L’Assemblée générale adopte une série de résolutions dont une sur un financement « adéquat, prévisible et durable » de la consolidation de la paix
L’Assemblée générale a, cet après-midi, adopté sans vote une série de résolutions, dont une par laquelle elle affirme sa volonté d’examiner toutes les options pour un financement « adéquat, prévisible et durable » des activités de consolidation de la paix des Nations Unies. Elle a également décidé de créer un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse et convoqué le « Sommet de l’avenir », qui se tiendra les 22 et 23 septembre 2024, à New York.
Aux termes d’une résolution relative au financement de la consolidation de la paix, « qui reste un défi majeur », l’Assemblée affirme sa volonté d’examiner toutes les options permettant d’assurer un financement des activités de consolidation de la paix, notamment au moyen de « mécanismes de financement volontaires et innovants et de contributions statutaires », ainsi que par d’autres moyens de mobilisation des ressources.
Par ce texte, tous les États Membres et autres partenaires sont encouragés à envisager d’accroître leurs contributions aux activités de consolidation et de pérennisation de la paix dans les pays et les régions touchés par des conflits, notamment sous la forme d’ « engagements financiers pluriannuels », « souples et tolérants au risque », y compris les « financements communs ». Le Secrétaire général est, quant à lui, encouragé à élaborer une stratégie de mobilisation des ressources provenant du secteur privé à l’appui du financement de la consolidation de la paix.
L’Assemblée a en outre décidé de créer le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, financé au moyen de ressources inscrites au budget ordinaire, qui sera exclusivement chargé des affaires de la jeunesse au Secrétariat. Ce bureau absorbera celui de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, après qu’une proposition détaillée aura été présentée concernant ses fonctions opérationnelles, sa structure, ses ressources et ses effectifs. À cet égard, le Secrétaire général est prié de soumettre cette proposition à l’Assemblée générale, par l’intermédiaire de la Cinquième Commission, durant la soixante-dix-septième session.
L’Assemblée générale a aussi adopté une résolution qui convoque le « Sommet de l’avenir », qui se tiendra les 22 et 23 septembre 2024, à New York. Auparavant, une réunion ministérielle préparatoire aura lieu le 18 septembre 2023. Le Sommet aura pour thème « des solutions multilatérales pour un avenir meilleur » et s’achèvera par l’adoption d’un document final « concis et orienté vers l’action » intitulé « Un pacte pour l’avenir », qui fera l’objet d’un consensus préalable obtenu au terme de négociations intergouvernementales, précise la résolution.
L’Assemblée générale a en revanche décidé de ne pas convoquer la quatrième Conférence des zones exemptes d’armes nucléaires et de la Mongolie, qui devait se tenir au Siège de l’ONU à New York, le 24 avril 2020.
Elle a par ailleurs entériné la proposition du Secrétaire général de l’ONU de nommer M. Volker Türk, de l’Autriche, Haut-Commissaire aux droits de l’homme. Les délégations du Canada, de l’Iran, du Maroc, des États-Unis notamment ont salué cette nomination, tandis que la Chine, la Fédération de Russie ou encore l’Iran ont fait entendre des voix dissonantes sur le travail du Haut-Commissariat.
L’Assemblée générale a également décidé d’inscrire les questions suivantes au projet d’ordre du jour de sa soixante-dix-septième session, qui débute le 13 septembre: « 2001-2010: Décennie pour faire reculer le paludisme dans les pays en développement, particulièrement en Afrique »; « Renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends et la prévention et le règlement des conflits »; « Question de l’île comorienne de Mayotte »; « Demande d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965 »; « Application des résolutions de l’Organisation des Nations Unies; « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Communauté des pays de langue portugaise »; « Financement de la Mission des Nations Unies au Timor oriental »; et « Situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés ». Les délégations de l’Estonie, de la Géorgie, des États-Unis, de la République tchèque, de la France et de l’Ukraine se sont félicitées du maintien de ce dernier point à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, tandis que la Fédération de Russie l’a déploré.
En début de séance, une minute de silence a été observée en hommage à la Reine Elizabeth II d’Angleterre, décédée aujourd’hui.
CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX - (A/76/L.86)
Explications de vote après le vote
Le représentant du Kenya a dit que cette adoption démontre l’urgente nécessité de répondre aux lacunes de financement de la consolidation de la paix. La résolution, a-t-il ajouté, est le fruit d’un consensus révolutionnaire qui a pu se faire en dépit de la complexité des négociations, adressant un engagement et un message politique clairs pour assurer des ressources adéquates par le biais de fonds innovants.
La représentante de la Suède a déclaré que cette résolution sur le financement de la consolidation de la paix est un travail crucial, qui permet de prévenir les conflits et les escalades en tenant compte des avis des diverses parties prenantes. Cette résolution souligne, selon elle, la nécessité de financements adéquats pour préserver la paix grâce à des fonds innovants et prévus à l’avance, qu’il faut mobiliser auprès du secteur privé et des institutions financières internationales.
Le délégué du Bangladesh, au nom du Mouvement des non-alignés, a insisté sur l’importance de la résolution adoptée qui vient combler les lacunes de financement de la consolidation de la paix. Il est nécessaire de réfléchir à tous les modes de financement de ladite consolidation dans le respect des priorités nationales, a dit le délégué. Le représentant a salué l’accent mis sur le rôle des femmes et indiqué que ce texte est une bonne base pour les futures discussions au sein de la Cinquième Commission.
Le délégué de l’Égypte, au nom du Groupe africain, a salué l’engagement commun des États en faveur de la consolidation de la paix afin de la rendre plus efficace. « Cette résolution est historique. » Le délégué a détaillé les éléments saillants de ce texte, notamment le fait qu’il donne une orientation claire à la Cinquième Commission. Enfin, il a indiqué que le processus ayant mené à cette adoption fera date.
La représentante de l’Inde a rappelé que les contributions évoquées dans le cadre de cette résolution doivent être soumises à l’examen de la Commission chargée des questions administratives et budgétaires. Elle a ensuite souligné les limites d’une approche basée sur l’aide internationale, avant de demander des critères clairs pour une stratégie de sortie dans les pays où sont déployées les missions de paix.
Le délégué d’El Salvador a estimé que cette résolution reflète l’engagement des États Membres à préserver, promouvoir et pérenniser la paix, avant de mettre l’accent sur le rôle fondamental que les femmes et les jeunes peuvent jouer dans la consolidation de la paix.
La déléguée de la République dominicaine a jugé crucial le vote de ce texte pour la mobilisation des ressources nécessaires à la consolidation de la paix. Elle a salué l’importance des femmes dans la consolidation de la paix, avant d’appeler à redoubler d’efforts pour remédier aux difficultés financières que connaît la consolidation de la paix.
Le délégué du Japon a demandé que la souplesse d’utilisation du Fonds de consolidation de la paix soit garantie pour s’adapter aux réalités sur le terrain. Il a indiqué que les contributions mises en recouvrement ne doivent pas remplacer les contributions volontaires. Le délégué a aussi demandé que le Fonds soit assujetti à un contrôle efficace sur l’affectation de ses ressources. Enfin, il a plaidé pour des synergies entre les diverses entités onusiennes concourant à la consolidation de la paix.
Le représentant de la Chine a affirmé que cette résolution est un pas permettant d’envisager des financements prévisibles et pérennes et d’améliorer la consolidation de la paix.
Pour le représentant du Brésil également, cette résolution est un pas en avant qui donne à la Commission chargée des questions administratives et budgétaires la possibilité d’examiner les diverses propositions de financement de la consolidation de la paix, à la lumière des incidences budgétaires éventuelles qu’elle aura.
RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - (A/76/L.85, A/76/L.87)
Explications de vote avant le vote
Le délégué de l’Égypte, qui s’exprimait également au nom du Guyana, s’est félicité que l’importance de la jeunesse ait été reconnue, le monde comptant la génération de jeunes la plus importante de son histoire. Il a détaillé le processus de consultation transparent ayant abouti à ce texte, les jeunes ayant été largement consultés. La création de ce bureau vient à point nommé, a conclu le délégué.
La déléguée de la Nouvelle-Zélande a insisté sur le caractère inclusif du processus de consultation transparent ayant abouti à ce texte. Elle a enfin salué la participation active des délégations audit processus.
Le représentant d’Oman s’est félicité que ce texte équilibré sur la création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse reflète les différentes positions des États Membres à ce sujet.
Le représentant de la Malaisie a estimé qu’il faut autonomiser les jeunes qui seront les leaders de demain, cette résolution constituant un pas dans la bonne direction à cet égard. Si le Bureau doit être doté de ressources adéquates, il doit aussi être capable d’utiliser les ressources existantes, comme celles du Département des affaires économiques et sociales (DESA).
Explications de vote après le vote
Le délégué du Pakistan, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que son groupe s’est joint au consensus, tout en dénonçant la hâte avec laquelle le processus de consultation a été mené. Il aurait été important de disposer d’un calendrier détaillé sur ledit processus, ce qui est la pratique habituelle, a dit le délégué. « Dans toute négociation, il faut donner du temps aux délégations. »
Le représentant de la Chine a rappelé les grands axes de travail du Bureau, espérant qu’il sera doté de ressources suffisantes. Il a souhaité que ce bureau soit financé au titre du budget ordinaire, avant de demander que les pays en développement soient dûment représentés en son sein.
Le représentant de Cuba s’est dit préoccupé par la rapidité avec laquelle le processus de négociation a été mené, jugeant qu’il aurait été préférable d’avoir accordé le temps nécessaire demandé par les délégations pour consulter leurs capitales. Un procédé inacceptable selon lui. Il appartient aux États Membres de décider du document final par consensus, a rappelé le représentant. Les préparatifs du Sommet de l’avenir doivent être inclusifs si nous voulons que le document final soit consensuel et accepté par tous, a-t-il insisté.
La représentante du Mexique a considéré que le document final du Sommet de l’avenir devrait être le fruit du consensus conclu à la majorité des États Membres présents. Le consensus n’est pas l’unanimité, a-t-elle cependant prévenu. La déléguée s’est dit préoccupée par la rapidité avec laquelle a été préparée cette résolution.
Le délégué de l’Australie, qui s’exprimait également au nom du Canada a souhaité une participation accrue de la jeunesse aux travaux de l’ONU, avant de discuter des incidences budgétaires de ce texte. Nous aurions aimé recevoir les estimations de coût un peu plus tôt, a conclu le délégué.
Le délégué de la Suisse a salué la création de ce sommet de l’avenir et espéré qu’il permettra de renforcer le multilatéralisme. Ce texte insiste sur la participation de tous les groupes sociaux, a-t-il salué, afin d’appeler à se montrer ambitieux pour les prochaines étapes.
Le représentant de la République dominicaine a dit que cette résolution est un pas en avant pour renforcer l’ONU, et pour permettre la participation des jeunes à la prise de décision. Ce bureau devra bénéficier de personnel et de budget adéquats et être dirigé par un jeune à un grade élevé, tout en disposant d’un personnel reflétant la répartition géographiquement équitable.
S’agissant du Sommet de l’avenir, le représentant de l’Iran s’est étonné de la hâte avec laquelle les négociations ont été menées, rappelant l’importance pour les États Membres de pleinement participer au processus de consultations.
Le délégué du Brésil a noté le calendrier très serré des négociations, le processus global ayant été très imparfait. Il a appelé à une accélération dans la mise en œuvre du Programme 2030, avant de se féliciter de la tenue du Sommet de l’avenir en 2024. Un sommet ne peut représenter une vision commune que si ses résultats sont définis et repris à leur compte par les États, a conclu le délégué.
Le représentant du Royaume-Uni a rendu hommage à la Reine Elizabeth II et souligné son engagement en faveur de la paix. Il y a 1,8 milliard de jeunes dans le monde et ceux-ci doivent pouvoir faire entendre leur voix, a dit le délégué. Il s’est dit déçu par le manque de transparence du processus de négociation, s’agissant notamment des incidences financières. Il a salué le consensus obtenu sur le Sommet de l’avenir, avant de souhaiter la tenue d’un sommet préalable en 2023.
Le représentant du Japon a dit attendre de prendre connaissance des détails des incidences budgétaires découlant de la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse. Cet examen aiderait à accroître l’efficacité de l’ONU et empêcher les doublons dans le travail de l’Organisation. La participation des jeunes doit être institutionnalisée au sein des instances internationales, a ajouté le délégué.
Le représentant de l’Indonésie a réitéré son appui à la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse car « nous devons avoir une ONU jeune ». L’Organisation doit rajeunir son personnel et tenir compte du principe de représentation géographique équitable, a estimé le représentant, qui a encouragé le dialogue intergénérationnel à être inclus dans le mandat de ce bureau.
La déléguée du Nicaragua a regretté le manque de transparence du processus de consultation. Le temps a aussi manqué. Elle a espéré que ces erreurs seraient corrigées.
Le délégué de l’Union européenne a salué la tenue du Sommet de l’avenir, en ajoutant qu’il aurait souhaité un sommet plus ambitieux. « Organiser le Sommet en 2023 aurait été préférable. »