En cours au Siège de l'ONU

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Un multilatéralisme réformé et l’approche mondiale contre le terrorisme définiront la présidence indienne des travaux du Conseil de sécurité

La Représentante permanente de l’Inde, Mme Ruchira Kamboj, a dégagé lors d’une conférence de presse, aujourd’hui, les grandes lignes de sa présidence du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, dont les points forts seront les débats publics sur une nouvelle orientation pour un multilatéralisme réformé, d’une part, et une réunion sur l’approche mondiale contre le terrorisme, d’autre part.  L’Inde préside également, à partir de ce jour, le G20, dont les membres représentent 55% du commerce international et au moment où le monde traverse une période de perturbations, a-t-elle souligné, ajoutant que la présidence du Conseil sera « ambitieuse, déterminée et inclusive ». 

Prévu le 14 décembre, le débat public intitulé « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: nouvelle orientation pour un multilatéralisme réformé » s’imposait, a-t-elle déclaré, car il est évident que l’ONU d’aujourd’hui est bien loin de refléter la réelle diversité de la composition de ses organes.  Ainsi, 22 ans après que les dirigeants du monde ont demandé une réforme globale du Conseil de sécurité, nous n’avons pas avancé d’un iota et l’on ne dispose toujours pas d’un texte à négocier, s’est-elle désolée.  Elle a aussi souligné que l’architecture mondiale de développement en dehors de l’ONU est tout aussi faussée: il faudrait déployer d’intenses efforts pour améliorer la cohérence du système monétaire, financier et commercial international. 

Mme Kamboj a toutefois perçu une lueur d’espoir dans l’appui à la réforme du Conseil exprimé par 76 États Membres, lors de la semaine de haut niveau de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, tandis que 73 se sont prononcés en faveur de celle de l’Organisation.  Cela reflète à son avis le souhait d’une composition élargie au sein de l’ONU.  Il est tout aussi évident, a-t-elle argué, que les crises multidimensionnelles actuelles exigent une architecture bien équipée pour confronter les réalités de problèmes émergents.  Il importe que l’ONU soit adaptée pour accomplir son mandat, a-t-elle voulu. 

Quant au débat intitulé « Menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par des actes terroristes: approche mondiale de lutte contre le terrorisme, principes et voie à suivre », qui se déroulera le 15 décembre sous la présidence du Ministre indien des affaires étrangères, M.  Subrahmanyam Jaishankar, il vise à encourager un échange de vues sur des questions clefs, notamment sur la façon d’insuffler une nouvelle vie à l’architecture de lutte contre le terrorisme pour garantir que la communauté internationale dispose d’outils efficaces.  La résurgence de ce fléau et le risque de l’utilisation des technologies numériques appellent à une approche collective du terrorisme, a-t-elle insisté.  Elle a rappelé à cet égard la réunion spéciale du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, qui s’est tenue à Mumbai et New Delhi, et qui a renvoyé à une série de recommandations figurant dans la Déclaration de Delhi pour traiter les menaces posées par le terrorisme. 

Au cours de son mandat au Conseil, l’Inde a parfaitement assumé ses responsabilités et déployé tous les efforts possibles pour que le Conseil s’exprime d’une même voix, en s’efforçant de réduire les différends, a expliqué Mme Kamboj, qui compte persévérer dans le même esprit.  Le programme est certes chargé à la veille des vacances de fin d’année mais un espace est laissé pour toute urgence éventuelle, a-t-elle précisé. 

La Représentante permanente de l’Inde a aussi évoqué deux manifestations en marge des travaux du Conseil: une cérémonie d’érection dans la pelouse Nord du buste de Mahatma Gandhi, le 14 décembre, en présence des membres du Conseil, y compris des membres permanents, et le lancement du Groupe d’amis sur la responsabilité pour les crimes contre les Casques bleus, conformément à la résolution 2589 (2021) du Conseil. 

Outre les deux débats phares, le Conseil tiendra le 5 décembre une séance d’information sur l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD).  Dans l’après-midi, il examinera la question des armes chimiques en Syrie.  Il se réunira à nouveau dans la matinée du 7 décembre pour entendre la présentation du rapport du Comité de sanctions 1591, avant de tenir une réunion sur la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). 

Le lendemain, le 8, une séance sera consacrée au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), tandis que se tiendra le 9, une réunion sur la Mission de stabilisation des Nations Unies en République du Congo (MONUSCO) et sur les sanctions à l’encontre de ce pays.  Un débat sur le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (MIFRTP) sera organisé le 12 décembre au matin, suivi dans l’après-midi par une réunion d’information avec les organes subsidiaires du Conseil.  Le 13, les travaux du Conseil seront axés sur le Yémen, le matin, et sur la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et sur les sanctions contre ce pays, l’après-midi. 

Une adoption sur le Comité 1988 aura lieu le 16, suivie d’une séance sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).  L’adoption d’un projet de résolution sur la MONUSCO aura lieu, quant à elle, le 19 décembre, juste avant la séance mensuelle sur le Moyen-Orient.  Le même jour, dans l’après-midi, le Conseil se réunira sur la question de la non-prolifération.  L’Afghanistan sera à l’ordre du jour le 20 décembre, avec une séance concernant la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Le lendemain, le 21 décembre, il se prononcera sur un projet de résolution sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), avant sa séance sur la Syrie, volet politique et humanitaire.

Celle qui est la première femme au poste de représentant permanent de l’Inde aux Nations Unies a échangé avec les correspondants de presse, en premier lieu sur l’Ukraine.  Il y aura sûrement des réunions, a-t-elle reconnu en assurant parler aux deux parties et en rappelant les contributions de son pays pour alléger les souffrances sur le plan humanitaire.  Elle a assuré que l’Inde veut travailler en faveur de l’unité et émis l’espoir d’une désescalade proche.  S’agissant d’un autre dossier pressant, Haïti, elle a déclaré que le Conseil de sécurité est, là aussi, activement saisi de la situation.  Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, Mme Kamboj a exprimé sa conviction que la conduite des négociations directes est la meilleure façon d’atteindre la solution des deux États.

La majorité des questions ayant porté sur l’avenir de l’Inde comme potentiel membre permanent du Conseil de sécurité, l’Ambassadrice a assuré que son pays est prêt à prendre sa place à la table, à apporter des solutions et à contribuer positivement à l’agenda mondial.  L’Inde a toujours été là pour fournir des médicaments, des vaccins et des réponses aux crises humanitaires, a-t-elle notamment cité.  La réforme doit indéniablement avoir lieu, à son avis, même si c’est le processus le plus complexe aux Nations Unies et si certains pays la repoussent.  Selon l’Ambassadrice, cette question n’a jamais aussi été pertinente qu’aujourd’hui.  Quant au droit de veto, elle a estimé qu’il ne devrait pas exister, mais que s’il est impossible de l’abolir, il devrait appartenir à tous les membres. 

Interpellée sur la démocratie et la liberté de la presse dans son pays, l’Ambassadrice a rappelé que l’Inde, probablement la plus ancienne civilisation, a une démocratie vieille de 2 500 ans, « la plus grande démocratie du monde ».

La Représentante permanente a enfin rappelé que l’Inde présidente du G20 accueillera le Sommet du G20 à New Delhi les 9 et 10 septembre 2023.  Elle a décrit son mandat au G20 comme ambitieux, orienté vers l’inclusion et l’unité, et soucieux de mettre les personnes au centre des solutions.  « Une planète, une famille, un avenir » est le thème de la présidence de l’Inde du G20.  Il importe de trouver des solutions mondiales pragmatiques pour que le monde soit une seule famille, dans l’esprit de la culture indienne, a résumé Mme Kamboj.

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