Conseil de sécurité: les enfants, l’embargo sur les armes et le financement des Chabab au centre des activités du Comité des sanctions pour la Somalie
Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, l’exposé trimestriel de la Présidente du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 751 (1992) concernant la Somalie, l’occasion pour Mme Geraldine Byrne Nason, de l’Irlande, de faire état d’activités centrées pour l’essentiel sur la situation alarmante des enfants dans ce pays en transition, l’embargo sur les armes et le financement du groupe armé des Chabab, qui a poursuivi ses attaques meurtrières pendant la période à l’examen.
Détaillant les travaux de son Comité, Mme Byrne Nason -dont c’était la dernière intervention à ce titre- a indiqué que ses membres se sont réunis deux fois entre le 25 février et le 21 juin: la première fois en visioconférence à huis clos, le 27 mai, pour entendre un exposé de la Représentant spéciale pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba; la seconde fois, le 3 juin, en consultations informelles, pour entendre un exposé du Groupe d'experts sur la mise à jour de son rapport à mi-parcours et les recommandations qui y sont contenues.
Selon la Présidente, Mme Gamba a informé le Comité 751 des tendances relatives aux violations commises contre les enfants en Somalie, qui, a-t-elle précisé, restent à des niveaux élevés et préoccupants. La Représentante spéciale a également présenté des recommandations au Comité. S’agissant du Groupe d'experts, Mme Byrne Nason a précisé que ses travaux ont couvert les questions liées à l'embargo sur les armes, le financement des Chabab, les questions humanitaires et l’exportation de charbon de bois impliquant le navire MV Fox. Elle a ajouté que le Comité examine actuellement les cinq recommandations que lui a adressées le Groupe d’experts.
À ces deux occasions, a poursuivi la Présidente, les membres du Comité ont exprimé l'avis que la conclusion heureuse de l’élection présidentielle, qui a porté au pouvoir M. Hassan Sheikh Mohamud, le 15 mai dernier, a offert une occasion renouvelée de coopérer et de collaborer avec le Gouvernement fédéral afin de faire avancer les questions relevant du mandat du Comité.
Au cours de la période considérée, le Comité a communiqué avec plusieurs États Membres. Il a notamment écrit à Oman concernant le charbon de bois que recèle le navire MV Fox ancré dans les eaux territoriales de cet État et répondu à deux questions de l'Égypte sur des questions connexes à l’embargo sur les armes. À ce propos, outre les demandes de dérogation et les notifications qu’il a reçues, le Comité a également pris connaissance du premier rapport semestriel du Gouvernement fédéral de Somalie, en application du paragraphe 44 de la résolution 2607 (2021).
Le Comité a par ailleurs reçu deux notifications concernant les restrictions relatives aux composants des engins explosifs improvisés et a chargé le Groupe d'experts de mettre à jour sa note d’assistance No 3, qui sert de guide sur le sujet pour les États Membres. Enfin, le Comité a reçu un rapport du Groupe d'experts sur une liste de personnes susceptibles de répondre aux critères de désignation des sanctions, a expliqué Mme Byrne Nason, avant de remercier les membres du Comité pour leur coopération avec elle ces 18 derniers mois.
Réagissant à cet exposé, le représentant du Ghana s’est à son tour félicité de l’issue positive du processus politique en Somalie et de la formation d’un gouvernement pour restaurer l’ordre et la sécurité. Il a cependant fait part de son inquiétude face aux attaques imputables aux Chabab, notamment pendant la période électorale, qui ont forcé plus de 17 000 personnes à fuir leurs foyers dans le sud-ouest du pays. Il s’est aussi alarmé des attaques menées par ce groupe terroriste contre des troupes de maintien de la paix, en particulier celle lancée en mai contre des Casques bleus burundais, qui a fait plusieurs morts et blessés. Il a formé le vœu que le soutien international aidera les autorités somaliennes à assumer l'entière responsabilité de la sécurité du pays, conformément au plan de transition.
Il s’est d’autre part déclaré préoccupé par les rapports de Mme Gamba faisant état de quelque 3 500 violations graves impliquant plus de 2 600 enfants, dont plus de 600 filles, en Somalie. Face à ce constat, il a demandé que des mesures correctives soient prises par le Conseil et les organismes compétents des Nations Unies, avant d’exhorter toutes les parties concernées, notamment les Chabab et Daech, mais aussi l’armée fédérale et les forces de police de plusieurs États fédérés, à mettre en œuvre les plans d’action interdisant le recrutement, l'utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants. À ses yeux, une action unifiée du Conseil est nécessaire pour assurer le strict respect des sanctions et exercer une pression sur toutes les parties afin de prévenir les violations graves contre les enfants.
Sur cette même ligne, le représentant du Gabon a renouvelé son soutien aux efforts déployés par Mme Gamba pour lutter contre les violences sexuelles et autres formes d’abus dont sont victimes les enfants dans les conflits. Il a aussi appuyé les recommandations du Groupe d’experts mandaté par le Comité 751, qui visent à assécher les sources de financement des Chabab à travers des mesures d’interdiction et de saisie d’espèces. Toutefois, a-t-il averti, ces efforts ne seront efficaces que s’ils s’appuient sur un partage d’informations et une coopération entre le Gouvernement, les pays voisins et les partenaires internationaux.