Soixante-dix-septième session,
24e séance plénière – après-midi
AG/DSI/3700

La Première Commission réaffirme son attachement à une revitalisation rapide de la Conférence du désarmement, dans l’impasse depuis deux décennies

La Première Commission a achevé cet après-midi son débat thématique par l’examen du dernier volet de celui-ci, consacré au mécanisme pour le désarmement.  Les délégations ont reconnu la nécessité que la Conférence du désarmement redevienne une instance capable d’organiser la négociation de traités multilatéraux efficaces.  Cet organe basé à Genève, qui n’a rien produit depuis plus de 20 ans, a pourtant joué un rôle historique crucial dans l’élaboration d’instruments aussi importants que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ou encore les Conventions sur les armes chimiques et les armes biologiques.  Pendant les débats, les appels ont été nombreux pour qu’y soient négociés un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires ou encore un traité pour prévenir la course aux armements dans l’espace. 

Or, comme l’a rappelé amèrement le Président en exercice de la Conférence du désarmement, « cela fait trop longtemps que le principe du consensus a été déformé à Genève où, au lieu de l’utiliser comme un objectif à atteindre -c’est-à-dire comme un outil de négociation-, on a cherché la facilité en en faisant un veto, annulant ainsi toute possibilité de dialogue et de négociation ».  M. Miño a demandé aux délégations, auxquelles il présentait un rapport essentiellement procédural, d’œuvrer à la tenue rapide d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à l’examen complet et approfondi du mécanisme de désarmement onusien.  Il a plaidé, comme le demande un nombre croissant de délégations, pour un changement substantiel du fonctionnement de la Conférence basé sur une analyse minutieuse de ses méthodes de travail et de ses prises de décisions.

La trentaine de délégations qui ont pris la parole après les déclarations liminaires de M. Miño et des présidences de la Commission du désarmement, du Conseil consultatif pour les questions de désarmement et de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement, ont souligné la nécessité de véritablement sauver la Conférence du désarmement.  Néanmoins, leurs préconisations ont reflété les profondes divergences qui compromet cette revitalisation depuis deux décennies. 

Les 120 États membres du Mouvement des pays non alignés (MNA) ont pour cela appelé la Conférence à trouver rapidement un accord, « par consensus », sur un programme de travail équilibré, en tenant compte des intérêts de sécurité de tous les États.  L’Indonésie, qui s’exprimait au nom du MNA, a condamné toute politisation des travaux de la Conférence et appelé les États à respecter strictement le règlement intérieur et les méthodes de travail agréés à la Conférence.  L’Union européenne a aussi soutenu l’élargissement de la Conférence qui, actuellement, ne compte que 65 membres.  « Nous appelons à la nomination urgente d’un coordonnateur spécial qui pourrait mener des consultations de fond sur l’élargissement de la composition et présenter des scénarios concrets à l’examen des membres de la Conférence du désarmement », a déclaré son représentant.  Il a en outre considéré que l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence est liée au fait qu’elle ne soit pas parvenue à un accord sur un rapport de fond cette année, « en raison du refus de la Russie de reconnaître les problèmes de sécurité soulevés par son agression armée contre l’Ukraine ». 

Des pays ont exprimé des vues divergentes pour sortir la Conférence du désarmement de l’impasse.  Pour l’Afrique du Sud, qui a constaté que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires a été négocié et adopté par l’Assemblée générale, il est temps de tenir une session extraordinaire sur le désarmement « pour revoir de manière globale le fonctionnement du mécanisme de désarmement » et explorer d’autres voies de négociation.  Si le Pakistan s’est rallié à cette position, l’Inde et la Türkiye ont estimé que la Conférence, seule instance mondiale de négociation, dispose des règles et du nombre de membres pour accomplir son mandat.  Il convient de ne pas rechercher d’autres instances pour négocier de nouveaux traités, mais plutôt faire preuve de volonté politique pour relancer les travaux de fond de la Conférence, a souligné le délégué indien. 

Par ailleurs, la France, qui occupera la présidence tournante de la Conférence du désarmement en 2023, a pris l’engagement de rendre le règlement intérieur de la Conférence neutre du point de vue du genre.  Au nom de plus de 80 États, l’Irlande a appelé à la poursuite de l’intégration de la perspective du genre pour renforcer une participation diversifiée, efficace et significative des femmes et des hommes dans tous les aspects de la maîtrise des armements, de la non-prolifération et du désarmement.

La question du financement d’instruments du désarmement a été soulevée sans détour par l’Italie.  Au nom de pays qui président la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, la Convention sur les armes à sous-munitions, la Convention sur certaines armes classiques, le Traité sur le commerce des armes et la Convention sur les armes biologiques, elle a déclaré que la gravité des difficultés financières affectant ces dispositifs entrave le bon fonctionnement du mécanisme de désarmement tout entier.  Ces problèmes financiers exigent de remédier au non-paiement et à s’assurer que les arriérés sont payés à temps et en totalité, les États étant tenus de payer avant les réunions pour que celles-ci aient lieu, a-t-il rappelé.

D’autre part, il a été signalé que l’augmentation, l’an dernier, de la subvention du budget ordinaire de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) avait permis d’assurer sa stabilité institutionnelle et renforcé ses capacités opérationnelles. 

La Première Commission poursuivra ses travaux, demain, à 15 heures.  Les délégations commenceront à se prononcer sur les projets de résolution et de décision relatifs à l’ensemble des points de l’ordre de la session. 

 

 

DÉBAT THÉMATIQUE SUR DES QUESTIONS PRÉCISES ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Table ronde

M. EMILIO RAFAEL IZQUIERDO MIÑO (Équateur), Président de la Conférence du désarmement, a reconnu que le résultat de la négociation du rapport final de la Conférence est un reflet fidèle de la situation qui la caractérise depuis deux décennies, en cela qu’en dépit des immenses efforts déployés, « il n’a pas été possible de trouver un consensus sur des éléments de base, fondés sur les discussions tenues cette année à Genève ». 

Désireux de se montrer optimiste, M. Miño a indiqué que la Conférence avait enfin approuvé la participation des observateurs à ses travaux.  De la même manière, il a souligné l’adoption de la décision de créer des organes subsidiaires qui, bien qu’elle n’implique pas la mise en œuvre du mandat de la Conférence, a néanmoins donné un signal d’ouverture pour avancer dans cette direction. 

Le Président de la Conférence du désarmement a toutefois noté que ces bons résultats avaient été assombris par les événements internationaux qui se sont déroulés à partir de février 2022, la grave situation en Ukraine ayant directement affecté les travaux de la Conférence.  Par conséquent, a-t-il dit, cette année encore le rapport de la Conférence transmis à la Première Commission est essentiellement procédural.  M. Miño a ajouté que le rapport comporte aussi un calendrier de réunions pour 2023.  Il a expliqué qu’en raison des blocages plus persistants que jamais à Genève, il n’a même pas été possible d’inclure dans le rapport des éléments factuels concernant l’approbation des observateurs et la création des organes subsidiaires.  « Il ne fait pas non plus référence aux discours prononcés lors du segment de haut niveau », a confié le Président de la Conférence du désarmement. 

Pour celui-ci, le rapport final de cette année ne peut être considéré comme un cas isolé ou fortuit, car « il envoie un message clair quant au besoin urgent d’une réflexion critique sur les travaux et l’avenir même de la Conférence du désarmement ».  Ce rapport doit marquer un tournant, a-t-il lancé, rappelant que cela fait plus de deux décennies que les délégations expriment leurs préoccupations et leur frustration face à la paralysie de la Conférence du désarmement, un processus négatif qui affaiblit progressivement sa crédibilité et sa légitimité aux yeux du monde. 

M. Miño a jugé que, face à l’urgence de renforcer les idéaux de paix et de sécurité internationales, le temps est venu pour la communauté internationale d’agir de manière responsable.  Il s’est dit convaincu qu’aucune délégation ne souhaite voir disparaître cette instance de négociations, qui occupe une place centrale et fondamentale au sein le mécanisme international de désarmement et de non-prolifération.  Les résultats décisifs que la Conférence du désarmement a obtenus par le passé entretiennent l’espoir qu’elle puisse de nouveau contribuer au désarmement général et complet, a insisté son président.  Nous avons besoin d’accords qui nous protègent de la menace et des effets catastrophiques de l’utilisation des armes de destruction massive, c’est pour cela que la Conférence doit être sauvée et consolidée en tant que forum le plus approprié pour construire la sécurité et la paix mondiales tant attendues, a-t-il lancé. 

M. Miño a plaidé, comme le demande un nombre croissant de délégations, pour un changement substantiel du fonctionnement de la Conférence basé sur une analyse minutieuse de ses méthodes de travail et de ses prises de décisions.  Selon lui, cela fait trop longtemps que le principe du consensus a été déformé à Genève où, au lieu de l’utiliser comme un objectif à atteindre -c’est-à-dire comme un outil de négociation- on a cherché la facilité en en faisant droit de veto et ainsi annuler toute possibilité de dialogue et de négociation.  Cela décourage l’avenir du désarmement et affecte de manière vitale les objectifs essentiels de la Conférence du désarmement, a déclaré son président.  Il a demandé aux délégations de la Première Commission d’œuvrer à la tenue rapide d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à l’examen complet et approfondi du mécanisme de désarmement onusien. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud), Président de la Commission du désarmement, a noté qu’en tenant sa session de 2022 du 4 au 22 avril, une session conclue avec succès en la finalisation d’un rapport de fond à l’Assemblée générale, la Commission avait envoyé le message qu’elle peut s’acquitter de son mandat.  Il était particulièrement important que la Commission du désarmement reprenne ses travaux de fond cette année car elle n’avait pas été en mesure de tenir une session de fond depuis 2018, en raison de la question litigieuse des visas, de la pandémie de COVID-19 et de l’absence de nomination pour sa présidence, a rappelé l’Ambassadeur sud-africain. 

M. Mahbongo a ensuite indiqué que les deux groupes de travail de la Commission avaient tenu chacun 10 réunions en 2022, ajoutant que c’est à l’issue de 2023 qu’ils formuleront leurs recommandations à l’Assemblée générale, y compris sur d’éventuels normes, règles et principes de comportements responsables des États face aux menaces sur les systèmes spatiaux et sur la relance du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le succès de la Commission contribuera grandement à revitaliser le mécanisme de désarmement et à redynamiser les travaux d’autres organes de désarmement, a-t-il conclu.

Mme ELISSA GOLBERG, Présidente du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, a déclaré que, lorsque le Secrétaire général avait demandé au Conseil d’envisager des moyens novateurs de régler le problème des dépenses militaires, de la concurrence accrue entre les grandes puissances politiques, militaires et économiques, du non-respect de certains régimes importants de désarmement et de maîtrise des armements, l’atmosphère sécuritaire délétère et la pandémie de COVID-19 mettaient déjà à rude épreuve un système international fondé sur des règles d’une importance vitale.  L’invasion de l’Ukraine par la Russie a encore compliqué les choses, a ajouté la Présidente, non seulement parce qu’elle a bouleversé le contexte sécuritaire européen, mais aussi en raison de ses graves impacts géopolitiques et socioéconomiques. 

Mme Golberg a indiqué que le rapport 2023 du Conseil consultatif couvre plusieurs domaines d’action potentiels pour faciliter une réflexion nouvelle et innovante, comme la poursuite des efforts de désarmement, de maîtrise des armements et de non-prolifération par des mesures de transparence opérationnelle et de renforcement de la confiance, cela « afin de générer des incitations positives susceptibles de limiter les dépenses militaires ».  Le rapport suggère également d’examiner comment les catégories de sécurité devraient être élargies pour inclure les menaces transnationales non traditionnelles, telles que celles liées aux changements climatiques ou aux pandémies. 

Renforcer la mobilisation des citoyens pour les activités de désarmement et de maîtrise des armements, et les sensibiliser aux enjeux des dépenses militaires font aussi l’objet de recommandations, a précisé la Présidente.  Concernant par ailleurs l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), elle a signalé que l’augmentation de la subvention de son budget ordinaire l’an dernier avait permis d’assurer sa stabilité institutionnelle et renforcé ses capacités opérationnelles, « à un moment où il est plus que jamais demandé ».  Elle a fait observer que les administrateurs de l’UNIDIR réitèrent la nécessité de diversifier les sources de financement de l’Institut. 

M. ROBERT GEISS, Directeur de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), présentant les activités de l’Institut de cette année et ses plans de recherches et priorités pour 2023, a d’abord expliqué que la guerre en Ukraine avait exacerbé les défis interdépendants et multidimensionnels auxquels le monde est confronté et a ramené au premier plan les dangers existentiels posés par les armes nucléaires. 

Tout en ayant remercié l’Assemblée générale pour avoir permis le recrutement d’un poste P5 supplémentaire, M. Geiss a rappelé que le fonctionnement de l’UNIDIR dépend de contributions volontaires pour plus de 90% de ses activités et pour la quasi-totalité de son personnel.  « Pour la première fois depuis 2010, tous les pays du P5 ont fait confiance à l’UNIDIR et se sont engagés à le soutenir », s’est félicité M. Geiss, tout en notant une dépendance de l’UNIDIR à l’égard de cinq à six donateurs européens qui contribuent à plus de 50% du financement total, et la réduction des contributions habituelles versées en euros, en raison de la baisse du taux de change.  « Tous ces facteurs s’accompagnent d’un climat économique incertain et d’une situation sécuritaire mondiale instable », a ajouté le Directeur de l’UNIDIR avant de remercier les 15 donateurs qui ont versé des contributions de base: la Suède, l’Irlande, la Suisse, la Finlande, la France, la Hongrie, l’Iraq, le Kazakhstan, le Luxembourg, le Pakistan, les Philippines, Madagascar, le Mexique, l’Espagne et la Türkiye. 

Par ailleurs, M. Geiss a rappelé que l’UNIDIR est le seul groupe de réflexion des Nations Unies travaillant sur les questions de désarmement, de maîtrise des armements et de non-prolifération.  L’Assemblée générale, dans sa résolution 75/82, a reconnu l’importance, l’opportunité et la haute qualité du travail de l’Institut, a-t-il rappelé, avant d’ajouter que l’étendue de l’expertise de l’UNIDIR se reflète dans cinq programmes de recherche principaux que sont le Programme sur les armes classiques, le Programme sur les armes de destruction massive, le Programme sur la sécurité et la technologie, le programme Genre et désarmement et, depuis cette année, un programme sur la sécurité spatiale.  M. Geiss a cité le lancement de deux projets de recherche spéciaux liés respectivement à la question de la zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient et à la gestion des sorties d’un conflit armé. 

Rappelant qu’un aspect important de la mission de l’UNIDIR est la production et le transfert de connaissances et d’idées, son directeur a vanté l’organisation, ces derniers mois, d’un cours d’orientation sur le désarmement pour les diplomates nouvellement arrivés à Genève, conjointement avec la branche genevoise du Bureau des affaires de désarmement.  « Nous avons également organisé notre formation d’été sur la sécurité et la technologie en coopération avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), et nous prévoyons actuellement un séminaire sur le désarmement en coopération avec la CEDEAO », a encore ajouté M. Geiss avant de citer des travaux pratiques organisés cette année sur la gestion de crises liées à la cybersécurité, qui impliqueront une centaine de participants.

Par ailleurs, M. Geiss s’est aussi félicité de l’expertise fournie par l’UNIDIR à la Conférence du désarmement, au Conseil de sécurité et à la Première Commission, sa participation à de nombreuses conférences, telles que la Convention sur les armes biologiques ou la Convention sur certaines armes classiques, et un soutien technique spécifique à divers groupes d’experts gouvernementaux et groupes de travail à composition non limitée, sans oublier des coopérations avec des organisations régionales telles que l’Union africaine et la CEDEAO, et d’autres partenaires des Nations Unies tels que l’UNODA. 

« En 2022, l’UNIDIR est sur la bonne voie pour dépasser le niveau élevé de publications atteint au cours de notre année record de 2021, qui avait vu 58 publications », a poursuivi M. Geiss, avant de citer aussi l’organisation de 71 événements en 2022 avec 6 500 participants, dont des représentants de l’État, de la société civile et de l’industrie, et des experts et des chercheurs de divers horizons disciplinaires et géographiques. 

Expliquant que la crédibilité et l’impact de l’UNIDIR dépendent de la qualité et de la diversité de ses chercheurs, M. Geiss a précisé que l’Institut compte actuellement 46 membres du personnel à plein temps venant de 24 pays, dont 56% sont des femmes.  Il a précisé que les travaux de 2023 seront l’occasion de mettre un accent particulier sur l’avancement des dialogues nucléaires, les risques biologiques, les technologies nouvelles et convergentes, le genre et l’inclusion, le travail de prévention des conflits. 

Mécanisme pour le désarmement

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, Mme MARIA BENEDICTA DIAH KRISTANTI (Indonésie) s’est inquiétée de l’érosion du multilatéralisme dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.  Le multilatéralisme constitue pourtant la seule approche durable dans ce domaine, a-t-elle relevé, en prônant l’amélioration du mécanisme de désarmement des Nations Unies.  La principale difficulté réside présentement dans l’absence de volonté politique de certains États de faire des progrès, notamment en matière de désarmement nucléaire, a ajouté la représentante. 

Le Mouvement des pays non alignés insiste à nouveau sur l’importance de la Conférence du désarmement, seul organe de négociation multilatéral en la matière.  Il appelle la Conférence à trouver rapidement un accord, par consensus, sur un programme de travail équilibré, en tenant compte des intérêts de sécurité de tous les États.  Pour le Mouvement des pays non alignés, les mesures de désarmement doivent se faire de manière équitable et équilibrée afin de garantir les droits de tous les États à la sécurité et de veiller à ce qu’aucun État ni groupe d’États n’obtienne davantage que les autres.  La représentante a condamné avec la dernière énergie toute politisation des travaux de la Conférence et appelé les États à respecter strictement le règlement intérieur et les méthodes de travail agréés à la Conférence.  Elle a appelé les États Membres à faire preuve de la souplesse et de la volonté politique qui s’impose afin de permettre à la Conférence de parvenir à un accord sur des recommandations permettant d’atteindre les objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération nucléaire. 

La représentante a également insisté sur l’importance de la convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement afin de continuer la réflexion sur le désarmement en phase avec situation actuelle.  Elle s’est en outre inquiétée de la sous-représentation des pays du Mouvement des pays non alignés au sein du Bureau des affaires du désarmement. 

Le Mouvement compte présenter deux projets de résolution au titre de ce groupe thématique, portant sur le centre régional des Nations Unies en matière de désarmement et sur la convocation de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement. 

Au nom du Groupe arabe, M. SARMAD MUWAFAQ MOHAMMED AL-TAIE (Iraq) a rappelé les efforts du Groupe arabe pour parvenir à l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a souligné que le mandat des activités et des mécanismes de désarmement des Nations Unies se fonde uniquement sur des sessions extraordinaires et ne peut être modifié, sauf par une nouvelle session extraordinaire de l’Assemblée générale.  À cette fin, il a dit attendre la convocation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, et qu’elle aboutisse à des résultats tangibles.  Le représentant a insisté sur le fait que le TNP représente une nouvelle source coutumière de droit international régissant le domaine du désarmement.  Les armes nucléaires ou même leur menace de leur utilisation sont contraires aux règles du droit international humanitaire, en plus de la menace directe qu’elles font peser sur la paix et la sécurité internationales, a-t-il déclaré. 

Le représentant a déploré l’échec de la Conférence d’examen du TNP à parvenir à un document final pour la deuxième fois consécutive, ce qui jette une ombre négative sur le système international de désarmement et de non-prolifération.  Il a souhaité le succès de la onzième Conférence d’examen, qui aura lieu en 2026 et l’adoption d’un document final, en particulier en ce qui concerne la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Réaffirmant la nécessité de permettre à la Conférence du désarmement de jouer son rôle, le représentant a estimé que l’impasse actuelle est due à l’absence de volonté politique de certains pays.  Par conséquent, il a souligné la nécessité de revitaliser le rôle de la Conférence dans la mise en œuvre de son mandat de négociation, notamment en ce qui concerne le désarmement nucléaire.  Il s’est par ailleurs félicité de la tenue des réunions de la Commission du désarmement des Nations Unies du 4 au 21 avril 2022, et a dit attendre avec impatience le succès de la Commission dans l’adoption des recommandations finales par consensus l’année prochaine. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas) a insisté sur l’importance d’initiatives régionales pour ne pas laisser la dynamique s’essouffler en matière de progrès vers le désarmement, se disant déçu que la Conférence du désarmement soit dans l’impasse depuis longtemps.  Le désarmement peut être un pont entre la paix et le développement durable, a fait valoir M. Smith en évoquant les objectifs de développement durable. 

Des États de la CARICOM ont bénéficié de formations de la part des Nations Unies, par exemple pour restaurer les numéros de série sur les armes à feu ou réaliser des niveaux de référence pour lutter contre les armes à feu dans les Caraïbes, a noté le représentant.  En outre, a-t-il ajouté, la Barbade et Haïti ont signé cette année le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ce qui porte à 11 le nombre d’États signataires dans la région.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a reconnu que la Première Commission était la plateforme la plus inclusive pour des discussions globales sur le désarmement et la non-prolifération.  Il s’est dit préoccupé par la possibilité de l’utilisation d’armes nucléaires et dans le fait que les États dotés n’aient pas progressé dans l’élimination de leurs arsenaux et mettaient au contraire au point de nouvelles armes.  Il a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un fondement essentiel de la poursuite du désarmement nucléaire et l’instrument clef des efforts visant à mettre un terme à la prolifération verticale et horizontale de ces armes.  « Nous espérions que la dixième Conférence d’examen du TNP conduirait à un document final substantiel après plus de 12 ans d’attente », a-t-il ajoutée, regrettant l’échec de la conférence tenue en août.  Il a reconnu cependant le rôle important de la Conférence du désarmement et a réitéré son appel à la Conférence pour qu’elle convienne, par consensus, d’un programme de travail complet. 

L’ASEAN considère que les centres régionaux pour le désarmement apportent une contribution précieuse au désarmement mondial.  Le représentant a réaffirmé son soutien aux analyses et aux recommandations des groupes de réflexion et des instituts de recherche, tels que l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), afin de renforcer les efforts de désarmement aux niveaux local, régional et mondial.  Il a reconnu la nécessité d’utiliser une approche multipartiste en matière de désarmement et s’est félicité du dialogue avec le milieu universitaire, la société civile, le secteur privé, les femmes et les jeunes.  Le Première Commission peut compter sur l’ASEAN pour promouvoir l’aspiration commune à vivre dans un monde sûr et pacifique, a-t-il conclu. 

M. TANCREDI FRANCESE (Italie), au nom également de la Colombie, de l’Iraq, de la Pologne et de la République de Corée, pays qui président respectivement la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, la Convention sur les armes à sous-munitions, la Convention sur certaines armes classiques, le Traité sur le commerce des armes et la Convention sur les armes biologiques, a tenu à souligner la gravité des difficultés financières affectant les conventions de désarmement, lesquelles entravent le bon fonctionnement du mécanisme de désarmement tout entier. 

Le représentant a déclaré que ces problèmes financiers qui compromettent l’avancement des travaux et la crédibilité des conventions sur le désarmement exigent une solution durable, consistant à remédier au non-paiement et à s’assurer que les arriérés sont payés à temps et en totalité.  Après avoir rappelé que les États sont tenus de payer avant les réunions pour que celles-ci aient lieu, il a appelé « une fois de plus » les États à s’assurer qu’ils paient à temps et en totalité, et que toutes les dettes envers les instruments concernés soient réglées dès que possible.  Le représentant a conclu en répétant que tant qu’il y aura des arriérés, les problèmes financiers persisteront, d’où, a-t-il dit, l’importance de mesures traitant spécifiquement de la question du non-paiement. 

Au nom d’un groupe de plus de 80 États, Mme CÁIT MORAN (Irlande) a appelé à la poursuite de l’intégration de la perspective du genre pour renforcer la participation diversifiée, efficace et significative des femmes et des hommes dans tous les aspects de la maîtrise des armements, de la non-prolifération et du désarmement.  Regrettant que les femmes continuent d’être sous-représentées dans les instances de maîtrise des armements et de désarmement, en particulier dans les postes de direction, elle a appelé à des actions spécifiques et ciblées afin que les femmes et les hommes soient représentés de manière égale dans notre travail et notre prise de décisions afin d’aider à obtenir des résultats efficaces et durables. 

Pour améliorer le fonctionnement des mécanismes de désarmement, la représentante de l’Irlande a exhorté les États à améliorer l’équilibre entre les sexes dans leurs délégations.  Elle a salué une évolution caractérisée par l’augmentation du nombre de résolutions de la Première Commission abordant la perspective de genre et les efforts pour parvenir à un équilibre entre les sexes dans les bureaux des conférences sur le désarmement et la non-prolifération. 

La représentante a aussi salué les efforts pour mettre en œuvre les décisions prises sur le genre et la violence sexiste dans le cadre du Traité sur le commerce des armes et les résultats des réunions biennales des États sur le Programme d’action pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères.  Elle a cité l’accent mis sur les considérations de genre lors de la révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et les conférences liées à la Convention sur les mines antipersonnel et la Convention sur les armes à sous-munitions.  Elle a aussi fait l’éloge de la bourse « Women in Cyber » et l’engagement accru des femmes diplomates dans le groupe de travail à composition non limitée sur le développement dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale. 

Par ailleurs, Mme Moran a aussi appelé à des efforts pour parvenir à la parité hommes-femmes dans la sélection des participants aux groupes d’experts gouvernementaux avant de souligner le rôle central de la société civile dans la sensibilisation à une perspective du genre dans le désarmement.  En conclusion, elle a exhorté les États à intégrer collectivement dans tous les efforts de désarmement, la prolifération et la maîtrise des armements sans perspective de genre, avant d’estimer qu’un tel engagement ne peut qu’améliorer le fonctionnement du mécanisme de désarmement et renforcer la paix et la sécurité internationales.

M. MICHAL KARCZMARZ, de l’Union européenne, s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de l’environnement sécuritaire ainsi que par l’érosion continue de l’architecture internationale de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, l’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie ayant encore exacerbé cette situation.  Nous continuerons à contrer toutes les tentatives visant à porter atteinte à l’intégrité des organismes internationaux et les violations flagrantes du droit international, telles que les violations par la Russie de la Charte des Nations Unies, du droit international humanitaire et les menaces nucléaires répétées subséquentes, a assuré le représentant.  Pour l’Union européenne, il est essentiel que la Première Commission se concentre sur l’identification de mesures concrètes pour faire progresser les objectifs de désarmement et de non-prolifération afin de relever les grands défis à la sécurité et à la paix internationales. 

L’intervenant a ensuite souligné que l’Union européenne a un objectif central pour la Conférence du désarmement: relancer un travail de fond en vue de négociations concrètes qui n’ont pas été possibles dans cette enceinte depuis bien trop longtemps.  Il a considéré que l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la Conférence est liée également au fait qu’elle n’ait pas pu parvenir à un accord sur un rapport de fond cette année, cela « en raison du refus de la Russie de reconnaître les problèmes de sécurité soulevés par son agression armée contre l’Ukraine ».  Cette situation n’est pas tenable compte tenu des importants défis sécuritaires auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, a insisté le représentant. 

Par ailleurs, M. Karczmarz a rappelé que l’Union européenne demande de longue date le lancement sans délais de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à être utilisées dans des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs.  De plus, l’Union européenne soutient l’élargissement de la Conférence du désarmement qui, actuellement, ne compte que 65 membres.  « Nous appelons à la nomination urgente d’un coordonnateur spécial qui pourrait mener des consultations de fond sur l’élargissement de la composition et présenter des scénarios concrets à l’examen des membres de la Conférence du désarmement », a-t-il déclaré. 

Mme MARIA BENEDICTA DIAH KRISTANTI (Indonésie) a estimé que le paysage actuel de la sécurité mondiale exige de collaborer dans l’esprit du multilatéralisme afin de renforcer les efforts pour maintenir la paix et la sécurité.  Un des objectifs ultimes de la création de l’ONU est de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-elle rappelé.  Par conséquent, il est essentiel de revigorer notre engagement en faveur du désarmement.  Elle a déclaré que l’absence de volonté politique des États dotés d’armes nucléaires de parvenir à une élimination claire de leurs arsenaux nucléaires a constitué un obstacle majeur à la capacité du mécanisme de désarmement à produire des résultats.  Consciente que les changements ne se produiront pas du jour au lendemain, la représentante a appelé tous les États, en particulier ceux dotés d’armes nucléaires, à faire preuve de la volonté politique nécessaire et à garantir des avancées concrètes. 

Par ailleurs, Mme Kristanti a demandé que le mécanisme de désarmement des Nations Unies redynamise ses travaux pour obtenir des résultats tangibles.  Elle a exhorté les États à réaliser des progrès sur les recommandations des deux groupes de travail lors de la prochaine Commission.  De plus, le renforcement de l’efficacité du mécanisme de désarmement des Nations Unies devrait être utilisé de manière optimale pour adopter une convention sur les armes nucléaires, les garanties de sécurité négatives et un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, a estimé la représentante, qui a également dit attendre avec intérêt le nouveau cycle de la Conférence d’examen du TNP. 

M. ROBERT IN DEN BOSCH (Pays-Bas) a déclaré que l’invasion illégale de la Fédération de Russie modifie fondamentalement les discussions de la Première Commission.  Il a jugé indispensable de prendre des mesures pour accroître la transparence et la responsabilité, pour garantir le fonctionnement efficace du mécanisme de désarmement.  « Le multilatéralisme est la meilleure garantie de développement durable », a insisté le représentant, avant de s’inquiéter de voir l’ordre international fondé sur des règles mis sous pression et d’exhorter la communauté internationale à faire respecter le droit international. 

Face à l’impasse persistante de la Conférence du désarmement, le représentant a appelé à promouvoir la participation d’une diversité d’acteurs, en estimant que la diversité permettra au monde de trouver des solutions innovantes.  « Les Pays-Bas, fiers partisans de leur politique étrangère féministe, constatent le nombre croissant de résolutions de ce comité qui tiennent compte des questions de genre », a dit le représentant.  Il a estimé que le monde devrait être en mesure de construire un large terrain d’entente vers un monde sûr et sécurisé grâce à un multilatéralisme efficace et constructif retrouvé.

M. MOHAMMAD KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a notamment estimé que l’impasse dans lequel se trouve le mécanisme de désarmement est plutôt le reflet du manque de volonté politique de certains pays que la conséquence de dysfonctionnements des différentes instances, certains États croyant en outre plus dans la dissuasion que dans la sécurité collective.  Il a par ailleurs indiqué que son pays ne reconnaîtra jamais d’autres États dotés de l’arme nucléaire que ceux parties au Traité sur la non-prolifération.

Mme CAMILLE PETIT (France) a estimé que le projet d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires était le plus mûr pour des négociations à la Conférence du désarmement.  Elle a ajouté que sa délégation œuvrera pendant sa présidence à l’actualisation du le règlement intérieur de la Conférence, afin de le rendre neutre du point de vue du genre.  Mme Petit a ensuite accusé la Russie de bloquer les travaux à la Conférence du désarmement en refusant de reconnaître les faits, notamment en refusant toute mention de l’Ukraine uniquement parce qu’elle y mène une guerre.  L’obstruction persistante de la Russie dans les instances de désarmement n’est pas nouvelle mais elle porte gravement atteinte à la crédibilité de nos travaux collectifs, a ajouté la représentante, qui a jugé que la Russie « cherche à épuiser nos efforts de renforcement de la paix et de la sécurité international ».  Elle a qualifié ce comportement d’indigne de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité. 

Mme DIANE SHAYNE DELA FUENTE LIPANA (Philippines) a salué le fait que la Commission du désarmement ait repris sa session annuelle en avril dernier.  Nous attendons avec intérêt de travailler avec les délégations pour être en mesure de convenir de recommandations concrètes sur les deux points à l’ordre du jour, le désarmement nucléaire et l’espace extra-atmosphérique, a-t-elle ajouté.  Concernant la Conférence du désarmement, la représentante a souhaité que ses membres conviennent, par consensus, d’un programme de travail équilibré et complet « sans plus tarder ».  En outre, les Philippines s’associent à la déclaration faite par le Canada au nom d’un groupe interrégional sur l’importance d’appliquer une perspective de genre dans le mécanisme de désarmement. 

Mme MAHESHA JAWARAVDANA (Sri Lanka) estimé que la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement des Nations Unies n’ont pas gagné l’élan envisagé.  La représentante a noté avec préoccupation la détérioration constante du dialogue coopératif et constructif dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération et de la maîtrise des armements, qui est essentiel pour assurer la paix et la sécurité internationales.  Elle a estimé que les tensions mondiales en matière de sécurité n’ont pu être atténuées en raison de l’incapacité des États à s’accorder sur une compréhension commune des valeurs et des objectifs fondamentaux dans ces domaines. 

Pour la représentante, la question de l’apparente érosion de la volonté politique de coopérer à des mesures de paix et de sécurité mondiales doit être abordée.  Elle a dit la volonté de Sri Lanka de poursuivre un dialogue sérieux et de bonne foi avec toutes les parties concernées dans l’intérêt de la sécurité de tous les peuples.  Elle a salué la pertinence des mécanismes et processus régionaux de désarmement visant à promouvoir le dialogue, à instaurer la confiance et à renforcer la confiance aux niveaux régional et sous-régional.  « Le mécanisme multilatéral, en particulier pour quelque chose d’aussi fondamental que les négociations sur le désarmement, devrait être conçu pour fonctionner dans toutes les conditions », a-t-elle conclu.

Mme CANDY MOYO (Afrique du Sud), préoccupée par le fait que la Conférence du désarmement reste incapable de s’engager dans un travail de fond, a noté que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires avait été négocié et adopté par l’Assemblée générale.  Tout en soutenant le mécanisme de désarmement, l’Afrique du Sud juge indéniable que cette voie alternative de négociation a donné effet aux aspirations d’une majorité d’États longtemps frustrés par les procédures en vigueur dans le mécanisme de désarmement, procédures souvent bloquées par des considérations politiques. 

À l’aune de ces observations, la représentante a estimé qu’il est temps de tenir une session extraordinaire sur le désarmement pour revoir de manière globale le fonctionnement du mécanisme de désarmement.  Elle a insisté sur le fait qu’au fil des années et en raison des blocages persistants, la Conférence, d’instance de négociations, était devenue un organe délibérant créant l’illusion qu’un travail de fond y est en cours.  « Nous avons dit à maintes reprises auparavant que cette impasse persistante n’est pas tenable, qu’elle diminue également la crédibilité de la Conférence et qu’elle affectera de plus en plus sa pertinence et sa stature », a-t-elle martelé.  Pour l’Afrique du Sud, il faut dans un premier temps que la composition de la Conférence soit élargie pour qu’elle devienne une instance inclusive, « étant donné que les questions qu’elle traite affectent tous les États ». 

Mme FRANZISKA CHARIAH (Autriche) s’est dite convaincue que les mesures de désarmement sont plus nécessaires lorsque les tensions sont fortes afin d’éviter les conséquences catastrophiques d’un conflit armé aux effets potentiellement mondiaux.  « Afin de parvenir à des mesures de désarmement aussi significatives et de les mettre en œuvre, un mécanisme de désarmement solide et fonctionnel est essentiel », a insisté la représentante avant de s’inquiéter que la crise du mécanisme de désarmement aille bien au-delà de la lamentable impasse de la Conférence du désarmement, qui n’a produit aucun travail de fond depuis la négociation du TICE au milieu des années 1990. 

Mme Chariah a expliqué que cette crise s’était étendue au TNP qui, malgré les meilleurs efforts des délégués aux conférences d’examen successives, n’a pas été en mesure de s’entendre sur les documents finaux pour mettre en œuvre de nouvelles mesures pour promouvoir un monde exempt d’armes nucléaires.  Elle a regretté que le document final de la dernière conférence d’examen du TNP n’ait pas été à la mesure de l’urgence à laquelle nous sommes confrontés dans le domaine des armes nucléaires en général.  Elle a cité des organes paralysés par des tendances à abuser du principe de consensus et son corollaire de manœuvres procédurales visant à empêcher les échanges de fond et le travail productif, ou à bloquer la réflexion des travaux dans les documents, étouffant ainsi tout processus significatif. 

« Le multilatéralisme et notre mécanisme de désarmement ne peuvent pas fonctionner lorsque les États interprètent le consensus comme une licence pour opérer avec une « mentalité de veto », a lancé Mme Chariah, avant de dénoncer des politiques à courte vue menées au détriment de la plupart des États membres et du mécanisme de désarmement dans son ensemble, à un moment où il est plus que jamais nécessaire. 

La représentante a aussi dénoncé les tentatives concertées de certains d’exclure systématiquement la société civile, le monde universitaire et l’industrie des délibérations.  Face à cette crise, elle s’est dite convaincue qu’il est de l’intérêt vital de la sécurité de tous de renforcer nos institutions, de rester fermes sur nos normes établies, de mettre pleinement en œuvre nos obligations conventionnelles et de continuer à façonner le futur régime multilatéral de désarmement.

M. GUL QAISER SARWANI (Pakistan) a regretté la volonté tenace de rechercher des avantages militaires de certains États, et ce, aux dépens de la diplomatie du désarmement et au prix de l’effondrement des mécanismes en place et d’une polarisation accrue.  Le consensus est historiquement le principe clef ayant guidé les réussites obtenues en matière de traités multilatéraux de désarmement, a-t-il ajouté, rappelant que la participation de toutes les parties prenantes permet également qu’il soit tenu compte de leurs intérêts propres en matière de sécurité.  Ce n’est qu’à la Conférence du désarmement revitalisée, et grâce à la participation de tous les États aux négociations sur un pied d’égalité, que l’on pourra réaliser de nouveaux progrès en respectant les besoins sécuritaires de tout un chacun, cela de manière non discriminatoire et transparente, a encore affirmé le représentant.

Mme ANNA SHESTOPOLOVA (Fédération de Russie) a estimé que les tentatives incessantes des États occidentaux de briser les forums multilatéraux de désarmement et d’utiliser les Nations Unies pour leurs propres ambitions, sans tenir compte des intérêts des autres, requièrent une attention particulière.  Ces États continuent de politiser les activités de la Première Commission, de la Commission du désarmement des Nations Unies et de la Conférence du désarmement, a accusé la représentante.  Ils appellent à une révision de l’architecture en place, fondée sur les normes et les principes du droit international, et à son remplacement par des règles non contraignantes conçues pour assurer la domination de ce groupe d’États, a-t-elle dénoncé.  Pour la Fédération de Russie, de telles actions sont inacceptables.  Elles provoquent une érosion du système juridique international existant dans le domaine de la maîtrise des armements, du désarmement et de la non-prolifération et rendent impossible tout progrès sur la voie du désarmement complet et universel, a-t-elle dit. 

En violation du mandat de la Conférence du désarmement, les États occidentaux utilisent cette instance pour régler des comptes politiques et consolider leurs préférences défavorables sur la plateforme du désarmement, a poursuivi la représentante.  Elle s’est dite convaincue de la nécessité de mettre en place un ordre du jour constructif afin de maintenir et de renforcer le système existant.  La Fédération de Russie soumettra un projet de résolution bisannuelle sur le « renforcement et le développement du système d’accords de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération ».  Elle a émis l’espoir que ce document sera adopté par consensus. 

Il est important de s’opposer à toute tentative de révision du mécanisme de désarmement de l’ONU, quels qu’en soient les prétextes, a insisté la représentante.  Les idées de réforme des méthodes de travail de base et des règles de procédure des forums de désarmement de l’ONU sont contre-productives, a-t-elle estimé.  Elle a rappelé l’initiative de son pays sur l’élaboration d’une convention internationale pour lutter contre les actes de terrorisme chimique et biologique présentée en mars 2016 pour surmonter les deux décennies de stagnation des travaux de négociation de la Conférence du désarmement et qui, a-t-elle ajouté, reste pertinente.  La Conférence est le seul forum à même d’apporter une contribution significative à la normalisation de la situation internationale en matière de sécurité et d’aider à renforcer la confiance entre les États, a-t-elle conclu. 

M. MAITREY KULKARNI (Inde) a estimé que la Conférence du désarmement, seule instance mondiale de négociation, dispose du nombre de membres et des règles pour accomplir son mandat.  Il convient de ne pas rechercher d’autres instances pour négocier de nouveaux traités, mais plutôt faire preuve de volonté politique pour relancer les travaux de fond de la Conférence, a-t-il ajouté, notant que sa délégation est prête à travailler sur toutes les questions principales à son ordre du jour, y compris l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires. 

M. AHMAD BENYAMINE NOOR RAHIMIN (Malaisie) s’est félicité de la reprise des délibérations en personne de la Commission du désarmement suite à la pause causée par la pandémie de COVID-19.  Pour que la Conférence du désarmement tienne son rôle d’unique organe multilatéral de négociation sur les traités relatifs au désarmement, il est impératif que cet organe sorte de l’impasse prolongée en se dotant enfin d’un programme de travail de fond, a ajouté le représentant.  Il a également souligné que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires avait montré, ces dernières années, que quand la volonté politique est au rendez-vous, des avancées décisives sont possibles en matière de désarmement et de sécurité internationale. 

M. LI SONG (Chine) a estimé que l’esprit de la guerre froide, avec la compétition entre les grandes puissances et la division sur les grandes questions, existe plus que jamais.  En janvier, la Chine a travaillé pour dépolitiser la Conférence de désarmement pour obtenir un consensus sur les travaux, a affirmé le représentant, qui y a vu une preuve vivante de l’intérêt de la Chine pour le multilatéralisme.  Il a appelé à poursuivre les efforts pour créer un climat politique serein.  Il faut sauvegarder l’autorité des mécanismes de désarmement multilatéraux et prôner de nouveaux concepts de coopération sur la base de l’égalité et de bénéfices mutuels, a-t-il plaidé.  Il faut aussi se garder d’activités qui sapent le multilatéralisme.  Ainsi, a-t-il déclaré, les pays occidentaux ont tenté d’apporter des modifications en vue de mettre en place un autre processus mais cette tentative ne fera que mener les négociations dans l’impasse.  Tout cela ne prête guère à l’optimisme, a-t-il conclu. 

M. MD RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh) a estimé que les défis complexes liés à la sécurité internationale ne laissent aucune alternative à l’avènement d’un multilatéralisme efficace.  Il a appelé les trois instances du mécanisme du désarmement à respecter leur mandat.  Il a estimé que la paralysie prolongée de la Conférence de désarmement depuis 25 ans reflète un manque de volonté politique des États Membres et les a exhortés à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour parvenir à un programme de travail équilibré et global permettant de négocier des instruments de désarmement multilatéraux. 

Le représentant a exhorté la Commission du désarmement à progresser sur les questions de l’espace extra-atmosphérique, du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, avant de juger pertinent de mieux harmoniser les travaux de la Première Commission pour la rendre plus complémentaire et efficace.  Il a dit apprécier la qualité des travaux de recherche de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR). 

M. FLAVIO S. DAMICO (Brésil) a estimé qu’il faut examiner en profondeur les mécanismes du désarmement pour résoudre le problème de leur inefficacité, le secret le mieux gardé des Nations Unies, a-t-il ironisé.  Sur les trois sessions spéciales de l’Assemblée générale sur le désarmement, seule la première a réussi à aboutir à un document, a-t-il rappelé. 
 

Peu a été accompli au cours de ces dernières décennies, a rappelé le représentant.  Le respect de la Charte et la culture du consensus se sont érodés en matière de régime de désarmement, sans parler des technologies émergentes.  Pourtant, le sérieux des défis en cours devrait suffire à mobiliser la communauté internationale, a estimé le représentant.  Ces remarques doivent être prise très sérieusement, a-t-il averti, car la combinaison d’un contexte qui se détériore et de l’impossibilité d’avoir un forum idoine frustre les États Membres. 

Mme ELEONORA SAGGESE (Royaume-Uni) a regretté le manque de temps disponible pour les travaux de la Conférence du désarmement, en raison de la tenue de la dixième Conférence d’examen du TNP et de la mauvaise foi dont ont fait preuve certaines délégations dans le processus de négociation.  La représentante s’est néanmoins félicitée de l’adoption des rapports de deux des organes subsidiaires de la Conférence, tout en regrettant là encore une mauvaise foi qui s’est manifestée lors de l’adoption du rapport annuel de la Conférence.  Elle a dénoncé la tentative de la délégation russe de rejeter toute forme de critique de son invasion de l’Ukraine, son comportement intimidant envers l’un des présidents, et son recours à des manœuvres procédurales désespérées honteuses et inacceptables. 

Notant que les documents officiels soumis par les États membres et les procès-verbaux des travaux de la Conférence sont ouverts à tous, la représentante a déclaré que la Russie ne pouvait pas réécrire l’Histoire.  Elle a regretté que certaines délégations utilisent le principe du consensus pour éviter de s’engager dans des discussions sur les questions difficiles auxquelles nous sommes confrontés.  Elle a dénoncé aussi les tentatives de déformer les règles de procédure ou la pratique établie pour favoriser des positions, qui rend pratiquement impossible de tenir des discussions sérieuses.  « Ce comportement met en péril l’efficacité de la Conférence du désarmement et sa centralité continue en tant qu’unique instance multilatérale de négociation sur le désarmement », a averti la représentante.

M. AMMAR ADNAN SHAMRAN ALBAI (Iraq) a dit croire au multilatéralisme dans le domaine du désarmement.  C’est pourquoi il a loué le rôle de la Conférence sur le désarmement.  L’impasse dans laquelle se trouve celle-ci est dû au fait que l’on n’a pas pu parvenir à un accord conformément au règlement, a estimé le représentant, qui a réaffirmé le besoin pour les États Membres d’assumer leurs responsabilités pour sortir de l’impasse et contribuer à un résultat positif permettant de contribuer à la paix.  Il a souligné le rôle important de la Première Commission. 

M. IGNACIO SANCHEZ DE LERIN (Espagne) a réitéré le soutien inconditionnel de son pays aux institutions multilatérales dans le domaine du désarmement, à savoir la Conférence du désarmement, la Commission du désarmement des Nations Unies et cette Première Commission.  Il a dit croire fermement dans leur complémentarité.  Il incombe à tous les États de veiller à ce que ces trois forums remplissent leur mandat de manière adéquate, efficace et crédible, a-t-il déclaré.  C’est pourquoi il a regretté profondément l’attitude perturbatrice de certains États.  Il s’est dit préoccupé du fait que la Conférence du désarmement soit incapable de se mettre d’accord sur un programme de travail qui lui permettrait de remplir son mandat d’unique organe multilatéral de négociation sur le désarmement.  L’affirmation de certaines délégations selon laquelle un programme de travail ne peut être fondé que sur un mandat de négociation est sans fondement, a-t-il affirmé. 

Dans ce contexte, l’Espagne regrette que la Conférence du désarmement n’ait pas entamé de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Il a estimé que l’ouverture de négociations sur des garanties négatives de sécurité pourrait constituer une autre voie réaliste pour la Conférence.  Il a regretté que, pour la deuxième année consécutive, la Conférence n’ait pas même été en mesure de se mettre d’accord sur une mise à jour technique de son règlement intérieur afin de le rendre non sexiste.  Il a fait part de sa préoccupation du fait que le rapport annuel de la Conférence soit de moins en moins étoffé, surtout cette année, en raison du refus de la Fédération de Russie d’accepter un langage clairement objectif sur les conséquences de son invasion armée de l’Ukraine. 

Le représentant a rappelé que son pays prévient depuis des années que la principale raison de la paralysie de la Conférence du désarmement réside dans la règle du consensus, dont certains États abusent comme d’un droit de veto pour bloquer tout type d’accord.  Cette situation n’est pas viable, surtout si l’on tient compte du contexte mondial de la sécurité.  Il a dénoncé la polarisation croissante de la Première Commission en raison de la présentation de nouvelles résolutions ou d’un nouveau langage qui cherche à diviser plutôt qu’à obtenir un consensus.  Ces institutions sont victimes du manque de volonté des États qui semblent parfaitement à l’aise dans la paralysie du mécanisme de désarmement, a déploré le représentant.  Nous devons donc être constructifs et chercher des solutions réalistes et efficaces à la situation actuelle, a-t-il conclu.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a annoncé que son pays appuierait l’adoption du projet de résolution L.25 sur le rapport de la Conférence du désarmement, avant de rappeler que le fonctionnement efficace du mécanisme du désarmement est une condition de la survie de l’humanité. 

Mme LEE HYUN GOO (République de Corée) a estimé que la perte de pertinence de la Conférence du désarmement en cette période difficile coûtera cher en matière de désarmement.  Elle a jugé urgent de commencer la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

M. ISMAIL AYDIL (Türkiye) a déclaré que le multilatéralisme, le désarmement et l’architecture de contrôle des armements avaient beaucoup souffert ces derniers temps.  Et pourtant, a-t-il ajouté, pour parvenir à la sécurité collective, le mécanisme de désarmement des Nations Unies est essentiel.  La Türkiye réaffirme son soutien aux trois piliers dudit mécanisme.  Pour le représentant, la Première Commission est une composante importante mais si la Türkiye considère la présentation de projets de résolution comme un exercice important, elle souhaite qu’il n’y ait pas de doublons et encore moins de textes concurrents.  C’est particulièrement important cette année puisque la Première Commission doit faire face à un nombre record de projets de résolution. 

Pour le représentant, la Conférence du désarmement possède le mandat, le règlement intérieur et la composition des membres nécessaires pour remplir ses fonctions.  Elle pourrait retrouver son rôle crucial dans la négociation de traités internationaux juridiquement contraignants si tous les membres font preuve de la volonté politique nécessaire.  Le représentant a rappelé qu’en début d’année était apparu un nouvel espoir, avec l’adoption d’une décision visant à créer des organes subsidiaires pour faire avancer les travaux de fond de la Conférence.  Il s’est pourtant dit frustré face aux résultats obtenus.  Compte tenu de la situation délicate de la stabilité internationale, il est pourtant grand temps de surmonter la polarisation et de réaliser le plein potentiel de la Conférence du désarmement, a poursuivi le représentant, qui a appelé à créer une atmosphère de confiance et de flexibilité et à témoigner d’une volonté politique de parvenir à un consensus sur un programme de travail lors de la session 2023 de la Conférence. 

Enfin, la Türkiye se félicite de la reprise des travaux de la Commission du désarmement après une interruption de trois ans.  Celle-ci joue un rôle important en tant que seul organe subsidiaire délibérant spécialisé de l’Assemblée générale qui permet des délibérations approfondies sur des questions spécifiques de désarmement, a rappelé le représentant.

M. CHRISTIAN PADILLA GONZALEZ (Cuba) a souligné la nécessité de préserver les accords existants en matière de désarmement et de réglementation des armements, d’approfondir la coopération internationale pour en assurer le strict respect et de renforcer les négociations multilatérales.  Il s’est opposé aux tentatives visant à éroder l’architecture du désarmement ou à mettre fin aux négociations multilatérales sur le désarmement.  L’engagement des États Membres envers la Conférence du désarmement doit être renouvelé car il est nécessaire que la Conférence puisse remplir son mandat de négociation, d’assurer sa vitalité et de préserver ses procédures et ses pratiques, en particulier la méthode du consensus.

La volonté politique de tous ses États Membres sera déterminante pour que la Conférence apporte une contribution décisive à l’objectif du désarmement général et complet, affirmé le représentant, qui s’est dit convaincu que la Conférence a la capacité de négocier simultanément un instrument juridiquement contraignant interdisant la course aux armements dans l’espace, un autre fournissant des garanties de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires tels que Cuba, et un troisième interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires ou d’autres dispositifs de ce type.  Il s’est félicité du renouvellement des travaux de fond par la Commission du désarmement cette année.  Il lui a demandé d’adopter des recommandations spécifiques sur les questions qu’il examine, en particulier dans le domaine du désarmement nucléaire. 

M. SIARHEI MAKAREVICH (Bélarus) a réitéré la volonté de son pays d’établir des accords de désarmement et de parvenir à un nouvel ordre international qui offrirait la sécurité à tous les membres de la communauté internationale.  Il a cité en exemple l’attitude de son pays, qui a choisi de renoncer volontairement à l’arme nucléaire et à son stock de mines antipersonnel. 

M. SEYED MAHDI SAJJADIEH (République islamique d’Iran) a rappelé que les armes nucléaires continuaient de faire peser une menace existentielle.  Face à ce constat, le représentant a appelé à garantir un désarmement vérifiable, irréversible et transparent.  Malheureusement cela ne sera pas possible tant que les États dotés de l’arme nucléaire ne respecteront pas leurs obligations, a estimé le représentant, qui a appelé à préserver les accords existants interdisant les essais nucléaires et la prolifération de toutes les armes de destruction massives.  Il a dénoncé les déclarations négatives des États-Unis et d’Israël, qui sapent les efforts de désarmement. 

M. CONLETH BRADY (Irlande) s’est dit préoccupé par le fait que les procédures de la Première Commission sont souvent l’objet de divergences importantes.  Nous devons renforcer la diversité des voix, pour les hommes et les femmes, a-t-il souligné, car la diversité permet des politiques plus efficaces.  La dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP) a pour la première fois inclus un travail sur le genre et il faut continuer dans ce sens, a estimé le représentant. 

Le représentant a jugé inacceptable que le rapport annuel de la Conférence du désarmement ne comprenne pas d’éléments de fonds.  Pour l’Irlande, la stagnation de longue date de la Conférence n’est plus soutenable et il faut donner un nouvel élan à ses travaux.

À cet égard, le représentant a estimé que la société civile jouait un rôle essentiel en faveur du désarmement.  Il s’est également dit favorable à la participation des jeunes, un facteur clé d’inclusivité. 

M. MOHAMED ENNADIR LARBAOUI (Algérie) a souligné l’importance du multilatéralisme, qui est la seule façon de traiter de la paix et sécurité et permet de renforcer les relations entre les États et les peuples.  Le représentant a souligné l’importance de la Conférence du désarmement, seul organe délibérant mondial sur les questions de désarmement, ainsi que le travail de la Commission pour le désarmement et de la Première Commission.  Pour l’Algérie, l’inertie de ces trois organes est liée au manque de volonté politique, en particulier en ce qui concerne le désarmement nucléaire.  Le représentant a demandé que chacun fasse preuve de la meilleure volonté possible pour examiner les questions qui relèvent de la Conférence du désarmement.  Il a déploré que celle-ci n’ait pas été en mesure d’exécuter son mandat et Le représentant a demandé à chacun de coopérer davantage pour inverser la tendance actuelle, qui va au contraire vers plus de compétition dans le domaine des armements. 

Droits de réponse

La représentante de la Fédération de Russie a rejeté les comportements « antirusses » observés lors de la Conférence du désarmement avant d’accuser les pays occidentaux d’imposer leurs intérêts en transformant la Conférence en une plateforme de promotion des intérêts exclusifs occidentaux.  Elle a estimé que la partie occidentale semble avoir décidé que la Conférence du désarmement devait cesser d’être un organe de négociations intergouvernemental.

Le représentant des États-Unis a accusé la Russie d’avoir bloqué toute possibilité de négociations intergouvernemental à la Conférence du désarmement durant l’année.  Il a ajouté que la Fédération de Russie avait abusé les dispositions de la Convention sur les armes biologiques et s’était livrée à une conduite malveillante à l’égard du président colombien de la Conférence du désarmement.

La représentante de la Fédération de Russie a repris la parole pour demander aux États-Unis de ne pas porter atteinte à l’aspect consensuel de résolutions qui ont été adoptées pendant de longues années sans vote. 

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