COVID-19: Le Conseil de sécurité débat des moyens de promouvoir la vaccination dans les zones de conflit, après ses résolutions de 2020 et 2021
Alors que la COVID-19 a déjà contaminé 500 millions de personnes et fait 6 millions de morts, le Conseil de sécurité a discuté aujourd’hui des moyens d’améliorer la mise en œuvre des dispositions de ses résolutions 2532 (2020) et 2565 (2021). Si la première, adoptée au début de la pandémie, appelait à mettre un terme immédiat aux hostilités dans le monde pour y faire face, en demandant une pause humanitaire d’au moins 90 jours, la seconde demandait l’année suivante de faciliter l’accès aux vaccins dans les zones de conflit.
Dans un exposé liminaire, M. Ted Chaiban, Coordinateur principal mondial pour la préparation et la fourniture du vaccin contre la COVID-19, a jugé indispensable de renouveler les efforts pour atteindre les objectifs de ces deux textes en demandant notamment un financement souple et un débat sur le dispositif mondial d’urgence sanitaire. S’il s’est félicité de la baisse du nombre de pays ayant une faible couverture vaccinable (inférieure ou égale à 10%), passé de 44 à 18 depuis janvier 2022, les autres intervenants ont rappelé que l’objectif de vacciner 70% de la population mondiale d’ici à mi-2022 sera impossible sans atteindre les populations des zones de conflit.
Pour mettre fin à la pandémie en effet, la vaccination doit avoir lieu partout, a rappelé Mme Esperanza Martinez, Conseillère principale du Directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a plaidé pour que les campagnes de vaccination aient lieu dans les zones de conflit où les systèmes de santé ne sont plus en mesure de contenir la propagation des maladies. « Ceux qui administrent les vaccins méritent une protection particulière contre les attaques », a-t-elle aussi rappelé, une obligation qui est réaffirmée dans la résolution 2565. Pour avancer, elle a suggéré d’intégrer les vaccins contre la COVID-19 dans une stratégie de santé plus large et, parallèlement, de renforcer les systèmes de santé nationaux.
En outre, le docteur Emmanuel Ojwang de « CARE International », organisation qui œuvre au Soudan du Sud, a exhorté les membres du Conseil à appeler le système des Nations Unies, la communauté internationale des donateurs et les gouvernements à assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin, afin de créer un environnement propice à une distribution équitable des vaccins dans les situations de conflit, postconflit et contextes humanitaires à travers l’Afrique et au-delà.
Tous ces éléments nécessaires pour parvenir à une immunité collective ont été repris par les membres du Conseil, dont la France qui ainsi résumé les priorités: un accès équitable et abordable aux vaccins contre la COVID-19; une cessation des hostilités et une pause humanitaire, conformément à la résolution 2532; la prise en compte des personnes les plus vulnérables dans les plans nationaux de vaccination, notamment les réfugiés et les déplacés; et le renforcement des systèmes de santé et la réponse aux besoins humanitaires.
Pour permettre l’accès équitable et abordable aux vaccins, la France a dit s’être engagée à donner 120 millions de doses d’ici à l’été 2022, dont la moitié destinée à l’Afrique, tandis que la Chine a fait valoir son don de deux milliards de doses ayant bénéficié à 150 pays. Le Brésil a, pour sa part, souligné que sa contribution de 86,6 millions de dollars au Mécanisme COVAX constitue le plus grand don reçu par le Mécanisme venant d’un pays en développement.
Le Ministre d’État du Royaume-Uni Tariq Ahmad de Wimbledon, qui présidait la séance, a fait part du don de plus 1,4 milliard de vaccins fait par son pays avant de poser le problème le plus urgent: le défi, selon lui, n’est plus la production de vaccins mais les campagnes de vaccination. Il a illustré ses propos par le fait que moins de 4% de la population du Yémen, de la République démocratique du Congo, d’Haïti et du Burundi est vaccinée.
« Aujourd’hui nous n’avons plus de problèmes de doses mais des problèmes de livraison et de distribution », ont renchéri les États-Unis en soulignant les difficultés de distribution dans les zones de conflit. Ils ont jugé essentiel, pour remédier à cela, que les organisations humanitaires bénéficient d’un accès sûr et sans entrave en Ukraine, en Syrie, au Myanmar, et dans tous les pays et dans tous les conflits.
« Nous devons trouver des moyens d’assurer la livraison de vaccins dans les zones touchées par les conflits et postconflit », a insisté l’Inde avant d’appeler les États à intensifier leurs capacités de fabrication, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, et à garantir une chaîne d’approvisionnement mondiale des matières premières ouverte et ininterrompue.
Les difficultés de financement de la vaccination mondiale ont été soulevées par plusieurs délégations, à la suite des commentaires du docteur Ojwang qui a prévenu, par exemple, que le coût réel de la livraison du vaccin contre la COVID-19 au Soudan du Sud est nettement plus élevé que les estimations mondiales actuelles. Il faut 1% de PIB supplémentaire pour financer la santé mondiale, a calculé le Ghana, en appelant à financer des pôles de développement de vaccins sur le continent africain. L’ACT et le Mécanisme COVAX doivent être mieux financés, ont aussi plaidé l’Albanie et la Norvège.
Les membres du Conseil ont, de manière générale, rappelé qu’une cessation des hostilités et une pause humanitaire, conformément à la résolution 2532, sont des conditions indispensables pour faciliter le déroulement des campagnes de vaccination et atteindre les objectifs de couverture vaccinale partout dans le monde. Plusieurs ont mis l’accent sur la dimension genre, en notant que les femmes et les filles sont particulièrement touchées par les inégalités d’accès à la vaccination, à l’instar de Mme Sarah Bint Yousif Al Amiri, Ministre d’État aux technologies avancées des Émirats arabes unis, qui a invité le Conseil à plaider en faveur d’une vaccination sensible à la dimension sexospécifique. Beaucoup ont souligné à cette occasion l’importance du leadership des femmes dans ces efforts.
Sollicité par la délégation russe en fin de séance, le Coordonnateur principal mondial pour la préparation et la fourniture du vaccin contre la COVID-19 a estimé que, s’agissant du stock tampon humanitaire dans le cadre du COVAX, la question de l’indemnité est essentielle, même si elle se pose différemment qu’en début de pandémie. Il faut voir quelles mesures pourraient être prises pour un plein agrément des vaccins et quels instruments pourraient être utilisés à cette fin, a-t-il dit, ajoutant que les débats sur le stock tampon se penchent sur ces questions.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: APPLICATION DES RÉSOLUTIONS 2532 (2020) ET 2565 (2021)
Déclarations
M. TED CHAIBAN, Coordonnateur principal mondial pour la préparation et la fourniture du vaccin contre la COVID-19, a noté qu’un million de cas ont été signalés récemment à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alors que la pandémie a déjà fait six millions de morts. Tout en se félicitant de la distribution de 11 milliards de vaccins, il a dit que la fenêtre d’opportunité se referme, comme le signale le Directeur de l’équipe interorganisations de haut niveau afin de garantir une réponse mondiale efficace à la pandémie. Pour gagner en efficacité vaccinale, M. Chaiban a appelé à regrouper la vaccination contre la COVID-19 avec d’autres interventions sanitaires et d’autres campagnes de vaccination, dont le vaccin contre la rougeole.
« Depuis janvier 2022, le nombre de pays ayant une couverture vaccinable inférieure ou égale à 10% est passé de 44 à 18 », s’est félicité M. Chaiban. Alors qu’il participait à la séance en visioconférence depuis la République démocratique du Congo, il a expliqué être dans ce pays pour aider le Gouvernement à étendre sa couverture vaccinale pour atteindre 75 millions d’habitants.
Dans le contexte des crises en Afghanistan et au Yémen, lutter contre l’insuffisance vaccinale exige que nous travaillions avec le personnel humanitaire pour surmonter les principaux obstacles à la vaccination, a insisté M. Chaiban. Il a dit l’importance des partenariats pour la distribution des vaccins en citant la coordination des actions du Mécanisme COVAX, de l’UNICEF, de l’Alliance mondiale pour les vaccins (GAVI), de la Banque mondiale et d’autres institutions qui fournissent un appui concerté aux pays dans le besoin en matière de financements souples et d’assistance technique. Il a jugé indispensable de déployer des efforts renouvelés pour la mise en œuvre des résolutions 2532 (2020) et 2565 (2021) du Conseil de sécurité avant de souligner la pertinence d’un financement souple dont les bénéfices se feront sentir bien après la pandémie. Enfin, il a jugé nécessaire de mener un débat sur le dispositif mondial d’urgence sanitaire.
Mme ESPERANZA MARTINEZ, Conseillère principale du Directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rappelé que la pandémie de COVID-19 a tué plus de six millions de personnes dans le monde, selon les chiffres officiellement publiés. Pour y mettre fin, la vaccination doit avoir lieu partout, a estimé la responsable déplorant que ce n’est pas le cas dans les zones de conflit où les systèmes de santé ne sont plus en mesure de contenir la propagation des maladies. Pour Mme Martinez, la bonne nouvelle est qu’à mesure que l’offre de doses de vaccin augmente, le potentiel de vaccination augmente aussi. Pour y parvenir dans les situations de conflit, le CICR recommande au Conseil, aux États Membres de l’ONU et aux pays touchés par des conflits de respecter le droit international humanitaire, l’intégrité des hôpitaux et autres établissements médicaux ainsi que le personnel médical. « Ceux qui administrent les vaccins méritent une protection particulière contre les attaques. » Ces obligations sont réaffirmées dans la résolution 2565 (2021), a rappelé la Conseillère spéciale qui a exhorté les parties au conflit à appliquer ce texte de bonne foi, « car les attaques contre les soins de santé ont un effet profond sur la vie et l’avenir des gens ».
Poursuivant, Mme Martinez a conseillé d’intégrer les vaccins contre la COVID-19 dans une stratégie de santé plus large et, parallèlement, de renforcer les systèmes de santé nationaux. Elle a encouragé à faire en sorte que la vaccination contre la COVID-19 devienne une routine. Elle a aussi suggéré d’investir dans la préparation des pays et de renforcer les éléments des systèmes de santé qui soutiennent les vaccinations. Ceux-ci devraient, à leur tour, soutenir la réponse à d’autres besoins de santé préexistants. Les investissements devraient se focaliser sur le développement des capacités et des compétences des agents de santé ainsi que sur l’amélioration des chaînes d’approvisionnement et des infrastructures locales, a-t-elle encore suggéré. Le CICR a soutenu plus de 600 établissements de santé en Iraq en 2021 permettant ainsi l’administration de plus de 14 millions de doses de vaccin contre la COVID-19, a informé Mme Martinez.
L’experte a aussi recommandé de faire participer les communautés aux activités de vaccination et de leur faire mobiliser leurs ressources. Le CICR a mis en place un réseau de comités de santé communautaire rattachés à 28 centres de soins de santé primaires en Somalie et à 16 au Soudan du Sud. De nombreuses représentantes sont des femmes qui peuvent jouer un rôle important dans le contrôle et la prévention de la pandémie de COVID-19 et d’autres maladies, a expliqué Mme Martinez. L’engagement communautaire garantit que les connaissances des communautés font partie intégrante de la conception et de la mise en œuvre des programmes, et que les gens disposent d’informations précises sur les vaccins et les interventions de santé publique, afin qu’ils puissent faire des choix éclairés pour eux-mêmes, a observé la Conseillère spéciale. Le CICR s’efforce aussi de favoriser la confiance des communautés et des parties au conflit concernant toutes ses activités humanitaires. Le CICR a aidé à administrer plus de 21 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 l’année dernière dans les zones touchées par les conflits armés, a indiqué l’intervenante pour qui le relèvement collectif en dépend.
Le docteur EMMANUEL OJWANG de « CARE International » au Soudan du Sud, a relevé que son organisation est l’un des principaux acteurs du secteur de la santé au Soudan du Sud où elle soutient 56 établissements de santé, dans 4 des 10 États du pays. Il a signalé des cas de désinformation dans le pays, « comme cela a été le cas ailleurs en Afrique subsaharienne », ce qui a contribué à la réticence par rapport à la vaccination, y compris des mythes très persistants que les vaccins causent l’infertilité chez les femmes et les hommes. Il a expliqué que même avant l’arrivée de la COVID-19, les systèmes de santé dans les zones où travaille son organisation étaient très fragiles et débordés. Ainsi, 56% des gens n’avaient pas un accès adéquat aux services de santé et devaient marcher des kilomètres pour rejoindre une clinique. Dans un contexte de pénurie de personnel de santé qualifié, seulement 30% des femmes ont accouché avec l’assistance d’une professionnelle, a-t-il dit, ajoutant que cela a conduit à des taux de mortalité maternelle parmi les plus élevés au monde. Et quand la COVID-19 a frappé, seuls 49% des enfants avaient reçu les vaccins infantiles classiques, a-t-il aussi signalé. Il a aussi expliqué que la distribution de vaccins contre la COVID-19 n’avait pas été facile au Soudan du Sud qui compte une population de 12 millions de personnes, dont beaucoup vivent dans des régions isolées pendant plusieurs mois de l’année en raison d’inondations saisonnières.
Le docteur Ojwang a indiqué que bien qu’il ait dû renvoyer au Mécanisme COVAX 72 000 doses de vaccin en mai 2021 avant qu’elles n’expirent, deux mois plus tard seulement le Ministère de la santé a pu administrer la quasi-totalité des 60 000 doses de vaccin contre la COVID-19 dont il disposait. La clef de cette réussite, a-t-il expliqué, réside dans plusieurs approches novatrices que le Gouvernement du Soudan du Sud et ses partenaires ont mis en place en juin et juillet 2021, comme des investissements stratégiques dans l’éducation et la mobilisation communautaires pour briser les mythes et la désinformation. Sachant que la radio est la première source d’informations pour la plupart des habitants du pays, les stations de radio locales ont été mises à contribution pour sensibiliser les populations qui pouvaient discuter en langues locales avec des spécialistes de la santé. De même, les autorités et les partenaires ont fait appel à des vaccinateurs et des prestataires de services supplémentaires. Cela a permis de déployer les vaccins contre la COVID-19 sans perturber d’autres services de santé essentiels tels que la vaccination des enfants. Le représentant de Care International a tenu à préciser que le coût réel de la livraison du vaccin contre la COVID-19 au Soudan du Sud est nettement plus élevé que les estimations mondiales actuelles.
Avant de conclure son intervention, le docteur Ojwang a exhorté tous les membres du Conseil de sécurité à appeler le système des Nations Unies, la communauté internationale des donateurs et les gouvernements à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin, afin de créer un environnement propice à une distribution équitable des vaccins dans les situations de conflit, postconflit et contextes humanitaires à travers l’Afrique et au-delà. Il leur a également demandé de veiller à ce que les modèles d’établissement des coûts et les budgets des vaccins contre la COVID-19 couvrent tous les aspects de la livraison et reflètent les coûts réels du déploiement des vaccins jusqu’au dernier kilomètre. Enfin, il a appelé à faire des investissements concrets pour assurer un déploiement équitable du vaccin contre la COVID-19 afin de ne laisser personne derrière. Cela inclut à son avis la collecte et l’utilisation systématique des données ventilées par sexe, par âge et en tenant compte du handicap.
Lord TARIQ AHMAD DE WIMBLEDON, Ministre d’État pour l’Asie du Sud et centrale, l’Afrique du Nord, l’ONU et le Commonwealth, et Représentant spécial du Premier Ministre du Royaume-Uni pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, a indiqué que la contribution de son pays pour atténuer les conséquences de la pandémie et y mettre fin le plus rapidement possible s’élève à 1,4 milliard de livres sterling. Le partenariat entre le Royaume-Uni et l’Inde a permis à plus d’un milliard de personnes dans le monde de recevoir un vaccin, a-t-il aussi témoigné avant de préciser que son pays contribue également au Mécanisme COVAX qui a acheminé plus 1,4 milliard de vaccins à 144 pays. Le Ministre a estimé que le défi désormais n’est plus la production de vaccins mais les campagnes de vaccination, en rappelant que moins de 4% de la population du Yémen, de la République démocratique du Congo, d’Haïti et du Burundi est vaccinée.
Le Ministre a souhaité que la vaccination devienne la priorité des gouvernements des pays connaissant un conflit, en appelant dans le même temps au renforcement de la coopération internationale. « Nous devons rappeler aux parties belligérantes qu’elles ont l’obligation, en vertu du droit international humanitaire, d’assurer un accès humanitaire sans entraves, y compris à la vaccination. » Nous devons ensuite, en tant que Nations Unies, œuvrer pour surmonter les obstacles et renforcer les systèmes de santé à travers le monde, a déclaré M. Ahmad. Enfin, il a estimé que l’application de la résolution 2565 (2021) doit demeurer une priorité pour tous les pays.
Mme SARAH BINT YOUSIF AL AMIRI, Ministre d’État aux technologies avancées des Émirats arabes unis, s’est déclarée encouragée par l’accélération sans précédent de l’innovation autour des vaccins contre la COVID-19. Elle a cependant convenu que la pandémie est loin d’être terminée, comme en attestent les vagues de nouveaux variants. Observant que la crise actuelle a infligé un stress économique et social à des communautés déjà fragiles, en mettant en péril les moyens de subsistance et les services de base comme l’éducation et la santé, la Ministre a estimé que l’héritage sécuritaire de la pandémie sera probablement l’aggravation des causes profondes de ces problèmes à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, elle a rappelé que, le mois dernier, lors de la présidence émirienne du Conseil, les taux de vaccination dans les pays à l’ordre du jour du Conseil s’échelonnaient de 49% de la population éligible à moins de 1%, la moyenne étant inférieure à 10%. Elle s’est donc félicitée de l’engagement continu du Conseil en faveur de la mise en œuvre de résolution 2565 (2021), estimant que cette année offre peut-être la meilleure occasion depuis 2020 d’améliorer la vaccination dans les pays à l’examen.
La Ministre a ajouté que, fort de son expérience dans la collaboration avec les agences humanitaires et sanitaires, son pays considère essentiel que le Conseil continue d’insister sur les avantages de la vaccination à l’échelle mondiale, en soutien à des initiatives comme le Mécanisme COVAX et à son tampon humanitaire. Elle a d’autre part jugé que le soutien du Conseil aux cessez-le-feu, aux trêves et aux systèmes de notification humanitaire peut faire la différence dans la livraison et la distribution rapides des vaccins. De plus, a-t-elle ajouté, le Conseil devrait encourager les entités opérant dans le cadre de son mandat à assurer la coordination au niveau des pays afin que la vaccination contre la COVID-19 fasse partie de l’ensemble des services essentiels fournis par l’ONU et ses partenaires. Ceci est particulièrement important en période d’insécurité alimentaire et de forte hausse des prix des matières premières, a souligné Mme Al Amiri. Enfin, elle a souhaité que le Conseil plaide en faveur d’une vaccination sensible à la dimension sexospécifique, soulignant que le leadership des femmes dans ces efforts ainsi que les outils de responsabilisation dont disposent les agences d’exécution sont des moyens éprouvés d’améliorer l’équité.
Après avoir rappelé que la pandémie de COVID-19 se comptabilise en termes de 500 millions de cas et de 6 millions de morts, Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exprimé sa confiance dans la science qui a permis le développement de vaccins sûr et efficaces en moins d’un an. Tout en se félicitant que près de 6 personnes sur 10 aient reçu au moins 2 doses de vaccin dans le monde, elle a reconnu que cela est insuffisant pour parvenir à une immunité collective. Aujourd’hui, nous n’avons plus de problèmes de doses mais des problèmes de livraison et de distribution, a dit la représentante, avant de souligner les problèmes auxquels se heurte la distribution des vaccins dans les zones de conflit. Illustrant son propos, elle a cité l’exemple de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, laquelle a perturbé la campagne de vaccination, en faisant chuter le rythme de 52 000 vaccins administrés par jour à moins de 1 000. Par ailleurs, elle a jugé essentiel que les organisations humanitaires, dont celles chargées de la vaccination, bénéficient d’un accès sûr et sans entrave en Ukraine, en Syrie, au Myanmar, et dans tous les pays et tous les conflits. Nous devons faire plus pour appliquer les résolutions 2532 et 2565 du Conseil de sécurité, a martelé la représentante, avant de préciser que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie est le seul moyen de faire parvenir des vaccins à des millions de Syriens.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit qu’en dépit de certains progrès, les taux de vaccination restent extrêmement inégaux d’un pays à l’autre, particulièrement entre pays du Nord et pays du Sud, notamment en Afrique où, selon l’OMS, deux tiers de la population auraient contracté la COVID-19. Mettant l’accent sur la responsabilité collective du Conseil pour parvenir à une immunité collective, M. de Rivière a proposé quatre priorités et en premier lieu, l’accès équitable et abordable aux vaccins. Il a indiqué que son pays s’est engagé à donner 120 millions de doses d’ici à l’été 2022, dont plus de 86 millions ont déjà envoyées. Plus de 90% des vaccins de la France transitent par le Mécanisme COVAX et plus de la moitie bénéficie à des pays africains, a fait savoir le représentant. Conformément à la résolution 2532 (2002) du Conseil de sécurité, il a demandé la cessation des hostilités et des pauses humanitaires, conditions indispensables pour faciliter les campagnes de vaccination.
M. de Rivière a aussi insisté sur la prise en compte des personnes les plus vulnérables dans les plans nationaux de vaccination, notamment les réfugiés et les déplacés internes. Les campagnes de vaccination doivent tenir compte des inégalités d’accès et de la participation des femmes aux processus décisionnels et à la réponse humanitaire. Il est par ailleurs indispensable, a poursuivi le représentant, de renforcer les campagnes de communication et de sensibilisation pour lutter contre la désinformation et la défiance. Le délégué a en outre suggéré le renforcement des systèmes de santé et la réponse aux besoins humanitaires. Au-delà de la COVID-19, la France, a-t-il dit, continuera d’apporter son plein soutien à la GAVI, qui a permis de vacciner près de 900 millions d’enfants depuis 2000. La France soutiendra l’action de l’OMS, y compris via l’ACT-A, en matière de renforcement des systèmes de santé, a annoncé M. de Rivière, ajoutant que son pays fera tout pour augmenter ses contributions financières à la réponse humanitaire.
Selon M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), le Conseil a estimé que la vaccination contre la COVID-19 est à la fois un impératif éthique et une nécessité pratique pour les personnes dans le besoin dans les zones de conflit, y compris les réfugiés, les personnes déplacées et les personnes vivant dans des zones contrôlées par des groupes armés non étatiques et hors de portée des services fournis par l’État. Il a estimé que le Mécanisme COVAX pourrait être mieux équipé pour remplir son rôle. Le délégué a souligné qu’il faut à présent s’assurer que les gens soient complètement vaccinés et que le monde soit mieux équipé pour répondre aux futures pandémies, chaque pays devant avoir un système de santé national solide et résilient, s’appuyant sur des forums internationaux comme l’OMS.
Du côté du Conseil de sécurité, le représentant a estimé que cet organe peut adapter les opérations de maintien de la paix et les mandats politiques spéciaux afin qu’ils puissent, le cas échéant, soutenir les autorités du pays d’accueil dans leurs efforts de renforcement de leur système de santé et mener à bien les campagnes de vaccination incluant les réfugiés et les personnes déplacées. La participation pleine, égale et significative des femmes dans ces efforts doit être accueillie et encouragée, a-t-il plaidé. Le Brésil reste pour sa part déterminé à contribuer aux efforts mondiaux visant à augmenter la couverture vaccinale contre la COVID-19, a-t-il assuré, en rappelant de plus que, le 8 avril, le Brésil a annoncé un don de 86,6 millions de dollars au Mécanisme COVAX, soit le plus grand don reçu par le Mécanisme venant d’un pays en développement.
M. EVGENY Y. VARGANOV (Fédération de Russie) a insisté sur les difficultés rencontrées dans l’accès aux vaccins en raison des « sanctions injustifiées prises contre certains pays ». Il a posé la question juridique des indemnisations de ces pays du fait desdites sanctions et déploré que ce thème soit oublié par le Conseil. Il a rappelé que la Russie a fourni des vaccins et des tests à la Syrie. Les réfugiés venant de Donetsk et de Louhansk en Russie peuvent aussi être vaccinés et recevoir des soins gratuits contre la COVID-19, comme tous les Russes, a-t-il ajouté. Le représentant a ensuite signalé que son pays a déposé le brevet d’un vaccin sous la forme d’un spray nasal qui s’administrera en deux doses. Le délégué a par ailleurs déclaré que le format du débat de ce jour au Conseil n’est pas « optimal ». Il a enfin répondu « aux délégations qui profitent de toutes les séances du Conseil pour attaquer son pays » en disant avoir déjà fourni tous les détails sur l’opération militaire spéciale en Ukraine.
M. ZHANG JUN (Chine) a noté qu’en cette troisième année de pandémie, l’humanité commence à « voir la lumière au bout du tunnel ». L’apparition de nouveaux variants nous rappelle toutefois qu’il n’est pas encore temps de nous reposer sur nos lauriers, a-t-il relativisé, avant d’appeler la communauté internationale à travailler ensemble pour ériger des barrières immunologiques. L’objectif de 70% de vaccination contre la COVID-19 est en effet loin d’être atteint, en particulier dans les pays en conflit ou en situation postconflit. Rappelant que la résolution 2565 (2021) demande un meilleur accès aux vaccins dans les zones de conflit, le représentant a plaidé pour un effort mondial de distribution, non sans rappeler que son pays a fourni 2,5 milliards de doses à plus de 120 pays, notamment en Afrique. La Chine a également été le premier pays à appuyer la levée des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins afin de permettre aux pays en développement de contribuer à la production. Ces pays, a-t-il relevé, ont du mal à fournir des vaccins à leur population en raison de la faiblesse des systèmes sanitaires mais aussi en raison des conflits, de l’absence de moyens de transport et de mauvaises infrastructures de base. Il est donc urgent de leur venir en aide si l’on veut mieux riposter aux prochaines pandémies, a souligné le délégué, invitant le Conseil à prendre des mesures concrètes dans ce sens.
Le représentant a ensuite constaté qu’au moment où le monde s’emploie à se relever de cette crise, les bouleversements économiques et la flambée des prix alimentaires ajoutent aux difficultés structurelles des pays en développement. Pour les soutenir face à ces épreuves, l’ONU doit, selon lui, se pencher rapidement sur des solutions de long terme susceptibles de leur redonner espoir. À cette fin, le développement doit être le cœur du cadre politique mondial, a-t-il soutenu, avant d’annoncer que la Chine organisera une réunion sur ce thème dans un avenir proche. Il a d’autre part souhaité que la communauté internationale tire les leçons de cette pandémie en renforçant le multilatéralisme et en adoptant une démarche axée sur les personnes. Enfin, il a regretté que, malgré ces défis, quelques pays « s’accrochent à leur mentalité de guerre froide », ce qui nous ramène à une « confrontation bloc contre bloc » et plonge le monde dans la division. À l’opposé de ces « actions irresponsables », a-t-il conclu, tous les pays doivent intensifier leur solidarité sous l’étendard de l’ONU et coopérer pour un avenir meilleur.
Mme SIV CATHRINE MOE (Norvège) s’est alarmée des disparités actuelles frappantes dans l’accès aux vaccins: alors que certains pays sont proches de la vaccination universelle, d’autres –notamment ceux touchés par des crises humanitaires– n’ont atteint que 5% dans la part de population vaccinée. Alors que la COVID-19 a permis d’accélérer la recherche, le développement et une capacité de production plus importante que jamais, la livraison reste un défi, a-t-elle relevé. « Deux ans plus tard, un financement complet d’ACT-A et de son Mécanisme COVAX ne pourrait être plus urgent. » Mme Moe a jugé indispensable de garantir un accès équitable aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements, y compris pour les personnes déplacées ou vivant dans des zones hors d’atteinte des autorités sanitaires nationales. Aussi a-t-elle demandé aux fabricants de renoncer à leurs exigences en matière d’indemnisation et de responsabilité pour les stocks tampons humanitaires du COVAX. Elle a aussi estimé essentiel l’engagement de la communauté internationale, plaidant pour un dialogue afin de renforcer l’acceptation et la confiance dans les vaccins contre la COVID-19. En outre, la capacité des systèmes de santé locaux à fournir le vaccin doit être prise en compte, a poursuivi Mme Moe. Alors que de plus en plus de vaccins arrivent dans les pays en guerre, un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave reste impératif, a-t-elle conclu.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a jugé inacceptable que seulement 13% des habitants des pays à faible revenu aient été vaccinés par rapport à près de 70% dans les pays à haut revenu, demandant la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2565 (2021) ayant trait au stock tampon humanitaire pour garantir un accès équitable aux vaccins. S’agissant de l’équité vaccinale dans les pays en conflit ou en situation de postconflit, ainsi que dans les contextes de crises humanitaires, le délégué a demandé des financements prévisibles pour les organisations sanitaires internationales, notamment l’OMS et les centres régionaux du contrôle des maladies, appelant en outre à renforcer les systèmes sanitaires publics en tenant compte des besoins sanitaires, des priorités nationales et des personnes. Le représentant a ensuite indiqué que le Ghana, le Rwanda et le Sénégal en partenariat avec une société pharmaceutique allemande, se sont lancés dans le développement et la production de vaccins en Afrique subsaharienne.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a déploré l’intensification des conflits en Éthiopie, en RDC, en RCA, au Mali, en Syrie ou au Yémen. Il a aussi noté la détérioration des crises humanitaires en Afghanistan, au Myanmar, en Haïti, au Soudan du Sud, sans oublier l’émergence des nouveaux conflits. Il a relevé que la guerre en Ukraine est la pire que le monde n’ait jamais pu imaginer. Le représentant a appelé à une réponse plus solide pour faciliter un accès équitable et abordable aux vaccins, arguant que les rapports de l’OCHA montrent que si l’on compte 28 plans nationaux de réponse humanitaire aujourd’hui, plus du tiers d’entre eux dont ceux du Yémen, de la République démocratique du Congo (RDC), d’Haïti, du Soudan du Sud, du Cameroun, du Burundi et du Mali ont à peine conduit à la vaccination de 3 à 10% de la population. Il a demandé à la communauté internationale de s’appuyer sur l’ACT et le Mécanisme COVAX qui doivent être mieux financés. Le Conseil de sécurité, a ajouté le représentant, ne devrait épargner aucun effort pour obtenir de toutes les parties aux conflits qu’elles cessent immédiatement leurs hostilités et s’impliquent dans une solution humanitaire.
M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a dénoncé les inégalités inacceptables dans l’accès aux vaccins, même si ceux-ci sont plus disponibles. Dans nombre de pays inscrits à l’ordre du jour du Conseil, la situation est décourageante, a constaté le délégué, rappelant notamment que moins de 3% de la population haïtienne est vaccinée. Il a demandé la levée des droits de propriété intellectuelle dans un contexte de pandémie et la reconnaissance universelle de tous les vaccins autorisés par l’OMS. La stigmatisation de vaccins pour des raisons politiques est aberrante, a-t-il tranché. Le délégué du Mexique a estimé que la résolution 2565 (2021) est un pas dans la bonne direction, avant de souligner la nécessité que les vaccins soient reconnus comme ce qu’ils sont, un bien public mondial.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté qu’en dépit des actions conjuguées des mécanismes mis en place pour l’accès équitable au vaccin (COVAX, GAVI, l’Alliance du vaccin et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies), seul un faible pourcentage des personnes vivant dans les pays en développement a été vacciné et dans des proportions encore moindres dans les zones exposées aux conflits armés, contre un peu plus de 70% dans les pays développés. Aussi a-t-il considéré que deux éléments pourraient contribuer à accroître l’efficacité de la réponse aux défis posés par la pandémie de COVID-19. Tout d’abord, les mécanismes multilatéraux doivent se déployer dans les zones de conflits armés selon une approche de coopération qui met à profit les mécanismes régionaux et sous-régionaux. Dans le cas de l’Afrique par exemple, l’Équipe spéciale africaine pour l’acquisition des vaccins (AVATT); les envoyés spéciaux de l’Union africaine pour la COVID-19 ou encore les centres africains de contrôle et de prévention des maladies, doivent être mis à contribution dans le cadre de partenariats efficaces, a préconisé le délégué. Ensuite, a-t-il ajouté, il est primordial que l’approche communautaire soit privilégiée, pour surmonter certaines pesanteurs, notamment d’ordre sociétale. Nous savons que la faible couverture des pays du Sud tient à des facteurs divers, au nombre desquels la réticence ou le scepticisme face au vaccin. Pour atteindre des populations de zones éloignées, rurales ou en proie à la peur de l’inconnu, il peut s’avérer salutaire de s’appuyer sur des réseaux communautaires susceptibles de susciter la confiance nécessaire en pareille situation, a plaidé le représentant.
M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé à améliorer les infrastructures de santé publique pour la livraison des vaccins dans les régions les plus enclavées, à trouver des moyens d’assurer la livraison de vaccins dans les zones touchées par les conflits et postconflit et à lutter contre la réticence à la vaccination. Face à l’augmentation du nombre de variants préoccupants, il a appelé à une collaboration pour surveiller les mutations et échanger des informations de manière régulière et en temps opportun. Notant que l’accélération de la vaccination contre la COVID-19 a vu, parallèlement, une réduction de la vaccination des enfants contre d’autres maladies, le représentant a prévenu que tout relâchement dans les autres vaccinations menace une reprise sanitaire durable après la pandémie.
Après avoir précisé que l’Inde a soutenu plus de 150 pays avec l’approvisionnement en médicaments essentiels et accessoires médicaux depuis le déclenchement de la pandémie, le représentant de l’Inde a précisé que plus de 170 millions de doses de vaccin fabriquées en Inde ont atteint 96 pays, dont 41 millions qui ont été distribuées dans 48 pays via le Mécanisme COVAX. Il a ensuite regretté que les terroristes et autres organisations non étatiques ont profité de la « pause COVID-19 » dans les hostilités pour augmenter leurs activités néfastes. Notant que le monde postpandémique est encore loin, le représentant a appelé à intensifier les capacités de fabrication de vaccins, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, et à garantir une chaîne d’approvisionnement mondiale des matières premières ouverte et ininterrompue.
M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a considéré que si le Mécanisme COVAX avait été activé rapidement et efficacement, l’impact colossal de la pandémie aurait pu être évité. Au lieu de cela, la pandémie a révélé l’insuffisance de l’engagement envers le multilatéralisme et le « faux sentiment d’autonomie » dans lequel vit le monde développé. « Le résultat? Une série de réactions impulsives qui ont donné à la pandémie l’espace et le temps de se développer, y compris sous la forme de nouveaux variants très contagieux », a constaté à regret le représentant. Pour combattre la pandémie, en particulier dans les pays en développement et les pays touchés par des conflits, il a jugé essentiel de bâtir une résilience à long terme dans les données, les vaccins et les infrastructures de dépistage pour résister aux futures vagues de la COVID-19 et autres pandémies. Ensuite, il est temps de passer d’une aide bilatérale « discrétionnaire » à un investissement stratégique dans la production locale de vaccins, a plaidé le représentant, précisant que le Kenya a récemment signé un protocole d’accord avec Moderna pour l’établissement d’un laboratoire de vaccins à ARNm et de médicaments connexes d’une valeur de 500 millions de dollars. En outre, le Conseil de sécurité peut encourager les missions de maintien de la paix à renforcer la médiation entre les parties aux conflits armés afin de faciliter la riposte à la COVID-19, y compris la vaccination dans les situations de conflit armé. Enfin, il pourrait réitérer ses demandes à toutes les parties aux conflits armés de s’engager immédiatement dans une pause humanitaire durable, étendue et soutenue pour faciliter, entre autres, la livraison et la distribution équitables, sûres et sans entrave des vaccins dans les zones de conflit.
M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) s’est félicité des progrès accomplis pour atteindre l’objectif de l’OMS d’un taux de vaccination mondial de 70% d’ici à la mi-2022, mais a constaté que des lacunes importantes demeurent dans la couverture. Faire face aux très faibles taux de vaccination dans les contextes de conflit ou postconflit doit être priorisé et des solutions créatives doivent être appliquées, a-t-il préconisé, saluant à cet égard la création du tampon humanitaire COVAX, qui a permis la livraison de nombreuses doses de vaccin dans des pays comme la RDC, l’Afghanistan, le Yémen, l’Éthiopie et le Yémen. Il a demandé de donner la priorité à l’accès des acteurs humanitaires, notamment l’OMS, l’UNICEF, le CICR et les acteurs de la société civile disposant de l’expertise nécessaire. Le défi en 2022 va toutefois bien au-delà des problèmes d’approvisionnement, a-t-il relevé, avant d’appeler à reconstruire les systèmes de santé, en particulier dans les contextes fragiles. Dans ce cadre, a poursuivi le délégué, nous devons condamner tout incident où des travailleurs de la santé ou des établissements de soins de santé sont pris pour cible par toute partie à un conflit.
Le représentant a ensuite souhaité que le Conseil continue d’assurer la mise en œuvre de la résolution 2565 (2021), estimant qu’il est de l’intérêt de tous de veiller à ce que le plus grand nombre de personnes possible soit vacciné en toute sécurité contre cette maladie trop facilement transmissible. Il a réitéré à cet égard le soutien de l’Irlande à l’appel lancé au début de la pandémie par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Parallèlement au renforcement des capacités des systèmes de santé, il importe également de nous attaquer à la désinformation qui s’est développée autour des vaccins, a-t-il plaidé, jugeant impératif de recentrer les efforts sur la réalisation de l’objectif de l’OMS avant l’arrivée possible d’un nouveau variant plus agressif. Pour ce faire, nous devons accélérer notre travail dans les situations de conflit, postconflit et humanitaires, a-t-il conclu.
Sollicité par la délégation russe en fin de séance, le Coordonnateur principal mondial pour la préparation et la fourniture du vaccin contre la COVID-19 a estimé que, s’agissant du stock tampon humanitaire, la question des responsabilités civiles ou pénales et des indemnisations est essentielle, même si elle se pose différemment qu’au début de l’effort de vaccination. Des milliards de doses ont été administrées et nous avons donc des antécédents en matière d’effets négatifs. Il faut voir quelles mesures pourraient être prises pour un plein agrément des vaccins et quels instruments en matière d’assurances pourraient être utilisés pour faire face aux préoccupations subsistantes, a-t-il dit, ajoutant que le débat sur le stock tampon se penche sur ces différentes options.