En juillet, la présidence brésilienne du Conseil de sécurité tentera de rassembler un organe désuni sur des sujets concrets
Le Représentant permanent du Brésil auprès des Nations Unies, l’Ambassadeur Ronaldo Costa Filho, a présenté aujourd’hui à la presse le programme de travail pour le mois de juillet du Conseil de sécurité, qui sera placé sous la présidence tournante de son pays. Prenant acte des profondes divisions entre les membres de l’organe principal du maintien de la paix et de la sécurité internationales, M. Costa Filho a affirmé à plusieurs reprises que la seule manière de trouver des solutions aux graves problèmes dont traite le Conseil était d’amener les gens à la table des discussions, et non d’échanger accusations ou invectives.
M. Costa Filho a, d’entrée, déclaré que le programme visait à trouver un équilibre entre séances publiques et consultations à huis clos, ces dernières étant parfois « plus appropriées ». En l’état actuel, le calendrier prévoit ainsi 17 séances publiques, contre 27 dans le programme initial du mois de juin, qui a en a compté finalement 32.
C’est ainsi que l’examen de la situation politique et humanitaire en Syrie est prévu en juillet sous forme de consultations à huis clos, le 13 juillet. En revanche, une séance publique est prévue sur la question des armes chimiques en Syrie, pour la première fois depuis avril. La principale séance relative à la Syrie sera celle consacrée au vote sur le renouvèlement du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière, qui expire le dimanche 10 juillet. La séance d’adoption est actuellement prévue le 7 juillet, dernier jour ouvrable avant l’expiration. L’Ambassadeur a dit « croiser les doigts » quant au résultat de la séance, ajoutant que les deux porte-plumes humanitaires –Norvège et Irlande– avaient tenu « de très larges consultations » sur le sujet et avaient préparé un tout premier projet de texte. Il a dit espérer parvenir « sans trop de souffrances » à une issue favorable dans les délais prescrits et s’est montré relativement optimiste sur la question, « qui a été très contentieuse dans le passé ».
Par volonté d’éviter les affrontements publics, M. Costa Filho a expliqué n’avoir pas à ce stade fixé de date ni de format pour une séance sur l’Ukraine, la question « la plus visible » à l’ordre du jour du Conseil. Il a rappelé que de « difficiles négociations » étaient en cours, dans lesquelles il a mentionné le rôle de la Türkiye et « l’implication personnelle » du Secrétaire général des Nations Unies. L’Ambassadeur, qui a regretté que le Conseil de sécurité ait jusqu’à présent « sous-performé » dans l’exercice de son mandat de maintien de la paix sur le sujet, souhaite attendre « le meilleur moment » pour l’engager davantage. Il a ensuite expliqué qu’il s’attacherait à faire en sorte que le Conseil se concentre sur un élément particulier de la crise ukrainienne: la sécurité alimentaire, un domaine dans lequel le conflit affecte non seulement les populations de la région mais aussi celles du monde entier. Il a en outre souhaité que les discussions que le Conseil consacrera à la question ukrainienne aient pour objectif d’obtenir un résultat concret, et non de produire des échanges d’accusations « en aucun cas utiles ».
M. Costa Filho a également mis l’accent sur deux autres priorités de sa présidence: les missions de maintien de la paix et missions politiques spéciales et la coopération entre le Conseil et les autres organes des Nations Unies.
Le premier aspect sera traité notamment lors du premier « débat-signature » de la présidence brésilienne, qui sera consacré, le 12 juillet, à la « communication stratégique dans le maintien de la paix », sous la présidence du Ministre des affaires étrangères du Brésil et auquel participera le Secrétaire général. Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix et le commandant de la Force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) figureront parmi les intervenants. Le thème « peut sembler aride mais il est extrêmement important pour mieux adapter le maintien de la paix en communicant mieux » avec les communautés locales, afin qu’elles comprennent mieux le mandat des missions et leurs limites, a expliqué M. Costa Filho, qui a insisté sur l’importance de cette compréhension tant pour la sécurité des populations locales que pour celles des Casques bleus.
L’Ambassadeur a en outre rappelé qu’en juillet, le Conseil aurait à se prononcer sur le devenir de quatre opérations de maintien de la paix ou missions politiques spéciales dont le mandat arrive à terme: la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), le 13 juillet, deux jours après une séance d’information sur le Yémen; le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), également le 13; la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), le 28, après une réunion avec les pays fournisseurs de contingents le 13 et des consultations le 18; et enfin la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), également le 28. La Libye sera très présente à l’ordre du jour de juillet puisque le Conseil devra, le 13, se prononcer sur le devenir du régime de sanctions concernant le pays et qu’il tiendra en outre une séance d’information le 25, trois jours avant le vote sur la MANUL.
Quant à la coopération entre le Conseil et les autres organes des Nations Unies, elle sera mise en avant une première fois à l’occasion du second événement thématique du mois, à savoir le débat public annuel sur les enfants et les conflits armés. Y sont notamment annoncées la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Virginia Gamba, et la Directrice exécutive de l’UNICEF, Mme Catherine Russell. La séance d’information du 27 sur la consolidation et pérennisation de la paix, avec la présentation du rapport 2020-2021 de la Commission de consolidation de la paix, sera une autre occasion de traiter de la coopération du Conseil avec un organe chargé de le conseiller et de le soutenir dans son travail.
Enfin, le Conseil tiendra sa réunion d’information semestrielle sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel le 7 juillet, une séance publique sur la Colombie le 14, une séance d’information sur les activités de la Cour pénale internationale relatives au Soudan le 22, son débat semestriel sur le Moyen-Orient le 26 et se prononcera sur la poursuite du régime de sanctions concernant la République centrafricaine le 28.