8967e séance – matin
CS/14794

Conseil de sécurité: la réponse de l’OTSC à la récente crise au Kazakhstan, enjeu d’un débat sur la coopération entre cette organisation régionale et l’ONU

Les délégations ont affiché ce matin, devant le Conseil de sécurité, des divergences de vues quant à la réponse apportée par l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) à la crise qu’a connue en janvier dernier l’un de ses États membres, le Kazakhstan.  La situation en Afghanistan a aussi été évoquée lors de ce débat, présidé par le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, sur la coopération entre l’OTSC et l’ONU, au cours duquel les secrétaires généraux des deux organisations se sont exprimés.

Premier orateur à prendre la parole, le Secrétaire général de l’ONU a rappelé qu’une ONU plus efficace dépend d’une coopération étroite avec les organisations régionales, dont l’OTSC.  M. António Guterres a loué le resserrement des liens entre les deux entités dans de nombreux domaines tels que l’antiterrorisme, la criminalité et les migrations, tandis que son homologue de l’OTSC, M. Stanislav Zas, s’est dit « extrêmement satisfait » de la coopération démontrée en matière de lutte contre le terrorisme.

M. Guterres a également évoqué l’Afghanistan, où la crise humanitaire s’aggrave de jour en jour.  Sans un appui vigoureux, ce pays risque de sombrer dans le désespoir et le terrorisme, a averti le Secrétaire général, en jugeant essentielle la coopération régionale.  Même son de cloche du côté de M. Zas qui a indiqué que l’OTSC donne la priorité aux frontières sud de l’Organisation, « notamment au regard de l’actualité en Afghanistan ».  Le délégué du Tadjikistan a, lui, rappelé la proposition de son pays de créer une « ceinture de sécurité » autour de l’Afghanistan, souhaitant une implication de l’ONU à cet égard.

Mais ce sont bien les violences que le Kazakhstan a connues en janvier dernier et la réponse apportée par l’OTSC qui ont été au cœur des déclarations.  « Cette intervention a contribué à protéger des infrastructures civiles et à éviter une crise », a estimé le Secrétaire général de l’OTSC.  Une position partagée par le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Vershinin, pour qui « l’opération légitime déployée par les alliés du pays » a permis d’éviter une catastrophe. 

Le Vice-Ministre russe a souligné que cette intervention de l’OTSC s’est faite à la demande du Président du Kazakhstan et que les forces de maintien de la paix de l’OTSC n’ont effectué aucun tir ni participé aux opérations des forces de sécurité, se limitant à la protection de certains sites.  « Elles se sont retirées dès la fin de la crise », a-t-il spécifié, appuyé par le Bélarus.  La Chine a, elle, apporté son soutien à toutes les mesures de nature à restaurer l’ordre au Kazakhstan, avant de rejeter toute ingérence étrangère motivée par la volonté d’y déclencher une révolution.

Le Kirghizistan s’est également réjoui que l’OTSC ait répondu dans les meilleurs délais à l’appel du Kazakhstan, soutenant que ces troubles ont démontré la présence de « cellules dormantes » d’organisations terroristes internationales en Asie centrale.  Le Kazakhstan a fait le même constat, en indiquant que les manifestations pacifiques se sont transformées en « émeutes armées », sous l’impulsion d’éléments criminels et d’extrémistes religieux, dont le but était de « prendre le pouvoir par la force ».

Le Chef de l’État s’est donc naturellement tourné vers l’OTSC pour lui demander une assistance pour stabiliser la situation dans son pays, le Conseil de sécurité ayant été dûment notifié de l’intention de l’Organisation, a expliqué la délégation kazakhstanaise.  Elle a enfin indiqué que l’intervention de l’OTSC s’est avérée « extrêmement ponctuelle et efficace » et que la situation est désormais « sous contrôle ».  Le complot visant à s’emparer du pouvoir par le biais d’émeutes armées a échoué, s’est-elle félicitée.

Plusieurs délégations ont néanmoins émis une note dissonante, à l’instar des États-Unis, qui ont noté que le déploiement de l’OTSC, le premier dans l’histoire de cette organisation, est intervenu avant qu’un dialogue ait pu se nouer.  « Si l’OTSC cherche à développer ses capacités de maintien de la paix, il convient de rappeler que ces opérations doivent pleinement respecter les droits humains et les libertés fondamentales », a fait remarquer la délégation américaine.

« Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons sur ces événements, mais nous notons que le Président Tokayev a mis en place une commission d’enquête pour établir les causes des violences », a réagi de son côté le Royaume-Uni.  Ce dernier a ainsi jugé crucial que cette enquête soit conduite de manière « transparente et efficace », tandis que la France a demandé que toute la lumière soit faite sur les circonstances ayant provoqué ces « événements dramatiques ».  L’état de droit doit demeurer une priorité, a-t-elle ajouté.

« Nous exhortons les autorités du pays à garantir un procès équitable pour les manifestants faisant l’objet d’une enquête, conformément au droit international », a appuyé la Norvège.  Enfin, le Brésil a plaidé en faveur du dialogue et de la négociation pour parvenir, par des moyens pacifiques, à un changement politique: « L’état de droit doit être préservé et les autorités du pays rester attentives aux aspirations légitimes du peuple du Kazakhstan ».

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que la coopération avec les organisations régionales figure au cœur de la Charte des Nations Unies.  Une ONU plus efficace dépend d’une coopération étroite avec ces organisations, dont l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a dit le Secrétaire général.  Il a loué le resserrement des liens entre l’ONU et l’OTSC dans de nombreux domaines tels que l’antiterrorisme, la criminalité, les migrations et la paix et la sécurité.  Le Chef de l’Organisation a précisé les domaines dans lesquels l’ONU et l’OTSC sont convenues de renforcer davantage encore leur coopération: l’alerte précoce, la prévention et la résolution des conflits, la lutte contre la criminalité internationale et la préparation aux catastrophes.

Dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée et le trafic de stupéfiants, M. Guterres a souligné le rôle important joué par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive de l’ONU, qui promeut des mesures contre la criminalité transfrontalière, le terrorisme et le trafic de stupéfiants en vue d’un développement pacifique durable.  Le Secrétaire général a souligné l’apport des pays de l’OTSC aux efforts onusiens de maintien de la paix.  Il a précisé que des experts de l’OTSC se sont ainsi récemment rendus au Liban, avant de dire son appréciation pour la participation de responsables de l’OTSC au Sommet des chefs de police des Nations Unies.  Il a dit attendre d’autres engagements de la part de l’OTSC notamment s’agissant du renforcement des capacités onusiennes.  M. Guterres a ensuite souligné l’importance de la coopération en Afghanistan, où la crise humanitaire s’aggrave de jour en jour.  Le haut fonctionnaire a estimé que sans un appui fort, ce pays risque de sombrer dans le désespoir et le terrorisme, la coopération régionale étant essentielle dans la réponse à apporter en Afghanistan. 

Le Secrétaire général a redit sa détermination à renforcer les liens avec les organisations régionales.  « Nous comptons, dans le même temps, sur la participation des organisations régionales à l’action de paix et de sécurité des Nations Unies. »  Il a dit compter sur le soutien de ces dernières, tant sur le plan politique que sur celui des capacités civiles et militaires.  « L’un des principaux objectifs de mon rapport sur Notre Programme commun est de bâtir –en favorisant les partenariats– un multilatéralisme plus inclusif, plus efficace et fonctionnant davantage en réseau. »  Le Secrétaire général a assuré qu’il continuera à organiser des réunions annuelles avec tous les dirigeants d’organisations régionales, en ajoutant qu’il est guidé dans ses efforts par la Charte des Nations Unies et les autres instruments relatifs au droit international des droits humains et au droit international humanitaire.  « Ensemble, nous sommes comptables de tout ce que nous faisons et de la manière dont nous procédons », a conclu M. Guterres.

M. STANISLAV ZAS, Secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a souligné la valeur ajoutée des organisations régionales pour réduire les risques grâce à l’action préventive au niveau régional.  Il a mentionné la déclaration des ministres des affaires étrangères de l’OTSC sur l’attachement aux principes de la Charte des Nations Unies et le renforcement de la coopération pour la respecter scrupuleusement.  « Depuis la création de l’OTSC, l’entité est devenue plus large pour mieux faire face à tous les défis de sécurité dans sa zone », a expliqué M. Zas.  Le haut fonctionnaire s’est aussi dit extrêmement satisfait de la coopération de son organisation avec le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et le Conseil de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme.  Parmi les domaines à développer, il a cité la nécessité d’empêcher le recours aux technologies de l’information et des communications (TIC) par les groupes terroristes et les liens entre trafic de stupéfiants et ressources au profit des groupes terroristes.  Il a cité la mise en place par l’OTSC d’un programme nommé « Mercenaires » pour lutter contre les filières de recrutement et une opération antistupéfiants nommée « Canal » en 2021, qui a permis de confisquer 5 tonnes de stupéfiants.  Par ailleurs, il a dit la volonté de l’OTSC d’unir ses forces avec l’ONU en matière de sécurité informatique afin de promouvoir des normes de comportement responsable en matière de sécurité numérique. 

« Un des grands axes de coopération de l’OTSC avec l’ONU à long terme concerne le maintien de la paix », a dit M. Zas, avant de citer en exemple une visite des experts de l’OTSC à la mission des Nations Unies au Liban début 2021.  Il a dit que 3 800 personnels de l’Organisation participent actuellement aux opérations de maintien de la paix.  Il a cité l’intervention récente de l’OTSC au Kazakhstan, conformément au Traité de sécurité collective, à la demande du Président du Kazakhstan.  Cette intervention, a-t-il affirmé, a contribué à protéger des infrastructures civiles et à éviter une crise.  Face à la montée des tensions à travers le monde, le Secrétaire général de l’OTSC a dit accorder une priorité aux frontières sud de l’Organisation, notamment au regard de l’actualité en Afghanistan.  Le Secrétaire général a conclu en disant qu’il est pertinent de développer la coopération avec l’ONU en matière de maintien de la paix et de lutte contre les nouvelles menaces.

M. SERGEY VERSHININ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dit que pour la présidence russe du Conseil ce mois-ci, cette réunion est un événement phare parce que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales constitue un des grands axes du Conseil de sécurité, et la Fédération de Russie qui n’a de cesse de plaider pour un resserrement de cette coopération.  Les organisations régionales connaissent souvent mieux la situation sur le terrain, a fait valoir le Vice-Ministre, et l’OTSC joue ce rôle dans l’espace eurasien.  Il s’agit pourtant d’une organisation parfois mal connue par certains membres de la communauté internationale, a-t-il regretté, en espérant que cette séance sera un moyen d’y remédier.  Au cours des 20 dernières années, l’OTSC a fait ses preuves, a-t-il affirmé, avant de souligner sa neutralité et son caractère pacifique.  Le Vice-Ministre a rappelé que l’Organisation appuie notamment la coopération avec le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale et que les principes juridiques de l’OTSC pour le maintien de la paix ont été renforcés, tout comme la coordination et les contacts en matière de maintien de la paix. 

Passant au Kazakhstan, le Vice-Ministre a estimé que « l’opération légitime déployée par les alliés du pays » a permis d’éviter une catastrophe.  Il a souligné que cette intervention de l’OTSC s’est faite à la demande du Président du Kazakhstan et que les forces de maintien de la paix de l’OTSC n’ont effectué aucun tir ni participé aux opérations des forces de sécurité, se limitant à la protection de certains sites.  Elles se sont retirées dès la fin de la crise, a-t-il tenu à préciser en outre.

Abordant la situation en Asie centrale, il a expliqué que l’Afghanistan est au cœur de l’attention de l’OTSC qui a notamment lancé deux initiatives de lutte contre le trafic de stupéfiants et de lutte contre le terrorisme dans le pays. 

Afin de garantir la sécurité informatique internationale, l’OTSC a mis en place l’opération « Proxy », a poursuivi M. Vershinin.  Elle a également créé un mécanisme pour la biosécurité, a-t-il expliqué, en ajoutant que l’Organisation lutte également contre la glorification du nazisme.

M. Vershinin s’est dit préoccupé par l’intensification des exercices militaires de l’OTAN à proximité des frontières des États Membres de l’OTSC.  Il a souligné que l’OTSC s’est adressée à plusieurs reprises à l’OTAN pour demander de coopérer sur le dossier afghan, mais que ces demandes sont restées lettre morte à ce jour.  Cela n’empêche que « notre organisation » est prête et désireuse de renforcer son partenariat avec la communauté internationale sur la base du droit international, a-t-il conclu.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a indiqué que son pays a suivi avec une vive préoccupation les affrontements violents qui ont eu lieu au Kazakhstan début janvier.  « Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons sur ces événements, mais nous notons que le Président Tokayev a mis en place une commission d’enquête pour déterminer les causes des violences. »  Il est crucial que cette enquête soit conduite de manière urgente, transparente et efficace, a insisté le délégué.  Il a aussi pris note que la force de l’OTSC a été déployée au Kazakhstan à l’invitation du Gouvernement pour stabiliser la situation.  Il était entendu que les déploiements devaient avoir recours à une force proportionnée et la souveraineté du pays être respectée, a-t-il ajouté, avant de rappeler que « les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale sont au cœur de la Charte des Nations Unies. »  Enfin, il a apporté son soutien aux partenariats régionaux pour le maintien de la paix, pour autant que les partenaires respectent les valeurs et principes de la Charte.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a expliqué l’intérêt de faire coopérer l’ONU avec les organisations régionales par le fait que celles-ci sont au plus près du terrain et qu’elles sont les premiers témoins des crises.  « Ces organisations doivent également respecter et promouvoir les droits de l’homme, dont ceux des femmes ainsi que leur participation pleine, égale, substantielle et effective à tous les aspects de la vie publique », a ajouté M. de Rivière.  Parmi les priorités d’action collective, il a cité la lutte contre la menace émanant des groupes terroristes et la lutte contre la criminalité organisée.  S’agissant des défis, M. de Rivière a rappelé que la prise de pouvoir par la force des Taliban en Afghanistan est à l’origine d’une grave crise humanitaire et de l’effondrement de l’économie du pays, dont l’impact peut entraîner d’importantes répercussions dans toute la région et sur le plan international.  « La réaction de la communauté internationale a été très claire avec cinq exigences préalables à toute normalisation des relations avec les Taliban », s’est-il félicité avant de rappeler qu’une de ces conditions est la rupture des liens des Taliban avec les groupes terroristes.  Il s’est inquiété que les attaques de l’EI-K aient augmenté et que les groupes terroristes, dont Al-Qaida, se sentent renforcés depuis la prise de pouvoir des Taliban. 

Par ailleurs, il a indiqué que l’aide humanitaire exceptionnelle de 100 millions d’euros annoncée lors de la conférence de Genève le 13 septembre 2021 a été entièrement déboursée fin 2021, pour aider la population afghane.  Alors que les modalités de la présence des Nations Unies en Afghanistan doivent être bientôt revues, le représentant de la France a prévenu qu’il sera attentif à ce qu’elles répondent à la préoccupation constante que les droits humains, et en particulier des femmes et des filles, soient respectés, par tous, à commencer par les Taliban.  En ce qui concerne la situation au Kazakhstan, il a réitéré son souhait que toute la lumière soit faite sur les circonstances ayant conduit à ces événements dramatiques du mois de janvier, en rappelant que l’état de droit doit demeurer une priorité.

Pour M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), il ne fait aucun doute que le Conseil de sécurité est l’organe suprême chargé du maintien de la paix dans le monde, mais la Charte des Nations Unies, dans son Chapitre VIII, imagine une organisation qui collabore avec des organisations et entités régionales pour prévenir et gérer des crises, a-t-il souligné.  Une relation qui reste souvent sous-exploitée, a regretté le délégué, en appelant à la cultiver davantage, notamment avec l’OTSC.  Le Ghana a rédigé un document sur la coopération entre l’ONU et les entités régionales, a rappelé ensuite le représentant, en expliquant qu’elle doit se fonder sur des mécanismes clairs accompagnés de suivis et d’évaluations périodiques.  Concernant l’OTSC, le Ghana a encouragé la tenue de nouvelles consultations entre l’ONU et l’OTSC afin d’harmoniser leurs réponses dans la région eurasienne.  Le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale devrait permettre aux deux organisations de travailler plus étroitement ensemble pour identifier les causes profondes des conflits dans cette région et y répondre de manière diplomatique et par la médiation, a souhaité le représentant.  Il a pris bonne note du déploiement d’une opération de l’OTSC au Kazakhstan en début d’année.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a soutenu la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, s’agissant notamment de la résolution des conflits.  Mon pays est fier des partenariats qu’il a noués en Asie centrale, a dit le délégué, en citant la plateforme C5+1, qui a pour but d’appuyer l’indépendance et la souveraineté des États d’Asie centrale.  Nous défendons une Asie centrale libre de choisir sa voie politique, économique et sécuritaire, a déclaré le délégué.  Il a précisé que la plateforme précitée, qui a été lancée en 2015, a nourri les efforts visant à répondre aux défis environnementaux et à des défis sécuritaires communs.  Le représentant s’est inquiété du récent déploiement de l’OTSC au Kazakhstan, qui a été le premier dans l’histoire de cette organisation.  Il a noté que ce déploiement est intervenu avant qu’ait pu se dérouler tout effort de dialogue.  Si l’OTSC cherche à développer ses capacités de maintien de la paix, il convient de rappeler que ces opérations doivent pleinement respecter les droits humains et les libertés fondamentales, a dit M. DeLaurentis.  Enfin, le représentant a réitéré l’appui de son pays aux organisations régionales, qui sont des moteurs de diplomatie.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a salué les efforts menés en vue du renforcement du partenariat entre l’ONU et l’OTSC.  Une bonne coopération entre l’ONU et les organisations régionales permet de mieux répondre aux crises, a dit le délégué, en soulignant l’importance du rôle en Afrique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Il a félicité l’OTSC pour le renforcement de ses capacités de maintien de la paix et ses efforts de lutte contre le terrorisme, la traite des êtres humains ou bien encore la criminalité transnationale organisée, qui contribuent ainsi à la réalisation des objectifs de l’ONU.  Le délégué a encouragé l’OTSC, l’ONU et les pays de la région à trouver des solutions communes aux défis sécuritaires, politiques et économiques que l’Asie centrale doit relever.  Enfin, M. Kiboino a encouragé l’OTSC et les autres organisations régionales à lutter de concert contre la piraterie.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a souligné la valeur ajoutée de la coopération entre les organisations régionales parce que les défis sécuritaires contemporains exigent des actions transfrontalières coordonnées et concertées.  Dans ce contexte, il s’est félicité de la coopération en cours entre l’ONU et l’OTSC sur la base de la déclaration commune de 2010 avant de saluer, en particulier, la contribution du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le trafic de stupéfiants.  Après avoir salué la qualité des relations diplomatiques entre l’Inde et les pays d’Asie centrale, le représentant de l’Inde a indiqué que le tout premier sommet Inde-Asie centrale en format virtuel tenu le 27 janvier 2022 a réuni le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan.  Le représentant de l’Inde a indiqué que l’Inde a offert une ligne de crédit d’un milliard de dollars pour soutenir des projets de développement en Asie centrale et des subventions pour mettre en œuvre de projets de développement communautaire à fort impact en vue de favoriser le développement socioéconomique.  « Nous avons créé une plateforme de dialogue Inde-Asie centrale », a dit M. Tirumurti avant de vanter les démarches de son pays pour moderniser les infrastructures du port de Chabahar en Iran, qui deviendra un maillon important du commerce entre les marchés d’Asie centrale et d’Asie du Sud.  Le représentant de l’Inde a exhorté la communauté internationale à prendre conscience des préoccupations des pays d’Asie centrale concernant l’évolution de la situation en Afghanistan, notamment au regard des risques liés au terrorisme international et au trafic de stupéfiants.  Dans le contexte de la pandémie COVID-19, il a en outre exhorté l’ONU et ses agences à continuer à travailler en étroite collaboration avec les organisations régionales pour assurer la résilience des chaînes d’approvisionnement en médicaments et vaccins.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a mis en avant le rôle vital que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer dans la construction et le maintien de la paix, citant en exemple l’Union européenne.  Il ne fait aucun doute pour la représentante que le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales renforce notre capacité collective à prévenir et résoudre les conflits, et à promouvoir les buts et objectifs plus larges de la Charte des Nations Unies.  Au cours des 15 années qui se sont écoulées depuis la création du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive, ce centre a soutenu les efforts des pays d’Asie centrale pour construire ensemble la paix et la sécurité dans leur région grâce à la coopération.  Ces efforts sont un processus continu, a relevé la représentante, mais en cherchant des solutions aux défis communs à travers la coopération, les pays de l’Asie centrale obtiennent de meilleurs résultats pour leurs ressortissants.  Elle en a voulu pour exemple les efforts conjoints dans la gestion des eaux transfrontalières, la problématique climat et sécurité, la lutte contre les stupéfiants et le commerce transfrontalier qui ont commencé à jeter les bases d’un développement plus solide et durable et de communautés et économies plus résilientes dans toute la région.  La déléguée a en conclusion vivement encouragé la priorisation des programmes pour les femmes et la paix et la sécurité et pour les jeunes et la paix et la sécurité dans le cadre de tous les partenariats avec les organisations régionales.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a souligné l’importance de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine.  Il a salué le rôle majeur joué par l’OTSC dans l’arrêt de la confrontation armée à la frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizistan en janvier dernier.  Le règlement de ce conflit passe par la table des négociations, a dit le délégué.  S’agissant des récents événements au Kazakhstan, il a plaidé en faveur du dialogue et de la négociation pour parvenir par des moyens pacifiques à un changement politique.  L’état de droit doit être préservé et les autorités du pays doivent rester attentives aux aspirations légitimes du peuple du Kazakhstan, a-t-il recommandé.  Il a pris note des résultats significatifs obtenus sur ce dossier grâce à la coopération des membres de l’OTSC.  Le délégué a en outre souligné l’importance du travail de cette organisation sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  La coopération entre l’ONU et les organisations régionales doit être basée sur le respect de la démocratie, des droits humains et de l’état de droit, a conclu le représentant du Brésil.

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que l’OTSC a joué un rôle primordial pour la préservation de la souveraineté et l’intégrité territoriale de ses États membres en faisant face aux nouvelles menaces en matière de sécurité internationale.  Il a appelé l’OTSC à poursuivre ses synergies avec l’ONU en matière de maintien de la paix.  S’agissant des troubles qui ont éclaté au Kazakhstan en janvier, le représentant a appuyé toutes les mesures permettant de restaurer l’ordre, avant de rejeter tout ingérence étrangère dans le souci d’y déclencher une révolution.  Il a indiqué que le Chine a adressé un message au Président de la République du Kazakhstan, M. Kassym-Jomart Tokayev, pour soutenir ses initiatives visant à restaurer la stabilité après les troubles du mois de janvier.  À cet égard, il a salué le rôle constructif de l’OTSC pour stabiliser la situation au Kazakhstan.

« En tant que voisine et amie du Kazakhstan », la Chine a dit sa volonté d’aider la Kazakhstan à se maintenir sur la voie de la stabilité et du développement économique.  Le représentant a appelé la communauté internationale à promouvoir le multilatéralisme afin d’éviter que certains États continuent de mener des politiques hégémoniques unilatérales qui portent atteinte aux objectifs de développement d’autres pays.  Il a dit la volonté de la Chine de coopérer avec l’OTSC et l’Organisation de coopération de Shanghai pour lutter contre le terrorisme et promouvoir la stabilité de la région.  Pour ce qui est de l’Afghanistan, le délégué a dit que la priorité est d’éviter une crise humanitaire et de restituer les avoirs afghans au Gouvernement afghan.

Pour M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), ce débat porte sur une « question cardinale » à savoir celle de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales qui sont « des acteurs clefs dans la réponse aux crises et conflits de leurs régions ».  Le choix de cette thématique amène à revisiter le rôle de premier plan de la coopération entre l’ONU et ces organisations régionales dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a fait valoir le représentant.  C’est dans un souci d’efficacité et d’une meilleure connexion avec le terrain qu’il faut renforcer cette coopération, a estimé M. Biang, qui en a voulu pour preuve le bilan positif des consultations régulières entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a estimé que l’implication des acteurs régionaux aux côtés des Nations Unies permet de mieux appréhender les menaces persistantes et de faciliter les réponses durables.  Il a concédé que, depuis quelques années, l’ONU a fait des efforts en ce sens, mais, selon lui, il faut aller plus loin, à commencer par un soutien régulier de l’ONU à la Force conjointe du G5 Sahel.

S’agissant de la coopération entre l’ONU et l’OTSC, il a rappelé que l’OTSC possède un potentiel politique, diplomatique et militaire significatif et qu’elle fait preuve d’engagement pour relever les défis communs à la paix et la sécurité régionales.  À cet égard, il a évoqué le « rôle décisif » joué par l’OTSC dans la stabilisation de la récente crise au Kazakhstan.  En guise de conclusion, le représentant a déclaré que « travailler en synergie avec les organisations régionales n’est pas une option mais un levier essentiel dans le contexte des crises actuelles ».

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a dit attacher une grande importance à la coopération de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention et de résolution des conflits.  L’expérience a montré que ces organisations ont une connaissance approfondie des particularités de chaque région, ce qui est essentiel pour relever plus efficacement les défis de la paix et de la sécurité.  L’un de ces défis, qui constitue une menace pour nous tous, est le terrorisme international.  La coopération et la coordination des efforts entre les États membres de l’OTSC sont essentielles dans la lutte contre le terrorisme dans une région qui a été particulièrement touchée par la situation complexe en Afghanistan.  Une interaction accrue entre l’ONU et l’OTSC, notamment dans le domaine de l’échange d’informations, serait encore plus pertinente dans ces circonstances, a ajouté la délégation, en soulignant que toutes les actions de lutte contre le terrorisme doivent respecter le droit international, en particulier le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a estimé que tout pays doit pouvoir décider, en toute liberté, à quel organisme régional il souhaite adhérer, qu’il s’agisse de l’OTSC, de l’OTAN, de l’UE ou de la Communauté d’États indépendants (CEI).  Elle s’est néanmoins particulièrement inquiétée de l’intervention récente de l’OTSC au Kazakhstan, en raison du « manque de transparence » qui a accompagné cette opération.  « Il y a également eu un manque de clarté quant au mandat des forces de l’OTSC déployées », a estimé Mme Dautllari avant de rappeler que toutes les organisations régionales doivent adhérer au droit international et au droit international humanitaire.  Après avoir exhorté les autorités kazakhstanaises à respecter leurs obligations internationales, la représentante a salué le travail du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale en matière de lutte contre le terrorisme, de démarcation des frontières, de gestion des eaux transfrontalières et de mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. 

Par ailleurs, la représentante de l’Albanie a appelé à s’inspirer de l’OSCE, en tant que plus grande organisation régionale au monde, qui travaille pour la stabilité, la paix et la démocratie d’un milliard de personnes.  « En 2020, alors que nous présidions l’OSCE, nous nous sommes particulièrement attachés à promouvoir de manière active et constructive des solutions par la négociation et la diplomatie », a dit la représentante en rappelant que le dialogue doit rester la pierre angulaire des efforts de maintien de la paix mondiale et de la sécurité.  Elle a expliqué que la participation de son pays à plusieurs organisations régionales et internationales avait permis à son pays de construire des bonnes les relations de voisinage dans les Balkans et de promouvoir l’état de droit et les droits de l’homme, en particulier les droits de l’enfant, des femmes et des minorités.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a rappelé que son pays est membre de plusieurs organisations régionales et sous-régionales, notamment le Conseil de coopération du Golfe (CCG), la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), et qu’il attache une grande importance aux points de vue régionaux dans la résolution des conflits, ainsi que dans la consolidation et le maintien de la paix.  À cette aune, il s’est réjoui de voir l’ONU renforcer sa relation avec l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Pour le représentant, la coopération entre l’OTSC et l’ONU, ainsi qu’avec d’autres organisations sous-régionales d’Asie centrale, est d’autant plus justifiée à la lumière des récents développements en Afghanistan, qui engendrent des menaces pour la région, notamment en ce qui concerne la criminalité transnationale, le trafic de drogue, les activités terroristes et les flux de réfugiés.  À cet égard, il s’est félicité des contacts réguliers entre l’OTSC, le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale et la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). 

En ce qui concerne les événements récents au Kazakhstan, le délégué a réitéré le soutien des Émirats aux efforts du Gouvernement kazakhstanais pour maintenir la stabilité et la sécurité à l’intérieur de ses frontières.  Ces mesures sont essentielles pour maintenir la stabilité dans les pays voisins et dans la région dans son ensemble, a-t-il souligné, avant d’inviter le Conseil à veiller à ce que les perspectives régionales soient systématiquement incluses dans les points inscrits à son ordre du jour.  Selon lui, les facteurs de conflit, comme le terrorisme ou le trafic de drogue, ne peuvent être facilement contenus à l’intérieur des frontières des États, ni traités par un seul État.  Tenir compte de l’expérience, des connaissances et des points de vue des voisins est donc vital pour créer des stratégies globales de prévention et de règlement des conflits, a-t-il conclu.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a appuyé le développement de partenariats entre le Conseil et les organisations régionales pertinentes.  La coopération entre le Conseil et l’Union africaine (UA) est un très bon exemple, a dit la déléguée, pour qui la bonne gouvernance, l’état de droit et le respect des droits humains sont des éléments essentiels de la paix, de la sécurité et de la prospérité.  Évoquant la situation au Kazakhstan, elle a souligné l’importance des réformes politiques et du respect des droits humains.  « Nous exhortons les autorités du pays à garantir un procès équitable pour les manifestants faisant l’objet d’une enquête, conformément au droit international. »  Enfin, Mme Heimerback a salué l’engagement des pays de la région en faveur du processus de paix en Afghanistan.  La coopération régionale et internationale doit être basée sur les principes démocratiques, le respect des droits humains et l’état de droit, a conclu la représentante.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a dit accorder une attention particulière à la coopération de l’ONU avec les organisations régionales, en particulier dans le domaine du maintien de la paix.  L’Arménie, qui préside l’OTSC, a pour priorité de resserrer les liens entre les deux organisations.  Elle voudrait œuvrer à aider les pays membres de l’OTSC à participer aux opérations de maintien de la paix de l’ONU en renforçant notamment les capacités de leurs forces de maintien de la paix.  Notant que 20 ans après sa création en 2002, l’OTSC est devenue une organisation aux multiples fonctions, le représentant a expliqué que cela lui permet de répondre efficacement aux défis conjoints dans sa zone d’action notamment en termes de lutte contre le terrorisme et contre les combattants terroristes étrangers.  Revenant sur la récente intervention des forces de maintien de la paix collectives de l’OTSC au Kazakhstan, il a affirmé que cela avait permis de stabiliser la situation, et ce, à la demande du Président kazakhstanais.

M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a souhaité informer le Conseil sur les « événements tragiques » survenus dans son pays, qui ont nécessité l’intervention ponctuelle d’un contingent de maintien de la paix de l’OTSC pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation.  Il a indiqué que les manifestations ont commencé le 2 janvier en raison d’une forte hausse des prix du gaz liquéfié dans l’ouest du pays.  Il a ajouté que, malgré les mesures prises par le Gouvernement kazakhstanais pour répondre aux revendications, les manifestations pacifiques se sont transformées en « émeutes armées », sous l’impulsion d’éléments criminels et d’extrémistes religieux, comprenant des combattants étrangers, dont le but était de « prendre le pouvoir par la force ».  Ces événements ont fait des morts et de nombreux blessés, notamment parmi les forces de sécurité, a déploré le représentant. 

Il a ensuite rappelé qu’à la suite de la réunion spéciale du Conseil consacrée au Kazakhstan, le 5 janvier dernier, la situation dans le pays a été qualifiée de « menace terroriste » pour la sécurité de l’État et d’« acte d’agression ».  Conformément à la Charte des Nations Unies, qui reconnaît le droit de chaque État à la légitime défense, et sur la base de l’article 4 de la Traité de sécurité collective, le Chef de l’État kazakhstanais a demandé à l’OTSC de lui fournir une assistance au maintien de la paix pour stabiliser la situation dans le pays.  Cette demande, a-t-il précisé, a été soutenue par tous les membres de l’OTSC (Arménie, Bélarus, Fédération de Russie, République kirghize et Tadjikistan).  Assurant que le Conseil de sécurité avait été dûment informé de l’intention de l’OTSC, le délégué a indiqué que le contingent de maintien de la paix était entré au Kazakhstan le 6 janvier et que son intervention s’était avérée « extrêmement ponctuelle et efficace ».  Il a ajouté que, durant toute la durée de l’intervention, entre le 8 et le 19 janvier, des soldats de la paix ont assuré la sécurité des installations et infrastructures stratégiques du pays, sans participer aux opérations ni faire usage de leurs armes. 

Le 11 janvier, a poursuivi M. Ilyassov, le Président du Kazakhstan a déclaré que la mission de maintien de la paix des forces de l’OTSC avait achevé son intervention « avec succès ».  Le contingent a entamé son retrait le 13 janvier et, le 19 janvier, il s’était totalement retiré du territoire kazakhstanais, a-t-il expliqué, avant d’assurer que la situation est désormais « sous contrôle » et que le complot visant à s’emparer du pouvoir par le biais d’émeutes armées a échoué.  Qualifiant ces événements d’« expérience traumatisante » pour son pays, il a affirmé que des enquêtes sur leurs origines sont en cours et seront partagées avec la communauté internationale.  À ses yeux, l’OTSC a démontré à cette occasion sa pertinence et son efficacité en tant que mécanisme permettant d’assurer la stabilité et la sécurité des États qui se conforment aux règles et aux normes du Traité.  À cet égard, a-t-il conclu, le Kazakhstan est favorable à un accord d’interaction étroite entre l’ONU et des structures régionales telles que l’OTSC pour apporter une contribution significative au renforcement de la sécurité. 

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a rappelé les efforts de son pays pour un Afghanistan stable et prospère.  Nous avons ainsi été parmi les premiers pays à acheminer de l’aide humanitaire par avion, a indiqué la déléguée.  Elle a ensuite abordé les événements qui se sont récemment déroulés au Kazakhstan et ont montré la présence de « cellules dormantes » d’organisations terroristes internationales dans les pays d’Asie centrale.  L’initiative du Kazakhstan d’activer les mécanismes de sécurité collective de l’OTSC a confirmé l’opinion des membres de cette organisation quant aux menaces existantes à la sécurité, a argué la déléguée, en se réjouissant que l’Organisation ait répondu dans les meilleurs délais à l’appel du Kazakhstan: « Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’OTSC est devenue l’une des organisations internationales clefs s’agissant de la sécurité en Eurasie. »

« Trente ans après la signature du Traité de sécurité collective et 20 ans après la mise en place de l’OTSC », M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a rappelé la transformation difficile d’une union intrinsèquement défensive en une organisation de sécurité multifonctionnelle dotée de véritables mécanismes collectifs pour lutter contre un large éventail de défis et menaces modernes.  « L’OTSC, en tant qu’organisation régionale au sens du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, apporte une contribution significative à la garantie de la sécurité et de la stabilité dans l’espace européen et eurasien. »  S’agissant de la situation en Afghanistan, il a dit que le Bélarus soutiendra les initiatives des partenaires de l’OTSC en marge des efforts des Nations Unies visant à promouvoir la sécurité en Afghanistan et dans les pays frontaliers pour neutraliser les menaces associées au terrorisme et à l’extrémisme.  Il a rappelé que son pays avait présenté en 2011 une initiative visant à développer la coopération entre l’OTSC et l’ONU dans ce domaine, pour illustrer son attachement au dialogue en cours entre les deux organisations à ce sujet. 

Par ailleurs, le représentant a précisé que les forces collectives de maintien de la paix de l’OTSC ont été activées pour la première fois en janvier 2022 au Kazakhstan sur la base d’un appel du Président de ce pays et dans le plein respect de la Charte des Nations Unies et du Traité de sécurité collective.  Il a cité le Président du Bélarus, M. Loukachenko, qui a déclaré, lors de la récente session extraordinaire du Conseil de sécurité collective de l’OTSC, que les actions des forces collectives de l’OTSC « ont permis de déjouer les plans de commanditaires d’un conflit fabriqué de toute pièce pour perturber le pays, et de normaliser la situation ».  Le représentant a estimé que cette expérience souligne la pertinence du développement du potentiel de l’OTSC dans le domaine du maintien de la paix.  Enfin, il a estimé que l’envoi d’hôpitaux mobiles, de médecins militaires ou d’unités de déminage ainsi que d’équipements et d’infrastructures pourrait devenir une forme possible de participation de l’OTSC au maintien de la paix de l’ONU dans le cadre des mandats du Conseil de sécurité.

M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a expliqué que l’un des principes fondamentaux de la politique étrangère de tous les États membres de l’OTSC est leur reconnaissance du rôle central de l’ONU dans le système des relations internationales.  La coopération avec l’ONU et les organisations internationales opérant dans le domaine de la sécurité est une direction importante du travail de l’OTSC, a-t-il ajouté en rappelant que l’Asie centrale est l’une des régions relevant de la sécurité collective de l’OTSC.  Le délégué a plaidé pour que la coopération entre l’ONU et l’OTSC soit rehaussée, en invoquant notamment les menaces sécuritaires que posent l’Afghanistan et la recrudescence du trafic de stupéfiants.  Depuis la prise de contrôle des Taliban, la production d’opium en Afghanistan a augmenté de 6 800 tonnes, soit 320 tonnes d’héroïne pure, a-t-il signalé.  Au cours des sept premiers mois de 2021, les autorités compétentes du Tadjikistan ont saisi 484 kilogrammes de drogue, alors qu’au cours des quatre derniers mois sous le régime taliban, la saisie s’est élevée à environ 3 tonnes (2 780 kilogrammes), soit presque six fois plus, a mis en garde le représentant.  Il a donc jugé important de développer des mécanismes d’interaction entre l’OTSC et l’ONU dans la lutte contre le trafic de drogue.  L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) devrait être activement impliqué dans ce travail qu’il s’agisse de la consommation non médicale ou de la contrebande dans la zone de l’OTSC et au-delà, a-t-il suggéré.

Le représentant a également parlé de la hausse, depuis le début du mois de septembre 2021, du nombre de groupes terroristes dans les provinces afghanes limitrophes du Tadjikistan.  Dans les provinces du nord-est de l’Afghanistan, il y a plus de 40 camps et centres d’entraînement terroristes, avec plus de 6 000 combattants, a-t-il dénombré, pour expliquer les raisons des huit exercices militaires de grande envergure menés par l’OTSC en 2021, dont 5 ont eu lieu au Tadjikistan près de la frontière tadjiko-afghane.  Compte tenu de la situation afghane, l’OTSC envisage de renforcer les frontières sud de l’Organisation, a indiqué M. Hikmat.  À cet égard, il a rappelé la proposition « opportune » du Président du Tadjikistan, M. Emomali Rahmon, de créer une « ceinture de sécurité » autour de l’Afghanistan, souhaitant que l’ONU et d’autres organisations internationales et régionales soient impliquées dans la mise en œuvre de cette initiative.  Il a émis l’espoir que la nomination, en 2021 à la suite du sommet de l’OTSC à Douchanbé, d’un envoyé spécial de l’OTSC pour les activités de maintien de la paix en coopération avec l’ONU contribuera à l’intensification des activités et de la collaboration.

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