9096e séance,
matin & après-midi    
CS/14975

Le Conseil de sécurité examine le rapport sur les enfants et les conflits armés montrant une augmentation des violations graves à l’encontre des enfants

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés a appelé, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, à considérer la protection des droits des enfants comme un élément central de la prévention des conflits, alertant qu’en 2021, les Nations Unies avaient dénombré 23 982 violations graves des droits des enfants commises dans ces contextes.

Venue présenter le rapport du Secrétaire général sur ce sujet, Mme Virginia Gamba s’est notamment inquiétée de l’augmentation constante des violations à l’encontre des filles qui représentaient, en 2021, 1 victime sur 3, dénonçant en outre l’impact des engins explosifs, y compris les mines, le recrutement d’enfants par des groupes armés, et le refus de l’accès de l’aide humanitaire.  Elle a aussi alerté que les enlèvements, les viols et d’autres formes de violence sexuelle ont augmenté de plus de 20% l’an dernier et que les attaques contre les écoles et les hôpitaux se sont elles aussi accrues.  Qui plus est, la sévérité de la violence armée, des conflits et des guerres en Éthiopie, au Mozambique et en Ukraine a obligé le Secrétaire général d’inclure ces situations dans son rapport, a ajouté Mme Gamba. 

Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire les expériences horribles que ces enfants ont subies, a compati la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Relevant qu’au moins 12 214 enfants ont été libérés des forces armées et des groupes armés, Mme Catherine Russel a notamment appelé à protéger de la stigmatisation et de la re-victimisation les enfants qui ont survécu à de graves violations.  Cela inclut de mettre fin à la détention des enfants qui ont été forcés de servir des groupes armés et de cesser de leur refuser le droit à la citoyenneté, quels que soient les groupes auxquels ils ont été associés, a-t-elle souligné.

Le Conseil de sécurité a également entendu M. Patrick Kumi, ancien enfant soldat et fondateur de l’ONG Similar Ground, délivrer le message de ses amis et collègues du camp de réfugiés de Bidi Bidi en Ouganda, qui plaident tous pour une participation significative des enfants et des jeunes à la planification des actions et projets qui les concernent. 

Le jeune responsable a aussi appelé à privilégier une réintégration de meilleure qualité qui tienne réellement compte de l’enfant et de ses besoins, notamment en termes d’acquisition de compétences.  Établir les responsabilités pour les crimes commis contre les enfants est plus que jamais nécessaire, a encore souligné M. Kumi, qui a regretté que les lois adoptées par les États ne soient souvent pas appliquées. 

Les anciens enfants soldats ne sont pas une menace.  Les gens doivent comprendre leurs besoins et leur vécu, a-t-il imploré.  La Représentante spéciale a, elle aussi, incité à mettre sur pied des programmes d’intégration inclusifs afin de briser le cycle de la violence et donner aux victimes une deuxième chance de reconstruire leur vie. 

La réintégration doit être le troisième pilier du programme sur les enfants et les conflits armés, a renchéri M. Fernando Simas Magalhães, Vice-Ministre des affaires étrangères du Brésil qui a recommandé de mettre à profit l’expertise de la Commission de consolidation de la paix et d’inclure des dispositions sur la protection des enfants dans tous les mandats des opérations onusiennes. 

Comme de nombreux intervenants, le Ministre a insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités afin de mettre fin aux violations les plus graves.  Selon le Botswana, c’est aux États Membres de traduire en justice tous les responsables de crimes impliquant des violations à l’encontre d’enfants par le biais d’enquêtes rapides et de poursuites.  Malte s’est insurgée contre toute forme d’impunité pour les auteurs de violences sexuelles liées aux conflits exigeant une justice non sexiste pour les enfants victimes ou survivants de ce type de violences. 

Les délégations ont également été nombreuses à appeler à la pleine mise en œuvre des Principes de Paris et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, l’Italie y voyant notamment un moyen d’atténuer les conséquences des conflits armés sur l’éducation.  L’éducation est cruciale pour briser le cycle des conflits, a confirmé le Danemark au nom des pays nordiques.

Prenant note de la décision du Secrétaire général d’inclure la situation en Ukraine dans son prochain rapport, les délégations de la Fédération de Russie et de l’Ukraine ont toutes deux fait savoir qu’elles étaient disposées à coopérer avec la Représentante spéciale à ce sujet.  La délégation ukrainienne a toutefois signalé que les statistiques du Secrétaire général seraient plus élevées si le rapport actuel tenait compte des conséquences de cette guerre au cours de laquelle plus de 350 enfants ont été tués et plus de 2 millions déplacés. 

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

Déclarations liminaires

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a indiqué qu’en 2021, l’ONU a dénombré 23 982 violations graves des droits des enfants faisant plus de 19 165 victimes.  Plus de 1 600 enfants ont été victimes de deux violations ou plus, et 65 graves violations sont commises contre les enfants chaque jour.  En outre, plus de 8 000 enfants ont été tués ou mutilés en 2021, l’utilisation de restes explosifs de guerre, d’engins explosifs improvisés et de mines terrestres ayant provoqué un quart des victimes.  Plus de 6 300 enfants ont été recrutés et utilisés par les parties aux conflits, en faisant la deuxième plus importante violation.  Vient ensuite le refus de l’accès de l’aide humanitaire pour plus de 3 900 enfants.  Les enlèvements, les viols et d’autres formes de violence sexuelle ont augmenté de plus de 20% l’an dernier.  De même, les attaques contre les écoles et les hôpitaux se sont accrues. 

Elle s’est aussi inquiétée de l’augmentation constante des violations à l’encontre des filles qui, en 2021, représentaient 1 victime sur 3 comparativement à 1 victime sur 4 en 2020.  De même, 98% des survivants des viols et d’autres formes de violence sexuelle étaient des filles.  En outre, quelque 2 864 enfants ont été détenus ou privés de libertés et l’utilisation des écoles à des fins militaires a augmenté.  Qui plus est, la sévérité de la violence armée, des conflits et des guerres en Éthiopie, au Mozambique et en Ukraine a obligé le Secrétaire général d’inclure ces situations dans son rapport.  

Appelant à ne pas se décourager, Mme Gamba a fait état de signes d’espoir et de relèvement en 2021.  Aujourd’hui, 17 plans d’action avec les parties aux conflits sont mis en œuvre dont trois qui ont été signés en 2021 au Mali et au Yémen.  En tout, 40 nouveaux engagements et mesures ont été mis en place par les parties aux conflits en 2021 y compris en République démocratique du Congo, en Syrie, aux Philippines, en Iraq et au Soudan du Sud.  Et plus de 12 200 enfants ont été libérés par les groupes armés l’année dernière.  La Représentante spéciale a ensuite appelé à améliorer la compréhension de la dimension de genre des violations à l’encontre des enfants.  Elle a également évoqué le lancement, hier, d’une directive sur les enlèvements d’enfants, un phénomène en augmentation. 

S’appuyant sur le rapport du Secrétaire général, Mme Gamba a recommandé que les opérations de l’ONU sur le terrain soient bien financées, dotées de personnel et continuent de développer des plans d’action et d’assistance technique.  Les parties aux conflits doivent permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave à tous les enfants.  Et les écoles et les hôpitaux doivent rester des lieux sûrs et protégés.  Elle a aussi réclamé une aide financière durable et une assistance technique tenant compte de l’âge, du genre, du handicap, et centrée sur les survivants.  Il faut aussi mettre sur pied des programmes d’intégration inclusifs, y compris pour les enfants victimes de violence sexuelle, afin de briser le cycle de la violence et donner aux victimes une deuxième opportunité de reconstruire leur vie. 

Les enfants touchés par les conflits ont besoin de soutien aujourd’hui, a insisté Mme Gamba qui a exhorté la communauté internationale à renforcer l’action antimines ainsi que la collecte de données et les programmes d’aide.  Il est également important de considérer la protection des droits des enfants comme un élément central de la prévention des conflits, des alertes précoces, et des processus de médiation et de paix.  Elle a aussi cité les programmes de désarmement, démobilisation et de réintégration, la réforme du secteur sécuritaire et le relèvement postconflit. 

Mme CATHERINE RUSSEL, Directrice exécutive de l’UNICEF, a souligné à quel point les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général sont épouvantables: 23 000 violations vérifiées contre 19 165 enfants en 2021.  Certains de ces enfants ont été tués ou grièvement blessés.  Certaines ont été violées et certains ont subi des violations multiples: enlevés à leurs familles; arrachés à leurs écoles; forcés de prendre les armes et de risquer leur vie.  Et ce ne sont là que les violations que les Nations Unies ont été en mesure de vérifier alors qu’il y en a beaucoup d’autres qu’on ne connaîtra peut-être jamais, s’est-elle indignée.  Il n’y a pas de mot assez fort pour décrire les expériences horribles que ces enfants ont subies, a concédé Mme Russel en évoquant le souvenir d’un jeune garçon qu’elle a rencontré dans un camp pour personnes déplacées en République démocratique du Congo.  Il avait fui là-bas pour échapper à la violence brutale dans son village natal après avoir vu son meilleur ami être décapité, a-t-elle expliqué.  « Je n’ai jamais vu un enfant aussi triste et hanté .» 

Mme Russel a ensuite relevé que cette année, trois nouvelles situations de conflits figurent dans le rapport du Secrétaire général, et a appelé toutes les parties à ces conflits à prendre des mesures pour protéger les enfants dès maintenant.  L’ONU est là pour soutenir toute partie à un conflit dans ce sens a-t-elle souligné.  Alors que ce rapport pointe du doigt les situations alarmantes, son objectif est aussi de montrer la voie à suivre, a rappelé la haute responsable.  Au moins 12 214 enfants ont été libérés des forces armées et des groupes armés -portant le nombre total d’enfants documentés comme libérés depuis l’an 2000 à plus de 186 000.  De nouveaux plans d’action ont été signés au Mali et au Yémen et 21 plans d’action sont en cours de mise en œuvre, a-t-elle souligné.  Elle a salué ces progrès, tout comme les avancées en termes de surveillance, tout en notant que les rapports de l’ONU sur les violations graves n’ont fait que se renforcer au fil des ans. 

La Directrice exécutive de l’UNICEF a souligné que les États Membres, disposent d’un pouvoir énorme pour faire progresser la protection des enfants.  Elle les a notamment exhortés à insister sur le respect du droit international humanitaire, notant qu’ils ont le pouvoir d’émettre des ordres militaires avec des politiques de tolérance zéro pour les violations graves contre les enfants.  Elle a aussi appelé à la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et des Principes de Paris pour démobiliser et réintégrer les enfants qui ont été utilisés par les forces et groupes armés. 

Il faut aussi pousser les États et les groupes armés non étatiques à prévenir et à faire cesser les violations contre les enfants – et à protéger de la stigmatisation et de la re-victimisation les enfants qui ont survécu à de graves violations.  Cela inclut de mettre fin à la détention des enfants qui ont été forcés de servir des groupes armés et de cesser de leur refuser le droit à la citoyenneté, quels que soient les groupes auxquels ils ont été associés.  Enfin, elle a appelé les États à appuyer la mise en œuvre sur le terrain du programme sur les enfants et les conflits armés, à la fois par l’allocation de ressources et par leur engagement à travailler avec l’UNICEF pour renforcer et soutenir ce programme. 

M. PATRICK KUMI, fondateur et Directeur exécutif de Similar Ground, a indiqué qu’en 2016, il avait 15 ans lorsque la guerre a éclaté dans la région de l’Équatoria-Oriental au Soudan du Sud.  « Un jour, mon père et moi sommes allés planter du maïs dans nos champs.  Un groupe armé nous a enlevés.  Ils nous ont emmenés dans leur camp où ils ont interrogé mon père, essayant de lui faire avouer qu’il avait une arme.  Ils nous ont torturés en nous laissant immergés dans une fosse remplie d’eau jusqu’au cou des jours durant et en nous passant à tabac.  Mon père ne pouvait pas avouer quelque chose qu’il n’avait pas fait, et finalement, ils l’ont tué, sous mes yeux », a témoigné le jeune homme, qui a expliqué qu’on lui a laissé le choix entre rejoindre la force ou mourir.  Il y avait plus de 2 000 personnes dans la caserne et la moitié était des enfants qui étaient nombreux à porter une arme.  De nombreux jeunes enfants avaient des filles qu’ils appelaient « femmes » et les adultes épousaient également des enfants de 14 ou 15 ans, a relaté M. Kumi.  Dans chaque attaque à laquelle il a été forcé de participer, au moins cinq enfants étaient tués ou blessés en moyenne. 

Un jour, les forces gouvernementales ont lancé une attaque contre nos baraquements, a poursuivi l’intervenant.  « Il y a eu des coups de feu de tous les côtés.  C’était le chaos.  J’ai couru.  J’ai échappé de peu à la mort.  Après deux jours de marche, j’ai trouvé le chemin de l’Ouganda, où j’ai été enregistré comme réfugié dans le camp de Bidi Bidi.  Il m’a fallu 11 mois d’efforts pour être réuni avec ma famille.  Quand je l’ai enfin retrouvée, ce fut un jour de joie, de bonheur et de larmes. »  En 2018, il a rejoint un programme de plaidoyer dirigé par des jeunes appelé VoiceMore, dans le cadre duquel il a suivi une formation et mené un projet de protection des orphelins et des enfants séparés avec d’autres jeunes de sa région.  Avec un groupe d’amis, il a ensuite créé Similar Ground, une organisation communautaire qui aide des centaines d’enfants à se remettre de leurs traumatismes et de leur stress post-traumatique. 

Sur la base de ses expériences, et de son travail avec d’autres enfants, M. Kumi a souhaité faire un certain nombre de recommandations.  Tout d’abord, il faut selon lui privilégier une réintégration de meilleure qualité qui tienne réellement compte de l’enfant.  Les enfants qui quittent les groupes armés sont considérés comme une menace et il faut faire davantage pour aider les gens à comprendre leurs besoins et ce qu’ils ont vécu, a-t-il plaidé.  Or, il y a un grand manque d’opportunités pour les enfants et les jeunes qui quittent les groupes armés et ont besoin d’acquérir de nouvelles compétences et de les mettre à profit.  En outre, a observé le jeune homme, chaque année, des milliards de dollars sont versés en aide humanitaire, des projets sont mis en œuvre, puis ils s’achèvent.  « Les organisations internationales doivent mieux collaborer avec le gouvernement, ainsi que les organisations nationales et locales afin que la communauté et le gouvernement puissent prendre le relais une fois le projet mené à son terme. »  Ensuite, il a plaidé pour une plus grande participation des enfants et des jeunes aux projets qui les concernent pour être partie prenante des solutions.  Établir les responsabilités pour les crimes commis contre les enfants est plus que jamais nécessaire, a encore souligné M. Kumi, qui a regretté que les lois adoptées par les États ne soient souvent pas appliquées.  Il a également appelé à redoubler d’efforts pour s’assurer que les militaires, les groupes armés, les services gouvernementaux locaux et tout individu qui rencontre un enfant dans une zone de conflit connaissent et comprennent ces lois, et que ceux qui les enfreignent soient tenus de rendre des comptes. 

« La semaine dernière, je me suis assis avec mes amis et collègues dans le camp de réfugiés de Bidi Bidi et je leur ai demandé quelle était la chose la plus importante que je devais dire ici au Conseil de sécurité.  Ils sont tous d’accord pour répondre qu’il s’agit de la participation significative des enfants et des jeunes à la politique et à la planification des actions qui les concernent au premier chef. »

M. FERNANDO SIMAS MAGALHÃES, Vice-Ministre des affaires étrangères du Brésil, s’est dit préoccupé par l’augmentation de 20% des enlèvements d’enfants en 2021 par rapport à 2020.  La protection des enfants doit être la priorité de la communauté internationale, de même que leur réintégration, a-t-il rappelé, en ajoutant que les enfants libérés sont souvent stigmatisés et exclus.  Affirmant que la réintégration doit être le troisième pilier du programme sur les enfants et les conflits armés, il a encouragé le Secrétariat à coopérer avec les parties afin d’élaborer des plans d’action de réintégration.  L’expertise de la Commission de consolidation de la paix doit être pleinement utilisée, a-t-il aussi recommandé.  Il a ensuite insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités afin de mettre fin aux violations les plus graves et rappelé que les mesures antiterroristes doivent être conformes au droit.  Le Conseil doit s’assurer que les sanctions n’ont pas de conséquences humanitaires négatives pour les populations civiles, a-t-il plaidé.  Enfin, il a souhaité que des dispositions sur la protection des enfants soient incluses dans tous les mandats des opérations onusiennes.

Déclarations

Mme MONA JUUL (Norvège) a cité la nécessité de disposer de données précises pour répondre adéquatement à la situation des enfants dans les situations de conflit armé.  Elle a estimé que l’ajout, dans le rapport de cette année, de quatre nouvelles situations préoccupantes, dont la Palestine, est un pas important en avant pour appuyer la protection des enfants au niveau des pays.  Mais il faut faire davantage pour obtenir les fonds nécessaires, notamment en faisant un suivi auprès de la Cinquième Commission.

Elle a exhorté toutes les parties à un conflit à signer et mettre en œuvre des plans d’action avec la Représentante spéciale.  Les États Membres doivent de leur côté approuver et mettre en œuvre les Principes de Paris et de Vancouver, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et la résolution 2601 (2021).  La représentante a également exhorté les États Membres à traiter tous les enfants impliqués principalement en tant que victimes de violations du droit international, y compris ceux qui sont associés avec des groupes armés désignés comme terroristes.  Selon elle, l’emprisonnement d’enfants ne devrait se produire qu’en dernier recours, les mesures non judiciaires devant être privilégiées.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a insisté sur la vulnérabilité des enfants déplacés et apatrides et dénoncé les mauvais traitements qu’ils subissent.  Les sévices endurés par les enfants en temps de conflit doivent susciter notre colère, a dit le délégué.  Il a demandé la mobilisation des ressources nécessaires pour protéger les enfants, ainsi que pour neutraliser les engins explosifs improvisés.  Il est urgent de faire en sorte que les enfants associés à des groupes terroristes ne soient pas traités comme des criminels mais comme des victimes, a plaidé le délégué.  Enfin, il a condamné les attaques contre les écoles et exhorté les parties belligérantes à respecter le caractère civil des établissements scolaires.

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a pris note de l’inclusion des situations en Ukraine, en Éthiopie et au Mozambique dans le rapport annuel du Secrétaire général, relevant que les données attestent des besoins de protection des enfants dans ces pays.  La mise en place de mécanismes de suivi constituera une base de données encore plus solide, afin que toutes les parties puissent identifier les mesures nécessaires pour prévenir les violations graves commises contre les enfants, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué qu’en Ukraine, il existe de nombreuses preuves que la Russie commet au moins quatre des six violations graves contre les enfants, soulignant que la seule solution pour mettre fin aux souffrances des enfants ukrainiens est de mettre fin à l’invasion illégale russe.  Préoccupée par les attaques contre les écoles, elle a exhorté les États Membres à approuver la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à s’attaquer à l’impact sexospécifique des attaques sur l’éducation.  Elle a également exhorté les Taliban à permettre le retour immédiat de toutes les filles afghanes dans les salles de classe.  La représentante s’est aussi alarmée de l’augmentation de la violence sexuelle contre les enfants, et a fait savoir que son gouvernement convoquera une conférence internationale à Londres en novembre afin d’améliorer le principe de responsabilité en matière de violence sexuelle dans les conflits et d’appuyer la mise en œuvre du Murad Code.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a dit être encouragé par la trêve humanitaire dans le nord de l’Éthiopie ainsi que par la trêve au Yémen qui a procuré un soulagement aux enfants yéménites.  La situation au Myanmar demeure en revanche particulièrement préoccupante, car en l’espace d’une seule journée, l’armée a massacré 35 personnes, y compris des enfants et deux membres du personnel de Save the Children, dans l’état de Kayah.  La guerre de la Fédération de Russie contre l’Ukraine a ajouté un autre chapitre sombre à l’agression contre les enfants, ses forces ayant notamment expulsé plus d’un million de civils ukrainiens, dont 260 000 enfants, vers la Russie par le biais d’un processus de filtrage, a dénoncé le représentant qui a félicité le Secrétaire général d’avoir inscrit l’Ukraine, le Mozambique et l’Éthiopie parmi les situations préoccupantes dans son rapport annuel. 

Le délégué a également relevé que les attaques violentes contre des écoles en Afghanistan continuaient d’entraver l’accès des enfants à l’éducation, dénonçant en outre le fait que les filles n’ont pas le droit de s’inscrire dans les écoles secondaires.  Le Conseil de sécurité a clairement indiqué que si les Taliban veulent des relations normalisées avec la communauté internationale, les écoles doivent être ouvertes sans délai à toutes les étudiantes, a-t-il rappelé.  Il a souhaité que la question des enfants et des conflits armés soit intégrée dans tous les travaux du Conseil.  Il a également appelé tous les États à adopter des mesures nationales de responsabilisation, soulignant que le Conseil doit veiller à ce que toutes les missions de paix et politiques disposent d’une capacité adéquate de protection des enfants.  Il a aussi demandé à la Représentante spéciale d’élaborer une note d’orientation sur le refus d’accès humanitaire aux enfants. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné à nouveau l’agression russe contre l’Ukraine, dont les conséquences sur les enfants sont dramatiques, en souhaitant que les mécanismes du Conseil de sécurité soient les plus réactifs possibles, le cas échéant à travers des rapports plus réguliers quand l’urgence l’impose.  Également préoccupé par les situations en Somalie, en Afghanistan, en Birmanie, en Syrie et au Yémen, il a salué les efforts de l’ONU pour instaurer un dialogue avec les parties et promouvoir la signature de plans d’action.  Il a ensuite plaidé pour que la lutte contre les graves violations ne s’arrête pas à la libération des enfants, mais inclue leur réintégration dans la société comme le prévoient les Principes et Engagements de Paris.  Il a salué les 112 États qui les ont déjà endossés depuis 2007 et appelé à leur endossement universel.  Il a également appelé à redoubler d’efforts pour protéger les enfants réfugiés et déplacés, notamment en leur donnant accès à l’éducation.  Il a donné l’exemple de son pays qui a œuvré à la scolarisation immédiate de plus de 18 000 enfants ukrainiens réfugiés.  De plus, il a apprécié l’accent mis aujourd’hui sur la situation des enfants apatrides, jugeant crucial d’abroger les lois empêchant les mères de transmettre leur nationalité et de garantir l’enregistrement universel des naissances.  Enfin, face à l’impunité, il a estimé que nous devons également utiliser davantage l’outil des sanctions, en complément des poursuites judiciaires.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé que les États ont la responsabilité principale de la protection des enfants et exhorté le Conseil à leur apporter son soutien.  Il a insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités afin de mettre fin aux violations les plus graves.  Il a souhaité une coopération étroite entre l’ONU et les États Membres pour l’élaboration d’une politique efficace de rapatriement et de réintégration des enfants touchés par un conflit.  Les efforts de protection des enfants et les efforts antiterroristes doivent être mieux coordonnés, a-t-il ajouté.  Il a aussi souhaité que les États fassent montre d’une volonté politique accrue pour rendre comptables de leurs actes les auteurs d’actes terroristes, ainsi que leurs soutiens.  Enfin, il a regretté que des situations qui ne sont pas des conflits armés ou des menaces à la paix soient incluses à l’ordre du jour du Conseil.

Mme AMEIRAH ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a jugé utile d’avoir des mécanismes multiacteurs pour la protection et la réintégration des enfants touchés par les conflits armés, en veillant à établir des liens entre ces programmes et les efforts de consolidation de la paix.  Elle a souligné l’importance d’un financement durable axé sur les survivants et sensible au genre.  Faisant siens les propos de M. Patrick Kumi, la représentante a jugé essentiel que tous les efforts de consolidation de la paix tiennent compte des besoins de ces enfants, afin d’accélérer leur réintégration dans la société et de leur permettre de se construire un avenir prometteur.  La déléguée a aussi appelé à lutter contre les enlèvements d’enfants dans les situations de conflit, qui sont en augmentation, avant de mettre l’accent sur la collecte de données ventilées par sexe, pour mieux identifier et comprendre les impacts des conflits sur les filles et les garçons et aider les organisations régionales à mieux développer leurs stratégies.  La représentante a également demandé au Conseil de veiller à ce que la protection des enfants déplacés soit intégrée dans tous les mandats des opérations de paix ainsi que l’accès aux services essentiels, dont les services psychologiques et services de santé.  Enfin, elle a mis l’accent sur la protection d’un droit à l’éducation des enfants déplacés adapté à leur bien-être, à leurs sensibilités culturelles et à leurs préférences linguistiques.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a recommandé que le Conseil de sécurité intègre la protection des enfants dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, notamment dans l’alerte précoce, la protection des civils, la justice transnationale, le désarmement, les mesures contre la radicalisation et le recrutement des enfants, le désengagement, la démobilisation et la réintégration.  Les enfants nés de terroristes ou qui ont été recrutés pour les groupes terroristes ont besoin d’aide lorsqu’ils sont capturés, a fait remarquer le délégué en plaidant pour que l’ONU contribue à leur réhabilitation.  Leur réintégration doit prendre en compte leurs besoins spécifiques d’enfants radicalisés, y compris dans les soins de santé, le soutien psychosocial et les programmes scolaires adaptés, a-t-il précisé.  Notant que les enfants sont souvent victimes d’engins explosifs utilisés par les groupes terroristes, le représentant a recommandé de soutenir les efforts déployés par les États affectés par les conflits pour éradiquer ces engins.  À cet égard, il a encouragé les partenariats entre l’ONU et le International Peace Support Training Centre, sis à Nairobi, pour donner la formation et l’aide nécessaires pour faire face à cette menace. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a mis en exergue le fait que la guerre déclenchée par les autorités de Kiev en 2014 contre la population du Donbass a eu un grave impact sur les enfants.  La plus jeune victime de l’agression ukrainienne n’avait que 27 jours, a-t-dit.  Et des enfants meurent toujours sous les tirs d’artillerie ou en marchant sur des mines posées par l’armée ukrainienne.  Depuis huit ans, les enfants du Donbass naissent, étudient, vivent et grandissent sous les bombardements constants de Kiev, y compris d’infrastructures civiles comme des jardins d’enfants, des écoles et des hôpitaux, a dénoncé le représentant en citant notamment le cas du jardin d’enfants n° 118 attaqué le 8 juillet.  Au total, ces derniers mois, 249 civils, dont 16 enfants, ont été tués dans la seule République populaire du Donbass, et 1 493 personnes ont été blessées, dont 83 enfants. 

Le représentant a fait savoir que depuis le début de l’opération militaire spéciale, 2 497 432 personnes, dont 392 890 enfants, ont été évacuées vers le territoire de la Fédération de Russie depuis les régions dangereuses de l’Ukraine.  Ces personnes sont venues volontairement pour sauver leur vie, a-t-il affirmé en rejetant catégoriquement les allégations non fondées selon lesquelles les autorités russes seraient impliquées dans des enlèvements d’enfants.  Plus de 9 500 centres d’hébergement temporaire ont été mis en place et un travail individuel est effectué avec tous les réfugiés, y compris pour assurer la prise en charge des mineurs et orphelins sans protection parentale.  Selon leur âge, les enfants sont placés dans des jardins d’enfants ou des établissements d’enseignement général et professionnel.  Beaucoup d’entre eux reçoivent une assistance humanitaire et médicale ciblée, y compris une réadaptation psychologique, l’objectif principal étant d’aider ces enfants à oublier les horreurs qu’ils ont vécues au cours des huit dernières années pendant lesquelles Kiev, avec la connivence de ses parrains occidentaux, a détruit en toute impunité la population civile du Donbass. 

Prenant note de la décision du Secrétaire général d’inclure la situation en Ukraine dans les situations préoccupantes dans son prochain rapport, le représentant a fait savoir que son gouvernement est prêt à coopérer avec la Représentante spéciale à ce sujet, y compris en lui fournissant des informations.  Il a aussi souligné que la protection des enfants reste d’une importance particulière en Syrie, en particulier dans les zones non contrôlées par le Gouvernement.  Le principal obstacle à la garantie des droits des mineurs est la situation humanitaire difficile sur fond de détérioration de la situation socioéconomique due à la « suffocation » par les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne, a-t-il fait valoir en exigeant que Washington cesse son occupation illégale de certaines parties du territoire de la Syrie et le pillage des ressources naturelles et agricoles de ce pays. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a considéré que la protection des enfants dans les conflits armés reste une priorité absolue et constaté que des progrès ont été réalisés au cours de ces deux décennies, notant que le nombre de parties radiées de la liste des sanctions excède le nombre de celles qui y ont été ajoutées.  Il a salué les résultats tangibles obtenus dans la conception et la mise en œuvre des 17 plans d’action et des autres engagements pris plus récemment, se félicitant également de constater que, depuis la création du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, plus de 170 000 enfants ont été remis en liberté.  Il a préconisé au Conseil de prévoir le renforcement de la coordination du groupe de travail avec les autres organes subsidiaires, y compris certains comités des sanctions.  Si la prévention des violations graves est la tâche principale du mandat du groupe de travail, il est également important de garantir la mise en œuvre complète des programmes de réintégration, a recommandé le délégué.  Il a aussi suggéré de concevoir les programmes d’assistance dans une perspective axée sur le genre et d’y inclure les aspects relatifs à la santé mentale.  Enfin, de l’avis du délégué, une réintégration complète nécessite des services nationaux de protection de l’enfance qui comprennent également l’éducation et la sécurité sociale.  Interdire le recrutement des mineurs et le mariage des enfants n’est pas suffisant », a ajouté en conclusion le représentant. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) s’est dit consterné par le nombre élevé et en augmentation d’enfants tués et mutilés dans le monde en 2021, notamment en Syrie, au Yémen, en Afghanistan et lors de l’escalade de violence de mai 2021 en Israël et dans le Territoire palestinien occupé.  Il a exhorté tous les États à soutenir la Déclaration politique sur les armes explosives dans les zones peuplées, fruit d’un processus mené par l’Irlande à Genève.  Il a salué la décision du Secrétaire général d’ajouter l’Éthiopie, le Mozambique et l’Ukraine à la liste des situations préoccupantes, avant d’appeler à plus de surveillance dans la région du Sahel central.  Le représentant a appelé toutes les parties à un conflit à se conformer au droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, et à assurer l’établissement des responsabilités.  Il a aussi estimé que « nos belles paroles ici doivent être accompagnées d’argent comptant », demandant le financement nécessaire pour faire face au nombre croissant des crimes et aux besoins croissants de protection et de réintégration des enfants.  Enfin, il a appelé à intégrer la question des « enfants et les conflits armés » dans toutes les activités de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds de consolidation de la paix. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) s’est dite inquiète à la lecture du rapport du Secrétaire général et a espéré que ce débat soit l’occasion de mettre en œuvre les engagements en faveur de la protection des enfants.  La place des enfants est auprès de leurs parents et à l’école, a-t-elle estimé.  Elle a recommandé de s’attaquer aux causes de l’instabilité comme la pauvreté et de soutenir les États les plus vulnérables dont les capacités doivent être renforcées.  S’agissant de la protection des enfants, la représentante a encouragé le partage d’informations notamment sur les mouvements transfrontaliers, ainsi que la lutte contre l’impunité des auteurs de recrutement d’enfants, de violence et de crimes.  Les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration doivent être adaptés aux besoins spécifiques des enfants soldats et inclure, entre autres, la rééducation et les projets à impact rapide, a-t-elle recommandé.  Elle a aussi plaidé pour une réinsertion pérenne des enfants dans la société grâce notamment à des programmes de réintégration durable qui comprennent entre autres un contenu éducatif de qualité, des soins de santé, un soutien psychosocial, y compris pour les besoins spécifiques des filles et des enfants handicapés.  Ces programmes doivent bénéficier d’un soutien financier et technique sur le long terme, a-t-elle dit.  Enfin, elle a misé sur un partenariat multiforme et des mesures adéquates pour éradiquer les causes des conflits armés. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a regretté la faible mise en œuvre du cadre normatif de la protection des enfants dans les conflits armés.  Attirant l’attention sur les situations au Mali, au Burkina Faso, au Myanmar, en Afghanistan, en République démocratique du Congo (RDC), en Somalie, en Syrie ou encore au Yémen, il s’est attardé sur la situation en Ukraine, en avançant le chiffre de 349 enfants morts depuis le début du conflit et de centaines de blessés.  Quelque 4,3 millions d’enfants ont été chassés de chez eux et ceux qui sont encore là restent piégés dans les horreurs d’une guerre qui, après cinq mois, continue d’être aussi meurtrière qu’au premier jour, s’est-il indigné.  Les enfants sont terrifiés par les bombardements et les tirs de missiles.  Comme cela ne suffisait pas, plus de 100 000 enfants ukrainiens auraient été expulsés de force vers la Russie. 

Le représentant a fait part d’un sentiment indéniable d’urgence: il faut faire plus et mieux et investir davantage dans la prévention, laquelle dépend d’un bon établissement des responsabilités.  Il faut aussi renforcer le mandat relatif aux enfants dans les conflits armés pour le rendre plus souple et mieux à même de lutter contre les violations commises par tous les acteurs, en particulier les groupes armés non étatiques.  Des capacités dédiées à la protection de l’enfance sont nécessaires dans les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies, y compris dans le contexte de la transition, a poursuivi le représentant.  Il a également plaidé pour que l’on relève les défis liés à l’intégration et la réintégration des enfants qui représentent aujourd’hui plus de la moitié des réfugiés dans le monde.  Pour sa part, l’Albanie a procédé à des rapatriements de femmes et d’enfants d’origine albanaise de Syrie, a-t-il indiqué, en soulignant que son gouvernement coopère avec l’UNICEF.

M. ZHANG JUN (Chine) a considéré que la meilleure façon de protéger les enfants est de mettre fin aux conflits en leur cherchant des solutions politiques.  Il a encouragé les pays n’ayant pas ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant à prendre des mesures immédiates à cet égard.  Le représentant a également demandé que toutes les parties responsables de violations à l’encontre des enfants soient tenues comptables de leurs actes.  Il a par ailleurs dénoncé le sort des enfants dans certains camps de réfugiés situés près de frontières, en particulier ceux à qui est dénié un rapatriement volontaire dans leur pays d’origine.  Pour la Chine, le Conseil de sécurité devrait éviter d’accorder une attention sélective à certaines situations sur la base des orientations politiques de ses membres.  Sur une note positive, le délégué s’est félicité que, grâce aux efforts de la Représentante spéciale, des milliers d’enfants aient été remis en liberté, citant l’exemple de Mohammed en Syrie, qui a pu ainsi obtenir une jambe artificielle pour remplacer sa première prothèse, détruite dans un bombardement.  De l’Amérique latine à l’Asie, des milliers d’enfants ont les yeux tournés vers nous, nous ne pouvons pas les laisser tomber, a lancé le représentant chinois.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a salué la présidence brésilienne du Conseil et son « inspiration chrétienne ».  Il a dénoncé la guerre en Ukraine qui continue de faire rage, avant de rappeler les 840 000 réfugiés accueillis par la Hongrie lorsque la guerre a éclaté.  Il a souligné l’aide apportée aux enfants ukrainiens réfugiés, notamment pour l’apprentissage de la langue hongroise, « assurément l’une des plus difficiles au monde. »  Ces enfants ont les mêmes droits que les enfants hongrois.  Le Ministre a enfin rappelé que seule la paix permettra de remédier aux souffrances des enfants ukrainiens et exhorté la communauté internationale à œuvrer pour la tenue de pourparlers de paix.

Intervenant au nom du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés, M. RICHARD ARBEITER (Canada) a dit l’importance de garantir l’indépendance, l’impartialité et la crédibilité du mécanisme de surveillance et de communication de l’information et du mécanisme d’établissement des listes tels qu’ils figurent dans les rapports annuels du Secrétaire général.  Ces deux outils demeurent particulièrement importants dans nos efforts pour protéger les enfants et favoriser l’établissement des responsabilités pour les violations graves, a insisté le représentant.  Notant que l’Éthiopie, le Mozambique, l’Ukraine et la région du Sahel central ont été désignés comme des situations préoccupantes, le représentant a jugé important que le Secrétaire général utilise des critères et des procédures clairs pour l’inscription aux listes et la radiation des parties à un conflit armé. 

À titre national, il a rappelé qu’en Afghanistan, les Taliban sévissent effrontément contre les droits des filles, notamment leur droit à l’éducation.  Le nombre de garçons afghans tués et mutilés a battu un record mondial en 2021.  Dans la région du Sahel central et dans le bassin du lac Tchad, l’on voit une forte augmentation des violations graves commises à l’encontre des filles.  En Syrie, le « régime d’Assad » poursuit ses agressions contre les enfants, bombarde des écoles et des hôpitaux et recrute des enfants soldats.  Face à cette situation, le représentant a estimé que la décision de sortir le Gouvernement syrien de l’annexe du rapport du Secrétaire général n’aurait dû être prise que sur la base d’une diminution substantielle des violations graves et du respect d’engagements concrets et assortis de délais. 

En Ukraine, des enfants sont tués et mutilés par les forces russes, à coup d’attaques délibérées contre les écoles et les hôpitaux, a poursuivi le représentant qui a aussi accusé la Fédération de Russie d’avoir arrêté et déplacé de force des centaines de milliers d’enfants ukrainiens et d’être responsable de violence sexuelle à l’encontre des filles et des garçons.  Le représentant a conclu en annonçant le lancement avec le soutien de l’UNICEF, d’une initiative de promotion et de partage des leçons apprises dans la mise en œuvre des instruments internationaux pertinents. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a dit être préoccupé par le contenu du rapport du Secrétaire général qui n’inclut pas les conséquences terribles de la guerre de Russie en Ukraine.  Toutes les violations affectant les enfants en Ukraine, causées par la guerre d’agression de la Russie, doivent faire l’objet d’un suivi par l’ONU, a exhorté le représentant précisant que les statistiques du Secrétaire général seraient plus élevées si le rapport tenait compte des conséquences de la guerre en Ukraine.  Il a dit que son pays est prêt à discuter avec la Représentante spéciale pour faire la lumière sur les conséquences de l’agression russe sur les enfants.  Depuis le début de la guerre, plus de 350 enfants ont été tués et plus de 2 millions déplacés, a-t-il rappelé.  Le représentant a aussi indiqué que les bombardements russes ont détruit 216 établissements dont plus de 130 centres pour orphelins.  Il a ajouté que 77 enfants ont disparu depuis le début des hostilités.  Toutefois, le véritable nombre des victimes est bien plus élevé, a-t-il dit avant de demander à la communauté internationale de suivre de près la situation, d’aider l’Ukraine à faciliter le retour rapide des réfugiés et de garantir l’établissement des responsabilités pour les violations, que ce soit pour leurs auteurs ou ceux qui les ont commanditées.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est déclarée préoccupée par l’augmentation des meurtres et des mutilations d’enfants, du recrutement d’enfants, et du déni d’accès humanitaire.  Elle a également dénoncé l’augmentation des enlèvements, des signalements de viols et d’autres formes de violences sexuelles liées aux conflits.  L’impunité est totalement inacceptable, a-t-elle tranché en exigeant une justice non sexiste pour les enfants victimes ou survivants de ce type de violences.  Elle a encouragé la Représentante spéciale à veiller à ce que les enfants handicapés soient également pris en compte dans la mise en œuvre de son mandat, et a demandé que les enfants déplacés se voient garantir les mêmes droits et libertés que tous les autres enfants.  Les rapports d’abus d’enfants réfugiés et migrants sont épouvantables, a-t-elle regretté en appelant à faciliter leur intégration de manière prioritaire et durable.  La représentante a également encouragé les États Membres à respecter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Principes de Paris, les Principes de Vancouver et à ratifier les Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est dit particulièrement préoccupé par la hausse significative du nombre des cas de violence sexuelle contre les garçons et les filles, ainsi que par le risque accru que les filles se fassent enlever sur le chemin de l’école, comme on l’a vu dans la région du bassin du lac Tchad.  Aujourd’hui, a dit le représentant, la guerre en Ukraine ajoute une autre dimension choquante à l’ampleur effroyable des graves violations des droits de l’enfant dans les conflits.  Citant l’UNICEF et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, le représentant a fait observer que près des deux tiers des enfants ukrainiens ont fui de chez eux et qu’environ 300 enfants sont morts dans l’agression russe.  Les informations faisant état de la séparation forcée des familles ainsi que les allégations d’enlèvement et de déportation d’enfants ukrainiens vers le territoire russe sont particulièrement alarmantes et constituent une nouvelle violation grave du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-il dénoncé.

L’établissement des responsabilités, aux niveau national et international, est crucial pour mettre également fin à l’impunité et en réponse à la flambée de la violence signalée par le Secrétaire général, les enquêtes et les poursuites pénales doivent prévoir des approches adaptées aux enfants ainsi que les ressources, les capacités et les compétences qu’il faut pour permettre la participation sûre et effective des victimes et des survivants à ces processus, a préconisé M. Wenaweser.  Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et ses verdicts « révolutionnaires » sur l’utilisation d’enfants soldats par exemple pourraient servir de modèle, puisqu’il exige que le Procureur nomme des conseillers dotés d’une expertise juridique en matière de violence contre les enfants et que la CPI prenne des mesures pour protéger la sécurité, le bien-être physique et psychologique, la dignité et la vie privée des victimes et des témoins, en tenant compte de l’âge. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a dénoncé les violations commises contre les enfants en Afghanistan, au Yémen et en Palestine.  Il a indiqué que son pays fournit des services de base au profit des enfants afghans réfugiés sur son sol.  Le représentant a ensuite affirmé que le « régime israélien » est responsable de la mort de 86 enfants en Palestine en 2021 et commet de nombreuses violations.  Ce régime doit être tenu pour responsable, a insisté le délégué.  Il a demandé le plein respect du droit international humanitaire et appelé à remédier aux causes profondes des violences faites aux enfants.  Il a également dénoncé les conséquences négatives des sanctions pour les enfants.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a noté que l’Ukraine a été ajoutée à la liste des pays dans lesquels la situation est préoccupante, avec effet immédiat.  Il a déploré que le pilonnage incessant par les forces militaires russes de cibles civiles, y compris d’établissements scolaires et d’hôpitaux, continue de faire de nombreuses victimes parmi la population en Ukraine, regrettant que les enfants ne soient pas épargnés.  Il a précisé que le Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable, présidé par la Bulgarie, la Jamaïque et le Luxembourg, a publié le 21 mars dernier, une déclaration commune déplorant la mort d’au moins 75 enfants du fait de la guerre en Ukraine, alors que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a cité une estimation de 346 enfants qui ont péri dans ce conflit à la date du 17 juillet.  Estimant que ce chiffre est très certainement en deçà de la réalité, le représentant a exhorté la Russie à immédiatement cesser ses attaques indiscriminées contre les zones fortement peuplées, y compris les établissements scolaires et les hôpitaux.  Il a aussi exhorté tous les États à signer et à mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, avant de se dire très préoccupé par les rapports faisant état de la déportation forcée d’enfants ukrainiens vers la Russie.  Notant que les enfants fuyant la guerre en Ukraine sont exposés à un risque accru de traite et d’exploitation des êtres humains, il a jugé primordial que ces enfants soient protégés pour ne pas devenir des victimes de la guerre une deuxième fois.  Le représentant a particulièrement regretté, au vu des terribles souffrances subies par les populations civiles, et en particulier les enfants, que le Conseil de sécurité ne soit pas à même de condamner la guerre en Ukraine et d’adopter une résolution qui pourrait contribuer à y mettre un terme.  « Cela n’exonère pas les coupables des crimes de guerre.  Ils seront tenus pour responsables de leurs actes. »

Mme PASCALE BAERISWYL (Suisse) a appelé à mettre en œuvre la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation dans les conflits et à adopter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, afin de faire face à la vulnérabilité des enfants déplacés ou réfugiés.  Les enfants associés à des groupes armés doivent être traités comme des victimes, a poursuivi la représentante avant d’appeler tous les États Membres, conformément à la résolution 2427 (2018), à donner la priorité aux mesures non judiciaires axées sur la réadaptation et la réintégration et à ne recourir à la détention qu’en dernier ressort.  Elle a invité la Commission de consolidation de la paix à traiter la réintégration comme priorité, au travers du thème de la santé mentale et du soutien psychosocial.  De plus, elle a jugé urgent de préserver l’indépendance, l’impartialité et la crédibilité des instruments à notre disposition, pour protéger les enfants dans les conflits.  À cet effet, elle a jugé utile que les critères appliqués pour inscrire ou radier les parties responsables de violations graves aux annexes du rapport annuel soient clairs, cohérents et objectifs.  Elle a demandé que les nouveaux territoires ajoutés à la liste des situations préoccupantes -Mozambique, Éthiopie, Ukraine et Sahel central- reçoivent la surveillance et l’attention nécessaires du Conseil.  Enfin, elle a demandé des ressources humaines et financières suffisantes pour le mécanisme de surveillance et de communication sur le terrain avant d’exhorter le Conseil à inclure des dispositions de protection de l’enfant dans tous les mandats pertinents.

Mme GABRIELA GONZÁLEZ (Uruguay) a déclaré que pour prévenir les atrocités contre les enfants, la protection et le respect de leurs droits et besoins doivent être au cœur de tous les efforts de paix, de médiation et de prévention des conflits.  L’impunité pour les violations graves est inacceptable, a ajouté la représentante demandant d’adopter des lois contre ces violations au niveau national, ainsi que des mesures pour garantir la responsabilité des auteurs.  Il faut aussi renforcer la coopération des États Membres avec les mécanismes internationaux, régionaux et nationaux de responsabilité et prévenir les violations par le biais d’un engagement stratégique et de plans de prévention concrets. 

Pays fournisseur de contingents, l’Uruguay a approuvé en 2020 sa politique de protection de l’enfance pour le personnel déployé dans les opérations de paix des Nations Unies, a indiqué la représentante qui a aussi cité le lancement, en novembre 2021, d’un guide pour les instructeurs en protection de l’enfance dans les missions de paix.  L’École nationale des opérations de paix de l’Uruguay dispense des cours sur la protection de l’enfance dans les conflits armés, et le Ministère de la défense nationale a signé en février 2021 un protocole d’entente avec l’Institut Roméo Dallaire et l’Université Dalhousie sur la prévention du recrutement d’enfants soldats dans des situations de conflit.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur), a expliqué que l’Équateur, en tant qu’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant et à ses trois protocoles facultatifs, promeut une architecture internationale solide pour la protection des droits de l’enfant dans tous les domaines, y compris les conflits armés, sans distinction de nationalité, d’ethnie, de sexe ou autre.  Par ailleurs, il a assuré que son pays s’engage à continuer d’accorder une attention particulière à la promotion et à la protection des droits des enfants en mobilité humaine, car de nombreux enfants fuyant les zones de conflit ou de violence sont exposés aux réseaux criminels de traite et de contrebande.  Il a mis en exergue les besoins éducatifs croissants des enfants réfugiés et déplacés, plaidant pour que soient prises urgemment des mesures concrètes pour la protection des écoles, du personnel éducatif et des élèves, conformément au droit international et au droit international humanitaire.  Le délégué a aussi demandé d’agir pour proscrire l’utilisation de ces espaces à des fins militaires.  Tout cela exige une réponse coordonnée de l’ONU, dans laquelle le Conseil de sécurité a un rôle central à jouer, a estimé le représentant, y compris pour le suivi et la mise en œuvre des 13 résolutions relatives à la situation des enfants dans les conflits armés.  Aucun effort ne doit être épargné pour la libération des enfants enlevés et recrutés, a-t-il encore plaidé en demandant que soient prises en même temps des mesures de réintégration dans leurs communautés.  Avant de conclure, le représentant a assuré que la protection des enfants dans les conflits armés sera une priorité de l’Équateur lors de sa représentation au sein de ce Conseil au cours de la période 2023-2024.  « La communauté internationale a le devoir collectif de renforcer les efforts pour atténuer la souffrance de plus de 426 millions d’enfants dans le monde. »

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) s’est dit consterné par le nombre toujours élevé de violations graves, en particulier par l’augmentation des enlèvements.  En réfléchissant aux 25 années écoulées depuis l’établissement du mandat du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, il a appelé à saluer les outils solides développés pour soutenir sa mise en œuvre, citant notamment le mécanisme de surveillance et de communication de l’information et le mécanisme d’inscription sur les listes dans les rapports annuels du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés.  « Son indépendance, son impartialité et sa crédibilité demeurent essentielles », a ajouté le représentant à propos de ce mécanisme.  La Slovénie est pour sa part fermement engagée dans la promotion des droits et du bien-être des enfants, y compris des enfants touchés par les conflits armés, comme en témoignent des projets mis en œuvre par l’organisation slovène ITF Enhancing Human Security en Moldavie, en Jordanie, au Liban, à Gaza et en Cisjordanie, en Arménie, à Madagascar et en Égypte.  « Depuis 2017, nos efforts ont également permis de fournir une éducation à plus de 41 000 enfants réfugiés syriens en Jordanie et ont également répondu aux besoins des enfants réfugiés ukrainiens en Pologne et en Slovénie », a fait valoir le délégué. 

Mme KRISTEL LÕUK (Estonie) a validé l’argument de la pertinence du mandat de la protection des enfants dans les conflits armés, estimant que l’action du Conseil de sécurité, du système des Nations Unies et des acteurs nationaux doit suivre.  Cela comprend, selon elle, la promotion du respect du droit international et la recherche des responsabilités pour les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, notamment par le biais de mécanismes internationaux tels que la Cour pénale internationale (CPI) et l’exercice de la compétence universelle.  Cela comprend aussi l’incorporation et l’utilisation de critères liés à la question dans les régimes de sanctions, ainsi que des ressources politiques, financières et opérationnelles pour les activités de protection de l’enfance menées par les Nations Unies.  Notant que le Secrétaire général a désigné l’Ukraine comme une situation préoccupante avec effet immédiat, la représentante a souligné que cela fait suite « à la longue traînée de sang laissée par la Fédération de Russie en Ukraine » et aux attaques cruelles et ciblées contre des civils, y compris des enfants.  Les meurtres et mutilations d’enfants, les violences sexuelles, le refus d’accès humanitaire, les expulsions et les adoptions illégales, ainsi que les attaques délibérées contre les écoles et les hôpitaux par la Fédération de Russie sont de graves violations contre les enfants, a-t-elle martelé.  Elle a demandé au Secrétaire général d’assurer sans délai le suivi et le signalement des violations contre les enfants en Ukraine, ainsi que le renforcement des capacités de protection de l’enfance en Ukraine.  L’Estonie attend donc que des comptes soient rendus pour les violations commises contre des enfants en Ukraine, tout comme pour la Syrie, l’Iraq, le Mali et l’Afghanistan, a conclu la représentante.

Au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) s’est dit alarmé par le chiffre record de 37 millions d’enfants déplacés en 2021, un chiffre qui ne prend pas en compte les enfants déplacés par le conflit en Ukraine.  Notant que les enfants réfugiés, déplacés ou apatrides sont particulièrement vulnérables aux violations graves, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus efficace dans la prévention des déplacements dans le monde.  Il a aussi exhorté les gouvernements à renforcer la protection et l’accès aux services pour les enfants réfugiés, migrants et déplacés.  Il s’est particulièrement inquiété de l’impact des conflits armés sur l’éducation en notant que près de 8 000 écoles sont fermées en raison de la violence au Sahel où 60% des enfants n’ont plus accès à l’éducation.  « En conséquence, nous avons constaté une augmentation du recrutement d’enfants, des mariages d’enfants et des grossesses précoces chez les filles d’âge scolaire » a indiqué le représentant qui a rappelé que l’éducation est cruciale pour briser le cycle des conflits.  C’est pourquoi, il a appelé tous les États à approuver et à mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et la résolution 2601 (2021) du Conseil de sécurité afin de réaliser le droit de tous les enfants à l’éducation. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a déclaré que pour briser le cycle de violence contre les enfants, il faut une approche systématique et cohérente, de la prévention jusqu’à l’établissement des responsabilités et la réintégration.  Ceci exige un soutien sans faille à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a-t-il réclamé, y voyant un moyen d’atténuer les conséquences des conflits armés sur l’éducation.  L’Italie, a ajouté le représentant, appuie les Principes et engagements de Paris et les Principes de Vancouver, des principes qui à son avis devraient être intégrés dans les opérations de maintien de la paix.  Il a estimé que les interventions en matière de paix doivent chercher à apporter une réponse fondée sur les droits et intérêts des enfants et doivent gérer la question des enfants recrutés par les groupes armés sous l’angle des victimes qu’ils sont.  Le représentant a insisté sur la nécessité de tenir pour responsables tous les auteurs des violations contre les enfants, qu’elles soient étatiques ou non.  Il a réitéré le soutien de sa délégation à la justice internationale, aux mécanismes de contrôle et de responsabilité et à la Cour pénale internationale.  Il a, enfin, plaidé pour que les programmes de réintégration comprennent un appui psychosocial, une éducation et une formation. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a salué l’inclusion de l’Ukraine dans le rapport comme situation préoccupante s’agissant des violations faites aux enfants.  Elle s’est dite préoccupée par l’augmentation de 20% des enlèvements d’enfants en 2021 par rapport à 2020, les filles étant les premières cibles de ces crimes.  Elle a aussi mentionné les informations selon lesquelles des enfants ukrainiens seraient enlevés pour être transportés en Russie.  Enfin, la déléguée a souligné l’importance de la réintégration des enfants précédemment associés à des groupes armés.  Elle a détaillé l’appui fourni par son pays à ces enfants.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a encouragé les pays accueillant des réfugiés à intégrer dans leurs réponses nationales les services de base dont ont besoin les enfants, y compris l’accès à l’éducation, et à ratifier les protocoles pertinents relatifs aux droits de l’enfant.  Elle s’est ensuite enorgueillie de l’adoption du tout premier plan d’action de la Grèce sur la protection de l’enfance, qui met l’accent sur le sort des filles.  Les autorités grecques, a ensuite assuré la représentante, agissent sur terre et en mer pour offrir une assistance aux mineurs ayant été contraints de fuir les conflits. 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, a estimé que parmi les six violations graves commises contre les enfants, celle de l’enlèvement est l’une des plus difficiles à documenter.  Pourtant, a-t-il relevé, lorsqu’il constitue une atrocité, l’enlèvement peut être punis en vertu du Statut de Rome.  Il a donc souhaité que l’ONU enquête plus avant sur les allégations d’enlèvements transfrontaliers et de traite d’enfants à des fins d’adoption, saluant au passage la récente note d’orientation sur ce problème rédigée par le Bureau du Représentant spécial.  Le représentant a aussi souligné que les enfants et les jeunes sont confrontés à des risques d’atrocités distincts.  Il a donc appelé la communauté internationale à veiller à ce que chaque aspect de la prévention des atrocités soit guidé par les principes généraux de la Convention relative aux droits de l’enfant.  En outre, a-t-il poursuivi, les enfants et les jeunes doivent jouer un rôle essentiel dans l’information et l’alerte précoce, le renforcement des capacités et le développement de sociétés plus cohésives, inclusives et résilientes.  Leur participation au règlement des conflits et à la prévention des atrocités montre qu’ils peuvent jouer un rôle important non seulement en tant que bénéficiaires des interventions, mais en tant que partenaires dans la paix, a-t-il fait valoir.  Le délégué a plaidé pour que tous les auteurs des six violations graves contre les enfants soient tenus responsables.  Il a misé pour cela sur le mécanisme de surveillance et de communication de l’information des Nations Unies, le rapport annuel du Secrétaire général et son annexe.  Cependant, ces outils ne resteront valables que s’ils sont crédibles, a-t-il prévenu.  Il a donc recommandé la publication, dans les annexes du rapport, d’une liste unique, complète et fondée sur des preuves de toutes les personnes jugées responsables de ces violations et abus, reflétant avec précision les données collectées et vérifiées par le mécanisme de surveillance et de communication de l’information.  C’est aux États Membres de traduire en justice tous les responsables de crimes impliquant des violations à l’encontre d’enfants, y compris des atrocités, par le biais d’enquêtes rapides et, le cas échéant, de poursuites, a-t-il affirmé en concluant son intervention.

M. THIBAULT CAMELLI (Union européenne) s’est dit horrifié par les conséquences sur les enfants de la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, ainsi que par les signalements de déportation forcée d’enfants vers la Russie.  Dans ce contexte, il a salué la décision de reconnaître l’Ukraine comme situation préoccupante avec effet immédiat, de même que l’ajout de l’Éthiopie et du Mozambique au rapport du Secrétaire général.  Il s’est inquiété de la situation des enfants et des conflits interdépendants qui affectent les communautés au Sahel, dans la région du bassin du lac Tchad, ainsi que dans l’est de la République démocratique du Congo, et a demandé instamment à toutes les forces armées de respecter pleinement le droit humanitaire international.  Il a ensuite appelé les forces armées et de sécurité du Myanmar à mettre fin à la pratique persistante d’arrestation des enfants, des parents ou des proches des opposants.  Il a aussi condamné le refus persistant et inacceptable des Taliban d’assurer l’enseignement secondaire des jeunes afghanes. 

L’observateur a appelé à faire de la protection des enfants dans les conflits armés une priorité et à veiller à ce que les mécanismes des Nations Unies et ses opérations de paix soient financés et équipés à cette fin.  Il a demandé au Conseil de travailler étroitement et régulièrement avec la Représentante spéciale, y compris sur les situations spécifiques des pays.  Il a également encouragé la Représentante spéciale à élaborer une note d’orientation sur le refus de l’accès humanitaire aux enfants. 

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a appelé à une mise en œuvre accrue du droit international des droits humains, des instruments internationaux de protection de l’enfance et des principes de responsabilité pour les auteurs des violations graves.  La guerre non provoquée de la Russie contre l’Ukraine a poussé des millions d’enfants à l’exil et à quitter leurs foyers.  Des milliers de petits Ukrainiens ont également été forcés de se déplacer en Russie où de nombreux témoignages indiquent que certains ont été violés.  La Russie doit rendre des comptes pour ces violations, a insisté le représentant.

M. KARL LAGATIE (Belgique) s’est inquiété de l’effacement progressif de la démarcation entre champ de bataille et infrastructures civiles qui sont de plus en plus souvent prises pour cibles.  Il a dénoncé les crimes commis contre les enfants en Ukraine et dans le Sahel et demandé à établir les responsabilités pour ces violations.  Il a aussi appelé au plein respect de la Convention relative aux droits de l’enfant, avant d’appeler au renforcement des capacités des missions onusiennes dans le domaine de la protection des enfants.  Enfin, s’il a reconnu que la prévention des violations contre les enfants est une tâche « dantesque », le délégué a invité le Conseil à ne pas « baisser les bras ».

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne)a appelé à intensifier les efforts pour protéger les enfants dans les situations de conflit armé.  Il a attiré l’attention sur les milliers d’enfants ukrainiens transférés en Russie contre leur gré, en violation à la fois de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et de la Convention relative aux droits de l’enfant.  La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les auteurs de ces actes soient tenus pour responsables ainsi que pour protéger le droit des enfants ukrainiens à leur identité et à leur nationalité, a insisté le représentant. 

Il a ensuite souligné l’importance d’intégrer les droits de l’enfant dans les cadres de l’alerte précoce, de l’analyse des conflits, du règlement pacifique des différends, de la justice transitionnelle et du désarmement, de même que la démobilisation et la réintégration.  De son avis, la manière la plus constructive d’autonomiser les jeunes et de veiller à ce qu’ils ne se radicalisent pas est d’investir dans une éducation de haute qualité.  Après avoir fermement condamné les attaques contre les étudiants, les enseignants et les écoles, ainsi que l’utilisation des écoles à des fins militaires, le représentant a estimé qu’un soutien approprié et opportun à la réintégration est crucial pour l’avenir des enfants anciennement associés à des groupes armés.

M. MATÚŠ KOŠUTH (Slovaquie) s’est félicité, en tant que pays voisin directement touché par la situation en Ukraine, de sa désignation comme situation préoccupante avec effet immédiat et de son inclusion dans le prochain rapport du Secrétaire général.  La brutale agression russe a officiellement fait environ 350 morts parmi les enfants et plus de 500 blessés, alors que des centaines d’écoles et d’hôpitaux ont été détruits ou endommagés, et les deux tiers des enfants ukrainiens ont été forcés de fuir leurs maisons, a-t-il rappelé en précisant que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés.  Ces faits ne peuvent être ignorés lors du débat d’aujourd’hui, a tranché le représentant en s’indignant face aux nouvelles tentatives de la Russie de détourner l’attention de ses violations atroces de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Pour le représentant, il est crucial de rappeler que c’est la Russie qui porte l’entière responsabilité de cette crise des enfants et des déplacements d’enfants à grande échelle, les plus rapides crises de ce type depuis la Seconde Guerre mondiale.  Sans son « invasion illégale, injustifiée et insensée » de l’Ukraine, rien de tout cela ne se serait produit, a-t-il assuré profitant de l’occasion pour demander « une fois de plus » à la Russie de cesser toutes ses activités militaires en Ukraine et de retirer immédiatement et sans condition toutes ses troupes et équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  La Slovaquie fait tout son possible pour assurer le bien-être de près de 173 000 enfants réfugiés qui ont traversé les frontières jusqu’à présent et pour protéger leurs droits, en particulier leur droit à l’éducation, a fait savoir le représentant, en assurant vouloir continuer à le faire.

M. JUSTIN FEPULEAI (Nouvelle-Zélande) a rappelé que la Nouvelle-Zélande a approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, comme 113 autres États Membres.  Il a aussi rappelé que le Conseil de sécurité a adopté, en 2016, sur l’initiative de la Nouvelle-Zélande et de quatre autres pays, la résolution 2286 (2016) sur les soins de santé dans les conflits, un texte qui condamne sans équivoque les attaques contre les travailleurs de la santé et les établissements de santé.  Il a ajouté que l’attaque illégale et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine est un affront fait à « notre humanité commune ».  Notant que les filles dans les situations de conflit armé sont confrontées à des risques uniques, le représentant a assuré que son pays continuera à défendre vigoureusement les droits des enfants, en particulier des filles, à être protégés dans les conflits armés.  En outre, il a félicité la Représentante spéciale et le Secrétaire général de s’être engagés à étudier plus avant les liens entre changements climatiques, conflits et leurs effets sur les enfants.

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a rappelé que la protection des enfants incombe à tous les acteurs de la communauté internationale.  Il a salué le libellé du rapport relatif à la coalition, tout en indiquant que le nombre d’incidents recensés devraient être, selon lui, revus à la baisse.  La coalition est un modèle s’agissant de la protection des enfants en temps de conflit armé, a-t-il affirmé, en relevant le nombre grandissant de violations commises par les milices houthistes.  Ces dernières commettent les violations les plus graves et ne respectent pas les différents instruments internationaux, a-t-il dénoncé.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a appelé les parties à un conflit à adhérer au droit et aux principes internationaux afin de protéger les enfants et de garantir leurs droits.  Il a également appuyé les efforts continus de la Représentante spéciale et a jugé indispensable de continuer à intégrer la protection des enfants dans tout le continuum de la paix.  À cette fin, il s’est dit favorable à de plus amples consultations entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays contributeurs de troupes et de police, et les autres parties prenantes sur la nécessité d’avoir un mandat clair sur la protection de l’enfant dans toutes les opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a dénoncé l’agression injustifiée commise par la Russie contre l’Ukraine.  Il a relevé que la circulation des armes légères aggrave les souffrances des enfants en temps de conflit et a exhorté les États à ratifier les instruments internationaux pertinents, dont le Traité sur le commerce des armes.  Il a loué le travail de la Commission de consolidation de la paix, s’agissant notamment de la réintégration des anciens combattants.  Le rôle de la Commission devrait être consolidé et sa voix davantage entendue au sein de ce Conseil, a-t-il estimé.

M. MITCH FIFIELD (Australie) a souligné que plus de 170 000 enfants ont été libérés des mains des forces et groupes armés, puis réintégrés dans la société grâce à l’aide de conseillers en protection de l’enfance, de plans d’action conjoints et nationaux de désarmement, démobilisation et réintégration, guidés par les efforts des Nations Unies en faveur des enfants et des conflits armés.  Il a regretté que malgré ce succès, le conflit continue de prendre une tournure dévastatrice sur les enfants chaque jour, comme l’illustrent les détails présentés par la Représentante spéciale au sujet de 23 982 violations graves contre des enfants en 2021.  Notant que le bien-être des enfants en République démocratique du Congo, en Somalie, en Syrie et au Yémen continue d’être très préoccupant, il a encouragé la signature et la mise en œuvre de conventions conjointes et nationales et de plans d’action avec l’ONU pour mettre fin et prévenir les violations graves dans ces pays.  Après s’être inquiété de l’impact des violences sexuelles, le représentant a encouragé des interventions sensibles au genre et à l’âge, plaçant l’enfant au centre.  Il a dit la nécessité d’augmenter les capacités de protection de l’enfance dans les opérations de paix et les missions politiques et d’appuyer les mécanismes de surveillance de l’ONU.

M. BAE JONGIN (République de Corée) a rappelé que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire du mandat sur les enfants et les conflits armés.  Malgré les progrès, il est d’avis qu’il faut faire davantage pour les protéger.  Appelant toutes les parties aux conflits à respecter le droit international, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés, le représentant a également insisté sur la lutte contre l’impunité dans ce domaine et sur la libération des enfants enlevés, où qu’ils soient.  En outre, le représentant a souligné le rôle essentiel de l’ONU et de l’UNICEF pour protéger les enfants, notamment dans le contexte des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. 

M. IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a assuré que son gouvernement n’avait de cesse d’agir pour protéger les enfants, en particulier ceux touchés par les conflits, qu’il s’efforce de réintégrer, conformément à l’Accord de Djouba.  Des structures ont été créées à cette fin, dont le Comité suprême dirigé par le Ministère des affaires étrangères et celui des affaires sociales, qui a été reconfiguré pour assurer la sécurité des enfants dans les zones de conflits.  Sur le plan juridique, la loi soudanaise protège les enfants qui ont été victimes de violences sexuelles, a ajouté le représentant, qui a fait valoir le plan d’action national de son gouvernement élaboré en 2016.  Il s’est ensuite félicité de la radiation du Soudan de la liste des auteurs de violations à l’encontre des enfants, résultat direct de la mise en œuvre de ce plan d’action, selon lui. 

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a demandé un accès humanitaire sans entraves aux enfants dans le besoin.  Elle a relevé que la pandémie a eu de graves conséquences pour les enfants avec une interruption de leur scolarité.  Les filles ont été les plus concernées et nombre d’entre elles sont devenues la proie de violence depuis leur déscolarisation.  Elle a souligné l’importance de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à la signer.  Enfin, elle a exhorté les parties belligérantes à respecter le droit international humanitaire et jugé fondamental que les missions onusiennes disposent d’un mandat renforcé en ce qui concerne la protection des enfants.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a indiqué que la politique de protection des enfants est au cœur de la formation des soldats israéliens, dans le souci de protéger les enfants contre les violences de ceux qui veulent détruire Israël.  Il a dénoncé les activités du Hamas et du Hezbollah qui ne visent qu’à détruire Israël dont les enfants sont leur cible privilégiée.  Il a dit qu’Israël utilisait ses missiles pour défendre ses enfants contre les attaques terroristes alors que les terroristes utilisent leurs enfants comme bouclier humain pour protéger des lance-missiles cachés dans des écoles.  Il a affirmé que le Hamas ne cherche qu’à augmenter le nombre de victimes parmi les enfants palestiniens afin de discréditer le droit d’Israël de se défendre.  Le Hamas enseigne également aux enfants le jihad tout au long de l’année dans les manuels scolaires et continue de recruter des enfants pour commettre des attentats, a-t-il encore dénoncé.  Dans ce contexte, le représentant a estimé que le rapport examiné semble faire la part belle aux activités terroristes en mettant sur un pied d’égalité des groupes terroristes et un État Membre qui, a-t-il souligné, a le droit de protéger ses citoyens.  « Cessez de faire le jeu des terroristes et des islamistes radicaux » a lancé le représentant avant d’ajouter que la vie des enfants était trop précieuse pour cela. 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a regretté que les enfants réfugiés, déplacés internes et apatrides touchés par des conflits violents sont souvent privés de leurs droits, même de celui d’aller à l’école.  Il s’est inquiété de la situation à laquelle sont confrontés les enfants en Ukraine depuis l’invasion russe et a rappelé que le Japon a versé une contribution à l’UNICEF de 14,2 millions de dollars en mars et de 10 millions de dollars supplémentaires en avril, pour assurer la protection et l’éducation des enfants touchés par la guerre.  La perte d’opportunités éducatives aura des impacts négatifs durables sur l’avenir des générations et de chaque nation, a martelé le représentant.  L’éducation est vitale et donne de l’espoir pour l’avenir, a-t-il ajouté.  Il a ensuite indiqué avoir signé une note avec l’UNICEF la semaine dernière pour fournir environ 9 millions de dollars en vue de promouvoir l’accès à l’éducation au Burkina Faso.  Offrir une éducation de qualité est un outil puissant pour prévenir et atténuer les conflits et les crises et pour promouvoir la paix et le développement durable, a-t-il affirmé.

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a assuré que son pays a toujours été engagé en faveur de la préservation des droits de l’enfant avec un accent sur l’éducation, élément essentiel du développement de chaque personne.  On ne peut pas laisser les enfants pour compte, rien ne devrait les empêcher d’accéder à leur droit à éducation et encore, plus particulièrement, dans des situations d’émergence, a-t-elle lancé, évoquant la tenue, en septembre, du Sommet pour la transformation de l’éducation.  Elle a appelé les auteurs des violations les plus graves contre les enfants dans les conflits armés à répondre de leurs actes, jugeant essentiel de mettre fin aux violations des droits des enfants dans les conflits armés.  Mais le travail de vérification, de négociation est énorme et doit compter sur un appui solide, a observé la représentante, qui a salué à cet égard les travaux du Bureau de la Représentante spéciale. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a rappelé que la Constitution de son pays protège les enfants, avant de dénoncer la « guerre terroriste » livrée à la Syrie.  Le recrutement d’enfants dans des groupes armés a été érigé en infraction pénale en Syrie, a-t-il dit.  Il a ensuite fustigé les sanctions prises contre son pays, au détriment des enfants.  Des enfants se trouvent aussi sous le joug israélien en Palestine et dans le Golan syrien occupé, a-t-il fait remarquer.  Enfin, il a souligné les graves souffrances endurées par les enfants du camp de Hol et averti que ces derniers pourraient devenir une véritable « bombe à retardement » si rien n’est fait.  Le délégué a, enfin, appelé les pays concernés à rapatrier leurs ressortissants qui sont des combattants terroristes étrangers, ainsi que leurs enfants.

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) s’est dit choqué par l’augmentation de 20% du nombre d’enfants enlevés en 2021 par rapport en 2020, en notant que cette augmentation est même de 41% pour les filles.  Cette évolution choquante requiert une action concertée de toutes les parties concernées, a-t-il plaidé.  Face à ces situations, le représentant a souligné la pertinence de guides pratiques sur la collecte de données en matière de déni d’accès humanitaire.  Il a aussi fait sienne la recommandation du Secrétaire général pour que les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales soient dotées de capacités suffisantes de protection de l’enfance.  Il a exhorté les États Membres à signer et ratifier les protocoles de la Convention relative aux droits des enfants qui ont trait aux conflits armés.  Enfin, le représentant a particulièrement regretté qu’Israël, puissance occupante, ne figure pas à l’annexe du rapport du Secrétaire général alors qu’Israël, a-t-il dit, est responsable de milliers de victimes parmi les enfants palestiniens. 

M. GVARAM KHANDAMISHVILI (Géorgie) s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre d’enfants mutilés et tués dans les conflits armés et a appelé tous les États Membres à ratifier et respecter la Convention sur le droit de l’enfant et ses Protocoles facultatifs.  Passant à la situation en Ukraine, il a dénoncé l’impact sur les enfants de l’agression militaire russe qui a coûté la vie à 350 enfants ukrainiens à ce jour, estimant que le chiffre réel risque d’être encore beaucoup plus élevé.  Il a rappelé que la Géorgie subit également les effets de l’occupation russe de l’Abkhazie et d’Ossétie du Sud où il est interdit aux enfants de recevoir une éducation dans leur langue maternelle, sans compter les problèmes d’accès à la santé.  Le représentant a appelé la communauté internationale à obtenir de la Fédération de Russie qu’elle respecte ses obligations internationales, en particulier l’accord de cessez-le-feu.  Ceux qui violent le droit international, le droit international humanitaire et les droits de l’enfant doivent être comptables de leurs actes, a martelé le représentant.

M. JORGE FERREIRA SILVA ARANDA (Portugal) a constaté qu’au cours des 16 dernières années, les violations graves à l’encontre des enfants n’ont fait qu’augmenter d’année en année.  Mais cela n’est que la pointe de l’iceberg car si le Bureau de la Représentante spéciale disposait de davantage de ressources humaines, le nombre de violations vérifiées dépasserait celui qui est actuellement signalé, a indiqué le représentant qui a notamment évoqué la situation en Ukraine et en Afghanistan.  Le délégué a ensuite souligné que l’éducation, fondement de la tolérance et de la paix et pierre angulaire du développement durable, est essentielle pour les enfants dans les contextes des conflits armés.  Il a condamné les attaques contre l’éducation, l’utilisation militaire des écoles, ainsi que les actions militaires qui empêchent les filles d’aller en classe, exhortant à la pleine mise en œuvre de la résolution 2601 (2021).

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déclaré que l’on n’a pas réussi à protéger les enfants dans les situations de conflit, malgré toutes les conventions, législations et plans d’action.  « Nous n’avons pas échoué parce que ces conventions ne sont pas bien rédigées ou qu’elles n’ont pas le sérieux que cette question mérite.  Nous avons échoué parce qu’il n’y a pas de volonté de les mettre en œuvre », a-t-elle déploré.  Elle a appelé à concevoir des instruments de mise en œuvre solides, capables de faire passer ces conventions du statut de document juridique à celui de pratique vivante partout du monde où il y a un conflit.  Et il faut refuser l’impunité à ceux qui violent les droits des enfants.  Nous devons donc faire en sorte que les auteurs de ces actes rendent des comptes et que justice soit rendue pour tous les enfants qui ont souffert de leurs agissements, a ajouté la représentante. 

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a appelé le Conseil à faire tout ce qui est son pouvoir pour alléger les souffrances des enfants.  L’agression militaire russe contre l’Ukraine a entraîné une augmentation du nombre de réfugiés, en particulier des enfants, a-t-elle relevé, précisant que 25% des réfugiés ukrainiens en Roumanie sont des enfants.  Elle a enfin détaillé l’aide que leur apporte les services sociaux roumains, en particulier s’agissant de l’accès à l’éducation.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) s’est dite préoccupée par les 23 982 violations graves contre les enfants, vérifiées par les Nations Unies en 2021.  Notant que les enfants subissent les conséquences disproportionnées de conflits qu’ils n’ont pas provoqués, elle a estimé que la protection des enfants est un impératif moral pour les États Membres.  Elle a appuyé le droit à l’éducation des enfants afin qu’ils puissent devenir des agents de changement pour enrayer les cycles de violence et privilégier une paix durable.  Dans ce contexte, elle a appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit international, dont le droit international humanitaire, et s’abstenir d’attaquer les infrastructures essentielles pour la survie des civils dans les situations de conflit.  Elle a exhorté les parties aux conflits à adhérer au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, aux Principes de Paris, à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et aux Principes de Vancouver.  La représentante a ensuite condamné fermement le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre, avant de souligner l’importance d’une aide à la réinsertion et à la guérison des traumatismes, dont des services de santé mentale et de soutien psychosocial.

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, Observatrice adjointe de l’État de Palestine, a noté que bien qu’il n’y ait pratiquement aucun enfant qui ne soit touché par la pandémie de COVID-19 et la crise alimentaire mondiale, l’impact est plus profond et plus grave pour les enfants qui vivent dans les conflits, les réfugiés, les déplacés internes et les enfants apatrides.  Ce Conseil porte une lourde responsabilité, s’agissant de la protection des droits de l’enfant et de l’établissement des responsabilités pour les violations de ces droits, a souligné l’Observatrice.  Elle a rappelé qu’en Palestine occupée, les enfants sont systématiquement ciblés par l’occupant israélien et ses milices de colons.  Les enfants sont tués, mutilés, détenus, expulsés et déplacés de force, avec interdiction de revenir chez eux.  Les enfants palestiniens, y compris les filles, subissent arrestations, enlèvements et interrogatoires traumatisants, sans la présence de leurs parents ou d’un avocat.  Leurs écoles sont attaquées et leur accès à la santé, limité. 

La bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, sont devenues le modèle structurel des abus contre les enfants et leurs familles.  Les organisations de la société civile telles que Defence for Children International sont qualifiées d’organisations terroristes pour les empêcher de travailler et de témoigner de ce qu’il se passe vraiment.  Rien qu’en 2022, Israël a tué au moins 16 enfants palestiniens dans des exécutions extrajudiciaires et des attaques aveugles.  Cela ne saurait être ignoré, a tranché l’Observatrice, en appelant le Secrétaire général à inscrire Israël dans l’annexe de son rapport pour les crimes de guerre qu’il commet méthodiquement et constamment contre les enfants palestiniens, année après année, et pour qu’il réponde enfin de son bilan épouvantable en matière de respect des droits de l’enfant palestinien.

M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a rappelé que, au cours des deux dernières années, son pays a été confronté à des difficultés extraordinaires en raison des attaques terroristes menées contre les Forces éthiopiennes de défense nationale et d’attaques ciblées et orchestrées continues contre les civils dans différentes parties du pays.  Concernant le contenu du rapport du Secrétaire général présenté ce matin, il l’a jugé « inexact et déséquilibré », malgré ses efforts pour suivre une approche constructive.  « Notre demande d’être entendus et de voir les faits reflétés n’a pas été prise en compte. »  Le délégué a dit regretter cette approche qui ne fera selon lui que saper les efforts déployés par les États Membres.  Il a dénoncé que l’utilisation d’enfants comme combattants et boucliers humains dans le but déclaré de protéger les intérêts politiques « rapaces » d’un groupe terroriste ait été « ignorée ».  La publication par les médias occidentaux de photos macabres d’enfants portant des armes et glorifiant leur sacrifice n’a fait l’objet d’aucune condamnation, s’est encore élevé le représentant, avant de déplorer le silence de certaines agences spécialisées des Nations Unies, qui auraient pu révéler ces violations en plein jour, « au lieu d’héberger un fonctionnaire des Nations Unies qui a officiellement approuvé l’utilisation d’enfants soldats par une organisation terroriste ». 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a insisté sur le lourd tribut payé par les enfants ukrainiens, en raison de l’agression russe.  Elle a dénoncé les attaques de la Fédération de Russie contre les écoles et souligné le nombre considérable d’enfants ukrainiens réfugiés et déplacés.  Elle s’est dite très préoccupée par les informations faisant état de déportations d’enfants ukrainiens vers la Fédération de Russie, avant de réclamer le respect de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a particulièrement mis l’accent sur le sort des enfants dans les territoires occupés en citant la détérioration de la situation des enfants dans le Jammu-et-Cachemire « occupé par l’Inde ».  Il a dit que le dernier rapport du Secrétaire général fait état de vives préoccupations s’agissant de violences dans cette région dont sont victimes des enfants.  C’est pourquoi le représentant a demandé des mesures de prévention en mettant fin à la détention illégale d’enfants dans des prisons du Jammu-et-Cachemire.  Il a dit que suite à l’adoption en août 2019 d’une loi indienne annexant ce territoire disputé, plus de 13 000 enfants cachemiris ont été arrêtés arbitrairement par les 9 000 soldats indiens occupant le Cachemire, souvent pour les obliger à avouer qu’ils participaient aux activités des militants qui luttent pour une autodétermination « pourtant promise par le Conseil de sécurité ». 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a expliqué que la protection des droits des enfants dans les conflits armés constitue une priorité pour son pays.  Il a apprécié que les efforts déployés en ce sens par le Gouvernement yéménite soient cités et salués dans le dernier rapport du Secrétaire général sur la question, et que les forces armées yéménites ne figurent plus à l’annexe B.  Des mesures ont été prise en ce sens, a-t-il affirmé, indiquant notamment que le Yémen a ratifié les Principes de Paris en 2012, qu’un plan d’action conjoint sur la fin du recrutement d’enfants par les forces et groupes armés a été signé en 2014 et qu’une feuille de route liée au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant a été adoptée en 2018.  Le représentant a assuré que le Yémen reste engagé sur cette voie, en coopération avec l’ONU, notamment à travers une série d’ateliers de formation des responsables, y compris de l’armée, sur l’impératif de la protection des droits de l’enfant.  Il a regretté que les milices houthistes ne figurent pas dans l’annexe du rapport du Secrétaire général, les accusant non seulement d’endoctriner les enfants dans les zones qu’elles contrôlent, en particulier dans leurs « camps d’été », mais aussi de s’attaquer aux écoles et aux programmes scolaires et d’entraver leur accès à l’aide humanitaire. 

M. ÖNCÜ KEÇELI (Türkiye) a déclaré que le rapport du Secrétaire général montre que le sort des enfants dans les conflits armés ne s’est guère amélioré, comme en témoignent les agissements des organisations terroristes aussi diverses que le PKK, les Unités de protection du peuple ou encore Daech.  Les deux premiers, en particulier, ont fait de nombreuses victimes parmi les mineurs, sans compter l’enrôlement forcé des enfants, a dénoncé le représentant.  Il a ensuite donné l’assurance que son gouvernement continuera de coopérer avec le Bureau de la Représentante spéciale pour que toutes les données collectées en prévision des futurs rapports du Secrétaire général soient aussi précises et fiables que possible. 

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a appelé à protéger les enfants réfugiés et apatrides.  Il a précisé que son pays avait rejoint cette année la Convention sur la réduction des cas d’apatridie de 1961.  « Il est crucial que tous les pays fassent de même. »  Il a aussi mentionné une loi sur les enfants en situation de conflit armé qui reconnaît un droit égal pour les garçons et les filles, y compris les enfants déplacés, d’obtenir les documents nécessaires à l’exercice de leurs droits.  Les enfants n’ont rien à faire sur un champ de bataille et les Philippines sont déterminées à les maintenir à l’écart des conflits armés, a conclu le délégué.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a rappelé les conséquences de l’agression criminelle menée par les terroristes de Daech contre toutes les composantes de la population iraquienne.  Il a dit que son pays traite la situation des enfants comme une priorité, parmi les victimes qui ont le plus besoin d’aide et qui ont besoin de réhabilitation et d’éducation afin de pouvoir être réintégrées dans la société.  Il a exhorté tous les pays ayant des ressortissants mineurs en Iraq à les rapatrier.  Il a assuré des efforts de son pays visant à empêcher l’enrôlement d’enfants sur son territoire, avant d’appeler tous les pays à adopter des lois garantissant la protection des enfants.  Il a vanté la coopération entre l’Iraq et le Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) autour d’un plan d’action 2020-2023 pour nettoyer le territoire iraquien des mines antipersonnel disséminées par Daech et qui continuent de faucher des vies, en affectant en particulier les enfants.  Il a souhaité que cette coopération soit confortée pour développer les compétences iraquiennes en matière de déminages. 

Mme HEBA MOSTAFA (Égypte) a indiqué que son pays est partie au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant dont les dispositions sont en outre reflétées dans sa législation nationale.  Le respect du droit international humanitaire, y compris la protection des enfants dans les conflits armés, fait partie du programme dispensé par le Ministère égyptien de la défense à son personnel, en particulier ceux désignés pour participer aux opérations de maintien de la paix, a précisé la représentante.  Le contenu de ce programme est préparé en collaboration avec le CICR et le Conseil national pour la maternité et l’enfance.  En dernier lieu, la représentante a rappelé que l’Égypte est également activement engagée auprès de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes pour renforcer la coopération régionale en vue de la protection des enfants dans les conflits armés. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a estimé que le Conseil doit continuer à veiller à ce que les dispositions et les capacités de protection de l’enfance soient incluses dans tous les mandats pertinents des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales mandatées.  En outre, il a appuyé la demande du Secrétaire général d’un engagement avec les parties pour prévenir les violations graves, y compris avec les organisations régionales.  Selon l’intervenant, ce n’est pas l’absence d’engagements des parties aux conflits en matière de protection, mais plutôt l’insuffisance de la mise en œuvre de leurs obligations qui est en cause.  Il est donc essentiel que les parties respectent les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, des droits humains et du droit des réfugiés, afin de mettre immédiatement fin aux violations graves et de les prévenir, et que les auteurs de ces mêmes violations soient tenus pour responsables.  Pour remédier à la situation critique des enfants dans les conflits armés, le représentant a appelé à s’engager dans une vaste stratégie de prévention des conflits afin de créer un environnement propice à la protection et à la promotion des droits de l’enfant.  Il est donc important que des ressources suffisantes soient mises à la disposition des missions de maintien de la paix pour qu’elles s’acquittent efficacement de leur mandat de protection de l’enfance, a-t-il souligné.

Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) a appelé au plein respect du droit international humanitaire, qui est crucial pour protéger les enfants en temps de conflit.  Elle a dénoncé l’occupation arménienne de territoires azerbaïdjanais et son lot de violations commises contre les enfants.  La reconstruction des territoires libérés est notre priorité, a déclaré la déléguée, en soulignant le défi que constituent les mines.  L’Arménie n’a en effet pas voulu nous communiquer des informations sur l’emplacement de mines, a regretté la déléguée.  Enfin, elle a exhorté l’Arménie à communiquer à son pays des informations sur les personnes disparues.

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a rappelé que son pays a fourni un abri à plus d’un million de Rohingya au cours des cinq dernières années, dont la moitié étaient des enfants ayant subi des atrocités et persécutions au Myanmar.  « Malgré d’énormes défis, nous avons comblé leurs besoins de base, en leur offrant notamment des possibilités d’éducation grâce à 5 617 centres d’apprentissage », a précisé le délégué.  Regrettant le manque de progrès au Myanmar pour créer un environnement propice au retour de ces enfants, il a exhorté le Conseil à prendre des mesures concrètes pour assurer un avenir prospère aux enfants rohingya dans l’État rakhine, y compris leur rapatriement complet.  Par ailleurs, il a déclaré que la protection des enfants dans les conflits armés est de la responsabilité première de l’État, mais aussi des autres parties impliquées.  C’est pourquoi, il a jugé nécessaire de renforcer l’engagement de toutes les parties afin d’assurer leur responsabilité envers le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire.  Il a également recommandé d’opérer les modifications nécessaires aux législations nationales.  Par ailleurs, le représentant a fait siennes les recommandations du Secrétaire général visant à renforcer les mandats de protection de l’enfance des missions de maintien de la paix.  Enfin, il a réitéré son appel à renforcer la coordination entre tous les acteurs onusiens de la consolidation de la paix pour gagner en efficacité en matière de prévention et de protection des enfants. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) s’est inquiété de voir que, cette année encore, deux types de violation ont augmenté (+ 20%), à savoir les enlèvements et les viols d’enfants et autres formes de violence sexuelle.  C’est d’autant plus troublant quand on sait que les cas de violence sexuelle ne sont pas souvent déclarés, a estimé le représentant en notant que les enfants handicapés et les enfants déplacés sont particulièrement vulnérables à ces crimes.  Il a dit redouter que le rapport de l’an prochain soit encore pire puisque le nombre d’enfants souffrant de conflits armés augmentera, avec la guerre russe en Ukraine qui s’ajoute à la liste des situations préoccupantes.  Depuis que la Russie a lancé son agression illégale, non provoquée et injustifiable contre l’Ukraine, nous avons constaté que les enfants ne sont pas exemptés d’être tués, blessés ou forcés de fuir, a-t-il souligné en rappelant que l’UNICEF estime qu’au moins deux enfants y sont tués chaque jour alors que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a avancé le chiffre de 300 enfants ukrainiens morts et 500 blessés depuis le début du conflit.  Le représentant a espéré que toutes les violations commises contre des enfants par la Russie seront dûment documentées et reflétées dans le rapport de l’année prochaine.  Il a également fait part de sa préoccupation face aux informations selon lesquelles la Russie allait modifier sa loi pour faciliter une procédure d’adoption accélérée et simplifiée pour les enfants ukrainiens transférés et évacués de force en Russie. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déclaré que le « gouvernement civil élu » de son pays avait renforcé le cadre juridique de la protection de l’enfance et promulgué une nouvelle loi sur les droits de l’enfant.  De plus, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, de même que la Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) de 1973 sur l’âge minimum, ont été ratifiés.  Il a aussi parlé de la création d’un comité interministériel pour la prévention des six violations graves pendant les conflits armés.  Mais, après avoir perpétré « le coup d’État illégal de février 2021 au Myanmar », les « militaires illégaux » ont effectivement « détruit » l’état de droit au Myanmar en arrêtant, torturant et tuant de sang-froid des civils, y compris des enfants, a dénoncé le représentant.  « Après le coup d’État, aucune protection juridique en place n’a pu empêcher les enfants du Myanmar de subir les violences de l’armée, qui n’a aucun respect pour le droit national et international », a-t-il déploré, en rappelant que l’ONU y a documenté 503 violations graves au cours de l’année écoulée.  Accusant la junte militaire d’être la principale cause des souffrances des enfants, il a pointé leur culture de l’impunité, les forces militaires ayant prouvé qu’elles n’hésitaient pas à violer de manière flagrante la loi sur les droits de l’enfant et la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il a donc exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures rapides et décisives pour mettre fin aux violences militaires contre les enfants, cesser l’utilisation militaire des écoles et des hôpitaux et faire libérer tous les enfants détenus arbitrairement au Myanmar, mais aussi dans d’autres situations de conflit: « Le Conseil doit agir maintenant. »

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a dénoncé les enlèvements d’enfants par des groupes armés dans l’objectif de leur faire commettre des attentats suicide ou de les utiliser comme boucliers humains.  « L’enfance de ces enfants leur est volée. »  De plus, les enfants libérés continuent d’être traumatisés et ont besoin d’un soutien urgent, a-t-elle insisté.  Elle a rappelé que la principale difficulté dans ce domaine est de faire appliquer les instruments de protection par les États et les groupes armés.  Enfin, la déléguée a rappelé l’engagement de son pays en faveur des droits des enfants.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a dit que son pays est un défenseur actif de la Déclaration d’Oslo sur la sécurité dans les écoles depuis son adoption parce que l’éducation est cruciale pour le développement et la pleine jouissance des droits humains.  Elle a ajouté que l’accès continu à une éducation sûre constitue un mécanisme de protection essentiel pour les enfants et les jeunes dans les conflits armés, en ce que cela les aide à réaliser leur potentiel et contribue à bâtir des communautés plus fortes.  La représentante a souligné l’importance d’un engagement sur le long terme pour s’assurer que les programmes de réintégration des enfants soient tournés vers l’avenir, impliquent tous les acteurs de la société et soient axés sur les besoins spécifiques de l’enfant.  En outre, elle a jugé crucial de passer à des actions concrètes pour faire respecter le principe « Ne laisser personne de côté », assurer le respect des droits de l’homme et permettre une réinsertion réussie de tous les enfants.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a fait valoir la contribution de son pays dans l’exécution du mandat de protection des enfants en temps de conflits armés.  Cette question suppose que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits et que l’on garantisse la reddition de la justice, a-t-il affirmé, en prônant aussi un renforcement des mécanismes de protection des droits de l’enfant en tant que priorité, notamment pour empêcher l’enlèvement et le recrutement d’enfants, en particulier pour en faire des combattants.  Le représentant a estimé que cela passe par un renforcement du cadre juridique, notamment en entérinant le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur la coopération régionale, a-t-il ajouté.  Le délégué a appelé à lutter contre l’impunité et à garantir le droit à l’éducation de chaque enfant, y compris pendant les conflits armés.  Pour ce qui est de la réinsertion, il a parlé de l’accompagnement psychologique de ces enfants et de leur accès aux services de base, faisant valoir que le Programme 2030 reste le meilleur instrument pour y arriver.  Il a, enfin, abordé la situation des enfants palestiniens qui subissent des violations multiples de leurs droits dans les territoires occupés.  Il a exhorté la communauté internationale à assurer leur protection.

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a informé que son pays continue de subir les conséquences de l’intervention militaire de l’Azerbaïdjan sur son territoire à l’automne 2020.  Parmi les personnes déplacées dans le Nagorno-Karabakh, la majorité était des femmes et des enfants, s’est-il ému.  Il a indiqué que les violations du droit humanitaire par l’Azerbaïdjan ont été dûment documentées par des organisations humanitaires, avant de dénoncer la décision de ce pays de refuser un accès à l’aide et aux agences humanitaires dans les zones des conflits, alors qu’elles cherchent à répondre aux besoins de la population locale et à faire respecter les droits des enfants.  Il a affirmé qu’une « arménophobie » est entretenue à dessein par les médias azerbaidjanais.  Le représentant a, en conclusion, réitéré son engagement en faveur de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, des Principes de Paris et du mandat de la Représentante spéciale. 

Le représentant de l’Inde a repris la parole pour répondre à « une délégation » qui a « encore » formulé des remarques sans fondement à l’encontre de son pays.  Le Pakistan ne respecte pas les droits de ses minorités, a-t-il affirmé, avant de rappeler que le Jammu-et-Cachemire a toujours fait partie de l’Inde.

Réagissant à l’intervention du représentant de l’Inde, le représentant du Pakistan a repris la parole pour contester la légitimité de la présence indienne au Jammu-et-Cachemire avant de rappeler que cette région devait se soumettre à un processus d’autodétermination accepté par l’Inde.  Il a accusé l’Inde de financer des attentats terroristes dans la région en citant notamment des preuves de l’appui de l’Inde à un attentat terroriste ayant fait 130 morts dans une école publique au Pakistan. 

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