9145e séance - matin
CS/15050

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale du Secrétaire général alerte des répercussions de l’impasse politique en Iraq

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq a alerté ce matin, devant le Conseil de sécurité, des répercussions de l’impasse politique dans laquelle se trouve l’Iraq, faute de formation d’un gouvernement.   

Un an après la tenue des élections législatives d’octobre 2021, et en dépit des nombreux appels lancés aux dirigeants iraquiens pour qu'ils surmontent leurs divergences et forment « rapidement » un gouvernement, la discorde et les jeux de pouvoir continuent de prévaloir sur le sens du devoir commun, a déploré Mme Jeanine Hennis-Plasschaert.

Conséquence directe de cette « inaction politique prolongée », l'Iraq a connu des heures très « critiques et dangereuses » qui l’ont plongé au bord du « chaos total » le 29 août lorsque des affrontements armés ont éclaté au cœur de la capitale et ailleurs, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Par ailleurs, les élections législatives prévues pour le 1er octobre dernier dans la région du Kurdistan, n’ont pu se tenir, faute de terrain d'entente entre les acteurs politiques régionaux, a encore déploré la Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI). 

Ces développements « tragiques », a expliqué Mme Hennis-Plasschaert, sont « incontestablement » le résultat de l'incapacité de la classe politique iraquienne, de tous horizons, à placer l'intérêt national en premier, a-t-elle lancé, mettant également en garde contre le « coût élevé » de la non-tenue des élections en temps voulu dans la région du Kurdistan.   

Nous n'avons pas de baguette magique: tout dépend de la volonté politique et les dirigeants doivent assumer leurs responsabilités et ramener les projecteurs là où ils doivent être: sur le peuple iraquien, a-t-elle résumé.   

Le représentant de l’Iraq a assuré que les dirigeants politiques du pays, conscients de la situation, recherchent des solutions pacifiques.  Ils ont d’ailleurs tenu, la semaine dernière, une séance parlementaire après deux mois d’interruption et discutent actuellement de la tenue de la Conférence de Bagdad pour la coopération et le partenariat.  Mais, a-t-il insisté, l’Iraq ne veut pas « hypothéquer » son indépendance.   

Face à cette situation de blocage, bien que l’ensemble des délégations aient appelé les autorités iraquiennes, à l’instar de la France, à « prendre et faire face à leurs responsabilités », quelques divergences sont apparues sur les approches à tenir et le rôle de la MANUI.   

Il a ainsi été analysé que cette impasse politique « qui perdure » touche directement la population iraquienne, victime de tant de difficultés ces 20 dernières années.  Dans ce contexte, il est « essentiel » que les partis politiques entament un dialogue afin de sortir de « l’inertie » et surmonter les violences.  

De nombreux appels ont ainsi été lancés, exhortant les parties prenantes iraquiennes, dans les semaines à venir, à travailler ensemble de manière « constructive », à  faire des compromis  et à  dépasser leurs différends  afin de former un gouvernement inclusif qui donne la priorité à l’intérêt national et relève les défis considérables auxquels l’Iraq est confronté, notamment l’électrification, les réformes économiques ou encore la reconstruction des régions du pays libérées de l’emprise de Daech.   

La France et le Mexique ont de plus jugé essentiel que le Gouvernement permette la participation des femmes qui, jusqu’à présent, ont été exclues des pourparlers, alors même qu’elles ont été élues en nombre au Parlement. 

Les parties prenantes doivent faire en sorte que les intérêts du peuple iraquien l’emportent sur toute autre considération, ont appuyé les délégations des Émirats arabes unis, des États-Unis, du Royaume-Uni ou encore de l’Irlande, de l’Albanie, ainsi que les A3 (Gabon, Kenya et Ghana).  Toutefois, il ne nous appartient pas de dicter la manière dont les autorités iraquiennes doivent s’y prendre pour définir ou poursuivre leurs priorités nationales, a tempéré le Brésil qui a salué la proposition du Premier Ministre iraquien Mustafa al-Kadhimi d’organiser un dialogue national.  

La situation sécuritaire dans la région du Kurdistan a également été évoquée au cours du débat.  Tandis que l’Iraq dénonçait « les attaques perpétrées par la Türkiye et par l’Iran », et que les États-Unis fustigeaient des attaques « odieuses et culottées », la Fédération de Russie, a, de son côté, dit « comprendre » la République islamique d’Iran, motivée par ses besoins de sécurité.   

La délégation russe a également affirmé que la normalisation de la situation en Iraq est « hypothéquée » par les tentatives de certains pays extérieurs de déstabiliser la région, jugeant inacceptable de faire de l’Iraq une arène de règlement de comptes et de conflit. 

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ - S/2022/696S/2022/714

Déclarations

Mme JEANINE HENNIS-PLASSCHAERT, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a déclaré qu’en dépit des appels lancés aux dirigeants iraquiens pour qu’ils surmontent leurs divergences et forment un gouvernement depuis la tenue des élections il y a un an, la discorde et les jeux de pouvoir ont prévalu sur le sens du devoir commun.  En conséquence directe de l’inaction politique prolongée, l’Iraq a connu des heures très critiques et dangereuses.  Elle a relaté que l’Iraq a connu ces derniers mois, des manifestations et des contre-manifestations organisées, qui ont augmenté les tensions et culminé le lundi 29 août, lorsque le pays était au bord du chaos total avec des affrontements armés au cœur de la capitale et ailleurs, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés.  

Or, ces développements « tragiques » sont incontestablement le résultat de l’incapacité de la classe politique iraquienne à jeter les dés.  En d’autres termes: les acteurs de tous horizons n’ont pas placé l’intérêt national en premier.  Ils ont laissé le pays dans une impasse prolongée, alimentant davantage la colère déjà latente.  Or, si l’on s’attendait à ce que les événements récents aient servi de signal d’alarme, la dure réalité est qu’à ce jour, les conflits intra-chiites n’ont pas diminué, et les partis kurdes ne se sont pas rapprochés d’un accord sur un candidat à la présidentielle.  Aujourd’hui, la situation reste très volatile, en dépit de la reprise, le 28 septembre, des séances du Parlement après plus de deux mois de paralysie, a analysé la Représentante spéciale qui a alerté que la moindre étincelle peut suffire à déclencher une catastrophe majeure.  

Mme Hennis-Plasschaert a également déclaré que la MANUI avait apporté son soutien au dialogue national sous les auspices du Premier Ministre iraquien, un forum qui, jusqu’à présent, s’est réuni deux fois.  Cependant, pour que cette initiative porte ses fruits, il est « crucial » que toutes les parties prennent place.  Nous n’avons pas de baguette magique: tout dépend de la volonté politique et tous les dirigeants doivent assumer leurs responsabilités et ramener les projecteurs là où ils doivent être: sur le peuple iraquien, a-t-elle insisté, ajoutant aussi que trop d’Iraquiens ont perdu confiance dans la capacité de la classe politique à agir dans l’intérêt du pays et de son peuple.  

Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, la mise en place d’un gouvernement n’est que la première étape pour surmonter la crise actuelle et de manière durable.  Un large éventail de problèmes critiques doit être résolu.  Le principal d’entre eux est l’adoption d’un budget fédéral, sans lequel les dépenses de l’État pourraient s’arrêter d’ici à la fin de l’année, a-t-elle mis en garde.  Or la corruption omniprésente est l’une des principales causes profondes du dysfonctionnement iraquien.  Garder le système « tel quel » finira par se retournera contre ses auteurs, un jour ou l’autre, a-t-elle encore prévenu.   

La Représentante spéciale a ensuite indiqué ne pas être en mesure aujourd’hui de confirmer la capacité de la MANUI à participer à de nouvelles élections.  Cela dépend d’une demande officielle du Gouvernement iraquien adressée au Conseil.  Mais la MANUI a activement engagé les autorités et les partis politiques de la région du Kurdistan sur plusieurs questions en suspens liées aux élections législatives dans la région du Kurdistan qui étaient initialement prévues pour le 1er octobre.  À ce jour, cependant, les partis politiques de la région du Kurdistan n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente.  Or ne pas organiser en temps voulu ces élections aura un coût élevé, a-t-elle encore prévenu.   

S’agissant des Koweïtiens et nationaux d’États tiers portés disparus et de la restitution des archives koweïtiennes, Mme Hennis-Plasschaert s’est félicitée de la poursuite des efforts de l’Iraq à localiser des témoins, ainsi que du retour, par l’Iraq, de certains biens koweitiens, dont une épée, deux exemplaires historiques du Coran et des articles appartenant au Ministère de l’information du Koweït. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a condamné les tirs de drones iraniens dans la région du Kurdistan.  Ces attaques « odieuses et culottées » qui font des victimes civiles sont répréhensibles d’un point de vue moral, a-t-il dénoncé.  Il a exhorté les autorités iraquiennes au respect du droit de manifester pacifiquement et à prévenir toute forme de violence.  Il a aussi appelé les dirigeants de l’Iraq à faire les compromis nécessaires pour constituer un gouvernement inclusif.  Il faut également garantir l’électrification, réformer le secteur public, et favoriser la participation des femmes, entre autres.  Le représentant a aussi appelé le Gouvernement à traduire les auteurs de violences devant la justice et à persévérer dans les efforts visant au rapatriement des réfugiés et des déplacés, notamment par la mise en œuvre de l’Accord de Sinjar.  Il a salué les efforts déployés par la MANUI en vue d’une meilleure gestion de l’environnement et pour le développement.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé que, près d’un an après la tenue pacifique des élections, la population iraquienne n’a toujours pas de gouvernement et que l’impasse politique qui perdure touche directement la population iraquienne qui a déjà subi tant de difficultés ces 20 dernières années.  Aussi, le représentant s’est-il félicité de la tenue du dialogue national entre les dirigeants et partis politiques iraquiens, qui est essentiel pour sortir de l’inertie et surmonter les violences.  La situation sécuritaire de l’Iraq demeure en effet fragile, a constaté le délégué, en se disant préoccupé des attaques terroristes perpétrées par Daech qui cherche à exploiter le vide politique dans le pays.  Il a déploré la possession d’armes et de munitions par des acteurs non étatiques, avant de dire que les affrontements des 29 et 30 août devraient servir de sonnette d’alarme et nous rappeler l’importance de renforcer le cadre constitutionnel de l’Iraq.  Violer la souveraineté de ce pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme ne saurait être toléré, a tranché l’Inde, qui a demandé aux nations voisines de travailler avec Bagdad pour faire face à ces difficultés.  Le représentant a en conclusion salué la coopération entre le Gouvernement iraquien et le Koweït pour parvenir à des solutions à l’amiable sur les personnes portées disparues et le retour des actifs koweïtiens. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a exhorté les dirigeants politiques iraquiens à travailler ensemble de manière constructive dans les semaines à venir pour trouver une solution pacifique et inclusive à la crise politique dans leur pays.  Cela permettra à l’Iraq d’aborder et de relever les défis considérables auxquels il est confronté, qu’il s’agisse d’assurer une sécurité durable, de s’attaquer aux changements climatiques, de mettre en œuvre une réforme économique urgente ou de reconstruire les régions du pays libérées de l’emprise de Daech.  Le délégué a ensuite condamné les bombardements aveugles « inacceptables » de l’Iran sur les villes kurdes, qui ont entraîné la perte de vies innocentes et endommagé des infrastructures civiles.  Ces attaques témoignent des activités déstabilisatrices de Téhéran dans la région, a-t-il condamné.  Le délégué a ensuite exhorté les pays de la région à s’engager auprès du Gouvernement iraquien sur la question des pénuries d’eau.  Le Royaume-Uni pour sa part œuvre avec le PNUD pour aider le Gouvernement iraquien à faire face aux pires effets des changements climatiques, notamment en fournissant un soutien à la gouvernance de l’eau, a précisé le représentant. 

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a appelé toutes les parties iraquiennes au dialogue politiques et à la négociation aux fins de sortir de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays.  Elle a donc salué l’appel lancé par le Premier Ministre en vue de la formation d’un gouvernement.  La représentante a également souligné la nécessité d’une stabilité dans la région, rappelant que l’Iraq s’était engagé à entretenir de bonnes relations avec ses voisins.  Elle a par ailleurs regretté le manque de représentativité des femmes, ces dernières ayant été « écartées » des négociations.   

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a condamné l’attentat meurtrier perpétré en Iraq, qui a entraîné la mort de 13 civils et en a blessé 56 autres.  Elle a appelé l’Iran à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq, s’inquiétant en outre de la menace posée par Daech.  Elle a relevé que l’impasse dans le processus de formation du gouvernement à la suite des élections législatives du 10 octobre 2021 constitue une menace pour la stabilité du pays.  Le blocage du débat prive non seulement les Iraquiens d’un gouvernement démocratique, mais risque également de saper leur confiance dans le processus politique, a-t-elle dit craindre.  La représentante a ensuite exhorté toutes les parties concernées à dépasser leurs différends et à s’engager dans un dialogue inclusif qui donne la priorité à l’intérêt national.  Il est urgent de répondre aux nombreux défis que connaît le pays, notamment en matière d’État de droit et de reddition de comptes sans oublier la crise climatique et les pénuries en eau, a-t-elle ajouté. 

En ce qui concerne le rapatriement et le retour des ressortissants du Koweït et de pays tiers ou de leurs dépouilles, la représentante s’est félicitée de l’intensification de la mission sur le terrain, notant que celle-ci augmentera la possibilité d’identifier de nouveaux lieux de sépulture en Iraq.  Relevant en outre que l’Iraq est le cinquième pays le plus vulnérable au monde aux effets des changements climatiques, elle a salué le travail de la MANUI dans ce domaine. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est inquiété des attaques perpétrés la semaine dernière dans la région du Kurdistan iraquien.  Il a également regretté qu’un an après les élections législatives d’octobre 2021, l’impasse politique s’est installée en Iraq.  Si des leçons doivent être tirées, plutôt que d’appeler à des solutions rapides aujourd’hui, nous devrions encourager un dialogue inclusif et significatif entre tous les partis politiques, afin qu’ils puissent aplanir leurs divergences et conclure au préalable les accords politiques nécessaires, a plaidé le représentant.  Il a alors jugé « utile », l’organisation du dialogue national proposé par le Premier Ministre iraquien Mustafa al-Kadhimi, et a espéré que tous les groupes politiques en Iraq pourront y participer.  Il a rappelé que le rôle de la MANUI est d’appuyer les efforts en faveur de la paix et de la stabilité.  Toutefois, il ne nous appartient pas de dicter la manière dont les autorités iraquiennes doivent s’y prendre pour définir ou poursuivre leurs priorités nationales, a estimé le représentant.

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) s’est inquiété, à son tour, des répercussions de l’impasse politique sur la situation sécuritaire, le renforcement institutionnel et la stabilité régionale.  Il a également condamné l’attaque perpétrée dans le Kurdistan iraquien il y a quelques jours, déplorant au passage qu’il ne s’agisse pas d’un acte isolé mais bien d’une tendance dangereuse, comme les attaques récentes à Dahouk et Erbil.  Il a souligné que ces incidents contreviennent au droit international et constituent une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale iraquiennes, tout comme ils représentent un risque sérieux pour la stabilité régionale. 

Au cours des trois derniers mois, plus de 180 attaques contre les forces de l’ordre iraquiennes, imputées à Daech, ont été commises, a-t-il encore noté en exhortant à la cessation de la violence.  Le délégué a aussi fait remarquer que cette semaine marque le troisième anniversaire du début des manifestations populaires réclamant un changement de régime, qui aboutirait à l’organisation d’élections anticipées.  Il a cependant souligné que 12 mois avant ces scrutins, les factions politiques sont « incapables » de traduire la volonté populaire en un gouvernement fonctionnel.  Le représentant a néanmoins salué le fait que les participants au dialogue national, convoqué par le Premier Ministre, aient réitéré leur engagement en vue d’une résolution de la crise politique.  Il a ensuite souligné que bien qu’un nombre élevé de femmes aient été élues au Parlement, il n’en reste pas moins que la majorité d’entre elles sont exclues du processus de formation du gouvernement.  À cet égard, le délégué a signalé que la réunion du Groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité, conjointement présidé par le Mexique et l’Irlande, qui aura lieu la semaine prochaine, sera une bonne occasion de rechercher les voies et moyens d’améliorer la pleine participation politique des femmes.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déploré le retard pris dans la formation d’un gouvernement en Iraq, avec pour conséquences une instabilité et une violence meurtrière.  Préoccupé par ces incidents, il a exhorté les parties prenantes à faire en sorte que les intérêts du peuple iraquien l’emportent sur toute autre considération.  « Une institution stable est une nécessité impérieuse pour le peuple iraquien qui voudrait avoir accès aux services de base », a-t-il souligné.  Le représentant a condamné toute ingérence extérieure dans les affaires de l’Iraq qui pourrait venir saper la stabilité du pays, avant de saluer les efforts de l’Iraq pour contrer le fléau du terrorisme.  En outre, le représentant a dit craindre que la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans les camps, tel que celui de Hol en Syrie, n’en fasse un vivier pour la radicalisation pour les groupes de terroristes.  « C’est là qu’ils pourraient recruter les prochaines générations de terroristes », a-t-il prévenu.  À cet égard, le délégué a salué le rapatriement par l’Iraq, avec l’aide de l’ONU, de plus de 2 500 citoyens du camp de Hol.  Enfin, il s’est félicité des progrès réalisés ces derniers mois dans le rapatriement des Koweitiens disparus, ainsi que de leurs biens, dont les archives nationales.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit espérer qu’un gouvernement puisse être rapidement formé en Iraq sur la base des élections de 2021 et en tenant compte de tous les groupes et partis politiques du pays.  S’agissant de la situation sécuritaire dans le Kurdistan iraquien, le représentant a dit comprendre le point de vue de la République islamique d’Iran lié à son besoin de sécurité à ses frontières.  Il a dit également partager l’opinion du Président iraquien qui ne souhaite pas que son pays devienne un terrain de « règlement de comptes ».  Également préoccupé par les attentats perpétrés par Daech, il a souligné que toutes les parties participant à la lutte contre le terrorisme doivent respecter la souveraineté de l’Iraq et coordonner leurs actions avec les autorités iraquiennes.  Le représentant a ensuite affirmé que la normalisation de la situation en Iraq est « hypothéquée » par les tentatives de certains pays extérieurs de déstabiliser la région.  Il est inacceptable de faire de l’Iraq une arène de règlement de comptes et de conflit, a-t-il tranché. 

M. DAI BING (Chine) a souhaité que tous les partis politiques iraquiens s’accordent, par le dialogue et le compromis, sur une nouvelle voie politique.  Il a rappelé que son pays a toujours plaidé en faveur du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États, y compris de l’Iraq, qui a consenti de grands efforts dans la lutte contre le terrorisme.  Dans ce contexte, il a appelé à ce que les terroristes soient jugés conformément aux normes de la justice internationale et à accélérer le processus de rapatriement des combattants étrangers.  Il convient également selon le délégué d’aider l’Iraq à se rebâtir en se concentrant sur la fourniture de moyens de subsistance, d’où la nécessité que les institutions onusiennes prêtent une assistance adéquate.  Quant aux agences humanitaires, a-t-il souligné, elles devraient s’acquitter de leur mandat dans le strict respect de la volonté des autorités du pays. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a déploré qu’un an après la tenue des élections législatives, aucun gouvernement n’a été formé en Iraq, s’inquiétant des risques que cela pose pour la stabilité politique du pays.  Elle a exhorté les dirigeants politiques à s’unir et à faire preuve de compromis, les encourageant en outre à assurer une participation significative des femmes, des jeunes et de la société civile.  La représentante s’est également vivement préoccupée de la montée des tensions politiques et de la violence et a appelé au calme et à la retenue.  Elle a ensuite appelé à accorder la priorité à la réintégration des enfants qui auraient été associés à des groupes armés désignés comme terroristes.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a condamné fermement les frappes massives revendiquées par l’Iran conduites dans la région autonome du Kurdistan d’Iraq, décriant une violation grave de la souveraineté iraquienne et du droit international.  Constatant qu’un an après les élections législatives, la situation politique est toujours dans l’impasse, elle a appelé les acteurs politiques à faire face à leurs responsabilités et à s’entendre sur la formation d’un gouvernement.  Elle a salué les initiatives prises par le Premier Ministre Kadhimi pour relancer le dialogue national, lequel, a-t-elle estimé, est la seule issue possible à l’impasse actuelle.  Il est essentiel que celui-ci soit inclusif et permette la participation des femmes, qui jusqu’à présent ont été exclues des pourparlers, alors même qu’elles ont été élues en nombre au Parlement, a ajouté la représentante. 

La déléguée a ensuite appelé les autorités de Bagdad et d’Erbil à reprendre la voie du dialogue, notant que la coopération entre les autorités fédérales et la région autonome du Kurdistan sur les sujets d’intérêt commun, notamment la sécurité et le dossier des ressources pétrolières, est essentielle.  Elle a par ailleurs salué la coopération entre l’Iraq et le Koweït sur le dossier des Koweitiens et des ressortissants d’États tiers disparus, qualifiant d’importantes les avancées permises grâce aux appels à témoins et à l’imagerie satellite. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’exprimant également au nom du Ghana et du Kenya, réunis au sein des A3, a déclaré que le manque d’unité persistant entre les acteurs politiques iraquiens et l’insuffisance du nombre de femmes sont des obstacles à la mise en œuvre de réformes indispensables au bon fonctionnement du pays.  La formation rapide d’un nouveau gouvernement est plus « cruciale » que jamais, a insisté le délégué, en soulignant qu’il s’agira d’une « première étape » vers la promotion de la stabilité politique à long terme.  C’est dans cet esprit que les A3 appellent les différents acteurs politiques à prendre des mesures concertées pour désamorcer les tensions et s’engager dans un véritable dialogue politique inclusif fondé sur des principes et des moyens pacifiques, démocratiques et constitutionnels dans un esprit de compromis politique.  Abordant la situation sécuritaire au Kurdistan, les A3 ont dit condamner les opérations militaires menées par des acteurs extérieurs.  M. Biang a réaffirmé que l’Iraq ne doit pas être utilisé comme une « arène internationale » permettant aux acteurs étatiques et non étatiques de régler des comptes aux dépens et au détriment de la sécurité, de la stabilité politique et du progrès socioéconomique du pays et de son peuple.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a déclaré que le processus politique est dans l’impasse depuis les élections parlementaires en 2021, ce qui retarde la formation d’un gouvernement.  Les dirigeants politiques sont conscients de cette situation et ont tenu pour la première fois, la semaine dernière, une séance parlementaire après deux mois d’interruption.  Au chapitre des avancées, le représentant a aussi mentionné des mesures de renouvellement de la confiance, la tenue de consultations, ainsi que la commémoration du troisième anniversaire des manifestations pacifiques menées en 2019 par de jeunes Iraquiens qui souhaitaient lutter contre la corruption et l’assainissement de la vie politique.  Il s’est félicité qu’à cette occasion, les forces de l’ordre aient pu éviter des confrontations avec des éléments perturbateurs. 

Le délégué a souligné que l’Iraq tient à contribuer à la recherche de solutions pacifiques aux crises, qu’elles soient nationales ou régionales, tout en évitant d’hypothéquer son indépendance.  Des consultations sont d’ailleurs en cours pour la tenue de la Conférence de Bagdad pour la coopération et le partenariat.  Le représentant a également fait part de l’engagement de l’Iraq à vaincre Daech.  Il s’est inquiété de la présence de combattants étrangers dans le camp de Hol et a appelé à extrader les combattants terroristes iraquiens vers l’Iraq. 

Poursuivant, le représentant iraquien a dénoncé les attaques perpétrées par la Türkiye et par l’Iran, ayant pris pour cible des villes iraquiennes, causant des morts et des blessés parmi la population, en particulier des femmes et des enfants.  Il a fait savoir que le Ministre iraquien des affaires étrangères a adressé une lettre condamnant fermement ces attaques, et invitant à régler les différends par le dialogue.  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit renouveler son appui à la souveraineté et à l’intégrité de l’Iraq et veiller à ce que l’on ne se serve pas de ce pays pour des règlements de comptes, a-t-il insisté.  Il a également souhaité que le Conseil appuie le programme iraquien de reconstruction de l’infrastructure des zones libérées.   

Le pays, a poursuivi le délégué, s’emploie à améliorer l’éducation, l’emploi et l’accès au marché du travail, et veille à la mise en œuvre du deuxième Plan national d’émancipation des femmes, aux fins de renforcer leur accès aux postes clefs.  Les parties prenantes politiques désirent également faire participer les femmes aux discussions en cours en vue de la formation d’un nouveau gouvernement, a-t-il assuré.  Par ailleurs, étant le cinquième pays le plus vulnérable aux effets des changements climatiques, l’Iraq s’efforce de lutter contre la sécheresse et d’améliorer la disponibilité de l’eau.  Des projets stratégiques importants ont également été lancés en matière d’énergie propre, d’extraction gazière et d’économie verte, pour lesquels davantage d’appui de la communauté internationale serait nécessaire.  Le représentant a en outre fait une mise à jour rapide sur la question des disparitions, et de la restitution des biens au Koweït. 

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