Soixante-dix-septième session  
31e et 32e séances plénières – matin et après-midi
AG/12468

L’Assemblée générale adopte le rapport de l’AIEA et débat de la situation autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par consensus sa résolution sur le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à l’occasion d’une séance dominée par des échanges sur la situation de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine.  En raison de circonstances exceptionnelles, le Directeur général de l’AIEA n’a pas pu prononcer sa déclaration annuelle sur le rapport de l’Agence.

En adoptant la résolution A/77/L.9, présentée par la Tchéquie, l’Assemblée générale réaffirme notamment son « appui énergique » à l’AIEA pour le « rôle incontournable » qu’elle joue en encourageant et en facilitant le développement et l’utilisation pratique de l’énergie atomique à des fins pacifiques et en favorisant le transfert de technologies aux pays en développement ainsi que la sûreté, la vérification et la sécurité nucléaires.

Faisant le constat d’une évolution « effrayante », le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, a alerté que le monde fait face à des risques de prolifération et de catastrophe nucléaires inconnus depuis des décennies, évoquant notamment la centrale nucléaire de Zaporijia.  Rejoint par de très nombreuses délégations, il a salué le personnel de la mission de l’AIEA qui prend des risques pour maintenir une présence sur place depuis trois mois afin de fournir des informations cruciales et impartiales. 

À l’instar de nombreuses délégations, le Mexique, l’Albanie et l’Équateur ont appelé la mise en place de toute urgence d’une zone de protection et de sécurité nucléaire autour de cette centrale afin d’éviter un accident aux « conséquences catastrophiques ». 

Qualifiant « d’illégal » le récent décret du Président russe transférant la propriété de la centrale nucléaire de Zaporijia à la Fédération de Russie, l’Ukraine a accusé Moscou d’utiliser Zaporijia comme une potentielle « bombe sale » pour extorquer des concessions militaires et politiques.  Faire un tel usage militaire d’une centrale nucléaire pour obtenir un avantage sur le champ de bataille constitue un précédent historique qui affaiblit les principes du régime de sécurité nucléaire, s’est également inquiétée la délégation. 

La Russie a rétorqué que ses forces défendraient la centrale des attaques ukrainiennes qui lui feraient courir un grave risque de catastrophe, accusant à son tour Kiev de se livrer à du chantage autour de la centrale.  La délégation russe a de plus appuyé la proposition du Directeur général de l’AIEA d’établir une zone de protection le plus rapidement possible et a assuré que son gouvernement fait tout son possible pour permettre à l’AIEA de réaliser sa mission « malgré les provocations de Kiev ».

La Lituanie s’est félicitée pour sa part que la dernière évaluation des experts de l’AIEA sur trois sites en Ukraine a « donné tort à la propagande de la Russie », l’Agence n’ayant trouvé aucune indication d’activités et de matériaux nucléaires non déclarés.  De son côté, l’Union européenne a demandé à la Russie de mettre rapidement en œuvre les recommandations du Conseil des gouverneurs de l’AIEA en se retirant de tous les sites nucléaires ukrainiens. 

 Au cours de cette séance, de nombreuses délégations ont par ailleurs regretté l’échec des neuvième et dixième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, Russie et Union européenne s’en rejetant mutuellement la responsabilité.  La République de Corée a estimé pour sa part que le développement du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) reste une question de non-prolifération de la plus haute priorité, la RPDC affirmant avoir quitté l’AIEA car elle se « place aveuglément du côté de l’Occident ».

Appelé par de nombreuses délégations à respecter les dispositions du Traité sur la non-prolifération et le Plan d’action global commun (PAGC), l’Iran a rappelé que les États-Unis s’en étaient retirés en 2018 et indiqué qu’il était prêt à s’acquitter de ses engagements si toutes les parties le faisaient aussi. 

Dans le contexte de la COP27 qui se tient actuellement à Charm el-Cheikh en Égypte, et de la crise énergétique mondiale, plusieurs États ont par ailleurs estimé que le nucléaire constituait une source d’énergie fiable et à basse émission de CO2, à l’instar du Pakistan qui a précisé que sa part dans le mix énergétique national était montée à 15%.  De son côté, l’Argentine a expliqué que ses trois centrales nucléaires, soumises aux garanties de l’AIEA, représentaient plus de 7% de la production nationale d’électricité et avaient permis d’économiser 4,7 millions de tonnes de CO2 en 2021.  À ce sujet, le Président de l’Assemblée générale a encouragé la société civile et les entreprises à travailler avec l’AIEA pour examiner les options disponibles en temps de crise climatique et énergétique, ainsi que les liens entre l’énergie nucléaire et l’environnement.

S’exprimant au nom des pays d’Asie centrale, le Kazakhstan a regretté que l’AIEA soit la seule organisation du système des Nations Unies qui n’a pas de répartition régionale claire, et qu’en conséquence, 30 États Membres ne sont pas inclus dans des groupes régionaux, ce qui les prive de leur droit souverain d’être élus aux organes directeurs de l’AIEA.  Dénonçant une « violation directe du statut » de l’AIEA, il a appelé les États membres de l’AIEA et son secrétariat à prendre immédiatement des mesures déterminées pour résoudre ce problème. 

L’Assemblée générale examinera la situation en Afghanistan demain, à partir de 10 heures. 

RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE

Notes du Président de l’Assemblée générale

M. CSABA KORÖSI, Président de l’Assemblée générale, a alerté que le monde fait face à des risques de prolifération et de catastrophe nucléaires inconnus depuis des décennies, jugeant cette évolution « effrayante ».  Il a indiqué que la guerre en Ukraine avait déclenché une crise mondiale de l’énergie, rappelant que la centrale nucléaire de Zaporijia était la plus grande d’Europe, la neuvième plus grande du monde et produisait de l’énergie pour plus de 4 millions de ménages.  Il a salué le personnel de la mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui prenait des risques pour maintenir une présence sur place depuis trois mois afin de fournir des informations cruciales et impartiales. 

Le Président a ensuite relevé que d’autres régions du monde étaient sources de préoccupations concernant la sûreté et la sécurité nucléaires, déplorant les violations des règles de l’AIEA dans la péninsule coréenne et appelant les États du Moyen-Orient à appuyer la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région.  Il a constaté que de plus en plus de pays se tournaient vers l’énergie nucléaire pour faire face à leurs besoins et encouragé la société civile et les entreprises à travailler avec l’AIEA pour répondre à deux questions cruciales: Quelles sont les options disponibles en temps de crise climatique et énergétique? Et que dit la science en ce qui concernent le lien entre l’énergie nucléaire et l’environnement?  Il a estimé que les réponses à ces questions restaient encore superficielles. 

Débat sur la question et décision sur le projet de résolution

M. ZHANGELDY SYRYMBET (Kazakhstan), s’exprimant au nom des pays d’Asie centrale (Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Kazakhstan), a salué le souci exprimé au paragraphe 2 du projet de résolution A/77/L.9 quant à l’importance du rétablissement de l’égalité souveraine au sein de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Rappelant que les États sont répartis en huit groupes régionaux informels, il a regretté que leur affiliation ne soit pas définie juridiquement et qu’elle ne s’applique pas aux nouveaux entrants.  L’AIEA est la seule organisation du système des Nations Unies qui n’a pas de répartition régionale claire, a-t-il fait remarquer.  En conséquence, a-t-il souligné, les 30 États qui sont membres à part entière de l’Agence mais ne sont pas inclus dans des groupes régionaux, qui se retrouvent comme des « sans-abri », sont privés de leur droit souverain d’être élus aux organes directeurs de l’AIEA. 

Dénonçant une situation « injuste et discriminatoire inadmissible » et une « violation directe du statut » de l’AIEA, le délégué a déploré l’absence de perspectives rassurantes dans un avenir proche.  Pour lui, la soixante-sixième session de la Conférence générale de l’AIEA en septembre dernier a clairement démontré que la majorité des États membres considèrent la situation comme « incongrue et discordante ».  En outre, il a regretté qu’un nombre non négligeable d’États soient exclus de la plupart des processus d’information, de conseil, de consultation et de décision parce qu’ils n’appartiennent à aucun groupe régional.  Qualifiant la situation de « critique », il a appelé les États membres de l’AIEA ainsi que son secrétariat à prendre immédiatement des mesures déterminées pour résoudre ce problème.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a réaffirmé la position ferme de l’Équateur, coauteur de la résolution, en faveur de la pleine mise en œuvre des trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a trouvé le moment bien choisi pour rappeler l’importance de redoubler d’efforts pour le désarmement et l’élimination des armes nucléaires, dont la simple existence est une menace à la survie de l’humanité.  D’autre part, l’Équateur soutient le droit de tous les États à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et reconnaît sa contribution aux efforts pour atteindre les objectifs de développement durable.  À cet égard, il salue le rôle essentiel du Programme de coopération technique et reconnaît les actions et mesures adoptées par l’AIEA pour disposer d’un programme plus efficace, qui réponde aux priorités et aux besoins des États Membres.  M. Espinosa a d’ailleurs attiré l’attention sur l’assistance technique fournie en 2021 à 31 États Membres de la Région Amérique latine et Caraïbes, dont l’Équateur, qui s’est concentrée sur les domaines de la santé humaine, la sécurité radiologique, l’alimentation et l’agriculture, l’eau et l’environnement.

M. Espinosa a exprimé sa préoccupation au sujet de la situation sécuritaire précaire de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, saluant les efforts déployés par l’équipe d’experts de l’AIEA présents sur le site pour contrôler la situation.  Il a relayé l’appel du Directeur général de l’AIEA pour qu’une zone de protection et de sécurité nucléaire autour de la centrale soit mise en place de toute urgence afin d’éviter un accident qui aurait des conséquences catastrophiques.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déclaré que le rôle de l’Agence devient toujours plus important à mesure qu’augmentent les dangers de la prolifération nucléaire.  Il a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires stipule que les garanties ne doivent pas entraver la coopération internationale dans le domaine de l’utilisation pacifique du nucléaire.  Malgré cela, la situation actuelle prouve que certains pays imposent des conditions à l’utilisation pacifique, ce qui va à l’encontre des objectifs et de l’esprit du Traité, a-t-il déploré.  De telles mesures politisent le système et suscitent également un sentiment d’insatisfaction parmi les États Membres qui, eux, respectent pleinement le Traité sur la non-prolifération, a indiqué le représentant pour qui il n’est pas logique que les pays qui respectent le Traité soient soumis à davantage de contraintes, alors que d’autres ne sont pas concernés par ces exigences.  Il a en outre déploré que malgré les efforts de l’Agence, plusieurs pays n’ont pas bénéficié des fruits du progrès technologique dans le domaine de l’énergie nucléaire. 

M. HUANG ZI (Singapour) a estimé que l’AIEA reste un partenaire fiable et important pour la communauté internationale, se félicitant qu’elle ait continué de remplir son mandat malgré les perturbations prolongées causées par la COVID-19 et la montée des tensions géopolitiques.  Il a salué le rôle indispensable joué par les experts de l’AIEA pour assurer la sûreté et la sécurité à la centrale nucléaire de Zaporijia.  Il a réitéré l’importance de la collaboration des États avec l’AIEA et le respect de ses sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires.

Compte tenu du regain d’intérêt mondial pour l’exploitation de l’énergie nucléaire, le délégué a estimé que la création, par l’Agence, d’une plateforme sur les petits réacteurs modulaires et leurs applications est une étape importante vers la réalisation des avantages potentiels des petits réacteurs nucléaires modulaires.  Il a appuyé le droit inaliénable de tous les États parties à l’utilisation pacifique de la science et de la technologie nucléaires, conformément à l’article IV du TNP.  Le représentant a ensuite appelé l’AIEA à poursuivre le renforcement des capacités des pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID).

Rappelant la devise de l’AIEA, « Des atomes pour la paix et le développement », M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a indiqué que son pays collabore étroitement avec elle.  Il a indiqué que les technologies couvertes par le mandat de l’Agence sont employées au Pakistan dans des domaines variés allant de la production d’énergie à la santé, en passant par l’agriculture et l’environnement.  Le représentant a qualifié le nucléaire de source d’énergie fiable et à basse émission de CO2.  Il a rappelé les récents effets des changements climatiques sur son pays qui a connu de graves inondations: un tiers du Pakistan reste sous l’eau et 30 millions de personnes ont connu des pertes équivalant à 10 % du PIB.  Il a indiqué que la part de l’énergie nucléaire est montée à 15 % du mix énergétique du Pakistan.  En ce qui concerne le régime de vérification des garanties, il s’est dit convaincu qu’il ne peut rester crédible que s’il évite la politisation.  Estimant que l’ancien consensus sur la non-prolifération s’est effondré, il a appelé à organiser une réunion en urgence afin de permettre l’émergence d’un nouveau consensus.

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a dénoncé l’invasion de l’Ukraine menée par la Russie, y compris les attaques contre les sites nucléaires et la prise de contrôle de la centrale de Zaporijia.  Il a demandé à la Russie de mettre rapidement en œuvre les recommandations du Conseil des gouverneurs de l’AIEA en se retirant de tous les sites nucléaires ukrainiens.  Le délégué a souhaité que les activités de l’AIEA se poursuivent en Ukraine, comme l’a demandé son Directeur général. 

M. Skoog a ensuite regretté que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pu aboutir à un consensus du fait du blocage de la Russie.  Il a affirmé que l’UE reste engagée à soutenir la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il s’est également dit préoccupé face au non-respect du Plan d’action global commun (JCPOA), faisant référence à des actions iraniennes qui violent cet accord.  Il a exhorté l’Iran à revenir sans tarder à une pleine mise en œuvre de l’accord et ce, en toute transparence.  Il a en outre condamné les activités nucléaires et balistiques menées par la RPDC, exhortant le pays à respecter ses engagements en matière de dénucléarisation.  Il l’a aussi invité à relancer les discussions afin d’atteindre un accord qui permettra le retour de l’AIEA en RPDC.  Enfin, le délégué a rappelé que l’UE apporte des fonds à hauteur de 300 millions d’euros pour garantir la sécurité et la sûreté nucléaires à travers le monde, avant d’encourager l’AIEA à intégrer l’approche genre dans ses programmes.

M. AMIR SAEID JALIL IRAVANI (République islamique d’Iran) a appelé à respecter la souveraineté des États, même dans le cadre de la vérification des garanties de non-prolifération.  Il a regretté que les mesures coercitives unilatérales entravent la coopération technique sur l’acquisition de technologies nucléaires civiles.  Rappelant le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun en 2018, il a indiqué que l’Iran était prêt à s’acquitter de ses engagements si toutes les parties le faisaient aussi.  Le représentant a affirmé qu’il n’y avait aucune preuve de détournement de matériel nucléaire en Iran et estimé que l’impartialité de l’Agence ne devait pas être influencée par certaines parties.  Le délégué a ensuite accusé Israël d’avoir saboté des centrales nucléaires pacifiques en Iran et de refuser d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a rejeté catégoriquement le projet de résolution sur l’AIEA soumis à l’Assemblée générale, dénonçant une tentative des États-Unis de s’opposer à son pays.  Il en découle que la dissuasion de la RPDC sera renforcée proportionnellement aux actions hostiles des États-Unis contre la RPDC, a averti le délégué.  Il a alerté que cette attitude hostile augmente les tensions sur la péninsule coréenne, affirmant que cette situation remet en cause l’impartialité de l’AIEA, qui se place aveuglément du côté de l’Occident.  C’est la raison pour laquelle la RPDC s’est retirée de l’AIEA puisque la communauté internationale empêche sa collaboration directe avec l’Agence.  La pratique répétée du « deux poids, deux mesures », étant toujours d’actualité, la RPDC ne collaborera pas avec l’AIEA, a martelé le représentant.

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) a dénoncé les actes malveillants sans précédent de l’armée russe et des représentants de l’entreprise russe « Rosatom » qui continuent d’occuper la centrale nucléaire de Zaporijia et d’autres installations nucléaires situées sur le territoire occupé de l’Ukraine.  Il a relevé que les actions de la Russie contre la centrale de Zaporijia contredisent les normes officiellement professées par la Russie, lesquelles interdisent de manière documentée toute action, y compris militaire, pouvant entraîner la libération d’éléments destructeurs ayant de graves conséquences parmi la population civile.  Le récent décret du Président russe M. Putin sur le transfert illégal de la centrale nucléaire de Zaporijia à la propriété de la Fédération de Russie, et la création d’une entreprise gouvernementale pour la gérer violent gravement le droit international et sont en contradiction avec l’accord de garanties généralisées entre l’Ukraine et l’AIEA.  La négligence dont fait preuve la Russie à l’égard des arrangements mondiaux dans le domaine nucléaire est un cas de longue date, a souligné le délégué qui a rappelé qu’en 2014, la Russie a occupé la Crimée, une partie du territoire souverain de l’Ukraine, saisissant les installations nucléaires et les matières qui s’y trouvaient. 

Alors que les actions de la Russie menacent plus directement l’Ukraine et l’Europe centrale, de la Baltique à la mer Noire, son utilisation militaire d’une centrale nucléaire pour obtenir un avantage sur le champ de bataille est une première dans la guerre et un précédent qui affaiblit les principes qui sous-tendent le régime de sécurité nucléaire dans le monde, a déclaré le représentant.  Il a notamment accusé Moscou d’utiliser Zaporijia comme une potentielle « bombe sale » pour extorquer des concessions militaires et politiques.  À cet égard, la Russie a récemment accusé l’Ukraine de développer une soi-disant « bombe sale », a-t-il dit tout en niant ce fait.  Il a ensuite encouragé les États à réagir de manière adéquate au niveau national en imposant des sanctions aux acteurs étatiques russes concernés, y compris aux autorités de « Rosatom », et aux personnes impliquées dans des actes illégaux en rapport avec les installations nucléaires ukrainiennes.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a réitéré son ferme soutien au travail de l’AIEA relatif à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, qui contribue au développement par le biais de la science et de la technologie et de son Programme de coopération technique.  Celui-ci a joué un rôle particulièrement positif sur le continent africain, en apportant son soutien à plusieurs pays qui ont décidé de se doter d’énergie nucléaire. 

La représentante a indiqué que son pays accueille le plus grand accélérateur de l’hémisphère Sud, en collaboration avec l’AIEA, et que les applications nucléaires, et en particulier l’énergie nucléaire, sont un élément clef du plan de production d’électricité sur 20 ans de l’Afrique du Sud.  Elle a salué l’aide apportée par l’AIEA aux États Membres pour l’application des normes de sécurité internationales afin de renforcer la sûreté des centrales nucléaires.  En outre, l’Afrique du Sud reste attachée à la poursuite de l’exploitation sûre de Koeberg, la seule centrale nucléaire commerciale d’Afrique, a-t-elle indiqué.

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) s’est félicité du soutien apporté par l’AIEA auprès des États Membres, citant, outre la réponse à leurs besoins énergétiques, l’amélioration de la santé et de la qualité de vie, l’accès à l’eau, de même que son appui dans le domaine agricole.  Le délégué a rappelé plusieurs projets de l’Agence, parmi lesquels NUTEC Plastics qui soutient la lutte contre la pollution plastique, ou « Rayons d’Espoir » pour les soins contre le cancer.  Le délégué s’est ensuite félicité de la recherche et des avancées indiennes dans le domaine de l’énergie nucléaire poussées par la collaboration avec l’AIEA.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a rappelé que son pays a plus de 70 ans d’expérience dans le nucléaire.  C’est l’un des rares pays qui domine le cycle complet du combustible nucléaire, tout en maintenant un engagement ferme envers les utilisations pacifiques, a-t-elle précisé.  Dans un contexte de demande énergétique croissante, couplé aux efforts de lutte contre les changements climatiques, elle a plaidé pour l’énergie nucléaire comme un élément fondamental de la solution à ces défis.  L’Argentine contribue à ce changement à travers trois centrales électriques qui sont toutes soumises aux garanties de l’AIEA et qui représentent plus de 7% de la production nationale d’électricité.  Elles ont permis, en 2021, d’économiser 4,7 millions de tonnes de CO2.  La représentante a en outre réitéré l’importance que les activités de mise en œuvre des garanties de l’AIEA soient efficientes, efficaces et fondées sur une base technique solide, garantissant ainsi leur caractère non discriminatoire.  Elle a exprimé le soutien de l’Argentine aux sept piliers de la sûreté nucléaire de l’AIEA en cas de conflit.  Enfin, elle a salué le travail que l’Agence mène en Ukraine à la centrale nucléaire de Zaporijia.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a dit que la Namibie reconnaît le droit inaliénable de tous les États à utiliser les technologies nucléaires à des fins pacifiques.  Le représentant a salué l’approche très réactive de l’AIEA, qui soutient les États tout en tenant compte des objectifs de développement durable.  Il a fait observer qu’au vu des conséquences négatives des changements climatiques sur la Namibie, le partenariat avec l’Agence a permis d’évaluer ses ressources aquifères.  La Namibie souhaite que le financement de la coopération technique soit augmenté, a poursuivi le représentant.  Il a ensuite appelé à la mise en œuvre pleine et complète de tous les instruments internationaux pour parvenir au désarmement nucléaire et à la non-prolifération, demandant à tous les États dotés de l’arme nucléaire de s’engager à ne jamais l’utiliser.

Mme MARIA BENEDICTA DIAH KRISTANTI (Indonésie) a salué le rôle de l’AIEA au vu de la situation géopolitique complexe actuelle.  Elle a estimé important d’appuyer le rôle et les activités de l’Agence en vue d’atteindre les objectifs de développement durable, notamment son projet ZODIAC (Zoonotic Disease Integrated Action) ainsi que l’initiative NUTEC Plastics (Nuclear Technology for Controlling Plastic Pollution) qui vise à réduire les dégâts des matières plastiques sur l’environnement.  La représentante a demandé à l’Agence de redoubler d’efforts pour la coopération technique avec les pays en développement, notant que ses deux laboratoires nationaux sont des exemples à multiplier dans la région.  Elle a également réaffirmé l’importance de l’AIEA pour éviter de possibles détournements de matériel nucléaire dans le cadre du développement de programmes de propulsion navale.

Mme NOHRA MARIA QUINTERO CORREA (Colombie), soutenant le projet de résolution, a rappelé la nécessité d’élargir le champ des utilisations pacifiques de la science et de la technologie nucléaires, en particulier dans les pays en développement.  La déléguée a salué l’attention portée par l’AIEA à la sécurité et à la sûreté des installations nucléaires, notamment dans le contexte ukrainien, et a préconisé le renforcement du système de garanties et de la vérification nucléaires ainsi que son universalisation.  La déléguée a salué plusieurs initiatives de l’Agence, notamment NUTEC Plastics (Nuclear Technology for Plastics Pollution Control) ainsi que la « Table ronde pour les Amériques », dans laquelle la Colombie a joué un rôle de chef de file.  La représentante a rappelé à cette occasion la vulnérabilité de son pays aux problèmes environnementaux posés par les déchets plastiques.  Elle a exprimé la reconnaissance de la Colombie envers l’AIEA, mentionnant entre autres l’acquisition par Bogota d’appareils mobiles à rayons X en 2021 lors de l’ouragan Iota.  Elle a conclu en soulignant la nécessité d’intégrer la perspective de genre dans les politiques et programmes de désarmement nucléaire et non nucléaire, de non-prolifération et de contrôle des armes, estimant le rôle des femmes « fondamental dans la construction d’un monde pacifique, prospère et durable ».

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a signalé que les Philippines et l’AIEA ont signé récemment un nouveau cadre de partenariat pour la période 2022-2027.  Cet accord cible en particulier des domaines comme l’alimentation et l’agriculture, les ressources naturelles et l’environnement, la santé humaine et la nutrition, l’énergie et l’industrie et, enfin, la sûreté nucléaire et radiologique, y compris la gestion des déchets radioactifs.  Le délégué a indiqué que les Philippines sont en train d’élaborer une loi nucléaire complète qui garantira le respect par le pays des conventions pertinentes en matière de sûreté, de sécurité et de responsabilité nucléaires.  Enfin, il a fait remarquer que le pilier des garanties et de la vérification de l’Agence est au cœur du programme mondial de non-prolifération nucléaire, car il offre à la communauté internationale l’assurance que les technologies nucléaires sont utilisées exclusivement à des fins pacifiques.

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a salué le projet de résolution dont son pays est coauteur, qui traduit la reconnaissance internationale de l’importance du rôle de l’AIEA.  Il a notamment salué le travail de l’Agence pour sauver le Plan d’action global commun et garantir le retour des participants à ce plan.  Il s’est aussi félicité du travail exceptionnel réalisé par l’AIEA en Ukraine, notamment dans la centrale de Zaporijia où il a craint les conséquences humanitaires potentielles.  Il a appelé de ses vœux la mise en place d’une zone démilitarisée autour de la centrale, comme demandé par le Secrétaire général de l’ONU, pour que l’Agence puisse recueillir les informations nécessaires à ses vérifications.  Il a par ailleurs salué les initiatives de l’AIEA dans le cadre du programme de coopération technique, notamment son action intégrée pour lutter contre les maladies zoonotiques, transmises à l’homme par des animaux sauvages, grâce à des techniques nucléaires et autres.  Il l’a aussi félicitée de ses efforts pour encourager la participation des femmes aux programmes de coopération et salué l’intégration de la perspective de genre dans l’élaboration de ces projets.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a d’emblée condamné la menace de la Russie d’utiliser des armes nucléaires contre l’Ukraine.  Très préoccupé par la situation des centrales nucléaires en Ukraine, il a estimé que les activités militaires de la Russie dans et autour de centrales, ne peuvent être tolérées et salué les efforts permanents de l’AIEA pour les sécuriser.  Il a également soutenu les récentes inspections menées par l’Agence, qui ont confirmé qu’il n’existe pas d’activités ou de matériels nucléaires non déclarés dans les centrales en Ukraine. 

En venant à la situation au Japon, le représentant a fait savoir qu’il apprécie le travail professionnel de l’AIEA qui a mené des examens sur la sécurité de l’eau traitée par le système avancé de traitement des liquides à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, ainsi que sur sa réglementation et sa surveillance. 

Préoccupé par le sérieux défi que posent les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord au régime international de non-prolifération, le représentant a exhorté la Corée du Nord à prendre des mesures concrètes en vue du démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes de destruction massive, des missiles balistiques de toutes portées et des programmes connexes, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne les activités nucléaires de l’Iran, le délégué a fait part de son soutien au Plan d’action global commun afin de préserver le régime international de non-prolifération. 

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a rappelé son soutien aux missions de l’AIEA en tant que seule autorité compétente en matière de respect des garanties par les États Membres, et a insisté sur la centralité de la recherche nucléaire dans l’effort de réalisation des ODD.  Les programmes de l’AIEA devraient être adoubés par les États Membres sans aucune politisation, a aussi estimé le délégué.  Soucieuse de la sécurité des installations nucléaires civiles, la Malaisie s’engage à renforcer sa contribution à la sécurité mondiale et salue en ce sens sa coopération avec l’Agence, a ajouté le représentant qui s’est réjoui de ce que le projet de résolution réaffirme le rôle joué par l’Agence pour le développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a rappelé qu’au cours de son récent mandat de deux ans au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, la Pologne a constamment exprimé son soutien aux garanties de l’Agence et à ses activités de vérification qui sont cruciales pour garantir la non-prolifération.  Il a rappelé que le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a condamné les actions russes contre les installations nucléaires ukrainiennes et a demandé à la Fédération de Russie de cesser immédiatement toutes les actions contre la centrale nucléaire de Zaporijia et à toute autre centrale nucléaire en Ukraine.  La Pologne encourage par ailleurs l’AIEA à poursuivre son approche en ce qui concerne les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, a- t-il déclaré en assurant que son pays entend soutenir le travail de l’Agence dans cette perspective.

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a défendu le droit souverain à exploiter des technologies nucléaires à des fins exclusivement pacifiques, ainsi que l’obligation de travailler pour un désarmement général et complet, seule garantie d’atteindre la paix, la sécurité et la stabilité internationales.  Consciente des bénéfices des technologies nucléaires, non seulement pour la production d’électricité mais aussi dans divers domaines tels que la santé, l’agriculture ou l’environnement, elle a évoqué l’avantage d’une coopération réciproque entre l’AIEA et les pays en développement.  Au Guatemala, a-t-elle ajouté, la technologie nucléaire est utilisée principalement dans le domaine de la médecine. 

La représentante a regretté que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération n’ait pu déboucher sur un consensus, alors que le contexte international mérite des progrès tangibles dans l’architecture du désarmement et de la non-prolifération.  Elle a salué les efforts du Directeur général de l’AIEA pour suivre la situation préoccupante dans la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, alertant qu’un grave accident nucléaire aurait des conséquences incalculables, en raison de l’invasion illégale, injustifiée et non provoquée du territoire souverain de l’Ukraine par la Fédération de Russie.

M. SARHAD SARDAR ABDULRAHMAN FATAH (Iraq) a salué l’action de l’AIEA pour faire face à la pandémie de COVID-19 et appelé à ce que le Fonds de coopération technique soit alimenté par des ressources stables et suffisantes ainsi que proportionnées par rapport aux autres ressources prévues pour l’Agence.  Il a notamment apprécié la coopération technique pour contribuer à des développements importants dans les domaines de la santé, l’agriculture et les ressources hydriques, entre autres.  Le représentant a dit que son pays utilise l’énergie nucléaire dans des domaines tels que la médecine, le traitement de l’eau salée et l’agriculture.  Un cadre de coopération 2024–2027 avec l’Agence est actuellement en préparation, incluant notamment un volet pour éliminer la pollution radioactive notamment liée aux déchets médicaux et à l’exploitation pétrolière.  Le délégué s’est dit par ailleurs déçu de l’échec des neuvième et dixième Conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération et appelé à l’universalisation de cet instrument.  Il a estimé qu’Israël est responsable du blocage qui empêche de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires.

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a exprimé de vives inquiétudes au sujet du bombardement ou de l’occupation d’installations nucléaires par les forces russes en Ukraine, comme à Zaporijia. Il a, à ce titre, décrété illégal le décret de Vladimir Putin autorisant Moscou à reprendre les opérations de cette centrale nucléaire.  Il a appelé l’AIEA à ne pas se concentrer uniquement sur la protection de la centrale nucléaire de Zaporijia, s’inquiétant notamment de la sécurité de la centrale nucléaire dans le sud de l’Ukraine.  Il s’est félicité de la dernière évaluation d’experts réalisée par l’AIEA sur trois sites en Ukraine, qui a « donné tort à la propagande de la Russie »: l’Agence n’y a trouvé aucune indication d’activités et de matériaux nucléaires non déclarés à ces endroits, a-t-il relevé.  Le représentant a jugé inacceptable que la Russie continue d’exercer son rôle privilégié au sein de l’AIEA et de ses organes.  Il s’est aussi inquiété de la centrale nucléaire du Bélarus, construite en violation des normes de sécurité et qui ne devrait pas être exploitée selon lui.  Le délégué a par ailleurs condamné les activités nucléaires et balistiques de la RPDC, les violations du Plan d’action global commun (PAGC) et l’absence de progrès dans la mise en œuvre intégrale par l’Iran de l’accord de garanties généralisées.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a salué les efforts de l’Agence pour aider à maintenir la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes, notamment grâce à sa Mission d’appui et d’assistance à Zaporijia.  Il s’est félicité de la transparence et des efforts de l’Agence pour informer quotidiennement les États Membres des dernières évolutions de la situation en Ukraine ou dans d’autres situations d’urgence.  Le délégué a prévenu que la centrale de Zaporijia, occupée depuis mars, continue de faire courir un risque sérieux de catastrophe pour l’Ukraine et l’ensemble du continent européen.  Il a appelé à la mise en place d’un système de protection de la zone autour de la centrale, afin d’éviter tout incident catastrophique. 

Le représentant a par ailleurs dit être profondément préoccupé par les programmes nucléaires et de missiles balistiques de la RPDC qui menacent gravement la région et le monde entier.  Au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi, le Plan d’action global commun (PAGC) reste le seul outil pour rassurer la communauté internationale de manière vérifiable que le programme nucléaire iranien est et reste uniquement dédié à des fins pacifiques.  Il a aussi fait part de sa préoccupation au sujet du non-respect par la Syrie de ses obligations en rapport au Traité sur la non-prolifération et aux garanties de l’AIEA.  Le représentant s’est ensuite félicité de l’assistance de l’AIEA aux États Membres dans le renforcement des capacités et la gestion des connaissances. 

M. ALEKSANDR V. SHEVCHENKO (Fédération de Russie) a assuré que la Russie, coauteur du projet de résolution, accorde une grande attention au travail de l’AIEA, qui est un instrument important de la coopération internationale en matière d’utilisation pacifique de l’atome et un mécanisme unique de contrôle du respect par les États de leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire.  La Russie considère également que le système de garanties de l’AIEA, qui est le mécanisme de vérification du TNP, est un élément essentiel du régime de non-prolifération des armes nucléaires et qu’il est fondamental de maintenir son caractère objectif.  Cela exige un niveau approprié de transparence, ainsi qu’une approche non politisée tant de la mise en œuvre des garanties que des conclusions tirées des résultats de la vérification.  La Russie attache une grande importance à la garantie et au maintien d’un niveau élevé de sécurité nucléaire dans le monde entier, tout en observant le principe fondamental selon lequel il incombe aux États eux-mêmes d’assurer la sécurité nucléaire sur leur territoire, a expliqué le délégué. 

Il a dit partir du principe que les activités de l’Agence doivent être menées dans le strict respect de ses fonctions statutaires.  Il a dès lors jugé important de s’abstenir d’introduire artificiellement des questions sortant du cadre du mandat de l’AIEA dans les ordres du jour de ses organes de décision et de ses activités en général.  Les États participants doivent tout mettre en œuvre pour que, compte tenu des turbulences géopolitiques, les activités de l’AIEA ne soient pas politisées et soient menées dans le strict respect de son mandat, a insisté le représentant. 

Malheureusement, il a constaté qu’un ensemble de délégations continuent de mener une discussion politisée.  La doctrine de la Russie dans le domaine des armes nucléaires est défensive, a-t-il assuré, dénonçant les accusations infondées contre la Russie et le coup d’État sanguinaire en Ukraine.  En ce qui concerne la centrale nucléaire de Zaporijia, il a souligné que les forces russes continuent à la défendre et que les attaques dirigées contre la centrale par les forces armées ukrainiennes font courir un grave risque de catastrophe.  La Russie a fait tout ce qui était possible pour permettre à l’AIEA de réaliser sa mission malgré les provocations de Kiev, a martelé le représentant, ajoutant que la Russie est d’accord avec la proposition du Directeur général de l’AIEA d’établir une zone de protection le plus rapidement possible.  Le représentant a également voulu souligner que Kiev dispose de bases et de potentiels pour créer une bombe sale.  S’agissant des insinuations concernant la dixième Conférence d’examen du TNP, le représentant a assuré que la Russie avait agi en toute honnêteté mais que les États occidentaux avaient utilisé cette conférence à des fins politiques pour punir la Russie par tous les moyens, ce qui a empêché d’adopter un document final. 

M. NADER LOUAFI (Algérie) a salué le programme de coopération technique de l’AIEA et l’Accord régional de coopération pour l’Afrique sur la recherche, le développement et la formation dans le domaine de la science et de la technologie nucléaires.  Il s’est aussi félicité du lancement à Addis Abeba de l’initiative Rayon d’espoir, qui vise à combler les lacunes en matière de matériel de radiothérapie contre le cancer.  Il assuré que son pays est prêt à accompagner les pays africains grâce à la mise en place d’un centre dédié aux techniques de médecine nucléaire.  L’Algérie a en outre adopté une loi réglementant l’usage des matériaux nucléaires et instituant une Haute Autorité dédié à ces questions, a ajouté le délégué. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) s’est dit vivement préoccupé par la guerre en Ukraine et de ses implications non négligeables pour la sécurité nucléaire.  Il a appuyé les efforts de l’AIEA pour créer une zone de protection autour de la centrale de Zaporijia.  Le représentant s’est également dit préoccupé par les activités nucléaires et de tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), appelant à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et à ce que la RPDC s’abstienne de mener des essais nucléaires.

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a affirmé que dans des domaines tels que la médecine, l’industrie, l’alimentation et l’agriculture, les activités de l’AIEA jouent un rôle crucial pour aider les États à développer, renforcer et partager leurs capacités dans les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Elle a souligné en particulier le travail accompli par l’Agence depuis de nombreuses années pour aider les pays à renforcer leurs capacités en matière de diagnostic et de traitement du cancer.  Elle a salué le travail du Directeur général pour faire progresser la parité hommes-femmes au sein de l’Agence, ainsi que son initiative plus large visant à augmenter le nombre de femmes dans le domaine nucléaire grâce à la bourse Marie Sklodowska-Curie.  Par ailleurs, elle a condamné les actions de la Fédération de Russie en Ukraine, qui menacent la sûreté, la sécurité et le personnel civil des installations nucléaires ukrainiennes, tout en entravant les activités de vérification des garanties de l’AIEA.  Elle a dit soutenir la promotion des sept piliers de sécurité du Directeur général de l’AIEA.  Jugeant la situation à la Centrale nucléaire de Zaporijia intenable, l’occupation illégale par la Russie faisant augmenter considérablement le risque d’accident ou d’incident nucléaire, elle a appelé à trouver un accord dès que possible, sur proposition du Directeur général de l’AIEA, afin de créer autour une zone de sûreté et de protection nucléaire.

En outre, elle a dit soutenir l’adhésion universelle au Protocole additionnel qui, avec les accords de garanties généralisées, constituent l’actuel norme de vérification en vertu du TNP.  Elle s’est inquiétée de l’escalade continue du programme nucléaire de l’Iran, dans certains cas sans justification civile plausible.  Selon elle, ces actions sont incompatibles avec le JCPOA.  Elle a mis en garde contre les risques de prolifération très graves, avant d’exhorter l’Iran à coopérer avec l’Agence pour clarifier et résoudre sans tarder les problèmes de garanties.

M. SALMEEN (Koweït) a indiqué que son pays avait réalisé plusieurs projets en coopération avec l’AIEA dans le cadre du programme ZODIAC pour lutter contre les zoonoses et du programme NUTEC Plastics pour lutter contre la pollution plastique pour lequel il accueillera la première session de formation en Asie Pacifique en 2023.  Le Koweït a également débloqué 19,6 millions de dollars pour lutter contre le cancer féminin en coopération avec la Banque islamique de développement et contribué au financement du programme de bourses Marie Skłodowska-Curie de l’AIEA. 

Le représentant a ensuite appelé l’Iran à coopérer avec l’AIEA et à revenir au respect total de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité.  Il a aussi appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à abandonner son arsenal nucléaire et à stopper ses essais des missiles balistiques.  De même, il a demandé à Israël d’adhérer au Traité sur la non-prolifération et d’accepter l’inspection de ses installations nucléaires afin de pouvoir créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a condamné les mesures coercitives unilatérales, affirmant que celles-ci contreviennent à l’article IV du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en limitant l’accès des pays en développement soumis à ces mesures aux matières, équipements et technologies nécessaires aux activités nucléaires pacifiques.  Le délégué a aussi dénoncé le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis contre Cuba qui retarde la mise en œuvre des projets nationaux sous les auspices de l’AIEA.  L’engagement cubain envers l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins strictement pacifiques ne fait aucun doute, a-t-il affirmé, invoquant entre autres les résultats satisfaisants obtenus lors des inspections de l’AIEA à Cuba.  À ce titre, le délégué a jugé le système de vérification des garanties de l’Agence essentiel à la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a toutefois souligné que la crédibilité des activités de l’AIEA en matière de garanties dépend de l’impartialité du Secrétariat.  Il a ensuite défendu le droit des États à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination ni conditions, tout en appelant à l’élimination totale et de manière irréversible des armes nucléaires. 

M. MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a reconnu le rôle indispensable de l’AIEA, en tant que seule autorité compétente, dans la promotion des utilisations pacifiques de l’énergie et de la technologie nucléaires.  Il a indiqué que le Bangladesh est en train de construire sa première centrale nucléaire dans l’objectif de produire une électricité sûre, verte et économiquement viable, en se conformant aux normes de l’AIEA.  Le représentant a remercié l’Agence pour son soutien en la matière, notamment pour la mise en place d’un cadre réglementaire et d’un système de gestion des déchets radioactifs.  Par le biais de son programme de coopération technique, l’AIEA a aussi aidé le Bangladesh dans le développement des ressources humaines et le renforcement des capacités pour introduire des techniques nucléaires dans plusieurs secteurs, dont l’agriculture, l’élevage et la gestion de l’eau, ce qui contribue à son développement socioéconomique. 

Mme HEATHER MCINTYRE (Australie) a relevé que le travail et la fonction indispensables de l’AIEA ont été mis en lumière par l’agression unilatérale, illégale et immorale de la Russie contre le peuple de l’Ukraine.  Elle a également condamné les actions irresponsables de la Russie concernant les installations nucléaires ukrainiennes, se disant gravement préoccupée par leurs conséquences sur la sûreté, la sécurité et les garanties nucléaires.  À ce propos, elle a salué l’engagement de l’AIEA à contrôler et vérifier la nature pacifique des installations nucléaires en Ukraine, au prix d’une prise de risque de son personnel chargé de cette mission.  Elle a appelé la Russie à se retirer du territoire de l’Ukraine et à permettre aux autorités ukrainiennes de reprendre le contrôle de leurs sites nucléaires. 

La représentante a ensuite condamné le développement du programme nucléaire et balistique illégal et déstabilisant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Elle a enjoint la RPDC à ne pas reprendre les essais nucléaires, qui menacent gravement la paix et la sécurité régionales.  Il est impératif que la RPDC réintègre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, permette le retour des inspecteurs de l’AIEA et signe et ratifie le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-elle asséné.  La déléguée a par ailleurs appelé l’Iran à revenir à ses engagements nucléaires en vertu du Plan d’action global commun, notant avec préoccupation que les actions de l’Iran empêchent l’Agence de fournir des assurances que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique.

M. RAMÓN EMILIO FLORES (Honduras) a expliqué qu’avec l’appui que constitue la coopération technique de l’AIEA, le Honduras met actuellement à exécution quatre projets nationaux d’utilisation du nucléaire à des fins pacifiques, pour l’exercice biennal 2022-2023.  Il a parlé notamment de la lutte contre le cancer, remerciant l’AIEA pour sa coopération qui aide le pays à améliorer les étapes de diagnostic, de prévention et de traitement.  Dans le domaine de l’agriculture, les capacités du Honduras se sont développées et renforcées avec le soutien de l’AIEA, a-t-il également relevé en pointant les avantages dont le pays a pu bénéficier dans le secteur du café notamment.  Il a dit soutenir l’initiative Action intégrée contre les zoonoses (ZODIAC) de l’Agence qui propose d’aider les pays à utiliser les techniques nucléaires pour détecter rapidement les agents pathogènes causant des maladies chez les animaux et qui pourraient être transmissibles aux personnes.  Concernant le désarmement, le Honduras, en tant qu’État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, reconnaît l’importance de la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire, a dit le représentant tout en rappelant que les trois piliers de ce traité sont complémentaires et indivisibles.

Mme DAPHNÉ BRIGITTE MARIE LE SON (Principauté de Monaco) a souligné le rôle crucial du programme de coopération technique de l’AIEA, citant l’importance accordée par la Principauté aux données collectées grâce aux techniques nucléaires et isotopiques afin de mieux évaluer l’impact des changements climatiques, particulièrement sur les mers et les océans.  Rappelant que ces techniques sont promues par les laboratoires d’environnement marin de l’AIEA installés à Monaco, elle a salué l’initiative NUTEC Plastics qui vise à réduire la quantité de plastique en milieu marin.  La représentante a aussi rappelé que Monaco finançait le programme Rayons d’Espoir en vue de développer des installations de radiothérapie pour lutter contre le cancer dans les pays qui en sont dépourvus. 

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a salué les travaux de l’AIEA dans le cadre pandémique ainsi que dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l'alimentation.  Elle s’est aussi réjouie de la collaboration de l’Agence avec la Commission chilienne de l’énergie nucléaire qui a notamment permis de réaliser des avancées au sujet du réacteur de recherche RECH-1.  Elle a souligné que l’avenir de la science, de la technologie et des applications nucléaires réside dans leur utilisation à des fins strictement pacifiques, saluant en ce sens les programmes NUTEC Plastics ou ZODIAC de l’AIEA.  La déléguée a ensuite exhorté l’Agence à faire des femmes les moteurs des applications scientifiques et pacifiques de la technologie nucléaire, pour ensuite insister sur l’importance du programme de coopération technique du Chili avec l’AIEA, notamment en termes de sécurité radiologique et de santé humaine.  Elle s’est par ailleurs inquiétée de la sécurité des installations nucléaires situées en Ukraine.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a reconnu le travail essentiel de l’AIEA dans la mise en œuvre du système de garanties de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire sans discrimination, qui permet d’avancer vers les objectifs de développement durable.  El Salvador estime que les accords de garanties négociés avec l’AIEA sont un instrument essentiel et fiable pour la vérification de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et pour prévenir la prolifération.  La représentante a invité tous les États Membres de l’Agence qui ne disposent pas encore d’accords de cette nature à accepter leur application totale à toutes leurs activités nucléaires.  Pour sa part, El Salvador a bénéficié de la coopération technique de l’AIEA dans les domaines de la gestion agricole, des traitements de radiothérapie et de médecine nucléaire, des ressources hydriques et de la sécurité radiologique, a témoigné la représentante.

M. MUHAMMAD ZAYYANU BANDIYA (Nigéria) a dit se porter coauteur du projet de résolution en raison de l’appui que son pays accorde à l’AIEA.  Il a dit apprécier l’appui technique apporté à 128 pays par l’Agence, dans le cadre du programme de coopération technique avec les États qui en sont membres, y compris le projet Action intégrée contre les zoonoses (ZODIAC) visant à aider les pays en développement à lutter contre les pandémies.  L’orateur a également dit appuyer les activités menées par l’Agence concernant la sécurité et la sûreté nucléaires, notamment son projet de développement des infrastructures nucléaires électriques au Nigéria.  Il a dit espérer qu’un tel projet renforce les capacités de son pays dans tous les domaines du nucléaire civil.  En conséquence, il a appuyé le rapport, de même que ses recommandations appelant à un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’AIEA, dans le cadre des accords existants.

Mme ALENA KAVALEUSKAYA (Bélarus) s’est inquiétée de la tentation d’un certain nombre de pays de politiser le travail de l’Agence, qui, a-t-elle souligné, doit rester détachée de la politique mondiale.  Elle s’est réjouie de la coopération de l’AIEA avec le Bélarus, évoquant l’amélioration de la sécurité opérationnelle de la centrale nucléaire bélarusse, laquelle sera bientôt pleinement opérationnelle, a-t-elle assuré.  Elle a salué le rôle de l’AEIA dans son soutien aux pays qui développent cette énergie, tout comme auprès de ceux qui démantèlent des centrales nucléaires pour la première fois.  Elle a condamné les appels lancés par certains pays pour restreindre la participation d’autres États Membres au programme de coopération technique de l’Agence.  Elle a assuré que le Bélarus remplit ses obligations internationales dans le cadre prévu par l’AIEA, y compris celles relatives à la sûreté de sa centrale nucléaire, et en dépit des sanctions économiques imposées à l’économie bélarusse. 

M. SUNG HOON KIM (République de Corée) a dit qu’après sa présidence du Conseil des gouverneurs de l’AIEA de septembre 2021 à septembre 2022, la République de Corée reste un fervent partisan du mandat de l’Agence.  Il a fait valoir qu’en tant que l’un des principaux producteurs d’énergie nucléaire, son pays a activement contribué à accroître les bénéfices des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire en soutenant un certain nombre de programmes de coopération technique de l’AIEA tels que ZODIAC et l’Initiative sur les utilisations pacifiques.  Il a promis que son pays n’allait épargner aucun effort pour promouvoir la coopération internationale visant à faire progresser les technologies nucléaires telles que les petits réacteurs modulaires.  De même, la République de Corée s’est engagée à faire un don de 1,2 million de dollars et continuera de se joindre aux efforts de la communauté internationale pour soutenir l’Ukraine.  Le délégué a encouragé toutes les parties aux négociations du Plan d’action global commun à trouver un chemin pour se conformer mutuellement à cet accord historique. 

Le développement du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) reste une question de non-prolifération de la plus haute priorité, a souligné le délégué qui s’est félicité à cet égard de l’adoption par consensus de la résolution portant sur la mise en œuvre de l’accord de garanties du TNP entre l’Agence et la RPDC, lors de la soixante-sixième session de la Conférence générale de l’AIEA.  Dans la résolution, 175 États membres de l’AIEA se sont exprimés d’une seule voix, déplorant les activités nucléaires en cours de la RPDC, comme le souligne également le rapport 2022 de l’AIEA, et ils ont dit soutenir les efforts d’engagement diplomatique pour parvenir à la dénucléarisation complète de la RPDC et à une paix et une sécurité durables dans la péninsule coréenne.  Le délégué a promis que le Gouvernement de la République de Corée continuera à travailler avec la communauté internationale à ces fins, sur la base de son « initiative audacieuse ». 

M. ADIB AL ASHKAR (République arabe syrienne) a dit attacher la plus haute importance à ce que l’AIEA s’acquitte pleinement de son mandat, et assuré de sa coopération.  Il a dénoncé l’attaque israélienne qui a ciblé un bâtiment à Deir Ezzour laquelle, au lieu d’être catégoriquement condamnée, a été utilisée comme un moyen d’exercer une pression politique contre la Syrie.  C’est un aspect négatif de la façon dont l’AIEA est manipulée à des fins politiques, a commenté le représentant, qui a exigé qu’Israël fournisse les informations nécessaires à l’Agence et précise quel agent contaminant a été utilisé dans cette attaque.  Il a aussi demandé des explications au sujet des informations préalables à l’attaque fournies par la CIA à Israël.  L’AIEA a dépêché ses inspecteurs sur le site mais le blocage imposé de certains États Membres a entravé cette initiative, a-t-il regretté.  Il a dénoncé le fait qu’Israël continue d’être un État doté de l’arme nucléaire et de mener des actions hostiles dans la région en faisant fi du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Tout ceci constitue une menace permanente pour la paix et la sécurité au Moyen Orient et empêche d’en faire une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, a-t-il déploré.  Le représentant a ensuite réfuté les accusations selon lesquelles la Syrie ne respecterait pas le Traité sur la non-prolifération arguant que son pays accède favorablement à toutes les demandes de vérifications, notamment le 10 mai 2019 et ce, en dépit des répercussions de la pandémie de COVID-19 et des difficultés dues au conflit depuis plus de 10 ans.

M. WAJDI HASSAN M. MOHARRAM (Arabie saoudite) a réaffirmé l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui est le fondement même d’un monde exempt d’armes nucléaires, et le rôle capital de l’AIEA pour la vérification du respect des obligations des États.  Dans le cadre de ses politiques nationales, l’Arabie saoudite s’attache aux normes les plus élevées de transparence et de sécurité pour l’application des techniques nucléaires dans divers domaines, a assuré le représentant.  Elle coopère aussi avec des États et des organismes expérimentés afin de tirer parti de leur expérience en matière d’énergie nucléaire.  Le représentant a appelé la communauté internationale à soumettre les installations nucléaires d’Israël au système de garanties de l’AIEA et a demandé que ce pays adhère au Traité sur la non-prolifération.  S’agissant de l’Iran, le représentant a relevé que ce pays ne coopère pas avec l’AIEA au regard du respect de ses engagements, ce qui ne permet pas à l’Agence de vérifier l’utilisation pacifique de ses installations.  Par ailleurs, il s’est félicité des progrès accomplis vers la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. BERESFORD-HILL (Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte) a déclaré qu’alors que le stock d’armes nucléaires s’élève à plus de 13 000 armes d’ogives nucléaires aujourd’hui, que divers arguments ont été avancés en faveur de la nécessité de telles armes, nous devons ouvrir les yeux sur les développements les plus récents que nous avons constatés au niveau multilatéral de la diplomatie.  Avec l’absence de consensus sur le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la montée des tensions nucléaires mondiales, une plus grande surveillance sur la production et l’intention des armes nucléaires doivent être appliquée par tous les États Membres, à l’unanimité et sans obstruction, a plaidé l’observateur. 

Citant le Cardinal Parolin, il a déclaré que tant qu’il existera des armes nucléaires, nous ne pouvons pas exclure la possibilité de leur utilisation.  Cela menace tout avenir possible pour notre maison commune, ainsi que le bien-être et l’existence même de l’humanité.  Dans ce contexte, il a dit croire fermement que l’image transparente que présente les « Country Nuclear Power Profiles » de l’AIEA reste l’une des meilleures solutions dont dispose la communauté internationale pour plaider en faveur de la totale élimination des armes nucléaires sur notre planète.

L’observateur a aussi jugé « déchirant » la réalité du coût des armes nucléaires, avant de chiffrer à 82,4 milliards de dollars, le montant dépensé par les neuf États dotés d’armes nucléaires pour leurs armes nucléaires rien qu’en 2021.  Ces dépenses ont été effectuées pendant une pandémie mondiale, augmentant l’insécurité alimentaire et une crise humanitaire persistante.  Pour mettre cela en perspective, le coût de l’alimentation d’un enfant pendant une année scolaire entière grâce à l’association caritative « Mary’s Meals » s’élève à seulement 18 dollars par enfant, a-t-il aussi chiffré, ajoutant que les dépenses nucléaires sont de l’argent nécessaire ailleurs.  Nous ne pouvons pas nous permettre, à nous-mêmes et à nos voisins, de choisir les armes sur la vie, et certainement pas au détriment des droits fondamentaux de l’homme, a-t-il conclu.

Droits de réponse

Faisant usage de son droit de réponse, la délégation d’Israël a accusé l’Iran et la Syrie d’avoir tenu des propos infondés sur son compte.  Elle a demandé à ces deux pays de fournir au plus vite des garanties quant à leurs activités dans le domaine nucléaire. 

La Lituanie a réagi au discours du Bélarus, arguant que le projet de centrale nucléaire du Bélarus laisse voir une démarche sélective en matière de sécurité nucléaire. 

La République islamique d’Iran a ensuite accusé Israël de violation du droit international par ses actions dans les territoires occupés et par l’assassinat de scientifiques iraniens.  La délégation a souligné que ce pays refuse du reste de s’engager dans tout traité ou accord international de désarmement, comme il a d’ailleurs refusé de prendre part à la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.  De plus, la délégation a accusé Israël, avec d’autres pays, de nuire au programme nucléaire pacifique de l’Iran, détournant ainsi l’attention de ses propres installations nucléaires. 

Après avoir dénoncé les propos de la Lituanie, le Bélarus a rassuré sur sa volonté de poursuivre sa coopération avec l’AIEA, afin de garantir la transparence sur ses sites.  Elle a en outre précisé que tous les rapports sur le programme nucléaire du Bélarus sont disponibles sur Internet. 

La République arabe syrienne a fustigé les « propos fallacieux » d’Israël et a appelé la communauté internationale à mener le pays à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et à permettre la visite de toutes ses installations, sans condition. 

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