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Conseil de sécurité: la présidence chinoise annonce son intention de promouvoir un multilatéralisme à rebours de la « mentalité de la guerre froide »

Les travaux du Conseil de sécurité ce mois-ci seront marqués par deux temps forts, tous deux axés sur le thème du maintien de la paix, dont un débat public sur les moyens de renforcer les capacités en ce domaine en Afrique, a annoncé, cet après-midi en conférence de presse, le Représentant permanent de la Chine.  M. Zhang Jun, dont le pays assure en août la présidence de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, y a vu l’opportunité de renoncer à « la mentalité héritée de la guerre froide à l’origine de tant d’incertitudes et d’instabilités dans le monde ».  Il a même proposé de faire « baisser la température » qui règne entre les membres du Conseil et annoncé, suivant la pratique de chaque présidence du Conseil d’offrir un souvenir, qu’il allait fournir à ses homologues un éventail chinois dans cet objectif.

Pourtant, en réponse à une série de questions au sujet d’une possible visite à Taiwan de Mme Nancy Pelosi, la Présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, le Président du Conseil a prévenu, en sa qualité nationale, qu’un tel déplacement « fragiliserait les relations » de Washington avec Beijing: « Je suis sûr que le Gouvernement américain comprend qu’il doit mesurer toutes les conséquences qui en découleraient ».  Réaffirmant le principe d’une « seule Chine » indivisible, M. Zhang a encouragé les États-Unis à « fermement s’opposer » et à « endiguer » l’indépendance de Taiwan.  « Nous ferons tout ce que nous pourrons pour défendre notre souveraineté et notre intégrité territoriale », a-t-il mis en garde, rejetant toute « ingérence extérieure » dans les « affaires internes » de son pays.

L’autre événement de la présidence chinoise sera une séance d’information sur la promotion de la sécurité commune par le dialogue et la coopération, prévu le 22, au cours de laquelle le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, devrait présenter les grandes lignes de son « nouvel ordre du jour en faveur de la paix », a précisé M. Zhang.  Il a également annoncé la participation du Président de la dixième Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP), qui vient de s’ouvrir aujourd’hui même au Secrétariat de l’ONU, la jugeant bienvenue, dans la mesure où la « sécurité commune » ne peut faire l’économie d’une « garantie de sécurité nucléaire », à une époque où les intérêts des États Membres sont devenus totalement « indivisibles » les uns des autres.

« Dans un monde polarisé comme celui-ci, nous devons coopérer étroitement pour parvenir à des solutions communes et nous opposer à la formation de blocs politiques et aux tentatives d’hégémonie et de deux poids, deux mesures », a plaidé M. Zhang, en citant en exemple l’« initiative de sécurité globale » dévoilée il y a quelques mois par le Président chinois Xi Jinping.  La Chine, a assuré son Représentant permanent, est engagée en faveur du multilatéralisme, qu’elle envisage comme un ordre international avec l’ONU en son centre et basé sur le droit international.

Alors que des consultations sont prévues le 30 août sur le rapport trimestriel du Comité des sanctions de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Président, toujours en sa qualité nationale, a balayé les rumeurs selon lesquelles Pyongyang s’apprêterait à se livrer à son septième essai nucléaire, en violation des mesures qui lui sont imposées depuis 2006.  « On nous a dit à plusieurs reprises qu’il devait y avoir un essai, mais jusqu’à présent, il n’a pas eu lieu », a-t-il constaté.  Il s’est montré favorable à une approche plus holistique de la crise dans la péninsule coréenne, où d’autres tensions sont observées, notamment des « manœuvres militaires conjointes », emblématiques de la « pratique agressive » prisée par « certains pays ».  Aussi M. Zhang a-t-il jugé contre-productives de nouvelles sanctions contre la RPDC, lesquelles ne feraient selon lui qu’attiser les tensions dans la région.

Outre le débat public évoqué plus haut et la séance consacrée aux menaces à la paix et la sécurité internationales causées par des actes terroristes, les 8 et 9 août, trois autres réunions à l’ordre du jour du Conseil porteront sur l’Afrique.  Le 23 août, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) viendra, comme tous les six mois, faire rapport sur ses activités liées à la région soudanaise du Darfour, tandis que la Libye sera l’objet d’une séance le 24, qui portera à la fois sur la Mission d’appui des Nations Unies dans ce pays (MANUL) et le Comité des sanctions qui lui sont applicables, a précisé le Président.  Enfin, le renouvellement des sanctions individuelles imposables au Mali fera l’objet d’une mise aux voix le 30. 

S’agissant du Moyen-Orient, le Président a indiqué que le Conseil de sécurité a prévu ce mois-ci quatre séances, dont une avec les contributeurs de troupes à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), dont le renouvellement du mandat sera mis aux voix le 30 août.  Par ailleurs, le Conseil se réunira le 15 au sujet de la situation au Yémen et tiendra ses traditionnelles séances mensuelles sur la crise au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, et sur la Syrie -volets politique et humanitaire- les 25 et 29.  Enfin, c’est en séance de consultations privées que le Conseil examinera le volet « armes chimiques » du dossier syrien, le 30 août.

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