En cours au Siège de l'ONU

9088e séance - matin
CS/14964

Le Conseil de sécurité examine la situation au Yémen où les situations humanitaires se détériorent malgré la trêve de trois mois

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation au Yémen où les conditions humanitaires, dont l’insécurité alimentaire qui menace 17 millions de personnes, continuent de se détériorer malgré une trêve de trois mois qui offre une opportunité de paix sans précédent après sept ans de conflit.  Parce que « la trêve en cours représente la meilleure chance de paix au Yémen depuis des années », M. Hans Grundberg, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a d’emblée indiqué au Conseil de sécurité que sa priorité serait, dans les prochains jours, de favoriser la reconduction d’une trêve élargie pour progresser vers un règlement politique en mettant l’accent sur l’économie, la sécurité, les recettes et le paiement de salaires.   

Néanmoins, tout en se félicitant que la reconduction de la trêve le 2 juin dernier ait permis de réduire de deux tiers le nombre de victimes civiles, de livrer 200 000 tonnes de combustibles via le port de Hodeïda, et d’affréter 15 vols commerciaux qui ont permis de transporter 7 000 passagers entre Sanaa et Amman, M. Grundberg a regretté qu’Ansar Allah n’ait pas répondu favorablement à sa proposition de réouverture graduelle des routes, pourtant indispensable pour mettre fin aux souffrances humanitaires des Yéménites.   

À cet égard, Mme Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence (OCHA), a demandé qu’une solution rapide soit trouvée pour rouvrir les routes autour de Taëz et éviter une aggravation de la catastrophe humanitaire au Yémen.  Face à cet enjeu, elle a dit que « le plus gros problème reste le financement ».  Si de nombreuses délégations se sont effectivement alarmées que le plan humanitaire pour le Yémen n’a obtenu que 1,1 milliard de dollars, soit 27% des fonds nécessaires, la représentante de l’OCHA a indiqué qu’il s’agissant là de « la plus forte diminution d’une année sur l’autre de tous les plans coordonnés par les Nations Unies dans le monde ».  Elle a prévenu que cette situation a contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à diminuer les rations pour des millions de personnes et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à cesser ses activités.  Par ailleurs, elle a fait savoir que le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, créé en 2016 pour faciliter les importations commerciales au Yémen, à court d’argent lui aussi, fermera ses portes en septembre, jetant encore plus d’incertitude sur des chaînes d’approvisionnement des biens essentiels, notamment de nourriture et de carburant.  

Face à ce constat la Chine a exhorté les États Membres à honorer leurs engagements pour financer et faciliter la distribution de l’aide humanitaire, soulignant en outre que l’ouverture du port de Hodeïda est essentielle pour l’acheminement de l’aide humanitaire, dont l’aide alimentaire.  « Si on ne nourrit pas les affamés, on nourrit le conflit », a prévenu de son côté l’Albanie intervenant après le Mexique qui avait rappelé que 17,4 millions de Yéménites se trouvent toujours dans une situation d’insécurité alimentaire.  Si le Ghana a précisé que 3 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, la Norvège, citant des chiffres du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que 2 millions d’enfants yéménites de moins de 5 ans avaient besoin d’un suivi médical particulier en raison des conséquences d’une malnutrition chronique et que 500 000 d’entre eux risquaient de mourir.   

Si Mme Msuya a dénoncé les difficultés croissantes faites aux activités humanitaires dans les zones contrôlées par les houthistes, la France a jugé indispensable de permettre aux personnels onusiens et humanitaires de se déplacer en toute sécurité et sans entrave avant d’appeler les houthistes à lever le blocus et rouvrir la route principale menant à la ville de Taëz.  À son instar, de nombreux intervenants ont demandé la libération immédiate et sans préconditions du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire retenus par les houthistes.  Ils ont également appelé les États et le secteur privé à financer l’appel lancé par les Nations Unies pour renflouer le pétrolier SAFER afin d’éviter une catastrophe écologique et humanitaire en mer Rouge.   

Si de nombreuses délégations ont salué la récente tenue de la troisième réunion du Comité de coordination militaire et l’engagement des parties à instaurer davantage de confiance et à renforcer la trêve –dont le gel des positions militaires, la modération des rhétoriques dans les déclarations publiques et la protection des civils et des infrastructures- le représentant du Yémen a accusé les houthistes de bloquer toutes les avancées.  Face à cette situation il a demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur les houthistes pour qu’ils ouvrent les routes de Taëz et libèrent les détenus avant de prévenir qu’« aucune autre question ne sera discutée avant la réouverture des routes principales ».   

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, notant qu’il intervient à trois semaines de la date limite pour la prolongation de la trêve, a mis l’accent sur son renforcement et son élargissement pour progresser vers un règlement politique.  Il s’est félicité que la trêve soit dans l’ensemble respectée depuis près de trois mois, en expliquant qu’elle a permis de réduire de deux tiers le nombre de victimes civiles.  S’agissant des efforts visant à diffuser les tensions, M. Grundberg a cité la tenue de la troisième réunion du Comité de coordination militaire au cours de laquelle a été discutée la formation d’une structure chargée de désamorcer les incidents au niveau opérationnel.  Un groupe de travail chargé de consolider les propositions à cet égard a d’ores et déjà été formé.  Il s’est aussi félicité que la reconduction de la trêve du 2 juin dernier a permis à sept navires de livrer 200 000 tonnes de combustibles via le port de Hodeïda, évitant ainsi l’interruption de services publics essentiels, alors que 15 vols commerciaux ont permis de transporter 7 000 passagers entre Sanaa et Amman.  Néanmoins, l’Envoyé spécial s’est dit très préoccupé qu’une pénurie de fond pourrait signifier une clôture du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies.

S’agissant de la situation à Taëz, l’Envoyé spécial a déploré que de nombreuses routes demeurent fermées depuis sept ans.  Leur réouverture est essentielle non seulement pour soulager les souffrances humanitaires, mais aussi pour permettre un retour normal à la vie des Yéménites dans le domaine de l’éducation, du travail, de la santé et de l’économie.  Dans ce contexte, l’Envoyé spécial a regretté qu’Ansar Allah n’ait pas répondu favorablement à sa proposition de réouverture graduelle des routes.  Il a ensuite appelé à une coordination entre les deux parties pour la réouverture des routes, notant qu’une coordination et une communication continues sont essentielles pour les rouvrir en tout sécurité et de manière durable pour les civils.  Il a aussi encouragé les parties à s’engager de manière constructive dans les efforts de l’ONU pour parvenir à un accord sur l’ouverture de routes afin que tous les Yéménites puissent ressentir les avantages tangibles de la trêve dans leur vie quotidienne.  

M. Grundberg s’est ensuite inquiété d’une augmentation inquiétante des remises en question des avantages de la trêve.  Soyons clairs, l’alternative à la trêve est un retour aux hostilités et probablement une intensification du conflit, a-t-il alerté.  Il a également relevé que compte tenu de la hausse des prix du carburant et de la situation économique mondiale, il reste encore beaucoup à faire pour garantir que le carburant, l’électricité et les articles de consommation soient disponibles et abordables pour les civils.

L’Envoyé spécial a également indiqué que trois mois et demi après le début de la trêve, les efforts continuent d’être axés sur les détails de sa mise en œuvre et non pas sur sa consolidation et son élargissement.  Parce que « la trêve en cours représente la meilleure chance de paix au Yémen depuis des années », il a fait savoir que sa priorité serait, dans les prochains jours, de favoriser la reconduction d’une trêve élargie en mettant l’accent sur l’économie, la sécurité et le paiement de salaires.  Il a aussi dit son souci de favoriser la participation de tous les acteurs dont les femmes, les jeunes et la société civile pour s’assurer que le processus soit viable.  

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a déclaré que la catastrophe humanitaire au Yémen est sur le point d’empirer.  C’est pourquoi, la trêve représente une étape importante, a estimé Mme Msuya, tout en espérant une solution rapide pour rouvrir les routes autour de Taëz.  Elle a alerté que les besoins humanitaires à travers le pays -y compris le risque de famine dans certaines régions- pourraient augmenter fortement dans les semaines et les mois à venir, pressant la communauté internationale à agir rapidement et de manière décisive pour arrêter cela. 

Faisant le point sur la situation économique, elle a indiqué que le taux de change, un facteur clef pour satisfaire aux besoins alimentaires des populations, continue de s’effondrer, étant actuellement de 1 120 riyals pour un dollar à Aden.  La plupart des gains réalisés par la devise depuis la trêve ont été effacés, ce qui signifie que beaucoup plus de familles sont à nouveau affamées.  La guerre en Ukraine menace également les chaînes d’approvisionnement alimentaire dans ce pays où près de 90% des vivres doivent être importés.  L’année dernière, un peu moins de la moitié de tout le blé provenait de Russie et d’Ukraine, a-t-elle précisé. 

Mme Msuya a rappelé qu’en avril, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont annoncé un programme de soutien économique de 3 milliards de dollars pour le Yémen qui, une fois décaissé, pourrait stabiliser la chute économique libre que connaît le pays.  C’est, pour elle, une nécessité urgente.  De même, elle s’est dite encouragée par les récents échanges positifs entre les gouvernements du Yémen et de l’Inde sur la facilitation des exportations de blé depuis ce pays.  Au-delà de ces efforts, elle a appelé à renforcer l’économie du Yémen de manière plus générale, notamment par le biais du cadre économique des Nations Unies.  S’attaquer aux moteurs économiques de la crise yéménite pourrait réduire rapidement et considérablement les besoins humanitaires dans tous les secteurs. 

Poursuivant, la Sous-Secrétaire générale a alerté que le travail humanitaire devient plus difficile et plus dangereux.  Elle a dénoncé l’intimidation et l’incitation contre les agences d’aide à travers le Yémen, alimentées par la désinformation amplifiée par les médias sociaux.  Elle a fait savoir que dans les zones contrôlées par les houthistes, les déplacements du personnel sont devenus plus difficiles ces dernières semaines en raison d’obstacles bureaucratiques pour les travailleurs humanitaires yéménites qui se rendent à l’étranger pour des raisons professionnelles.  De plus, les autorités houthistes appliquent également de plus en plus de restrictions qui limitent la pleine participation des femmes à l’action humanitaire -à la fois comme travailleuses et comme bénéficiaires de l’aide.  En outre, huit mois après avoir promis leur libération rapide, les responsables de la sécurité à Sanaa continuent de détenir deux membres du personnel des Nations Unies, en violation des privilèges et immunités de l’ONU. 

Entre-temps, l’insécurité dans les zones tenues par le Gouvernement a également persisté.  Elle a indiqué que depuis son dernier exposé, il y a eu cinq nouveaux détournements de véhicules d’organisations humanitaires, soit plus d’un par semaine et 18 depuis le début de l’année.  Elle a également réclamé la libération immédiate de tous les travailleurs humanitaires enlevés au Yémen, déplorant le manque de progrès pour libérer les cinq membres du personnel de l’ONU qui ont été enlevés il y a cinq mois à Abiyan. 

Mais pour la Sous-Secrétaire générale, le plus gros problème reste le financement.  Le plan d’intervention au Yémen a reçu jusqu’à présent un peu plus de 1,1 milliard de dollars, soit 27% de ce dont il a besoin.  C’est la plus forte diminution d’une année sur l’autre de tous les plans coordonnés par les Nations Unies dans le monde, s’est-elle alarmée.  Malgré un niveau de faim record, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été contraint de diminuer les rations pour des millions de personnes en raison d’un manque de fonds.  Elle a aussi cité le cas de Raisa, une jeune femme enceinte, morte en couches après s’être rendue dans une clinique que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) avait été contraint de fermer, un sort partagé par 25% de ses opérations humanitaires dans le pays.  En outre, le plan d’urgence des Nations Unies pour résoudre la menace du pétrolier SAFER, peine toujours à combler un déficit immédiat de 20 millions de dollars. 

Elle a aussi fait savoir que le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, créé en 2016 pour faciliter les importations commerciales au Yémen, est également à court d’argent.  Il fermera ses portes en septembre, jetant encore plus d’incertitude sur des chaînes d’approvisionnement des biens essentiels, notamment de nourriture et de carburant.  Il a besoin de 3,5 millions de dollars pour couvrir les opérations de septembre à la fin de l’année, a-t-elle précisé. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué les progrès réalisés dans le cadre de la trêve qui sont les premiers pas importants vers une paix durable.  Mais il faut encore plus de progrès sur les plans économique et militaire ainsi que pour assurer l’ouverture des routes.  Après avoir salué la tenue d’une réunion mensuelle du Comité de coordination du redéploiement de tenir une réunion mensuelle, la déléguée a dit être préoccupée par les conséquences socioéconomiques de la fermeture de routes de Taëz.  Elle a aussi demandé aux parties de participer aux efforts de déminage.  De même, la représentante a fait part de sa préoccupation quant à l’insécurité alimentaire et a appelé les bailleurs de fonds à mobiliser un financement immédiat.  Elle s’est également inquiétée de la menace que représente le pétrolier SAFER pour l’environnement.  Elle a fait savoir que le Royaume-Uni a donné 4 millions de livres pour appuyer l’action des Nations Unies, et appelé les bailleurs à combler les 20 millions de dollar nécessaire pour éviter la catastrophe.  

M. DAI BING (Chine) a salué les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour préserver et élargir la trêve afin de progresser vers un règlement politique du conflit au Yémen.  Il a particulièrement salué les propositions de l’Envoyé spécial pour parvenir à une réouverture graduelle des routes et promouvoir la liberté de circulation.  Il a souhaité que soit trouvé un accord qui permette de mettre fin aux souffrances humanitaires des population de Taëz, et a invité les parties à renforcer leur volonté d’avancer vers un règlement durable.  Alors que le Yémen connaît une des pires crises humanitaires au monde et fait face au risque de famine, le représentant s’est inquiété que le plan humanitaire pour le Yémen n’ait été financé qu’à 27%.  Il a exhorté les États Membres à honorer leurs engagements pour financer et faciliter la distribution de l’aide humanitaire.  Il a ensuite salué les projets saoudiens d’investissements dans le développement du Yémen avant de noter que l’ouverture du port de Hodeïda est essentielle pour l’acheminement de l’aide humanitaire.    

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) s’est félicité que la trêve au Yémen continue de tenir et a permis de réduire considérablement la violence et d’améliorer la liberté de mouvement.  Il a appelé le Conseil à exhorter les parties au conflit à mettre pleinement en œuvre les termes de la trêve.  Le représentant a salué le leadership et la flexibilité considérables dont a fait preuve le Gouvernement du Yémen en facilitant les vols depuis Sanaa et déploré que la même action n’ait pas été suivie par les houthistes à Taëz, en état de siège depuis sept ans.  Il a appelé à une action immédiate pour débloquer les routes de la ville, essentielle au maintien de la trêve actuelle et à l’ouverture de la voie vers un accord plus complet et plus durable.  

Poursuivant, le représentant a demandé aux houthistes de libérer immédiatement et sans condition le personnel yéménite employé localement par les États-Unis et l’ONU, actuel et ancien, qu’ils ont emprisonné à Sanaa.  Notant par ailleurs qu’il ne manque plus que 20 millions de dollars pour éviter un déversement du pétrolier SAFER, il a appelé les donateurs à agir maintenant, évoquant les dizaines de milliards en coûts de nettoyage et en pertes de revenus d’une telle catastrophe.  Il a également demandé un soutien financier immédiat pour aider le mécanisme de vérification et d’inspection et combler son déficit de financement de 3,5 millions de dollars.  Il a rappelé que son pays a contribué à hauteur d’un million de dollars cette année pour maintenir le fonctionnement dudit mécanisme.

M. GUPTA (Inde) a demandé aux parties yéménites de transformer la trêve actuelle en cessez-le-feu permanent.  Il a également exhorté l’ouverture des routes de Taëz pour soulager la souffrance de la population civile.  Il a dit être préoccupé par la réduction de l’aide financière, alertant que cela risque de diminuer l’aide alimentaire au Yémen.  Il a aussi souligné l’importance de maintenir le caractère civil des ports du pays pour faciliter les opérations humanitaires.  Il a demandé d’appuyer le Gouvernement du Yémen pour qu’il puisse remédier aux perturbations économiques.  Après s’être préoccupé des activités d’Al-Qaïda qui ne doivent pas être négligées, le délégué a mis l’accent sur importance d’une solution négociée entre les parties.  La trêve a donné l’espoir au peuple yéménite et l’ONU ne doit pas l’abandonner, a exhorté le représentant.  

Mme ALLEGRA PAMELA R. BONGO (Gabon) a dit que la trêve, prorogée le 2 juin dernier pour une nouvelle durée de deux mois, constitue une bonne étape vers le cessez-le-feu voulu par la communauté internationale, et attendu par les populations civiles yéménites.  Elle a rappelé que la paix au Yémen réside dans la recherche d’un règlement politique qui passe par un dialogue inclusif et durable.  Elle a salué la décision des troupes gouvernementales d’ouvrir trois routes principales dans les provinces de Dalea et de Taëz tout en se préoccupant de l’absence d’avancée sur la levée du siège de la ville de Taëz.  

Elle a déploré la persistance des violences qui fragilisent la trêve ainsi que la situation sécuritaire sur le terrain, notant que de nombreux civils et soldats ont été tués et blessés, en raison d’attaques de missiles et de drones, d’explosions d’engins artisanaux et du déploiement de forces armées depuis le 2 avril.  Relevant que ces violations constantes de la trêve menacent le processus de paix au Yémen, la représentante a exhorté l’ensemble des parties à la cessation des hostilités, et à la plus grande retenue.  S’inquiétant des activités de militants d’Al-Qaida qui causent également des pertes en vies humaines, elle a particulièrement condamné le meurtre barbare la semaine dernière du journaliste Saber al-Haidari.  Elle a aussi appelé à la libération des cinq employés de l’ONU enlevés en février, près d’Aden.  Enfin, elle a regretté que l’opération de déplacement du pétrole hors du navire SAFER n’a toujours pas démarré, faute de financement suffisant.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé qu’aucun progrès significatif n’a été enregistré depuis la reconduction de la trêve il y a plus d’un mois.  Il a encouragé les parties à surmonter leurs différences et renforcer leur confiance mutuelle.  Il a notamment regretté l’impasse persistante sur la réouverture des routes dans et autour de la ville de Taëz, alertant que le manque de souplesse des parties risque de conduire à de nouvelles accusations.  En revanche, toute concession, même mineure, peut aboutir à un règlement politique sur le long terme, a-t-il préconisé.  Il a vu dans la poursuite du dialogue inter-yéménite un motif d’espoir.  Toutefois, l’équilibre est extrêmement fragile: un seul faux pas pourrait annihiler tous les progrès réalisés et constituer un retour au chaos passé, a mis en garde le représentant.   

Poursuivant, le délégué s’est félicité des travaux en cours du Comité de coordination militaire sur le respect des termes de la trêve à Amman, avec la participation des représentants de toutes les parties au conflit.  De même, il a appelé les parties à participer de façon active aux efforts de médiation de l’Envoyé spécial.  Le délégué, a, d’autre part, prôné la reconduction technique de la MINUAAH, dont le mandat arrive à expiration ce mois-ci.  

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a salué la poursuite de la trêve qui devrait déboucher sur un cessez-le-feu permanent.  Le temps est venu de se concentrer sur les règlements politiques et économiques de ce conflit, a dit le représentant qui a condamné le châtiment collectif imposé à Taëz et ses populations depuis sept ans.  Il a déploré que les houthistes aient refusé la proposition de l’ONU, empêchant ainsi la perspective d’une trêve durable.  Les houthistes doivent lever le blocus de Taëz, a exhorté le délégué qui s’est prononcé contre la militarisation croissante des ports du Yémen.  Les houtistes doivent comprendre que seul un règlement pacifique permettra de remédier à la situation et qu’ils ne pourront pas gouverner le Yémen de façon illégale, a insisté le représentant qui les a exhortés à mettre fin aux violations de la trêve et contribuer aux efforts de déminage.  Il a jugé urgent de régler la situation du pétrolier SAFER pour éviter une catastrophe environnementale, a encore déclaré le représentant qui a salué l’aide financière directe de l’Arabie saoudite à la banque centrale du Yémen.  

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a dit être préoccupé par l’échec des efforts de l’Envoyé spécial pour l’ouverture de Taëz et exhorté les houthistes à faire preuve de flexibilité dans l’intérêt des Yéménites.  Le représentant a noté avec préoccupation l’augmentation de l’utilisation d’engins explosifs dans les zones anciennement militarisées.  Le rôle de la MINUAAH à cet égard est essentiel.  Le délégué a également appelé à des améliorations concrètes sur les plans économique, humanitaire et sécuritaire.  Estimant que les programmes d’aide nécessitent une approche pragmatique pour être durables et résilients, il a suggéré de soutenir la production agricole, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire.  De même, il a préconisé la transition de l’aide humanitaire vers l’aide au développement afin d’atténuer les conséquences de la baisse de financement humanitaire.  Regrettant par ailleurs l’incapacité du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies à soutenir la mise en œuvre de la résolution 2216 (2015), il a appelé la communauté internationale à l’aider financièrement.   

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est inquiétée qu’aucun progrès n’ait été réalisé en matière de financement des opérations de prévention d'une catastrophe environnementale, économique et humanitaire résultant de la situation du pétrolier SAFER.  Tout aussi inquiétant est le manque de financement du mécanisme d'inspection et de vérification du Nations Unies pour le Yémen, a dit la représentante en rappelant que ce mécanisme complète l'embargo sur les armes décrété par le Conseil et garantit la circulation des marchandises d’un pays qui importe 90% de sa nourriture et où 17,4 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire.   

Par ailleurs, la représentante a jugé alarmant que seulement 26% du plan d’aide humanitaire pour le Yémen ait été financé alors que la situation humanitaire continue de se détériorer malgré la trêve.  À cela s'ajoute la hausse des prix des produits de base et la dépréciation du riyal qui ont exacerbé la détérioration des conditions socioéconomiques, a encore relevé la représentante.  Elle a ensuite rappelé que l'autonomisation socioéconomique des femmes est essentielle pour atteindre ces objectifs parce que le pays ne pourra pas progresser si la moitié de ses effectifs est laissée pour compte.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a jugé essentiel le renouvellement le mois prochain de la trêve qui est dans l’ensemble respectée par les parties depuis sa prolongation.  Il a pris acte de la bonne volonté du Gouvernement yéménite et appelé les parties à répondre positivement à la proposition équilibrée de l’Envoyé spécial sur Taëz.  Les houthistes doivent lever le blocus et rouvrir la route principale menant à la ville, a-t-il martelé, estimant essentiel que les parties puissent faire les compromis nécessaires pour qu’une solution soit trouvée, car, a-t-il insisté, la souffrance des habitants de Taëz n’a que trop duré.  

Venant à la situation humanitaire qui reste « très préoccupante », il a estimé indispensable de permettre aux personnels onusiens et humanitaires de se déplacer en toute sécurité et sans entrave.  Il a également appelé à la libération immédiate et sans préconditions du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire retenus par les houthistes.  S’agissant du pétrolier SAFER, le représentant a appelé les États et le secteur privé à contribuer financièrement à l’appel lancé par les Nations Unies.  Il n’y a pas de temps à perdre si nous voulons éviter une catastrophe écologique et humanitaire, a-t-il insisté.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a encouragé à poursuivre les travaux en vue de l’établissement d’un cadre pour un processus de paix.  Et tous les résultats obtenus jusqu’à présent doivent être mis à profit pour le peuple yéménite, y compris la question de la réouverture des routes dans et autour de la ville de Taëz.  C’est pourquoi elle s’est félicitée de la proposition actualisée de l’Envoyé spécial concernant l’ouverture progressive de ces routes.  

Elle a salué le fait que la trêve ait eu un impact immense sur la vie quotidienne des civils, notamment des enfants.  Cependant beaucoup reste à faire puisque selon le PAM, plus de 2 millions d’enfants yéménites de moins de 5 ans ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë, et plus d’un demi-million risquent de mourir sans traitement.  Elle a également relevé que l’insécurité alimentaire entraîne des stratégies d’adaptation négatives qui continueront à alimenter le conflit au Yémen, comme le recrutement d’enfants dans les conflits armés et d’autres formes de travail des enfants.  Le plan d’action signé entre Ansar Allah et les Nations Unies visant à mettre fin et à empêcher le recrutement ou l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, ainsi que le meurtre ou la mutilation d’enfants et les attaques contre les écoles et les hôpitaux, est, à ses yeux, une étape encourageante et doit être mis en œuvre de toute urgence.  

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est inquiété de la grave situation humanitaire au Yémen en dépit du cessez-le-feu qui a permis de réduire considérablement le nombre de victimes civiles.  Environ 13 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, mais en raison du manque de fonds et de l’envolée des prix alimentaires mondiaux, le PAM est contraint de réduire son aide à moins de 50%, s’est-il inquiété, appelant la communauté internationale à aider à combler le déficit de financement du PAM pour lui permettre d’offrir l’aide nécessaire au peuple du Yémen.  

Poursuivant, le représentant a dit attendre avec intérêt le renouvellement du mandat de la MINUAAH compte tenu de son rôle important à l’appui de l’Accord sur Hodeïda.  Il a appelé les parties en conflit au Yémen à honorer leurs obligations aux termes de la trêve, à contribuer à sa consolidation et à profiter de l’occasion offerte par le cessez-le-feu pour œuvrer à une solution politique globale et durable dans l’intérêt du peuple yéménite.

Mme CAÍT MORAN (Irlande) s’est réjouie du fait que les avantages de la trêve se font ressentir dans toute la région.  Il faut maintenant progresser, a exhorté la représentante, qui a demandé aux houthistes d’ouvrir les routes de Taëz.  La trêve devrait être transformée en cessez-le-feu durable, a continué la déléguée déplorant que l’insécurité générale ne s’améliore pas.  Dénonçant le meurtre d’un journaliste, elle a exigé que les parties s’efforcent d’assurer la sécurité des civiles et demandent une enquête sur les attaques contre les journalistes, ainsi que les attaques en ligne contre les travailleurs humanitaires.  Préoccupée par l’insécurité alimentaire qui menace des millions de personnes, la représentante a souligné l’importance de la poursuite de l’aide internationale.  Seule une solution politique pourra mettre un terme au conflit et à la souffrance humaine au Yémen, a-t-elle souligné.  

M. FERIT HOXHA (Albanie) a exhorté les parties à s’appuyer sur les progrès réalisés et mettre pleinement en œuvre la trêve, dans son esprit et sa lettre, et conduire le pays vers un cessez-le-feu national et une paix permanente.  Il a félicité le Gouvernement du Yémen pour l’ouverture de l’aéroport de Sanaa, facilitant ainsi les déplacements vers la Jordanie et l’Égypte de nombreux Yéménites.  Il a appelé les houthistes à en faire de même et à rouvrir les routes vers Taëz.  Alors que Taëz reste assiégée et que les populations continuent de souffrir, le représentant a jugé indispensable un accord sur la réouverture des routes, dans le cadre de la trêve.  

Le délégué a par ailleurs salué la tenue de la troisième réunion du Comité de coordination militaire et l’engagement des parties à geler leurs positions militaires actuelles sur le terrain, et à modérer leur rhétorique dans les déclarations publiques et les médias, ainsi que l’accent mis sur la protection des civils et des infrastructures civiles.  Il a aussi salué la contribution des acteurs régionaux, notamment les engagements de soutien économique et financier massifs de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.  « Si on ne nourrit pas les affamés, on nourrit le conflit », a prévenu le représentant avant d’appeler à la libération des cinq personnels onusiens enlevés en février.

Mme PAULA AGUIAR BARBOZA (Brésil) a averti que la trêve ne tiendra pas si elle n’est pas pleinement mise en œuvre.  Tout en reconnaissant des progrès en ce qui concerne la plupart des dispositions de l’Accord conclu en avril dernier, notamment l’augmentation des importations de carburant et des vols civils dans le nord, elle a relevé que la réouverture des routes dans et autour de Taëz reste le maillon manquant de l’Accord.  À cet égard, elle a exhorté les houthistes à s’engager pleinement dans le plan en deux phases de l’Envoyé spécial pour assurer la réouverture des routes au trafic civil.  

La trêve a certes entraîné une forte diminution du nombre de victimes civiles, mais nous sommes encore très loin de pouvoir répondre aux besoins fondamentaux des Yéménites, a constaté la représentante qui a jugé pour la communauté internationale de combler le déficit de financement.  De même, l’économie yéménite doit bénéficier des conditions nécessaires à son rétablissement.  Elle a, par ailleurs, appelé les houthistes à permettre une totale liberté de mouvement de la MINUAAH.  

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a déclaré que le peuple yéménite continue de souffrir de la poursuite du conflit qu’il a imputée aux houthistes.  Pour mettre un terme au conflit et à la crise humanitaire, le Gouvernement du Yémen s’appuie sur l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les résultats des conférences nationales et les résolutions du Conseil de sécurité, a assuré le représentant.  Le Gouvernement a également accepté la prolongation de la trêve évitant ainsi plus d’effusion de sang.  Toutefois, les houthistes poursuivent leur mobilisation militaire et bombardent à l’heure actuelle la ville de Taëz, a-t-il dénoncé.  Il a également accusé les houthistes de faire obstacle et d’exploiter l’aide humanitaire pour leur profit personnel et d’avoir détourné 80 milliards de riyals de recettes.  Le délégué a réitéré l’importance de la réouverture des routes des Taëz avant d’amorcer le dialogue avec les houthistes qui, a-t-il ajouté, ont refusé les propositions de l’ONU sur le sujet.  Le représentant a donc demandé aux Conseil de sécurité de faire pression sur les houthistes pour qu’ils ouvrent les routes de Taëz et libèrent les détenus.  

Poursuivant, le représentant a indiqué que le Gouvernement s’engage à promouvoir la stabilité économique afin de répondre aux défis socioéconomiques, avant de remercier l’Arabie saoudite pour les 3 milliards de dollars qu’elle a déposés à la banque centrale du Yémen.  Selon lui, le défi majeur humanitaire reste l’accès aux nécessiteux alors que l’aide humanitaire manque de financement.  Il a dénoncé encore une fois les houthistes qui interdisent aux familles de profiter de l’aide humanitaire si leurs enfants ne rejoignent pas leur rang, les accusant de procéder à des recrutements d’enfants pour préparer de nouvelles attaques.  Notant également la détérioration du pétrolier SAFER et du danger immédiat qu’il représente pour l’environnement, le représentant a, là encore, pointé du doigt la responsabilité des houthistes qui posent des mines dans la mer Rouge y compris à proximité du pétrolier.  Le Conseil de sécurité doit faire pression sur ces milices pour qu’elles respectent le plan de sauvetage de l’ONU, a insisté le délégué.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.