Soixante-dix-septième session,
30e séance - matin
AG/12467

L’Assemblée générale proclame le 18 novembre « Journée mondiale pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants »

Après avoir débattu de la revitalisation de ses travaux, l’Assemblée générale a décidé que le 18 novembre de chaque année sera désormais la « Journée mondiale pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants », en adoptant par consensus une résolution présentée par la Première Dame de la Sierra Leone.

Dans une allocution très applaudie, Mme Fatima Bio a indiqué que l’augmentation de l’incidence et du fardeau des maladies chroniques, associées à l’exploitation sexuelle des enfants, a un impact négatif sur la croissance du produit intérieur brut (PIB) et le développement économique et social, en particulier parmi les pays en développement.  Elle a appelé à l’amélioration des législations qui protègent les enfants à la maison, en ligne et dans leurs communautés, tout en veillant à traduire les auteurs de ces crimes odieux en justice.   

Il s’agit également, a-t-elle ajouté, de garantir l’accès des survivants et des victimes à la justice et aux voies de recours, ainsi que de faciliter l’ouverture d’une discussion sur la nécessité de prévenir et d’éliminer leur stigmatisation, favoriser leur guérison, affirmer leur dignité et protéger leurs droits.  Le Saint-Siège a salué de son côté l’adoption d’un texte qui se focalise pleinement sur la dignité inaliénable des enfants et reconnaît leur droit à vivre sans violence. 

Au préalable, l’Assemblée générale a tenu son débat sur la revitalisation de ses travaux, question qui a notamment préoccupé le Mexique qui s’est soucié de l’inertie de l’organe et de pratiques qui minent son efficacité face au reste de l’Organisation, « mais surtout devant nos peuples ».  Il est clair que « notre capacité à conserver la pertinence de l’Assemblée générale dépend de notre capacité à adapter ses travaux aux défis du XXIe siècle, a déclaré son Président, M. Csaba Korösi.   

En ce qui concerne les méthodes de travail de l’Assemblée générale, de nombreux orateurs, au rang desquels l’Union européenne, ont salué la biennalisation de la résolution 75/325 sur la revitalisation, qui créé l’espace nécessaire pour discuter des questions plus en profondeur sans la pression d’une résolution.  La délégation de l’Australie a d’ailleurs rappelé que la productivité de la dernière session du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale qu’elle copréside, la première sans texte négocié, constituait un argument supplémentaire en faveur de la biennalisation et la triennalisation afin de réduire l’ordre du jour surchargé de l’Assemblée générale.

El Salvador, autre Coprésident du Groupe susmentionné, a rappelé qu’au cours de la présente session, le Groupe sera chargé de discuter du renforcement de la responsabilité, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, et du processus de nomination du Secrétaire général et des autres chefs du Secrétariat.

À ce sujet, plusieurs délégations ont plaidé pour plus de candidatures féminines au poste de Secrétaire général.  Pour l’instant, l’ONU peut difficilement être considérée comme une pionnière de l’autonomisation des femmes et de la parité, a regretté la Pologne, notant que l’Organisation n’a jamais vu de femme accéder à ce poste.  L’Algérie, au nom du Mouvement des pays non alignés, a également souhaité que sa sélection et celle des autres chefs du Secrétariat soit le fruit d’un processus transparent et ouvert, tenant compte d’une représentation géographique équitable et de l’équilibre entre les sexes.  Au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence, le Costa Rica a suggéré de faire débuter le processus au mois d’octobre de l’année précédant la nomination.  Il a également souhaité des éclaircissements dans la perspective où plusieurs candidats seraient recommandés par le Conseil de sécurité, ainsi que sur la durée du mandat du Secrétaire général.  À ce sujet, l’Afrique du Sud a recommandé d’envisager de nommer les futurs secrétaires généraux pour un mandat plus long, mais unique et non renouvelable.

Il a été aussi longuement question du renforcement de la responsabilisation, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau de la présidence.  Étant donné l’importance d’assurer une rotation annuelle réussie entre les présidents de l’Assemblée générale, le Bélarus a notamment défendu la nécessité de publier un recueil des meilleures pratiques des anciens présidents de l’Assemblée, lequel, a appuyé la délégation, pourrait servir à renforcer la mémoire institutionnelle de la fonction de Président.

Les Maldives ont appelé à renforcer le programme d’initiation, et à conserver des employés de haut niveau afin de réduire la courbe d’apprentissage sur le fonctionnement interne des Nations Unies, tandis que le Maroc a salué la décision de commencer la soixante-dix-huitième session une semaine plus tôt qu’actuellement, afin de laisser plus de temps à la nouvelle présidence pour préparer la semaine de haut niveau.

De son côté, le Mouvement des pays non alignés a préconisé une réduction du nombre d’événements de haut niveau et parallèles organisés en marge du débat général, afin de préserver et renforcer le « caractère sacré » dudit débat.  La reprise des réunions en personne dans le contexte post-COVID-19 a créé une situation où les ressources des petites délégations sont exploitées au-delà de leurs capacités, notamment en raison de la tenue de multiples évènements parallèles, a renchéri Sri Lanka.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Malaisie a estimé, pour sa part, que le Bureau de la présidence ne devait plus dépendre principalement des contributions volontaires -financières et en personnel- des États Membres et du pays du Président et a soutenu l’appel à l’allocation de ressources humaines et financières adéquates dans le cadre du budget ordinaire.

L’Assemblée générale se réunira de nouveau mercredi, 9 novembre, à partir de 10 heures, pour débattre du rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

 

REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

En introduction du débat, le Président de l’Assemblée générale, M. CSABA KŐRÖSI, a souligné que l’Assemblée générale a deux missions urgentes en ce moment: gérer les crises multiformes, complexes et interdépendantes et accompagner la transformation du monde.  « Sommes-nous prêts à relever ce double défi?  Pas encore », a-t-il estimé, avant d’appeler à revitaliser davantage cette grande institution.  Notre capacité à conserver la pertinence de l’Assemblée générale dépend de notre capacité à adapter ses travaux aux défis du XXIe siècle, a-t-il affirmé.  Il a rappelé que le Sommet des ODD, en 2023, et le Sommet de l’avenir, en 2024, seront deux événements marquants, pas seulement pour l’Assemblée générale mais aussi pour le monde entier.  L’Assemblée a donc besoin d’une approche intégrée pour tirer le meilleur parti de ces opportunités importantes, a insisté le Président, qui a dit avoir décidé d’utiliser le Bureau comme organe de coordination et de rationalisation des divers processus mandatés par l’Assemblée.

Le Président a relevé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est un chantier vaste et général, et le travail proprement dit est souvent technique.  Cela prend du temps et c’est souvent frustrant, a-t-il reconnu.  Mais ce travail peut changer l’Assemblée de manière très concrète, a-t-il dit.  Il a rappelé que la dernière résolution adoptée au cours la soixante-quinzième session a biennalisé ce point de l’ordre du jour, ce qui a permis davantage de consultations et un examen plus approfondi des principales questions en jeu.  La résolution a également décidé de modifier la date du début de la session de l’Assemblée générale, une semaine plus tôt qu’avant, pour donner aux présidents entrants une semaine supplémentaire pour préparer le débat général.  Il a enfin souligné que ce processus de revitalisation, à terme, vise à servir « les huit milliards de personnes qui comptent sur notre aide ».  En améliorant le fonctionnement de l’Assemblée générale, vous renforcez le multilatéralisme, et en renforçant le multilatéralisme, vous apportez plus de paix, plus de droits humains et un développement plus durable aux gens partout dans le monde, a-t-il conclu.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) s’est félicité de la dynamique des travaux sur la revitalisation de l’Assemblée générale, suite à l’adoption de la résolution 75/325, en 2021, et salué la convocation des quatre réunions formelles tenues par le Groupe de travail spécial.  Il a également souligné le rôle important des grandes commissions qui complètent le travail du Groupe de travail spécial.  Il a soutenu la suggestion que le Groupe de travail spécial reste concentré sur des modules spécifiques au cours des soixante-seizième et soixante-dix-septième sessions.

Affirmant attacher une grande importance à l’amélioration de l’efficacité du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, le délégué s’est félicité de la conclusion réussie du deuxième atelier de transition dédié en septembre de cette année, visant à renforcer la mémoire institutionnelle, à préserver les meilleures pratiques et méthodes de travail et à soutenir la transition en douceur entre les présidences.  Il s’est dit « fermement convaincu » que le Bureau de la présidence ne devait plus dépendre principalement des contributions volontaires -financières et en personnel- des États Membres et du pays du Président et a soutenu l’appel à l’allocation de ressources humaines et financières adéquates dans le cadre du budget ordinaire.  Le représentant a également souhaité que la sélection du Secrétaire général et des autres chefs du Secrétariat soit le fruit d’un processus transparent et ouvert, tenant compte d’une représentation géographique équitable et de l’équilibre entre les sexes.

M. MOHAMED FAIZ BOUCHEDOUB (Algérie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que la revitalisation de l’Assemblée générale est un élément essentiel de la réforme globale de l’ONU.  En ce qui concerne le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale, il a réaffirmé l’importance de préserver le caractère intergouvernemental, inclusif et démocratique de l’ONU, ainsi que la nécessité d’un strict respect des prérogatives fondées sur la Charte des principaux organes de l’Organisation, en particulier l’Assemblée générale.  Le délégué a appelé à l’amélioration des relations et de l’interaction entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, lesquels doivent se renforcer mutuellement et se compléter.

Dans le cadre de la rationalisation des travaux de l’Assemblée générale, le représentant a appelé à la réduction du nombre d’événements de haut niveau et parallèles organisés en marge du débat général, afin de préserver et renforcer le caractère sacré dudit débat.  Il a souligné le caractère exceptionnel des méthodes de travail adoptées par l’Assemblée générale lors de la pandémie de maladie à coronavirus, ainsi que la nécessité de maintenir un strict respect du Règlement intérieur de l’Assemblée.  Le délégué a également appelé à poursuivre l’amélioration de l’efficience et de l’efficacité du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale.  Il a enfin déploré que le Conseil de sécurité empiète de plus en plus sur des questions qui relèvent manifestement des prérogatives et pouvoirs de l’Assemblée générale et de ses organes subsidiaires.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a salué les principales propositions faites au cours de la dernière session en ce qui concerne les deux chapitres relatifs aux méthodes de travail ainsi qu’au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale.  Il a partagé l’évaluation du Président de l’Assemblée générale selon laquelle la dernière session a apporté les avantages escomptés de la biennalisation, en donnant l’espace nécessaire pour discuter des questions plus en profondeur sans la pression d’une résolution.  L’UE encourage donc la poursuite de la biennalisation, de la triennalisation, du regroupement et de l’élimination de points de l’ordre du jour, a indiqué le représentant, qui a dit compter sur des échéances claires et un programme de travail précis et réaliste.

S’agissant du processus de sélection et de nomination du Secrétaire général, le délégué a salué l’amélioration du processus au cours de la soixante-quinzième session afin de garantir que l’Organisation bénéficie de la meilleure direction possible, choisie dans le cadre d’un processus qui respecte les normes les plus élevées en termes de conduite ouverte, inclusive et transparente.  Il s’est également félicité de la volonté d’encourager les États Membres à présenter davantage de candidatures féminines à la plus haute fonction, compte tenu du fait que cette Organisation n’a pas encore eu de femme Secrétaire générale.  Par ailleurs, il a reconnu le rôle clef du Président de l’Assemblée générale dans le pilotage des travaux de cet organe et a considéré comme essentiels les efforts visant à renforcer davantage la responsabilité, la transparence et la mémoire institutionnelle de son Bureau.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica), s’exprimant au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), a estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est une composante essentielle de la réforme globale des Nations Unies.  Parmi les réformes-clefs, la déléguée a mentionné le processus transparent et inclusif de sélection et de nomination du Secrétaire général.  Un calendrier indicatif pour le processus permettrait d’alléger les charges procédurales et d’améliorer la clarté du processus pour les États Membres et les candidats, a espéré la déléguée, qui a suggéré de faire débuter ce processus au mois d’octobre de l’année précédant la nomination.  Elle a également souhaité des éclaircissements dans la perspective que plusieurs candidats soient recommandés, ainsi que sur la durée du mandat du Secrétaire général.

La déléguée a par ailleurs estimé fondamentale la présentation en temps opportun du rapport annuel du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale, appelant le Conseil à en faire un meilleur usage, afin de fournir un compte rendu plus complet et analytique de ses travaux.  Ce document doit aussi refléter les rapports spéciaux du Conseil et inclure une analyse plus approfondie des projets de résolution qui n’ont pas été adoptés par le Conseil, y compris, le cas échéant, l’utilisation du veto.  Une Assemblée générale forte et efficace est d’autant plus souhaitable en temps de crises et lorsque « certaines parties du système des Nations Unies ne sont pas en mesure de remplir leur mandat », a estimé la déléguée. À ce titre, l’initiative de veto est cruciale pour assurer la responsabilité au sein du système des Nations Unies, a-t-elle ajouté.  

« Une Organisation des Nations Unies plus forte nécessite une Assemblée générale plus robuste » a déclaré M. HASSAN ADAM (Maldives).  Il s’est félicité de la convocation de la onzième session extraordinaire d’urgence sur la paix et la sécurité cette année, alors que le Conseil de sécurité n’avait pas réussi à relever efficacement le défi, ainsi que de l’adoption d’une résolution sur l’initiative de veto coparrainée par les Maldives.

Le délégué a estimé qu’il était essentiel d’améliorer l’efficacité de l’Assemblée générale, soulignant que de nombreuses résolutions étaient recyclées, année après année, avec peu de mises à jour et sans mécanismes pour évaluer leur application.  Il a appelé à faire davantage pour réduire la longueur et le nombre des résolutions ainsi qu’à mettre en œuvre la décision de les biennaliser et rationaliser.  Cela nous permettrait de libérer des ressources pour traiter des questions plus urgentes, telles que des mesures concrètes pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il affirmé.

Concernant l’amélioration des travaux du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, le représentant a appelé le Secrétariat à renforcer le programme d’initiation, grâce à un meilleur contenu et une durée d’enseignement accrue, et à conserver des employés de haut niveau afin de réduire la courbe d’apprentissage sur le fonctionnement interne des Nations Unies.  Malgré les progrès réalisés dans le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général, il reste encore beaucoup à faire, a-t-il par ailleurs estimé, ajoutant qu’il était grand temps qu’une femme soit élue à ce poste.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a déclaré que le Conseil de sécurité est de moins en moins capable de maintenir la paix et la sécurité internationales, que l’économie mondiale est confrontée à des vents contraires, et que la communauté internationale prend du retard dans la lutte contre les changements climatiques et la réalisation des ODD.  Pourtant, un système multilatéral fondé sur des règles, dans lequel tous les États Membres ont une voix égale, reste essentiel pour la paix, la sécurité et la prospérité internationales.  Le travail de l’Assemblée générale devient donc encore plus important.  Pour obtenir des résultats concrets, elle doit continuer à faire preuve de souplesse, d’efficacité et d’ouverture, a recommandé le représentant.

Encouragé par les progrès tangibles réalisés pour revitaliser les travaux de l’Assemblée générale, le délégué a fait trois suggestions.  La première vise à atteindre un plus grand degré de cohérence et de coordination dans les multiples processus et canaux de travail, et à ne pas fonctionner en silos.  Il a ensuite recommandé de regrouper les points de l’ordre du jour et les résolutions, par exemple en biennalisant automatiquement les résolutions adoptées chaque année, avec seulement quelques mises à jour techniques.  Enfin, il faut continuer à soutenir et renforcer le Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, ce qui implique des ressources humaines et financières suffisantes et institutionnalisées plutôt que reposant sur des contributions volontaires.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a appelé à la mise en œuvre des recommandations découlant de la résolution 75/325 et à parvenir à une autre résolution phare à l’issue de la soixante-dix-septième session.  Il a jugé que si les délégations doivent devenir plus à même de rédiger et négocier des résolutions vectrices d’action, il convient aussi de mieux utiliser la capacité de mise en œuvre de l’Assemblée générale au-delà de son rôle de « caisse de résonance » des positions des États.  L’Assemblée générale est le forum pour établir les politiques et les recommandations, a rappelé le délégué.  Pour lui, la relation entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité est fondamentale, comme l’illustre la mise en œuvre de la résolution 76/262, dite initiative de veto.  À ce titre, les réunions mensuelles entre le Président de l’Assemblée et le Président mensuel du Conseil de sécurité doivent être maintenues et leurs discussions approfondies, a estimé le délégué, qui a conclu en appelant à l’amélioration des méthodes de travail, première étape de la revitalisation.

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a relevé que le besoin de revitalisation découle du fait que l’Assemblée générale est porteuse d’inertie et de pratiques qui minent son efficacité face au reste de l’Organisation, « mais surtout devant nos peuples ».  Il a relevé que les accommodements pris face à la pandémie de COVID-19 ont généré de nouvelles pratiques qu’il convient d’évaluer, et au besoin de maintenir, bien que rien ne puisse remplacer, la diplomatie en tête à tête.  Le délégué a déploré le fait que la recherche du consensus à l’Assemblée générale est souvent perçue comme un moyen par certains de bloquer son action.  Il a enfin plaidé pour plus de candidatures féminines au poste de Secrétaire général.

M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé que la résolution A/75/325 avait permis des progrès notables sur un large éventail de questions importantes relatives à la réforme.  Il a souligné que le rythme biennal d’examen de la résolution ouvrait la voie à une rationalisation plus poussée des autres processus de l’Assemblée générale.  Il a salué la décision de modifier l’article premier du Règlement intérieur de l’Assemblée générale, permettant de commencer la soixante-dix-huitième session une semaine plus tôt qu’actuellement, afin de laisser plus de temps à la nouvelle présidence pour préparer le débat général et la semaine de haut niveau.

Le délégué a ensuite appelé au respect scrupuleux de l’Article 12 de la Charte des Nations Unies, condition sine qua non pour éviter les interférences entre les fonctions des organes principaux.  Évoquant la crise financière à laquelle l’ONU fait face, il a engagé les États Membres à veiller à ce que l’Organisation dispose de tous les moyens à son bon fonctionnement.  Il a également souligné l’importance d’œuvrer en vue d’assurer une meilleure cohérence entre les questions inscrites à l’ordre du jour des commissions et l’alignement de l’ordre du jour de l’Assemblée générale avec le Programme 2030.  Le représentant a par ailleurs salué les efforts visant à rendre le processus de sélection pour la nomination du Secrétaire général et des autres hauts fonctionnaires plus inclusif, transparent et efficace.  Il a aussi souligné l’importance de doter le Bureau de la présidence de l’Assemblée générale de ressources humaines permanentes adéquates, à la fois pour son bon fonctionnement et pour la pérennisation de sa mémoire institutionnelle.

Mme MITSUKO SHINO (Japon) a constaté que si le Conseil de sécurité porte la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il n’est, dans certains cas, pas à la hauteur des attentes.  Elle a appelé à restaurer la confiance dans les Nations Unies, en renforçant l’Assemblée générale par sa revitalisation.  Il est également important d’approfondir les idées sur le rôle que peut jouer l’Assemblée générale en cas d’exercice du droit de veto au Conseil.

Afin de permettre à l’Assemblée générale d’être représentée efficacement par son Président, celui-ci devrait bénéficier d’un soutien organisationnel solide de la part du Secrétariat ainsi que du soutien des États Membres, qui sont indispensables, a poursuivi la représentante.  Selon elle, davantage d’efforts devraient être déployés pour rationaliser ses ordres du jour en étroite consultation avec le bureau des grandes commissions et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Il convient également d’encourager davantage d’interaction et de coordination entre les présidents de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC, y compris la complémentarité entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité en cas de veto au Conseil, au titre de la résolution 76/262, adoptée en avril de cette année.  La représentante a par ailleurs jugé souhaitable de rendre plus transparents et plus visibles les règles et les délais relatifs au processus de sélection du Secrétaire général.

M. ALTHAYEDI (Koweït) a appelé à préserver la nature inclusive de l’Assemblée générale, qui devrait accorder une priorité aux thèmes qui intéressent une majorité d’États Membres.  Il a également plaidé pour le respect de l’égalité des langues officielles des Nations Unies et la promotion de la diversité linguistique de l’ONU, ainsi que la digitalisation du travail onusien.  Le représentant a jugé nécessaire de promouvoir la coordination entre l’Assemblée générale, ses différentes commissions et l’ECOSOC afin d’éviter la répétition des points de l’ordre du jour.  Il a aussi exhorté à une meilleure coopération entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité sur la base des principes de transparence et de responsabilisation.  À ce titre, il a appuyé la résolution A/76/L.52 qui prévoit la tenue d’une réunion à l’Assemblée générale après l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité, saluant un texte qui accroît l’efficacité de l’Assemblée.

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a rappelé que l’Assemblée générale est le seul organe des Nations Unies à représentation universelle, une caractéristique unique pour traiter simultanément des questions d’intérêt mondial et celles affectant les membres individuels d’autre part.  Selon le délégué, exploiter le véritable potentiel de l’Assemblée augmentera la légitimité et la vitalité de l’ONU, la rendant ainsi plus efficace et précieuse pour les personnes que nous servons.  Il a appelé à une interaction fréquente et coordonnée entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, arguant que l’Assemblée générale peut compléter les décisions du Conseil de sécurité.  Il a pris en exemple la prévention des conflits, affirmant que l’Assemblée générale peut se pencher sur la prévention structurelle à long terme, en s’attaquant aux causes profondes des conflits de longue date.  Il a enfin souligné que la rationalisation ne doit pas signifier une restriction des prérogatives de l’Assemblée générale.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a rappelé que la dernière session du Groupe de travail spécial était la première du nouveau format biennal, la première sans texte négocié et dont la productivité constituait un argument supplémentaire en faveur de la biennalisation et la triennalisation afin de réduire l’ordre du jour surchargé de l’Assemblée générale.  Il a rappelé que la lettre des coprésidents du 25 août 2022 donnait un aperçu des principales questions examinées par le Groupe lors de la dernière session et suggérait des propositions pour améliorer l’efficience, l’efficacité et l’équité de l’Assemblée générale.

Alors que l’ordre du jour de l’Assemblée continue de s’étoffer, nous devons prendre des mesures pour concentrer nos travaux sur les questions cruciales qui nécessitent des solutions mondiales, a souligné le représentant, citant notamment la lutte contre les changements climatiques, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), le maintien de la paix et la protection des droits humains.  Il a aussi évoqué des mesures telles que la distribution de notes conceptuelles complètes avant les réunions de l’Assemblée générale, l’accès rapide à une liste d’orateurs en direct pour les réunions plénières et une réunion formelle de passation de pouvoir entre les présidents des grandes commissions.  Ce sont là des exemples de mesures simples, réalisables et efficaces, a-t-il estimé.  Abordant la question de l’amélioration de l’équité au sein de l’Assemblée, il a appelé à un respect plus strict des limites de temps de parole lors des réunions plénières, augmenter la représentation des femmes dans les réunions et améliorer l’accessibilité du Siège de l’ONU.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a souligné que le Bureau de la présidence de l’Assemblée générale doit être doté de ressources nécessaires issues du budget ordinaire pour remplir son mandat.  Il a soutenu les initiatives du Secrétariat visant à préserver et renforcer la mémoire institutionnelle de l’Assemblée générale tout en appelant à rationaliser son travail pour ne pas surcharger son Bureau.  Le représentant a estimé que le Secrétaire général devrait être choisi à l’issue d’un vote à bulletin secret de l’Assemblée générale.  Il a également estimé que le Conseil de sécurité devrait être encouragé à soumettre plus d’un nom à l’Assemblée générale, appelant en outre à envisager de nommer les futurs secrétaires généraux pour un mandat plus long, mais unique et non renouvelable.  Il a aussi plaidé pour une bonne représentation géographique et un équilibre entre les hommes et les femmes aux postes de hauts fonctionnaires au Secrétariat. 

Mme LIM (Brunéi Darussalam) a déclaré que l’Assemblée générale, l’organe le plus représentatif des Nations Unies, constituait une plateforme essentielle pour les délibérations des États Membres et pour le suivi des actions décidées en commun.  Il a estimé que la résolution 75/253 fournissait la ligne directrice en vue d’améliorer les travaux de l’Assemblée afin de maintenir son rôle central et sa crédibilité.  Encourageant une plus grande coopération entre les organes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, elle a salué la « résolution historique » 76/262 au début de cette année concernant l’initiative de veto, y voyant un pas dans la bonne direction pour améliorer les synergies entre les deux organes.  Elle a aussi rappelé que ce texte permet d’élargir les discussions sur la paix et la sécurité internationales à l’ensemble des membres, mettant en exergue la position centrale de l’Assemblée générale en tant que principal organe délibérant, décisionnel et représentatif des Nations Unies.

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a souligné que la revitalisation de l’Assemblée générale est l’un des éléments essentiels de la réforme globale de l’ONU.  Les efforts de renforcement de la responsabilité, la transparence et la mémoire institutionnelle du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale sont essentiels, a-t-elle estimé.  À cet égard, le recueil des meilleures pratiques des anciens présidents contribuerait à renforcer la mémoire institutionnelle du Bureau.  En ce qui concerne la sélection et à la nomination du Secrétaire général, la déléguée a salué la référence faite dans la résolution 75/325 pour encourager les États Membres à proposer des candidatures féminines pour ce poste.  Pour l’instant, l’ONU peut difficilement être considérée comme une pionnière de l’autonomisation des femmes et de la parité, a-t-elle regretté, notant que l’Organisation n’a jamais vu de femme accéder au poste de Secrétaire générale.  Elle a également appelé à une sélection qui s’appuie sur le principe de rotation régionale, en particulier parmi les groupes régionaux de l’ONU.  La représentante a souhaité que l’égalité entre les sexes soit intégrée dans les méthodes de travail de l’Assemblée générale, de même que la promotion du multilinguisme.

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a soutenu l’appel des États Membres en faveur d’un roulement tous les 12 mois de l’équipe du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale.  Il a également salué la requête du Bureau appelant les États Membres à lui fournir des ressources à la hauteur du nombre de tâches qui lui sont dévolues.  Concernant la nomination du Secrétaire général et autres chefs du Secrétariat, il a appelé à la mise en œuvre de bonne foi de la résolution 75/325 afin de garantir un processus de sélection transparent et inclusif, se prononçant en faveur d’un dialogue circonstancié et la présentation d’exposés de la part des candidats.  Il a aussi insisté sur l’importance de constituer un recueil de bonnes pratiques concernant ce processus. 

M. RICHARD CROKER (Royaume-Uni) a convenu de la nécessité d’élaborer un programme ciblé, avec des échéances claires, sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, pour passer des principes à la mise en œuvre.  En ce sens, les États Membres doivent tous prendre leur responsabilité de présenter et de convenir de propositions concrètes pour rationaliser l’ordre du jour de l’Assemblée générale, plutôt que de se contenter de simples mots de soutien.  Au sujet du processus de nomination du Secrétaire général, le représentant a estimé que des décisions importantes doivent être prises pour veiller à ce que ce processus soit transparent.  Il a en outre souhaité qu’une femme puisse occuper ce poste.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) s’est félicité des avancées réalisées par le Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Il a appelé au renforcement du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, et à des avancées quant à la nomination du Secrétaire général et autres chefs du Secrétariat.  Il convient auparavant de mettre en œuvre de toute urgence les recommandations des résolutions préexistantes, a insisté le délégué, qui a ensuite conseiller d’assortir les recommandations formulées par le Groupe de travail d’échéanciers de mise en œuvre.  Le représentant a ensuite insisté sur l’importance du consensus, auquel doit aspirer l’Assemblée générale via le dialogue ou des consultations inclusives.  Il faut faire en sorte que les contributions significatives l’emportent sur la logique du « à prendre ou à laisser », a résumé le délégué.

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a estimé que les États Membres devraient être tenus informés des questions de fond soulevées lors des réunions régulières entre les organes principaux des Nations Unies, notamment celles entre les Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Concernant la sélection et la nomination du Secrétaire général et autres chefs du Secrétariat, il a appelé à la transparence, estimant que le processus doit se faire sur la base du mérite, de la répartition géographique et de l’égalité entre les sexes.  Il a aussi appelé à des débats plus axés sur les résultats afin de satisfaire les besoins des États Membres.

M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus) a salué les propositions et les mesures visant à démocratiser le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général et des autres hauts fonctionnaires de l’exécutif, en prenant en compte l’équilibre géographique dans la sélection des candidats et des candidates aux postes essentiels.  Étant donné l’importance d’assurer une rotation annuelle réussie entre les présidents de l’Assemblée générale, il a défendu la nécessité de publier un recueil des meilleures pratiques des anciens présidents de l’Assemblée, qui pourrait servir à renforcer la mémoire institutionnelle de cette fonction.  Convaincu que la clef de tout changement au sein de l’Organisation réside dans l’interaction, le représentant a par ailleurs estimé qu’une recherche active de compromis sans préjudice de l’impartialité permettrait aux États Membres de faire de nouveaux progrès pour améliorer les travaux de l’Assemblée générale.

M. SURENDRA KUMAR ADHANA (Inde) a estimé que les défis actuels appellent à une Assemblée générale plus efficace que jamais.  Surchargée par certains processus, celle-ci s’est éloignée de ses responsabilités premières et sa pertinence s’est vue diluée, a analysé le délégué.  Il a rappelé l’Article 10 de la Charte, lequel donne mandat à l’Assemblée générale pour débattre de toute question relevant de la Charte.  Il a estimé que sa revitalisation passera par les normes établies au début de son existence, ainsi que par ses succès passés, citant notamment le Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, et autres situations où l’Assemblée a assuré un rôle de chef de file international.  Il a toutefois espéré que les différents processus entrepris feront l’objet de consensus, et respecteront des méthodes de travail plus inclusives et plus efficaces.  Le délégué s’est aussi félicité que la réforme du Conseil de sécurité soit soutenue par une majorité d’États Membres.  Pour lui, la structure du Conseil est en effet inefficace et inéquitable, eu égard aux voix de continents entiers.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a estimé que la pratique consistant à convoquer des débats thématiques de haut niveau est un résultat du processus de revitalisation qui est louable.  De même, il a salué la pratique établie pour le Secrétaire général d’informer les États Membres périodiquement sur ses activités et voyages récents, lors de réunions informelles de l’Assemblée générale.  Il a souhaité que les événements parallèles organisés pendant le débat général de l’Assemblée générale soient réduits au minimum.  La reprise des réunions en personne dans le contexte post-COVID-19 a créé une situation où les ressources des petites délégations sont exploitées au-delà de leurs capacités, notamment en raison de la tenue de multiples évènements parallèles, a-t-il relevé.  Le représentant a également appelé à une plus grande consultation entre le Secrétariat et les États Membres dans la structuration du programme de travail, afin que ces derniers ne se sentent pas exclus du processus de planification.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a insisté sur l’importance de ne pas politiser la revitalisation de l’Assemblée générale.  Elle s’est félicitée de la biennalisation des résolutions, appelant à simplifier un ordre du jour surchargé.  Elle a toutefois estimé que la revitalisation ne devait pas être synonyme de redistribution à l’Assemblée des compétences d’autres organes, notamment du Conseil de sécurité.  Elle a réaffirmé la primauté de ce dernier sur les questions de paix et de sécurité et rappelé que l’Assemblée générale ne pouvait faire de recommandations concernant les questions examinées par le Conseil.

La déléguée s’est opposée catégoriquement à l’utilisation de la tribune de l’Assemblée générale pour diaboliser certains États Membres, estimant que cela infligerait des dégâts irréparables à l’Assemblée.  Elle a aussi appelé à respecter la Charte des Nations Unies en vue de la nomination du Secrétaire général, nommé par l’Assemblée sur recommandation du Conseil de sécurité.  Codifier excessivement la procédure risquerait d’avoir des conséquences néfastes, a-t-elle averti.  Elle a dénoncé les pressions exercées par certains États occidentaux afin de soumettre l’Assemblée générale à leur volonté en utilisant le principe « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous », estimant que les décisions de l’Assemblée adoptées dans ces circonstances ne pourraient être concrétisées.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZALEZ LÓPEZ (El Salvador), s’est exprimée également en tant que Coprésidente du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Elle a souligné l’importance de faire progresser la parité entre les sexes parmi les conférenciers et les panélistes invités pour les réunions de haut niveau de l’Assemblée générale.  Selon elle, la représentation géographique équitable est un élément clef pour maintenir l’inclusion à l’Assemblée générale, ainsi que le plein respect du multilinguisme.  Ces principes, a-t-elle estimé, devraient d’ailleurs guider le choix des panélistes et conférenciers invités pour les réunions de haut niveau de l’Assemblée générale et de ses processus intergouvernementaux, entre autres.

La déléguée a rappelé qu’au cours de la présente session, le Groupe de travail spécial sera chargé de discuter du renforcement de la responsabilité, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, ainsi que du processus de nomination du Secrétaire général et des autres chefs du Secrétariat.  En outre, le Groupe de travail aura devant lui une autre tâche importante, la négociation du projet de résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Elle a invité et encouragé les délégations à s’engager dans un processus orienté vers l’action au cours de cette session.

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