l’environnement sécurisé dans la région prévu par le Code de conduite.

Mme Florentina Adenike Ukonga, Secrétaire exécutive de la Commission, a attiré l’attention sur le rôle, dans l’obtention des bons résultats obtenus ces derniers mois, du Centre interrégional de coordination pour la mise en œuvre de la Stratégie régionale de sécurité et de sûreté maritimes en Afrique centrale et de l’Ouest.  Au plan sécuritaire, la coopération entre le Centre et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a été salué par la Directrice exécutive de l’Office, Mme Ghada Fathi Wali.  Citant des raisons qui ont conduit au déclin de la piraterie maritime, comme la volonté politique manifeste des gouvernements de la région, un meilleur financement des agences maritimes, les plaidoyers actifs des organisations régionales, l’application de lois pénalisant la piraterie et les crimes commis en mer ou encore la coopération avec l’Union européenne (UE), Mme Wali s’est toutefois refusée à crier victoire.  Elle a plutôt souligné la nécessité de profiter de l’élan actuel pour octroyer davantage de ressources à l’architecture de Yaoundé, y compris par le biais d’une assistance logistique et juridique accrue aux pays touchés.

Les représentants de l’Union africaine et l’Union européenne ont exposé certaines des modalités de la coopération des organisations régionales sur le terrain.  Rappelant la mise en œuvre du concept pilote de présence maritime coordonnée de l’UE dans le golfe de Guinée en janvier 2022, M. Nura Abdullahi Yakubu, responsable de la planification maritime pour l’Union africaine, a indiqué qu’actuellement le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal participent à ce dispositif en engageant des ressources navales destinées notamment à maintenir « au moins un navire en permanence dans la région ».  M. Silvio Gonzato, de l’Union européenne, a en outre annoncé que l’Union envisage une mesure d’assistance dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix « afin de soutenir les acteurs militaires dans certains États côtiers ». 

Mme Pobee a également mentionné que, pas plus tard que le mois dernier, des exercices maritimes de lutte contre la piraterie et la pêche illégale avaient couvert la zone allant du Sénégal à l’Angola, faisant participer 17 pays du golfe de Guinée et 8 partenaires internationaux.  Parmi les membres permanents du Conseil de sécurité – qui ont rappelé l’importance de mettre en œuvre la résolution 2634 adoptée le 31 mai - la Fédération de Russie a déclaré que son aide financière et technique au renforcement des unités de combat en mer des forces du Gabon, du Ghana, du Nigéria et de la Guinée équatoriale avait permis cette année « une stabilisation durable dans la région ».  La France, de son côté, a dit sa fierté d’être pleinement présente dans le dispositif maritime de l’UE, les États-Unis précisant pour leur part que les forces navales américaines en Afrique mènent régulièrement des entraînements et des exercices dans tout le golfe de Guinée avec leurs partenaires africains, mais aussi sud-américains.

Par ailleurs, les participants au débat ont reconnu la nécessité d’apporter des solutions autres que militaires et juridiques, celles-ci devant être conformes à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, « principal cadre juridique pour aborder les actes de piraterie commis dans le golfe de Guinée », selon les termes du rapport.  Les pays de la région ont notamment rappelé leur vulnérabilité aux changements climatiques et l’importance de les accompagner, dans le contexte pour eux dévastateur de convergence des crises économique et sécuritaire, sur la voie de la résilience et de l’adaptation aux effets de ces changements.  À ce propos, Mme Pobee a attiré l’attention sur l’importance de lutter contre les causes sous-jacentes du basculement dans la criminalité, comme le chômage de masse qui frappe la jeunesse des communautés côtières.  Saluant les efforts entrepris par les pays d’Afrique centrale pour développer une « économie bleue » dans l’espace de la CEEAC, elle a noté que l’ONU et la Banque mondiale renforcent leur coopération pour contrer les facteurs de précarité et améliorer l’accès aux services publics de base de ces communautés.  La Sous-Secrétaire générale a en outre insisté sur le fait que la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée « nécessite une approche globale et à long terme similaire au cadre de réalisation des objectifs de développement durable ». 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE - S/2022/818

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix - Département des opérations de paix, a déclaré que depuis la fin de période couverte par le rapport du Secrétaire général de l’ONU, les actes de piraterie en mer dans le golfe de Guinée ont continué de diminuer.  Même s’il est trop tôt pour tirer une conclusion définitive quant à l’éventuel déclin d’un phénomène particulier, qui a commencé en avril 2021, Mme Pobee a salué le résultat impressionnant découlant d’efforts menés par les autorités nationales avec le soutien des partenaires régionaux et internationaux.  Davantage de patrouilles navales des États côtiers et le déploiement accru de navires par des partenaires internationaux ont été dissuasifs, a-t-elle assuré, ajoutant que les condamnations d’auteurs d’actes de piraterie et de vols au Nigéria et au Togo ont également été un facteur important. 

Mme Pobee a ensuite souligné que les groupes de pirates s’adaptent aux dynamiques en mer et dans les zones côtières, la diminution des cas étant sûrement liée aux changements de stratégie des réseaux criminels, qui sont durablement passés au vol de pétrole, une pratique moins risquée et plus profitable.  Dans ce contexte, elle a appelé, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) , la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée à renforcer leur coopération en vue de mettre en place l’environnement sécurisé dans la région prévu par le Code de conduite de Yaoundé.

L’intervenante a également attiré l’attention sur l’importance de lutter contre les causes sous-jacentes du basculement dans la criminalité, comme le chômage de masse qui frappe la jeunesse des communautés côtières.  À cet égard, elle a salué les efforts entrepris par les pays d’Afrique centrale pour renforcer la gouvernance maritime et développer une « économie bleue » durable dans l’espace de la CEEAC. 

Revenant sur le Code de conduite de Yaoundé, dont on fêtera les 20 ans en 2023, Mme Pobee a noté l’ouverture prochaine d’un nouveau centre de coordination maritime au Cabo Verde, qui viendra compléter le fonctionnement de l’architecture de Yaoundé.  Elle a ajouté qu’en octobre de cette année, des exercices maritimes de lutte contre la piraterie et la pêche illégale avaient couvert la zone allant du Sénégal à l’Angola et faisant participer 17 pays du golfe de Guinée et 8 partenaires internationaux. 

Mme Pobee a salué la qualité de l’assistance technique fournie par l’ONU aux États de la région, par le biais en particulier d’ateliers thématiques organisés par la CEDEAO et l’ONUDC sur la pénalisation de la piraterie, ou encore les modalités de ratification des instruments idoines de sécurité maritime.  L’ONU et la Banque mondiale renforcent également leur coopération via des analyses conjointes destinées à mieux lutter contre les facteurs de précarité et améliorer l’accès aux services publics de base des communautés côtières du golfe de Guinée, a-t-elle dit. 

La Sous-Secrétaire générale a souligné que la lutte contre le phénomène de la piraterie et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée nécessite la mise en place d’une approche globale et à long terme similaire au cadre de réalisation des objectifs de développement durable. 

En conclusion, Mme Pobee a demandé aux États membres d’assurer un financement durable et prévisible, pour la décennie à venir, du Code de conduite de Yaoundé.  Le soutien du Conseil de sécurité est à cet égard précieux, a-t-elle conclu. 

Mme GHADA FATHI WALI, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui s’est exprimée par visioconférence, a salué l’adoption en mai de la résolution 2634 (2022), la menace de la piraterie ayant coûté des vies dans la région, et plus de 1,9 milliard de dollars de pertes financières par an, selon le rapport du Secrétaire général.  Elle a fait remarquer que la baisse substantielle des incidents et des victimes de la piraterie dans le golfe de Guinée cette année, en particulier des enlèvements contre rançon, est le fruit de nombreuses années d’efforts, notamment dans le contexte de l’Architecture de la sécurité maritime dans la région – « l’architecture de Yaoundé ».  Cela est dû à l’augmentation des patrouilles navales et à une coopération plus robuste entre les marines régionales et celles d’autres régions, qui ont créé un climat maritime plus sûr, a estimé Mme Wali. 

La Directrice exécutive de l’ONUDC a également mis en exergue les efforts en matière de justice pénale, en particulier les premières condamnations prononcées au Nigéria et au Togo.  Elle a cependant déclaré qu’il sera prématuré de crier victoire, tout en invitant à maintenir cet élan et à créer un cadre durable de protection du golfe de Guinée des pirates et de toute activité criminelle. 

À l’approche du dixième anniversaire de l’architecture de Yaoundé l’année prochaine, Mme Wali a estimé qu’il existait une réelle possibilité d’octroyer davantage d’attention aux ressources et à l’action d’appui de la sécurité maritime et de l’état de droit dans le golfe de Guinée.  Elle a ainsi recommandé d’épauler les États de la région dans le renforcement de leurs capacités et cadres législatifs contre la piraterie, dans le sens d’une pénalisation des actes de piraterie et de poursuites juridiques.  Ces efforts incluraient de meilleures capacités de détection et d’interdiction, des formations, des fouilles à bord des navires et des procédures de saisies, a-t-elle encore dit, insistant également sur la sensibilisation dans le domaine maritime et l’appui logistique aux patrouilles maritimes conjointes.  Mme Wali est revenue à cet égard sur les condamnations prononcées l’année dernière au Nigeria et au Togo, qui démontrent que cela est possible, et sur la loi complémentaire de la CEDEAO, adoptée cette année, concernant la remise des personnes soupçonnées de piraterie.  L’ONUDC fournit une formation dans la région pour les questions liées à la répression, a-t-elle précisé. 

Mme Wali a appelé à davantage de souplesse et d’adaptation dans la réponse aux tendances changeantes et aux menaces émergentes dans le golfe de Guinée, avant de relever que les rançons engendrées par les enlèvements restaient limitées par rapport à d’autres formes de crime organisé, avec environ 4 millions de dollars par an pour libérer des travailleurs en mer.  Les groupes de pirates risquent de passer à des activités criminelles plus lucratives comme le vol de pétrole, la contrebande ou encore la pêcherie illégale et non réglementée, a-t-elle toutefois prévenu.  Elle a suggéré la mise au point d’un cadre régional élargi de coopération pour la lutte contre les activités maritimes illégales.  Dans ce contexte, elle a suggéré de prendre comme modèle le Traité de San José de lutte contre le narcotrafic, applicable au bassin des Caraïbes.  Elle a aussi attiré l’attention sur la propagation du terrorisme depuis le Sahel au golfe de Guinée constaté avec l’augmentation des attaques terroristes au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire.  La Directrice exécutive de l’ONUDC a enfin encouragé à des réponses plus ambitieuses et idoines, en particulier par l’octroi de ressources adéquates et une attention politique accrue. 

Mme FLORENTINA ADENIKE-UKONGA, Secrétaire exécutive de la Commission du golfe de Guinée, a rappelé les résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012) du Conseil de sécurité qui exhortent les États de la région et les organisations régionales à coopérer et collaborer pour faire face à cette menace.  Les chefs d’État de la région ont adopté en 2013 le Code de conduite de Yaoundé et la déclaration d’engagement pour assurer la sécurité et la sûreté dans la région du golfe de Guinée, avec la création d’un centre interrégional de coordination pour le partage d’information, la formation, la sensibilisation et collaboration entre les marines nationales.  La Secrétaire exécutive a cité les raisons qui ont conduit au déclin de la piraterie maritime : la volonté politique des gouvernements de la région ; un meilleur financement des agences maritimes; l’augmentation du plaidoyer des organisations régionales ; la mutualisation des moyens ; l’application des lois dans les États contre les pirates et les crimes commis en mer ; et la coopération avec l’Union européenne. 

Si toutes ces mesures ont fait baisser la piraterie maritime, d’autres crimes continuent d’être perpétrés dans la région, a déploré Mme Ukonga en évoquant la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, le vol d’hydrocarbures, la pollution environnementale, le trafic d’armes, le trafic d’êtres humains et l’immigration illégale, ainsi que l’érosion côtière et les inondations qui frappent les villes côtières du fait des changements climatiques.  Pour surmonter ces défis, la Secrétaire exécutive a préconisé de maintenir le niveau de calme, de paix, de sécurité et de sûreté réalisé par l’intensification des efforts et des actions qui ont produit ce résultat.  Il faut aussi poursuivre ces actions sur terre car « la criminalité en mer commence sur terre ».  Au niveau national, elle a jugé nécessaire de répondre aux besoins fondamentaux des populations, en particulier l’emploi des jeunes.  Au niveau régional, l’intervenante a préconisé de continuer le plaidoyer pour une coopération durable entre les agences maritimes et pour la mutualisation des moyens.  Au niveau international, elle a estimé que l’aide de l’Union africaine, de l’ONU et des parties prenantes internationales doit se poursuivre.  « Si les efforts se poursuivent et sont plus durables, la piraterie et les activités criminelles appartiendront au passé », a-t-elle ainsi espéré.

M. NURA ABDULLAHI YAKUBU, responsable de la planification maritime pour l’Union africaine, a rappelé que le golfe de Guinée constituait « une plaque tournante stratégique pour le commerce mondial » et qu’il pouvait être considéré comme le pivot de la réussite de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).  Il a regretté qu’il soit aussi devenu célèbre pour abriter les eaux les plus dangereuses du monde en raison de la piraterie, du braconnage, des vols en mer, de la contrebande et de la pêche illégale.  Il a rappelé que 2020 avait été pour la région une année record pour les enlèvements, avec 135 équipages kidnappés, soit 95% des enlèvements en mer dans le monde.  Estimant que les efforts concertés des États du golfe de Guinée et de la communauté internationale pouvaient être la cause de la diminution de ces actes ces dernières années, il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2634 (2022) le 31 mai dernier.

Le représentant a rappelé que l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine avait élaboré, lors de sa quinzième session ordinaire, une stratégie intégrée pour la gestion du domaine maritime du continent.  Il a aussi souligné l’importance du sommet conjoint de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Commission du golfe de Guinée sur la sécurité et la sûreté maritimes de juin 2003 avait abouti à la création du Centre interrégional de coordination de Yaoundé qui est depuis opérationnel et efficace. 

Depuis l’adoption du code de conduite de Yaoundé, ce cadre juridique a renforcé ses principaux piliers: partage d’informations, l’interdiction, les poursuites et le soutien aux victimes.  M. Yakubu a souligné que les progrès en matière de partage d’informations avaient, par exemple, permis d’intercepter les pirates du pétrolier Maximus et du navire de pêche Hai Lu Feng.  Il a aussi salué l’importance de la formation et des exercices conjoints.  Il a rappelé la mise en œuvre du concept pilote de présence maritime coordonnée de l’Union européenne dans le golfe de Guinée en janvier 2022.  Actuellement, cinq États membres de l’UE - le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal - participent à ce dispositif avec des ressources navales et l’objectif est de maintenir au moins un navire en permanence dans la région.  Il a estimé que si ce dispositif était dissuasif, il ne dispensait toutefois pas les pays de la région de renforcer leur présence en mer. 

M. Yakubu a salué l’engagement de certains pays de la région d’établir une force opérationnelle de sécurité maritime combinée afin de faciliter le commerce et de réaliser leur plein potentiel de développement.  Il a souligné la nécessité pour ces pays d’assumer leurs obligations en vertu des lois et conventions régionales, continentales et internationales, en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 et la Convention pour la sauvegarde de la vie humaine en mer de 1974 ainsi que la Charte de Lomé et le Code de conduite de Yaoundé. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré qu’en tant que nation maritime, son pays peut témoigner de l’importance d’avoir des eaux sûres pour le commerce et le développement socioéconomique.  Pour cette raison, elle a jugé crucial que toutes les activités en mer soient menées conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  La représentante s’est dit encouragée par les récents progrès en matière d’amélioration de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, avec une diminution de moitié des actes de piraterie et des vols à main armée en mer, passés de 27 au cours des trois premiers trimestres de 2021 à 13 cette année.  Elle a félicité les pays de la région pour leur leadership à cet égard.  En dépit de ces progrès, la représentante a jugé nécessaire d’intensifier les efforts.  « Il est temps de mettre fin à la menace de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée et le dixième anniversaire de l’architecture de Yaoundé offre l’occasion de faire le point et d’esquisser une vision stratégique pour la prochaine décennie.»  Pour ce faire, a-t-elle poursuivi, il faut garder à l’esprit les causes profondes et sous-jacentes de la piraterie, et ne pas oublier les opportunités pour les jeunes, afin qu’ils ne soient pas attirés ou poussés dans la piraterie ou d’autres formes de criminalité. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a déclaré que les enlèvements contre rançon ont connu une croissance fulgurante depuis 2016.  Le Gabon lui-même est victime de prises d’otages ayant parfois une issue fatale.  Face à cette amplification des activités de piraterie, le Conseil de sécurité doit envisager le renforcement des capacités techniques et matérielles, a estimé la déléguée.  Elle a appelé au soutien financier de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour une réponse efficace et coordonnée.  « Le golfe de Guinée est considéré comme l’une des zones maritimes les plus dangereuses.»  Cependant, a-t-elle reconnu, de nombreuses mesures ont été prises par les États de la région pour renforcer la sécurité maritime, dont les condamnations pour piraterie, l’augmentation des patrouilles navales, une meilleure coopération régionale, ainsi que le déploiement de marines internationales.  Ces efforts ont permis de faire baisser le nombre d’incidents, passant de 81 en 2020 à 34 en 2021 s’est-elle félicitée.  La déléguée a appelé les acteurs en mer à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2634 (2022), et au droit interne maritime des États concernés.  Elle a rappelé que cette insécurité sape le développement des économies côtières de la région.  Le renforcement de la coopération judiciaire entre les États de la région doit être une priorité dans la lutte contre la piraterie maritime, avec un cadre juridique harmonisé visant à réprimer les actes de piraterie, a-t-elle estimé.  En outre, elle a appelé à la ratification des différents mécanismes internationaux et régionaux, notamment le dispositif de Yaoundé.  Elle a encouragé les pays de la région à s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée en prenant en considération les défis sociaux, économiques et environnementaux.  Enfin, la déléguée a souligné que les liens entre les groupes terroristes du Sahel et la piraterie dans le golfe de Guinée doivent être examinés.  La célébration en 2023 du dixième anniversaire du Code de conduite de Yaoundé sera une nouvelle opportunité d’examiner la situation de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a souligné la nécessité de continuer à rechercher les liens entre les groupes extrémistes, terroristes et de pirates dans le golfe de Guinée, car ceux-ci pourraient tisser un « lien mortel » et inverser les récents progrès énumérés dans le rapport du Secrétaire général.  Le représentant a rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer demeure le principal cadre juridique pour lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée, ajoutant à cet égard que les pays de la région doivent prendre des mesures pour promulguer une législation pénalisant la piraterie dans toute la mesure prévue par la Convention pour qu’il soit mis fin au phénomène.  Il a appelé le Conseil de sécurité à faire pression pour assurer un financement prévisible et pérenne de l’architecture instaurée par le Code de conduite de Yaoundé.  La marine indienne a déployé un navire de guerre dans le golfe de Guinée depuis le 4 septembre 2022 et ce pour une période d’un mois, contribuant ainsi aux efforts de lutte contre la piraterie et les vols à main armée dans la région ainsi qu‘ aux ateliers de formation et de sensibilisation pertinentes, a-t-il encore fait savoir. 

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) s’est félicitée de la coopération avec les partenaires de son pays pour que la question de la piraterie en mer soit au cœur des discussions du Conseil de sécurité, les facteurs de la piraterie étant multiples, la pauvreté en particulier.  Elle a soutenu une approche d’ensemble dans le golfe de Guinée, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, seul cadre juridique international sur les activités en mer, et du Code de conduite de Yaoundé. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a constaté que grâce aux condamnations pour piraterie au Nigeria et au Togo et au leadership de la marine nigériane, la fréquence des incidents de piraterie a considérablement diminué.  Cependant, moins d’un tiers des pays du golfe de Guinée ont promulgué une législation criminalisant la piraterie, s’’est-il inquiété, appelant à ne pas baisser la garde face aux menaces à la sécurité maritime.  Le représentant a ensuite indiqué que, les États-Unis se sont engagés à accroître leur collaboration et leur coordination avec les pays d’outre-Atlantique, précisant que les forces navales américaines en Afrique mènent des entraînements et des exercices dans tout le golfe de Guinée avec leurs partenaires africains, mais aussi des homologues du Brésil et du Portugal.  Il a noté que la résilience climatique et les économies durables sont des éléments importants de la sécurité maritime, témoignant là encore de l’engagement des États-Unis à travailler avec leurs partenaires africains pour lutter contre les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et d’autres facteurs qui alimentent le recrutement par des groupes criminels, pirates et terroristes.  À cet égard, il a salué les actions du Bénin, du Ghana, du Nigéria et du Togo, avec l’aide de l’ONUDC, pour élaborer des procédures opérationnelles harmonisées sur la collecte de preuves en mer et la chaîne de surveillance.  Il a également salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Code de conduite de Yaoundé.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a rappelé que le golfe de Guinée était une zone stratégique, non seulement pour les pays côtiers, mais aussi pour leurs voisins enclavés qui dépendent tout autant de ce lien à la mer.  Il a salué l’adoption de la résolution 2634 (2022) le 31 mai dernier.  Le représentant s’est félicité de la baisse significative des cas de piraterie dans la région.  Il a appelé à poursuivre et renforcer les efforts qui ont concouru à ce résultat, citant à la fois l’action des États de la région pour criminaliser les actes de piraterie, les cadres de coopération mis en place, « à commencer par l’architecture de Yaoundé », dont il faut poursuivre l’opérationnalisation et à laquelle il faut apporter un soutien robuste, et le soutien de la communauté internationale.  À cet égard, il a mentionné l’ONU, l’ONUDC mais aussi l’Union européenne, « seul partenaire à déployer une présence maritime soutenue et coordonnée en appui aux États du Golfe de Guinée ».  La France, a-t-il ajouté, est fière de participer à cet effort.

Pour la France, le Conseil de sécurité doit rester mobilisé et continuer de suivre avec attention les enjeux de sécurité maritime dans le Golfe de Guinée.  Cette question est loin de se limiter à la piraterie, a rappelé le représentant, qui a aussi cité la pêche illicite.  Il a appelé à adopter une approche large intégrant le développement, le soutien aux communautés locales et la préservation des écosystèmes.  Il a également appelé à rester attentifs à tout risque de liens entre criminalité organisée et terrorisme, alors que les groupes sahéliens essaient d’étendre leur emprise vers les pays côtiers. 

Le représentant a souhaité la poursuite des efforts de l’Union africaine, de la CEDEAO, de la CEEAC, de la Commission du golfe de Guinée, du G5 Sahel et de l’Initiative d’Accra pour mettre en œuvre des initiatives de sécurité à l’échelle régionale.  La France plaidera pour que ces efforts bénéficient d’un financement durable, y compris sur contributions obligatoires des Nations Unies.  Elle apportera aussi un soutien opérationnel, à la demande des États concernés, a conclu le représentant. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) s’est félicité de la récente diminution des incidents de piraterie et de vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée, qui peut être attribuée à des initiatives nationales, régionales et internationales.  Il a toutefois regretté que malgré ces progrès, la criminalité persiste, non seulement en termes de piraterie, mais aussi d’enlèvement de marins, de pêche illégale et de trafic.  Ces activités illicites prospèrent en raison de l’absence de gouvernance et la faiblesse des institutions, ce qui nuit au développement économique de l’ensemble de la région, a-t-il constaté. 

Le représentant s’est dit préoccupé du fait que l’architecture de Yaoundé ne dispose pas des ressources nécessaires pour maximiser son potentiel, appelant à des efforts supplémentaires pour assurer un pilotage politique approprié et un soutien juridique et opérationnel adéquat.  Il a également regretté que, de nombreux États de la région n’aient pas encore adopté la législation nécessaire pour criminaliser la piraterie et le vol à main armée dans leur droit national.  Il a souligné la nécessité que les efforts nationaux, régionaux et internationaux se concentrent sur la résolution des problèmes sociaux, économiques et environnementaux sous-jacents, tout en créant des opportunités pour les femmes et les jeunes.  Le délégué a aussi encouragé la collaboration régionale et internationale pour empêcher que les flux de revenus générés par la piraterie et les vols à main armée en mer ne contribuent au financement du terrorisme dans la région au sens large. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déclaré que la priorité de son pays, en tant que membre de la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud (ZPCAS) est de renforcer les efforts de lutte contre la piraterie dans la région et d’empêcher la propagation de la piraterie vers le sud.  Il s’est félicité de constater que le rapport fait état d’une diminution, depuis avril 2021, des cas de piraterie et de vols à main armée dans la région.  Cette tendance découle d’une série de facteurs, dont les effets dissuasifs de l’augmentation des patrouilles navales, a-t-il noté, avant de féliciter les États du golfe de Guinée pour leur action concertée dans l’opérationnalisation de l’architecture de Yaoundé.  Il a souhaité que la célébration, l’an prochain, du 10e anniversaire de cette initiative, soit l’occasion d’évaluer les progrès et les défis pour renforcer l’action de lutte contre la piraterie dans la région. 

L’amélioration des modalités de coopération et de renforcement des capacités navales deviendra essentielle pour soutenir les efforts de la région pour relever ce défi complexe, a poursuivi le représentant.  En tant que membre du Groupe des Amis du golfe de Guinée, le Brésil est prêt à continuer de soutenir les pays de la région par le biais de la coopération et des opérations navales conjointes, a-t-il dit, avant de rappeler que dans le cadre de l’opération Guinex dirigée par la marine brésilienne, le Brésil a envoyé en juin dernier sa frégate União à la demande de ses partenaires locaux, afin de pallier le fait qu’aucun autre navire étranger ne patrouillerait dans la région.  Il a ensuite appelé les États du golfe de Guinée à s’assurer que leurs cadres juridiques nationaux et régionaux sont conformes à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a constaté que le nombre d’attaques de pirates contre des navires dans le golfe de Guinée avait légèrement diminué, mais ajouté que leurs causes profondes n’avaient pas été éliminées, si bien que les risques pour la sécurité de la navigation internationale, y compris les prises d’otages contre rançon, continuent d’exister.  Le représentant a dit apprécier les efforts déployés par le Bureau maritime international pour fournir une assistance technique aux États du golfe de Guinée, notamment par le biais du Fonds du Programme mondial contre la criminalité maritime.  Il s’est dit convaincu que le renforcement de la capacité des pays côtiers et leur aptitude à réprimer les actes de piraterie et de vol à main armée en mer est la clé du succès.  Il a souligné que les contributions russes au Fonds avaient permis de fournir une assistance technique ciblée à la Guinée équatoriale, au Gabon, au Ghana et au Nigeria, centrée sur l’amélioration des capacités de combat des structures des forces navales de ces États.  À la lumière des caractéristiques régionales de la piraterie, le représentant a continué de préconiser la création d’une structure spécialisée sous l’égide des Nations unies, qui serait chargée de s’attaquer à l’ensemble du spectre de la criminalité maritime.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué la tendance à la baisse du nombre d’incidents signalés dans le rapport du Secrétaire général et dans les exposés, les efforts de coopération régionale et internationale ayant contribué à améliorer la situation sécuritaire dans le golfe de Guinée.  La perte financière occasionnée par les actes de pirateries et les vols à main armée dans la zone coûtent deux milliards de dollars par an en plus des dommages indirects causés aux communautés côtières en particulier, a-t-elle ajouté.  Alors qu’approche du dixième anniversaire du Code de conduite de Yaoundé, elle a souligné que, pour protéger les gains obtenus dans le cadre de l’architecture instaurée par le Code, le Conseil de sécurité doit continuer de soutenir la mise en œuvre de sa résolution 2634 (2022).  La représentante a en outre estimé que, les mesures de lutte contre le phénomène doivent être couplées à celles visant l’adaptation des pays touchés aux effets délétères des changements climatiques. 

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a noté que les incidents de piraterie et de vol à main armée en mer dans le golfe de Guinée avaient diminué, passant de 123 en 2020 à moins de 20 cette année, une « tendance encourageante ».  Elle a également salué le travail réalisé par les États du golfe de Guinée, les portes—plume de la résolution 2634 (2022) - Ghana et Norvège -, par l’Union africaine et des partenaires clefs, y compris l’Union européenne, pour prendre des mesures efficaces dans le contexte de la piraterie et de la sécurité maritime.  La déléguée a attribué cette baisse aux condamnations prononcées pour piraterie, aux effets dissuasifs de l’augmentation des patrouilles de la marine, ainsi qu’à la coopération accrue à travers l’architecture de Yaoundé.  L’Union européenne, a-t-elle rappelé, poursuit son soutien aux efforts régionaux via la mise en œuvre de sa stratégie et de son plan d’action qui contribuent au renforcement des capacités des États côtiers régionaux.  Toutefois, elle a souligné que « le recours à des sociétés militaires et de sécurité privées accroît le risque de violations des droits de l’homme », avant de mettre l’accent sur le respect du droit international.  La déléguée a recommandé une meilleure coordination entre les initiatives aux niveaux national, régional et international.  Il faut prêter attention aux causes profondes de la piraterie, a-t-elle ajouté en évoquant les facteurs multidimensionnels cités dans le rapport du Secrétaire général : pauvreté généralisée, taux élevé de chômage, accès inadéquat aux services publics, menaces à la sécurité, déficiences juridique et judiciaires et corruption.  Elle a aussi mentionné les facteurs environnementaux et climatiques.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a noté que malgré le déclin de la piraterie dans le golfe de Guinée, tous les enlèvements en mer dans le monde avaient été recensés dans cette région en 2021.  Il a estimé qu’il ne suffit pas d’aider les pays côtiers à patrouiller leurs eaux maritimes pour faire face à la piraterie.  Ces pays doivent être soutenus afin de pouvoir investir dans une économie bleue sûre et durable, et avoir la capacité de gérer l’exploitation durable de leurs ressources naturelles tant en mer que sur terre au profit de leurs propres économies.  Cela nécessite des institutions résilientes, des cadres réglementaires efficaces et une volonté politique forte, a dit le délégué, demandant un soutien technique et un renforcement des capacités accrues pour les pays de la région par le biais d’arrangements multilatéraux et bilatéraux.  L’engagement en faveur d’une stratégie intégrée de sécurité maritime basée sur les mécanismes régionaux existants de lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer est essentiel, a-t-il insisté. 

Rappelant l’expérience kenyane dans la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes, le représentant a souligné la nécessité de cadres juridiques nationaux pour poursuivre efficacement les personnes directement et indirectement impliquées dans la piraterie.  Il a encouragé les pays de la région qui ne l’ont pas encore fait, à élaborer des lois qui pénalisent la piraterie et les vols à main armée en mer conformément à la résolution 2634 (2022).  Les États Membres devraient coopérer notamment en matière d’enquête et de poursuite des pirates présumés tout en respectant les garanties d’un procès équitable.  Le représentant a également estimé qu’un plan tenant pleinement compte des causes profondes et appuyant la réintégration sociale, la création d’emplois et les problèmes de sécurité, sera le moyen le plus efficace de lutter contre cette menace. 

M. GENG SHUANG (Chine) a salué l’amélioration du contexte sécuritaire grâce aux efforts conjoints des États du golfe de Guinée et de la communauté internationale.  Il a toutefois constaté que la piraterie perdurait et a insisté sur l’importance de la coopération entre les marines des pays de la région et de la communauté internationale pour la combattre, dans le respect de la souveraineté des États.  Le représentant a appelé à soutenir les institutions régionales comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CELAC), la Commission du golfe de Guinée (CGG) ainsi que le Code de conduite de Yaoundé, se félicitant par ailleurs de la résolution 2634 en mai dernier. 

Le représentant a noté que 242 millions de personnes dans le golfe de Guinée vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, et ce malgré des ressources très importantes, notamment en hydrocarbures.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de développement dans la région afin d’atteindre les objectifs de développement durable le plus rapidement possible.  Le délégué a ensuite fait savoir qu’un convoi de la marine chinoise avait formé les forces navales du Cameroun et du Nigéria et que la Chine avait organisé un colloque au mois de mai avec les pays de la région et signé des accords importants. 

M. JOSÉ DE JESÚS CISNEROS CHÁVEZ (Mexique) s’est félicité du fait que près de 10 ans après l’adoption du Code de conduite de Yaoundé, la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée a donné des résultats très positifs, notant en outre que des efforts nationaux et des stratégies régionales ont permis de réduire sensiblement les incidents de piraterie dans la région.  Il a jugé essentiel de maintenir et d’amplifier l’engagement et la coordination affichés jusqu’à présent pour consolider les progrès accomplis et répondre aux nouveaux défis sécuritaires auxquels sont confrontés les pays riverains du golfe de Guinée. 

Notant que la poursuite et la sanction contre les personnes impliquées dans des actes de piraterie ont joué un rôle clef dans la réduction du nombre d’incidents de piraterie, il a appelé les États à continuer d’adapter leurs cadres juridiques nationaux, notamment en codifiant le crime de piraterie, qui est soumis au régime de compétence universelle.  De son côté, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit soutenir les efforts des pays de la région pour lutter contre la propagation du terrorisme et d’autres activités criminelles dans le contexte où cette menace gagne les États de la région. 

Le représentant a aussi invité ces États à échanger leurs bonnes pratiques et à renforcer leur coopération, s’inquiétant du déplacement des cas de piraterie des pays du golfe de Guinée membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vers ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  Le Centre interrégional de coordination est un exemple de ce qui peut être fait dans ce domaine, a-t-il dit.  Le délégué a également estimé que, la population vivant dans la zone du golfe de Guinée a besoin de stratégies de développement qui lui permettent de prospérer grâce à des activités légales.  Cela les rendra moins vulnérables au recrutement par des groupes criminels et à la radicalisation, a-t-il expliqué. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que l’adoption de la résolution 2634 (2022) a été une réaffirmation importante de l’engagement du Conseil à renforcer la sécurité maritime dans la région.  Malgré la baisse enregistrée des incidents, le golfe de Guinée est la région ayant le pire bilan en matière de piraterie, a-t-il noté.  Le représentant a reconnu les défis persistants liés à l’insuffisance des effectifs des centres de coordination maritime dans le cadre de l’architecture de Yaoundé, et au manque d’équipements et de soutien logistique par les marines nationales.  Concernant le cadre institutionnel, les plans régionaux et continentaux tels que l’architecture de Yaoundé et la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (AIM), ainsi que la Charte africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique (Charte de Lomé), se sont avérés essentiels pour mobiliser les actions nationales de lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans la région, a-t-il souligné.  Toutefois, leur mise en œuvre est entravée par des lacunes opérationnelles, de financement et de renforcement des capacités.  De plus, moins d’un tiers des États ont adopté une législation qui criminalise la piraterie comme prévu par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM).  Il est donc important de combler ces lacunes, a-t-il insisté avant de préconiser une approche holistique impliquant le secteur privé, la société civile et les partenaires donateurs pour résoudre les causes de la piraterie, à savoir la pauvreté, le sous-emploi et le chômage élevés, l’accès inadéquat aux services publics, le changement climatique et l’impact disproportionné de la pêche illicite.  Pour ce qui est des partenariats renforcés, le représentant a estimé qu’il est important que les États de la région soient soutenus pour formuler leur stratégie maritime nationale et renforcer les capacités d’enquête des organismes chargés de l’application des lois maritimes.  Enfin, même si le rapport n’a pas identifié de preuves de liens entre les pirates et les groupes extrémistes, il a demandé que des efforts soient déployés pour réduire les liens entre les groupes extrémistes, terroristes et de pirates.  Il a conclu en rappelant que le dixième anniversaire de l’architecture de Yaoundé offre une occasion unique de renforcer son opérationnalisation, y compris sa codification. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a observé que le coût combiné des mesures de lutte contre la piraterie, des pertes de recettes fiscales, des dommages directs à l’industrie du transport maritime, des primes d’assurance plus élevées et des volumes d’échanges plus faibles constitue une menace pour l’ensemble de la région du golfe de Guinée.  À cela s’ajoutent le coût énorme de la pêche illégale, sous-déclarée et non réglementée, ainsi que le trafic de stupéfiants, d’armes et d’êtres humains, le soutage de pétrole et la piraterie pétrolière, a-t-il relevé, jugeant nécessaire de mieux comprendre les liens entre ces crimes, qui ont aussi lieu sur terre, et les vols à main armée et la piraterie en mer.  Selon le représentant, ces problèmes doivent être résolus par une approche intégrée qui tient compte de la nécessité du développement économique et d’une gouvernance renforcée dans la région.  Pour cela, a-t-il rappelé, l’Union européenne a adopté en 2014 une stratégie pour le golfe de Guinée, qui aborde tout à la fois le développement socioéconomique, les cadres institutionnels et juridiques ainsi que les aspects de défense et de sécurité. 

Parmi les outils à disposition pour lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée, le représentant a cité la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, mais aussi le Code de conduite de Yaoundé signé en 2013, qui est le principal cadre régional pour promouvoir la coopération en matière de sécurité maritime, et une présence navale accrue.  Sur ce dernier point, il a rappelé que l’Union européenne a lancé en 2021 les présences maritimes coordonnées dans le golfe de Guinée, qui garantissent la présence navale d’au moins un État membre de l’UE à tout moment, en coordination avec les organismes régionaux et nationaux.  L’UE envisage également une mesure d’assistance dans le cadre de la facilité européenne pour la paix afin de soutenir les acteurs militaires dans certains États côtiers, a ajouté M. Gonzato, qui a aussi plaidé pour un renforcement des cadres juridiques et des capacités institutionnelles dans la région.  Enfin, après avoir réaffirmé le soutien de l’Union européenne au programme mondial de lutte contre la criminalité maritime de l’ONUDC, le représentant a assuré de la détermination de l’Union européenne à soutenir les pays de la région dans leurs efforts de renforcement de la sécurité maritime, sur la base de la stratégie et du plan d’action du golfe de Guinée. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rappelé que le Ghana et la Norvège avaient joué le rôle de chefs de file dans l’adoption de la résolution 2634 (2022).  S’exprimant en tant que pays coprésidant actuellement - avec la Côte d’Ivoire – les  « Amis du G7++ du golfe de Guinée », une coalition multilatérale de pays de la région et de partenaires internationaux dont les membres soutiennent l’Architecture et le Code de conduite de Yaoundé, la représentante a indiqué que le Groupe avait positivement répondu à l’appel en vue de la mise en œuvre  des conclusions de la réunion tenue à Berlin en juillet, et qu’il comptait approfondir le dialogue à l’occasion de sa prochaine réunion prévue à Abidjan.  L’Allemagne a réitéré sa disponibilité à poursuivre la coprésidence de ce groupe, qui souhaite faire du Code de Conduite de Yaoundé un instrument juridiquement contraignant. 

À titre national, la représentante de l’Allemagne a rappelé l’engagement de son pays aux niveaux multilatéral et bilatéral, pour soutenir les pays du golfe de Guinée.  Au-delà du soutien à une réponse régionale solide et durable aux risques immédiats posés par la piraterie et les autres activités illégales en mer, elle a appelé à investir davantage dans leur prévention ainsi que dans l’atténuation de leurs effets.  Elle a suggéré des investissements dans l’économie bleue pour offrir des moyens de subsistance et des opportunités économiques aux communautés côtières locales, ou encore dans la protection et la conservation de l’environnement.  Elle a rappelé que la Commission de consolidation de la paix avait rendu à cet égard un avis au Conseil de la sécurité maritime avec des recommandations très spécifiques.  Enfin, la représentante a rappelé que les progrès concrets dans la lutte contre la piraterie et le renforcement de la sécurité maritime sont particulièrement importants compte tenu des menaces que font peser les groupes terroristes sur la sécurité et la stabilité de la région. 

M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a déclaré que son gouvernement s’est engagé à améliorer l’efficacité de ses réponses pour lutter contre la menace de la piraterie dans le golfe de Guinée et donner la priorité au respect de ses obligations en vertu du Code de conduite de Yaoundé.  Le Nigeria a investi plus de 195 millions de dollars pour établir le cadre de l’infrastructure intégrée de sécurité nationale et de protection des voies navigables qui aide à réagir rapidement à la piraterie, aux vols, aux enlèvements, au vol de pétrole, à la contrebande, au trafic illégal de drogues et personnes et autres crimes commis dans les eaux territoriales et la zone économique exclusive du Nigéria.  La loi a permis de tenir les auteurs d’actes de piraterie et de vols à main armée en mer responsables de leurs crimes, a précisé le représentant.  Dans le but de renforcer ces efforts, le Nigeria garantit la disponibilité de la flotte afin de mener efficacement une coopération maritime dans le cadre du Code de conduite de Yaoundé. 

Selon le représentant, il est important de renforcer la souveraineté des eaux nationales au sein du golfe de Guinée et de protéger une source vitale de nourriture pour la population.  À cet égard, le renforcement des capacités et de la présence navales aiderait la région à résoudre le problème de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.  Les partenaires internationaux doivent continuer à aider les États sur le plan technique et matériel pour lutter contre ce crime et développer leurs économies bleues durables. 

Au niveau régional, la collaboration entre les acteurs maritimes est impérative pour la mise en œuvre effective du Code de Conduite de Yaoundé, a observé M. Nze, qui a précisé qu’avec le Cameroun, le Nigéria copréside le Forum de collaboration maritime du golfe de Guinée pour renforcer l’échange d’informations, la coopération en mer et favoriser la synergie entre les navires de guerre de la région, ceux des partenaires internationaux, l’industrie maritime et les centres.  À l’approche du dixième anniversaire du Code de conduite de Yaoundé, le Nigéria promet son engagement indéfectible à sa pleine opérationnalisation et travaillera avec ses voisins pour renforcer la coopération régionale en matière de sécurité maritime dans le golfe de Guinée. 

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