Troisième Commission: le débat sur la promotion des femmes offre un panorama des avancées et des régressions en matière d’égalité des genres
Les délégations ont majoritairement fait valoir leur adhésion à différents traités internationaux relatifs à la condition féminine, à commencer par la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Pour la Belgique, la CEDEF devrait être « au centre de toute action future en termes de lutte contre les inégalités de genre ». Toutefois, a-t-elle averti, l’adhésion à cette convention n’est pas nécessairement synonyme de progrès effectifs. En effet, si 189 États l’ont ratifiée, bon nombre ont émis des réserves de fond, dont certaines portent sur l’engagement même à éradiquer les discriminations à l’encontre des femmes, a-t-elle constaté.
De nombreuses études et statistiques, citées par les États, révèlent le cortège d’obstacles parsemant le chemin vers l’Objectif de développement durable 5, dédié à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles. Parmi les chiffres évoqués, celui rappelé par le Bangladesh, sur la base d’un récent rapport d’ONU-Femmes et du Département des affaires économiques et sociales, est particulièrement parlant: au rythme actuel, il faudrait 286 ans pour atteindre l’égalité femmes-hommes.
Bien qu’un grand nombre d’États Membres se soient réjouis de voir toujours plus de femmes accéder aux sphères socioprofessionnelles les plus prisées et aux responsabilités politiques, le Chili s’est chargé de rappeler que seuls 21 pays ont une femme à la tête de leur État ou de leur gouvernement. De plus, une grande majorité des intervenants ont tiré de la pandémie de COVID-19 et de l’accélération des changements climatiques un constat sans appel: ces défis ont fait régresser les droits des femmes, contrariant les avancées déjà timides de la période prépandémique.
Là encore, des chiffres sont venus appuyer les mots. L’Uruguay a ainsi cité une étude d’ONU-Femmes, selon laquelle 45% des femmes ont signalé qu’elles-mêmes ou une femme de leur entourage avaient été victimes de violence depuis le début de la pandémie. À ce sujet, l’adjectif « disproportionné » est revenu presque systématiquement au cours du débat. Car si les pandémies ou les changements climatiques frappent l’ensemble de la communauté humaine, ces crises ont affaibli plus encore les franges qui étaient déjà les plus fragiles, à commencer par les femmes.
Autres vecteurs de violences sexistes déplorés par les délégations, en particulier celles d’États africains, les pratiques ou comportements de nature patriarcale ont été régulièrement dénoncés. Le Togo a ainsi regretté que ses efforts visant à autonomiser les femmes et les filles soient freinés par la persistance de « pesanteurs socioculturelles », tandis que le Rwanda évoquait des stéréotypes de genre qui « restent ancrés dans la société » et limitent la capacité des femmes à développer leurs capacités personnelles et professionnelles. De leur côté, le Ghana et le Libéria ont exprimé leur préoccupation quant aux mutilations génitales féminines, encore courantes au sein de leurs populations, le représentant libérien faisant état de consultations avec les chefs traditionnels en vue de l’élimination de cette « tradition ».
« La société d’aujourd’hui reflète toujours la vieille structure patriarcale du passé », a renchéri la déléguée de la jeunesse du Luxembourg, quand d’autres pays préféraient saluer l’impact positif de l’inclusion des femmes aux processus décisionnels et de règlements des conflits, à l’instar de la Géorgie, du Tchad ou de l’Indonésie, cette dernière rappelant qu’elle a fait partie des initiateurs du réseau des négociatrices et médiatrices d’Asie du Sud-Est. Le Nicaragua a quant à lui confié vouloir faire des femmes les porte-flambeaux de l’adaptation et du combat contre les changements climatiques.
Résolument progressifs, des pays comme la Norvège et la Nouvelle-Zélande ont fait état d’un recul alarmant du droit à la santé sexuelle et reproductive, relevant que les libertés des femmes ont régressé et que l’accès aux services connexes est souvent restreint, alors que la mobilisation des « antis » est plus coordonnée et mieux financée qu’auparavant. Sur cette même ligne, l’Islande s’est inquiétée des tentatives visant à « renverser le discours sur l’autonomie corporelle, l’éducation sexuelle complète et le droit à la santé sexuelle et reproductive ».
Évoquant l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême des États-Unis, la délégation américaine a assuré, pour sa part, que cette décision ne modifie en rien l’engagement de l’administration Biden-Harris en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles, ce qui inclut la garantie que toutes les personnes disposent de leur corps et de leur avenir. Une position également défendue par l’Espagne, qui a plaidé pour une société dans laquelle la santé sexuelle, la santé génésique et la santé menstruelle seraient reconnues comme « une partie essentielle du droit à la santé des femmes ».
La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 7 octobre, à partir de 10 heures.
PROMOTION DES FEMMES
Suite de la discussion générale
Mme SULAFA HAMID I. MOUSA (Arabie saoudite) a indiqué que le renforcement des droits des femmes s’inscrit dans la Vision de l’Arabie saoudite à l’horizon 2030 de son pays. À cette fin, a-t-elle ajouté, de nombreux textes juridiques ont été amendés, qu’il s’agisse de la capacité offerte aux femmes de voyager, du droit civil ou du domaine social. Le but des autorités est d’atteindre 32% de femmes dans le marché du travail d’ici à 2030 et d’augmenter parallèlement le nombre de femmes aux postes à responsabilité, y compris dans la diplomatie et la sphère militaire, a précisé la représentante. À cet égard, elle a souligné l’action du royaume sur la question des femmes au-delà de ses frontières, mentionnant l’aide humanitaire ainsi que les apports financiers dans des zones de conflit et de crise, notamment en Afghanistan. La situation des femmes est une question importante pour l’Arabie saoudite et les droits humains sont « incarnés dans nos institutions », a-t-elle assuré.
Mme ALMAHA MUBARAK F. J. AL-THANI (Qatar) a évoqué les efforts que son pays consacre à la promotion des femmes en insistant sur le mot « équilibre »: celui entre les hommes et les femmes, et celui entre la vie professionnelle et la vie domestique de ces dernières. Le Qatar, a-t-elle assuré, valorise la promotion de l’égalité des salaires entre hommes et femmes, dans le secteur public ainsi que dans tous les secteurs d’activité, s’efforçant de laisser toujours plus de femmes accéder aux postes à responsabilité, jusque dans la diplomatie. Le Qatar soutient également la participation des femmes à la vie politique, en tant qu’électrices mais aussi en tant que candidates. Par-delà ses frontières, a encore indiqué la déléguée, le Qatar soutient nombre d’opérations de paix, notamment au Yémen, avec pour boussole la conviction que les femmes sont la clef de la paix. La représentante a salué à cet égard la collaboration de son pays avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Mme INESS CHAKIR, déléguée pour la jeunesse du Luxembourg, a constaté que la société d’aujourd’hui reflète toujours la « vieille structure patriarcale du passé », que ce soit dans les domaines de l’éducation, du marché du travail ou de la politique. Elle a regretté que, malgré la protection légale dont bénéficient les femmes salariées enceintes au Luxembourg, des discriminations persistent en matière d’accès à l’emploi. De même, elle a jugé inacceptable qu’un écart de 1,4% subsiste dans son pays s’agissant des salaires des hommes et des femmes, tout en notant qu’il s’agit du plus faible écart salarial de l’Union européenne. Prenant à son tour la parole, Mme LARA BERTEMES, déléguée pour la jeunesse du Luxembourg, a observé qu’en dépit de l’instauration d’un quota de 40% de femmes candidates sur chaque liste pour les élections, les inégalités persistent car il n’y a que 35% de députées au Parlement luxembourgeois. Elle a déploré, en outre, que le statut de député ne permette pas de prendre de congé parental et a appelé à prendre des mesures pour mieux concilier vie politique et vie de famille.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a rappelé qu’aujourd’hui dans le monde, une femme sur trois avait connu des violences sexuelles et que 500 000 femmes vivaient avec une fistule obstétricale, ajoutant qu’en 2020, 40% des victimes du trafic d’êtres humains étaient des femmes et 20% des filles. Elle a salué les réalisations de son pays, mises en place par l’Institut pour le développement de la femme et indiqué qu’El Salvador avait ratifié la convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la violence et le harcèlement qui est essentielle pour protéger les travailleuses.
Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a indiqué que son gouvernement compte un Ministère de la femme, du genre et de la diversité. Dans l’arène internationale, a-t-elle ajouté, l’Argentine occupe des espaces clefs pour mettre en œuvre une perspective de genre et une approche intersectionnelle, citant notamment son rôle au sein du Conseil exécutif de l’ONU-Femmes, du Bureau de travail de la Commission sur le statut des femmes en plus de sa coprésidence du Groupe restreint LGBTI. Dans le cadre de sa politique étrangère, l’Argentine a nommé une représentante spéciale pour l’orientation sexuelle et l’identité de genre au Ministère des affaires étrangères, du commerce international et du culte. Il s’agit là d’une première, s’est enorgueillie la déléguée. Par ailleurs, avec l’adoption de la loi sur la légalisation de l’avortement, l’État argentin a assumé la responsabilité de légiférer et de protéger la santé et la vie des femmes et des personnes ayant une autre identité de genre et la capacité de porter des enfants. De même, afin de rectifier la répartition inégale du travail de soins, un projet de loi a été élaboré dans le but d’établir un système de soins complets avec une perspective de genre dans le but de progresser vers la création d’un système de congé parental égalitaire.
M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a salué le travail louable d’ONU-Femmes dans le Pacifique, citant notamment les projets et programmes de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles, dans une région où celle-ci est presque deux fois supérieure à la moyenne mondiale. Relevant que la pandémie de COVID-19 a mis en relief l’inégalité entre les sexes, les femmes devant s’occuper des mineurs, des personnes âgées et des malades dans la plupart des ménages, le représentant a appelé à reconnaître le potentiel économique du secteur des services à la personne qui, a-t-il affirmé, a un potentiel important en termes de création d’emplois. Les femmes doivent également bénéficier d’un meilleur accès aux prêts et aux allocations pour renforcer leur statut économique.
Après s’être inquiété de la persistance de la traite des femmes et des jeunes filles, le représentant a indiqué que les Fidji se sont engagées à intensifier ses efforts pour mettre un terme à la fistule obstétricale, déplorant que la santé maternelle demeure un aspect négligé des services de santé. Il a appelé les États à renforcer les politiques et les institutions qui fournissent des soins médicaux appropriés aux femmes lors de l’accouchement, tout en relevant que la multiplicité des crises, les changements climatiques notamment, détournent les ressources pouvant être consacrées à la santé maternelle. La COVID-19 a touché les femmes de manière bien plus disproportionnée qu’on ne peut l’imaginer, a-t-il constaté
Mme MARIE-ADÉLAÏDE MATHEÏ (Belgique) a estimé que la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes devrait être au centre de toute action future en termes de lutte contre les inégalités de genre. Si 189 États l’ont ratifiée, elle a déploré que nombre d’entre eux aient néanmoins émis des réserves de fond, dont certaines portent tout bonnement sur l’engagement à éradiquer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, y compris la discrimination fondée sur le sexe. Elle a exhorté ces États à retirer ces réserves, et annoncé que dans une dizaine de jours, son pays engagera un dialogue constructif avec le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur la mise en œuvre de la Convention en Belgique, une étape qu’elle a jugée fondamentale, mais dans laquelle un nombre considérable d’États ne se sont pas engagés, a-t-elle regretté.
La crise alimentaire mondiale, l’inflation galopante et les catastrophes climatiques affectent les femmes et les filles en les rendant plus vulnérables que jamais, a déploré M. LIRE (Éthiopie). Il a aussi relevé que les femmes ont joué un rôle immense dans la riposte à la COVID-19, avant de souligner leur contribution à la préservation et la restauration de l’environnement, ainsi qu’au maintien de la paix et de la sécurité. Pourtant, a déploré le délégué, elles continuent d’être les plus touchées par les difficultés socioéconomiques en cas de crise, tout particulièrement dans les pays en développement où les problèmes structurels sont bien antérieurs à la pandémie. Si pour de nombreux pays développés, la pandémie est synonyme de crise sanitaire, des pays comme l’Éthiopie doivent subir en plus une crise économique, éducative et de l’emploi, a-t-il signalé.
Évoquant la sécheresse qui sévit dans sa région, « la pire depuis des décennies », le représentant a appelé les pays développés à soutenir le monde en développement, notamment via des transferts de technologies ou un partage de connaissances. Il a ensuite mentionné différentes stratégies nationales destinées à promouvoir les femmes et les filles, se félicitant par exemple d’un taux de scolarisation en nette hausse. Après avoir relevé qu’une femme est aujourd’hui à la tête de l’État éthiopien, le représentant s’est réjoui de la baisse importante de la mortalité maternelle. Beaucoup de défis restent à surmonter, a-t-il cependant reconnu, citant les mutilations génitales féminines et les mariages précoces. Les femmes sont toujours victimes de complications liées à l’accouchement, a-t-il aussi déploré, avant d’évoquer le fléau de la fistule obstétricale. Enfin, rappelant l’augmentation dramatique des violences à l’égard des femmes, il a assuré que l’Éthiopie a adopté une politique de tolérance zéro à cet égard et a appelé à davantage d’efforts au sein de la communauté internationale.
M. MAURIZIO MASSARI (Italie)a exhorté à promouvoir l’inclusion de toutes les femmes dans les sphères publiques, avant de rappeler le soutien accru de son pays à l’UNICEF et ONU-Femmes. L’année prochaine, l’Italie assumera la vice-présidence du conseil d’administration d’ONU-Femmes, s’est-il réjoui. Le représentant en a profité pour rappeler la déclaration ministérielle audacieuse publiée lors du récent forum politique de haut niveau, qui comprenait un examen approfondi de l’ODD 5. Nous avons reconnu que les femmes et les filles sont souvent confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination, a-t-il souligné, jugeant qu’il est désormais temps de passer des paroles aux actes.
De l’avis du délégué, il est impossible de libérer le plein potentiel des femmes et des filles sans garantir une éducation de qualité et sans éradiquer toutes les formes de violence. Il a donc confié sa hâte de voir les projets de résolution de la Troisième Commission adoptés par l’Assemblée générale cette année. Notant par ailleurs que, pendant les crises humanitaires, les femmes et filles sont touchées de manière disproportionnée, il a souhaité que leurs besoins soient mieux pris en compte dans les situations d’urgence. Il a également condamné les violences utilisées comme des armes de guerre, appelant à faire en sorte que les auteurs de tels agissements soient tenus responsables. Chacun d’entre nous a la responsabilité d’agir en tant que « champion du genre », a-t-il encore estimé en insistant sur l’importance de la sensibilisation à ces questions.
M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a rappelé que la Syrie a été le premier pays du Moyen-Orient à accorder le droit de vote aux femmes en 1948 et le premier pays arabe à permettre aux femmes de devenir députées. Il a indiqué qu’aujourd’hui en Syrie, 36% des avocats et 44% des fonctionnaires sont des femmes. Il s’est félicité de l’entrée en vigueur de la loi de 2020 abrogeant la circonstance atténuante pour les crimes d’honneur et a précisé que les femmes syriennes peuvent désormais passer leur nationalité à leur enfant, même si le père est étranger. Le délégué a par ailleurs annoncé la mise en œuvre d’un un plan national destiné à réduire le pourcentage de mariage précoce de 13% à 5%.
Mme SOUEDA EL GUERA (Mauritanie) a affirmé que plusieurs plans d’action nationaux ont été mis en place pour protéger les femmes et les filles, l’un d’eux visant à prévenir le mariage précoce. Elle s’est par ailleurs enorgueillie que des femmes occupent des postes élevés dans la magistrature et la police de son pays, avant de relever que les femmes représentent 30% des électeurs mauritaniens. Elle a aussi indiqué que le Gouvernement mauritanien s’emploie à aplanir les obstacles pour la scolarisation des filles et a annoncé qu’un projet de loi sur la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles a été présenté au Parlement.
Mme ABRA ESENAM GUINHOUYA (Togo) a indiqué que son pays, dans sa recherche de l’équité et de l’égalité des sexes, s’emploie à accroître la participation des femmes à la prise de décision dans la sphère publique. Des actions sont également menées au niveau national pour éliminer la violence sexiste et autonomiser les femmes et les filles, a-t-elle ajouté, reconnaissant toutefois que ces efforts sont freinés par la persistance des pesanteurs socioculturelles et des comportements violents. Pour y remédier, a-t-elle affirmé, le Togo entend poursuivre, avec l’appui de ses partenaires, la mise en œuvre de son plan national de développement, qui prévoit des mesures favorisant l’inclusion, l’autonomisation et la représentativité des femmes.
Le renforcement de leur protection contre les discriminations et la facilitation de leur accès à la terre, au crédit, aux équipements et à la technologie figurent aussi parmi les mesures envisagées, a précisé la déléguée.
M. JAVIER LEONARDO SALAS DE LOS RIOS (Pérou) a assuré que son pays honore ses engagements et obligations au titre des conventions régionales et mondiales pertinentes pour faire respecter les droits fondamentaux des femmes et des filles, notamment l’accès à la santé reproductive. Au sein des Nations Unies, a-t-il également relevé, le Pérou fait partie de l’initiative Nexus, dont l’objectif est d’atteindre une croissance économique inclusive durable en vue de rompre les cycles générationnels de pauvreté. Il a ajouté que, sur le plan national, son pays a adopté en avril 2019 une politique en matière d’égalité de genre, reconnaissant ainsi que la discrimination structurelle est un problème d’ordre public qui touche en particulier les femmes d’ascendance africaine, les autochtones et les femmes en milieu rural. Le Pérou a également adopté en mars 2020 un plan stratégique multisectoriel qui établit des indicateurs et des objectifs actualisés, mis en équation avec les orientations en matière de politique publique à l’échelon national, régional et local, a précisé le représentant.
M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a assuré que « tous les droits des femmes » sont réalisés dans son pays. Il en a voulu pour preuve le fait qu’une travailleuse ordinaire de l’assemblée des femmes peut devenir députée à l’Assemblée populaire suprême, où sont discutées les affaires de l’État. Il a mentionné le système universel de soins médicaux gratuits et le système social de la RPDC, qui permettent aux femmes de « travailler et vivre confortablement, sans aucun souci ». Le délégué a ensuite longuement fustigé l’armée japonaise, qui, au cours du siècle dernier, a contraint 200 000 femmes et jeunes filles de Corée et d’autres pays à l’esclavage sexuel. Le Japon, a martelé le représentant, ne s’en est jamais excusé. Pis encore, a-t-il ajouté, le Japon « s’accroche à des stratagèmes déformants et trompeurs pour effacer ses crimes de l’histoire ». Il a enfin réaffirmé l’attachement de son pays aux cadres internationaux de promotion des femmes, notamment à la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, à laquelle la RPDC a adhéré en 2001.
Mme ALKOOHEJI (Bahreïn) a fait observer que les femmes de son pays ont pu participer à des élections municipales dès les années 1930. Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, Bahreïn s’emploie à promouvoir les femmes sur le marché du travail, comme en atteste notamment l’aide financière octroyée à des milliers d’entrepreneures. De plus, les droits des femmes sont protégés par une législation et des directives, a souligné la déléguée, non sans saluer le « volontarisme » du roi du Bahreïn et de son épouse sur ces questions. Elle s’est félicitée à cet égard du lancement avec ONU-Femmes d’un prix pour l’autonomisation des femmes qui porte le nom du prince héritier. Ce prix incarne les efforts du pays sur la voie de l’égalité des genres, a assuré la représentante, avant de signaler la préparation d’un nouveau plan de promotion des femmes pour la période 2023-2030, dans la droite ligne de celui courant de 2013 à 2022.
M. ADAM HAMID (Maldives) s’est inquiété des effets néfastes de la pandémie de COVID-19, de l’insécurité alimentaire et des changements climatiques, qui affectent les femmes et les filles de manière disproportionnée. Il a également dénoncé « l’héritage d’un monde injuste et patriarcal », qui limite leur potentiel et dévalorise leurs contributions. Le délégué a rappelé que son pays a parrainé la résolution sur la Journée internationale des femmes dans la diplomatie, ce qui témoigne, selon lui, de son engagement à atteindre l’égalité des sexes à tous les niveaux. Il a aussi rappelé que la « jeune démocratie » maldivienne a levé l’interdiction constitutionnelle pour les femmes de se présenter à l’élection présidentielle en 2008, promulgué une loi sur l’égalité des sexes en 2016 et modifié la législation sur la décentralisation en 2019 pour attribuer 33% des sièges des conseils locaux aux femmes. M. Hamid a ajouté que, pour la première fois, deux femmes ont été nommées juges à la Cour suprême en 2019 et que le pourcentage de femmes juges est passé de 5% en 2018 à 13% actuellement. Il s’est enfin félicité qu’un tiers des ministres du Gouvernement maldivien soient des femmes et que certaines détiennent des portefeuilles clés comme la défense, les transports, l’environnement, les changements climatiques et la technologie.
Depuis le début de la pandémie, 45% des femmes ont signalé qu’elles-mêmes ou une femme de leur entourage ont été victimes de violence, a rappelé M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), s’alarmant par ailleurs du problème croissant de la violence en ligne. Les violences contre les femmes ont un effet paralysant sur leur participation à la vie publique, a-t-il souligné, précisant qu’une démocratie pleine et entière ne peut être atteinte sans une participation de l’ensemble de la population. Appelant à reconnaître ces problématiques et à les étudier, il a fait état de la création d’un observatoire sur les violences fondées sur le genre en Uruguay, qui a pour mission de collecter et traiter ce type d’informations, en prenant en compte les diversités raciale et générationnelle ou encore les situations de handicap.
Recommandant par ailleurs de réformer les cadres juridiques pour mieux protéger les femmes et les filles, le représentant a signalé la création en Uruguay de tribunaux spécialisés sur les violences à l’égard des femmes ainsi que la mobilisation de ressources financières pour renforcer cette lutte. Il a relevé à cet égard que, selon les données de la Banque mondiale, 7% seulement des femmes portent plainte car elles pensent souvent que l’État n’est pas capable de répondre à ces violences. Cela atteste, selon lui, d’un manque de services de qualité et de soutien adapté.
M. SEYDOU SINKA (Burkina Faso) a déploré la vulnérabilité exacerbée des femmes et filles dans le contexte mondial actuel, avant de détailler les mesures mises en place par son pays pour y remédier. Il a indiqué qu’un programme destiné aux femmes et aux jeunes a permis la création de 6 613 micro-projets économiques portés par des femmes en 2018, puis 1 385 en 2019, et que 20 000 femmes vulnérables du secteur informel ont reçu un soutien financier en 2020. Le représentant a par ailleurs fait état de la création entre 2019 et 2020 de 1 690 cellules de veille contre les mutilations génitales féminines, ce qui a permis d’obtenir 1 698 déclarations publiques d’abandon de ces pratiques. Il a également mentionné un programme de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Enfin, il a rappelé que son pays a adopté une loi électorale afin de porter à au moins 30% la représentativité des femmes dans les instances décisionnelles.
M. SANUSI (Sierra Leone) a souligné l’engagement de son pays en ce qui concerne l’accès à la justice des femmes victimes de violences sexuelles. Il a également rappelé que la Sierra Leone a été coauteur, avec le Japon, d’une résolution dédiée à cette question, adoptée lors de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale. Le représentant a ensuite détaillé les mesures prises au niveau national, notamment la mise en place d’une ligne d’appel pour les victimes de violences sexuelles, l’amendement en 2019 à la loi de 2012 sur les infractions sexuelles et l’entrée en vigueur prévue ce mois-ci d’une loi sur l’égalité des genres. Enfin, après avoir déploré que les femmes ne représentent encore que moins de 20% des élus dans son pays, il a annoncé l’adoption prochaine d’une loi réservant un tiers des sièges des assemblées aux femmes.
Mme MYAN TANTAWY (Émirats arabes unis) a tout d’abord énuméré les hauts postes occupés par des femmes dans son pays, relevant que les femmes sont représentées aussi bien au Conseil national qu’au sein du Ministère des affaires étrangères. La représentation des femmes à ces postes est cruciale, au vu de leur contribution unique qui garantit la prise en compte des besoins des femmes et des filles, a-t-elle souligné. La représentante a d’autre part indiqué que, pour faire progresser la parité entre les genres dans le contexte régional, son pays a lancé en septembre dernier le centre d’excellence des Émirats arabes unis pour l’équilibre entre les sexes, en partenariat avec la Banque mondiale. Ce centre constituera, selon elle, une plateforme d’échange de bonnes pratiques et d’informations pour faire progresser le rôle des femmes et des filles dans la région. Sa création s’inscrit dans le cadre de la stratégie 2026 du Conseil émirien pour l’équilibre entre les sexes, qui vise à intégrer la dimension de genre et à réduire les écarts entre les sexes dans tous les secteurs. La déléguée a ajouté qu’au plan économique, les Émirats arabes unis ont introduit des lois sur l’égalité de rémunération pour un travail égal. Enfin, elle a signalé que, depuis sa fondation, son pays a fait de l’égalité dans l’accès à l’éducation un pilier fondamental de la construction de sa société. Elle s’est donc enorgueillie que les femmes émiriennes représentent aujourd’hui 70% de tous les diplômés universitaires.
M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) s’est inquiété de voir les normes et standards internationaux établis continuellement remis en question, même ceux qui ont été convenus collectivement dans le cadre des objectifs de développement durable. Il s’est notamment alarmé des tentatives visant à « renverser le discours sur l’autonomie corporelle, l’éducation sexuelle complète et le droit à la santé sexuelle et reproductive ». La réalisation de ces droits implique que l’accès de toutes les femmes et filles à l’ensemble des services de santé sexuelle et reproductive soit garanti, a-t-il martelé. Pour ce faire, elles doivent être conscientes de leur capacité à réaliser leurs droits reproductifs, d’où l’importance d’une éducation sexuelle complète. Rappelant que la Troisième Commission examinera des projets de résolution relatifs aux pratiques néfastes que sont les mariages d’enfants, les mariages précoces et forcés et les mutilations génitales féminines, ainsi que la fistule obstétricale et de la traite des femmes et des filles, le représentant a pressé les délégations à prendre la mesure de ces sujets afin de rester en phase avec le Programme 2030.
Mme ALMANSOUR (Koweït) a mis l’accent sur l’article 29 de la Constitution de son pays, qui garantit l’égalité de tous les citoyens sans distinction. La déléguée s’est réjouie de la présence de femmes dans tous les secteurs de la société koweïtienne, y compris à des postes de direction, notamment dans la diplomatie, la police, la sphère judiciaire et au Parlement national. Un corpus de règles protège les femmes dans divers aspects de leur vie, y compris dans leur autonomie économique, a-t-elle indiqué. Assurant que son pays continuera de soutenir les efforts internationaux visant à la réalisation de l’ODD 5, la déléguée a insisté sur la promotion des femmes et des jeunes filles à l’échelon local, ainsi que sur l’importance des échanges de bonnes pratiques.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a rappelé que, selon les données récentes, 40 années seront nécessaires pour que les femmes soient représentées sur un pied d’égalité dans les instances dirigeantes. Évoquant les politiques de discrimination positives mises en place au Népal pour garantir la participation à l’emploi ou dans le secteur de la santé, le représentant a également cité le code civil et le code pénal de son pays, qui interdisent par exemple la discrimination salariale et érigent en infraction le mariage pour les moins de 20 ans. Pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive, des dispositions prévoient la liberté d’avorter dans les structures de santé publique, a-t-il indiqué. Le délégué a aussi fait état de législations concernant le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, la lutte contre la traite des personnes et la non-discrimination pour les victimes de violences sexuelles et de viols. Il a par ailleurs indiqué que la loi sur les violences intrafamiliales érige en infraction les accusations de sorcellerie, avant de préciser que le Népal dispose d’un organe indépendant, la Commission nationale des femmes, pour protéger les droits de ces dernières.
M. WEERASEKARAGE CHATHURA RAMYAJITH WEERASEKARA (Sri Lanka) s’est inquiété que les violences subies par les femmes et les filles aient été exacerbées par la pandémie de COVID-19. Il a salué les progrès significatifs réalisés dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, tout en regrettant le manque de participation des entreprises privées en la matière. Le délégué a plaidé en faveur d’une meilleure intégration des femmes dans le secteur privé, affirmant que les entreprises fondées par des femmes généraient des revenus deux fois plus élevés par dollar investi que celles dirigées par des hommes. En outre, combler l’écart entre les sexes ferait croître le PIB mondial de 4 000 milliards de dollars.
Évoquant les preuves évidentes que la participation des femmes conduit à l’établissement d’une paix durable, le représentant a regretté qu’elles restent « largement exclues » des processus de paix, avec seulement 6% de femmes médiatrices et signataires et 13% de femmes négociatrices dans le monde entre 1992 et 2019. Le représentant a ensuite rappelé les « bons antécédents » de Sri Lanka en matière d’égalité des sexes et qu’il avait été l’un des premiers pays à autoriser le vote des femmes en 1931. Il s’est félicité de l’introduction d’un quota pour les femmes dans les organes de gouvernements locaux, faisant passer leur part à 22% en 2018, ainsi que de la mise en place de points focaux pour l’égalité des sexes dans les directions des ministères. Il a précisé que le projet de politique nationale en faveur des femmes en cours de formulation visait à abroger les lois discriminatoires et accordait une attention particulière à l’intersectionnalité en matière d’ethnicité, de classe sociale et de caste.
M. JOSÉ EDUARDO PEREIRA SOSA (Paraguay) a indiqué que son pays met actuellement en œuvre son quatrième programme national dédié à la promotion des femmes, qui prévoit entre autres dispositions la création d’un système unifié pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des services de santé gratuits pour les victimes. Le représentant a aussi fait état de la mise en place d’un label « entreprises exemptes de violences à l’égard des femmes » et du lancement d’un service de formation gratuite à la programmation informatique pour les femmes.
M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a assuré que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles continuent d’être des objectifs politiques majeurs de son gouvernement. Selon lui, les actions menées dans ces domaines portent leurs fruits puisqu’aujourd’hui, plusieurs postes décisionnels clefs sont occupés par des femmes. Il a ainsi précisé que 55% des membres du Cabinet sont des femmes, de même que 61% des parlementaires et 49% des juges à la Cour suprême. De plus, a-t-il relevé, un environnement juridique favorable a contribué de manière significative à la réalisation de l’égalité des sexes dans différents secteurs, notamment la mise en œuvre d’une budgétisation sensible au genre dans tous les ministères et au niveau local. Toutefois, a reconnu le délégué, il reste des défis et des lacunes à combler, en particulier s’agissant des stéréotypes liés au genre qui restent ancrés dans la société et continuent de limiter la capacité des femmes et des filles à développer leurs capacités personnelles et à poursuivre leur carrière professionnelle.
Mme RAHMA SAMAI (Algérie) a rappelé l’adhésion de son pays à de multiples cadres internationaux ou régionaux de protection des droits des femmes, parmi lesquels la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a également souligné que tout forme de discrimination est punie par le code pénal algérien. L’Algérie, a-t-elle ensuite assuré, encourage la participation effective des femmes aux postes de direction, en adéquation avec sa Constitution, dont l’article 68 consacre la parité sur le marché du travail. De surcroît, la loi 1190 prévoit une égalité salariale pour tous les travailleurs. Ce cadre porte ses fruits puisque les femmes représentent 42% de la population active, s’est-elle enorgueillie. La déléguée a par ailleurs pointé, les causes sociales et économiques ainsi que les crises qui conduisent à l’exploitation des femmes et à la traite des personnes. Même si l’Algérie n’est pas « directement touchée » par ce fléau, elle l’anticipe via une convention nationale sur la question, a-t-elle expliqué
Mme OLIMPIA RAQUEL OCHOA ESPINALES (Nicaragua) s’est félicitée du rang tenu par son pays dans nombre de classements, parmi lesquels celui du Forum économique et politique mondial, où il se classe au septième rang mondial en matière d’équité entre les sexes, et en cinquième position en matière d’importance politique des femmes. Le Nicaragua reconnaît et salue le rôle central des femmes, notamment des femmes autochtones, dans la société, a-t-elle renchéri. La déléguée s’est toutefois élevée contre l’imposition de mesures coercitives unilatérales « illégales et inhumaines », y voyant un obstacle majeur pour l’exercice des droits des femmes dans les pays en développement. Malgré ces mesures, l’Assemblée nationale du Nicaragua a adopté plusieurs lois, dont une contre la violence à l’égard des femmes. De plus, le pays a renforcé son cadre juridique pénal existant, notamment via une loi sur la cybercriminalité. Enfin, a-t-elle ajouté, le Nicaragua s’emploie à faire des femmes les porte-flambeaux de l’adaptation et du combat contre les changements climatiques.
Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) a indiqué que la Constitution de son pays a été amendée en 2010 afin de renforcer la place des femmes grâce à l’introduction du concept de « discrimination positive » à l’égard des groupes vulnérables. Elle a également fait état de réformes visant à empêcher les employeurs de faire preuve de discrimination à l’égard des femmes, saluant au passage l’importante contribution de la société civile. S’agissant des violences faites aux femmes, la représentante a insisté sur le principe de tolérance zéro sur lequel s’appuient une loi de 2012 et un plan d’action de 2021. Elle a aussi signalé la mise en place de 149 foyers pour femmes dans 81 villes pour proposer des services essentiels tels que le soutien financier temporaire et des conseils juridiques.
Évoquant ensuite l’autonomisation des femmes, la déléguée a estimé que la participation des femmes est essentielle à la démocratie. Elle s’est réjouie de la multiplication par quatre, au cours des dernières élections, du nombre d’élues femmes. Elle a également salué le nombre croissant de femmes parmi les enseignants, les académiciens, les médecins et les avocats, tout en reconnaissant que des progrès restent à accomplir. Enfin, elle a exprimé son soutien au bureau régional d’ONU-Femmes à Istanbul, avec lequel la Türkiye coopère étroitement.
Soulignant l’impact de la pandémie, des changements climatiques et des conflits sur les femmes, Mme EKATERINE LORTKIPANIDZE (Géorgie) a assuré que des mesures significatives ont été prises par son pays pour y faire face. Elle a ainsi évoqué le lancement de la deuxième stratégie nationale sur les droits humains, qui consacre tout un chapitre à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les violences domestiques. Outre cette stratégie, des plans d’action sont en cours d’adoption, après avoir été élaborés avec l’aide d’ONG et de militantes, a-t-elle signalé. Ils intègrent des mesures concrètes pour encourager la participation des femmes à la vie publique et politique. À cet égard, la déléguée a signalé que la mise en place de quotas de genre pour les élections ont permis une participation accrue des femmes.
Par ailleurs, a poursuivi la représentante, l’accès aux ressources économiques et l’entreprenariat féminin constituent des priorités pour le Gouvernement géorgien, qui se soucie notamment de la situation des femmes en zone rurale. Un projet de promotion de la connexion à Internet dans les zones reculées et de sensibilisation au numérique est également mis en œuvre, a-t-elle indiqué, avant d’évoquer l’action des autorités géorgiennes contre la discrimination et le harcèlement sur le lieu de travail. Enfin, après avoir souligné l’importance de participation effective des femmes aux processus de paix, elle a rappelé que les femmes vivant dans les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali, occupées par la Russie continuent de subir des violations graves de leurs droits. Selon elle, l’absence de mécanisme de suivi international contribue à la détérioration de la situation humanitaire et des droits humains sur le terrain.
Mme FIONA WEBSTER (Australie) a estimé que l’urgence d’accélérer l’action en faveur de l’égalité des sexes ne fait que croître dans le sillage de la pandémie de COVID-19, des changements climatiques et des conflits résurgents et émergents. Constatant que, dans ce contexte, les femmes et leurs droits sont menacés, elle a appelé à des efforts coordonnés pour « repousser les limites ». Pour sa part, a indiqué la représentante, l’Australie a fait de la promotion des droits fondamentaux des femmes et des filles une priorité, tant au niveau national qu’international. Une stratégie nationale a ainsi été lancée pour parvenir à une égalité des sexes réelle, a-t-elle relevé, précisant que ce dispositif vise à garantir la sécurité économique des femmes, notamment via des mesures de réduction de l’écart de rémunération entre hommes et femmes. Soucieux de faire progresser ces questions dans la région Pacifique et en Asie du Sud-Est, le pays se tient aux côtés de ses voisins, a-t-elle ajouté. Pour l’Australie, il s’agit de répondre aux préoccupations communes en matière de sécurité climatique, de prospérité économique, de lutte contre la violence sexiste et de promotion du programme « femmes, paix et sécurité », a conclu la déléguée.
Mme FEBRIAN IRAWATI MAMESAH (Indonésie) s’est félicitée de la mise en place par son pays d’un indice pour l’égalité des genres en 2021 et de l’entrée en vigueur cette année d’une loi « historique » sur les violences à l’égard des femmes. Elle a d’autre part signalé, qu’il y a désormais plus de filles que de garçons dans le système scolaire indonésien et que le pays a créé depuis 2004 plus de 700 agences régionales pour l’autonomisation des femmes et la protection de l’enfance. Enfin, après avoir souligné l’importance de la participation des femmes aux processus de règlement des conflits et différends, elle a rappelé que l’Indonésie a fait partie des initiateurs du réseau des négociatrices et médiatrices d’Asie du Sud-Est.
M. MICHAEL ALEXANDER GEISLER (Allemagne) a noté que, face aux nombreux défis actuels, les femmes sont touchées de manière disproportionnée mais ne sont pas des « victimes passives ». Elles contribuent aux changements en vue d’assurer la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde, a-t-il fait valoir, ajoutant qu’« on ne peut pas remporter la partie si seulement la moitié de l’équipe est sur le terrain ». Il a ensuite assuré que son pays mène une politique étrangère féministe, avant d’observer que la situation des femmes dans un pays est un bon indicateur de la situation des droits humains en général. Il a tenu, à cet égard, à rendre hommage aux femmes iraniennes qui luttent courageusement pour leur dignité, dénonçant leur répression comme une atteinte aux droits humains.
Mme CECILIA FORGBE MC GILL (Libéria) a indiqué que son pays a développé un cadre juridique national et ratifié plusieurs instruments régionaux et internationaux pour lutter contre les inégalités entre les sexes. Sur le plan national, elle a fait mention d’une politique de planification et de budgétisation sensible au genre et de la création d’unités de genre et d’inclusion dans l’ensemble du gouvernement. Reconnaissant toutefois que le pays souffre d’une faible représentation des femmes au Parlement, elle a fait état de la volonté son exécutif d’inclure dans les lois électorales un quota obligatoire de 30% de femmes. La déléguée s’est réjouie à cet égard de la nomination d’une juge au poste de présidente de la Cour suprême du Libéria, notant une présence accrue de femmes à de nombreux postes à responsabilité, y compris ministériels.
La déléguée a ajouté que, face à la recrudescence de la violence contre les femmes, son pays a pris en ensemble de mesures, dont la mise en place d’un groupe de travail interministériel sur la violence sexuelle et sexiste. Le Libéria tente également de lutter contre les mutilations génitales féminines, en poursuivant des consultations avec les chefs traditionnels en vue de l’élimination de cette pratique traditionnelle, a expliqué la déléguée. En tant que contributeur de troupes dans plusieurs missions de maintien de la paix de l’ONU, le Libéria veille aussi à ce que les femmes soldates et policières aient des chances égales d’être déployées. À ce jour, plus de 31% de ces femmes sont déployées en qualité d’expertes militaires ou d’officiers d’état-major, a-t-elle précisé.
M. RAHMAN (Bangladesh) a averti que, selon un récent rapport d’ONU-Femmes et du Département des affaires économiques et sociales, il faudrait –au rythme actuel- 286 ans pour atteindre l’égalité des sexes. « Ne perdons pas de temps » a-t-il exhorté, indiquant que son pays alloue 27% de son budget total à l’autonomisation sociale et économique des femmes. Dans l’échiquier politique comme dans l’économie, la représentation des femmes est assurée à tous les niveaux, a-t-il assuré. Il a relevé que, si la contribution des femmes à la croissance du PIB est passée à 34%, l’objectif est d’atteindre 50% de femmes dans tous les secteurs d’activité d’ici à 2030. Le représentant a ajouté que son pays s’attaque à d’autres défis sociaux, tels que le mariage des enfants ou la traite des personnes, en adoptant et appliquant rigoureusement des lois.
Évoquant ensuite les efforts déployés par le Bangladesh au niveau international, il a salué les engagements pris lors du récent Sommet sur la transformation de l’éducation, non sans souhaiter que la communauté internationale passe des paroles aux actes. Enfin, il a encouragé les gouvernements à créer un environnement favorable à la participation égale des femmes et à apporter un soutien financier aux ONG qui y travaillent. Ces organisations ont, selon lui, une carte essentielle en main, celle de promouvoir les femmes au niveau de la base des sociétés.
M. AVITAL MIMRAN ROSENBERG (Israël) s’est félicité de la loi sur l’égalité des chances au travail en vigueur dans son pays depuis 34 ans. La lutte contre la violence sexiste est également placée au premier plan de la technologie israélienne, a-t-il dit, mentionnant, entre autres innovations, une application permettant aux femmes d’alerter quant à des relations potentiellement violentes. L’égalité des genres était déjà inscrite dans la Déclaration d’indépendance du pays, a rappelé le délégué, qui a aussi cité la loi sur l’égalité des droits des femmes de 1951. Israël soutient le militantisme des filles et jeunes femmes, qui leur permet de façonner le destin de leur communauté, a encore affirmé le représentant, selon lequel Israël s’emploie, à cette fin, à lutter contre toutes les formes d’abus et d’environnement hostile, en ligne et hors ligne.
M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a signalé que son gouvernement a intégré la question des femmes dans tous les secteurs depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue en 1995 à Beijing. Estimant que le monde ne pourra réaliser pleinement les ODD sans égalité des genres, il a appelé à éradiquer la pauvreté et à prendre des mesures économiques concrètes pour l’autonomisation des femmes. Pour preuve de la détermination de son pays à soutenir cette cause, il a cité le programme « Nigeria for Women », soutenu par la Banque mondiale, qui vise à améliorer les moyens de subsistance des femmes dans des régions ciblées. Il a également indiqué que les institutions financières nigérianes sont invitées à garantir un accès de leurs services aux femmes. S’agissant enfin de la question de la violence à l’égard des femmes, il a annoncé le lancement d’une plateforme électronique destinée à documenter les faits et à permettre un mécanisme de suivi, de poursuites judiciaires et de compensation des victimes et de leurs familles.
Mme OJEDA TAPIA (Chili) a évoqué les mesures mises en place au niveau national pour améliorer la participation égale des femmes et leur autonomisation, citant le quatrième plan national pour l’égalité femmes-hommes 2018-2030, qui vise à éliminer toutes les formes de discrimination arbitraire à l’égard des femmes. Nous avons également cherché à renforcer les réglementations pour l’égalité dans le secteur des soins, en mettant fin à des conditions de travail et rémunérations arbitraires, a-t-elle signalé.
Abordant ensuite les violences à l’égard des femmes, la représentante a indiqué que le Chili s’efforce de rendre accessible des programmes de prise en charge, notamment pour les populations autochtones, tout en agissant pour éliminer les cas de fistule obstétricale et les mutilations génitales féminines. La déléguée a en outre indiqué porter une attention particulière à la violence suscitée par les technologies de l’informations et des communications (TIC). Selon une étude, l’incidence de la violence en ligne peut être aussi grave que les violences hors ligne, a-t-elle fait valoir. S’agissant enfin de la participation des femmes en politique, elle a rappelé que seuls 21 pays ont des femmes à la tête de leur État ou de leur gouvernement. À ce rythme, la parité ne sera pas atteinte avant 130 ans, a-t-elle compté, plaidant pour une plus grande participation des femmes à la vie publique.
M. BOUCAUL (France) a d’entrée condamné la répression brutale de l’appareil sécuritaire iranien face à des femmes, rejointes par des hommes, qui manifestent en Iran avec courage et aspirent à la liberté. Il a indiqué que la France agit concrètement à travers sa diplomatie féministe, citant notamment l’organisation, avec le Mexique et ONU-Femmes, du Forum Génération Égalité en juin 2021; les 40 milliards de dollars de financements mobilisés pour faire avancer l’égalité de genre à travers un plan d’action quinquennal; ou encore les 400 millions d’euros consacrés aux droits sexuels et reproductifs et à la santé des femmes et des filles, sur la période 2021-2025.
Le représentant a fait part de la détermination de la France à continuer à défendre sans relâche le droit des femmes à disposer librement de leur corps ainsi que la reconnaissance du droit à l’avortement en tant que droit fondamental. Il a aussi fait part du soutien actif de son pays à la société civile et notamment aux associations féministes partout dans le monde grâce au fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF) financé à hauteur de 120 millions d’euros. Face aux violences faites aux femmes, la France soutient le fonds mondial pour les survivantes de violences sexuelles liées aux conflits, cofondé par le Dr Denis Mukwege et Nadia Murad, à hauteur de 6,2 millions d’euros sur la période 2020-2022.
Mme SAIMA SALEEM (Pakistan) a expliqué la solidité et la résilience de son pays par la puissance des femmes autonomisée qui « brisent tous les plafonds de verre ». Elle s’est réjouie à cet égard de voir des femmes avancer partout et devenir des agentes du changement. Au Pakistan, a-t-elle souligné, les femmes sont présentes dans tous les domaines, politique, économique et social. Elles occupent des postes au plus haut niveau, y compris en tant que Premier Ministre, Gouverneur de la Banque du Pakistan, porte-parole de l’Assemblée nationale ou encore juge à la Cour suprême. Des femmes pakistanaises assument également des responsabilités à l’échelle fédérale et locale, ainsi que parmi les Casques bleus de l’ONU, a relevé la représentante.
Abordant la question des changements climatiques, la déléguée a rappelé que son pays a récemment été frappé par la plus grave catastrophe naturelle de son histoire, des inondations qui ont pris des proportions gigantesques, affectant plus de 33 millions de personnes. Six millions d’entre elles ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, alors que les dégâts s’élèvent à quelque 30 milliards de dollars jusqu’ici, a-t-elle précisé, ajoutant que parmi les personnes les plus à risque figurent 1,6 million de femmes en âge de procréer et 130 000 femmes enceintes, dont plus de 42 000 devraient accoucher dans les trois mois à venir.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a rappelé que le Gouvernement élu du Myanmar avait pris des mesures afin de garantir la pleine jouissance des droits des femmes et des filles, citant entre autres la stratégie nationale pour la promotion des femmes. Cependant, a-t-il déploré, tous ces développements importants ont été complètement démolis par le coup d’État de février 2021. Les droits des femmes sont particulièrement violés par la junte, a-t-il signalé, avant d’évoquer l’assassinat de femmes et de filles pour avoir exercé leur liberté d’expression. Nous avons des exemples de crimes atroces perpétrés par les militaires ces dernières années, a-t-il encore indiqué, alertant sur le fait que de plus en plus de femmes et de filles deviennent victimes de la traite des personnes. Face à une situation qui s’aggrave au quotidien, nous faisons appel à une aide internationale « qui n’arrive pas », s’est-il indigné, saluant la détermination du peuple du Myanmar à mettre fin au régime actuel. « Nous demandons une solution immédiate » de la part de la communauté internationale, a exhorté le représentant.
M. SULEIMAN H. SULEIMAN (Tanzanie) a mis l’accent sur le nombre important de femmes occupant des postes stratégiques dans son pays, notamment à la tête de grands ministères. Les femmes représentent aussi plus d’un tiers des parlementaires à l'Assemblée nationale, laquelle est présidée par une femme, a-t-il précisé, ajoutant que le pourcentage de femmes juges est passé à 43%. Dans le secteur privé, également, un grand nombre de femmes ont des postes à responsabilité, ce qui démontre, selon lui, que la Tanzanie est sur la bonne voie pour la réalisation de l’ODD 5.
Poursuivant, le représentant a énuméré les différentes lois promulguées et les cadres adoptés pour lutter contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des filles et garantir la non-discrimination à leur égard, au même titre que pour les séniors et les personnes infectées ou affectées par le VIH/sida. Il a ajouté que son gouvernement mène de vastes campagnes d'éducation publique sur ces questions et que, chaque 1er mars, le pays célèbre la journée de la « discrimination zéro » pour sensibiliser sur les attitudes et pratiques qui affectent négativement les femmes et les filles.
Mme IRENE GASHU (Japon) a mis en avant la batterie de mesures mises en place en juin dernier par son gouvernement pour faire progresser le pays sur la voie de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. Ce « paquet de mesures » vise à garantir l’émancipation économique des femmes, la réalisation d’une société dans laquelle les femmes peuvent vivre avec dignité et fierté et l’engagement des hommes dans les familles et les communautés.
Au plan international, a poursuivi la déléguée, le Japon a fourni des plateformes pour une discussion mondiale sur ces questions, la plus connue étant l’Assemblée mondiale des femmes qu’il accueille depuis 2014. Des experts de premier plan, des représentants d’États Membres et des responsables de l’ONU y traitent de thèmes aussi variés que la diversité, le monde en mutation, le leadership ou encore la santé et les droits sexuels et reproductifs, a précisé la déléguée. Selon elle, la prochaine édition de ce symposium, prévue en décembre de cette année, offrira de nouvelles opportunités de collaboration mondiale et de résultats tangibles pour cette mission partagée.
Mme ANA ALONSO GIGANTO (Espagne) s’est déclarée fière de la politique de son pays en matière d’égalité des sexes, relevant que cette question est considérée comme une priorité aux plans intérieur et extérieur. En tant que pays féministe, l’Espagne est à l’avant-garde de la reconnaissance des droits des femmes et des filles et de l’éradication de la violence sexiste, y compris la violence indirecte, a-t-elle affirmé. La représentante a noté que, cette année en particulier, des avancées importantes ont été enregistrées, à commencer par la loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle, qui établit que les relations sexuelles doivent avoir le consentement exprès de la femme, sans quoi l’agression sexuelle est caractérisée.
La déléguée a également souligné l’engagement de l’Espagne en faveur des droits sexuels et génésiques, qui vise à évoluer vers une société meilleure dans laquelle la santé sexuelle, la santé génésique et la santé menstruelle sont également reconnues comme une partie essentielle du droit à la santé des femmes. Pour illustrer son propos, elle a fait mention de la récente et ambitieuse feuille de route de politique publique sur les soins, qui formule des engagements économiques pour garantir le droit des femmes aux soins et à la dignité.
Mme PATRICIA SOARES LEITE (Brésil) a donné comme exemple de l’action de son pays contre les violences faites aux femmes la loi dite « Maria de Pehna », une « législation de référence au niveau mondial » entrée en vigueur il y a 16 ans et qui a été renforcée par 10 lois supplémentaires ces dernières années. Elle a indiqué qu’au Brésil, le féminicide est une circonstance aggravante du meurtre et qu’un plan national de lutte contre ce fléau a été mis en place. La représentante a d’autre part précisé que le système de « maisons des femmes », qui propose une approche holistique pour l’aide aux femmes victimes de violence, a été étendu et dispose même d’une antenne à la Mission permanente du Brésil auprès de l’ONU. Le Brésil est également actif dans la lutte contre les violences en ligne, a souligné la déléguée, rappelant que la première loi sur le sujet a été mise en place il y a 10 ans. Pour finir, elle a fait état de l’élargissement du programme de protection sociale pour les foyers dirigés par des femmes, une mesure qui a bénéficié à 68,2 millions de personnes, notamment pendant la pandémie.
Mme SONAM C. NAMGYEL (Bhoutan) a rappelé que les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale et donc la moitié de son potentiel. Certes, des progrès ont été enregistrés, mais bien trop lents pour atteindre la pleine égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes, a-t-elle noté. La représentante a fait part, à cet égard, d’une étude réalisée en 2020 dans son pays, selon laquelle les femmes rurales sont plus vulnérables que les hommes aux effets des changements climatiques, notamment en raison de la diminution du revenu du ménage et du manque d’accès des femmes à la terre.
« Nous devons promouvoir une approche sexospécifique dans les politiques et les actions liées au climat, renforcer la sensibilisation et le renforcement des capacités, consolider les preuves et changer les mentalités par l’éducation », a-t-elle plaidé. Selon elle, cela doit aller de pair avec une agriculture sensible au genre et résiliente face au climat, associée à une consommation et une production d’énergies durables, des systèmes de transport durables et une gestion durable des déchets.
La déléguée a ensuite relevé que l’égalité des sexes est inscrite dans la Constitution du Bhoutan. Néanmoins, les efforts doivent se poursuivre pour accroître la représentation des femmes dans la sphère publique, notamment dans les rangs du gouvernement et dans les formations politiques, ainsi que dans le secteur privé, a-t-elle préconisé, avant de souligner un paradoxe: si les taux de participation des femmes aux élections générales sont élevés, cela ne se traduit pas par une augmentation proportionnelle du nombre de femmes élues. Enfin, elle a indiqué qu’en complément des politiques nationales visant à rendre une justice accessible, inclusive, responsable et réactive, un plan de préparation et d’intervention d’urgence pour la protection des femmes et des enfants a été mis en place afin d’apporter une réponse rapide à toute augmentation du nombre de cas de violence.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a estimé que mettre fin à la fistule obstétricale et aux mutilations génitales féminines est une étape essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et pour protéger les droits des femmes. Elle a souligné avec fierté que son pays fait partie des 18 pays qui ont mis en place des plans chiffrés avec des objectifs clairs pour mettre fin à la fistule obstétricale et résoudre ce problème. Par ailleurs, la représentante a noté avec préoccupation que la pratique brutale des mutilations génitales subsiste dans de nombreuses régions du monde. « C’est une bataille sans fin », a-t-elle constaté, concédant que cette pratique existe encore dans certaines parties de son pays. Pour faire avancer cette question, la déléguée a jugé essentiel d’associer les avancées législatives au progrès social et associatif pour sensibiliser les populations.
Les violences contre les femmes et les filles restent un défi majeur, a-t-elle également déploré. Le contexte actuel, marqué par l’essor de la numérisation, les conséquences du réchauffement climatique, la pandémie de COVID-19 et les conflits armés récents, ne fait qu’exacerber cette situation. Jugeant qu’il faut agir davantage pour faire barrage aux violences en ligne, elle a fait part de certaines mesures mises en place dans son pays, notamment la lutte contre la mise en ligne non consensuelle de photos intimes. Elle s’est félicitée que le rapport du Secrétaire général considère cette question comme étant un problème de droits humains et appelle à mettre en place des cadres réglementaires effectifs.
Mme EDILSON (Nouvelle-Zélande) a déploré que les droits médicaux sexuels et reproductifs aient récemment fait l’objet d’un recul au niveau mondial. Les libertés ont régressé et l’accès aux services connexes a été restreint ou refusé. Les femmes et les filles ont le droit fondamental de choisir, sans craindre les mauvais traitements ou la violence, a-t-elle souligné, exhortant les États à fournir des soins de qualité dans le domaine. Évoquant ensuite l’impact pour les femmes de la pandémie, des changements climatiques, l’insécurité alimentaire, la représentante a appelé les États à reconnaître les effets cumulés des formes multiples et croisées de discrimination dans la vie des femmes et des filles. Cela inclut les femmes autochtones, celles de la communauté LGBTI ou encore celles porteuses de handicap, a-t-elle énuméré.
Par ailleurs, la déléguée a rappelé son soutien au renouvellement du mandat de l’Expert indépendant chargé de la question de la protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre en juin 2022. « Un vote serré », a-t-elle rappelé, qui démontre que nous avons encore beaucoup de travail à faire pour reconnaître ces droits. Elle a appelé les États à continuer à défendre les droits de la communauté LGBTI, notamment via une pleine inclusion dans la société et dénoncé toutes violences, y compris en ligne, fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.
M. BRINZ-YANNICK-MICHEL LENANGUY (République centrafrique) a assuré que la progression vers l’égalité des sexes est au cœur des préoccupations de son gouvernement. La prise en compte de la dimension de genre dans la Constitution du 30 mars 2016 offre, selon lui, un cadre institutionnel, juridique et politique, qui doit conduire à la mise en œuvre de la politique nationale de promotion de l’égalité. Au niveau international, a-t-il ajouté, la République centrafricaine s’est engagée à ratifier la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. De plus, avec l’appui des partenaires au développement, les efforts du Gouvernement centrafricain s’étendent à la protection de l’enfance, a précisé le représentant. Cependant, a-t-il nuancé, le pays doit faire face à plusieurs défis majeurs dans la réalisation du Programme 2030 en matière d’autonomisation des femmes et des filles, pami lesquels la promotion de la participation politique des femmes, la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, et l’abaissement du fort taux d’analphabétisme des femmes.
Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a constaté que, les progrès en matière de promotion des droits des femmes dans le monde étaient trop lents et qu’il y avait beaucoup d’écart en les paroles et les actes dans tous les domaines, notamment l’accès à l’éducation, au travail et à la responsabilité politique. Elle s’est félicitée du fait que son pays entreprenne des actions déterminées, avec un plan national d’équité et d’égalité pour tous et l’établissement de quotas dans les partis politiques. Elle s’est inquiétée des violences domestiques et les féminicides, précisant que le sujet avait été déclaré priorité nationale avec notamment une unité de police dédiée. Elle s’est aussi inquiétée de l’importance des grossesses précoces dans son pays et affirmé que des dispositifs de prévention et d’accompagnement avaient été mis en place.
Mme NATALIIA MUDRENKO (Ukraine) a affirmé que, malgré la guerre d’agression menée par la Russie, l’Ukraine a réussi à réaliser des progrès significatifs en matière d’égalité des sexes. Elle a ainsi rappelé que son pays a récemment établi un cadre de coopération avec les Nations Unies dédié à la réponse aux violences sexuelles liées au conflit, à la lutte contre la traite, à une offre holistique de services et à l’accès à la justice. La représentante a ajouté qu’une coalition rassemblant des représentants de la société civile et des organes gouvernementaux élabore, avec le soutien d’ONU-Femmes, une stratégie nationale pour l’égalité des sexes, qui intègre la dimension de genre dans tous les plans de reconstruction d’après-guerre. Elle a ajouté qu’en juillet dernier, l’Ukraine est devenue le trente-sixième État à ratifier la Convention d’Istanbul, qui entrera en vigueur dans le pays le 1er novembre de cette année.
La déléguée a par ailleurs annoncé que l’Ukraine présentera en octobre son rapport au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Elle a précisé que son pays s’en tient à son obligation volontaire de promouvoir les objectifs de développement durable et qu’il poursuivra son engagement actif dans les coalitions d’action du programme Génération égalité: pour les droits des femmes et un futur égalitaire, du Partenariat de Biarritz pour l’égalité des sexes et de la Coalition internationale pour l’égalité des salaires. La représentante a également indiqué que l’Ukraine accorde une attention particulière à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et a procédé à une mise à jour de son deuxième plan d’action national pour la paix et la sécurité des femmes jusqu’en 2025. Elle a relevé à cet égard qu’au cours des cinq dernières années, le nombre de femmes dans la diplomatie ukrainienne a doublé, passant de 7,25% en 2017 à 13,7% en 2022. De même, 16% des membres des forces armées ukrainiennes et 10% de ceux qui combattent en première ligne sont des femmes.
Mme MERITXELL FONT VILAGINES (Andorre) a indiqué que suite à l’adoption en 2019 de la loi pour l’égalité de traitement et la non-discrimination et en réponse à la nécessité d’établir une réglementation spécifique en la matière, le Parlement andorran a approuvé en mars dernier, une loi sur l’application effective du droit à l’égalité de traitement et des chances. Elle a expliqué que cette loi dote son pays de mécanismes pour briser les barrières invisibles et subtiles qui empêchent la réalisation de la pleine égalité entre les femmes et les hommes.
M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a fait état de la mise en œuvre par son pays de politiques et de lois spécifiques, qui visent à engendrer un changement social, à garantir la défense des droits de tous, à prévenir la discrimination sur le lieu de travail fondée sur le sexe et à favoriser l’égalité des sexes. En reconnaissance de la nature transversale des questions de genre, une politique nationale sur le genre et le développement a également été adoptée afin de fournir un cadre à l’inclusion des perspectives de genre dans tous les domaines du développement national, sans discrimination, a précisé le représentant. Le représentant a tenu à préciser que son pays reconnaît le rôle central de la cellule familiale dans l’autonomisation des femmes et des filles. Gardant à l’esprit la nature dynamique de la politique sociale, Trinité-et-Tobago a également reconnu que les veuves constituent un groupe vulnérable de sa société. Sur cette base, a-t-il ajouté, le Gouvernement a pris des mesures pour leur apporter un soutien ainsi qu’à leurs familles.
Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a estimé que la protection des droits des femmes et des filles, y compris de décider de leur propre corps, doit être une priorité essentielle des efforts internationaux. Malheureusement, a-t-elle déploré, nous assistons de plus en plus à un recul de la démocratie mondiale, les droits des femmes et l’égalité des sexes étant attaqués. Notant que des forces conservatrices sapent systématiquement les droits des femmes en modifiant la législation, elle a fait remarquer que la mobilisation contre les droits sexuels et reproductifs est devenue plus coordonnée et mieux financée qu’auparavant. Cela nous oblige à être plus cohérent dans notre soutien au travail normatif de l’ONU, à la société civile et aux autres acteurs, a-t-elle estimé, ainsi que plus créatifs et mieux coordonnés. En effet, a-t-elle poursuivi, si les femmes ne bénéficient pas de leurs droits, leur participation politique et économique est entravée. Or, les femmes ne sont pas de simples victimes mais assument de lourdes responsabilités dans les conflits en tant que médiatrices, actrices de la paix et de la reconstruction. La représentante a également précisé que sur les questions climatiques, les femmes peuvent jouer et jouent un rôle crucial et que leur engagement dans l’action climatique est de la plus haute importance.
Mme MABROUKI (Maroc) a souligné l’avancée que représente la ratification cette année par son pays du protocole facultatif de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ainsi que son entrée en vigueur. Avec cet instrument juridique important, le Royaume se dote d’un cadre de protection intégré, a-t-elle souligné, avant de signaler d’importants progrès quant à la participation politique des femmes marocaines, leur représentativité et leur accès aux postes de décision. Par exemple, le Gouvernement marocain compte six femmes dans ses rangs, dont la Ministre des finances, et un ambassadeur du Maroc sur cinq est une femme, a-t-elle précisé. La déléguée a par ailleurs rappelé la loi de 2018 sur la lutte contre les violences, qui comporte un volet sur le harcèlement, et la Déclaration de Marrakech de 2020, qui appelle à développer un système de prise en charge pour les femmes victimes de violence. Enfin, la représentante a signalé l’augmentation de la participation des femmes marocaines dans les organes sécuritaires, saluant l’activisme dont fait preuve la société civile pour « arrimer les droits de la femme à la dynamique nationale de développement ».
Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a déclaré que son pays croit à l’égalité des sexes et s’investit dans la promotion des femmes. Elle a rappelé que le Yémen fait partie des premiers pays à avoir signé la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. « Nous avons ratifié tout une série de traités internationaux ayant trait à la protection des femmes et à leur promotion », a-t-elle fait valoir. La déléguée a en outre indiqué que, dans le domaine législatif, des institutions ont été établies comme le Conseil national des femmes et d’autres structures destinées à promouvoir les droits des femmes et leur représentativité. À cet égard, elle a relevé que les femmes occupent 30% des sièges du Haut comité électoral et qu’il en va de même dans plusieurs autres institutions. Elles peuvent participer à la même hauteur que les hommes dans toutes les sphères de la vie publique, a-t-elle assuré. Néanmoins, cette progression est freinée par le conflit en cours dans le pays, a déploré la représentante, dénonçant notamment les milices qui enlèvent des femmes et persécutent des militantes qui refusent de souscrire à leur idéologie extrémiste. Enfin, après avoir fait état de la promulgation d’une nouvelle loi contre la traite des personnes, elle a remercié tous les bailleurs de fonds qui aident le Yémen à atteindre les ODD.
Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a indiqué que son pays est en train de finaliser un projet de loi visant à créer un fonds d’indemnisation à destination des femmes et des enfants victimes de violences à caractère sexuel et de violences intrafamiliales. Pour répondre au nouveau type de violence lié à la numérisation, Monaco a adopté en 2021 une loi qui tend à protéger les jeunes filles contre le cyberharcèlement, a-t-elle ajouté. Évoquant ensuite l’aggravation de l’insécurité économique des femmes pendant la pandémie, la représentante a jugé que les stratégies efficaces pour mettre fin à cette violence reposent sur une collecte régulière de données fiables et comparables. Dans ce cadre, une première étude sur les écarts de salaires entre femmes et hommes à Monaco a été réalisée par l’Institut monégasque de la statistique. Il en ressort que la situation est quasiment égalitaire dans le secteur public, alors que, dans le secteur privé, la différence de salaire médian est de 5,9% en faveur des hommes, a-t-elle précisé, rappelant que la population salariée monégasque compte des sportifs de haut niveau dont les salaires les plus élevés concernent exclusivement des hommes. La déléguée a également rappelé l’engagement de son pays à l’international, notamment ses actions pour le développement de l’entreprenariat féminin en Afrique du Nord.
Mme TERESA MANUEL BENTO DA SILVA (Angola) a noté que la promotion des femmes dans son pays a été compliquée par la situation socioéconomique, les effets des changements climatiques et les retombées de la pandémie de COVID-19. Malgré cela, les jeunes femmes ont plus de pouvoir que jamais en Angola, a-t-elle affirmé. Le Gouvernement angolais a également mis en place des politiques de lutte contre la fistule obstétricale et les mutilations génitales féminines, une pratique nocive qui existe encore dans de nombreuses communautés mais qui doit être abandonnée, a indiqué la représentante. De plus, des mesures ont été prises pour combattre le fléau de la traite des femmes et des filles, a-t-elle souligné. Faisant par ailleurs état de progrès significatifs dans la lutte contre la prévalence des mariages d’enfants et des mariages précoces ou forcés, notamment dans les zones rurales, elle a indiqué que son gouvernement s’emploie à faire reculer la déscolarisation des jeunes femmes qui reste importante. La déléguée a reconnu qu’un grand nombre d’obstacles restent à surmonter, ce qui risque d’empêche son pays d’atteindre l’ODD 5 d’ici à 2030.
M. REGINA CHAMA BOMA (Zambie) a constaté que la pandémie de COVID-19, combinée aux effets des changements climatiques, a compromis les progrès réalisés par son pays en matière de développement, tout en aggravant la violence sexiste faite aux femmes. Dans ce contexte, a-t-il dit, la Zambie a fait le choix d’offrir des avantages comparatifs aux femmes, ce qui va à l’encontre des normes culturelles qui perpétuent la violence à leur égard. Le pays a ainsi lancé plusieurs programmes sociaux qui accroissent l’autonomisation des femmes dans la sphère économique. Le Gouvernement a également décentralisé l’aide destinée aux femmes via la création de fonds de développement permettant de dépasser les disparités géographiques. De plus la Zambie encourage l’éducation, qui est gratuite dans le primaire et le secondaire, a ajouté le délégué, faisant état de bourses dans le supérieur octroyées aux personnes défavorisées, notamment les jeunes filles. Conscient des inégalités de genre dans les activités en ligne, le pays a aussi conçu en 2021, un cadre législatif qui protège des crimes commis dans le monde numérique. Enfin, a-t-il indiqué, une procédure accélérée a été mise en place pour faciliter un accès rapide des victimes de violences sexistes à la justice.
Mme KNANI (Tunisie) a rappelé que six décennies se sont écoulées depuis la modification du droit de la famille dans son pays, lequel interdit la polygamie et permet aux femmes de divorcer sans autorisation préalable de leur mari. Elle a également indiqué que la Tunisie a adopté des lois interdisant toutes les violences contre les femmes ainsi que l’exploitation économique de ces dernières. Elle a ajouté que, dans ce cadre, une base de données nationale a été créé afin d’enregistrer les cas de violence. La représentante s’est d’autre part félicitée de la mise en place d’une centaine d’équipes spécialisées pour lutter contre les violences domestiques, précisant que toute personne empêchant une femme de porter plainte, y compris un agent de la police tunisienne, peut désormais se retrouver en prison.
Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan) a déploré qu’en raison du conflit entre l’Arménie et son pays, un million de réfugiés et de déplacées azerbaïdjanais, dont la moitié sont des femmes, aient été contraints de quitter leurs foyers au cours des 30 dernières années. Elle a ensuite accusé l’Arménie de violer le droit international en refusant de rendre compte des disparitions en lien avec le conflit et de mener une enquête efficace sur le sort de 3 890 Azerbaïdjanais, dont 267 femmes, dont on est sans nouvelles. De plus, bien que la prise d’otages soit clairement interdite par le droit international humanitaire, 267 civils azerbaïdjanais, dont 98 femmes, ont subi cette violation et n’ont toujours pas été libérés par l’Arménie à ce jour, a encore dénoncé la déléguée. Contrairement à l’Arménie, a-t-elle fait valoir, l’Azerbaïdjan prend ses obligations internationales au sérieux et les plaintes relatives aux crimes commis lors d’opérations militaires font l’objet d’une enquête par les institutions publiques compétentes.
M. HAIDER MAHMOOD (Iraq) a évoqué les efforts déployés par son pays pour établir l’égalité femmes-hommes et venir en aide aux femmes qui ont souffert des atrocités perpétrées par Daech. Il a notamment rappelé l’adoption d’un règlement pour les rescapées yézidies. Le représentant est également revenu sur le deuxième plan national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. Il a enfin indiqué que l’Iraq s’emploie à mettre en place un comité de femmes médiatrices de paix, avec pour objectif à terme d’élaborer une stratégie nationale destinée à renforcer la participation effective des femmes aux processus de paix.
M. KOVACEVIC, délégué de la jeunesse de la Serbie, a appelé à faire davantage pour faciliter le retour des femmes sur le marché du travail après un accouchement et à minimiser la pression exercée sur les nouvelles mères. Expliquant que l’amélioration de la situation économique des femmes est un élément clé de la justice climatique, il a jugé essentiel que les femmes puissent accéder à des postes de direction dans le secteur public comme privé. Il a cependant constaté des progrès en matière de participation des femmes à la vie politique, relevant notamment que la moitié des membres du Gouvernement serbe sont des femmes, y compris le Premier Ministre.
Pour ce qui est des violences à l’égard des femmes, Mme STOJKOVIC, autre déléguée de la jeunesse de la Serbie, a appelé à reconnaître que les nouvelles technologies introduisent de nouveaux défis. Les abus et discriminations en ligne sont le lot de nombreuses utilisatrices de réseaux sociaux, a-t-elle déploré. Les efforts existants pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et la traite des êtres humains doivent se poursuivre, a-t-elle également exhorté, jugeant par ailleurs essentiel le soutien et les partenariats avec les organisations de défense des droits des femmes. Avant de conclure, elle a rappelé les mots de l’écrivaine britannique Mary Wollstonecraft: « Les hommes craignent de devenir des sous-hommes s’ils déclarent qu’ils soutiennent les femmes. Mais êtes-vous faibles si vous vous tenez fièrement devant celles qui ont dû se battre pendant des siècles pour obtenir le droit à l’éducation, le droit de vote, le droit de diriger et le droit de dire non à toute forme de violence? »
Mme MAYANDA (Congo) a signalé l’adoption par son pays d’un nouvel instrument portant sur la lutte contre les violences faites aux femmes, « résultat des plaidoyers de plusieurs années menées par les institutions internationales, la société civile et les Nations Unies. » Cette nouvelle loi, a-t-elle précisé, adopte des définitions larges de la violence et englobe ses différentes formes, notamment économiques, sexuelles, psychologiques et culturelles. En outre, elle regroupe les innovations de nature plus coercitives, notamment la maltraitance des veuves, ainsi que des innovations de nature plus répressives, tels que l’allongement des délais de prescription. Le texte prévoit aussi des mécanismes de protection qui devront assurer aux victimes l’accès aux services nécessaires ainsi qu’une assistance juridique et psychologique, a-t-elle précisé. Par ailleurs, la représentante a indiqué plusieurs projets en cours, dont la création de centres d’accueil et de réhabilitation des femmes et filles victimes de violences. Enfin, elle a lancé un appel à la communauté internationale, particulièrement à l’ONU, afin qu’un appui substantiel soit fourni au Congo pour l’aider à atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la promotion et de la protection de la femme.
Mme PONGOR (Hongrie) s’est félicitée de l’élection de la toute première femme Présidente de l’Assemblée nationale hongroise cette année. Elle a d’autre part indiqué que, la politique familiale globale est dotée d’un budget s’élevant à 5% du produit intérieur brut du pays. Déclinant les mesures mises en place, elle a précisé que les femmes et les hommes ont un droit égal au congé parental rémunéré, lequel garantit 100% de leur salaire pendant les six premiers mois et peut durer jusqu’à trois ans, si les parents le souhaitent. De plus, si les femmes choisissent de retourner sur le marché du travail après six mois, elles continuent à recevoir des allocations de garde d’enfants en plus de leur salaire, afin d’encourager leur réintégration, a précisé la représentante, ajoutant que les femmes ont également le droit de travailler à temps partiel jusqu’à ce que leur plus jeune enfant atteigne l’âge de trois ans. La déléguée a précisé que le nombre de places en crèche avait augmenté de plus de 60% au cours des dix dernières années et que les employeurs étaient incités à embaucher des femmes ayant des enfants en bas âge grâce à des avantages fiscaux. Elle a estimé que ces mesures avaient permis de faire passer le taux d’emploi féminin de 55% à 72% au cours de la dernière décennie.
M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) s’est félicité des avancées réalisées par son pays grâce à l’action de l’Agence nationale pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes qui travaille en étroite collaboration avec d’autres organismes gouvernementaux, les autorités locales, des représentants de la société civile, des ONG et des représentants du monde universitaire. Il a indiqué que la Roumanie fait partie de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, affirmant que son pays avait traduit les dispositions de la Convention dans son droit national. Le représentant a également fait état d’un élargissement des mesures de sensibilisation sur les droits des victimes et les mesures d’appui dont elles peuvent disposer. Le personnel des services d’assistance téléphonique ont pu obtenir une formation supplémentaire et des campagnes d’information ont été organisées dans les chaînes de supermarchés et les détaillants en ligne.
Mme AL-HARMASI (Oman) a déclaré que les femmes sont une priorité et font partie du développement de son pays. Avec la Vision 2030 pour Oman, les femmes ont été promues à des postes à responsabilité dans le cadre administratif ou politique, ainsi que dans les conseils municipaux. Elle a expliqué que les femmes ont les mêmes droits et devoirs que les hommes, notamment le droit de voter, de se porter candidates à une élection et de participer à tous les domaines de l’économie, de la finance et de l’emploi. L’augmentation des femmes sur le marché de l’emploi est notable, aussi bien dans le secteur privé que public, et 23% des femmes sont des entrepreneures en 2019, a-t-elle détaillé.
Mme AYA KAMAL IBRAHIM HASSAN (Égypte) a jugé important que les femmes soient promues à des postes décisionnels, le seul critère devant être la compétence. Elle a souligné que son pays fait partie des premiers à avoir lancé une récompense pour la parité homme-femme au sein des entités publiques et privées afin de reconnaître les performances particulières de ces entreprises en la matière. Le pays dispose d’une entité pour la promotion des micro-crédits et des petites et moyennes entreprises, ainsi que des mécanismes qui permettent aux femmes d’accéder aux services bancaires. En outre, la place des femmes dans le processus décisionnel fait partie des domaines prioritaires pour le gouvernement, que ce soit la santé, l’éducation, la protection sociale, ainsi que l’élimination de la violence faite aux femmes, a-t-elle souligné. L’Égypte a également proposé une vision sur la question des femmes et les changements climatiques.
M. ABAKAR (Tchad) a indiqué que son pays s’est doté d’un solide arsenal juridique national, y compris une loi sur la parité dans les postes électifs et nominatifs et celle interdisant le mariage des enfants. Rappelant qu’une transition politique avait lieu depuis le 20 avril 2021, dont la première phase s’achève, le représentant a indiqué que le dialogue inclusif avait été caractérisé par la participation des femmes. Elles ont activement participé aux travaux et apporté de précieuses contributions sur toutes les questions nationales, y compris les droits des femmes, a-t-il détaillé. C’est dire que la femme tchadienne est de plus en plus présente à tous les niveaux, s’est-il réjoui. Cependant, a-t-il nuancé, malgré des progrès tangibles, des défis demeurent. Le représentant a cité notamment l’impact du terrorisme dans la région ainsi que le sous-développement et le dérèglement climatique. Un soutien international à nos efforts est indispensable pour traiter les causes profondes des fragilités, a-t-il souligné.
Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a déclaré que beaucoup reste à faire pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes, même dans les États qui sont allés le plus loin. La Bulgarie ne fait pas exception, a-t-elle reconnu, assurant cependant que des efforts constants sont déployés dans cette direction. La déléguée a cité par exemple la stratégie nationale pour la promotion de l’égalité femmes-hommes pour la période 2021-2030. Il existe un consensus social en Bulgarie selon lequel l’autonomisation des femmes est une condition préalable fondamentale au développement durable et un moteur crucial de la prospérité, a-t-elle indiqué, ajoutant que la Bulgarie était fermement engagée dans la protection des droits sexuels et reproductifs.
Notant ensuite la sous-représentation des femmes dans le domaine des sciences, elle a indiqué que la Bulgarie se classe au premier rang de l’Union européenne en ce qui concerne la proportion de femmes employées dans le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC). Par ailleurs, 49% des postes de direction sont occupés par des femmes en Bulgarie, s’est-elle réjouie, tout en reconnaissant que les professions traditionnellement masculines étaient encore dominées par des hommes. Mais le nombre de femmes y est en constante augmentation, a-t-elle indiqué. La représentante a appelé à ne pas se reposer sur ses lauriers pour autant. « J’ai conscience du privilège que j’ai d’être ici, un privilège que beaucoup de femmes et de filles n’ont pas, non pas parce qu’elles sont moins douées, mais parce qu’elles n’en ont tout simplement pas la possibilité », a-t-elle indiqué.
Mme LISA A. CARTY (États-Unis) a constaté que les retombées sociales et économiques des crises actuelles ont touché de plein fouet les femmes et les filles, en particulier celles qui sont confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination. Elle a notamment relevé que plus de 11 millions de filles risquent de ne pas retourner à l’école, ce qui menace des décennies de progrès vers l’éducation des filles et l’égalité des sexes, s’est-elle alarmée. Dans le monde entier, les gens se tournent vers leurs gouvernements et les institutions internationales pour trouver des solutions à ces réalités inacceptables. Il n’y a jamais eu de moment où les Nations Unies et le travail que nous accomplissons au sein de cet organe ont eu autant d’importance.
La représentante a ensuite indiqué que lorsque la Cour suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe v. Wade, l’administration Biden-Harris a reconnu que cette décision capitale sur un droit constitutionnel de longue date susciterait des inquiétudes et des questions sur l’engagement mondial en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Soyons clairs: cette décision ne modifie en rien l’engagement de l’administration Biden-Harris en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles dans toute leur diversité, ce qui inclut la garantie que toutes les personnes disposent de leur corps et de leur avenir, a-t-elle souligné. Elle a ensuite indiqué que sa délégation donnera la priorité à un langage percutant dans les projets de résolutions de la Troisième Commission afin d’améliorer l’accès de toutes les femmes et filles aux services de santé sexuelle et reproductive et aux droits reproductifs, ainsi qu’à une éducation sexuelle complète.
M. AMIRBEK ISLAMULY (Kazakhstan) a indiqué que depuis son indépendance en 1991, son pays s’est fermement engagé à garantir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Le Kazakhstan, a poursuivi le délégué, a été le premier pays de la région d’Asie centrale à créer une entité nationale chargée de promouvoir l’égalité des sexes. Il est revenu sur la récente adoption par son gouvernement d’un plan d’action spécial visant à garantir l’égalité des sexes et à protéger les droits des femmes. Grâce à un cadre législatif solide et aux initiatives mises en œuvre, des résultats positifs ont été obtenus au cours des dernières années. Les femmes représentent désormais près de 50% de la main-d’œuvre du pays, s’est-il notamment enorgueilli.
Droit de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Éthiopie a regretté que son homologue de l’Espagne ait accusé son pays sans faits démontrés et sans preuves fiables. Il a souligné que la Troisième Commission devait se concentrer sur l’élimination des problèmes et ne pas servir d’arène pour lancer des accusations.
La représentante de la République islamique d’Iran a affirmé que son pays protégeait la liberté d’expression et de rassemblement pacifique, ce qui ne couvre pas les désordres et les émeutes. Elle a estimé que les pays occidentaux, notamment l’Allemagne et la France, ne devraient pas s’immiscer dans les affaires internes de l’Iran, ni encourager les Iraniens à se livrer à des actions illégales.
Le représentant de l’Arménie a condamné une propagande anti-arménienne habituelle de la part de l’Azerbaïdjan. Quatre minutes sur cinq de leur déclaration ont porté sur la déclaration de ma délégation, a-t-il relevé, estimant que « cela montrait bien ce qu’il en est de leurs priorités sur l’autonomisation des femmes ». Il a ensuite mentionné des cas spécifiques de crimes commis par les forces armées de l’Azerbaïdjan à l’égard du personnel militaire arménien, qualifiant la « soi-disant volonté de vivre dans la paix » de l’Azerbaïdjan « d’écran de fumée ». Renvoyant aux dernières agressions du 13 septembre commises par l’Azerbaïdjan, il a réclamé un retrait complet et immédiat des forces du pays.
Le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que les forces armées ukrainiennes continuent de se livrer depuis 2014 à des crimes odieux dans le Donbass. « Où est la condamnation du côté de ces sacro-saintes démocraties? Pourquoi ne sont-elles pas préoccupées par des faits pourtant bien documentés de violences sexuelles », s’est-il interrogé. Il a enfin accusé l’Ukraine de bombarder des civils et a dénoncé « la barbarie des nazis ukrainiens sur les territoires occupés par Kiev ».
La déléguée de l’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’éviter de s’acquitter de ses obligations et de politiser le débat. L’Arménie devrait arrêter de promouvoir une propagande de haine et prendre ses responsabilités pour les crimes de guerre dont elle est responsable.
Exerçant son deuxième droit de réponse, le représentant de l’Arménie a affirmé que les crimes de guerre et autres violations commises par l’Azerbaïdjan en 2020 et l’agression récente contre l’Arménie sont le résultat d’une politique de haine qui consiste à diaboliser l’Arménie, créant ainsi un terrain fertile pour ces crimes de guerre.
À son tour, la représentante de l’Azerbaïdjan, a estimé que la réponse peu pertinente de son homologue de l’Arménie démontre que ce pays continue de propager les discours de haine. Elle a affirmé que c’est l’Azerbaïdjan qui a entamé le processus de normalisation des relations avec l’Arménie. En dépit du grand soutien de la communauté internationale à cette initiative, l’Arménie a fait tout ce qui était en son pouvoir pour se retirer de ce processus, a déploré la déléguée.