Soixante-dix-septième session,
3e séance plénière – matin
AG/DSI/3683

La Première Commission est invitée à jouer son rôle de chef de file en matière de désarmement « dans l’intérêt de la survie de l’humanité »

À l’occasion du deuxième jour de son débat général, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entendu le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, qui l’a exhortée à jouer son rôle de chef de file en matière de désarmement et à régler les problèmes les plus pressants « dans l’intérêt de la survie de l’humanité ».  « Se doter d’armes de plus en plus coûteuses et dévastatrices est une voie qui nous mènera à l’autodestruction », a prévenu M. Kőrösi, qui s’est inquiété de « l’effondrement » du système de contrôle des armes. 

Alors que 30 conflits armés sont en cours dans le monde, et face aux menaces immédiates de catastrophe nucléaire liées au conflit ukrainien, M. Kőrösi a exhorté la Commission à préserver de toute urgence le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à mettre en œuvre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). 

Malgré ces appels à l’urgence, cette séance a été ponctuée par des déclarations souvent vigoureuses suivies d’une dizaine de droits de réponse tout aussi peu amènes et de menaces à peine larvées, qui traduisent finalement la réalité de tensions et de crises sécuritaires interconnectées à travers le monde. 

Au représentant de la Fédération de Russie qui avait affirmé que les pays occidentaux qui fournissent des armes à l’Ukraine risquent de provoquer une confrontation directe entre son pays et l’OTAN, la représentante de l’Union européenne a répondu en exhortant la Russie à cesser sa propagande et à retirer ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien, ajoutant que le recours à la coercition pour modifier des frontières n’avait plus sa place au XXIe siècle.  Le représentant russe ayant aussi accusé les États occidentaux d’être responsables « des actes sanguinaires du régime néonazi ukrainien » contre sa propre population, son homologue de la Pologne a estimé que le recours au terme « néonazi » était une odieuse insulte aux rescapés polonais et ukrainiens de la Shoah. 

Le représentant polonais a ensuite accusé la Russie d’être en train de détruire l’ordre international fondé sur des règles et s’est inquiété de la décision du Bélarus de renoncer à son statut de zone exempte d’armes nucléaires et de la possibilité qu’il héberge des armes nucléaires russes sur son territoire.  Un peu plus tôt, c’est le représentant russe qui avait dénoncé les pratiques de « partage nucléaire » de l’OTAN avec des pays européens non dotés mais sur le territoire desquels des bombes nucléaires américaines sont déployées, y voyant une source de déstabilisation régionale aggravée par le perfectionnement de ces armes et de leurs vecteurs.

Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) avait tiré la veille un nouveau missile balistique qui a survolé le Japon, le représentant de la République de Corée a pointé la menace que représente son voisin nord-coréen, qui a déjà lancé 29 missiles balistiques depuis le début de l’année et s’apprête à mener son septième essai nucléaire.  Le représentant nord-coréen a répliqué que son pays était obligé de s’armer face à la multiplication des exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Corée du Sud.  « Ne vous avisez pas de nous menacer », a-t-il ensuite lancé à son homologue sud-coréen. 

De son côté, le représentant du Yémen a accusé Israël d’être responsable de l’instabilité et d’une course aux armements au Moyen-Orient en refusant de soumettre ses installations au régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et en s’opposant à la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région.  Il a par ailleurs rappelé que son pays était en guerre depuis sept ans à la suite d’un coup d’État soutenu par l’Iran, avant d’exhorter la communauté internationale à faire pression sur les milices houthistes pour qu’elles cessent de disséminer des mines antipersonnel dans tout le pays. 

« Notre monde est à la dérive et la perspective d’une guerre mondiale devient une réalité », s’est alarmé le représentant du Pakistan avant de citer la terrible conjugaison d’une triple crise climatique et d’une course aux armements sans précédents, puis d’échanger avec le représentant de l’Inde des accusations réciproque de terrorisme. 

Citant « des mois à venir décisifs » pour préserver et consolider des décennies d’acquis en matière de non-prolifération et de désarmement, la représentante de la France a cité la neuvième Conférence d’examen de la Convention d’interdiction des armes biologiques ou à toxines, tout en accusant la Russie de continuer à en instrumentaliser les dispositions pour diffuser des allégations infondées contre l’Ukraine et les États-Unis.  « Nous continuerons à apporter par ailleurs notre soutien au mécanisme d’enquête du Secrétaire général qui demeure le seul mécanisme international indépendant existant pour enquêter sur les allégations d’utilisation d’arme biologique », a-t-elle insisté.

Par ailleurs, en écho aux propos du Président de l’Assemblée générale qui a déploré que les gouvernements continuent d’augmenter leurs dépenses militaires alors que de nombreuses personnes ont du mal à se nourrir et à se chauffer, la représentante du Costa Rica a dénoncé le niveau record de ces dépenses atteint en 2021 avec 2 000 milliards de dollars à l’issue de la septième année consécutive de hausse.  Dans ce contexte, plusieurs délégations ont suggéré un objectif mondial de réduction des dépenses militaires afin de libérer des moyens en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable. 

La Commission reprendra son débat général jeudi 6 octobre à partir de 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclaration liminaire

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a regretté que, « alors que 30 conflits armés sont en cours dans le monde, dont le conflit ukrainien qui a un impact indirect sur presque tous les pays du monde », les gouvernements continuent d’augmenter leurs dépenses militaires.  Il a rappelé que de nombreuses personnes avaient du mal à se nourrir et à se chauffer.  Il a prévenu que le fait de nous doter d’armes de plus en plus coûteuses et dévastatrices revient à prendre une voie qui nous mènera à l’autodestruction, avant de s’inquiéter de l’effondrement du système de contrôle des armes construit au fil des décennies. 

M. Kőrösi a jugé urgent d’inverser cette tendance avant d’ajouter que nous avons besoin d’une ONU mieux équipée pour être plus efficace.  Face aux menaces immédiates de catastrophe nucléaire et au dysfonctionnement du mécanisme de désarmement nucléaire, le Président de l’Assemblée générale a invité la Première Commission à préserver de toute urgence le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à mettre en œuvre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), tout en avançant sur les questions de cybercriminalité et de mise en œuvre des conventions sur les autres armes de destruction massive, notamment chimiques et biologiques.  S’inquiétant particulièrement de l’actualité de la menace nucléaire, M. Kőrösi a souhaité que ces produits mortifères ne soient un jour plus fabriqués, afin de s’assurer qu’ils ne seront jamais utilisés. 

Face au danger représenté par les armes légères et de petit calibre (ALPC), M. Kőrösi a appelé à des solutions durables en matière de contrôle et de traçage avant de préciser que la paix ne peut-être bâtie que dans le respect des droits humains, notamment celui des femmes.  Il a demandé à la Première Commission de jouer son rôle de chef de file en matière de désarmement en réglant les problèmes le plus pressants d’aujourd’hui dans l’intérêt de la survie de l’humanité. 

Suite du débat

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a souligné l’importance d’appliquer une perspective de genre dans les instruments internationaux concernant la paix et la sécurité, afin d’élaborer des solutions permettant de briser le lien entre la violence et la masculinité.  Dans le cadre du Groupe de travail à composition non limitée sur la sécurité du numérique et de son utilisation (2021-2025), le Costa Rica a demandé que des recherches supplémentaires soient menées pour comprendre les liens entre le genre et la cybersécurité, a-t-elle expliqué.  Elle a appelé à renforcer les capacités en matière d’égalité des sexes et à combler le « fossé numérique » entre les sexes, notamment dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Elle a salué à cet égard le travail de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR).  Dans ce contexte, Mme Chan Valverde s’est félicitée de l’inclusion d’une section sur le genre dans le Cadre mondial sur les munitions conventionnelles, qui devrait être adopté en 2023, ainsi que l’attention portée à ces questions lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.

Citant le chiffre de 2 000 milliards de dollars de dépenses militaires mondiales en 2021, Mme Chan Valverde a rappelé que ces dépenses avaient augmenté pour la septième année consécutive, en raison d’une « mentalité patriarcale qui nourrit le besoin de domination ».  « La violence est un phénomène de genre », a-t-elle argué, en précisant que son pays collabore à l’élaboration d’une résolution sur les femmes, le désarmement, la non-prolifération et la maîtrise des armements, pilotée par la Trinité-et-Tobago.

M. KONSTANTIN VORONTSOV (Fédération de Russie) a imputé les tensions sécuritaires actuelles à un groupe de pays qui se croient exceptionnels, et qui, n’ayant pas réussi à faire face à leur passé colonial douloureux, continuent de faire pression avec agressivité pour satisfaire leurs objectifs égoïstes au mépris du principe de la sécurité partagée et des intérêts fondamentaux de autres États et peuples.  Pour le représentant, ces pays suivent une ligne destructrice qui menace l’équilibre stratégique et provoque des crises régionales pénalisant en premier lieu les pays en développement. 

Le représentant a ajouté que l’imprudence destructrice des États de l’OTAN regroupés sous le parapluie des États-Unis visait bien la confrontation directe entre la Russie et l’Ukraine, confrontation ayant entraîné une escalade qui a conduit les puissances nucléaires au bord de l’affrontement militaire.  M. Vorontsov a souligné que, comme l’ont noté à plusieurs reprises les dirigeants de la Fédération de Russie, l’environnement « turbulent » actuel présente des risques nucléaires importants qui ne peuvent être sous-estimés; il ne faut toutefois se garder de les exagérer « artificiellement ».  Dès lors, a-t-il dit, il est impératif que l’ensemble des États dotés d’armes nucléaires réaffirment leur attachement au principe d’inadmissibilité de toute guerre entre eux, comme ils y avaient souscrit dans la déclaration conjointe de janvier dernier, à la lettre de la laquelle la Russie reste fidèle. 

Le représentant a ensuite dénoncé les violations des obligations découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a ainsi accusé l’OTAN de poursuivre ses activités de « partage nucléaire » avec des pays européens non dotés mais sur le territoire desquels des bombes nucléaires américaines sont déployées.  Le développement et le perfectionnement de ces armes et leurs vecteurs sont une source de déstabilisation régionale, a-t-il estimé, appelant l’OTAN a abandonné cette pratique. 

M. Vorontsov a appelé les États-Unis et leurs alliés à respecter, sur une base réciproque, des obligations similaires à celles contractées par la Fédération de Russie, comme l’engagement pris par cette dernière de ne pas déployer des systèmes qui étaient auparavant interdits au titre du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (Traité FNI).  S’il a ensuite déploré l’absence de consensus sur un document final, « qui cumulait les contradictions », à l’issue de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il a dénoncé l’évolution de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques qui, d’entité internationale purement technique, est devenue, sous la pression pays occidentaux, un outil politique au service de leurs intérêts au Moyen-Orient et au-delà.  Il a annoncé que sa délégation présenterait un projet de résolution demandant la mise à jour des principes et procédures du Mécanisme permettant au Secrétaire général d’enquêter sur les allégations d’emploi d’armes chimiques et biologiques. 

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a réitéré l’adhésion de son pays aux principes et aux buts du désarmement et de la sécurité internationale, et a dit appuyer toutes les initiatives pour réduire les armes nucléaires et de destruction massive.  Abordant la situation au Moyen-Orient, il a rappelé que tous les États arabes sont devenus parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, alors qu’Israël refuse toujours d’en faire de même et de soumettre ses installations au régime de contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ce qui suscite une course aux armements dans la région.  Il s’est félicité de la tenue des deux premières sessions de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient et a espéré que la troisième session, prévue pour cette année sous la présidence libanaise, sera couronnée de succès et permettra d’adopter un traité juridiquement contraignant et équilibré en vue de la création d’une telle zone.  Le Yémen regrette que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pas abouti à un document final et espère qu’il sera possible d’en adopter un lors de la onzième conférence.

Passant à la situation au Yémen, le représentant a dénoncé le fait que les milices houthistes jouissent de l’appui logistique et militaire de l’Iran.  Alors que le Yémen avait éliminé son stock de mines après avoir signé le Convention d’Ottawa en 1997, les milices houthistes y ont recours, y compris dans les ports, ce qui menace la navigation en Mer rouge, a-t-il mis en garde.  Il a exhorté la communauté internationale à faire pression sur les milices pour qu’elles cessent d’utiliser ces mines, mais également sur le régime iranien pour qu’il cesse de s’ingérer dans les affaires intérieures du Yémen et d’approvisionner les houthistes en armes et en mines.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a dressé un inventaire des nombreuses conférences de désarmement qui se sont tenues malgré les contraintes liées à la COVID-19.  Il a ajouté qu’une coopération multilatérale inclusive et la coopération entre les États était la seule façon d’avancer en matière de désarmement.  Il s’est dit particulièrement choqué que les dépenses militaires continuent d’augmenter alors que les populations ont faim et manquent de moyens pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il a appelé à faire entrer en vigueur rapidement le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en exhortant les huit pays figurant à l’annexe II de ce traité qui ne l’ont pas encore fait, de le ratifier.  Il a regretté l’absence de résultats concluants à l’issue de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Après avoir estimé que le TICE et le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires étaient des instruments complémentaires, le représentant s’est dit particulièrement préoccupé qu’aucun État doté de l’arme nucléaire n’ait adhéré au second. 

Par ailleurs, le représentant a cité en exemple le Traité de Pelindaba, qui a fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN), avant d’appeler à la multiplication de ces ZEAN dans le monde et en particulier au Moyen-Orient.  « Les armes nucléaires sont un mal qui n’est pas nécessaire », a conclu le représentant, qui a appelé toutes les délégations à tout mettre en œuvre pour éliminer ces armes de leur vivant. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a annoncé que son pays, qui a présidé cette année la Conférence du désarmement, présentera le projet de résolution sur le rapport annuel de cet organe.  Sur le fonctionnement de la Conférence, il a regretté que le principe du consensus, « qui devrait y être un instrument de négociation », y soit devenu au fil du temps et à force d’impasses « une sorte de veto ».  Il a estimé opportun de lancer une réflexion sur des éléments de réformes possibles de la Conférence du désarmement, afin qu’elle redevienne la première enceinte d’élaboration multilatérale des traités juridiquement contraignant de désarmement. 

En ce qui concerne la cybersécurité, l’Équateur estime nécessaire la poursuite au long cours de l’élaboration d’un cadre solide et contraignant.  Dans l’immédiat, nous devons mettre au point des normes pour promouvoir l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins pacifiques et sécurisées, a dit le représentant, qui a assuré que l’Équateur participerait de manière constructive aux groupes d’experts et groupes gouvernementaux chargés par l’Assemblée générale d’examiner ces questions. 

Le représentant a par ailleurs rappelé le soutien actif de son pays aux travaux entrepris dans le cadre du programme d’action de l’ONU contre les armes légères et de petit calibre, saluant la richesse conceptuelle et les recommandations de fond du rapport issu de la dernière réunion biennale des États parties à ce dispositif, tenue cette année.  Enfin, il a souligné l’efficacité des opérations conjointes de déminage menées par son pays et le Pérou: « Nos deux armées, qui s’affrontèrent jadis, sont aujourd’hui unies pour la paix et le bien-être humanitaire des pays de notre région », a-t-il affirmé. 

Mme CAMILLE PETIT (France) a réitéré l’attachement de la France au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement.  Elle a déploré le blocage par la Russie du document final de la conférence d’examen d’août 2022, « alors que nous avions un document ambitieux sur la table, que toutes les autres 190 parties étaient prêtes à soutenir ».  La France, a ajouté la représentante, reste pleinement mobilisée pour trouver une solution diplomatique aux crises de prolifération, qu’il s’agisse de l’Iran, qu’elle appelle à revenir à ses engagements au titre du Plan d’action global commun et à coopérer pleinement, sans délai et de bonne foi avec l’AIEA, ou de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui doit « procéder au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de tous ses programmes proliférants ». 

Mme Petit s’est dite préoccupée par le constat d’érosion de la norme d’interdiction de l’arme chimique, effectué à l’occasion de l’utilisation de telles armes en Syrie, en Malaisie, au Royaume-Uni et en Russie.  Dans ce contexte, elle a dénoncé les déclarations infondées de responsables russes concernant des allégations de provocations chimiques en Ukraine avant de juger inacceptable l’instrumentalisation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Dans la perspective de la cinquième Conférence d’examen de la CIAC en 2023, elle a salué le « Partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques » que la France présidait.  Elle a dit l’importance de régimes de contrôle des exportations de technologies sensibles, qui permettent de renforcer la confiance mutuelle et de faciliter la coopération internationale. 

Dans le domaine des armes conventionnelles, la France a dit espérer que les travaux sur les systèmes d’armes létaux autonomes pourront progresser dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques, avant d’appeler à progresser dans la lutte contre les trafics illicites d’ALPC et de leurs munitions. 

Citant « des mois à venir décisifs » pour préserver et consolider des décennies d’acquis en matière de non-prolifération et de désarmement, la représentante a cité la neuvième Conférence d’examen de la Convention d’interdiction des armes biologiques ou à toxines, alors que la Russie continue à instrumentaliser ses dispositions pour diffuser des allégations infondées contre l’Ukraine et les États-Unis.  « Nous continuerons à apporter par ailleurs notre soutien au mécanisme d’enquête du Secrétaire général  qui demeure le seul mécanisme international indépendant existant pour enquêter sur les allégations d’utilisation d’arme biologique », a ajouté la représentante, avant de souhaiter que le nouveau cycle d’examen du TNP qui commencera en 2023 permettra d’enregistrer des progrès sur les trois piliers de ce traité, seul instrument à même d’assurer efficacement la sauvegarde du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire. 

Mme Petit a aussi indiqué que la France, qui occupera une des présidences de la Conférence du désarmement pour 2023, est déterminée à faire progresser les travaux de la Conférence, en coordination avec les cinq autres pays qui occuperont la présidence, dont trois font également partie de l’Union européenne.  En outre, elle a indiqué que la France, en tant que présidente de la dernière Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC), portera la résolution annuelle sur cette convention. 

La France entend également travailler à « l’établissement d’un futur programme d’action cyber, pour soutenir les efforts des États Membres dans la mise en œuvre des normes de comportement responsables dans le cyberespace ».  La représentante a souligné la complémentarité du futur programme d’action avec l’actuel Groupe de travail à composition non limitée.  Enfin, la France portera, « comme il y a deux ans avec l’Allemagne, une résolution sur la prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes », a annoncé la représentante.  Enfin, la France défendra la résolution sur la lutte contre la menace que représentent les engins explosifs improvisés « qui provoquent chaque année, des pertes et des blessés civils supérieurs à celle de toute autre arme après les armes à feu ». 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a parlé d’un monde à la dérive d’un point de vue géopolitique, économique et écologique, citant les inondations dans son pays et les nouveaux conflits et menaces à la paix et à la sécurité qui se multiplient en Europe, en Asie-Pacifique et ailleurs, sans oublier le retour de la course aux armements.  Beaucoup de doctrines militent de nouveau pour le recours aux armes nucléaires, les obligations de désarmement ne sont pas respectées et la non-prolifération nucléaire est mise à mal, a poursuivi le représentant, pour qui reconstruire une architecture sécuritaire internationale plus durable et solide est un impératif urgent.  Il faut pour cela pleinement respecter les principes de la Charte des Nations Unies, notamment le non-recours à la force, et veiller à garantir le droit de chaque État à la sécurité, a ajouté M. Akram.  Le potentiel de l’ONU pour promouvoir la paix doit être pleinement utilisé, a-t-il ajouté, arguant que la guerre ne permettait pas d’arriver à une paix durable.  Cela passe par la négociation et le compromis, a-t-il tranché. 

La paix et la sécurité en Asie du Sud sont menacées par les politiques hégémoniques et ultranationalistes de l’Inde visant à créer un État exclusivement hindou, a affirmé M. Akram.  La quête légitime du Cachemire pour l’autodétermination fait l’objet d’intimidations et des doctrines sont avancées qui envisagent une guerre illimitée, y compris avec mention du nucléaire, pour promouvoir l’hégémonie régionale de cet État, a-t-il ajouté.  Le manque de redevabilité et l’accès important à des armements de pointe de la part de différentes sources donnent de l’audace à ce régime, s’est-il indigné, en rappelant à titre d’exemple le lancement d’un missile supersonique à capacité nucléaire sur le territoire du Pakistan au mois de mars, qui aurait pu entraîner une l’escalade si le Pakistan n’avait pas fait preuve de retenue.  M. Akram a rappelé que son pays a exigé une enquête conjointe sur cet incident pour répondre à une série de questions sur les raisons justifiant ce lancement. 

Le représentant a assuré que le Pakistan cherche à œuvrer pour la paix et le développement en Asie du Sud, et à rechercher la stabilité stratégique en s’appuyant sur l’égalité souveraine et sur le respect mutuel.  Il a affirmé aussi que le Pakistan souhaite la reprise des négociations avec l’Inde pour régler leurs différends, y compris la question du Jammu-et-Cachemire -conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et aux souhaits du peuple cachemirien- a affirmé M. Akram.  Il a rappelé que son pays propose un régime de retenue militaire en Asie du Sud-Est, une proposition qui reste ouverte à négociation, et qu’il reste profondément engagé pour un monde exempt d’armes nucléaires.  Il faut réduire les stocks existants, a souhaité le représentant, qui a aussi demandé des garanties de sécurité négative pour les États non-nucléaires. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a décrit la situation internationale en matière de sécurité comme la plus complexe jamais observée depuis la fin de la guerre froide en raison de l’agression russe, injustifiée et inacceptable, en Ukraine.  Dans ce contexte, il s’est particulièrement inquiété de l’incapacité de trouver un consensus lors de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a jugé inacceptable qu’un pays ayant le plus grand arsenal nucléaire menace de recourir à l’arme nucléaire contre un État non doté de cette arme. 

Par ailleurs, le représentant s’est particulièrement inquiété que son voisin, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ait adopté une loi fixant le seuil le plus bas autorisant le recours à une arme nucléaire.  Il a précisé que la RPDC avait tiré 39 missiles balistiques en 2022 et s’apprête à mener son septième essai nucléaire en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à tout mettre en œuvre pour presser la RPDC à s’engager dans un processus de dénucléarisation réel et notable. 

« Comme en témoigne la guerre en Ukraine, les menaces posées par les armes classiques et autres armes de destruction massive ne doivent pas être sous-estimées », a insisté le représentant avant de mettre l’accent sur la Convention sur l’interdiction de certaines armes classiques et le Traité sur le commerce des armes, dont son pays a assumé récemment la présidence lors de la neuvième Conférence des États parties.

Par ailleurs, le représentant a estimé que la Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques à Genève en novembre, et la Conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques en 2023 offriront une nouvelle occasion aux États parties de réaffirmer leur engagement envers les traités et leur mise en œuvre.  Enfin, il a salué les travaux en cours du Groupe de travail a composition limitée pour réduire les menaces dans l’espace extra-atmosphérique.

M. VIDEL (Chili) a exhorté les États n’ayant pas adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à signer et ratifier sans plus attendre le Traité d’interdiction des armes nucléaires.  Il s’est particulièrement félicité de la tenue, du 21 au 23 juin à Vienne, de la première réunion des États parties à ce dernier traité.  Il a dit attacher la plus grande importance à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), en tant qu’instrument fondamental pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires.  Il a jugé urgent que les huit pays inscrits à l’annexe II du TICE qui n’ont pas encore ratifié le Traité le fassent rapidement. 

Le représentant a rappelé que l’Amérique latine et les Caraïbes forment la première région densément peuplée du monde à avoir établi une zone exempte d’armes nucléaires, par le biais du Traité de Tlatelolco signé le 14 février 1967.  Il a appelé à l’universalisation du TNP, en tant que pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Il a souligné l’importance d’une application équilibrée des trois piliers du TNP, en citant le désarmement, la non-prolifération et le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a jugé inquiétant que la dixième Conférence d’examen du TNP n’ait pu s’entendre sur un document final. 

Après avoir dit que l’utilisation militaire d’armes biologiques et chimiques doit être condamnée en toutes circonstances, le représentant a appuyé l’adhésion universelle à la Convention sur les armes chimiques.  En outre, il a salué la pertinence du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères, qui fournit un cadre normatif pour lutter contre le commerce illicite de ces armes et leurs munitions.  Mettant l’accent sur le renforcement de la stabilité stratégique et de la sécurité internationale dans le cyberespace, le représentant s’est félicité que le nouveau groupe de travail à composition non limitée sur cette question, créé pour la période 2021-2025, ait produit son premier rapport annuel.

M. LEONARDO BENCINI (Italie) a réaffirmé le soutien de son pays au dispositif de désarmement onusien, à l’heure où la Russie méprise les valeurs et les règles de la sécurité internationale.  Il est de notre responsabilité collective de trouver des solutions pour empêcher que ne se reproduisent d’autres guerres d’agression, a-t-il ajouté, assurant que l’Italie partage l’objectif commun aux États Membres d’un monde pacifique, sûr et exempt d’armes nucléaires. 

À cet égard, le représentant a souligné que seule l’approche progressive et réaliste prévue par le cadre juridique du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires peut permettre la réalisation d’un tel objectif.  Il a ensuite demandé aux États dotés d’armes nucléaires de continuer de réduire leurs capacités militaires et a souligné l’importance d’une entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Dans l’immédiat, les moratoires sur les essais en vigueur doivent être maintenus, a-t-il dit, avant d’exhorter l’Iran à respecter ses obligations en matière de garanties contractées auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique et à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de renoncer à ses « provocations ».  La RPDC doit mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité l’exhortant à reprendre des pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a insisté le représentant.

Enfin, M. Bencini a estimé, en tant que Président de la neuvième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines, que le contexte actuel d’évolution rapide des technologies duales offrait aux membres de la Convention l’occasion d’avancer dans la mise au point de mesures nouvelles de sécurisation de ces nouvelles technologies.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a réaffirmé l’attachement de la Malaisie à la mise en œuvre pleine et effective du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), dont la conférence d’examen n’a pas été en mesure d’adopter un document final.  L’échec consécutif des neuvième et dixième Conférences d’examen du TNP à parvenir à un résultat substantiel n’augure rien de bon pour le Traité, a estimé le représentant, arguant que l’efficacité continue du TNP ne doit pas être tenue pour acquise et pourrait bien être remise en cause, à moins que les États parties ne redoublent d’efforts pour en renforcer l’intégrité et la crédibilité.  À cette fin, la mise en œuvre intégrale de toutes les obligations et engagements pris par les États parties est essentielle.  Des concepts, des doctrines et des politiques de plus en plus sophistiqués ne peuvent masquer la nature odieuse des armes nucléaires, ni les terribles conséquences humanitaires qui résulteraient inévitablement de leur utilisation, a mis en garde le représentant, qui a demandé leur élimination totale. 

C’est pour cette raison que la Malaisie considère le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires comme un instrument historique dans notre progression commune vers un monde exempt d’armes nucléaires.  M. Aidid a salué l’entrée en vigueur du Traité en janvier 2021 et de la réussite de sa première Réunion des États parties, à Vienne en juin de cette année.  Il a souligné que le Traité est pleinement compatible et complémentaire avec le TNP ainsi qu’avec les divers traités établissant des zones exemptes d’armes nucléaires, y compris celle de l’Asie du Sud-Est, et leurs protocoles.  À cet égard, la Malaisie souligne la nécessité urgente de régler au plus tôt les questions en suspens relatives à la signature et à la ratification du protocole au Traité de Bangkok relatif à la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est par les États dotés, conformément à la vision définie par les dirigeants de l’ASEAN dans le cadre de la Feuille de route 2025 pour la sécurité politique de l’ASEAN.

Le représentant a condamné la montée en flèche du nombre d’essais de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) cette année, y compris de missiles balistiques intercontinentaux, ainsi que l’escalade la plus récente provoquée par le lancement par la RPDC d’un missile balistique qui a survolé le Japon.  La Malaisie réaffirme l’importance de la retenue de toutes les parties concernées et la nécessité de la reprise du dialogue en vue d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. 

Le représentant a également réaffirmé le soutien de la Malaisie au restauration et l’application du Plan d’action global conjoint (PAGC) en appelant les parties concernées à aller de l’avant avec la volonté politique requise et à s’engager dans une diplomatie forte.  En outre, la Malaisie reste pleinement attachée à la Convention sur les armes chimiques et à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.  Dans le domaine cybernétique, elle se félicite des progrès réalisés au sein du Groupe de travail à composition non limitée sur la sécurité du numérique et de son utilisation (2021-2025) et attend avec intérêt la poursuite des travaux de cet organe dans un esprit de consensus, a conclu le représentant.

M. MARCIN WROBLEWSKI (Pologne) a déclaré que l’agression russe en Ukraine était l’aboutissement d’années de violations de l’ordre international par la Russie avant de dénoncer un triste bilan de ce pays en matière de violation et de non-respect des accords et engagements de maîtrise des armements, de non-prolifération et de désarmement.  Il a ajouté que le renoncement récent du Bélarus à son statut de zone exempte d’armes nucléaires, et d’autres déclarations concernant la possibilité d’héberger des armes nucléaires russes sur le territoire bélarussien, noircissaient encore ce sombre tableau.  Accusant la Russie d’être en train de détruire l’ordre international fondé sur des règles, le représentant a exhorté la Première Commission à condamner l’agression russe et à demander aux forces russes de se retirer de tout le territoire ukrainien.  « Et nous devons déterminer ce qu’il faut faire pour maintenir l’architecture de la maîtrise des armements, du désarmement et de la non-prolifération dans les mois à venir », a-t-il ajouté. 

Appelant à ne pas perdre de vue les menaces et les défis à la sécurité dans d’autres régions du monde, M. Wroblewski a estimé que la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) demeure un impératif absolu et une priorité.  Il s’est dit préoccupé par la poursuite du programme nucléaire marqué par la réouverture du site d’essais nucléaires, un nombre sans précédent de lancements illégaux de missiles en 2022 et l’adoption d’une loi autorisant les frappes nucléaires préventives.  Convaincu qu’une paix durable dans la péninsule coréenne ne peut être obtenue que par des moyens pacifiques, le représentant a exhorté la RPDC à engager des pourparlers sur la dénucléarisation, à abandonner ses programmes nucléaires et de missiles balistiques, à cesser immédiatement toutes les activités connexes, à se conformer pleinement à toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il a espéré que les parties parviendront à un consensus sur la réactivation du Plan d’action global commun dans le dossier iranien. 

Rappelant que le traité NEW START est le seul mécanisme de maîtrise des armements non conventionnels en place, il a appelé à un traité de suivi plus large qui couvre toutes les armes nucléaires, y compris les armes non stratégiques en Europe et leurs nouveaux types.  Il a appelé la Chine à s’engager de manière constructive dans ces efforts avant de souligner l’importance de la reconstruction d’une confiance mutuelle fondée sur le respect du droit international.  Par ailleurs, le représentant a estimé que l’agression russe contre l’Ukraine et les récits de désinformation de Moscou devaient amener à renforcer les régimes des conventions sur les armes chimiques et biologiques.  Il a indiqué que la Pologne présenterait à l’Assemblée générale un projet de résolution sur la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques, soulignant le rôle de premier plan de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Il a enfin dit attacher une grande importance aux discussions sur le désarmement, et à la décision attendue en 2023 sur le mandat du Groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes létaux autonomes. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire mondial pour renforcer la sécurité et les capacités du cyberespace des pays en développement, lesquels ont le droit à une utilisation transparente, pacifique et sûre des technologies de l’information et des communications. 

Le représentant a en outre appuyé l’inclusion de perspectives sexospécifiques dans les cadres et mécanismes de désarmement.  Les femmes, les jeunes et les acteurs de la société civile sont des agents de changement dans l’architecture du désarmement, a-t-il insisté, ajoutant que son pays est convaincu que les institutions régionales de désarmement, qui promeuvent à cette échelle le dialogue et les mesures de confiance, complètent le mécanisme international de désarmement et de non-prolifération.  Aussi a-t-il appelé au renforcement financier du rôle des centres régionaux de désarmement de l’ONU, dont celui pour l’Asie-Pacifique, situé à Katmandou. 

M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a appelé à miser sur la diplomatie pour réduire les tensions à l’échelle mondiale et la menace nucléaire, en s’adressant en particulier aux puissances nucléaires.  Réaffirmant que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires reste la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, le représentant a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP n’ait pas été en mesure de parvenir au consensus pour faire face à la menace nucléaire de manière collective.  Il a rappelé à cet égard que l’Afrique avait opté pour une zone exempte d’armes nucléaires à travers le Traité de Pelindaba et s’est dit convaincu que de telles zones, ailleurs dans le monde, contribueraient efficacement à la paix et la sécurité mondiales.  Il en a profité pour revendiquer le droit inaliénable de toutes les nations aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire et a appelé l’Agence internationale de l’énergie atomique à poursuivre son assistance technique dans ce domaine. 

Estimant que la Conférence du désarmement est le seul forum multilatéral de négociation de ces questions, le représentant a lancé un appel à plus de flexibilité pour permettre la reprise de ses travaux sans plus tarder.  En outre il a appelé à redoubler d’efforts pour appliquer le programme d’action pour combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre et de renforcer le soutien aux efforts régionaux et sous-régionaux dans ce domaine. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a condamné la guerre d’agression délibérée de la Russie contre l’Ukraine, qui fait peser des risques catastrophiques « pour nous tous ».  Il a ajouté que, dans les faits, cette guerre d’agression est une atteinte à l’ensemble des questions de paix et de sécurité internationales à l’ordre du jour de la Commission, le risque nucléaire n’ayant jamais été aussi élevé qu’actuellement.  Il a également imputé à la Russie l’échec des délibérations conduites lors de la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui ont été profondément perturbées par les tensions géopolitiques générées par les provocations verbales et les agissements en violations du droit international de la Russie. 

Le représentant a vu dans la première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tenue en juin dernier à Vienne, un début d’élan pour qu’advienne un changement de paradigme capable de rompre le statu quo sur les armes nucléaires et les doctrines sous-jacentes de sécurité des États qui en sont dotées.  Le Plan d’action de Vienne pour la mise en œuvre du Traité a envoyé un message fort en faveur du renforcement du droit international et du multilatéralisme en vue de réaliser un monde sans armes nucléaires, a-t-il encore dit.  Le représentant a ainsi appelé à l’universalisation du Traité. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a déclaré qu’aucune aspiration ou ambition ne saurait justifier l’usage des armes de destruction massive, conçues pour détruire aveuglément et complètement.  Il a ajouté que ces « armes de mort nous exposent tous à un risque mortel, surtout si elles devaient tomber entre les mains de terroristes ».  Ainsi, il a estimé que seule leur élimination complète peut protéger l’humanité de l’impact potentiellement catastrophique de leur utilisation, intentionnelle ou résultant d’un accident. 

Le représentant a ensuite dit la fierté de son pays d’être devenu cette année le cinquante-troisième État Membre à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui se fonde sur des considérations humanitaires irréfutables et établit la remédiation environnementale en tant que norme internationale de sécurité.  En outre, a-t-il ajouté, ce traité représente une avancée pouvant contribuer à la mise en œuvre de l’article VI du TNP, portant sur l’élimination des arsenaux des États dotés. 

M. Lagdameo a indiqué qu’en ratifiant le Traité sur le commerce des armes et le Protocole V de la Convention sur certaines armes classiques jugées inhumaines cette année, son pays était devenu l’un des rares États parties à toutes conventions de « désarmement humanitaire ».  Il a également salué la pertinence du document final issue la dernière Réunion biennale du Programme d’action de l’ONU contre les armes légères et de petit calibre (ALPC), que son pays a présidée.  L’élimination responsable, de préférence par leur destruction, des surplus d’ALPC et l’importance de l’intégration de la perspective de genre dans la lutte contre ces armes y sont réaffirmées, a-t-il notamment souligné. 

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) a noté que ce jour était le deux cents vingt-troisième « d’une guerre non provoquée » d’un État doté de l’arme nucléaire contre un État non doté, a rappelé que la Russie avait annoncé la mobilisation et organisé de prétendus référendums dans certains territoires occupés de l’Ukraine pour tenter d’annexer des parties des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia.  De telles actions violent gravement la Constitution et les lois de l’Ukraine, ainsi que les normes du droit international et des obligations internationales de la Russie, a-t-il dénoncé, ajoutant qu’elles n’auraient aucune implication pour le système administratif et territorial de l’Ukraine, qui maintient ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée.  L’Ukraine a parfaitement le droit de restaurer son intégrité territoriale par des moyens militaires et diplomatiques, a-t-il affirmé, et continuera à libérer ses territoires temporairement occupés. 

L’Ukraine n’a cessé d’appeler à l’élimination totale des armes nucléaires, et, pour sa part, elle a renoncé à ce qui était le troisième plus grand arsenal nucléaire du monde, a rappelé le représentant.  Pour l’Ukraine, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération et du désarmement nucléaire.  Toutefois, depuis 2014, l’efficacité et l’intégrité du TNP ont été sapées, lorsque la Russie a occupé la Crimée et lancé l’agression dans l’est de l’Ukraine en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et d’un certain nombre de traités et d’accords internationaux, y compris le Mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité de 1994.  Malgré les négociations constructives de la dixième Conférence d’examen du TNP en août 2022, la Russie -un État doté d’armes nucléaires- a bloqué le consensus sur le document final, a encore constaté le représentant.  Ce faisant, la Russie a non seulement montré son mépris pour ses obligations et engagements au titre du Traité, mais a également tenté d’échapper à sa pleine responsabilité pour les actions contre les installations nucléaires de l’Ukraine, a-t-il souligné.  Ce qui est particulièrement alarmant, selon lui, c’est que le risque de guerre nucléaire soit maintenant plus élevé que jamais depuis la guerre froide.  La communauté internationale ne peut pas simplement fermer les yeux sur cette rhétorique imprudente, a-t-il ajouté. 

À ce jour, de grandes parties du territoire ukrainien sont contaminées par des mines, y compris avec des mines antipersonnel et d’autres engins explosifs, a expliqué le représentant, avant d’exprimer sa préoccupation face à l’utilisation de véhicules aériens sans pilote iraniens contre le peuple ukrainien, des infrastructures civiles et des installations nucléaires civiles, y compris la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe.  Outre la présence illégale des forces militaires dans cette centrale, la Russie terrorise son personnel, a-t-il ajouté.  En raison des actions de la Russie, le monde entier aujourd’hui est au bord d’une catastrophe nucléaire dont les conséquences pourraient être mondiales, a-t-il mis en garde.  Il y a vu un exemple clair d’un terrorisme nucléaire, parrainé par un État nucléaire. 

L’Ukraine apprécie le courage et le professionnalisme des experts de la mission de l’AIEA, a poursuivi le représentant, mais il a constaté que la centrale était toujours sous occupation et que les risques demeurent.  Pour l’Ukraine, la seule façon de s’assurer qu’il n’y a pas de menace nucléaire est que la Russie démilitarise la centrale, retire ses troupes et cède son contrôle total à l’Ukraine.  Il a également accusé la Russie d’avoir instrumentalisé la Convention sur les armes biologiques pour sa propagande contre l’Ukraine.  Les accusations de la Russie contre l’Ukraine et les États-Unis visent, en premier lieu, à créer des motifs artificiels pour justifier sa guerre à grande échelle contre l’Ukraine et détourner l’attention de la communauté internationale des atrocités commises par ses troupes sur le territoire de l’Ukraine, a encore affirmé le représentant. 

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a dénoncé la politique antirusse du monde occidental qui a poussé son pays à prendre les mesures qui se sont imposées en Ukraine.  Il a rendu les États occidentaux responsables de l’aggravation des tensions et du conflit militaire de grande ampleur, du fait qu’ils ont avalisé le refus des autorités de l’Ukraine d’appliquer les accords de Minsk.  Il a accusé les États occidentaux d’être responsables des actes sanguinaires du régime de Kiev contre sa propre population.  Il a dénoncé des actes des Occidentaux, qui risquent de favoriser une confrontation directe entre la Russie et l’OTAN.  Il a dit que le régime de Kiev ne cache plus sa volonté de reprendre les territoires perdus en raison de sa politique, avant de dénoncer les méthodes terroristes des néonazis ukrainiens, qui semblent s’inspirer des méthodes des terroristes islamistes en utilisant les civils comme boucliers humains.  Enfin, il a accusé les fournisseurs d’armes de l’Ukraine d’être complices des crimes de guerre du pouvoir néonazi de Kiev, avant de rejeter toutes les interventions des délégations occidentales, jugeant infondé le retour des territoires annexées dans le giron russe. 

La représentante de l’Inde a accusé le Pakistan de proférer des affirmations fausses, alors même qu’il est bien connu que la première exportation de ce pays est la violence et le terrorisme, « alors que nous exportons des vaccins et de l’aide humanitaire ».  Elle a demandé à son homologue de ne pas utiliser la Première Commission pour dissimuler la nature prédatrice de son pays, qui ne semble pouvoir soutenir que le terrorisme violent.  Que le Pakistan s’occupe du sort des femmes et des minorités, a-t-elle encore dit, ajoutant que l’Inde n’avait aucun conseil à recevoir d’un pays qui a un sérieux passif dans la contrebande de matières nucléaires illicites.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a réagi aux propos de certains pays européens - « vassaux des États-Unis » et de la Corée du Sud.  Après avoir rejeté en bloc leurs déclarations, le représentant leur a reproché de suivre les États-Unis dans leur politique hostile à l’encontre d’un État souverain, le sien, qu’ils ciblent dans le but de ralentir son développement.  Les États-Unis déploient des moyens militaires de pointe en Corée du Sud et dans la région, a-t-il rappelé, en leur reprochant d’être une menace pour la stabilité de la région.  C’est le système de défense mis en place par la RPDC qui dérange les États-Unis et « ses vassaux », a poursuivi le représentant.  Il a reproché « au régime conservateur » de la Corée du Sud d’avoir pris une série de mesures et de vouloir développer de nouveaux armements pour remédier à son « infériorité militaire ».  Le Gouvernement de la Corée du Sud doit admettre qu’il a dépassé les bornes et que ses agissements irresponsables impliquent une surveillance de la part de la RPDC, a ajouté le représentant, avant de l’exhorter à s’abstenir de faire preuve d’hostilité à l’égard de son pays.

Le représentant de la Pologne a rappelé qu’en tant que pays voisin de l’Ukraine, son pays est directement touché par l’agression russe.  Ce dont témoignent, a-t-il dit, les milliers de femmes et d’enfants ukrainiens venus trouver refuge en Pologne.  Selon lui, parler comme le fait la Russie de « nazisme ukrainien » est une insulte odieuse aux survivants polonais et ukrainiens de l’Holocauste

Le représentant de l’Ukraine a réagi aux propos de la Russie en soulignant que c’est « dès le début de l’agression russe » que les forces de Moscou ont commis des crimes contre la population civile ukrainienne, des crimes « condamnés par l’Assemblée générale et d’autres organisations internationales importantes ».  Il a également rappelé que la Russie, en raison de sa guerre d’agression, n’est plus membre du Conseil de l’Europe et a été suspendue du Conseil des droits de l’homme.  Il a estimé à 7 000 le nombre de civils ukrainiens « assassinés » par la Russie, qui a détruit des milliers d’écoles et d’hôpitaux et réduit en cendres des villes parmi les plus prospères d’Ukraine.

Le représentant du Pakistan a répondu à l’intervention de l’Inde en s’indignant que la désinformation est ce qui règne dans la diplomatie indienne de nos jours.  Le fait que le Jammu-et-Cachemire fasse partie de la juridiction de l’Inde est une fiction, a-t-il tranché, en rappelant que les résolutions pertinentes de l’ONU disent que le statut de ce territoire doit être déterminé par sa population et que les cartes de l’ONU de cette région montrent qu’il s’agit bien d’un territoire qui fait l’objet d’un différend.  Il a demandé à l’Inde d’en retirer ses troupes et de permettre aux Cachemiriens de librement exercer leur droit à l’autodétermination.  Il a également remarqué que l’Inde s’est limitée à dire que les questions soulevées par le Pakistan l’ont été dans la « mauvaise enceinte ».  À cela il a répondu qu’à partir du moment où les politiques et doctrines de l’Inde menacent la paix et la sécurité de la région de l’Asie du Sud-Est, la Première Commission est un forum parfaitement approprié.  En outre, le représentant a affirmé que la minorité musulmane en Inde fait fréquemment l’objet de lynchages avec la complicité de l’État indien.  Il ne suffit pas non plus que l’Inde se limite à dire ici que le tir de missile de mars visant le Pakistan était « simplement un incident », a-t-il ajouté.

Le représentant de la République de Corée a indiqué que la RPDC avait lancé hier son trente-neuvième missile balistique depuis le début de l’année et s’apprêtait à mener son septième essai nucléaire en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a expliqué que les exercices militaires menés conjointement entre les États-Unis et la République de Corée sont une réponse à ces tirs et essais, avant d’exhorter la RPDC à mettre fin à ses provocations et reprendre le processus de désarmement.

La représentante de l’Union européenne a dénoncé les accusations horribles et sans fondement proférées par la Fédération de Russie dans le seul but de légitimer la guerre illégale qu’elle a lancée en Ukraine.  Elle a exhorté la Russie à mettre fin à sa propagande et ses activités illicites avant de souligner le droit de l’Ukraine de se défendre conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Elle a exhorté la Fédération de Russie à retirer ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien, ajoutant que le recours à la coercition pour modifier des frontières n’avait plus sa place au XXIe siècle.

Le représentant des États-Unis a réagi aux propos de la Russie, les qualifiant de tissu de contre-vérités.  Il a répété que son pays continuerait de soutenir sans relâche l’Ukraine dans sa lutte pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale internationalement reconnue.  Il n’y a pas d’autre responsable des destructions en Ukraine et de la déstabilisation de la sécurité internationale que la Russie, a-t-il dit.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a repris la parole pour répondre à la Corée du Sud, en lui rappelant que son pays n’avait jamais reconnu les résolutions des Nations Unies, parce qu’elles enfreignent la souveraineté et le développement de la RPDC.  Le représentant a ajouté que les exercices militaires conjoints avec les États-Unis étaient offensants et que la Corée du Sud aurait intérêt à réfléchir aux graves conséquences de ses remarques et actes irresponsables.

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