9178e séance - matin
CS/15093

Le Haut-Commissaire pour les réfugiés alerte le Conseil de sécurité sur le nombre record de personnes réfugiées et déplacées dans le monde

Plus de 103 millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde.  Tel est le constat alarmant que M. Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a dressé ce matin au Conseil de sécurité, appelant la communauté internationale à coopérer d’urgence afin d’inverser la trajectoire actuelle et de faire émerger des solutions.

L’invasion russe en Ukraine a entraîné l’exode le plus massif et le plus rapide depuis des décennies, avec environ 14 millions de personnes qui ont été forcées de quitter leur foyer depuis le 24 février.  Mais cette crise n’est pas la seul, le Haut-Commissariat ayant répondu au cours des 12 derniers mois à 37 situations d’urgence dans le monde.  Parmi les plus graves, M. Grandi a mentionné les plus de 850 000 déplacés en Éthiopie et les 500 000 au Myanmar au cours des six premiers mois de l’année, sans oublier 200 000 nouveaux déracinés en République démocratique du Congo.

Au-delà de la situation de détresse de ces populations et de l’aide dont ils ont besoin, le Haut-Commissaire a attiré l’attention sur les multiples facteurs expliquant ces phénomènes.  Ils ne relèvent en effet pas seulement des conflits, mais aussi de la pauvreté, d’une faible gouvernance et des changements climatiques, qui détruisent les ressources nécessaires aux populations, créant des tensions, voire des conflits, et entraînant des déplacements.  Et, face au nombre sans précédent d’urgences humanitaires, le HCR est confronté à un important déficit de financement pour certaines de ses opérations essentielles, a mis en garde M. Grandi.

Toutes les délégations se sont alarmées de la hausse continue du nombre de réfugiés et de déplacés dans le monde résultant de conflits armés, de l’instabilité politique, de la violence, de crises économiques et des effets des changements climatiques.  La Norvège s’est inquiétée en particulier du nombre élevé d’enfants et de jeunes forcés au déplacement et qui sont souvent non-accompagnés.  Ils sont alors la proie de groupes armés qui les exposent à des risques de recrutement, de traite humaine et d’abus sexuels et sexistes.

Comme l’ont fait remarquer le Kenya, le Ghana ou la Chine, 83% des réfugiés dans le monde sont accueillis par des pays en développement, et plus de 26% en Afrique subsaharienne.  Or, l’accueil d’un grand nombre d’entre eux dans des contextes socioéconomiques et écologiques fragiles s’accompagne de grandes difficultés, notamment la surexploitation des ressources rares, la détérioration de l’environnement ou encore la concurrence entre réfugiés et communautés d’accueil, en raison de la diminution des ressources et les conflits qui en découlent.  De l’avis du Kenya, l’expérience montre en outre que des groupes terroristes se sont servis des camps de réfugiés pour recruter et radicaliser des malheureux.

La France a fait observer que, depuis le début de l’agression illégale de la Russie en Ukraine, l’Europe connaît le plus grand déplacement de populations à travers le monde, le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale, avec 7,5 millions de réfugiés et 6,5 millions de déplacés.  Mettant l’accent sur le principe selon lequel l’État qui provoque un conflit doit payer, les États-Unis ont dit que la Russie a contraint plus de 14 millions d’Ukrainiens à quitter leur foyer, l’accusant de se servir de l’hiver comme d’une arme.

Outre les conflits, les changements climatiques sont de plus en plus à l’origine de déplacements dans plusieurs régions du monde, notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, a relevé le Gabon.  En Somalie, par exemple, le nombre de personnes déplacées cette année, principalement à cause de la sécheresse, approche le million de personnes, et près de 500 000 autres ont été déplacées en raison du conflit et de l’insécurité, a fait observer le Ghana.

Le retour en toute sécurité des réfugiés a également été évoqué à plusieurs reprises.  Par exemple, M. Grandi a fait savoir que les conditions du retour au Myanmar de près d’un million de Rohingya réfugiés au Bangladesh sont loin d’être réunies.  La France a évoqué le cas de la Syrie, où « le régime fait un tri, poursuivant ainsi par d’autres voies sa politique d’ingénierie démographique soigneusement mise à l’œuvre depuis le début du conflit », raison pour laquelle les conditions pour un retour digne, sûr et volontaire ne sont pas réunies.  Le représentant a jugé essentiel que le HCR puisse assurer un suivi effectif des réfugiés syriens de retour et des conditions dans lesquelles se déroule ce retour.

Fortes de ces constats, les délégations ont mis l’accent sur la coopération et le devoir de solidarité.  De l’avis du Gabon, la communauté internationale n’en fait pas assez pour répartir équitablement le coût de la protection en faveur des personnes en quête d’asile.  Le délégué a plaidé pour, sans plus attendre, une « véritable coopération de partage équitable de responsabilités », qu’il considère comme « une exigence de la conscience universelle et une priorité absolue ». 

Pour sa part, le Brésil s’est interrogé sur la façon dont le Conseil pourrait réagir au contexte actuel dominé par des allégations de politisation croissante de l’assistance humanitaire.  À l’instar de l’Inde et des Émirats arabes unis, plusieurs délégations ont rappelé qu’il est essentiel de fournir des services équitables et sans discrimination à tous les réfugiés.  Le droit d’asile étant le plus emblématique des droits humains, refuser d’accueillir ou discriminer les demandeurs d’asile, c’est par conséquent violer les droits de la personne, a martelé le Gabon, qui a appelé à une réponse urgente sur les plans politique, sécuritaire, financier, logistique et humanitaire, qui ne soit pas à géographie variable.

La France a annoncé qu’elle coparrainera le prochain Forum mondial sur les réfugiés, fin 2023, qui devra permettre davantage de coopération pour l’accueil des réfugiés et le renforcement des systèmes d’asile dans le monde.  Comme l’a rappelé le Ghana, la communauté internationale peut aussi s’appuyer sur les instruments juridiques internationaux, notamment le pacte mondial sur les réfugiés. 

EXPOSÉ DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a demandé aux membres du Conseil de sécurité de regarder la multiplicité des défis mondiaux du point de vue des plus de 103 millions de réfugiés et de personnes déplacées, qui sont les plus touchés par la hausse des conflits, l’urgence climatique, la pandémie et les crises énergétiques et alimentaires.  Dans un tel contexte, il est urgent que la communauté internationale coopère afin d’inverser la trajectoire actuelle et de faire émerger des solutions.

L’invasion russe en Ukraine a entraîné l’exode le plus massif et le plus rapide depuis des décennies.  Environ 14 millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer depuis le 24 février.  Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) tâche d’aider les personnes déplacées et, parmi les pays voisins, le Moldova a besoin d’une attention particulière en raison de sa vulnérabilité.  L’Union européenne a adopté une approche commune pour accueillir les réfugiés, s’est félicité M. Grandi.  Et compte tenu de la nature probablement prolongée du conflit militaire, le HCR maintient un haut niveau de préparation à de nouveaux mouvements de population, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, en tenant compte des différents scénarios possibles et de la portée et des limites de l’aide humanitaire.

La crise en Ukraine n’est pas la seule, a poursuivi M. Grandi, et le HCR a répondu au cours des 12 derniers mois à 37 situations d’urgence dans le monde.  Il est aux côtés du peuple d’Éthiopie, où plus de 850 000 personnes ont été déplacées au cours des six premiers mois de l’année.  Le Haut-Commissaire a prié le Conseil de tout faire pour aider à trouver une issue positive aux pourparlers entre les parties en Afrique du Sud, faute de quoi la situation va encore s’aggraver et restreindre davantage la capacité du HCR d’atteindre ceux qui en ont besoin, au Tigré et dans d’autres régions.

Le HCR est également présent au Myanmar, où quelque 500 000 personnes ont été déplacées au cours des six premiers mois de cette année et où l’accès humanitaire reste difficile.  En outre, les conditions du retour de près d’un million de réfugiés rohingya du Bangladesh sont loin d’être réunies.  Le HCR est en République démocratique du Congo (RDC), où des attaques brutales et la violence sexuelle contre les femmes ont ajouté plus de 200 000 personnes aux 5,5 millions qui sont déjà déplacées dans le pays.

Ces crises, et bien d’autres encore, dont les innombrables situations prolongées comme celles des réfugiés afghans et syriens, et certains des flux de population multiples et complexes dans les Amériques, ne font plus autant l’objet de l’attention des médias, et font les frais de l’inaction mondiale, a déploré le Haut-Commissaire.

M. Grandi a évoqué les changements climatiques qui ravagent les ressources nécessaires aux populations, ce qui crée des tensions, souvent de nature intercommunautaire, en particulier dans des contextes déjà fragiles où les gouvernements n’ont pas les moyens de soutenir des programmes d’adaptation et de résilience.  Le Haut-Commissaire a dit craindre que, faute de financements supplémentaires pour la prévention, l’adaptation et un soutien à la gouvernance, les tensions, les frustrations et la concurrence augmenteront et généreront des conflits, avec leurs conséquences catastrophiques, dont le déplacement de populations.  Le Haut-Commissaire a, par exemple, évoqué les réfugiés somaliens évacués dans des régions du Kenya touchées par la sécheresse.  La crise des réfugiés est très complexe, a fait observer M. Grandi.

Extrêmement inquiet de la situation au Sahel, M. Grandi a indiqué que les changements climatiques, la pauvreté, et une faible gouvernance face à l’action de groupes armés ont déjà déplacé trois millions de personnes.  Il est donc évident, selon lui, que les réponses aux changements climatiques doivent tenir compte de leur lien avec les conflits et les déplacements qu’ils provoquent, ce qui sera fait, a-t-il espéré, lors de la COP27 et de la COP28.

Pour conclure, M. Grandi a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur les ressources dont le HCR a besoin, l’aide humanitaire étant soumise à une énorme pression.  Malgré un niveau record de revenus, dont un milliard de dollars provenant de donateurs privés, le HCR est confronté cette année à un important déficit de financement pour certaines de ses opérations essentielles.  Il s’agit également de préserver la coopération au développement en tant qu’outil essentiel pour rendre les communautés résilientes et immunisées contre les chocs des crises cycliques, en brisant la terrible spirale des catastrophes, des conflits et des déplacements.

Pour le HCR, il est essentiel de renforcer sérieusement la consolidation de la paix, essentielle pour résoudre le problème des déplacements, par exemple en permettant aux réfugiés de rentrer chez eux, et pour prévenir la récurrence des conflits.  L’action humanitaire doit être mieux protégée, d’abord du point de vue sécuritaire, puisque les menaces à l’encontre des humanitaires sont en hausse, et pour préserver le caractère civil des lieux d’accueil des réfugiés.

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) a jugé très préoccupante l’augmentation continue du nombre de réfugiés dans le monde résultant de conflits armés prolongés, de crises économiques et des effets des changements climatiques.  Aujourd’hui, 83% des réfugiés dans le monde sont accueillis par des pays en développement, les moins développés offrant l’asile à 7 millions de personnes, soit 27% du total mondial des réfugiés.  Par ailleurs, au début de cette année, la communauté internationale a été témoins d’une vague de réfugiés ukrainiens en raison du conflit dans leur pays, mais a aussi reçu des rapports inquiétants faisant état de systèmes d’admission racialisés, caractérisés par un traitement différentiel des réfugiés d’autres origines, y compris des Africains.

Le Kenya qui a fourni une protection internationale aux réfugiés de toute la région pendant plus de trois décennies et accueille actuellement plus d’un demi-million de réfugiés et de demandeurs d’asile, sait que l’accueil d’un grand nombre de réfugiés, en particulier dans des contextes socioéconomiques et écologiquement fragiles, s’accompagne de grands défis, notamment la surexploitation des ressources rares, la détérioration aiguë de l’environnement ou encore la concurrence entre réfugiés et communautés d’accueil en raison de la diminution des ressources et les conflits qui en découlent.  L’expérience montre en outre que des groupes terroristes opportunistes ont utilisé les camps de réfugiés comme refuges pour le recrutement, la radicalisation et la planification.

Sa délégation a constaté en outre que la communauté internationale a constamment sous-financé les appels lancés par les pays en développement et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans le cadre des efforts de secours aux réfugiés.  Elle appelle donc à un financement suffisant pour permettre au HCR et aux autres agences humanitaires sur le terrain de fournir une aide vitale à ceux qui en ont besoin.  Mais les pays les plus riches peuvent faire beaucoup plus, a estimé le représentant, qui a demandé que les personnes d’ascendance africaine se rendant en Europe via la Méditerranée soient traitées humainement.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a espéré que les membres du Conseil allaient appuyer l’initiative du Haut-Commissaire tendant à la création d’une exception humanitaire dans le cadre des régimes de sanctions.  Elle a dit sa fierté que son pays soit le principal contributeur mondial à l’assistance humanitaire et mis toutefois l’accent sur le principe selon lequel si vous avez provoqué un conflit, vous devez payer.  La Russie, par exemple, a obligé plus de 14 millions de personnes à quitter leur foyer en Ukraine, a-t-elle dit, et ce pays fait de l’hiver une arme pendant les mois les plus froids.  Les États-Unis ont pour leur part accueilli plus de 174 000 Ukrainiens, dont certains, à l’occasion d’entretiens avec Mme Thomas-Greenfield à Chicago, ont fourni des détails atterrants sur ce qu’ils ont vécu, mais également manifesté leur espoir de vivre en paix aux États-Unis.  Nous avons agi tôt pour fournir 850 millions de dollars à la Somalie, en particulier pour la lutte contre la sécheresse.  Les difficultés des communautés touchées par la sécheresse en Éthiopie sont également insoutenables, a poursuivi la représentante.  De surcroît, les travailleurs humanitaires ont dû se retirer du nord du Tigré en raison des hostilités ce qui fait que les enfants souffrent de malnutrition aiguë.  Passant aux souffrances indescriptibles de la population syrienne, elle a dénoncé le fait que certaines des personnes ayant choisi le retour soient soumises à des mauvais traitements et à la torture.  Les besoins humanitaires sont immenses en Syrie et l’assistance humanitaire à travers les frontières reste absolument indispensable, a-t-elle affirmé.  Les États-Unis ont également alloué 2,7 milliards de dollars d’aide pour alléger la crise au Venezuela depuis plus de cinq années maintenant.  Elle s’est félicitée de la nouvelle initiative du HCR sur la reddition de comptes et demandé de quelle façon les États-Unis pourraient l’appuyer.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a souligné que, dans le contexte actuel de crise, le mandat du HCR demeure plus fondamental que jamais.  Depuis le début de l’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine, a-t-il poursuivi, l’Europe connaît le plus grand déplacement de population dans le monde, le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale, avec 7,5 millions de réfugiés et 6,5 millions de déplacés.  En réponse à cette tragédie, la France s’est engagée à fournir une aide humanitaire de 200 millions d’euros, a accueilli plus de 100 000 Ukrainiens et scolarisé plus de 20 000 enfants qui ont fui la guerre.  Toutefois, le soutien à l’Ukraine ne diminue en aucun cas l’attention portée aux autres crises humanitaires, notamment au Sahel et au Moyen-Orient, a fait valoir M. de Rivière.  Dès 2021, la France a doublé ses contributions volontaires et est désormais au huitième rang des donateurs, considérant que « porter assistance aux personnes contraintes à l’exil est un devoir ».  De l’avis du représentant, ce n’est qu’à travers une approche solidaire que la communauté internationale parviendra à améliorer la prise en charge des réfugiés et des personnes déplacées.  En outre, les menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire et la nutrition imposent un devoir de solidarité.

La France coparrainera le prochain Forum mondial pour les réfugiés, fin 2023, qui devra permettre davantage de coopération pour l’accueil des réfugiés et le renforcement des systèmes d’asile dans le monde, a annoncé le délégué.  Au sujet des principes fondamentaux concernant le retour des réfugiés, il a évoqué le cas de la Syrie, où « le régime fait un tri poursuivant ainsi par d’autres voies sa politique d’ingénierie démographique soigneusement mise à l’œuvre depuis le début du conflit », raison pour laquelle les conditions pour un retour digne, sûr et volontaire ne sont pas réunies.  Il est essentiel que le HCR puisse assurer un suivi effectif des réfugiés syriens de retour et des conditions de ce retour, a recommandé le représentant.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a considéré que la coopération et la solidarité sont fondamentales pour des réponses humanitaires globales et soutenues, mettant l’accent sur le principe de responsabilité partagée.  Tout en reconnaissant que les effets des changements climatiques aggravent toutes les urgences humanitaires, M. de Almeida Filho a néanmoins estimé qu’il faut intégrer cette dimension dans les discussions autour des questions humanitaires d’une manière qui n’occulterait pas la recherche de solutions politiques aux conflits contemporains, qui demeurent les principaux moteurs du déplacement.

Au niveau national, le Brésil, a indiqué le représentant, a offert une protection aux personnes affectées par les conflits en Afghanistan et en Ukraine grâce à sa politique de visas humanitaires, de même qu’aux Haïtiens et aux Syriens touchés par la guerre.  Il a vivement remercié le HCR de son soutien à Operação Acolhida, ou « Opération Bienvenus », une équipe multisectorielle chargée de l’intégration, la réception et la réinstallation volontaire des Vénézuéliens à sa frontière septentrionale.  Ainsi et depuis 2018, plus de 770 000 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile vénézuéliens ont bénéficié d’une forme d’assistance ou d’une autre de la part du Brésil dans le cadre de l’Opération Bienvenus, qui accorde une attention particulière, à l’arrivée, aux autochtones, aux personnes âgées, aux femmes, aux enfants et aux personnes handicapées.

Le délégué a, en outre, mis l’accent sur la responsabilité particulière du Conseil dans la protection des civils en situation de conflits, tout en insistant sur les défis posés par les sanctions de l’ONU à l’assistance humanitaire.  Il a ensuite fortement appuyé l’initiative des États-Unis et de l’Irlande, invitant vivement le Conseil à tomber d’accord sur les voies et moyens de revoir l’assistance humanitaire dans tous les régimes de sanctions de l’ONU.  Dans la perspective du prochain Forum mondial sur les réfugiés, il a encouragé à conjuguer les efforts pour accélérer l’acheminement de l’aide conformément au principe de responsabilité partagée.  Il s’est interrogé, en conclusion, sur la façon dont le Conseil pourrait réagir au contexte actuel dominé par des allégations de politisation croissante de l’assistance humanitaire.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a déclaré que si le HCR fait son travail, le Conseil de sécurité, lui, ne fait pas le sien: il échoue à prévenir les conflits dans le monde, qui sont eux-mêmes source de crises de réfugiés.  Citant les chiffres alarmants sur le nombre de réfugiés dans le monde, il a dit que son pays avait accueilli sa part de réfugiés ukrainiens obligés de fuir leur pays à cause de la guerre injustifiée menée par la Fédération de Russie.  Le représentant a également abordé le lien qui existe entre les changements climatiques et la crise des réfugiés, estimant que le Conseil de sécurité doit ouvrir ce débat.  Il doit également se pencher sur les restrictions et violences subies par les travailleurs humanitaires qui cherchent à faire leur travail, a-t-il recommandé.  De plus, le représentant a dit qu’il ne faut pas rejeter les réfugiés haïtiens qui tentent de fuir la violence des gangs.  Alors qu’il faut imposer un régime de sanctions sur Haïti, il faut veiller aux exceptions humanitaires, a demandé le représentant, ajoutant avoir travaillé à cet objectif avec les États-Unis.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a reconnu que la situation des réfugiés, des rapatriés et des déplacés dans le monde est très préoccupante.  Outre les conflits, les changements climatiques sont de plus en plus à l’origine de déplacements dans plusieurs régions du monde, notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.  Le nombre sans précédent de personnes déplacées est insoutenable, s’est alarmé M. Biang, estimant que la communauté internationale n’en fait pas assez pour répartir équitablement le coût de la protection en faveur des personnes en quête d’asile.  De plus, le financement de l’action humanitaire ne permet pas de faire face aux différents défis qui se posent à la communauté internationale, notamment l’insécurité alimentaire, les épidémies, l’accès à l’eau potable, la sécurité des femmes, en particulier dans les camps de réfugiés, et l’accès à l’éducation pour les plus jeunes.  Le représentant a plaidé pour, sans plus attendre, une « véritable coopération de partage équitable de responsabilités », qu’il considère comme « une exigence de la conscience universelle et une priorité absolue ».

La guerre en Ukraine a redonné plus de pertinence et de validité aux principes clefs de la Convention relative au statut des réfugiés, à savoir le droit de demander l’asile en vertu du droit international et l’interdiction des retours vers la persécution et le danger.  À cet égard, M. Biang a salué les voisins de l’Ukraine qui ont fait montre d’un effort de solidarité remarquable en accueillant prima facie la plupart des demandeurs d’asile fuyant la guerre.  Malheureusement, a-t-il nuancé, de nombreux pays continuent de donner la priorité à des politiques destinées à dissuader les demandes d’asile.  Face à la crise de solidarité dans le monde, M. Biang a appelé à une réponse urgente sur le plan politique, sécuritaire, financier, logistique et humanitaire, qui ne doit surtout pas être à géographie variable.  Il a rappelé que le droit d’asile est le plus emblématique des droits humains.  Par conséquent, refuser d’accueillir ou discriminer les demandeurs d’asile, c’est violer les droits de la personne.

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a déclaré que l’aide aux réfugiés était une composante indispensable aux efforts tendant à la paix, à la sécurité et à la stabilité internationales.  Son pays, a-t-il dit, s’efforce au mieux de veiller aux intérêts des réfugiés et respecte les objectifs du pacte mondial sur les réfugiés.  L’essence et la portée géographique des conflits, la pauvreté et la crise économique sont les principaux facteurs sous-jacents des migrations et déplacements, a-t-il reconnu, avant de fustiger les pays ayant spolié les ressources naturelles des pays africains, décimé la Libye par une intervention militaire, et détruit la Syrie.  Le délégué a ensuite souligné l’importance d’œuvrer au retour des réfugiés syriens, invitant le HCR à persévérer dans l’initiative du retour volontaire des Syriens.  Évoquant la situation en Ukraine, il a rappelé que pendant huit ans, le pilonnage par Kiev des villes du Donbass avait contraint au déplacement de 4,5 millions d’habitants en Russie.  Il a mis en exergue la fourniture gratuite d’aide médicale à ces populations, la simplification de leur statut juridique en Russie et du droit de travailler, sans permis ni autorisation.  Le représentant a insisté sur l’accueil digne réservé à ces personnes en Russie, avant de réitérer l’appui de son pays au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie), s’exprimant sur la crise des réfugiés ukrainiens fuyant la guerre menée par la Fédération de Russie, a déclaré que les efforts de la communauté internationale doivent aussi se concerter sur les autres réfugiés aux quatre coins du monde et ne pas les oublier.  Les causes de ces mouvements de population doivent faire l’objet de prévention, a-t-elle recommandé.  La déléguée a fait valoir que les financements doivent également être au rendez-vous, y compris pour les retours volontaires des réfugiés dans leur pays d’origine.  Il est à espérer que le pacte mondial sur les réfugiés soit mis en œuvre et que la pratique des exceptions humanitaires soit plus étendue, a plaidé l’oratrice.

Selon Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis), ce n’est pas seulement le nombre de difficultés qui devrait alarmer la communauté internationale, mais aussi leur ampleur et leur intensité.  Pour la première fois cette année, le monde a enregistré le grave record de plus de 100 millions de personnes forcées de quitter leur foyer pour trouver la sécurité.  À ce propos, la représentante a souligné la nécessité pour tous les réfugiés d’avoir un accès équitable aux services de base, comme les services de santé, la nourriture et l’eau potable, et d’être protégés contre toutes les formes de violence, notamment la violence sexuelle et fondée sur le genre.  Les Émirats continuent de fournir une assistance humanitaire dans le monde entier, notamment aux réfugiés syriens et rohingya, ainsi qu’aux personnes déplacées en Éthiopie, a-t-elle assuré.

De son avis, s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs qui contribuent aux déplacements forcés doit rester la première approche pour prévenir leur apparition.  Pour mettre fin aux conflits de manière pacifique, les solutions politiques, le dialogue et le soutien à la désescalade doivent rester les éléments fondamentaux des efforts de la communauté internationale, a-t-elle conseillé.  Elle a dit en outre que cette approche est plus efficace et rentable, car elle garantit que les plus vulnérables peuvent rester chez eux dans des conditions sûres.  Dans le même temps, a-t-elle fait remarquer, fournir une éducation aux personnes déplacées de force peut atténuer le risque de les laisser de côté et renforcer leurs capacités à se construire un avenir.  À cette fin, elle a signalé que les Émirats ont cherché à investir dans des outils éducatifs innovants, comme l’école numérique lancée cette année pour former les éducateurs et fournir un apprentissage à distance aux enfants, notamment dans les camps de réfugiés.

M. GENG SHUANG (Chine) a mis l’accent sur l’instabilité sur les marchés internationaux, les répercussions de la pandémie et les conflits dans le monde, autant de facteurs qui se chevauchent dans la crise actuelle.  Préoccupée par les besoins humanitaires croissants, par la pénurie de financement, et par le fait que les agences humaines ont été contraintes de réduire leur intervention dans des situations d’urgence, la Chine a observé que les pays en développement accueillent plus de 80% des réfugiés dans le monde et que les pays développés n’ont pas tout à fait honoré leurs engagements en termes de financement.  Il a cependant invité à une révision de la notion de réfugiés, car il existe à présent des criminels qui se fondent parmi les populations réfugiées.  Le délégué a exhorté à privilégier la recherche de solutions pacifiques, à soutenir les opérations de paix, et à renforcer la coopération avec la Commission de la consolidation de la paix pour créer des conditions favorables à leur retour digne et en toute sécurité.

S’agissant de l’Ukraine, la Chine a félicité les pays limitrophes et voisins pour l’accueil de millions de réfugiés, insistant sur la nécessité de pourparlers de paix sous l’égide de la communauté internationale.  Au Moyen-Orient, des millions de réfugiés palestiniens ont été jetés sur les routes de l’exil, leurs droits bafoués et à présent, faute de pourparlers de paix, les Palestiniens n’ont aucune perspective, a-t-il remarqué, exhortant à la recherche d’une solution durable.  D’autre part, 7 millions de Syriens ont été forcés de quitter leur pays, pour se rendre en Jordanie ou au Liban, petits pays qui ont beaucoup de mal à accueillir autant de réfugiés.  S’agissant de l’Afghanistan, le délégué a appelé la communauté internationale à rester constructive avec les autorités dans ce pays, notamment en trouvant une solution au gel des avoirs à l’étranger aux fins d’épargner de nouvelles souffrances à la population.  Concernant l’exode forcé des Rohingya au Bangladesh, il a salué la reprise du dialogue avec le Myanmar, et assuré que son pays fournira un effort particulier pour faciliter le retour des réfugiés rohingya.  Le représentant a enfin appelé le HCR à continuer de faire de l’Afrique une priorité.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a indiqué que son pays a accueilli des millions de réfugiés du Bangladesh, puis du Pakistan oriental, lorsque la « terreur génocidaire » s’est déchaînée contre eux.  Un grand nombre de réfugiés continuent par ailleurs de séjourner en Inde et sont entièrement accueillis sur les propres ressources de l’Inde, qui s’est aussi engagée à faciliter le retour digne, sûr et durable de ces ressortissants étrangers dans leur pays d’origine, conformément aux lois nationales et à un accord mutuel avec le pays concerné.  L’Inde a également aidé les réfugiés palestiniens en s’associant à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en plus d’avoir augmenté sa contribution annuelle, passant de 1,25 million de dollars à 5 millions en 2018.  L’Agence a ainsi reçu 20 millions de dollars au cours des quatre dernières années, en comptant la contribution de cette année, a précisé le représentant.

Le délégué a estimé, cependant, alors que la responsabilité première de protéger et d’aider les déplacés incombe aux États concernés, l’action internationale doit rester dans les limites de la notion de souveraineté et, par conséquent, ne devrait se faire qu’à la demande du pays concerné.  La communauté internationale devrait aussi s’efforcer d’empêcher que des personnes ne soient forcées de quitter leur pays d’origine, notamment par le biais de la prévention des conflits armés, la lutte contre le terrorisme, l’édification et le maintien de la paix.  Il a jugé également crucial de maintenir les principes d’humanité, d’impartialité et de neutralité dans le traitement des questions relatives aux réfugiés, mais aussi de fournir des services équitables et sans discrimination à tous les réfugiés.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a relevé que la violence, l’instabilité politique et le manque de moyens de subsistance sont souvent les causes qui expliquent les tendances actuelles au déplacement forcé, que ce soit à l’intérieur des frontières ou à l’étranger.  Le conflit en Ukraine explique la hausse mondiale du nombre de personnes déplacées, plus d’un tiers de la population de ce pays ayant dû fuir en raison de la guerre, a-t-il rappelé.  Outre ce conflit et celui en Éthiopie, le représentant a constaté une nouvelle vague de déplacements dans des régions souffrant de conflits prolongés.  La résurgence du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo et l’intensification de l’activité de groupes extrémistes dans le Sahel, ces derniers mois, ont forcé des communautés entières à se déplacer, entraînant une détérioration de la situation humanitaire.  De plus, les effets des changements climatiques, comme les inondations au Soudan du Sud et la sécheresse en Somalie, aggravent la violence intercommunautaire.

Le représentant s’est dit convaincu de la nécessité d’élaborer des diagnostics qui tiennent compte de la diversité des facteurs qui obligent des personnes à chercher refuge ou à se déplacer dans leur pays.  Seule une compréhension complète de ces phénomènes permettra à la communauté internationale de trouver des solutions fondées sur la coopération et la solidarité.  Après avoir salué le travail du HCR, M. de la Fuente Ramírez a réitéré son appel à intégrer de manière systématique les services de santé et psychiatrique ainsi que l’accompagnement psychosocial dans les plans de riposte régionaux et nationaux.  Enfin, il a indiqué qu’en 2021, le Mexique a été le troisième pays récepteur de demandes d’asile dans le monde, dont 72% ont reçu une réponse positive.

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est inquiétée du nombre élevé d’enfants et de jeunes forcés au déplacement et qui sont souvent non-accompagnés, faisant d’eux la proie de groupes armés qui les exposent à des risques de recrutement, de traite humaine et d’abus sexuels et sexistes.  Rappelant que les conflits et la persécution sont les principales causes du déplacement, elle a également relevé que la guérilla urbaine tue aussi et blesse des civils, détruit des logements, des écoles et des hôpitaux, tout en privant de l’accès aux services de base et de moyens de subsistance.  Elle a évoqué, à cet égard, l’effroyable exemple de l’Ukraine.  Elle a estimé que la communauté internationale devrait faire preuve de solidarité, en impliquant davantage les institutions financières internationale et le secteur privé d’une part, mais également par le biais d’un financement souple et non conditionné.  La Norvège appuie aussi le programme du Secrétaire général sur le déplacement interne ainsi que la nomination d’un conseiller spécial sur cette question.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit faire écho à l’horreur exprimée par d’autres délégations face aux dernières atrocités en date de la guerre en Ukraine où les frappes contre des cibles civiles, avant l’hiver, ne servent qu’à tenter de semer la terreur.  Et pourtant la crise en Ukraine n’est qu’un exemple parmi d’autres de la nécessité de s’attaquer aux facteurs de déplacement des populations.  L’ONU, avec le soutien des États Membres, doit se concentrer sur la recherche de solutions aux crises, notamment par le biais de la prévention.  Le Conseil de sécurité doit pour sa part continuer à veiller, non seulement à ce que les acteurs sur le terrain puissent mener à bien leur travail, mais aussi au retour volontaire, sûr et digne des réfugiés.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a reconnu que si la guerre contre l’Ukraine est un facteur majeur de la crise des réfugiés, la situation est préoccupante dans de nombreuses régions du continent africain, en particulier en Afrique subsaharienne qui héberge plus de 26% des réfugiés du monde.  Il a observé que la récente visite du Haut-Commissaire Filippo Grandi dans la Corne de l’Afrique a révélé la gravité de la situation.  En Somalie, par exemple, le nombre de personnes déplacées cette année, principalement à cause de la sécheresse, approche le million de personnes, et près de 500 000 autres ont été déplacées en raison du conflit et de l’insécurité.  Il est donc essentiel que la communauté internationale, y compris le Conseil, s’unisse et n’épargne aucun effort pour aider les pays d’Afrique à briser le cycle des conflits et des crises climatiques, a plaidé le délégué.

M. Agyeman a ensuite recommandé à la communauté internationale de s’appuyer sur les instruments juridiques, internationaux notamment le pacte mondial sur les réfugiés.  Il a aussi plaidé pour une coopération plus étroite entre l’ONU et les arrangements régionaux en Afrique, se félicitant, à cet égard, du renforcement de celle entre l’ONU et la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique.  Le délégué a également demandé d’accorder une attention cruciale aux facteurs d’instabilité, qui aggravent la situation des réfugiés, comme les déficits de gouvernance et de développement en Afrique qui ont conduit à des changements anticonstitutionnels de gouvernement.  Il a requis une action urgente pour y faire face, notamment en Afrique de l’Ouest et au Sahel, citant aussi le problème d’insécurité accrue dans la plupart des régions du continent, résultant de la multiplication des attaques terroristes. Les autres facteurs aggravants comme la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, ont été les autres préoccupations du représentant qui l’a conduit à demander un engagement plus fort de la communauté internationale.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de pouvoir compter sur un financement humanitaire accru et misé sur le prochain Forum mondial sur les réfugiés en 2023 pour traiter de manière adéquate la situation des réfugiés.

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a relevé la prise en considération du lien entre conflits et déplacements dans toutes les prochaines conférences de l’ONU, notamment la COP27.  Il a néanmoins estimé que « nous ramassons après vous lorsque vous ne parvenez pas à une solution politique », en exhortant le Conseil à faire tout son possible pour trouver des solutions aux conflits, sans oublier les déplacements générés par les effets des changements climatiques.

La trajectoire n’est pas toujours négative, car une fois qu’une solution politique est mise en œuvre, on peut avancer, a justifié M. Grandi, en citant l’exemple de la Côte d’Ivoire après les violences postélectorales.  La réponse à la crise des réfugiés en Ukraine a été tout à fait exemplaire, a-t-il indiqué, en reprenant les dires de certains membres du Conseil.  Il a insisté que cette réponse devrait devenir une « référence et un modèle » pour le traitement des réfugiés, où qu’ils soient.  Au sujet de l’appui aux autres institutions humanitaires, il a insisté pour qu’il n’y ait pas de retour en arrière, comme en Somalie, et plaidé en faveur de financements prévisibles et durables.  Cette année a connu 37 crises, a-t-il noté, en indiquant que son personnel était éparpillé partout dans le monde, à mesure qu’une crise explose dans une région ou un pays donné.  Il y a urgence à régler rapidement la pénurie de financement, a-t-il tancé, ajoutant que faute de quoi, le HCR se résignera à réduire ses interventions, à moins qu’il obtienne des financements supplémentaires substantiels, car le coût des opérations est très élevé, surtout avec l’envolée actuelle des prix.

L’Éthiopie est un très grand pays d’accueil, a-t-il reconnu, en invitant à une bonne volonté pour régler le problème au Tigré pour que le HCR puisse travailler.  Il a rappelé l’aspect fondamental de l’action humanitaire qui consiste à négocier avec les forces sur place: aidez-nous, a encore déclaré M. Grandi à l’adresse des États.  Il a aussi repris à son compte l’appel du Mexique quant à la nécessité de faire davantage sur la question de la santé mentale des réfugiés et déplacés.  Le haut fonctionnaire a aussi indiqué avoir longuement évoqué la situation humanitaire en Syrie en Troisième Commission hier et demandé que davantage soit fait.  Il a affirmé à la Russie qu’il travaillera de manière constructive pour faciliter le retour des réfugiés.  Il a aussi reconnu le fardeau que portent la Jordanie, le Liban ou encore la Türkiye.  M. Grandi a annoncé qu’il lancera appel à tous les États ayant des Haïtiens sur leur territoire pour qu’ils ne les expulsent pas tant que la situation est dangereuse dans ce pays.  Les réfugiés ukrainiens sont maintenant partout dans le monde mais l’accès et les opérations sont limités en Russie, a remarqué le Haut-Commissaire, qui a parlé de consultations avec la Russie, entre autres, pour l’aide aux Ukrainiens.

La coopération entre le Myanmar et le Bangladesh autour de la question de la communauté rohingya est fondamentale, a-t-il affirmé, en exigeant des garanties pour le retour des Rohingya, d’autant plus que la donne politique a entièrement changé avec le coup d’État militaire.

Pour M. Grandi, l’action de l’UNRWA au Moyen Orient est à la fois importante et précieuse dans le contexte politique difficile de cette région.  Il a salué la mention d’outils comme le pacte mondial sur les réfugiés et le Pacte sur les migrations.  Le Forum mondial sur les réfugiés se réunira à nouveau en fin d’année prochaine, a-t-il ajouté, en précisant que c’est une réunion au niveau ministériel à laquelle tous les États sont instamment invités à participer.

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